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1
N°6 - 06.2013
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR
www.univ-montp2.fr
scribd.com/um2_montpellier
Les robots au service
de la chirurgie du futur
Ces plantes qui
dépolluent le sol
Des étudiants engagés
dans l'humanitaire
La formation
continue
pour tous
Le magazine universitaire au cœur de science
Numéro 6
Juin 2013
2
N°6 - 06.2013
4 Dossier
La formation continue pour tous
8 Au cœur du campus
 La recherche ouvre ses portes
 Des étudiants engagés dans l’humanitaire
 La chimie pour les tout petits
 Quand géologie rime avec poésie
12 À l’honneur à l’UM2
 Serge Lallemand, Médaille d’argent CNRS 2013
 Philippe Cury, Mange tes méduses !
 Claude Merlet, Cristal du CNRS 2013
 Wojciech Knap distingué en Pologne
14 Vie des labos
 Ces plantes qui dépolluent le sol
 Les robots au service de la chirurgie du futur
18 International
 Ces étudiants qui viennent de (très) loin
19 Formation
 Inventer aujourd’hui les objets de demain
20 Innovation
 La lutte biologique en action
22 Événement
 Charles Flahault, grandeur nature
23 Publications
UM2 N°6 - JUIN 2013
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Michel Robert
RÉDACTRICE EN CHEF
Aline Périault,
aline.periault@univ-montp2.fr
Tél. +33 (0)4 67 14 92 87
A COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Philippe Raymond
CONCEPTION & MISE EN PAGE
Olivier Piau, Agropolis Productions
IMPRESSION
Offset Deux Mille (France)
UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2
Sciences et Techniques
Place Eugène Bataillon
34095 Montpellier CEDEX 5
Tél. +33 (0)4 67 14 30 30
communication@univ-montp2.fr
www.univ-montp2.fr
Tirage : 2.500 ex.
Dépôt légal : juin 2013
ISSN : 2259-874X
Toute représentation ou reproduction
intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l’auteur ou de ses
représentants est illicite (art. A du Code
de la Propriété Intellectuelle).
Sommaire
Photo à la une :
Bibliothèque universitaire Sciences
© L. Jennepin
3
N°6 - 06.2013
La formation professionnelle :
une voie d’excellence et un outil
de développement économique
L’insertion professionnelle, la réussite et l’accès à l’enseigne-
ment supérieur pour tous en partenariat avec les entreprises
sont parmi les préoccupations essentielles de l’Université
Montpellier 2.
À ce titre, la formation professionnelle constitue une véritable
voie d’excellence doublée d’un outil de développement éco-
nomique. Formation par apprentissage et formation continue
sont ainsi au cœur du dossier de ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur
de science.
La formation professionnelle concerne en effet tous les niveaux de diplômes de l’UM2 :
DUT, licence générale ou professionnelle, master ou diplôme d’ingénieur. À l’échelle
régionale de l’enseignement supérieur, cela représente, rien que pour l’apprentissage,
plus de 65 diplômes dans tous les domaines (BTP, énergies renouvelables et envi-
ronnement, commerce et gestion, informatique, etc.) pour environ 1500 apprentis. La
Région Languedoc-Roussillon apporte d’ailleurs un fort soutien aux apprentis, à leurs
employeurs et aux établissements.
Ce succès s’explique par de multiples raisons. Il est d’abord lié au taux de réussite
de ces parcours, très supérieur à la moyenne. Les modes pédagogiques, permettant
la préparation d’un diplôme tout en développant une expérience professionnelle, sont
également à distinguer. Il faut aussi souligner leur rôle d’ascenseur social, offrant la
possibilité à des personnes en difficultés financières d’accéder à l’enseignement supé-
rieur en devenant des étudiants rémunérés. Enfin, les entreprises ont pleinement perçu
l’enjeu de ces dispositifs qui leurs permettent de se tenir au plus près des évolutions
des outils et méthodes tout en disposant d’un efficace moyen de recrutement.
Fort de constat et riche de son expérience, l’UM2 poursuit le développement de ses
formations professionnelles en partenariat avec les établissements du supérieur en
région. Après la récente ouverture du portail de la formation continue ContinuUM
(commun aux universités montpelliéraines), l’objectif à court terme est celui d’un re-
groupement à l’échelle régionale des Centres de Formations des Apprentis afin de
promouvoir au mieux l’apprentissage à destination des jeunes et des entreprises.
Michel Robert,
Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques
Édito
1, 2, 3... taguez !
Le QR code, vous connaissez ?
Ce drôle de carré permet, à partir
de votre téléphone, d'accéder
directement à du contenu
électronique (page Internet, vidéo,
contenu multimédia...) sans
avoir besoin de saisir l'adresse
correspondante.
Muni de votre téléphone équipé
d’un appareil photo et d’une
application (gratuite) de lecture
(QR Reader en anglais), Qrafter
(iPhone), Goggles (Android),
QR Code Scanner Pro
(Blackberry), Bing (Windows
Phone), trois étapes suffisent :
1. lancer l'application,
2. photographier le Qrcode,
3. lire le contenu. 
4
N°6 - 06.2013
A
FIN DE répondre à
l’évolution du marché de
l’emploi actuel, l’Université
Montpellier 2 renforce et développe
ses services de formation continue
et par apprentissage, dispositifs
indispensables d’aide à la sécurisation
du parcours professionnel.
Les différentes composantes de l’éta-
blissement proposent 230 diplômes de
formation initiale, formations adossées
à la recherche et professionnalisantes.
Ces diplômes sont tous également
accessibles en formation continue.
L’UM2 propose aussi une offre spéci-
fique de formations par apprentissage.
On compte ainsi, parmi nos 16 200
étudiants, 560 stagiaires de formation
continue et 600 apprentis du supérieur.
La formation continue est un moyen
efficace pour aider les salariés ou les
demandeurs d’emploi à s’adapter et à
réajuster leur parcours professionnel.
Dans ce but, le CREUFOP (centre de
formation continue de l’UM2) travaille au
service des composantes pédagogiques
avec les institutions, dont la Région Lan-
guedoc-Roussillon, pour promouvoir,
accompagner et organiser la formation
continue.
Le CREUFOP est un des rares services
de formation continue universitaire à viser
la certification ISO9001 en gestion du
public et ingénierie de formation, recon-
naissance de la qualité de son travail.
Enfin, c’est un des membres fondateurs
de ContinuUM, le regroupement des ser-
vices formation continue des universités
de Montpellier. Cette collaboration entre
universités permet de présenter la totalité
de l’offre de formation continue à travers
un portail unique (www.continu-um.fr) et
de réaliser des actions de communication
communes. L’objectif de cette initiative :
proposer un guichet unique à destination
de tous les usagers de la formation conti-
nue ; une façon de fusionner avant l’heure !
Enfin, en collaboration avec la Région,
le Centre de Formation des Apprentis
(CFA) de l’UM2 joue un rôle moteur dans
la politique de formation par apprentis-
sage universitaire régional. Depuis 2009,
le nombre de formations et d’apprentis
a doublé. Aussi, afin d’accompagner
cette croissance, l’UM2 et les autres
universités de la région travaillent à la
construction d’un CFA Inter-Universi-
taire. Ce regroupement régional permet-
tra une simplification des démarches
et une meilleure visibilité de l’offre de
formation en apprentissage.
Grâce à ce large éventail de dispositifs
de formation l’UM2 est donc capable
de répondre efficacement aux besoins
de qualification pour tous. 
Emmanuel Vignal,
Vice-président
délégué à la
professionnalisation
Formation continue et apprentissage
à l’UM2 expérimentent la fusion avant l’heure
La formation
continue pour tous
Dossier
5
N°6 - 06.2013
P
ARCE QU’IL n’y a pas d’âge
pour reprendre ses études,
le Centre régional universitaire
de formation permanente (CREUFOP)
permet à tout le monde d’accéder aux
diplômes de l’Université Montpellier 2.
Acquérir un diplôme, développer de
nouvelles compétences, se reconvertir,
se spécialiser, se perfectionner, c’est
possible même après avoir passé l’âge
habituel de fréquentation des bancs de
l’université grâce à la formation continue.
Ce dispositif qui a vu le jour au début des
années 70 mobilise l’État, les conseils
régionaux ainsi que les entreprises, les
organismes de formation publics et pri-
vés, les organisations professionnelles,
syndicales et familiales. Objectifs : favo-
riser l’insertion ou la réinsertion pro-
fessionnelle des travailleurs, permettre
leur maintien dans l’emploi, favoriser le
développement de leurs compétences
et l’accès aux différents niveaux de la
qualification professionnelle et contri-
buer au développement économique et
culturel.
L’Université Montpellier 2 s’implique
fortement dans ce dispositif grâce au
Centre régional universitaire de formation
permanente (CREUFOP). Son public ?
Tout le monde, sauf les étudiants en
formation initiale. « La formation continue
s’adresse aux personnes en activité tout
comme aux demandeurs d’emploi ayant
exercé une activité professionnelle ou
ayant interrompu leurs études et qui sou-
haitent les reprendre
pour augmenter ou
diversifier leur qua-
lification », explique
Céline Ritterszki, res-
ponsable du CREUFOP.
Ce dernier ouvre l’offre
de formation universitaire
aux entreprises publiques
et privées, aux salariés et
demandeurs d’emploi et aux
particuliers.
Partager
les connaissances
Que vous souhaitiez passer un master
en biologie, une licence professionnelle
en génie civil, un DUT en gestion des
entreprises ou même un diplôme d’ingé-
nieur, les possibilités sont nombreuses.
« L’ensemble de l’offre de formation de
l’Université Montpellier 2 est accessible
en formation continue », souligne Céline
Ritterszki. Du niveau Bac au Bac +5,
toutes les formations proposées sont
sanctionnées par un diplôme d’état ou
des diplômes universitaires délivrés par
les 7 composantes de l’UM2 : la Faculté
des Sciences, l’Institut d’Administration
des entreprises, les IUT de Montpellier-
Sète, de Nîmes et de Béziers, l’IUFM et
l’école d’ingénieur Polytech. « Grâce
à la diversité des domaines d’activité
de ces composantes, l’UM2 peut offrir
ses compétences en formation continue
dans de vastes secteurs de l’activité éco-
nomique », précise la responsable du
CREUFOP. Et pour ceux qui n’ont pas
le bac ? Pas de problème : le CREU-
FOP vous permet de passer le Diplôme
d’Accès aux Etudes Universitaires op-
tion Sciences (DAEU B). Ce « bac de la
deuxième chance » offre exactement
les mêmes possibilités que le bacca-
lauréat classique que ce soit pour en-
treprendre des études supérieures ou
pour passer des concours niveau bac.
Ce diplôme rattaché à la Faculté des
sciences accueille chaque année près
de 100 personnes. « Facteur d’insertion
sociale et de changement professionnel,
le DAEU constitue un véritable moyen
de valorisation et de réassurance des
personnes », précise Didier Lopez du
CREUFOP. •••
Reprendre ses
études à tout âge
6
N°6 - 06.2013
Des dispositifs pour chacun
Parce qu’il s’adresse à un public très
divers, le CREUFOP propose ses conseils
sur les nombreux dispositifs de formation
possibles selon le statut de chacun.
 Pour les salariés : plan de formation
entreprise, droit individuel à la forma-
tion (DIF), période de professionnali-
sation, congé individuel de formation
(CIF), congé de bilan de compétence
(CBC), congé de validation des acquis
de l’expérience (CVAE), les dispositifs
s’adressant aux personnes en activité
sont nombreux.
 Pour les entreprises : elles peuvent
bénéficier de formations courtes ou « sur-
mesure » adaptées à leurs besoins par
exemple sur des plateformes techniques.
 Pour les demandeurs d’emploi : ils
peuvent accéder soit à des actions pro-
fessionnalisantes financées par la région
soit au contrat de professionnalisation, un
contrat de travail en alternance financé
par l’entreprise et qui peut être exonéré
de cotisations sociales par l’état.
 Pour les agents de la fonction pu-
blique : ils peuvent bénéficier d’actions
de formation dans le cadre du plan de
formation, à l’initiative de l’administration
ou dans le cadre du congé de formation.
 Pour les non salariés : artisans,
agriculteurs, travailleurs indépendants,
commerçants et professions libérales
peuvent également accéder à la forma-
tion. Ils participent à son financement
par le versement d’une contribution à
un organisme collecteur.
Pas toujours facile de s’y retrouver parmi
tous ces dispositifs quand il s’agit de
faire financer sa formation. Heureuse-
ment, le CREUFOP guide les candidats
dans leur recherche de financement
pour prendre en charge leur action de
formation. « Notre équipe apporte son
expertise dans sa connaissance des dif-
férents dispositifs permettant à un salarié
du secteur privé, un salarié du secteur
public ou un demandeur d’emploi de
suivre une formation », précise Céline
Ritterzski. 
Le CREUFOP propose deux formations innovantes, dispensées à la station méditerranéenne de
l’environnement littoral à Sète, dans le domaine de l’aquaculture, un secteur en forte progression
notamment dans les pays émergents.
Pour répondre aux exigences d’un marché porteur, l’UM2 s'appuie sur la collaboration et l'expertise des
organismes français de recherche et sur le partenariat d'un réseau professionnel transnational.
Le CREUFOP propose 2 formations diplomantes pluridisciplinaires : une formation à la
gestion technique en aquaculture et en aquariologie et un diplôme de chef de projet
et d’exploitation en aquaculture et halieutique. Il développe également un pôle de
compétences en aquaculture : l’Aqu@pole.
...www.creufop.univ-montp2.fr
L’AQUACULTURE EN FORMATION CONTINUE
Dossier
7
N°6 - 06.2013
Vincent Pourroy,
23 ans, a fait sa 5e
année
de Sciences et technologie
des industries alimentaires
à Polytech en contrat de
professionnalisation.
« Le fait d’être en contrat de
professionnalisation au sein
de l’entreprise Saint Louis Sucre pen-
dant ma dernière année d’étude m’a
permis de prendre des responsabilités
que l’on n’aurait peut-être pas confiées
à un stagiaire classique. Cette expé-
rience, outre ses avantages financiers,
m’a permis d’acquérir une expérience
professionnelle d’un an très valorisable
et de faire l’apprentissage concret des
codes de l’entreprise. » 
Christophe Latosti, 26 ans,
a passé son DAEU B en 2009 et
termine sa deuxième année de DUT
de chimie en formation continue.
« Avec un CAP d’agent de sécurité et
prévention j’ai d’abord travaillé dans
l’armée de l’air. Quand j’en suis parti j’ai
voulu reprendre des études et faire une
licence de mathématique. Problème : je
n’avais pas mon bac. Je me suis alors
inscrit au DAEU avec le CREUFOP.
J’ai trouvé l’équipe pédagogique très
bonne et l’organisation très pratique
avec notamment la possibilité de suivre
des cours du soir. Mais surtout ça m’a
permis de découvrir d’autre matières
et j’ai finalement décidé de m’orien-
ter vers un DUT de chimie que je vais
terminer bientôt. L’année prochaine je
vais intégrer Polytech directement en
troisième année, toujours en formation
continue. Je vais passer un diplôme
d’ingénieur et j’aimerais
travailler ensuite dans le
domaine de l’aéronau-
tique ou de l’aérospatial.
La formation continue
m’a offert une belle op-
portunité de reprendre
mes études. » 
Thierry Brossette,
43 ans, a passé le master
administration des
entreprises en formation
continue.
