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1
N°9 - 06.2014
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR
www.univ-montp2.fr
scribd.com/um2_montpellier
Un drone pour
sensibiliser aux
économies d’énergie
Indispensables
espèces rares
L'UM2 tisse des liens
privilégiés avec l’Asie Numéro
spatial
Le magazine universitaire au cœur de science
Numéro 9
Juin 2014
2
N°9 - 06.2014
4 Dossier
À la conquête de l'espace
8 Au cœur du campus
 À la découverte de la biodiversité du campus
 Étudiant et sportif de haut niveau : un vrai challenge
10 À l’honneur à l’UM2
 Monsef Benkirane, Prix Liliane Bettencourt pour les
Sciences du Vivant
 Kito de Pavant et Polytech Montpellier signent une
charte de partenariat
 Patrick Lemaire, Prix Coups d'élan de la Fondation
Bettancourt Schueller
 Victor V. Nikonenko, Docteur Honoris Causa de
l'Université Montpellier 2
12 Vie des labos
 Les espèces rares, gardiennes du fonctionnement des
écosystèmes
 Des super-virus pour lutter contre les bactéries
16 International
 L'Université Montpellier 2 tisse des liens privilégiés avec
l’Asie
18 Formation
 Du champ à l’assiette, quelles solutions pour nos
déchets ?
20 Innovation
 Un drone pour sensibiliser aux économies d’énergie
22 Evènement
 L'homme qui dessinait les arbres
23 Publications
UM2 N°9 - JUIN 2014
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Michel Robert
RÉDACTRICE EN CHEF
Aline Périault,
aline.periault@univ-montp2.fr
Tél. +33 (0)4 67 14 92 87
A COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Philippe Raymond
CONCEPTION & MISE EN PAGE
Olivier Piau, Agropolis Productions
IMPRESSION
Les Petites Affiches
(Montpellier, France)
UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2
Sciences et Techniques
Place Eugène Bataillon
34095 Montpellier CEDEX 5
Tél. +33 (0)4 67 14 30 30
communication@univ-montp2.fr
www.univ-montp2.fr
Tirage : 2.500 ex.
Dépôt légal : juin 2014
ISSN : 2259-874X
Toute représentation ou reproduction
intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l’auteur ou de ses
représentants est illicite (art. A du Code
de la Propriété Intellectuelle).
Sommaire
3
N°9 - 06.2014
L’UM2 prend de la hauteur
Le secteur spatial doit être perçu comme un investissement
d’avenir, qui porte des recherches durables faisant progresser
la science et émerger des technologies clés. Les probléma-
tiques scientifiques et technologiques abordées sont par ail-
leurs fortement stimulantes et ainsi facteur d'attraction vers les
filières scientifiques pour les lycéens et étudiants.
Articulé autour d'entreprises de pointe et innovantes em-
ployant une main d'œuvre hautement qualifiée, il représente
par ailleurs plus de 16 000 emplois directs en France, peu dé-
localisables en raison des enjeux stratégiques. Notre industrie
spatiale occupe ainsi une place majeure sur la scène internationale, toutefois de plus
en plus soumise à l’émergence de nouveaux concurrents tandis que le poids du spatial
dans l’économie mondiale ne cesse de croître.
Les applications et les services satellitaires dans le domaine des télécommunica-
tions, de l’observation de la Terre ou encore de la géolocalisation sont par exemple en
plein essor. Ces nouveaux usages, qui se dessinent au fur et à mesure des avancées,
donnent naissance en parallèle à des écosystèmes de croissance, avec des retombées
en termes de création d’emplois.
Enfin, ces activités de recherche s’inscrivent dans une logique forte de partenariats,
principalement à l’échelle européenne, aussi bien avec de grands groupes industriels
que de petites entreprises à la pointe de l’innovation.
Ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science, permet ainsi de pré-
senter certains des projets développés au sein de notre université. Il s’agit par exemple
des nanosatellites, de satellites astronomiques, d’antennes déployables ou encore de
drones à haute valeur ajoutée.
Ils témoignent de la diversité de nos activités et de leur forte interaction avec la for-
mation. L’implication dès que possible des étudiants constitue en effet une spécificité
et une priorité. L’enjeu est notre capacité à former des personnels qualifiés, aptes à
s’insérer rapidement dans des filières industrielles d’excellence, à s’adapter aux évolu-
tions technologiques tout en étant force de proposition dans l’émergence de nouveaux
concepts.
Enfin, il convient de mentionner le fort soutien d’acteurs institutionnels locaux dans
ces opérations, à l’instar de l’engagement de la Région Languedoc-Roussillon pour le
développement du Centre Spatial Universitaire, premier dans son genre en France, en
lien avec plusieurs entreprises.
Michel Robert,
Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques
Édito
1, 2, 3... taguez !
Le QR code, vous connaissez ?
Ce drôle de carré permet, à partir
de votre téléphone, d'accéder
directement à du contenu
électronique (page Internet, vidéo,
contenu multimédia...) sans
avoir besoin de saisir l'adresse
correspondante.
Muni de votre téléphone équipé
d’un appareil photo et d’une
application (gratuite) de lecture
(QR Reader en anglais), Lynkee
(iPhone), Goggles (Android),
QR Code Scanner Pro
(Blackberry), Bing (Windows
Phone), trois étapes suffisent :
1. lancer l'application,
2. photographier le QR Code,
3. lire le contenu. 
4
N°9 - 06.2014
« Sky is the limit »… la métaphore utili-
sée dans la langue de Shakespeare pour
dire qu’il n’y a pas de limite, que tout
est possible, me semble décrire parfaite-
ment les forces qui sont à l’œuvre dans
nos laboratoires et nos composantes
dans le domaine de l’espace.
Pourtant, oser s’afficher sur un tel
sujet pourrait paraître présomptueux
tant il existe des acteurs dont le renom
dépasse le nôtre : qui ne connaît le
Jet Propulsion Laboratory de la Nasa,
l’Université Bauman de Moscou, ou plus
près de nous l’ESA ou le CNES ? Qui ne
connaît les grands groupes industriels
du secteur spatial, tels qu’Astrium, le
constructeur des fusées Ariane ? Certes
notre ambition n’est pas que le site de
Montpellier égale la notoriété de Kourou,
Cap Canaveral ou Baïkonour, mais force
est de reconnaître que tous ces grands
acteurs du spatial ont trouvé à l’UM2
des partenaires qui ont su prendre des
risques scientifiques ou technologiques,
innover dans leurs démarches pédago-
giques, tisser des liens dans la durée
pour des échanges d’étudiants ou des
programmes partenariaux.
Cette question des partenariats est
cruciale quand il s’agit de s’impliquer
dans des activités aussi ambitieuses :
comment participer à une mission as-
tronomique aussi importante que Gaïa
sans être un partenaire régulier de la
« galaxie » de scientifiques qu’anime
l’ESA ? Comment attirer des étudiants
brillants de l’étranger sans des relations
suivies avec les meilleures universités
mondiales ? Comment profiter de grands
équipements comme Geosud sans une
proximité de chaque instant avec des
organismes de recherche phares comme
l’Irstea ? Comment convaincre les ges-
tionnaires du lanceur Véga d’embarquer
des nanosatellites produits par nos étu-
diants sans un lien étroit avec toute la
filière industrielle et institutionnelle du
spatial ?
Grâce au soutien de la Région Langue-
doc-Roussillon toutes ces réussites
prendront bientôt une forme extrê-
mement concrète, sous la forme d’un
nouveau bâtiment qui accueillera sur le
campus Saint-Priest des étudiants, des
chercheurs, la SATT AxLR, l’incubateur
LRI et… des industriels.
En se projetant sans limite dans des
recherches ambitieuses, en travaillant
avec des partenaires de très haut niveau
dans le monde entier, en osant parier
sur la complémentarité entre formation,
recherche et innovation dans un domaine
où on ne l’attendait peut-être pas, l’UM2
sait en même temps avoir la tête dans
les étoiles, mais aussi les pieds sur terre
en aidant ainsi à créer des emplois dans
le secteur spatial à Montpellier. 
François Pierrot,
Vice-président
délégué à l’innovation
et aux relations avec
les entreprises
Sky
À la
conquête
de l'
espace
is the limit
Dossier
5
N°9 - 06.2014
D
ES NANOSATELLITES en plein
essor, des étudiants promis
à de brillantes carrières :
c’est ici ! Visite guidée du premier
Centre spatial universitaire de France,
à la croisée de la recherche et de
l’innovation.
13 février 2012 : Robusta s’envole de
Kourou à bord de la fusée Véga. Un lan-
cement suivi de très près par 250 étudiants
de l’Université Montpellier 2. Ce premier
nanosatellite étudiant français, c’est leur
création. Il inaugure une série entièrement
made in UM2.
À la conquête de l’espace
De minuscules satellites pour un gigan-
tesque défi. Car ces concentrés de tech-
nologie de 10 à 30 cm de côté sont promis
à un bel avenir sur le marché très porteur
de la conquête spatiale. Principale qua-
lité ? Leur prix : quelques centaines de
milliers d’euros. Une paille, à peu près
cent fois moins qu’un gros satellite géos-
tationnaire…
Un moindre coût qui « permet de tester
sans risques la résistance des nouvelles
technologies que l’on souhaite envoyer
dans l’espace » explique Laurent Dusseau,
directeur du Centre Spatial Universitaire.