« Je suis chercheur en chimie
organique et pendant 10 ans
j’ai été responsable de laboratoire de
recherche chez Sanofi. Il y a quelques
années suite à des réorganisations
dans l’entreprise j’ai commencé à
m’occuper de la gestion des res-
sources mais je n’étais pas très à l’aise
avec les aspects ressources humaines,
comptabilité, finances, etc, je me suis
donc demandé comment acquérir ces
nouvelles compétences.
J’ai fait le master administration des
entreprises en formation continue tout
en restant en poste. Ce diplôme m’a
permis d’assurer de nouvelles missions
dans mon travail, notamment en me
permettant d’acquérir la double com-
pétence scientifique et gestion des
ressources. La formation continue a
boosté ma réorientation et cette évolu-
tion de carrière a également bénéficié à
mon entreprise car je prends en charge
de nouvelles missions sur lesquelles je
suis plus à l’aise. » 
Témoignages
© L. Jennepin
8
N°6 - 06.2013
Au cœur du campus
P
OUR MIEUX présenter les
métiers de l’université à leurs
élèves, les professeurs de
collèges et lycées et les conseillers
d’orientation se sont immergés dans
les labos.
C’est quoi au juste les métiers de la re-
cherche ? Une question bien complexe
pour les élèves de collège et lycée qui
n’ont souvent qu’une idée très vague de
ce qui se passe entre les murs des labo-
ratoires… Pour leur permettre de se faire
une idée plus précise de la diversité de
ces métiers, l’Université Montpellier 2
participe à l’opération « Portes ouvertes
pour la recherche » organisée par les
organismes de recherche en région et le
rectorat.
Professeurs et conseillers d’orientation
se transforment pendant 2 jours en sta-
giaires pour suivre des ateliers encadrés
par des équipes scientifiques. Objectif :
leur faire découvrir différents aspects du
monde de la recherche : le labo, les diffé-
rents métiers, la démarche scientifique,
les sujets de recherche en région… Pour
que de retour dans leurs établissements
ils puissent restituer aux élèves la grande
variété des carrières scientifiques et,
pourquoi pas, susciter des vocations.
Découvrir
la diversité
des métiers
Parmi les ateliers
proposés, le labo-
ratoire Géosciences
Montpellier a invité
les profs à se pen-
cher sur la data-
tion en sciences de
la Terre. Pour les
accueillir, Cyprien
Astoury, adjoint tech-
nique, Olivier Bru-
guier, ingénieur de
recherche et Patrick
Monié, directeur de
recherche. Trois per-
sonnes, trois par-
cours, trois métiers unis autour d’un but
commun : mieux comprendre les proces-
sus géodynamiques de notre planète.
Et quand Cyprien Astoury présente ses
activités aux profs du secondaire les
questions fusent. « À quoi sert cette ma-
chine ? », interroge par exemple Laurent
Portal, professeur de physique au lycée
Mermoz. Pour l’enseignant ce rappro-
chement avec le monde de la recherche
est très intéressant car « ça permet de
montrer aux élèves qu’au-delà des outils
pédagogiques il y a des vrais métiers ».
« Ça nous permettra de leur parler en
connaissance de cause des métiers
qu’on peut leur présenter », renchérit son
collègue Philippe Nahmias. Et de réduire
le grand écart qu’il y a parfois entre
l’image qu’ont les jeunes de la recherche
et la réalité. Parce que travailler dans un
laboratoire de recherche, ce n’est pas
seulement faire 8 ans d’études pour de-
venir enseignant chercheur. Cyprien par
exemple est arrivé à Géosciences après
un BTS de mesures physiques.
Les chemins qui mènent à la recherche
sont nombreux, et cette opération portes
ouvertes permet aux élèves d’en décou-
vrir toute la diversité, par la voix de leurs
conseillers d’orientation ou de leurs
professeurs, apprentis-chercheurs d’un
jour. 
La recherche
ouvre ses portes
9
N°6 - 06.2013
A
VEC L’ASSOCIATION Mexisol,
les étudiants de Polytech
mettent leurs connaissances
en matière d’énergies renouvelables au
service de l’humanitaire.
Sensibiliser et initier aux énergies renou-
velables les habitants des régions défa-
vorisées, pour tenter de leur apporter un
meilleur niveau de vie : c’est le projet d’un
groupe d’étudiants de la filière énergies
renouvelables de Polytech. « C’est la pre-
mière formation d’ingénieurs en énergies
renouvelables d’Europe, il nous a donc paru
naturel de transmettre nos connaissances à
ceux qui en ont aujourd’hui le besoin le plus
urgent ». De cette volonté est née l’asso-
ciation MexiSol. Une poignée de garçons
et de filles désireux de s’engager dans un
projet humanitaire concret.
Partager les connaissances
Cap sur l’Hidalgo, une région semi-dé-
sertique du Mexique. Les étudiants ont
passé leur été 2012 dans une quinzaine
de villages où ils ont installé des cuiseurs
et des déshydrateurs solaires. « Notre
but est de permettre aux villageois de
faire des économies de bois, une den-
rée très précieuse dans cette région »,
explique Christian Koessler. L’échange
de connaissances avec les habitants per-
met aux ingénieurs en herbe d’élaborer
des technologies adaptées à leur besoin.
« Notre projet à été très bien accueilli au
sein de la population des villages d'Oriza-
bita et ses alentours. De nombreux liens
se sont tissés au fur et à mesure avec les
villageois et les responsables de chaque
village ». Et les volontaires reprennent
la route du Mexique cet été, « les habi-
tants trouvent que les séchoirs solaires
sont très utiles mais trop petits donc ils
aimeraient des modèles plus grands, et
ils sont aussi intéressés par des chauffe-
eau solaires », explique Maxime Sanders.
En route pour l’Inde
Suite à cette belle expérience, les volon-
taires de MexiSol ont décidé de se lan-
cer dans un nouveau projet. Une nouvelle
aventure humanitaire et photovoltaïque
baptisée Humani’Sol pour équiper en
panneaux solaires une école pour enfants
défavorisés en Inde. « L’école que nous
allons aider se trouve dans l’état de l’Uttar
Pradesh, dans la ville de Bénarès, sur la
rive gauche du Gange », explique Jean
Arnoldi, responsable du projet Humani'Sol
qui est devenue une association à part
entière. L’école ne dispose pas aujourd’hui
d’un accès permanent à l’électricité, ce
qui limite les heures d’étude des enfants.
« Avec notre installation, l’école disposera
d’un éclairage continu mais aussi de suffi-
samment d’électricité pour faire fonction-
ner quelques postes informatiques, une
petite cuisine, une ventilation adéquate…
Nous formerons aussi le personnel à la
maintenance des installations pour que
l’école soit autonome après notre départ ».
Une belle illustration de leur devise :
« si tu donnes un poisson à un homme,
il mangera un jour. Si tu lui apprends à
pêcher, il mangera toujours ». 
…http://assomexisol.blogspot.fr
…http://humanisol.blogspot.fr
engagés dans l'humanitaire
Des étudiants
10
N°6 - 06.2013
Au cœur du campus
L
ES CHIMISTES du laboratoire
HydroSciences Montpellier
sont allées à la rencontre des
tout petits pour leur faire découvrir la
chimie de l’eau à travers des ateliers
ludiques et étonnants.
C’est quoi le cycle de l’eau ? Pourquoi
la mer ne gèle pas ? C’est quoi le pH ?
Pour répondre aux questions que les
enfants peuvent se poser sur les mys-
tères de l’eau, Sandra Van-Exter et So-
phie Delpoux, chimistes au laboratoire
HydroSciences Montpellier, ont amené
leurs blouses blanches et leurs éprou-
vettes dans une classe de CE2 de l’école
maternelle de Saint-Clément-de-Rivière.
« C’est important de s’impliquer dans la
vulgarisation auprès des plus jeunes »,
expliquent les chimistes.
Première étape : le cycle de l’eau. « À
8 ans les enfants ont déjà une très bonne
connaissance de ce phénomène  »,
s’étonnent les chimistes. Précipitations,
évaporation et condensation n’ont pas
de secret pour eux. « Ils se sont déjà
familiarisés avec ces notions en regardant
la météo », précise Sandra Van-Exter.
Plus compliqué : comprendre la densité.
Comment permettre aux chimistes en
herbe de visualiser cette notion ? « Nous
leur avons fait mettre un œuf dans un
récipient rempli d’eau », explique Sophie
Delpoux. Le constat est unanime : l’œuf
coule. « Ensuite nous avons refait la
même expérience en mettant du sel
dans l’eau ». Résultat : l’œuf ne coule
plus au fond du bécher. « Ça leur permet
de visualiser qu’une eau salée est plus
dense qu’une eau douce », souligne la
chimiste.
Sensibiliser les tout petits
à la pollution de l’eau
Dernier défi : comprendre la notion de
pH. « Pour cela nous avons réalisé des
travaux pratiques avec du jus de chou
rouge dans lesquels nous avons ajouté
différents produits ». Les élèves ont
ainsi pu constater qu’en rajoutant du
citron, du vinaigre, du sel ou de la les-
sive le liquide change de couleur. « On
leur explique ainsi ce qu’est l’acidité, la
basicité et la neutralité. En voyant que
l’eau change d’état selon ce qu’on y
ajoute on les sensibilise notamment à la
notion de pollution de l’eau », explique
Sandra Van-Exter.
Des ateliers qui ont ravi les tout pe-
tits. « Tout ça m’a beaucoup plu et
j’espère qu’on refera des expériences
chimiques », affirme le petit Antonin.
À l’issue de cette journée mémorable,
chaque élève s’est vu remettre un di-
plôme de petit chimiste à son nom. Une
initiative pédagogique qui éveillera peut-
être des vocations… 
La chimie
pour les tout petits
11
N°6 - 06.2013
L
E LABORATOIRE Géosciences
expose les photos de ses
chercheurs. Ce n’est pas de la
science, c’est de la poésie.
Les paroles de Rimbaud accompagnent
des formations rocheuses surprenantes,
celles de Ronsard soulignent des pay-
sages étonnants… En poussant les portes
de la bibliothèque du laboratoire Géos-
ciences, vous entrez dans la géopoésie.
Toutes ces photos ont été prises sur le
terrain par des scientifiques du labo-
ratoire. « Quand ils partent en mission
les géologues ramènent des photos qui
ne présentent pas forcément un inté-
rêt scientifique mais qu’ils ont quand
même envie de partager », explique Anne
Delplanque, chargée de la communication
au laboratoire Géosciences. Pour faciliter
ce partage, elle a mis en place avec sa
collègue documentaliste Sylvie Raynaud
une série d’expositions.
Avec un thème différent chaque année :
tribulations, art rock, désert, risque,
chaos et aujourd’hui géopoésie. Un
jury composé de membres du labora-
toire fait une sélection parmi les photos
proposées. Et les candidats à l’expo sont
nombreux. « J’ai l’opportunité d’aller dans
des endroits atypiques, j’ai envie de les
partager avec les autres à travers ces
expos », explique Théo Berthet, doctorant
photographe qui a ramené du Bhoutan
des clichés qui « témoignent d’un certain
regard ».
Cette initiative est également un projet
fédérateur dans la vie du labo. « Nous
organisons un vernissage qui est à chaque
fois un succès, tout le labo se déplace
pour l’occasion », se réjouissent les orga-
nisatrices. Pour l’expo Géopoésie, les
scientifiques ont proposé un poème ac-
compagnant les photos sélectionnées. La
vingtaine d’œuvres géopoétiques nées de
cette rencontre seront ensuite exposées
à la Bibliothèque universitaire pour par-
tager encore plus largement ces traces
de leurs tribulations. Une belle occasion
de découvrir par exemple le détroit de
Gibraltar accompagné des mots de Bau-
delaire, « Comme un navire qui s’éveille
au vent du matin, mon âme rêveuse appa-
reille pour un ciel lointain…» 
11
N°6 - 06.2013
Quand géologie
rime poésieavec
© S. Dominguez
©E.Husson
© P. Camps
12
N°6 - 06.2013
À l’honneur à l’UM2
Serge Lallemand,
Médaille d'argent CNRS 2013
Attiré depuis l'adolescence par le monde
sous-marin, Serge Lallemand a saisi le
coche de l'exploration des fonds océa-
niques en s'engageant au début des
années 80 dans une thèse sur la fosse
du Japon.
L'opportunité s'est présentée lors du Tour
du Monde du Jean Charcot (navire océa-
nographique équipé d'un sondeur multi-
faisceaux révolutionnaire) suivi un an plus
tard par les premières plongées du Nautile
(submersible capable d'atteindre 6 000 m
avec 3 hommes à bord).
Depuis lors, Serge Lallemand n'a cessé
d'explorer les fosses océaniques du Japon
à la Nouvelle-Zélande en passant par les
Philippines ou encore les Nouvelles-Hé-
brides. Ces fosses sont le lieu de la sub-
duction, terme désignant l'enfoncement
d'une plaque, souvent océanique, sous
une autre plaque. Fasciné par les consé-
quences de la tectonique des plaques, il
en a fait sa spécialité. Ses thèmes favo-
ris sont la déformation des bordures de
plaques convergentes, la subduction des
volcans sous-marins, la dynamique des
zones de subduction ou encore la genèse
des méga-séismes comme celui du Japon
en 2011. Son chantier fétiche depuis qu'il
s'est installé à Montpellier est Taiwan, vé-
ritable laboratoire naturel où la dynamique
terrestre semble s'être déchaînée. 
Philippe Cury,
Mange tes méduses !
Philippe Cury est directeur du labora-
toire Écosystèmes marins exploités à
Sète. Il est aussi l’auteur de « Une mer
sans poissons » publié en 2008 et plus
récemment de « Mange tes méduses !
Réconcilier les cycles de la vie et la
flèche du temps », co-écrit avec Daniel
Pauly et publié en avril 2013 aux éditions
Odile Jacob.
Deux des meilleurs spécialistes au monde
des ressources naturelles démontent la
mécanique infernale de la pression sur la
nature exercée par l’homme, tout en pro-
posant des solutions viables pour la pla-
nète.
« Ce livre raconte une histoire simple dont
le dernier acte se joue peut-être sous nos
yeux : celle de la transformation de la na-
ture. Pour les animaux et les plantes, la
vie sur Terre et dans les océans est une
question de reproduction suivant des
cycles annuels qui ont émergé il y a des
millions d’années. Or, depuis que l’homme
moderne a émergé, nous sommes en ex-
pansion permanente, et nous exploitons,
de manière effrénée, les ressources natu-
relles de la planète.
Cette incompatibilité pourrait conduire à la
destruction de la nature si nous ne mettons
pas en place des modes d’action respec-
tant les cycles naturels et rompant avec
notre expansion aveugle. Si nous le fai-
sons, nous aurons inventé la durabilité. Si
nous ne le faisons pas, il nous faudra nous
contenter de manger des méduses ! » 
224 pp.
ISBN : 9782738129123
13
N°6 - 06.2013
Claude Merlet,
Cristal du CNRS 2013
Ingénieur de Recherche à Géosciences
Montpellier, Claude Merlet est le direc-
teur du service « Microsonde Sud » de
l’Université Montpellier 2, service qui
regroupe les techniques de microana-
lyse par sonde électronique et ionique
(SIMS).
Titulaire d’une thèse en physique du so-
lide, Il intègre le CNRS en 1979 avec pour
mission la mise en place de ce service.
Cette plateforme analytique est doréna-
vant reconnue internationalement pour
son savoir-faire, ses expertises et en
particulier pour ses développements en
microanalyse quantitative par sonde élec-
tronique. Au-delà des nombreuses publi-
cations et participations à titre d’invité à
des congrès, les travaux de Claude Merlet
ont été concrétisés par la mise au point de
modèles et de logiciels associés utilisés
par plus d'une centaine de laboratoires
français et étrangers, certains de ces mo-
dèles font l’objet de contrats de valorisa-
tion industrielle.
Habilité à diriger des recherches en 1995,
Claude Merlet assure également la direc-
tion de thèses dans des domaines aussi
variés que l’instrumentation, l’expérimen-
tation, la physique des interactions élec-
trons-matière, ainsi que les applications
de la microanalyse aux sciences de la
terre, des matériaux et de l'environne-
ment. 
Wojciech Knap,
distingué en Pologne
Wojciech Knap, Directeur de Recherche
CNRS au Laboratoire Charles Coulomb,
a reçu le titre honorifique de Professeur
de la part du Président de la République
de Pologne, Bronislaw Komorowski,
lors d’une cérémonie qui s’est déroulée
au palais présidentiel le 14 février 2013.
Cette nomination de Professeur est une
reconnaissance scientifique liée aux tra-
vaux de recherche menés par Wojciech
Knap dans le domaine de la physique du
solide.
Cette distinction couronne également la
construction d’une forte collaboration
dans le domaine des sciences et tech-
nologies TeraHertz entre l’Académie des
Sciences de Pologne et la France.
Ce partenariat initié dans le cadre du Grou-
pement de Recherche International « Tera-
Hertz » donne actuellement lieu à un projet
de création d’un Laboratoire International
Associé (LIA). 
Bronislaw Komorowski, Président de la République de Pologne
et Wojciech Knap.
14
N°6 - 06.2013
D’
UNE TERRE polluée,
elles font de l’or, ou
presque. Ces plantes
très spéciales extraient les métaux
lourds contenus dans les sols et les
stockent dans leurs feuilles, où il ne
reste plus qu’à aller les récupérer pour
les valoriser dans d’autres filières.
Une prouesse réalisée par l’équipe de
Claude Grison, chercheuse au Centre
d’écologie fonctionnelle et évolutive.
Ce sont de véritables « folies végétales ».
Elles se développent là où rien ne pousse
et absorbent des métaux extrêmement
toxiques. Ces plantes étonnantes per-
mettent de dépolluer les sols tout en
développant de nouvelles molécules pour
l’industrie. Comment est né ce projet de
chimie verte innovant ?
« Tout a commencé en 2008 », raconte
Claude Grison, chimiste au Centre d’éco-
logie fonctionnelle et évolutive (CNRS-
Université Montpellier 2). Un groupe
d’étudiants mène alors un exercice de
travaux personnels encadrés pour le
concours d’entrée aux grandes écoles
sur le thème « Comment dépolluer par
les plantes » et demande à la chercheuse
d’être la marraine de leur projet. « Au
départ le projet visait à dépolluer l’eau,
mais nous avons ensuite décidé de nous
pencher plus précisément sur la phy-
toextraction, c'est-à-dire l’utilisation de
plantes pour dépolluer partiellement les
sols », raconte-t-elle.
Elles vivent là où tout meure
L’équipe se tourne alors vers Saint-
Laurent-le-Minier, petit village cévenol qui
regorge de sols pollués par des années
d’exploitation minière. « Des sols toxiques
pour toute forme de vie : plantes, ani-
maux, humains », précise Claude Grison.
Des sols arides où rien ne pousse. Rien ?
Pas tout à fait. Des chercheurs ont iden-
tifié sur place 3 espèces différentes de
plantes qui sont capables de survivre là
où tout trépasse. « Ce sont des plantes
hyperaccumulatrices de métaux lourds,
explique la chercheuse. Elles extraient par
leurs racines les métaux contenus dans le
sol et les accumulent dans leurs feuilles ».
Les chercheurs vont s’intéresser plus
particulièrement à 2 plantes : Noccaea
caerulescens et Anthyllis vuneraria qui ont
notamment la propriété d’accumuler le
zinc dans leurs feuilles. Premier objectif :
cultiver ces plantes. « Ce n’est pas du jar-
dinage amélioré, précise Claude Grison,
Ces plantes
dépolluent le solqui
L’intérêt écologique des travaux de
Claude Grison (en photo) et de son équipe
est largement reconnu par la communauté
scientifique. En 2009, l’Ademe (Agence
de l’environnement et de la maîtrise
de l’énergie) leur a décerné le premier
prix des « Techniques innovantes pour
l’environnement » au salon Pollutec.
En 2010, c’est le trophée « Eco-Action »
organisé par les communes qui leur a été
décerné. En 2011, Claude Grison a été
lauréate du Prix La Recherche, mention
environnement.
CHIMIE VERTE : UNE PLUIE DE RÉCOMPENSES
15
N°6 - 06.2013
la maîtrise de cette culture a demandé
beaucoup de travail. » Et beaucoup de
précautions : les chercheurs doivent
notamment limiter l’envol des poussières
toxiques vers les habitations voisines. Les
chercheurs secondés de leurs étudiants
sont enfin parvenus à cultiver ces plantes
sur les terrains pollués de la petite com-
mune. Pari réussi ? Pas encore. Quand
les plantes meurent, leurs feuilles re-
tombent sur le sol et les métaux polluants
retournent à la terre. « Il fallait trouver un
débouché pour utiliser cette biomasse
riche en métaux lourds », explique la cher-
cheuse. Elle choisit alors de récolter les
feuilles qui passent au lavage, au broyage
et au chauffage pour en extraire le zinc
avec succès.
Une nouvelle filière associant
restauration écologique des sols
et chimie verte
Mais un écueil persiste : que faire de ce
zinc ? « Il a fallu imaginer un procédé
de recyclage valable à partir de cette
ressource », explique Claude Grison.
Justement, le zinc intervient dans de nom-
breuses réactions chimiques où il joue le
rôle de catalyseur en augmentant l’effica-
cité des réactions. Il est notamment uti-
lisé dans l’industrie chimique, cosmétique
ou pharmaceutique. « Non seulement la
forme de zinc que nous leur proposons
est extrêmement efficace comme cata-
lyseur, mais en plus les industriels vont
bientôt faire face à une pénurie de zinc
dont les mines seront épuisées d’ici une
quinzaine d’année, nous leur proposons
donc une alternative intéressante ». Cette
fois le défi est brillamment relevé.
Et les industriels en voient tout de suite
l’intérêt : nombre d’entre eux collaborent
déjà avec l’équipe de Claude Grison. Le
zinc fourni par ce procédé intervient dans
la fabrication de médicaments contre
l’asthme, l’hypertension, l’inflammation
ou encore la prolifération des cellules can-
céreuses. Les fabricants de cosmétiques
sont aussi particulièrement sensibles à
ce procédé qui leur permet d’apposer sur
leurs produits un label « naturel ». « De
notre côté nous avons d’ores et déjà dé-
posé 7 brevets pour protéger nos résultats
de recherche », se réjouit la chercheuse.
Une victoire d’autant plus satisfaisante
que le pari n’était pas gagné d’avance.
«  C’est la collaboration entre écologues
et chimistes qui a permis d’obtenir ces
résultats. Une équipe de 7 personnes
travaille sur le projet à temps plein »,
souligne la chimiste. Une révolution verte
qui dépasse aujourd’hui les frontières :
l’équipe de Claude Grison met en place
la phytoextraction en Nouvelle-Calédonie,
au Gabon ou encore en Chine. 
Iberis intermedia. 
a gestion
ressources
Vie des labos
16
N°6 - 06.2013
Les robotsau service
chirurgie du futurde
la
G
RÂCE à la robotique médicale,
les chirurgiens proposent
une médecine moins
invasive et plus sûre. Les chercheurs
du Laboratoire d’Informatique de
Robotique et de Micro-électronique
de Montpellier (LIRMM) œuvrent au
développement de ces technologies
innovantes.
Certains assistants des chirurgiens ne
revêtent pas la blouse blanche de rigueur
au bloc opératoire. Et pour cause  : ce
sont des robots. Loin de remplacer les
hommes, ils travaillent avec eux main
dans la main pour une chirurgie plus sûre.
« La robotique médicale a fait son appari-
tion en 1985 », explique Philippe Poignet,
professeur au Laboratoire d’Informatique
de Robotique et de Micro-électronique de
Montpellier (LIRMM) à l’Université Mont-
pellier 2. Trente ans plus tard, les robots
médicaux sont largement présents aux
côtés des chirurgiens. Le plus célèbre
d’entre eux s’appelle Da Vinci et de nom-
breux hôpitaux dans le monde entier font
appel à ses bras articulés pour différents
types d’opération. Environ 2 500 robots
Da Vinci sont en action dans le monde et
une cinquantaine en France. Le patient est
confié au robot, qui reproduit très précisé-
ment tous les gestes du chirurgien posté
aux manettes. « C’est une prolongation de
ses mains », souligne Philippe Poignet.
Une chirurgie plus sûre
Quels sont les avantages de ces robots
assistants ? « Cette technologie permet
de préciser et d’affiner les gestes chirurgi-
caux, explique le chercheur. Le robot per-
met notamment de filtrer les mouvements
intempestifs, les petits tremblements de
fatigue et autres petits à-coups inévitables
même pour les meilleurs chirurgiens et de
les atténuer. » En lissant les mouvements,
les robots rendent le geste chirurgical
plus sûr. Autre intérêt : une maniabilité
extrême. Là où les instruments conven-
tionnels sont limités dans leurs mouve-
 Le robot Raven.
17
N°6 - 06.2013
ments, les bras articulés peuvent eux
bouger dans tous les plans. « L’utilisation
des robots permet également de pratiquer
ce que l’on appelle une chirurgie "single
port" : en réalisant une incision unique par
laquelle on peut introduire tous les instru-
ments, on diminue le nombre de cicatrices
visibles, les douleurs postopératoires et on
réduit le temps d’hospitalisation », précise
le chercheur. De nombreuses opérations
sont déjà réalisées sous assistance robo-
tique notamment pour traiter les tumeurs
de la prostate. Les robots permettent
également d’intervenir sur les tumeurs
de la thyroïde par voie axillaire, en faisant
une incision sous le bras, ce qui évite une
cicatrice disgracieuse à la base du cou.
Montpellier place forte de la
robotique médicale
Avec son équipe de robotique médicale
au sein du groupe Dexter, Philippe Poignet
travaille à concevoir, réaliser et comman-
der des robots performants et robustes
capables de gestes fins et rapides. Objec-
tif : fournir de nouveaux instruments pour
les interventions chirurgicales du futur. « Il
reste encore de nombreux défis à relever
pour la robotique médicale », précise le
chercheur. L’un d’entre eux reste la minia-
turisation. Avec ses grands bras et sa
console de commande, le robot Da Vinci
occupe un volume de plus de 2 m3
.
Autre défi sur lequel planche l’équipe
Dexter : développer le retour d’effort.
C'est-à-dire ? « Pour l’instant les robots
ne peuvent pas restituer au chirurgien la
sensation tactile ou les interactions de
ses instruments avec les tissus. Grâce au
retour d’effort le chirurgien pourra mieux
appréhender la texture des tissus ». Pour
mettre au point ces innovations, les cher-
cheurs du LIRMM travaillent en étroite
collaboration avec les chirurgiens. « Il
faut adapter la technologie aux besoins
des chirurgiens, ce lien est capital ». Les
industriels qui développent ces techno-
logies sont également des partenaires
incontournables. Tous les acteurs du sec-
teur – chercheurs, médecins, industriels –
se réuniront à Montpellier à l’occasion de
l’école d’été en robotique chirurgicale qui
va se dérouler du 4 au 11 septembre 2013.
Si l’idée d’être opéré sous l’assistance de
robots a longtemps suscité de la méfiance
de la part des patients et des médecins,
les choses ont nettement changé. « La
confiance dans les robots se développe
et de plus en plus de chirurgiens s’inté-
ressent à ces technologies. » Là aussi les
chercheurs jouent un rôle clé pour former
les praticiens à l’utilisation des robots.
La nouvelle Faculté de médecine de
Montpellier accueillera d’ailleurs des
chercheurs du LIRMM dans un espace
de robotique flambant neuf destiné à
favoriser le lien entre les praticiens hos-
pitaliers et les industriels. Cet espace de
40 m² va accueillir un clone du célèbre
robot Da Vinci. Baptisé Raven et conçu
par l’Université de Washington, il per-
mettra à la fois aux chirurgiens de se
former et aux chercheurs de tester leurs
innovations. «  Avec une vingtaine de
robot commercialisés dans le monde et
une dizaine d’entreprises en France, la
robotique médicale est encore une disci-
pline ultra-confidentielle qui en est à ses
balbutiements, souligne Philippe Poignet,
mais c’est un champ qui va s’ouvrir très
rapidement ». 
Un Laboratoire d’Excellence
pour la robotique médicale
Le LIRMM est partenaire du laboratoire
d’excellence CAMI, Gestes médicaux-
chirurgicaux assistés par ordinateur.
Doté de 7,5 millions d’euros, ce LabEx
a pour vocation d'explorer de nouvelles
approches pour les interventions
médicales assistées par ordinateur.
Dans chacune des villes impliquées
(Montpellier, Paris, Grenoble, Strasbourg,
Brest, Rennes) des « tandems » ingénierie-
clinique sont constitués. À Montpellier, le
LIRMM travaille en étroite collaboration
avec l’Université Montpellier 1 et le CHU.
LABO D'EXCELLENCE
 Le robot Sprint.
18
N°6 - 06.2013
International
I
LS VIENNENT d’au-delà des
frontières de l’Europe. Grâce aux
programmes Erasmus Mundus
pilotés par l’UM2, de nombreux
étudiants, doctorants ou enseignants
ont vécu l’aventure d’un séjour de
recherche à Montpellier, loin de leur
pays d’origine. Trois d’entre eux
témoignent.
De la Jordanie
aux neiges de
l’Aigoual
Nour Helo, 26 ans,
vient d’Irbid, 2e
ville
de Jordanie, à 85 km
au nord de la capitale
Amman. Grâce au pro-
gramme Josyleen, il
suit en ce moment un
doctorat en génétique humaine à l’UM2.
« La France ? Pour moi, c’était surtout
synonyme d’excellence de la recherche.
C’est pour ça que je suis venu. Montpel-
lier est une ville sympa, de taille moyenne
comme Irbid, ma ville. Il y a des choses
magnifiques ici : la Comédie, les maisons
médiévales, des boutiques où l’on trouve
tout. La beauté de la campagne, colorée
et si verte ! »
Certes il y a eu les débuts difficiles, les
tracasseries administratives, le mal du
pays. Une solitude de doctorant débordé
de boulot. Avec en plus la barrière de la
langue : « parler anglais, ça ne pose pas
de problème au labo. Mais ça ne facilite
pas les contacts amicaux ! ». Mais il y a
eu aussi « les sorties organisées avec le
programme Averroès : visiter la région et
au-delà, Arles, le cirque de Mourèze, Bar-
celone… », et même une première, skier
au Mont Aigoual. « La meilleure part du
séjour » dit Nour avec un grand sourire.