« Les nanosatellites permettent ainsi de
franchir l’ultime barrière avant la commer-
cialisation. En échange, ils bénéficient de
technologies pionnières »
Mais créer un satellite, fut-il nano, cela re-
quiert toute une palette de compétences :
mécanique, électronique, informatique,
ingénierie spatiale... Un défi que le Centre
Spatial Universitaire de Montpellier peut
relever grâce à la participation de plusieurs
composantes de l’UM2 : les IUT de Nîmes
et de Montpellier, la Faculté des Sciences
et Polytech Montpellier.
Satellites 100% étudiants
Le centre offre ainsi des stages permet-
tant d’être opérationnel à la fin du cursus :
une qualité très prisée des employeurs.
À l’arrivée, c’est la garantie d’un emploi
dans un domaine de haute technologie  :
spatial mais aussi aéronautique, automo-
bile, énergie, télécoms…
« Les étudiants mènent les projets de A
à Z. Du DUT au post-doctorat, chaque
niveau d’étude est encadré par le niveau
supérieur » détaille Frédéric Saigné, di-
recteur de la Fondation Van Allen. Une
fondation qui réunit industriels et grandes
agences spatiales, le CNES (Centre Na-
tional d'Études Spatial) et l'ESA (Agence
Spatiale Européenne), et qui, avec le
Conseil Régional du Languedoc-Roussil-
lon, soutient le centre spatial grâce à la
recherche de financements et l’appel aux
dons. Un soutien précieux, qui « permet
à nos étudiants d’accéder à la recherche
spatiale sans passer par la case "grandes
écoles" ».
En septembre 2015, un bâtiment de
2 000 m² va être livré sur le campus Saint-
Priest pour accueillir le Centre Spatial
Universitaire. Qui affiche désormais son
ambition avec le soutien des chercheurs
et des industriels : devenir une référence
internationale dans le secteur des nano-
satellites. Et créer en Languedoc-Roussillon
une galaxie de start-ups… 
...www.fondation-va.fr
...Facebook :
CSU Montpellier-Nimes
La
tête dans
les étoiles © ESA
 Lancement de la fusée Véga
embarquant le nanosatellite
Robusta le 13 février 2012.
6
N°9 - 06.2014
6
N°9 - 06.2014
© ESA
Gaïa,
l’arpenteur
de la galaxie
C’
est LA mission d’astronomie
la plus importante du
21e
siècle, et l’Université
Montpellier 2 y participe. Le satellite
Gaïa, qui en ce moment même débute
l'observation et le recensement d'un
milliard d’étoiles pour mieux connaître
notre galaxie, a été conçu avec les
chercheurs du LUPM.
Jeudi 19 décembre 2013. 10h12 à Mont-
pellier, 6h12 à Kourou. Les chercheurs
du Laboratoire Univers et Particules de
Montpellier exultent : la fusée Soyouz
vient de décoller dans un vacarme
assourdissant. Sa mission : mettre en
orbite à 1,5 million de kilomètres de la
Terre le satellite Gaïa. Ce fleuron de la
technologie spatiale va finement obser-
ver la Voie lactée et recenser en l'espace
de 5 ans plus d’un milliard d’étoiles pour
établir une carte en 3D de notre galaxie.
Un pas de géant dans la connaissance
de la Voie lactée réalisé grâce aux cher-
cheurs et ingénieurs du LUPM dont Gé-
rard Jasniewicz et Claude Zurbach, qui
participent très activement à ce projet
depuis de nombreuses années.
Ces derniers interviennent sur une pièce
maîtresse : la mesure du « point zéro »
du spectromètre. « C’est l’étalonnage
du spectromètre, explique Gérard Jas-
niewicz, qui est indispensable pour
obtenir des mesures fiables et exploi-
tables ». Une sacrée responsabilité pour
les montpelliérains car la détermination
du mouvement des étoiles les unes par
rapport aux autres dépendra de cet éta-
lonnage grâce auquel les mesures seront
justes et homogènes. Premiers résultats
de la mission Gaïa dans 2 à 4 ans. 
Dossier
7
N°9 - 06.2014
U
N LIBRE ACCÈS aux images
satellites : c’est ce que propose
Geosud aux scientifiques et aux
acteurs publics. Retour sur un projet
qui connaît un succès grandissant
depuis son lancement en 2008.
Les images satellites constituent des don-
nées précieuses pour la recherche, mais
aussi pour les collectivités : agriculture,
aménagement du territoire, gestion de la
biodiversité ou encore des ressources en
eau, les applications sont innombrables.
Pourtant, « l’imagerie satellite peine
à se développer, principalement pour
des questions de prix et de complexité,
explique Pierre Maurel, coordinateur du
projet Geosud. Baisser les coûts et offrir
des services adaptés : c’est tout l’enjeu
du projet ».
Images actualisées
du territoire national
Grâce à des financements publics, dont
une dotation de 11,5 M € dans le cadre des
Investissements d’Avenir, Geosud déve-
loppe une logique de mutualisation. Une
licence multiutilisateur permet aux adhé-
rents, scientifiques ou acteurs publics,
d’accéder via Internet à une base de don-
nées actualisée. « Geosud anticipe sur les
besoins en produisant chaque année une
couverture intégrale du territoire national, y
compris DROM-COM*. Ces images haute
résolution sont livrées "prêtes à l’emploi",
après corrections géométrique et radio-
métrique ».
Avec 300 adhérents, le succès est déjà
au rendez-vous. Prochaine étape : « aller
plus loin dans l’exploitation des images
en proposant des services à forte valeur
ajoutée : analyse, accompagnement, for-
mation. Des services accessibles au sec-
teur privé, avec des modèles économiques
à définir. » 
* Départements et Régions d'Outre-Mer -
Collectivités d'Outre-Mer
C
OMME de
nombreux
doctorants,
c’est à l’étranger
qu’Irina Gavrilovich vit
ses années de thèse.
Chercheur en ingénierie
spatiale, elle a choisi
Montpellier.
« L’expérience internationale permet de
se former à des approches différentes »,
explique cette jeune doctorante pour qui
« la nécessité d’évoluer, de ne jamais
rester au même stade » est une évidence.
Il y a un an, Irina suivait un master au sein
de la prestigieuse Université de Moscou-
Bauman. Après un passage à l’École
polytechnique de Lausanne (Suisse), elle
intègre le Laboratoire d'Informatique, de
Robotique et de Microélectronique de
Montpellier (LIRMM).
Reproduire l’espace
dans les labos du LIRMM
Pourquoi Montpellier ? « Rien à voir
avec le soleil ! jure Irina. L’Université de
Bauman collabore beaucoup avec cette
ville en plein essor dans le domaine des
nanosatellites. Et le LIRMM me permet
de travailler sur des projets concrets et
utiles ».
Financé par la Fondation Van Allen, son
travail consiste à mettre au point un banc
de test pour les « cubesats », ces nanosa-
tellites de 10 cm de côté. Objectif : vérifier
leur système d’orientation. « Il faut être
sûr qu’on pourra repositionner le satellite
à distance, pour acquérir des données
ou encore optimiser le rendement des
batteries solaires ».
Avec les chercheurs de l’équipe DEXTER
du LIRMM, Irina imagine et réalise un
système robotisé pour placer les nano-
satellites dans les conditions mêmes
de l’espace. Et tester demain les petits
cousins de Robusta. 
De Moscou à Montpellier
Geosud,
des images satellites au service de tous
...www.equipex-geosud.fr
© Philippe Raymond
Au cœur du campus
P
LANTES, champignons,
invertébrés, reptiles,
amphibiens, oiseaux et
mammifères, partez à la découverte
de la biodiversité du campus avec
le Groupe naturaliste de l’Université
Montpellier 2. Ouvrez les yeux,
déployez vos oreilles et suivez le
guide.
L’épervier d’Europe y plane au dessus du
hérisson commun, qui lui se cache entre
la mauve sylvestre et les bolets des pins,
épiant la tarente de Mauritanie en quête
de quelques fourmis d’Argentine à se
mettre sous la dent... Bienvenue sur le
campus de l’Université Montpellier 2 ! Si
les amphithéâtres, laboratoires et bureaux
y hébergent une faune d’étudiants, ensei-
gnants-chercheurs, personnels adminis-
tratifs et autres Homo sapiens, le campus
recèle également une biodiversité insoup-
çonnée.
« On y rencontre des centaines d’espèces
différentes », explique Mathieu Garcia,
président du GNUM, le Groupe natura-
liste de l’Université Montpellier 2. Depuis
10 ans, cette association œuvre pour
valoriser la connaissance de la faune et
de la flore et mieux protéger l’environne-
ment. « On s’intéresse à cette biodiversi-
té ordinaire, celle que l’on croise tous les
jours et à laquelle on porte souvent trop
peu d’attention… Pourtant c’est avec elle
que l’on vit au quotidien », souligne le na-
turaliste. Son souhait : que chacun ouvre
les yeux sur ce qu’on ne regarde pas et
prenne conscience de la vie qui l’entoure.
« Parce qu’il est plus facile de protéger
quelque chose que l’on connaît et auquel
on s’intéresse ».
Mieux connaître la biodiversité
pour mieux la protéger
Armés de jumelles, de loupes, de pièges
à insectes et d’ouvrages spécialisés, des
dizaines de volontaires arpentent l’univer-
sité le jour ou à la tombée de la nuit pour
recenser ses habitants. « Il n’est pas tou-
jours évident de déterminer précisément
quelle est cette plante ou comment s’ap-
pelle cet insecte », reconnaît Mathieu Gar-
cia. Alors des naturalistes éclairés et des
enseignants-chercheurs viennent parfois
leur prêter main forte pour mettre un nom
sur chacun.