Se former à d’autres
méthodes de travail
Wendy Yeo, 29 ans, vient de Malaisie.
Elle poursuit son doctorat au sein de
l’unité Cycle cellulaire, différenciation et
métabolisme (UM2-CNRS).
« J’ai entendu parler du programme Ma-
heva alors que je faisais mes études à
Kuala Lumpur. Je me suis dit : c’est une
bonne chance de venir faire une partie
de mon doctorat en France ! Un pays
magnifique, dont on parle beaucoup
chez nous ». Wendy se faisait une image
idyllique de la France, vue de Malaisie.
Déçue par la réalité ? Pas vraiment :
« les collègues au labo sont adorables, et
prennent vraiment du temps pour moi ».
Bilan après un an sur le sol français ? Wen-
dy est tombée littéralement amoureuse
du tram montpelliérain. Mais surtout,
« c’est un extraordinaire enrichissement
personnel ! La possibilité de découvrir un
nouvel univers, et professionnellement,
celle de se former à d’autres méthodes
de travail. Ça ouvre
l’esprit. L’objec-
tif maintenant est
de retourner chez
moi, décrocher un
post-doctorat et
faire bénéficier mon
pays de mon expé-
rience ».
Porte ouverte sur
le monde
Un an après son
master décroché
dans le cadre du pro-
gramme Averroès,
Ahmed Gaouar, 23
ans, revient à l’UM2
avec en poche une
invitation du Labora-
toire de Mécanique et Génie Civil… mais
pas encore sa thèse, en cours d’écriture.
Sujet de recherche ? « Étude dynamique
des structures de tenségrité ». « Un do-
maine qui n’existe pas en Algérie, précise
Ahmed : je veux apporter ce plus à mon
pays, c’est une des raisons de ma venue
en France. Je n’étais jamais sorti de ma
ville, Tlemcen, et l’inconnu me faisait un
peu peur, mais j’ai compris qu’il ne fallait
pas que je passe à côté de ça ! ».
Un an après son séjour, Ahmed sait pour-
quoi il a eu raison de tenter l’aventure :
« qualité des cours, de l'encadrement, de
la pédagogie, le niveau est très haut. Une
expérience inoubliable, qui m’a permis
d’acquérir beaucoup d’autonomie. Dif-
ficile au début de couper les liens avec
ses proches, mais l’accueil de l’équipe
Averroès a été très chaleureux. Mes amis
les plus chers, je les ai rencontrés en
France… Le programme Averroès ? Pour
moi, ça a été une porte ouverte sur le
monde ». 
Ces étudiants
qui viennent de (très) loin
19
N°6 - 06.2013
Formation
G
RÂCE à un projet pédagogique
innovant, les étudiants en
master 2 mécanique de
l’Université Montpellier 2 se lancent
dans la simulation de création
d’entreprise.
Et si vous deviez inventer un objet ? C’est
le défi lancé en début d’année aux étu-
diants en master 2 mécanique de l’UM2 :
concevoir et fabriquer un nouveau produit
tout en simulant la création de l’entreprise
destinée à le commercialiser. « L’idée
c’est de les mettre le plus possible en
situation réelle : ils doivent démontrer
la viabilité de leur projet », explique le
responsable du projet, Thierry Laurent,
enseignant au Laboratoire de Mécanique
et de Génie Civil (LMGC).
Étape numéro 1 : la recherche d’idée.
Brainstorming et creusage de méninges
en vue pour imaginer un objet utile
et innovant. « La première contrainte
est d’imaginer un concept qui n’existe
pas encore », souligne l’enseignant.
Deuxième étape : l’étude de marché.
« Après ça les étudiants doivent établir un
cahier des charges fonctionnel », précise
Thierry Laurent.
Dernière étape, et non la moindre : dé-
velopper les solutions technologiques
et concevoir un prototype. « Nous les
accompagnons pour les aider à trouver
des solutions, mais l’idée reste de laisser
les étudiants le plus possible acteurs de
toutes les phases de ce projet ». Ce qui
les oblige à se frotter à des domaines qui
vont au-delà de leur enseignement habi-
tuel en mécanique. Ils doivent notamment
gérer la propriété intellectuelle de leur
idée en finalisant l’écriture du brevet. Et
élargir leurs compétences en mettant en
œuvre la communication autour de leur
produit. Design, site web, éléments gra-
phiques… pour ces étudiants en science,
c’est une belle incursion dans le marke-
ting, qui leur permet au passage de tisser
un réseau professionnel très utile.
Des innovations made in UM2
À terme, les jeunes vont présenter leur
projet devant un jury composé de re-
présentants du monde de l’entreprise :
consultants en création d’entreprise ou
en marketing, designers… « C’est l’abou-
tissement de leur projet et un
moment fort pour eux
qui s’investissent
énormément tout
au long de l’an-
née dans ce
qu’il qua-
lifient
eux-mêmes de belle aventure humaine »,
se réjouit Thierry Laurent.
Une pédagogie innovante plébiscitée
par les étudiants et qui porte ses fruits.
L’année précédente a vu naître 4 objets
entièrement made in UM2 : un antivol
pour casque de moto qui se fixe sur le
bouchon du réservoir, une règle multi-
fonction qui fait aussi équerre, compas
et rapporteur, un enrouleur-dérouleur
de cerf-volant et un accessoire pour
skateboard pour lequel un industriel a
déjà manifesté un réel intérêt. L’aventure
pédagogique peut déboucher sur une
commercialisation et elle est prise très au
sérieux par les entrepreneurs en herbe.
N’essayez pas de leur soutirer des infos
sur leur innovation en cours, c’est top
secret… 
Inventer aujourd'hui
les objets de demain
 Le Tracer : règle - équerre -
compas - rapporteur.
20
N°6 - 06.2013
Innovation
G
RÂCE à une plateforme
unique en France, l’Université
Montpellier 2 donne une
nouvelle dimension à la recherche sur
la lutte biologique contre les ravageurs
de culture.
Comment diminuer l’utilisation de pes-
ticides tout en préservant les récoltes ?
Une réponse est la lutte biologique. Le
principe est simple : mettre les ravageurs
de culture hors d’état de nuire grâce à
l’utilisation de leurs ennemis naturels. Les
chercheurs du laboratoire « Diversité, Gé-
nome et Interactions Micro-organismes –
Insectes » travaillent depuis des années
sur les mécanismes d’interaction entre
les ravageurs et leurs pathogènes : virus,
bactéries ou même guêpes parasites.
Des recherches délicates puisque les in-
sectes ravageurs ne doivent surtout pas
s’échapper des labos et se disséminer
dans la nature où ils pourraient s’atta-
quer aux cultures. Pour pouvoir travail-
ler en toute sécurité, les chercheurs ont
désormais à leur disposition une toute
nouvelle plateforme de 150 m² consacrée
à leurs recherches. Son nom : PIQ, Pla-
teforme pour Insectes de Quarantaine. Sa
spécificité : un confinement total. Murs
étanches, sas d’entrée, sur-chaussures
et blouses obligatoires à l’entrée, air fil-
tré et aspiré à l’intérieur, le tout agréé par
la préfecture. « Il n’y a aucun moyen que
l’insecte sorte », assure Magali Eychenne,
responsable de la plateforme expérimen-
tale. « Cette plateforme de confinement
unique en France change notre échelle de
travail », se réjouit-elle.
Une installation unique en France
Le laboratoire disposait déjà de petites
salles blanches pour ses recherches
ainsi que d’un insectarium aux normes
de sécurité en vigueur pour l’élevage
des insectes à étudier. Les chercheurs
du laboratoire s’intéressent en particu-
lier aux noctuelles, une famille d’insectes
plutôt inoffensifs sous leur forme papillon
mais qui au stade chenille se délectent de
toutes formes de culture. « Ces insectes
de l’ordre des Lépidoptères sont les plus
abondants et causent de très gros dégâts
dans le monde entier », précise la cher-
cheuse Anne Nathalie Volkoff.
Le principal modèle d’étude est l’espèce
Spodoptera frugiperda qui s’attaque aux
cultures de maïs, de riz ou encore de soja
sur le continent américain. « Pour l’instant
on ne la trouve pas en France métropo-
litaine, explique Anne Nathalie Volkoff, il
est donc primordial de la soumettre à un
confinement strict pour éviter tout risque
d’invasion ». Autres ravageurs sous le
microscope des chercheurs : Spodop-
tera littoralis et Helicoverpa armigera. Ces
chenilles, qui peuvent faire des incursions
dans notre région, s’attaquent aussi bien
aux tomates, aux poivrons, aux pois-
chiches, aux blettes qu’au maïs.
La lutte biologique
en action
 Parasitisme de Hyposoter didymator
sur une larve de Spodoptera frugiperda.
M. Frayssinet / M. Jambart © Inra
21
N°6 - 06.2013
Si les pesticides ont longtemps été uti-
lisés comme arme principale contre ces
insectes voraces, un effort est fait au-
jourd’hui pour trouver des alternatives
écologiques. Les effets nocifs de ces pro-
duits phytosanitaires sur la santé et l’en-
vironnement ont en effet été largement
démontrés.
Le plan Ecophyto 2018 lancé par le Minis-
tère de l’Agriculture en 2008 suite au Gre-
nelle de l’Environnement vise d’ailleurs à
réduire l’utilisation de ces substances à
court terme.
Réduire les pesticides
L’alternative proposée par les chercheurs,
c’est l’utilisation de leurs ennemis natu-
rels. « Au stade chenille ces insectes sont
sensibles aux pathogènes, expliquent
les chercheuses, nous essayons donc
d’identifier leurs pathogènes naturels et
de comprendre leur mode d’action pour
les exploiter à des fins de contrôle des
populations des ravageurs  ». La lutte
biologique permettra-t-elle un jour de
s’affranchir totalement des pesticides ?
«  Probablement pas, répond Anne Na-
thalie Volkoff, mais si on l’utilise dans le
cadre d’une lutte intégrée on peut par-
venir à une utilisation raisonnée de pes-
ticides et compléter avec des agents
de lutte biologique ». Ces recherches
intéressent d’ailleurs les industriels, sou-
cieux de proposer de nouvelles solutions
aux agriculteurs.
Financée par la Région Languedoc-
Roussillon, l’Université Montpellier 2 et
l’Inra, la nouvelle plateforme de recherche
accueille 40 personnes de l’unité et sera
ouverte à des personnes extérieures à
l’université qui auront besoin de travail-
ler en milieu confiné sur ces espèces de
ravageurs de quarantaine végétale. 
De haut en bas : Spodoptera frugiperda
au stade larvaire, chrysalide et adulte.
B.Provost©InraB.Provost©InraB.Provost©Inra

 Dégâts causés par la larve de
Spodoptera frugiperda.
22
N°6 - 06.2013
Charles Flahault,
grandeur nature
L
A BIBLIOTHÈQUE universitaire
de l’Université Montpellier 2
consacre une exposition
exceptionnelle au célèbre botaniste
Charles Flahault.
Enseignant, voyageur, forestier, humaniste,
il était tout ça à la fois. Né dans le Nord de
la France en 1852, le botaniste Charles
Flahault s’est illustré à Montpellier où il
a créé le premier institut de botanique et
s’est consacré au reboisement du Mont
Aigoual. Pour entrer dans l’intimité de ce
botaniste visionnaire, poussez la porte de
la bibliothèque universitaire des sciences…
« Nous avons un fonds de 2000 images
des collections Flahault qui n’avaient ja-
mais été exposées », explique Boris Bous-
cayrol qui a participé à l’organisation de
l’exposition. « Nous avons voulu les mettre
en scène de façon ludique pour faire entrer
les visiteurs dans son univers ».
Dès les premiers pas, nous pénétrons
dans le jardin d’enfance de Charles Fla-
hault, là-même où est née sa passion pour
la botanique. « Pour amener le visiteur
à ressentir l’émerveillement qu’a connu
Charles Flahault enfant dans le jardin de sa
mère », souligne Boris Bouscayrol. Banc
de bois, album de famille, montage sonore
et composition végétale, vous êtes bien
dans son jardin.
Dans la deuxième scène de l’exposition,
nous entrons dans la salle de classe où
il donnait ses cours. Paillasse, tableau
noir, traces de craie… et cette présence,
comme si Charles Flahault venait de quit-
ter la pièce quelques minutes auparavant
pour emmener ses étudiants en sortie sur
le terrain.
Éveiller des vocations
Le troisième tableau nous immerge dans
le laboratoire de ce précurseur de la
botanique, partager sa recherche, ses
voyages, son rôle majeur dans l’organi-
sation de la botanique. Charles Flahault
a été le premier à introduire l’écologie en
France à la fin du 19e
siècle. « C’est aussi
le premier à avoir utilisé les techniques
photographiques à des fins scientifiques.
Un siècle avant Avatar, Charles Flahault
faisait de la photo 3D », souligne Boris
Bouscayrol.
Enfin la dernière scène de l’expo nous
emmène sur les pentes du Mont Aigoual,
terrain de travail du botaniste qui a notam-
ment contribué à son reboisement avec
Georges Fabre. « J’ai entrepris le pari
fou de faire pousser des arbres où Dieu
lui-même semble avoir échoué », disait
Charles Flahault, qui y est parvenu.
Petite-cousine de Charles et fondatrice de
l’association « Présence de Charles Fla-
hault », Marie-France Flahault se réjouit de
la visibilité donnée au travail de son aïeul.
« J’espère que les jeunes chercheurs vont
s’emparer de ce fonds photographique
et que cette exposition contribuera à leur
redonner le goût de la botanique ». Près
de 80 ans après sa mort, le botaniste
visionnaire peut continuer à éveiller des
vocations… 
L’exposition « Flahault, grandeur nature » est
visible à la BU jusqu’au 19 juillet 2013.
Le fonds photographique est
consultable sur
...www.collections.univ-montp2.fr/
les-collections-de-lum2/
phototheque-flahault
De gauche à droite :
1. Groupe d'herboristes dans un vallon
près du col de Lacan (1904) © J. Lagarde
2. Iconographie protistes. Archives Fisher
3. Charles Flahault au Jardin des plantes
de Montpellier.
Événement
23
N°6 - 06.2013
Publications
Quand le génome de la patate douce raconte l’histoire
des premiers voyages vers les Amériques
Les Européens ne seraient pas les premiers à avoir foulé le sol américain. Plusieurs siècles
avant eux, des bateaux polynésiens auraient fait le voyage jusqu’aux côtes péruviennes et
ramené avec eux le tubercule présent dans toute la zone Pacifique. C’est ce que confirme
une vaste étude génétique menée avec des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle
et Evolutive et publiée le 23 janvier dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
…Historical collections reveal Q:1 patterns of diffusion of sweet potato in Oceania obscured by modern
plant movements and recombination, Caroline Roullier, Laure Benoit, Doyle B. McKey, Vincent Lebot.
PNAS 23 janvier 2013
Le réchauffement climatique sera-t-il responsable d'une
augmentation de la fréquence et de la sévérité des feux ?
Adam Ali du centre de bio-archéologie et d’écologie et ses collaborateurs ont reconstruit
l'histoire des incendies de la forêt boréale nord-américaine au cours des 7 000 dernières
années, sur la base de la quantification de charbons de bois contenus dans les séquences
sédimentaires de neuf lacs. Leurs résultats suggèrent que le réchauffement climatique pourrait
conduire à l'élargissement de la période favorable à la survenue de feux. Jusqu’alors peu
de modèles prédictifs avaient réussi à comprendre le rôle des changements climatiques sur
l'ampleur des feux de forêts.
…Control of the multimillennial wildfire size in boreal North America by spring climatic conditions
Ali AA, Blarquez O, Girardin MP, Hély C, Tinquaut F, El Guellab A, Valsecchi V, Terrier A, Bremond L,
Genries A,Gauthier S, Bergeron Y PNAS 23 Octobre 2012
L’expérience AMS mesure un excès d’antimatière dans l’espace
La collaboration internationale du spectromètre magnétique Alpha AMS publie ses tout pre-
miers résultats dans sa quête d’antimatière et de matière noire dans l’espace. À Montpellier,
le LUPM a mis en œuvre le GPS spatial d’AMS et réalisé certains des logiciels permettant
de différencier matière et antimatière. Les premières observations révèlent l’existence d’un
excès d’antimatière d’origine inconnue dans le flux des rayons cosmiques. Ces résultats
pourraient être la manifestation de l’annihilation de particules de matière noire telle qu’elle
est décrite par certaines théories de supersymétrie, même si des analyses complémentaires
seront nécessaires pour vérifier une telle origine révolutionnaire.
…First Result from the Alpha Magnetic Spectrometer on the International Space Station: Precision
Measurement of the Positron Fraction in Primary Cosmic Rays of 0.5-350 GeV, Physical Review Letters PRL
110, 141102 (2013)
Comment le thym s’adapte au changement climatique
La diversité génétique au sein d’une même espèce augmente fortement les capacités d’adap-
tation. Des chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier (CEFE)
ont montré que, grâce à ses six types chimiques, le thym des garrigues méditerranéennes
s’est adapté au changement climatique en quelques dizaines d’années seulement. Et ce,
sans modifier sa distribution géographique.
…Evolution of a genetic polymorphism with climate change in a Mediterranean landscape, John
Thompson, Anne Charpentier, Guillaume Bouguet, Faustine Charmasson, Stephanie Roset, Bruno Buatois,
Philippe Vernet, Pierre-Henri Gouyon. PNAS 19 février 2013
Publications
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE www.univ-montp2.fr
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  • 1. 1 N°6 - 06.2013 Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR www.univ-montp2.fr scribd.com/um2_montpellier Les robots au service de la chirurgie du futur Ces plantes qui dépolluent le sol Des étudiants engagés dans l'humanitaire La formation continue pour tous Le magazine universitaire au cœur de science Numéro 6 Juin 2013
  • 2. 2 N°6 - 06.2013 4 Dossier La formation continue pour tous 8 Au cœur du campus  La recherche ouvre ses portes  Des étudiants engagés dans l’humanitaire  La chimie pour les tout petits  Quand géologie rime avec poésie 12 À l’honneur à l’UM2  Serge Lallemand, Médaille d’argent CNRS 2013  Philippe Cury, Mange tes méduses !  Claude Merlet, Cristal du CNRS 2013  Wojciech Knap distingué en Pologne 14 Vie des labos  Ces plantes qui dépolluent le sol  Les robots au service de la chirurgie du futur 18 International  Ces étudiants qui viennent de (très) loin 19 Formation  Inventer aujourd’hui les objets de demain 20 Innovation  La lutte biologique en action 22 Événement  Charles Flahault, grandeur nature 23 Publications UM2 N°6 - JUIN 2013 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Robert RÉDACTRICE EN CHEF Aline Périault, aline.periault@univ-montp2.fr Tél. +33 (0)4 67 14 92 87 A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Philippe Raymond CONCEPTION & MISE EN PAGE Olivier Piau, Agropolis Productions IMPRESSION Offset Deux Mille (France) UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et Techniques Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier CEDEX 5 Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 communication@univ-montp2.fr www.univ-montp2.fr Tirage : 2.500 ex. Dépôt légal : juin 2013 ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle). Sommaire Photo à la une : Bibliothèque universitaire Sciences © L. Jennepin
  • 3. 3 N°6 - 06.2013 La formation professionnelle : une voie d’excellence et un outil de développement économique L’insertion professionnelle, la réussite et l’accès à l’enseigne- ment supérieur pour tous en partenariat avec les entreprises sont parmi les préoccupations essentielles de l’Université Montpellier 2. À ce titre, la formation professionnelle constitue une véritable voie d’excellence doublée d’un outil de développement éco- nomique. Formation par apprentissage et formation continue sont ainsi au cœur du dossier de ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science. La formation professionnelle concerne en effet tous les niveaux de diplômes de l’UM2 : DUT, licence générale ou professionnelle, master ou diplôme d’ingénieur. À l’échelle régionale de l’enseignement supérieur, cela représente, rien que pour l’apprentissage, plus de 65 diplômes dans tous les domaines (BTP, énergies renouvelables et envi- ronnement, commerce et gestion, informatique, etc.) pour environ 1500 apprentis. La Région Languedoc-Roussillon apporte d’ailleurs un fort soutien aux apprentis, à leurs employeurs et aux établissements. Ce succès s’explique par de multiples raisons. Il est d’abord lié au taux de réussite de ces parcours, très supérieur à la moyenne. Les modes pédagogiques, permettant la préparation d’un diplôme tout en développant une expérience professionnelle, sont également à distinguer. Il faut aussi souligner leur rôle d’ascenseur social, offrant la possibilité à des personnes en difficultés financières d’accéder à l’enseignement supé- rieur en devenant des étudiants rémunérés. Enfin, les entreprises ont pleinement perçu l’enjeu de ces dispositifs qui leurs permettent de se tenir au plus près des évolutions des outils et méthodes tout en disposant d’un efficace moyen de recrutement. Fort de constat et riche de son expérience, l’UM2 poursuit le développement de ses formations professionnelles en partenariat avec les établissements du supérieur en région. Après la récente ouverture du portail de la formation continue ContinuUM (commun aux universités montpelliéraines), l’objectif à court terme est celui d’un re- groupement à l’échelle régionale des Centres de Formations des Apprentis afin de promouvoir au mieux l’apprentissage à destination des jeunes et des entreprises. Michel Robert, Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques Édito 1, 2, 3... taguez ! Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante. Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Qrafter (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffisent : 1. lancer l'application, 2. photographier le Qrcode, 3. lire le contenu. 
  • 4. 4 N°6 - 06.2013 A FIN DE répondre à l’évolution du marché de l’emploi actuel, l’Université Montpellier 2 renforce et développe ses services de formation continue et par apprentissage, dispositifs indispensables d’aide à la sécurisation du parcours professionnel. Les différentes composantes de l’éta- blissement proposent 230 diplômes de formation initiale, formations adossées à la recherche et professionnalisantes. Ces diplômes sont tous également accessibles en formation continue. L’UM2 propose aussi une offre spéci- fique de formations par apprentissage. On compte ainsi, parmi nos 16 200 étudiants, 560 stagiaires de formation continue et 600 apprentis du supérieur. La formation continue est un moyen efficace pour aider les salariés ou les demandeurs d’emploi à s’adapter et à réajuster leur parcours professionnel. Dans ce but, le CREUFOP (centre de formation continue de l’UM2) travaille au service des composantes pédagogiques avec les institutions, dont la Région Lan- guedoc-Roussillon, pour promouvoir, accompagner et organiser la formation continue. Le CREUFOP est un des rares services de formation continue universitaire à viser la certification ISO9001 en gestion du public et ingénierie de formation, recon- naissance de la qualité de son travail. Enfin, c’est un des membres fondateurs de ContinuUM, le regroupement des ser- vices formation continue des universités de Montpellier. Cette collaboration entre universités permet de présenter la totalité de l’offre de formation continue à travers un portail unique (www.continu-um.fr) et de réaliser des actions de communication communes. L’objectif de cette initiative : proposer un guichet unique à destination de tous les usagers de la formation conti- nue ; une façon de fusionner avant l’heure ! Enfin, en collaboration avec la Région, le Centre de Formation des Apprentis (CFA) de l’UM2 joue un rôle moteur dans la politique de formation par apprentis- sage universitaire régional. Depuis 2009, le nombre de formations et d’apprentis a doublé. Aussi, afin d’accompagner cette croissance, l’UM2 et les autres universités de la région travaillent à la construction d’un CFA Inter-Universi- taire. Ce regroupement régional permet- tra une simplification des démarches et une meilleure visibilité de l’offre de formation en apprentissage. Grâce à ce large éventail de dispositifs de formation l’UM2 est donc capable de répondre efficacement aux besoins de qualification pour tous.  Emmanuel Vignal, Vice-président délégué à la professionnalisation Formation continue et apprentissage à l’UM2 expérimentent la fusion avant l’heure La formation continue pour tous Dossier
  • 5. 5 N°6 - 06.2013 P ARCE QU’IL n’y a pas d’âge pour reprendre ses études, le Centre régional universitaire de formation permanente (CREUFOP) permet à tout le monde d’accéder aux diplômes de l’Université Montpellier 2. Acquérir un diplôme, développer de nouvelles compétences, se reconvertir, se spécialiser, se perfectionner, c’est possible même après avoir passé l’âge habituel de fréquentation des bancs de l’université grâce à la formation continue. Ce dispositif qui a vu le jour au début des années 70 mobilise l’État, les conseils régionaux ainsi que les entreprises, les organismes de formation publics et pri- vés, les organisations professionnelles, syndicales et familiales. Objectifs : favo- riser l’insertion ou la réinsertion pro- fessionnelle des travailleurs, permettre leur maintien dans l’emploi, favoriser le développement de leurs compétences et l’accès aux différents niveaux de la qualification professionnelle et contri- buer au développement économique et culturel. L’Université Montpellier 2 s’implique fortement dans ce dispositif grâce au Centre régional universitaire de formation permanente (CREUFOP). Son public ? Tout le monde, sauf les étudiants en formation initiale. « La formation continue s’adresse aux personnes en activité tout comme aux demandeurs d’emploi ayant exercé une activité professionnelle ou ayant interrompu leurs études et qui sou- haitent les reprendre pour augmenter ou diversifier leur qua- lification », explique Céline Ritterszki, res- ponsable du CREUFOP. Ce dernier ouvre l’offre de formation universitaire aux entreprises publiques et privées, aux salariés et demandeurs d’emploi et aux particuliers. Partager les connaissances Que vous souhaitiez passer un master en biologie, une licence professionnelle en génie civil, un DUT en gestion des entreprises ou même un diplôme d’ingé- nieur, les possibilités sont nombreuses. « L’ensemble de l’offre de formation de l’Université Montpellier 2 est accessible en formation continue », souligne Céline Ritterszki. Du niveau Bac au Bac +5, toutes les formations proposées sont sanctionnées par un diplôme d’état ou des diplômes universitaires délivrés par les 7 composantes de l’UM2 : la Faculté des Sciences, l’Institut d’Administration des entreprises, les IUT de Montpellier- Sète, de Nîmes et de Béziers, l’IUFM et l’école d’ingénieur Polytech. « Grâce à la diversité des domaines d’activité de ces composantes, l’UM2 peut offrir ses compétences en formation continue dans de vastes secteurs de l’activité éco- nomique », précise la responsable du CREUFOP. Et pour ceux qui n’ont pas le bac ? Pas de problème : le CREU- FOP vous permet de passer le Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires op- tion Sciences (DAEU B). Ce « bac de la deuxième chance » offre exactement les mêmes possibilités que le bacca- lauréat classique que ce soit pour en- treprendre des études supérieures ou pour passer des concours niveau bac. Ce diplôme rattaché à la Faculté des sciences accueille chaque année près de 100 personnes. « Facteur d’insertion sociale et de changement professionnel, le DAEU constitue un véritable moyen de valorisation et de réassurance des personnes », précise Didier Lopez du CREUFOP. ••• Reprendre ses études à tout âge
  • 6. 6 N°6 - 06.2013 Des dispositifs pour chacun Parce qu’il s’adresse à un public très divers, le CREUFOP propose ses conseils sur les nombreux dispositifs de formation possibles selon le statut de chacun.  Pour les salariés : plan de formation entreprise, droit individuel à la forma- tion (DIF), période de professionnali- sation, congé individuel de formation (CIF), congé de bilan de compétence (CBC), congé de validation des acquis de l’expérience (CVAE), les dispositifs s’adressant aux personnes en activité sont nombreux.  Pour les entreprises : elles peuvent bénéficier de formations courtes ou « sur- mesure » adaptées à leurs besoins par exemple sur des plateformes techniques.  Pour les demandeurs d’emploi : ils peuvent accéder soit à des actions pro- fessionnalisantes financées par la région soit au contrat de professionnalisation, un contrat de travail en alternance financé par l’entreprise et qui peut être exonéré de cotisations sociales par l’état.  Pour les agents de la fonction pu- blique : ils peuvent bénéficier d’actions de formation dans le cadre du plan de formation, à l’initiative de l’administration ou dans le cadre du congé de formation.  Pour les non salariés : artisans, agriculteurs, travailleurs indépendants, commerçants et professions libérales peuvent également accéder à la forma- tion. Ils participent à son financement par le versement d’une contribution à un organisme collecteur. Pas toujours facile de s’y retrouver parmi tous ces dispositifs quand il s’agit de faire financer sa formation. Heureuse- ment, le CREUFOP guide les candidats dans leur recherche de financement pour prendre en charge leur action de formation. « Notre équipe apporte son expertise dans sa connaissance des dif- férents dispositifs permettant à un salarié du secteur privé, un salarié du secteur public ou un demandeur d’emploi de suivre une formation », précise Céline Ritterzski.  Le CREUFOP propose deux formations innovantes, dispensées à la station méditerranéenne de l’environnement littoral à Sète, dans le domaine de l’aquaculture, un secteur en forte progression notamment dans les pays émergents. Pour répondre aux exigences d’un marché porteur, l’UM2 s'appuie sur la collaboration et l'expertise des organismes français de recherche et sur le partenariat d'un réseau professionnel transnational. Le CREUFOP propose 2 formations diplomantes pluridisciplinaires : une formation à la gestion technique en aquaculture et en aquariologie et un diplôme de chef de projet et d’exploitation en aquaculture et halieutique. Il développe également un pôle de compétences en aquaculture : l’Aqu@pole. ...www.creufop.univ-montp2.fr L’AQUACULTURE EN FORMATION CONTINUE Dossier
  • 7. 7 N°6 - 06.2013 Vincent Pourroy, 23 ans, a fait sa 5e année de Sciences et technologie des industries alimentaires à Polytech en contrat de professionnalisation. « Le fait d’être en contrat de professionnalisation au sein de l’entreprise Saint Louis Sucre pen- dant ma dernière année d’étude m’a permis de prendre des responsabilités que l’on n’aurait peut-être pas confiées à un stagiaire classique. Cette expé- rience, outre ses avantages financiers, m’a permis d’acquérir une expérience professionnelle d’un an très valorisable et de faire l’apprentissage concret des codes de l’entreprise. »  Christophe Latosti, 26 ans, a passé son DAEU B en 2009 et termine sa deuxième année de DUT de chimie en formation continue. « Avec un CAP d’agent de sécurité et prévention j’ai d’abord travaillé dans l’armée de l’air. Quand j’en suis parti j’ai voulu reprendre des études et faire une licence de mathématique. Problème : je n’avais pas mon bac. Je me suis alors inscrit au DAEU avec le CREUFOP. J’ai trouvé l’équipe pédagogique très bonne et l’organisation très pratique avec notamment la possibilité de suivre des cours du soir. Mais surtout ça m’a permis de découvrir d’autre matières et j’ai finalement décidé de m’orien- ter vers un DUT de chimie que je vais terminer bientôt. L’année prochaine je vais intégrer Polytech directement en troisième année, toujours en formation continue. Je vais passer un diplôme d’ingénieur et j’aimerais travailler ensuite dans le domaine de l’aéronau- tique ou de l’aérospatial. La formation continue m’a offert une belle op- portunité de reprendre mes études. »  Thierry Brossette, 43 ans, a passé le master administration des entreprises en formation continue. « Je suis chercheur en chimie organique et pendant 10 ans j’ai été responsable de laboratoire de recherche chez Sanofi. Il y a quelques années suite à des réorganisations dans l’entreprise j’ai commencé à m’occuper de la gestion des res- sources mais je n’étais pas très à l’aise avec les aspects ressources humaines, comptabilité, finances, etc, je me suis donc demandé comment acquérir ces nouvelles compétences. J’ai fait le master administration des entreprises en formation continue tout en restant en poste. Ce diplôme m’a permis d’assurer de nouvelles missions dans mon travail, notamment en me permettant d’acquérir la double com- pétence scientifique et gestion des ressources. La formation continue a boosté ma réorientation et cette évolu- tion de carrière a également bénéficié à mon entreprise car je prends en charge de nouvelles missions sur lesquelles je suis plus à l’aise. »  Témoignages © L. Jennepin