Un vrai travail collaboratif qui a permis
d’inventorier pour l’instant près de 450
espèces. « Et ce n’est qu’un début, nous
sommes toujours à la recherche de volon-
taires pour nous aider dans la découverte
de cette biodiversité ordinaire », s’en-
thousiasme le président du GNUM. Des
connaissances que les naturalistes ont à
cœur de partager dans un petit livre : grâce
à ce Petit guide naturaliste, les balades sur
le campus se transforment en déambula-
tions curieuses à la rencontre de la faune
et la flore. Ouvrez l’œil, et si vous ne voyez
pas le faucon perché sur les bâtiments,
soyez sûrs que lui vous a vu… 
À la découverte
de la biodiversité du campus
8
N°9 - 06.2014
© Mathieu Garcia
©MathieuGarcia
 Le triton palmé
Lissotriton helveticus
 La punaise verte
Nezara viridula
9
N°9 - 06.2014
L’
UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2
offre aux sportifs de haut
niveau un cadre privilégié
pour mener de front une carrière
de champion et une vie d’étudiant
accomplie.
Ils s’entraînent jusqu’à vingt heures par
semaine, participent à des compétitions
sportives d’envergure, suivent cours et
travaux pratiques, passent les partiels,
partent en stage… Deux vies en une pour
ces étudiants sportifs de haut niveau !
Pour qu’ils n’aient pas à choisir entre
les diplômes et les podiums, l’Université
Montpellier 2 propose à ses graines de
champion un programme adapté à leurs
deux agendas. « Notre mission, c’est de
faire en sorte qu’ils réussissent », souligne
Jacqueline Papet, chargée de mission
accueil des sportifs de haut niveau à l’IUT
Montpellier-Sète. L’UM2 accueille 62 étu-
diants bénéficiant du statut de sportif
de haut niveau. « Dispenses d’assiduité,
cours à distance, cours de rattrapage,
accompagnement personnalisé », l’uni-
versité leur propose un cadre adapté
pour réussir leur carrière sportive sans
délaisser leurs études.
20 heures d’entraînement
par semaine
Géraldine Huffner passe 20 heures par
semaine dans l’eau. Cette nageuse
de 22 ans a terminé 2e
au 200 mètres
brasse lors des Championnats de France
de natation en 2012. Étudiante en DUT
génie biologique, la jeune fille se prépare
à une carrière de diététicienne. « L’année
dernière, j’ai fait une année normale sans
aménagement, c’était vraiment trop fati-
guant », témoigne-
t-elle. Pour sa
deuxième année
de DUT, elle a opté
pour un aménage-
ment et fera son
année en 2 ans.
« Grâce à ce dispo-
sitif non seulement
j’ai de meilleurs résul-
tats en natation, mais
j’ai aussi de meilleurs
résultats dans mes
études », se réjouit
la jeune championne.
« Cette organisation né-
cessite une communi-
cation permanente entre
les coachs sportifs et les
équipes pédagogiques »,
souligne Jacqueline Papet.
Trouver un équilibre
entre le sport et les
études
À 18 ans, Tristan Labouteley est un
des poulains du club de rugby de
Montpellier, le MHR. Une vie sportive
extrêmement exigeante. « Je m’entraîne 4
heures par jour et je participe aux matchs
le week-end », explique le jeune athlète.
Étudiant en première année à Polytech,
le jeune homme se destine à une car-
rière d’ingénieur « parce que le rugby ne
durera pas toute la vie et qu’il faut avoir
un bon diplôme après ». Pour rester au
top niveau, le jeune rugbyman s’entraîne
avec le pôle France à Marcoussis, toutes
les semaines du lundi au jeudi. « Tristan
ne peut pas suivre les enseignements
normalement, il bénéficie d’un aména-
gement maximum et ne passera que 4
modules cette année au lieu de 12, il fera
donc sa première année en 2 ans », ex-
plique Christian Salles, responsable des
étudiants de première année à Polytech
et tuteur de Tristan. Le jeune homme a
même pu passer ses examens en même
temps que ses camarades mais en plan-
chant depuis Paris. « Il faut trouver un
équilibre entre le sport et les études,
souligne Christian Salles, car ils sont
sportifs de haut niveau et doivent aussi
être étudiants de haut niveau pour leur
réussite universitaire». 
Étudiant et
sportifdehaut niveau :niveau :
un vrai challenge
©DanielleMour
 Tristan Labouteley au
championnat d'Europe U18 2013
10
N°9 - 06.2014
À l’honneur à l’UM2
Monsef Benkirane,
PrixLilianeBettencourt
pourlesSciencesduVivant
Le prix Liliane Bettencourt pour les
Sciences du Vivant 2013 est décerné à un
chercheur européen de moins de 45 ans,
connu dans la communauté scientifique à
travers ses publications internationales et
porteur d'un projet de recherche particu-
lièrement prometteur.
Directeur de recherche au CNRS à l'Institut
de Génétique Humaine de Montpellier, Mon-
sef Benkirane est responsable du dépar-
tement Bases Moléculaires de Pathologies
Humaines et chef de l'équipe Virologie Molé-
culaire.
Après avoir obtenu un doctorat en virologie
moléculaire à l'Université Aix-Marseille en
1994, Monsef Benkirane a travaillé pendant
quatre ans au National Institute of Health à
Washington (USA). De retour en France en
1998, il crée à Montpellier un groupe de re-
cherche sur la virologie moléculaire et le VIH.
Au cours de ses recherches, l'équipe de
Monsef Benkirane a réalisé une percée im-
portante concernant la lutte contre le VIH
en décrivant les mécanismes moléculaires à
l’origine de la persistance virale ainsi qu’en
identifiant le gène codant la protéine cellu-
laire SAMHD1. Cette protéine bloque la répli-
cation du VIH dans les cellules dendritiques
(chargées de déclencher les défenses immu-
nitaires), empêchant ainsi sa détection.
Le projet actuel de Monsef Benkirane vise à
comprendre les mécanismes de la persis-
tance virale du VIH afin de parvenir à une éra-
dication complète du virus dans l'organisme
du malade. 
Kito de Pavant
et Polytech Montpellier
signent une charte de
partenariat
Le 11 mars 2014, le navigateur Kito de Pa-
vant et Serge Pravossoudovitch, directeur
de l’école d’ingénieurs Polytech Montpel-
lier, ont officiellement signé une charte
de partenariat. Objectif : permettre aux
élèves ingénieurs de travailler sur des
projets liés à la conception du nouveau
bateau de Kito de Pavant, le Made in Midi.
Les étudiants pourront par exemple réaliser
des projets techniques ou des études scien-
tifiques en lien avec les domaines techniques
du futur bateau : système d'aide à la décision
dans une course en mer, dimensionnement
des structures mécaniques, électronique
embarquée, matériaux composites... 
 Kito de Pavant et Serge Pravossoudovitch
© Agnès Seye
11
N°9 - 06.2014
Patrick Lemaire,
Prix Coups d'élan de la
Fondation Bettancourt
Schueller
Patrick Lemaire, chercheur au Centre de
Recherche de Biochimie Macromolécu-
laire, a reçu le prix Coups d’élan pour la
recherche française de la Fondation Bet-
tencourt Schueller. Cette récompense
d’un montant de 250000 euros est des-
tinée à permettre à des équipes remar-
quées pour leur excellence et le carac-
tère prometteur de leurs recherches
d'optimiser leurs infrastructures.
L'équipe de Patrick Lemaire étudie un groupe
d'invertébrés marins dont le développe-
ment embryonnaire est morphologiquement
extrêmement similaire, bien qu'ils aient des
génomes très différents. Objectif : combiner
des approches d'imagerie avancée, de trai-
tement de l'image et de simulation informa-
tique à des expériences biologiques afin de
comprendre comment ce découplage entre
les vitesses de divergence des programmes
génétique et morphologique est possible.
L'enjeu de ces recherches est majeur puisque
les relations entre génotype et phénotype
restent actuellement mystérieuses. En santé
humaine cela constitue un frein à la compré-
hension de l'impact de nombreuses muta-
tions que chacun de nous porte dans son gé-
nome et qui peuvent prédisposer certaines
personnes à des maladies spécifiques.
La dotation de la Fondation Bettencourt
Schueller sera principalement utilisée pour
acquérir un microscope à feuille de lumière
et installer une pièce d'élevage pour les as-
cidies, animaux marins objets du projet de
recherche. 
Victor V. Nikonenko,
Docteur Honoris Causa de
l'Université Montpellier 2
Directeur du Laboratoire des Phéno-
mènes Électromembranaires du Dépar-
tement de Chimie Physique de l'Uni-
versité de l'État de Kuban à Krasnodar
(Russie), le Professeur Victor V. Niko-
nenko est une personnalité scientifique
de tout premier plan au niveau interna-
tional, dans le domaine des membranes
échangeuses d'ions et procédés asso-
ciés. Mathématicien de formation, il a su
intégrer les apports de la mécanique des
fluides et des phénomènes interfaciaux
à la compréhension des mécanismes de
transfert membranaire.
Sa contribution scientifique a permis d'opti-
miser les procédés électromembranaires,
en particulier en ce qui concerne le traite-
ment de l'eau. Son investissement dans les
collaborations internationales impliquant
la France l'ont conduit à être le partenaire
russe de très nombreuses conventions avec
l'Europe, visant notamment la création d'un
réseau scientifique sur les membranes, ou
avec le Kazakhstan, en particulier pour les
problèmes liés à l'assèchement de la Mer
d'Aral. À ce jour, il est le co-directeur du La-
boratoire International Associé franco-russe
sur les membranes sous la responsabilité de
l'Institut Européen des Membranes à Mont-
pellier (IEMM). 
12
N°9 - 06.2014
U
NE VASTE étude pilotée
par le laboratoire Ecosym
s’est penchée sur le rôle des
espèces rares. Verdict : certaines
assurent des fonctions irremplaçables
qui pourraient les rendre
indispensables au bon fonctionnement
des écosystèmes.
Une murène géante qui se cache dans
les récifs coralliens, un arbre massif à
l’écorce épaisse et résistante au feu qui
vit dans les forêts tropicales de Guyane,
une plante alpine qui se niche dans les
parois rocheuses. Quel peut bien être le
point commun entre ces trois espèces
si éloignées les unes des autres ? Ces
espèces rares assurent toutes un rôle
écologique unique. La murène géante
javanaise ? Gymnothorax javanicus se
nourrit principalement la nuit de poissons
et d'invertébrés (crabes, pieuvres etc…)
affaiblis ou en mauvaise santé cachés
dans les labyrinthes coralliens. Sans
l’intervention de ce charognard des mers,
doté d’un corps fusiforme et d’un odorat
développé, la matière organique de ses
proies pourrait se décomposer au milieu
des coraux, ralentissant le recyclage
des nutriments. Pouteria maxima, grâce
à son écorce, est l’un des seuls arbres
capable de résister à la fois au feu et à
la sécheresse en forêt guyanaise. En cas
de changement climatique ou de pertur-
bations humaines, il permet une meilleure
résilience de la forêt tropicale. La plante
alpine Saxifraga cotyledon, ou saxi-
frage pyramidal, constitue quant à elle
une ressource unique pour les insectes
pollinisateurs des parois rocheuses. Trois
espèces indispensables à l’équilibre de
ces écosystèmes, et pourtant rares, donc
menacées.
Les espèces rares,
gardiennes du fonctionnement
des écosystèmes
 La murène géante Gymnothorax javanicus
© M.J. Kramer
13
N°9 - 06.2014
À quoi servent les espèces rares ?
« La plupart des politiques de conser-
vation sont orientées vers les espèces
rares, souligne David Mouillot, professeur
au sein du laboratoire Ecosym, pour-
tant leur utilité au sein des écosystèmes
reste paradoxalement très peu étudiée ».
Longtemps l’importance fonctionnelle de
ces espèces rares a été perçue comme
secondaire : elles étaient considérées
comme ayant une influence mineure sur
le fonctionnement des écosystèmes et
comme n’offrant qu’une « assurance éco-
logique » en cas de disparition d’espèces
plus communes qui suffiraient à assurer
l’essentiel des fonctions écologiques
nécessaires.
« Dans cette hypothèse les espèces
rares n’étaient que les remplaçants qui
attendent sur le banc de touche au cas
où un joueur majeur soit blessé et sorte
du terrain », image David Mouillot, fan de
l’OM comme toute son équipe. Pour tes-
ter cette hypothèse, une équipe de cher-
cheurs internationale ayant collecté des
données sur des milliers d’espèces ani-
males et végétales a combiné ses efforts.
La base du travail fut de s’intéresser aux
traits fonctionnels des espèces qui défi-
nissent leurs fonctions ou leurs rôles au
sein des écosystèmes : est-ce un animal
carnivore ou herbivore, diurne ou noc-
turne, fouisseur ou volant ? Est-ce une
plante résistante ou non à la sécheresse,
cherchant ou pas la lumière directe, pré-
férant les sols acides ou basiques ?
Souvent remplaçantes
mais parfois uniques
Les scientifiques ont pour la première fois
démontré que certaines espèces rares ne
seraient pas de simples remplaçantes,
mais assureraient des fonctions uniques
dans l’écosystème et seraient donc
irremplaçables. Ce résultat a une portée
générale car il est issu d’informations
biologiques et biogéographiques sur plus
de 800 espèces de poissons des récifs
coralliens, 3 000 espèces de plantes
alpines et plus de 600 espèces d’arbres
tropicaux originaires de Guyane. Des
chercheurs de l’UM2, du CNRS, de l’Inra,
de l’EPHE et de l’IRD ont ainsi pu détermi-
ner quelles espèces présentent les traits
les plus originaux qui leur confèrent une
fonctionnalité non remplie par une autre
espèce. Résultat ? « Nous nous sommes
aperçus que toutes les fonctions irrem-
plaçables sont assurées par des espèces
rares, explique David Mouillot, même
si de nombreuses espèces rares rem-
plissent des fonctions communes ».
Les chercheurs ont ainsi réfuté l’idée
communément admise selon laquelle ces
fameuses espèces rares ne serviraient à
rien dans le fonctionnement des écosys-
tèmes. « Portées par des espèces vulné-
rables, des fonctions uniques pourraient
disparaître alors qu’elles peuvent
s’avérer importantes pour les éco-
systèmes en cas de changement
environnementaux majeurs et dé-
terminer leur résistance aux perturbations
futures », souligne l’auteur de l’étude. Des
exemples qui valent aussi chez les mam-
mifères : le koala est le seul animal qui
puisse manger les feuilles toxiques des
eucalyptus. Qu’adviendrait-il de l’équi-
libre de l’écosystème si ce marsupial
menacé d’extinction venait à disparaître ?
« Peut-être que de mutation en mutation,
une autre espèce finirait par acquérir
la capacité à digérer l’eucalyptus, mais
ce processus prendrait sûrement des
milliers d’années alors que cette espèce
menacée décline chaque année un peu
plus », souligne le chercheur.
Mieux identifier
les zones à protéger
Des résultats qui poussent les scienti-
fiques à tirer le signal d’alarme : « plus
une espèce est rare, plus elle est mena-
cée par l’érosion de la biodiversité. Or
avec elle pourrait disparaître une fonction
unique qu’aucune autre espèce ne pour-
rait assurer, c’est tout un équilibre qui
serait bouleversé », alerte David Mouillot.
Les chercheurs étendent déjà leur étude
aux poissons d’eau douce et à d’autres
familles de plantes, résultat attendus fin
2014. Si ces travaux éclairent la biodi-
versité d’un jour nouveau, ils renforcent
aussi la nécessité de mieux protéger les
espèces rares et leur habitat. Prochaine
étape : établir une carte mondiale de la
rareté fonctionnelle pour mieux identifier
les zones à protéger. 
 Pouteria maxima
© C.E.T. Paine
 Pouteria maxima
© C.E.T. Paine
ressources
Vie des labos
L
ES CHERCHEURS de l’Institut
des sciences de l’évolution de
Montpellier (Isem) développent
une méthode pour lutter contre
les bactéries grâce à des virus
bactériophages. Une alternative aux
antibiotiques pleine de promesses.
Depuis la découverte des propriétés
antibactériennes de la pénicilline par
Alexander Fleming en 1928, les antibio-
tiques sont l’arme la plus utilisée contre
les bactéries. Une arme de destruction
massive qui atteint pourtant ses limites :
au fil des mutations génétiques, les
bactéries deviennent insensibles à ces
médicaments et les cas de résistance
aux antibiotiques augmentent, notam-
ment dans le milieu hospitalier. Comment
continuer à se battre contre ces agents
infectieux ? En développant de nouvelles
armes. C’est ce à quoi œuvrent Michael
Hochberg et Oliver Kaltz, chercheurs
à l’ISEM. Leur nouvel arsenal : les virus
bactériophages, ennemis naturels des
bactéries. Ils se fixent sur l’enveloppe
externe de la bactérie, vont percer sa
paroi cellulaire et injecter leur matériel
génétique. Ils vont ensuite se reproduire
à l’intérieur de leur hôte provoquant sa
mort.
Une idée qui n’est en fait pas nouvelle : la
phagothérapie a vu le jour en 1919 dans
les tubes à essai d’un biologiste franco-
canadien, Felix d’Herelle. Mais la plupart
des pays ont abandonné les phages
au profit des antibiotiques. Aujourd’hui
cette technique revient sur le devant de
la scène. « Les virus bactériophages ont
de nombreux avantages, explique Oliver
Kaltz, ils sont très spécifiques et souvent
ne s’attaquent qu’à une seule espèce de
bactérie ».
Des super-virus
pour luttercontre les bactéries
14
N°9 - 06.2014
La phagothérapie est très employée dans
les pays de l’Est comme la Russie et surtout
la Géorgie. Elle a été tolérée et largement
employée en Europe et aux Etats-Unis dans
les années 1940, mais est interdite depuis
l’utilisation massive des antibiotiques. Pas
de statut de médicament, pas d’autorisation
de mise sur le marché, pas de possibilité de
breveter cette technique qui utilise le vivant,
les obstacles législatifs sont nombreux.
Pourtant face à l’augmentation de la
résistance aux antibiotiques et à l’absence
d’autres traitements efficaces, les pouvoirs
publics commencent à s’intéresser de près à
la phagothérapie : dans un rapport officiel, le
Centre d’analyse stratégique, une institution
française d'expertise et d'aide à la décision
dépendant des services du premier ministre,
propose d’étudier l’intérêt thérapeutique de
la phagothérapie. Une nouvelle voie vers une
nouvelle médecine venue du passé.
UN PARCOURS DU COMBATTANT
©
AlexBetts
15
N°9 - 06.2014
Mais comment être certains que les virus
les déciment à coup sûr ? En appliquant
les grands principes de l’évolution darwi-
nienne, les scientifiques ont cherché
à donner aux phages un avantage de
départ par rapport aux bactéries. Leur
plan : faire évoluer les phages artificiel-
lement et leur permettre de perfection-
ner leurs armes contre les bactéries.
Leur cible  : Pseudomonas aeruginosa,
une bactérie responsable de 10% des
infections nosocomiales. Résistante à
de nombreux antibiotiques, elle peut être
mortelle, notamment pour les patients
atteints de mucoviscidose.