  • 8. 8 N°6 - 06.2013 Au cœur du campus P OUR MIEUX présenter les métiers de l’université à leurs élèves, les professeurs de collèges et lycées et les conseillers d’orientation se sont immergés dans les labos. C’est quoi au juste les métiers de la re- cherche ? Une question bien complexe pour les élèves de collège et lycée qui n’ont souvent qu’une idée très vague de ce qui se passe entre les murs des labo- ratoires… Pour leur permettre de se faire une idée plus précise de la diversité de ces métiers, l’Université Montpellier 2 participe à l’opération « Portes ouvertes pour la recherche » organisée par les organismes de recherche en région et le rectorat. Professeurs et conseillers d’orientation se transforment pendant 2 jours en sta- giaires pour suivre des ateliers encadrés par des équipes scientifiques. Objectif : leur faire découvrir différents aspects du monde de la recherche : le labo, les diffé- rents métiers, la démarche scientifique, les sujets de recherche en région… Pour que de retour dans leurs établissements ils puissent restituer aux élèves la grande variété des carrières scientifiques et, pourquoi pas, susciter des vocations. Découvrir la diversité des métiers Parmi les ateliers proposés, le labo- ratoire Géosciences Montpellier a invité les profs à se pen- cher sur la data- tion en sciences de la Terre. Pour les accueillir, Cyprien Astoury, adjoint tech- nique, Olivier Bru- guier, ingénieur de recherche et Patrick Monié, directeur de recherche. Trois per- sonnes, trois par- cours, trois métiers unis autour d’un but commun : mieux comprendre les proces- sus géodynamiques de notre planète. Et quand Cyprien Astoury présente ses activités aux profs du secondaire les questions fusent. « À quoi sert cette ma- chine ? », interroge par exemple Laurent Portal, professeur de physique au lycée Mermoz. Pour l’enseignant ce rappro- chement avec le monde de la recherche est très intéressant car « ça permet de montrer aux élèves qu’au-delà des outils pédagogiques il y a des vrais métiers ». « Ça nous permettra de leur parler en connaissance de cause des métiers qu’on peut leur présenter », renchérit son collègue Philippe Nahmias. Et de réduire le grand écart qu’il y a parfois entre l’image qu’ont les jeunes de la recherche et la réalité. Parce que travailler dans un laboratoire de recherche, ce n’est pas seulement faire 8 ans d’études pour de- venir enseignant chercheur. Cyprien par exemple est arrivé à Géosciences après un BTS de mesures physiques. Les chemins qui mènent à la recherche sont nombreux, et cette opération portes ouvertes permet aux élèves d’en décou- vrir toute la diversité, par la voix de leurs conseillers d’orientation ou de leurs professeurs, apprentis-chercheurs d’un jour.  La recherche ouvre ses portes
  • 9. 9 N°6 - 06.2013 A VEC L’ASSOCIATION Mexisol, les étudiants de Polytech mettent leurs connaissances en matière d’énergies renouvelables au service de l’humanitaire. Sensibiliser et initier aux énergies renou- velables les habitants des régions défa- vorisées, pour tenter de leur apporter un meilleur niveau de vie : c’est le projet d’un groupe d’étudiants de la filière énergies renouvelables de Polytech. « C’est la pre- mière formation d’ingénieurs en énergies renouvelables d’Europe, il nous a donc paru naturel de transmettre nos connaissances à ceux qui en ont aujourd’hui le besoin le plus urgent ». De cette volonté est née l’asso- ciation MexiSol. Une poignée de garçons et de filles désireux de s’engager dans un projet humanitaire concret. Partager les connaissances Cap sur l’Hidalgo, une région semi-dé- sertique du Mexique. Les étudiants ont passé leur été 2012 dans une quinzaine de villages où ils ont installé des cuiseurs et des déshydrateurs solaires. « Notre but est de permettre aux villageois de faire des économies de bois, une den- rée très précieuse dans cette région », explique Christian Koessler. L’échange de connaissances avec les habitants per- met aux ingénieurs en herbe d’élaborer des technologies adaptées à leur besoin. « Notre projet à été très bien accueilli au sein de la population des villages d'Oriza- bita et ses alentours. De nombreux liens se sont tissés au fur et à mesure avec les villageois et les responsables de chaque village ». Et les volontaires reprennent la route du Mexique cet été, « les habi- tants trouvent que les séchoirs solaires sont très utiles mais trop petits donc ils aimeraient des modèles plus grands, et ils sont aussi intéressés par des chauffe- eau solaires », explique Maxime Sanders. En route pour l’Inde Suite à cette belle expérience, les volon- taires de MexiSol ont décidé de se lan- cer dans un nouveau projet. Une nouvelle aventure humanitaire et photovoltaïque baptisée Humani’Sol pour équiper en panneaux solaires une école pour enfants défavorisés en Inde. « L’école que nous allons aider se trouve dans l’état de l’Uttar Pradesh, dans la ville de Bénarès, sur la rive gauche du Gange », explique Jean Arnoldi, responsable du projet Humani'Sol qui est devenue une association à part entière. L’école ne dispose pas aujourd’hui d’un accès permanent à l’électricité, ce qui limite les heures d’étude des enfants. « Avec notre installation, l’école disposera d’un éclairage continu mais aussi de suffi- samment d’électricité pour faire fonction- ner quelques postes informatiques, une petite cuisine, une ventilation adéquate… Nous formerons aussi le personnel à la maintenance des installations pour que l’école soit autonome après notre départ ». Une belle illustration de leur devise : « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ».  …http://assomexisol.blogspot.fr …http://humanisol.blogspot.fr engagés dans l'humanitaire Des étudiants
  • 10. 10 N°6 - 06.2013 Au cœur du campus L ES CHIMISTES du laboratoire HydroSciences Montpellier sont allées à la rencontre des tout petits pour leur faire découvrir la chimie de l’eau à travers des ateliers ludiques et étonnants. C’est quoi le cycle de l’eau ? Pourquoi la mer ne gèle pas ? C’est quoi le pH ? Pour répondre aux questions que les enfants peuvent se poser sur les mys- tères de l’eau, Sandra Van-Exter et So- phie Delpoux, chimistes au laboratoire HydroSciences Montpellier, ont amené leurs blouses blanches et leurs éprou- vettes dans une classe de CE2 de l’école maternelle de Saint-Clément-de-Rivière. « C’est important de s’impliquer dans la vulgarisation auprès des plus jeunes », expliquent les chimistes. Première étape : le cycle de l’eau. « À 8 ans les enfants ont déjà une très bonne connaissance de ce phénomène  », s’étonnent les chimistes. Précipitations, évaporation et condensation n’ont pas de secret pour eux. « Ils se sont déjà familiarisés avec ces notions en regardant la météo », précise Sandra Van-Exter. Plus compliqué : comprendre la densité. Comment permettre aux chimistes en herbe de visualiser cette notion ? « Nous leur avons fait mettre un œuf dans un récipient rempli d’eau », explique Sophie Delpoux. Le constat est unanime : l’œuf coule. « Ensuite nous avons refait la même expérience en mettant du sel dans l’eau ». Résultat : l’œuf ne coule plus au fond du bécher. « Ça leur permet de visualiser qu’une eau salée est plus dense qu’une eau douce », souligne la chimiste. Sensibiliser les tout petits à la pollution de l’eau Dernier défi : comprendre la notion de pH. « Pour cela nous avons réalisé des travaux pratiques avec du jus de chou rouge dans lesquels nous avons ajouté différents produits ». Les élèves ont ainsi pu constater qu’en rajoutant du citron, du vinaigre, du sel ou de la les- sive le liquide change de couleur. « On leur explique ainsi ce qu’est l’acidité, la basicité et la neutralité. En voyant que l’eau change d’état selon ce qu’on y ajoute on les sensibilise notamment à la notion de pollution de l’eau », explique Sandra Van-Exter. Des ateliers qui ont ravi les tout pe- tits. « Tout ça m’a beaucoup plu et j’espère qu’on refera des expériences chimiques », affirme le petit Antonin. À l’issue de cette journée mémorable, chaque élève s’est vu remettre un di- plôme de petit chimiste à son nom. Une initiative pédagogique qui éveillera peut- être des vocations…  La chimie pour les tout petits
  • 11. 11 N°6 - 06.2013 L E LABORATOIRE Géosciences expose les photos de ses chercheurs. Ce n’est pas de la science, c’est de la poésie. Les paroles de Rimbaud accompagnent des formations rocheuses surprenantes, celles de Ronsard soulignent des pay- sages étonnants… En poussant les portes de la bibliothèque du laboratoire Géos- ciences, vous entrez dans la géopoésie. Toutes ces photos ont été prises sur le terrain par des scientifiques du labo- ratoire. « Quand ils partent en mission les géologues ramènent des photos qui ne présentent pas forcément un inté- rêt scientifique mais qu’ils ont quand même envie de partager », explique Anne Delplanque, chargée de la communication au laboratoire Géosciences. Pour faciliter ce partage, elle a mis en place avec sa collègue documentaliste Sylvie Raynaud une série d’expositions. Avec un thème différent chaque année : tribulations, art rock, désert, risque, chaos et aujourd’hui géopoésie. Un jury composé de membres du labora- toire fait une sélection parmi les photos proposées. Et les candidats à l’expo sont nombreux. « J’ai l’opportunité d’aller dans des endroits atypiques, j’ai envie de les partager avec les autres à travers ces expos », explique Théo Berthet, doctorant photographe qui a ramené du Bhoutan des clichés qui « témoignent d’un certain regard ». Cette initiative est également un projet fédérateur dans la vie du labo. « Nous organisons un vernissage qui est à chaque fois un succès, tout le labo se déplace pour l’occasion », se réjouissent les orga- nisatrices. Pour l’expo Géopoésie, les scientifiques ont proposé un poème ac- compagnant les photos sélectionnées. La vingtaine d’œuvres géopoétiques nées de cette rencontre seront ensuite exposées à la Bibliothèque universitaire pour par- tager encore plus largement ces traces de leurs tribulations. Une belle occasion de découvrir par exemple le détroit de Gibraltar accompagné des mots de Bau- delaire, « Comme un navire qui s’éveille au vent du matin, mon âme rêveuse appa- reille pour un ciel lointain…»  11 N°6 - 06.2013 Quand géologie rime poésieavec © S. Dominguez ©E.Husson © P. Camps
  • 12. 12 N°6 - 06.2013 À l’honneur à l’UM2 Serge Lallemand, Médaille d'argent CNRS 2013 Attiré depuis l'adolescence par le monde sous-marin, Serge Lallemand a saisi le coche de l'exploration des fonds océa- niques en s'engageant au début des années 80 dans une thèse sur la fosse du Japon. L'opportunité s'est présentée lors du Tour du Monde du Jean Charcot (navire océa- nographique équipé d'un sondeur multi- faisceaux révolutionnaire) suivi un an plus tard par les premières plongées du Nautile (submersible capable d'atteindre 6 000 m avec 3 hommes à bord). Depuis lors, Serge Lallemand n'a cessé d'explorer les fosses océaniques du Japon à la Nouvelle-Zélande en passant par les Philippines ou encore les Nouvelles-Hé- brides. Ces fosses sont le lieu de la sub- duction, terme désignant l'enfoncement d'une plaque, souvent océanique, sous une autre plaque. Fasciné par les consé- quences de la tectonique des plaques, il en a fait sa spécialité. Ses thèmes favo- ris sont la déformation des bordures de plaques convergentes, la subduction des volcans sous-marins, la dynamique des zones de subduction ou encore la genèse des méga-séismes comme celui du Japon en 2011. Son chantier fétiche depuis qu'il s'est installé à Montpellier est Taiwan, vé- ritable laboratoire naturel où la dynamique terrestre semble s'être déchaînée.  Philippe Cury, Mange tes méduses ! Philippe Cury est directeur du labora- toire Écosystèmes marins exploités à Sète. Il est aussi l’auteur de « Une mer sans poissons » publié en 2008 et plus récemment de « Mange tes méduses ! Réconcilier les cycles de la vie et la flèche du temps », co-écrit avec Daniel Pauly et publié en avril 2013 aux éditions Odile Jacob. Deux des meilleurs spécialistes au monde des ressources naturelles démontent la mécanique infernale de la pression sur la nature exercée par l’homme, tout en pro- posant des solutions viables pour la pla- nète. « Ce livre raconte une histoire simple dont le dernier acte se joue peut-être sous nos yeux : celle de la transformation de la na- ture. Pour les animaux et les plantes, la vie sur Terre et dans les océans est une question de reproduction suivant des cycles annuels qui ont émergé il y a des millions d’années. Or, depuis que l’homme moderne a émergé, nous sommes en ex- pansion permanente, et nous exploitons, de manière effrénée, les ressources natu- relles de la planète. Cette incompatibilité pourrait conduire à la destruction de la nature si nous ne mettons pas en place des modes d’action respec- tant les cycles naturels et rompant avec notre expansion aveugle. Si nous le fai- sons, nous aurons inventé la durabilité. Si nous ne le faisons pas, il nous faudra nous contenter de manger des méduses ! »  224 pp. ISBN : 9782738129123
  • 13. 13 N°6 - 06.2013 Claude Merlet, Cristal du CNRS 2013 Ingénieur de Recherche à Géosciences Montpellier, Claude Merlet est le direc- teur du service « Microsonde Sud » de l’Université Montpellier 2, service qui regroupe les techniques de microana- lyse par sonde électronique et ionique (SIMS). Titulaire d’une thèse en physique du so- lide, Il intègre le CNRS en 1979 avec pour mission la mise en place de ce service. Cette plateforme analytique est doréna- vant reconnue internationalement pour son savoir-faire, ses expertises et en particulier pour ses développements en microanalyse quantitative par sonde élec- tronique. Au-delà des nombreuses publi- cations et participations à titre d’invité à des congrès, les travaux de Claude Merlet ont été concrétisés par la mise au point de modèles et de logiciels associés utilisés par plus d'une centaine de laboratoires français et étrangers, certains de ces mo- dèles font l’objet de contrats de valorisa- tion industrielle. Habilité à diriger des recherches en 1995, Claude Merlet assure également la direc- tion de thèses dans des domaines aussi variés que l’instrumentation, l’expérimen- tation, la physique des interactions élec- trons-matière, ainsi que les applications de la microanalyse aux sciences de la terre, des matériaux et de l'environne- ment.  Wojciech Knap, distingué en Pologne Wojciech Knap, Directeur de Recherche CNRS au Laboratoire Charles Coulomb, a reçu le titre honorifique de Professeur de la part du Président de la République de Pologne, Bronislaw Komorowski, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au palais présidentiel le 14 février 2013. Cette nomination de Professeur est une reconnaissance scientifique liée aux tra- vaux de recherche menés par Wojciech Knap dans le domaine de la physique du solide. Cette distinction couronne également la construction d’une forte collaboration dans le domaine des sciences et tech- nologies TeraHertz entre l’Académie des Sciences de Pologne et la France. Ce partenariat initié dans le cadre du Grou- pement de Recherche International « Tera- Hertz » donne actuellement lieu à un projet de création d’un Laboratoire International Associé (LIA).  Bronislaw Komorowski, Président de la République de Pologne et Wojciech Knap.