Booster les prédateurs
naturels des bactéries
« Nous avons mis une souche de cette
bactérie au contact de différents phages
et ces derniers se multiplient rapide-
ment », explique Oliver Kaltz. Mais pas
n’importe lesquels : seuls les phages les
mieux adaptés à leur hôte prospèrent.
Problème : la bactérie évolue elle aussi
au contact des phages et améliore ses
défenses. Pour gagner cette course à
l’armement les chercheurs ont renouvelé
cette même opération 6 fois de suite en
utilisant à chaque fois la dernière géné-
ration de phages mise en contact avec
la souche bactérienne de départ. Grâce
à cette méthode de « passage sériel »,
les chercheurs ont obtenu des « super-vi-
rus », capable de décimer Pseudomonas
aeruginosa. « Pour parvenir à ce résultat
il est indispensable de comprendre le
processus de coévolution entre phage et
bactérie », souligne Oliver Kaltz.
Comprendre ce mécanisme permet aux
chercheurs de faire évoluer les phages en
les projetant « dans le futur », leur procu-
rant ainsi un avantage évolutif face à leur
hôte, ce qui diminue le niveau de résistance
des bactéries. C’est un des avantages de
la phagothérapie face aux antibiotiques :
« le potentiel évolutif naturel des phages
permet l'adaptation quasi-perpétuelle aux
résistances des bactéries. Au contraire les
antibiotiques représentent un dead-end
évolutif : une fois que les bactéries sont
devenues résistantes, il faut changer l'anti-
biotique ». Si la phagothérapie a fait ses
preuves contre Pseudomonas aeruginosa,
elle peut cibler bien d’autres maladies,
chaque bactérie ayant des prédateurs
naturels parmi les phages.
Quand verra-t-on des « virus-médica-
ments » destinés aux malades ? « Pas tout
de suite, reconnaît Oliver Kaltz. La com-
mercialisation d’un médicament prend
beaucoup de temps et de nombreuses
études sont encore nécessaires.  » En
revanche les chercheurs sont déjà dans
les starting blocks pour tester l'utilisation
des phages comme désinfectant. « Les
phages pourraient être utilisés notam-
ment pour décontaminer les réseaux de
distribution d’eau qui sont un vecteur de
Pseudomonas aeruginosa en milieu hos-
pitalier », explique Oliver Kaltz. Les cher-
cheurs sont déjà en contact avec le Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment de
Nantes pour explorer cette possibilité. 
©AlexBetts
16
N°9 - 06.2014
International
R
ECHERCHE, FORMATION,
échanges, coopération,
laboratoires internationaux :
l’Université Montpellier 2 ne cesse
de renforcer ses liens avec l’Asie
du Sud-Est. L’Institut Confucius
inauguré à la rentrée 2013 rapproche
notamment l’UM2 et ses partenaires
du site montpelliérain de l’Empire du
milieu.
« Les liens entre la France et l’Asie du
Sud-Est sont d’abord historiques : des
Indes françaises à l’Indochine, ce sont
plusieurs siècles d’histoire qui nous lient
à cette partie du monde ». Pour François
Henn, Vice-président délégué aux rela-
tions internationales, cette histoire com-
mune est le terreau originel des échanges
fertiles établis aujourd’hui avec cette
partie de l’Asie. « Aujourd’hui ces pays
se développent économiquement très
vite, les populations sont jeunes et les
gouvernements investissent donc dans
l’enseignement supérieur, un climat qui
pousse à l’accentuation des coopérations
universitaires ».
Un Institut Confucius pour
favoriser les échanges avec la Chine
Des coopérations que l’UM2 s’attache
à développer et à renforcer. Ainsi pour
solidifier ses liens avec la Chine, Mont-
pellier accueille depuis la rentrée 2013
un Institut Confucius, mis en place par
l’UM2 en collaboration avec l’UM1, la
Ville de Montpellier et le Rectorat. « Cet
institut a pour vocation d’assurer le rayon-
nement de la langue et de la culture
chinoise et de favoriser les échanges et
le développement de projets concrets
entre Montpellier et la Chine », explique
Christiane Prigul, co-directrice française
du premier Institut Confucius de la région.
Des échanges particulièrement dirigés
vers la ville de Chengdu, jumelée avec
la capitale languedocienne. L’Univer-
sité des Sciences et Technologies de
Chine à Chengdu (UESTC) a détaché
deux professeurs et une directrice pour
l’Institut Confucius de Montpellier. « Cet
établissement est une porte ouverte vers
la Chine, confie Ma Yan, la co-directrice
chinoise de l’Institut. Il illustre la force et
la vitalité des liens entre nos deux pays,
renforce l’attractivité des formations pré-
existantes et accompagne les élèves vers
des cursus internationaux ».
De nouveaux horizons
pour les étudiants
Et les étudiants de l’UM2 ont déjà l’esprit
tourné vers l’Empire du milieu. Ils sont
plus de 70 à s’être inscrits aux cours de
chinois dispensés sur le campus par
les enseignants de l’Institut Confucius
depuis le mois de février. « Je me suis
inscrit par curiosité mais aussi parce je
me dis que si je progresse ça peut repré-
senter un atout sur mon CV par la suite »,
confie Loïc Ortole, étudiant ingénieur
en informatique et gestion à Polytech.
En mai, l’UM2 a accueilli une quinzaine
L'Université Montpellier 2
tisse des liens privilégiésavec l’Asie
17
N°9 - 06.2014
d’étudiants chinois de l’UESTC pour une
semaine d’immersion et de découverte de
la région. « Ils sont parrainés par les étu-
diants de l’UM2 qui suivent les cours de
chinois pour favoriser les interactions »,
souligne Camylle Pernelle, chargée de la
coopération internationale.
Dans le même temps, 43 apprentis de
Polytech ont eu la chance de partir en
Chine où ils ont été accueillis à l’UESTC.
Après 16 heures de cours de « chinois de
survie » avant leur départ, ils ont assisté
sur place aux cours de sciences dispen-
sés en anglais. Une véritable immersion
pour ces apprentis hébergés sur le cam-
pus de Chengdu. « Ils ont également visité
des entreprises et assisté à des événe-
ments culturels, explique Jane Govus,
directrice déléguée aux relations inter-
nationales à Polytech. C’est l’occasion
pour eux de découvrir une culture très
différente de la leur ». Et peut-être aussi
de développer de nouvelles opportunités
professionnelles, « ça pourrait les aider
par la suite à intégrer une multinationale
implantée en Chine par exemple ». Et leur
permettre d’écrire de nouvelles pages de
cette histoire commune. 
L’Université Montpellier 2 est engagée
dans de nombreux projets de formation et
de recherche avec l’ensemble de l’Asie du
Sud-Est :
 Elle porte le programme d’échanges
Erasmus Mundus Panacea qui facilite la
venue en Europe des étudiants, chercheurs
et personnels administratifs de 7 pays
d’Asie du Sud-Est : Thaïlande, Chine, Laos,
Cambodge, Vietnam, Indonésie et Birmanie.
 L’UM2 est fortement impliquée dans
l’Université des Sciences et Technologies
de Hanoï, au Vietnam, pour aider le pays
à créer une université et des laboratoires
de recherche autonomes. L’UM2 est
responsable de 2 masters et accueille
des doctorants de l’USTH. C’est la seule
université française à avoir mis en place,
en étroite coopération avec l’IRD, un
laboratoire mixte de recherche : le LMI-
Rice, à la pointe de la recherche sur le riz.
 L’Université accueille du 10 au 13 juin 2014
le colloque de l’ASAIHL, l'Association des
institutions d'enseignement supérieur
d'Asie du Sud-Est qui a pour mission de
promouvoir l’enseignement supérieur
et favoriser le développement de ses
institutions. L'UM2 attend près de 200
collègues asiatiques dont une cinquantaine
de présidents et vice-présidents
d’établissement d’enseignement supérieur.
 Un nouveau colloque scientifique franco-
thaï a été initié par l’UM2. Il se déroulera
tous les 2 ans alternativement en France et
en Thaïlande. L’édition 2014 organisée par
l’Université de Prince of Songkla prévoit
plusieurs symposiums sur les thématiques
de l’environnement et de la santé. L’édition
2016 sera organisée à Montpellier.
UNE MOUSSON DE PROJETS EN COLLABORATION AVEC L’ASIE DU SUD-EST
 Un cours de chinois
avec les étudiants de Polytech
© Institut Confucius
18
N°9 - 06.2014
Formation
L
ES ÉTUDIANTS du master
« Sciences et procédés en
alimentaire et environnement »
sensibilisent le public sur l’importance
du gaspillage et les solutions à mettre
en œuvre en organisant un congrès qui
réunit chercheurs et associations.
1,4 milliard d’hectares. C’est la surface
de terres agricoles qui a servi à produire
des denrées alimentaires directement
passées à la poubelle sans même transi-
ter par nos assiettes. Soit près d’1/3 des
terres exploitées. Comment faire pour lut-
ter contre ce gaspillage colossal qui repré-
sente environ 400 euros par an pour une
famille de 4 personnes ? Les étudiants du
master SPAE ont pris la question à bras
le corps en organisant le congrès « Gas-
pillage maîtrisé, sous produits valorisés ».