  • 14. 14 N°6 - 06.2013 D’ UNE TERRE polluée, elles font de l’or, ou presque. Ces plantes très spéciales extraient les métaux lourds contenus dans les sols et les stockent dans leurs feuilles, où il ne reste plus qu’à aller les récupérer pour les valoriser dans d’autres filières. Une prouesse réalisée par l’équipe de Claude Grison, chercheuse au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. Ce sont de véritables « folies végétales ». Elles se développent là où rien ne pousse et absorbent des métaux extrêmement toxiques. Ces plantes étonnantes per- mettent de dépolluer les sols tout en développant de nouvelles molécules pour l’industrie. Comment est né ce projet de chimie verte innovant ? « Tout a commencé en 2008 », raconte Claude Grison, chimiste au Centre d’éco- logie fonctionnelle et évolutive (CNRS- Université Montpellier 2). Un groupe d’étudiants mène alors un exercice de travaux personnels encadrés pour le concours d’entrée aux grandes écoles sur le thème « Comment dépolluer par les plantes » et demande à la chercheuse d’être la marraine de leur projet. « Au départ le projet visait à dépolluer l’eau, mais nous avons ensuite décidé de nous pencher plus précisément sur la phy- toextraction, c'est-à-dire l’utilisation de plantes pour dépolluer partiellement les sols », raconte-t-elle. Elles vivent là où tout meure L’équipe se tourne alors vers Saint- Laurent-le-Minier, petit village cévenol qui regorge de sols pollués par des années d’exploitation minière. « Des sols toxiques pour toute forme de vie : plantes, ani- maux, humains », précise Claude Grison. Des sols arides où rien ne pousse. Rien ? Pas tout à fait. Des chercheurs ont iden- tifié sur place 3 espèces différentes de plantes qui sont capables de survivre là où tout trépasse. « Ce sont des plantes hyperaccumulatrices de métaux lourds, explique la chercheuse. Elles extraient par leurs racines les métaux contenus dans le sol et les accumulent dans leurs feuilles ». Les chercheurs vont s’intéresser plus particulièrement à 2 plantes : Noccaea caerulescens et Anthyllis vuneraria qui ont notamment la propriété d’accumuler le zinc dans leurs feuilles. Premier objectif : cultiver ces plantes. « Ce n’est pas du jar- dinage amélioré, précise Claude Grison, Ces plantes dépolluent le solqui L’intérêt écologique des travaux de Claude Grison (en photo) et de son équipe est largement reconnu par la communauté scientifique. En 2009, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) leur a décerné le premier prix des « Techniques innovantes pour l’environnement » au salon Pollutec. En 2010, c’est le trophée « Eco-Action » organisé par les communes qui leur a été décerné. En 2011, Claude Grison a été lauréate du Prix La Recherche, mention environnement. CHIMIE VERTE : UNE PLUIE DE RÉCOMPENSES
  • 15. 15 N°6 - 06.2013 la maîtrise de cette culture a demandé beaucoup de travail. » Et beaucoup de précautions : les chercheurs doivent notamment limiter l’envol des poussières toxiques vers les habitations voisines. Les chercheurs secondés de leurs étudiants sont enfin parvenus à cultiver ces plantes sur les terrains pollués de la petite com- mune. Pari réussi ? Pas encore. Quand les plantes meurent, leurs feuilles re- tombent sur le sol et les métaux polluants retournent à la terre. « Il fallait trouver un débouché pour utiliser cette biomasse riche en métaux lourds », explique la cher- cheuse. Elle choisit alors de récolter les feuilles qui passent au lavage, au broyage et au chauffage pour en extraire le zinc avec succès. Une nouvelle filière associant restauration écologique des sols et chimie verte Mais un écueil persiste : que faire de ce zinc ? « Il a fallu imaginer un procédé de recyclage valable à partir de cette ressource », explique Claude Grison. Justement, le zinc intervient dans de nom- breuses réactions chimiques où il joue le rôle de catalyseur en augmentant l’effica- cité des réactions. Il est notamment uti- lisé dans l’industrie chimique, cosmétique ou pharmaceutique. « Non seulement la forme de zinc que nous leur proposons est extrêmement efficace comme cata- lyseur, mais en plus les industriels vont bientôt faire face à une pénurie de zinc dont les mines seront épuisées d’ici une quinzaine d’année, nous leur proposons donc une alternative intéressante ». Cette fois le défi est brillamment relevé. Et les industriels en voient tout de suite l’intérêt : nombre d’entre eux collaborent déjà avec l’équipe de Claude Grison. Le zinc fourni par ce procédé intervient dans la fabrication de médicaments contre l’asthme, l’hypertension, l’inflammation ou encore la prolifération des cellules can- céreuses. Les fabricants de cosmétiques sont aussi particulièrement sensibles à ce procédé qui leur permet d’apposer sur leurs produits un label « naturel ». « De notre côté nous avons d’ores et déjà dé- posé 7 brevets pour protéger nos résultats de recherche », se réjouit la chercheuse. Une victoire d’autant plus satisfaisante que le pari n’était pas gagné d’avance. «  C’est la collaboration entre écologues et chimistes qui a permis d’obtenir ces résultats. Une équipe de 7 personnes travaille sur le projet à temps plein », souligne la chimiste. Une révolution verte qui dépasse aujourd’hui les frontières : l’équipe de Claude Grison met en place la phytoextraction en Nouvelle-Calédonie, au Gabon ou encore en Chine.  Iberis intermedia. 
  • 16. a gestion ressources Vie des labos 16 N°6 - 06.2013 Les robotsau service chirurgie du futurde la G RÂCE à la robotique médicale, les chirurgiens proposent une médecine moins invasive et plus sûre. Les chercheurs du Laboratoire d’Informatique de Robotique et de Micro-électronique de Montpellier (LIRMM) œuvrent au développement de ces technologies innovantes. Certains assistants des chirurgiens ne revêtent pas la blouse blanche de rigueur au bloc opératoire. Et pour cause  : ce sont des robots. Loin de remplacer les hommes, ils travaillent avec eux main dans la main pour une chirurgie plus sûre. « La robotique médicale a fait son appari- tion en 1985 », explique Philippe Poignet, professeur au Laboratoire d’Informatique de Robotique et de Micro-électronique de Montpellier (LIRMM) à l’Université Mont- pellier 2. Trente ans plus tard, les robots médicaux sont largement présents aux côtés des chirurgiens. Le plus célèbre d’entre eux s’appelle Da Vinci et de nom- breux hôpitaux dans le monde entier font appel à ses bras articulés pour différents types d’opération. Environ 2 500 robots Da Vinci sont en action dans le monde et une cinquantaine en France. Le patient est confié au robot, qui reproduit très précisé- ment tous les gestes du chirurgien posté aux manettes. « C’est une prolongation de ses mains », souligne Philippe Poignet. Une chirurgie plus sûre Quels sont les avantages de ces robots assistants ? « Cette technologie permet de préciser et d’affiner les gestes chirurgi- caux, explique le chercheur. Le robot per- met notamment de filtrer les mouvements intempestifs, les petits tremblements de fatigue et autres petits à-coups inévitables même pour les meilleurs chirurgiens et de les atténuer. » En lissant les mouvements, les robots rendent le geste chirurgical plus sûr. Autre intérêt : une maniabilité extrême. Là où les instruments conven- tionnels sont limités dans leurs mouve-  Le robot Raven.
  • 17. 17 N°6 - 06.2013 ments, les bras articulés peuvent eux bouger dans tous les plans. « L’utilisation des robots permet également de pratiquer ce que l’on appelle une chirurgie "single port" : en réalisant une incision unique par laquelle on peut introduire tous les instru- ments, on diminue le nombre de cicatrices visibles, les douleurs postopératoires et on réduit le temps d’hospitalisation », précise le chercheur. De nombreuses opérations sont déjà réalisées sous assistance robo- tique notamment pour traiter les tumeurs de la prostate. Les robots permettent également d’intervenir sur les tumeurs de la thyroïde par voie axillaire, en faisant une incision sous le bras, ce qui évite une cicatrice disgracieuse à la base du cou. Montpellier place forte de la robotique médicale Avec son équipe de robotique médicale au sein du groupe Dexter, Philippe Poignet travaille à concevoir, réaliser et comman- der des robots performants et robustes capables de gestes fins et rapides. Objec- tif : fournir de nouveaux instruments pour les interventions chirurgicales du futur. « Il reste encore de nombreux défis à relever pour la robotique médicale », précise le chercheur. L’un d’entre eux reste la minia- turisation. Avec ses grands bras et sa console de commande, le robot Da Vinci occupe un volume de plus de 2 m3 . Autre défi sur lequel planche l’équipe Dexter : développer le retour d’effort. C'est-à-dire ? « Pour l’instant les robots ne peuvent pas restituer au chirurgien la sensation tactile ou les interactions de ses instruments avec les tissus. Grâce au retour d’effort le chirurgien pourra mieux appréhender la texture des tissus ». Pour mettre au point ces innovations, les cher- cheurs du LIRMM travaillent en étroite collaboration avec les chirurgiens. « Il faut adapter la technologie aux besoins des chirurgiens, ce lien est capital ». Les industriels qui développent ces techno- logies sont également des partenaires incontournables. Tous les acteurs du sec- teur – chercheurs, médecins, industriels – se réuniront à Montpellier à l’occasion de l’école d’été en robotique chirurgicale qui va se dérouler du 4 au 11 septembre 2013. Si l’idée d’être opéré sous l’assistance de robots a longtemps suscité de la méfiance de la part des patients et des médecins, les choses ont nettement changé. « La confiance dans les robots se développe et de plus en plus de chirurgiens s’inté- ressent à ces technologies. » Là aussi les chercheurs jouent un rôle clé pour former les praticiens à l’utilisation des robots. La nouvelle Faculté de médecine de Montpellier accueillera d’ailleurs des chercheurs du LIRMM dans un espace de robotique flambant neuf destiné à favoriser le lien entre les praticiens hos- pitaliers et les industriels. Cet espace de 40 m² va accueillir un clone du célèbre robot Da Vinci. Baptisé Raven et conçu par l’Université de Washington, il per- mettra à la fois aux chirurgiens de se former et aux chercheurs de tester leurs innovations. «  Avec une vingtaine de robot commercialisés dans le monde et une dizaine d’entreprises en France, la robotique médicale est encore une disci- pline ultra-confidentielle qui en est à ses balbutiements, souligne Philippe Poignet, mais c’est un champ qui va s’ouvrir très rapidement ».  Un Laboratoire d’Excellence pour la robotique médicale Le LIRMM est partenaire du laboratoire d’excellence CAMI, Gestes médicaux- chirurgicaux assistés par ordinateur. Doté de 7,5 millions d’euros, ce LabEx a pour vocation d'explorer de nouvelles approches pour les interventions médicales assistées par ordinateur. Dans chacune des villes impliquées (Montpellier, Paris, Grenoble, Strasbourg, Brest, Rennes) des « tandems » ingénierie- clinique sont constitués. À Montpellier, le LIRMM travaille en étroite collaboration avec l’Université Montpellier 1 et le CHU. LABO D'EXCELLENCE  Le robot Sprint.