« Ce séminaire est organisé dans le cadre
de l’unité d’enseignement "Réseaux pro-
fessionnel et congrès annuel" », explique
Stéphane Peyron, co-responsable du
parcours de master. Objectif : organiser
un colloque scientifique sur un thème
d’actualité en relation avec l’agroalimen-
taire et l’environnement. « Organiser ce
colloque permet aux étudiants de mettre
en application les outils de gestion de pro-
jet appris en cours, mais aussi et surtout
cela leur apprend les vertus du travail en
équipe, leur montrant que si tout seul on
va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Prendre conscience
de la force du collectif
Et s’agissant d’aller loin, les étudiants
n’ont pas démérité : du choix du thème
à la consécration du congrès, ils ont as-
suré toutes les étapes de travail. Pour-
quoi avoir choisi de parler de gaspillage
alimentaire  ? « C’est une préoccupation
qui nous concerne tous, nous essayons
vraiment de réfléchir à notre impact sur
l’environnement », répond Jean Varale,
président d’Envagrotech, l’association
des étudiants du master SPAE. Un thème
qui tombe bien en cette année euro-
péenne de lutte contre le gaspillage. Une
fois le thème validé avec les enseignants,
le plus dur reste à faire : les étudiants ont
quelques mois à peine pour finaliser tous
les aspects du projet. « On se répartit en
Du champ à l'assiette
quelles solutions
pour nos déchets ?
 Les étudiants du master SPAE
© Aline Périault
19
N°8 - 02.2014
plusieurs groupes : communication, logis-
tique, financement et recherche d’interve-
nants, chacun prend des responsabilités
dans l’organisation », explique Marion No-
becourt. « Ce projet nous montre l’intérêt
de travailler tous ensemble et de la jouer
collectif, précise Pierre Boutonnet, per-
sonnellement c’est la meilleure chose que
j’ai faite depuis de début de ma scolarité ».
Un engagement et une dynamique de
groupe qui leur a permis de monter un
congrès regroupant des chercheurs
spécialisés en valorisation des déchets
alimentaires, mais qui a aussi donné la
parole à d’autres représentants de la so-
ciété civile et du monde associatif. « Ils
ont ouvert leur thème au-delà des pro-
blématiques scientifiques et techniques
pour en aborder également les aspects
socio-économiques », se réjouit Stéphane
Peyron. Les chercheurs venus présenter
par exemple les écosystèmes microbiens
pour valoriser et recycler les déchets
ont partagé la tribune avec l’association
France Nature Environnement venue évo-
quer les impacts environnementaux du
gaspillage alimentaire, la Banque alimen-
taire de l’Hérault venue expliquer com-
ment lutter contre le gaspillage en récupé-
rant les invendus de la grande distribution
au profit des personnes démunies ou en-
core l’association De mon assiette à votre
planète qui se penche sur les méthodes
à mettre en œuvre pour mieux manger et
moins gaspiller en restauration collective.
« Cette diversité des intervenants m’a
fait réaliser que la lutte contre le gaspil-
lage était non seulement un défi scienti-
fique mais aussi une question politique,
explique Pierre Boutonnet. On s’aperçoit
de l’importance de sensibiliser le grand
public à la question du gaspillage alimen-
taire. »
Une expérience pédagogique,
scientifique et citoyenne
Pour limiter le gaspillage alimentaire, de
nombreuses solutions simples se des-
sinent : apprendre aux enfants dans les
cantines scolaires à ne se servir que
ce qu’ils peuvent manger, donner des
conseils pour mieux faire ses courses ou
pour réutiliser les restes des repas ou en-
core inciter les grandes surfaces à donner
les aliments dont la date de péremption
approche aux banques alimentaires. «  La
banque alimentaire de l’Hérault a ainsi
distribué 4 millions de repas en 2013 »,
précise Jean Varale.
Une expérience dont les étudiants se
réjouissent unanimement : « non seu-
lement nous avons appris à travailler
ensemble, mais ce projet nous apporte
aussi un gros bonus dans notre formation
et un gros plus sur notre CV, désormais
nous pouvons dire : nous avons géré un
projet de A à Z en étant autonomes et
polyvalents ». Un bonus sur le CV mais
aussi une belle expérience personnelle :
« ça m’a sensibilisé à la question du gas-
pillage dans ma vie quotidienne, en tant
que citoyen  », confie Pierre Boutonnet.
Des étudiants qui ne gaspillent ni leur
temps, ni leur énergie.  
19
N°9 - 06.2014
20
N°9 - 06.2014
Innovation
À
L’UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2,
les drones sont en action pour
réaliser le diagnostic thermique
des bâtiments et favoriser les
économies d’énergie. Un projet unique
en France qui pourrait bien essaimer
sur les autres campus.
C’est un drôle d’engin qui plane au-des-
sus du campus de l’Université Montpel-
lier 2. Un petit bijou de technologie de
1,2 kilo bardé de capteurs qui vrombit
doucement au-dessus de nos têtes. Sa
mission : réaliser des images infrarouges
des bâtiments du campus pour évaluer
les déperditions de chaleur. Ce drone
équipé d’une caméra infrarouge est uti-
lisé par les étudiants pour réaliser le dia-
gnostic thermique des bâtiments.
Un projet unique en France né d’une
étroite collaboration entre enseignants-
chercheurs, étudiants et anciens étu-
diants de l’UM2. Le drone est en effet
entièrement conçu par la jeune start-up
Cyléone créée en 2012 par deux anciens
étudiants. « Nous assurons toute l’infras-
tructure technique du drone, du paramé-
trage du système de navigation au déve-
loppement de la chaîne de propulsion en
passant par la chaîne de transmission
des données », explique Guillaume Bo-
guszewski, co-fondateur de la start-up
et ancien étudiant de l’Institut d’Électro-
nique du Sud. Un développement qui a
soulevé de véritables défis technolo-
giques : il a notamment fallu concevoir
et alléger au maximum la caméra em-
barquée pour optimiser l’autonomie du
drone. Au total 2 ans auront été néces-
saires pour développer cette technologie
innovante qui fonctionne aujourd’hui par-
faitement.
Des défis technologiques
relevés haut la main
Pour accompagner le développement
technique, le jeune entrepreneur accueille
des étudiants de la Faculté des sciences,
de l’Institut d’Administration des Entre-
prises et de Polytech Montpellier. Aux
commandes du drone, on retrouve
Mathieu Héraud, un des nombreux
étudiants de Polytech impliqués dans
l'aventure. « J’ai passé un brevet spécial
pour pouvoir piloter le drone », souligne
l’étudiant ingénieur en microélectronique
et automatique. « Les drones doivent
respecter de fortes contraintes légales,
précise Guillaume Boguszewski, ils sont
homologués par la Direction générale
de l’aviation civile, c’est une procédure
indispensable pour pouvoir voler ». Et
pour étudier l’intérêt de cette technologie
pour l’environnement, Cyléone compte
sur Elisabeth Vas, en master 2 Sciences
et technologies de l’information et de la
communication pour l’écologie. « J’étudie
entre autres l'utilisation du vol des drones
pour le recensement de populations d’oi-
seaux ». Au total ce sont 15 étudiants de
différentes filières de l’UM2 qui ont tra-
vaillé sur tous les aspects de ce projet.
Un
dronepour sensibiliser
aux économies d’énergie
 Mathieu Héraud pilote le drone
© Aline Périault
21
N°9 - 06.2014
Moins cher, plus efficace
et plus écologique
Cette technologique innovante a séduit
Olivier Thaler, enseignant-chercheur res-
ponsable du master Ingénierie en écolo-
gie et en gestion de la biodiversité. « Ce
drone équipé d’une caméra infrarouge,
c’est la solution idéale pour établir le
diagnostic thermique de grands bâti-
ments », souligne l’enseignant. Le drone
représente une alternative moins chère,
plus efficace et plus écologique aux mé-
thodes habituelles que sont le camion à
bras articulé ou l’hélicoptère.
Avec ses étudiants des masters Énergie
et Ingénierie en écologie et gestion de la
biodiversité, il utilise le drone de Cyléone
pour évaluer les déperditions de chaleur
ou de froid des bâtiments du campus.
Baptisé « Climat drone », ce projet inno-
vant avait remporté en 2012 deux prix lors
du challenge national Green Tic Campus
organisé par la fondation Fondaterra.
Pour démontrer la faisabilité technique
du procédé et évaluer sa plus-value par
rapport aux technologies actuelles, les
étudiants ont mis place une expérimen-
tation sur le campus de l’Université Mont-
pellier 2. « Nous avons réalisé le diagnos-
tic thermique de différents bâtiments du
campus pour comparer les déperditions
d’énergie des bâtiments anciens ou réno-
vés », explique Charlotte Seuillerot, étu-
diante en master Énergie. Une expérience
concluante : « nous avons montré que les
bâtiments rénovés présentaient beau-
coup moins de déperditions de chaleur »,
explique Jean-Christophe Jullians, égale-
ment étudiant en master Énergie. En ana-
lysant les images fournies par le drone,
les étudiants ont calculé que la rénovation
de ces vieux bâtiments permet une éco-
nomie d’énergie d’environ 20 %.
Réduire les gaz à effet de serre
« Notre objectif c’est d’encourager la ré-
novation des vieux bâtiments pour contri-
buer à faire des économies d’énergies »,
souligne Damien Paquereau du master
Énergie. « Ce projet est un excellent dis-
positif de sensibilisation sur la question
des déperditions énergétiques, complète
Olivier Thaler. En montrant que les bâti-
ments non rénovés perdent de la chaleur,
on peut contribuer à la baisse des gaz à
effet de serre, il y a un gros enjeu clima-
tique ».
Prochain objectif : communiquer auprès
des autres universités pour leur proposer
d’utiliser cette technologie sur leurs cam-
pus. « On peut même envisager au-delà
de proposer cette solution à destination
des établissements publics gestionnaires
de patrimoine bâti dans les années 1960
et qui ont besoin d’être rénovés », s’en-
thousiasme Olivier Thaler. Les drones
au service de l’environnement ont un bel
avenir. 