  • 18. 18 N°6 - 06.2013 International I LS VIENNENT d’au-delà des frontières de l’Europe. Grâce aux programmes Erasmus Mundus pilotés par l’UM2, de nombreux étudiants, doctorants ou enseignants ont vécu l’aventure d’un séjour de recherche à Montpellier, loin de leur pays d’origine. Trois d’entre eux témoignent. De la Jordanie aux neiges de l’Aigoual Nour Helo, 26 ans, vient d’Irbid, 2e ville de Jordanie, à 85 km au nord de la capitale Amman. Grâce au pro- gramme Josyleen, il suit en ce moment un doctorat en génétique humaine à l’UM2. « La France ? Pour moi, c’était surtout synonyme d’excellence de la recherche. C’est pour ça que je suis venu. Montpel- lier est une ville sympa, de taille moyenne comme Irbid, ma ville. Il y a des choses magnifiques ici : la Comédie, les maisons médiévales, des boutiques où l’on trouve tout. La beauté de la campagne, colorée et si verte ! » Certes il y a eu les débuts difficiles, les tracasseries administratives, le mal du pays. Une solitude de doctorant débordé de boulot. Avec en plus la barrière de la langue : « parler anglais, ça ne pose pas de problème au labo. Mais ça ne facilite pas les contacts amicaux ! ». Mais il y a eu aussi « les sorties organisées avec le programme Averroès : visiter la région et au-delà, Arles, le cirque de Mourèze, Bar- celone… », et même une première, skier au Mont Aigoual. « La meilleure part du séjour » dit Nour avec un grand sourire. Se former à d’autres méthodes de travail Wendy Yeo, 29 ans, vient de Malaisie. Elle poursuit son doctorat au sein de l’unité Cycle cellulaire, différenciation et métabolisme (UM2-CNRS). « J’ai entendu parler du programme Ma- heva alors que je faisais mes études à Kuala Lumpur. Je me suis dit : c’est une bonne chance de venir faire une partie de mon doctorat en France ! Un pays magnifique, dont on parle beaucoup chez nous ». Wendy se faisait une image idyllique de la France, vue de Malaisie. Déçue par la réalité ? Pas vraiment : « les collègues au labo sont adorables, et prennent vraiment du temps pour moi ». Bilan après un an sur le sol français ? Wen- dy est tombée littéralement amoureuse du tram montpelliérain. Mais surtout, « c’est un extraordinaire enrichissement personnel ! La possibilité de découvrir un nouvel univers, et professionnellement, celle de se former à d’autres méthodes de travail. Ça ouvre l’esprit. L’objec- tif maintenant est de retourner chez moi, décrocher un post-doctorat et faire bénéficier mon pays de mon expé- rience ». Porte ouverte sur le monde Un an après son master décroché dans le cadre du pro- gramme Averroès, Ahmed Gaouar, 23 ans, revient à l’UM2 avec en poche une invitation du Labora- toire de Mécanique et Génie Civil… mais pas encore sa thèse, en cours d’écriture. Sujet de recherche ? « Étude dynamique des structures de tenségrité ». « Un do- maine qui n’existe pas en Algérie, précise Ahmed : je veux apporter ce plus à mon pays, c’est une des raisons de ma venue en France. Je n’étais jamais sorti de ma ville, Tlemcen, et l’inconnu me faisait un peu peur, mais j’ai compris qu’il ne fallait pas que je passe à côté de ça ! ». Un an après son séjour, Ahmed sait pour- quoi il a eu raison de tenter l’aventure : « qualité des cours, de l'encadrement, de la pédagogie, le niveau est très haut. Une expérience inoubliable, qui m’a permis d’acquérir beaucoup d’autonomie. Dif- ficile au début de couper les liens avec ses proches, mais l’accueil de l’équipe Averroès a été très chaleureux. Mes amis les plus chers, je les ai rencontrés en France… Le programme Averroès ? Pour moi, ça a été une porte ouverte sur le monde ».  Ces étudiants qui viennent de (très) loin
  • 19. 19 N°6 - 06.2013 Formation G RÂCE à un projet pédagogique innovant, les étudiants en master 2 mécanique de l’Université Montpellier 2 se lancent dans la simulation de création d’entreprise. Et si vous deviez inventer un objet ? C’est le défi lancé en début d’année aux étu- diants en master 2 mécanique de l’UM2 : concevoir et fabriquer un nouveau produit tout en simulant la création de l’entreprise destinée à le commercialiser. « L’idée c’est de les mettre le plus possible en situation réelle : ils doivent démontrer la viabilité de leur projet », explique le responsable du projet, Thierry Laurent, enseignant au Laboratoire de Mécanique et de Génie Civil (LMGC). Étape numéro 1 : la recherche d’idée. Brainstorming et creusage de méninges en vue pour imaginer un objet utile et innovant. « La première contrainte est d’imaginer un concept qui n’existe pas encore », souligne l’enseignant. Deuxième étape : l’étude de marché. « Après ça les étudiants doivent établir un cahier des charges fonctionnel », précise Thierry Laurent. Dernière étape, et non la moindre : dé- velopper les solutions technologiques et concevoir un prototype. « Nous les accompagnons pour les aider à trouver des solutions, mais l’idée reste de laisser les étudiants le plus possible acteurs de toutes les phases de ce projet ». Ce qui les oblige à se frotter à des domaines qui vont au-delà de leur enseignement habi- tuel en mécanique. Ils doivent notamment gérer la propriété intellectuelle de leur idée en finalisant l’écriture du brevet. Et élargir leurs compétences en mettant en œuvre la communication autour de leur produit. Design, site web, éléments gra- phiques… pour ces étudiants en science, c’est une belle incursion dans le marke- ting, qui leur permet au passage de tisser un réseau professionnel très utile. Des innovations made in UM2 À terme, les jeunes vont présenter leur projet devant un jury composé de re- présentants du monde de l’entreprise : consultants en création d’entreprise ou en marketing, designers… « C’est l’abou- tissement de leur projet et un moment fort pour eux qui s’investissent énormément tout au long de l’an- née dans ce qu’il qua- lifient eux-mêmes de belle aventure humaine », se réjouit Thierry Laurent. Une pédagogie innovante plébiscitée par les étudiants et qui porte ses fruits. L’année précédente a vu naître 4 objets entièrement made in UM2 : un antivol pour casque de moto qui se fixe sur le bouchon du réservoir, une règle multi- fonction qui fait aussi équerre, compas et rapporteur, un enrouleur-dérouleur de cerf-volant et un accessoire pour skateboard pour lequel un industriel a déjà manifesté un réel intérêt. L’aventure pédagogique peut déboucher sur une commercialisation et elle est prise très au sérieux par les entrepreneurs en herbe. N’essayez pas de leur soutirer des infos sur leur innovation en cours, c’est top secret…  Inventer aujourd'hui les objets de demain  Le Tracer : règle - équerre - compas - rapporteur.
  • 20. 20 N°6 - 06.2013 Innovation G RÂCE à une plateforme unique en France, l’Université Montpellier 2 donne une nouvelle dimension à la recherche sur la lutte biologique contre les ravageurs de culture. Comment diminuer l’utilisation de pes- ticides tout en préservant les récoltes ? Une réponse est la lutte biologique. Le principe est simple : mettre les ravageurs de culture hors d’état de nuire grâce à l’utilisation de leurs ennemis naturels. Les chercheurs du laboratoire « Diversité, Gé- nome et Interactions Micro-organismes – Insectes » travaillent depuis des années sur les mécanismes d’interaction entre les ravageurs et leurs pathogènes : virus, bactéries ou même guêpes parasites. Des recherches délicates puisque les in- sectes ravageurs ne doivent surtout pas s’échapper des labos et se disséminer dans la nature où ils pourraient s’atta- quer aux cultures. Pour pouvoir travail- ler en toute sécurité, les chercheurs ont désormais à leur disposition une toute nouvelle plateforme de 150 m² consacrée à leurs recherches. Son nom : PIQ, Pla- teforme pour Insectes de Quarantaine. Sa spécificité : un confinement total. Murs étanches, sas d’entrée, sur-chaussures et blouses obligatoires à l’entrée, air fil- tré et aspiré à l’intérieur, le tout agréé par la préfecture. « Il n’y a aucun moyen que l’insecte sorte », assure Magali Eychenne, responsable de la plateforme expérimen- tale. « Cette plateforme de confinement unique en France change notre échelle de travail », se réjouit-elle. Une installation unique en France Le laboratoire disposait déjà de petites salles blanches pour ses recherches ainsi que d’un insectarium aux normes de sécurité en vigueur pour l’élevage des insectes à étudier. Les chercheurs du laboratoire s’intéressent en particu- lier aux noctuelles, une famille d’insectes plutôt inoffensifs sous leur forme papillon mais qui au stade chenille se délectent de toutes formes de culture. « Ces insectes de l’ordre des Lépidoptères sont les plus abondants et causent de très gros dégâts dans le monde entier », précise la cher- cheuse Anne Nathalie Volkoff. Le principal modèle d’étude est l’espèce Spodoptera frugiperda qui s’attaque aux cultures de maïs, de riz ou encore de soja sur le continent américain. « Pour l’instant on ne la trouve pas en France métropo- litaine, explique Anne Nathalie Volkoff, il est donc primordial de la soumettre à un confinement strict pour éviter tout risque d’invasion ». Autres ravageurs sous le microscope des chercheurs : Spodop- tera littoralis et Helicoverpa armigera. Ces chenilles, qui peuvent faire des incursions dans notre région, s’attaquent aussi bien aux tomates, aux poivrons, aux pois- chiches, aux blettes qu’au maïs. La lutte biologique en action  Parasitisme de Hyposoter didymator sur une larve de Spodoptera frugiperda. M. Frayssinet / M. Jambart © Inra
  • 21. 21 N°6 - 06.2013 Si les pesticides ont longtemps été uti- lisés comme arme principale contre ces insectes voraces, un effort est fait au- jourd’hui pour trouver des alternatives écologiques. Les effets nocifs de ces pro- duits phytosanitaires sur la santé et l’en- vironnement ont en effet été largement démontrés. Le plan Ecophyto 2018 lancé par le Minis- tère de l’Agriculture en 2008 suite au Gre- nelle de l’Environnement vise d’ailleurs à réduire l’utilisation de ces substances à court terme. Réduire les pesticides L’alternative proposée par les chercheurs, c’est l’utilisation de leurs ennemis natu- rels. « Au stade chenille ces insectes sont sensibles aux pathogènes, expliquent les chercheuses, nous essayons donc d’identifier leurs pathogènes naturels et de comprendre leur mode d’action pour les exploiter à des fins de contrôle des populations des ravageurs  ». La lutte biologique permettra-t-elle un jour de s’affranchir totalement des pesticides ? «  Probablement pas, répond Anne Na- thalie Volkoff, mais si on l’utilise dans le cadre d’une lutte intégrée on peut par- venir à une utilisation raisonnée de pes- ticides et compléter avec des agents de lutte biologique ». Ces recherches intéressent d’ailleurs les industriels, sou- cieux de proposer de nouvelles solutions aux agriculteurs. Financée par la Région Languedoc- Roussillon, l’Université Montpellier 2 et l’Inra, la nouvelle plateforme de recherche accueille 40 personnes de l’unité et sera ouverte à des personnes extérieures à l’université qui auront besoin de travail- ler en milieu confiné sur ces espèces de ravageurs de quarantaine végétale.  De haut en bas : Spodoptera frugiperda au stade larvaire, chrysalide et adulte. B.Provost©InraB.Provost©InraB.Provost©Inra   Dégâts causés par la larve de Spodoptera frugiperda.
  • 22. 22 N°6 - 06.2013 Charles Flahault, grandeur nature L A BIBLIOTHÈQUE universitaire de l’Université Montpellier 2 consacre une exposition exceptionnelle au célèbre botaniste Charles Flahault. Enseignant, voyageur, forestier, humaniste, il était tout ça à la fois. Né dans le Nord de la France en 1852, le botaniste Charles Flahault s’est illustré à Montpellier où il a créé le premier institut de botanique et s’est consacré au reboisement du Mont Aigoual. Pour entrer dans l’intimité de ce botaniste visionnaire, poussez la porte de la bibliothèque universitaire des sciences… « Nous avons un fonds de 2000 images des collections Flahault qui n’avaient ja- mais été exposées », explique Boris Bous- cayrol qui a participé à l’organisation de l’exposition. « Nous avons voulu les mettre en scène de façon ludique pour faire entrer les visiteurs dans son univers ». Dès les premiers pas, nous pénétrons dans le jardin d’enfance de Charles Fla- hault, là-même où est née sa passion pour la botanique. « Pour amener le visiteur à ressentir l’émerveillement qu’a connu Charles Flahault enfant dans le jardin de sa mère », souligne Boris Bouscayrol. Banc de bois, album de famille, montage sonore et composition végétale, vous êtes bien dans son jardin. Dans la deuxième scène de l’exposition, nous entrons dans la salle de classe où il donnait ses cours. Paillasse, tableau noir, traces de craie… et cette présence, comme si Charles Flahault venait de quit- ter la pièce quelques minutes auparavant pour emmener ses étudiants en sortie sur le terrain. Éveiller des vocations Le troisième tableau nous immerge dans le laboratoire de ce précurseur de la botanique, partager sa recherche, ses voyages, son rôle majeur dans l’organi- sation de la botanique. Charles Flahault a été le premier à introduire l’écologie en France à la fin du 19e siècle. « C’est aussi le premier à avoir utilisé les techniques photographiques à des fins scientifiques. Un siècle avant Avatar, Charles Flahault faisait de la photo 3D », souligne Boris Bouscayrol. Enfin la dernière scène de l’expo nous emmène sur les pentes du Mont Aigoual, terrain de travail du botaniste qui a notam- ment contribué à son reboisement avec Georges Fabre. « J’ai entrepris le pari fou de faire pousser des arbres où Dieu lui-même semble avoir échoué », disait Charles Flahault, qui y est parvenu. Petite-cousine de Charles et fondatrice de l’association « Présence de Charles Fla- hault », Marie-France Flahault se réjouit de la visibilité donnée au travail de son aïeul. « J’espère que les jeunes chercheurs vont s’emparer de ce fonds photographique et que cette exposition contribuera à leur redonner le goût de la botanique ». Près de 80 ans après sa mort, le botaniste visionnaire peut continuer à éveiller des vocations…  L’exposition « Flahault, grandeur nature » est visible à la BU jusqu’au 19 juillet 2013. Le fonds photographique est consultable sur ...www.collections.univ-montp2.fr/ les-collections-de-lum2/ phototheque-flahault De gauche à droite : 1. Groupe d'herboristes dans un vallon près du col de Lacan (1904) © J. Lagarde 2. Iconographie protistes. Archives Fisher 3. Charles Flahault au Jardin des plantes de Montpellier. Événement
  • 23. 23 N°6 - 06.2013 Publications Quand le génome de la patate douce raconte l’histoire des premiers voyages vers les Amériques Les Européens ne seraient pas les premiers à avoir foulé le sol américain. Plusieurs siècles avant eux, des bateaux polynésiens auraient fait le voyage jusqu’aux côtes péruviennes et ramené avec eux le tubercule présent dans toute la zone Pacifique. C’est ce que confirme une vaste étude génétique menée avec des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive et publiée le 23 janvier dans Proceedings of the National Academy of Sciences. …Historical collections reveal Q:1 patterns of diffusion of sweet potato in Oceania obscured by modern plant movements and recombination, Caroline Roullier, Laure Benoit, Doyle B. McKey, Vincent Lebot. PNAS 23 janvier 2013 Le réchauffement climatique sera-t-il responsable d'une augmentation de la fréquence et de la sévérité des feux ? Adam Ali du centre de bio-archéologie et d’écologie et ses collaborateurs ont reconstruit l'histoire des incendies de la forêt boréale nord-américaine au cours des 7 000 dernières années, sur la base de la quantification de charbons de bois contenus dans les séquences sédimentaires de neuf lacs. Leurs résultats suggèrent que le réchauffement climatique pourrait conduire à l'élargissement de la période favorable à la survenue de feux. Jusqu’alors peu de modèles prédictifs avaient réussi à comprendre le rôle des changements climatiques sur l'ampleur des feux de forêts. …Control of the multimillennial wildfire size in boreal North America by spring climatic conditions Ali AA, Blarquez O, Girardin MP, Hély C, Tinquaut F, El Guellab A, Valsecchi V, Terrier A, Bremond L, Genries A,Gauthier S, Bergeron Y PNAS 23 Octobre 2012 L’expérience AMS mesure un excès d’antimatière dans l’espace La collaboration internationale du spectromètre magnétique Alpha AMS publie ses tout pre- miers résultats dans sa quête d’antimatière et de matière noire dans l’espace. À Montpellier, le LUPM a mis en œuvre le GPS spatial d’AMS et réalisé certains des logiciels permettant de différencier matière et antimatière. Les premières observations révèlent l’existence d’un excès d’antimatière d’origine inconnue dans le flux des rayons cosmiques. Ces résultats pourraient être la manifestation de l’annihilation de particules de matière noire telle qu’elle est décrite par certaines théories de supersymétrie, même si des analyses complémentaires seront nécessaires pour vérifier une telle origine révolutionnaire. …First Result from the Alpha Magnetic Spectrometer on the International Space Station: Precision Measurement of the Positron Fraction in Primary Cosmic Rays of 0.5-350 GeV, Physical Review Letters PRL 110, 141102 (2013) Comment le thym s’adapte au changement climatique La diversité génétique au sein d’une même espèce augmente fortement les capacités d’adap- tation. Des chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier (CEFE) ont montré que, grâce à ses six types chimiques, le thym des garrigues méditerranéennes s’est adapté au changement climatique en quelques dizaines d’années seulement. Et ce, sans modifier sa distribution géographique. …Evolution of a genetic polymorphism with climate change in a Mediterranean landscape, John Thompson, Anne Charpentier, Guillaume Bouguet, Faustine Charmasson, Stephanie Roset, Bruno Buatois, Philippe Vernet, Pierre-Henri Gouyon. PNAS 19 février 2013 Publications
  • 24. Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE www.univ-montp2.fr @UMONTP2