 Un drone bardé de capteurs
© Cyleone
L'
homme
qui dessinait les arbres
P
OUR LA PREMIÈRE FOIS, le
célèbre botaniste Francis Hallé
expose ses dessins au grand
public. Franchissez les portes de la
bibliothèque universitaire et laissez-vous
emporter au cœur du monde végétal
par ces œuvres à la frontière entre la
science et l’art.
Des heures, des jours, une vie passée
dans les forêts, sous les arbres ou dans
les arbres, à observer les plantes et à les
dessiner. Et pourtant au départ, Francis
Hallé était plutôt attiré par les animaux.
Jusqu’à ce jour où il découvre une petite
plante en train de pousser dans un pot de
terre laissé à l’abandon sur son balcon,
en plein cœur de Paris. « Je l’ai regardée
grandir, fleurir, puis mourir. L’année sui-
vante j’ai découvert des petites plantes
dans tous les pots autour : elle s’était
reproduite, sans que personne ne s’en soit
jamais occupé ».
Une révélation pour l’étudiant d’alors :
« j’ai compris que les plantes m’intéres-
saient infiniment plus que les animaux ».
Le botaniste en herbe est fasciné par l’ab-
sence de repère humain dans ce monde
végétal qui n’a « ni queue ni tête », une
vie si incroyablement différente de nous
et de toutes les espèces animales. Ce qui
lui plaît justement, c’est que les plantes,
ce n’est pas nous. Cette altérité nourrit
une passion sans limite : Francis Hallé
deviendra botaniste.
« Dessiner c’est voir
et voir c’est savoir »
Un botaniste mondialement reconnu pour
ses travaux sur les forêts équatoriales,
ancien enseignant à l’Université Mont-
pellier 2, chercheur engagé contre la
déforestation, auteur de nombreux livres,
inspirateur et vedette du film « Il était une
forêt » et l’un des inventeurs du fameux
radeau des cimes, qui a ouvert un nouvel
univers aux chercheurs en leur permettant
d’explorer la canopée, cet étage supérieur
de la forêt primaire équatoriale, sommet
incontesté de la diversité biologique mon-
diale .
Ses rencontres avec les arbres, les
plantes, il les immortalise par le dessin.
« C’est juste indispensable pour tous les
botanistes, rien ne remplace le dessin que
l’on peut faire d’une plante, c’est le seul
moyen d’apprendre à mieux la connaître »
souligne le botaniste. Une approche qua-
si-architecturale qui se réclame de Viollet-
le-duc pour qui « dessiner, c’est voir et voir
c’est savoir » ou d’Ingres qui déclarait « ce
que je n’ai pas dessiné, je ne le connais
pas ».
Et les plantes, Francis Hallé les connaît.
En témoignent ces centaines de car-
nets de terrain et tout autant de dessins
accumulés au fil d’une carrière hors du
commun. La série de dessins exposés
à la bibliothèque universitaire de l’UM2,
choisis et rassemblés avec l'aide d'Hélène
Morzadec, organisatrice de l’exposition,
offrent une promenade unique au cœur
de cet univers végétal. Avec Francis Hallé
comme guide, laissez-vous emporter à la
découverte de cette altérité. 
22
N°9 - 06.2014
 Le Moabi
 La rhubarbe
© Francis Hallé
Evènement
23
N°9 - 06.2014
Publications
Érosion de la biodiversité des poissons coralliens :
la responsabilité de l’homme en question
Une étude internationale, conduite par des chercheurs des laboratoires « Biocomplexité
des écosystèmes coralliens de l’Indo-Pacifique » (IRD) et « Écologie des systèmes marins
côtiers » (CNRS/IRD/ Universités Montpellier 1 et 2/Ifremer) révèle pour la première fois les
effets des activités humaines sur la diversité des communautés de poissons coralliens du
Pacifique Sud. Les scientifiques ont montré que la densité de population humaine avait un
impact plus fort sur la diversité fonctionnelle et phylogénétique que sur la richesse en espèces.
Au-delà de la perte d’espèces, l’homme réduit considérablement la diversité des fonctions
assurées par les communautés de poissons ainsi que la richesse de leur histoire évolutive.
…S. D’Agata, D. Mouillot, M. Kulbicki, S. Andrefouët, D. R. Bellwood, J. E. Cinner, P. F. Cowman,
M. Kronen, S. Pinca, L. Vigliola. Human-Mediated Loss of Phylogenetic and Functional Diversity in Coral
Reef Fishes, Current Biology, 2014.
Première détection d’un champ magnétique à la surface d’une
étoile de type Mira
Une équipe internationale d’astronomes, dont des chercheurs du LUPM (CNRS/Université
Montpellier 2) a détecté pour la première fois un champ magnétique à la surface d'une étoile
de type Mira, l'étoile  Cygni, dans la constellation du Cygne. Ces résultats, obtenus avec
des observations réalisées au Pic du Midi, démontrent pour la première fois l’existence de
champs magnétiques à la surface de ces étoiles géantes pulsantes et apportent un éclairage
nouveau sur l'importante perte de masse que connaissent ces étoiles en fin de vie.
… A. Lèbre, M. Aurière, N. Fabas, D. Gillet, F. Herpin, R. Konstantinova-Antova and P. Petit, Search for
Surface Magnetic Fields in Mira Stars First Detection in Cygni, Astronomy and Astrophysics, 01/2014
La plasticité du manteau terrestre enfin expliquée
Des chercheurs français apportent une explication originale à la plasticité des roches du
manteau en s'appuyant sur une équipe pluridisciplinaire composée de physiciens, géolo-
gues et mécaniciens du solide. Ces recherches démontrent que la description de l'espace
intergranulaire des roches n’est pas seulement basée sur une approche structurale, descrip-
tive, mais qu'elle entre dans le champ de la mécanique des solides. Des défauts cristallins
à l'échelle atomique aussi appelés désinclinaisons ont été vus pour la première fois dans
les « joints » de grains d'olivine grâce au microscope électronique à balayage équipé d'un
système de mesure de l'orientation des cristaux de l'Université Montpellier 2. Inspirant une
approche novatrice de la plasticité des roches, ces observations ont permis de modéliser le
comportement de ces joints face à une contrainte mécanique.
…Cordier P., Demouchy, S., Beausir B., Taupin V., Barou F., & Fressengeas C. (2014) Disclinations provide
the missing mechanism for deforming olivine-rich rocks in the mantle. Nature, 03/2014.
Mondes marins : voyage insolite au cœur des océans
Tout l’équilibre de notre planète repose sur les océans, qui recouvrent plus de 70 % de la
surface de la Terre. Mais que sait-on vraiment de ce monde des profondeurs ? Si, en quelques
années, les connaissances ont progressé, l’environnement marin et les interactions complexes
qui régissent son fonctionnement restent mal connus. Évoquer les mondes marins, c’est
aussi aborder la diversité des littoraux, qui abritent une multiplicité d’écosystèmes. C’est,
enfin, raconter l’histoire de l’humanité, si intimement liée à celle des océans ; humanité qui
se doit d’apprendre à les préserver et à en faire un usage raisonné. La recherche, située au
carrefour de nombreuses questions écologiques, environnementales et sociales, se fait plus
que jamais l’écho de ces enjeux.
…Publié par le Cherche Midi, en partenariat avec le CNRS, ce livre grand public dévoile la richesse
des océans à travers les sciences qui les explorent. Ouvrage collectif sous la direction de Bruno David,
Catherine Ozouf-Costaz et Marc Troussellier, directeur du laboratoire Ecosym.
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE www.univ-montp2.fr
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UM2 Magazine n°9 Juin 2014

  • 1. 1 N°9 - 06.2014 Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR www.univ-montp2.fr scribd.com/um2_montpellier Un drone pour sensibiliser aux économies d’énergie Indispensables espèces rares L'UM2 tisse des liens privilégiés avec l’Asie Numéro spatial Le magazine universitaire au cœur de science Numéro 9 Juin 2014
  • 2. 2 N°9 - 06.2014 4 Dossier À la conquête de l'espace 8 Au cœur du campus  À la découverte de la biodiversité du campus  Étudiant et sportif de haut niveau : un vrai challenge 10 À l’honneur à l’UM2  Monsef Benkirane, Prix Liliane Bettencourt pour les Sciences du Vivant  Kito de Pavant et Polytech Montpellier signent une charte de partenariat  Patrick Lemaire, Prix Coups d'élan de la Fondation Bettancourt Schueller  Victor V. Nikonenko, Docteur Honoris Causa de l'Université Montpellier 2 12 Vie des labos  Les espèces rares, gardiennes du fonctionnement des écosystèmes  Des super-virus pour lutter contre les bactéries 16 International  L'Université Montpellier 2 tisse des liens privilégiés avec l’Asie 18 Formation  Du champ à l’assiette, quelles solutions pour nos déchets ? 20 Innovation  Un drone pour sensibiliser aux économies d’énergie 22 Evènement  L'homme qui dessinait les arbres 23 Publications UM2 N°9 - JUIN 2014 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Robert RÉDACTRICE EN CHEF Aline Périault, aline.periault@univ-montp2.fr Tél. +33 (0)4 67 14 92 87 A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Philippe Raymond CONCEPTION & MISE EN PAGE Olivier Piau, Agropolis Productions IMPRESSION Les Petites Affiches (Montpellier, France) UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et Techniques Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier CEDEX 5 Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 communication@univ-montp2.fr www.univ-montp2.fr Tirage : 2.500 ex. Dépôt légal : juin 2014 ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle). Sommaire
  • 3. 3 N°9 - 06.2014 L’UM2 prend de la hauteur Le secteur spatial doit être perçu comme un investissement d’avenir, qui porte des recherches durables faisant progresser la science et émerger des technologies clés. Les probléma- tiques scientifiques et technologiques abordées sont par ail- leurs fortement stimulantes et ainsi facteur d'attraction vers les filières scientifiques pour les lycéens et étudiants. Articulé autour d'entreprises de pointe et innovantes em- ployant une main d'œuvre hautement qualifiée, il représente par ailleurs plus de 16 000 emplois directs en France, peu dé- localisables en raison des enjeux stratégiques. Notre industrie spatiale occupe ainsi une place majeure sur la scène internationale, toutefois de plus en plus soumise à l’émergence de nouveaux concurrents tandis que le poids du spatial dans l’économie mondiale ne cesse de croître. Les applications et les services satellitaires dans le domaine des télécommunica- tions, de l’observation de la Terre ou encore de la géolocalisation sont par exemple en plein essor. Ces nouveaux usages, qui se dessinent au fur et à mesure des avancées, donnent naissance en parallèle à des écosystèmes de croissance, avec des retombées en termes de création d’emplois. Enfin, ces activités de recherche s’inscrivent dans une logique forte de partenariats, principalement à l’échelle européenne, aussi bien avec de grands groupes industriels que de petites entreprises à la pointe de l’innovation. Ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science, permet ainsi de pré- senter certains des projets développés au sein de notre université. Il s’agit par exemple des nanosatellites, de satellites astronomiques, d’antennes déployables ou encore de drones à haute valeur ajoutée. Ils témoignent de la diversité de nos activités et de leur forte interaction avec la for- mation. L’implication dès que possible des étudiants constitue en effet une spécificité et une priorité. L’enjeu est notre capacité à former des personnels qualifiés, aptes à s’insérer rapidement dans des filières industrielles d’excellence, à s’adapter aux évolu- tions technologiques tout en étant force de proposition dans l’émergence de nouveaux concepts. Enfin, il convient de mentionner le fort soutien d’acteurs institutionnels locaux dans ces opérations, à l’instar de l’engagement de la Région Languedoc-Roussillon pour le développement du Centre Spatial Universitaire, premier dans son genre en France, en lien avec plusieurs entreprises. Michel Robert, Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques Édito 1, 2, 3... taguez ! Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante. Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Lynkee (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffisent : 1. lancer l'application, 2. photographier le QR Code, 3. lire le contenu. 
  • 4. 4 N°9 - 06.2014 « Sky is the limit »… la métaphore utili- sée dans la langue de Shakespeare pour dire qu’il n’y a pas de limite, que tout est possible, me semble décrire parfaite- ment les forces qui sont à l’œuvre dans nos laboratoires et nos composantes dans le domaine de l’espace. Pourtant, oser s’afficher sur un tel sujet pourrait paraître présomptueux tant il existe des acteurs dont le renom dépasse le nôtre : qui ne connaît le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, l’Université Bauman de Moscou, ou plus près de nous l’ESA ou le CNES ? Qui ne connaît les grands groupes industriels du secteur spatial, tels qu’Astrium, le constructeur des fusées Ariane ? Certes notre ambition n’est pas que le site de Montpellier égale la notoriété de Kourou, Cap Canaveral ou Baïkonour, mais force est de reconnaître que tous ces grands acteurs du spatial ont trouvé à l’UM2 des partenaires qui ont su prendre des risques scientifiques ou technologiques, innover dans leurs démarches pédago- giques, tisser des liens dans la durée pour des échanges d’étudiants ou des programmes partenariaux. Cette question des partenariats est cruciale quand il s’agit de s’impliquer dans des activités aussi ambitieuses : comment participer à une mission as- tronomique aussi importante que Gaïa sans être un partenaire régulier de la « galaxie » de scientifiques qu’anime l’ESA ? Comment attirer des étudiants brillants de l’étranger sans des relations suivies avec les meilleures universités mondiales ? Comment profiter de grands équipements comme Geosud sans une proximité de chaque instant avec des organismes de recherche phares comme l’Irstea ? Comment convaincre les ges- tionnaires du lanceur Véga d’embarquer des nanosatellites produits par nos étu- diants sans un lien étroit avec toute la filière industrielle et institutionnelle du spatial ? Grâce au soutien de la Région Langue- doc-Roussillon toutes ces réussites prendront bientôt une forme extrê- mement concrète, sous la forme d’un nouveau bâtiment qui accueillera sur le campus Saint-Priest des étudiants, des chercheurs, la SATT AxLR, l’incubateur LRI et… des industriels. En se projetant sans limite dans des recherches ambitieuses, en travaillant avec des partenaires de très haut niveau dans le monde entier, en osant parier sur la complémentarité entre formation, recherche et innovation dans un domaine où on ne l’attendait peut-être pas, l’UM2 sait en même temps avoir la tête dans les étoiles, mais aussi les pieds sur terre en aidant ainsi à créer des emplois dans le secteur spatial à Montpellier.  François Pierrot, Vice-président délégué à l’innovation et aux relations avec les entreprises Sky À la conquête de l' espace is the limit Dossier
  • 5. 5 N°9 - 06.2014 D ES NANOSATELLITES en plein essor, des étudiants promis à de brillantes carrières : c’est ici ! Visite guidée du premier Centre spatial universitaire de France, à la croisée de la recherche et de l’innovation. 13 février 2012 : Robusta s’envole de Kourou à bord de la fusée Véga. Un lan- cement suivi de très près par 250 étudiants de l’Université Montpellier 2. Ce premier nanosatellite étudiant français, c’est leur création. Il inaugure une série entièrement made in UM2. À la conquête de l’espace De minuscules satellites pour un gigan- tesque défi. Car ces concentrés de tech- nologie de 10 à 30 cm de côté sont promis à un bel avenir sur le marché très porteur de la conquête spatiale. Principale qua- lité ? Leur prix : quelques centaines de milliers d’euros. Une paille, à peu près cent fois moins qu’un gros satellite géos- tationnaire… Un moindre coût qui « permet de tester sans risques la résistance des nouvelles technologies que l’on souhaite envoyer dans l’espace » explique Laurent Dusseau, directeur du Centre Spatial Universitaire. « Les nanosatellites permettent ainsi de franchir l’ultime barrière avant la commer- cialisation. En échange, ils bénéficient de technologies pionnières » Mais créer un satellite, fut-il nano, cela re- quiert toute une palette de compétences : mécanique, électronique, informatique, ingénierie spatiale... Un défi que le Centre Spatial Universitaire de Montpellier peut relever grâce à la participation de plusieurs composantes de l’UM2 : les IUT de Nîmes et de Montpellier, la Faculté des Sciences et Polytech Montpellier. Satellites 100% étudiants Le centre offre ainsi des stages permet- tant d’être opérationnel à la fin du cursus : une qualité très prisée des employeurs. À l’arrivée, c’est la garantie d’un emploi dans un domaine de haute technologie  : spatial mais aussi aéronautique, automo- bile, énergie, télécoms… « Les étudiants mènent les projets de A à Z. Du DUT au post-doctorat, chaque niveau d’étude est encadré par le niveau supérieur » détaille Frédéric Saigné, di- recteur de la Fondation Van Allen. Une fondation qui réunit industriels et grandes agences spatiales, le CNES (Centre Na- tional d'Études Spatial) et l'ESA (Agence Spatiale Européenne), et qui, avec le Conseil Régional du Languedoc-Roussil- lon, soutient le centre spatial grâce à la recherche de financements et l’appel aux dons. Un soutien précieux, qui « permet à nos étudiants d’accéder à la recherche spatiale sans passer par la case "grandes écoles" ». En septembre 2015, un bâtiment de 2 000 m² va être livré sur le campus Saint- Priest pour accueillir le Centre Spatial Universitaire. Qui affiche désormais son ambition avec le soutien des chercheurs et des industriels : devenir une référence internationale dans le secteur des nano- satellites. Et créer en Languedoc-Roussillon une galaxie de start-ups…  ...www.fondation-va.fr ...Facebook : CSU Montpellier-Nimes La tête dans les étoiles © ESA  Lancement de la fusée Véga embarquant le nanosatellite Robusta le 13 février 2012.
  • 6. 6 N°9 - 06.2014 6 N°9 - 06.2014 © ESA Gaïa, l’arpenteur de la galaxie C’ est LA mission d’astronomie la plus importante du 21e siècle, et l’Université Montpellier 2 y participe. Le satellite Gaïa, qui en ce moment même débute l'observation et le recensement d'un milliard d’étoiles pour mieux connaître notre galaxie, a été conçu avec les chercheurs du LUPM. Jeudi 19 décembre 2013. 10h12 à Mont- pellier, 6h12 à Kourou. Les chercheurs du Laboratoire Univers et Particules de Montpellier exultent : la fusée Soyouz vient de décoller dans un vacarme assourdissant. Sa mission : mettre en orbite à 1,5 million de kilomètres de la Terre le satellite Gaïa. Ce fleuron de la technologie spatiale va finement obser- ver la Voie lactée et recenser en l'espace de 5 ans plus d’un milliard d’étoiles pour établir une carte en 3D de notre galaxie. Un pas de géant dans la connaissance de la Voie lactée réalisé grâce aux cher- cheurs et ingénieurs du LUPM dont Gé- rard Jasniewicz et Claude Zurbach, qui participent très activement à ce projet depuis de nombreuses années. Ces derniers interviennent sur une pièce maîtresse : la mesure du « point zéro » du spectromètre. « C’est l’étalonnage du spectromètre, explique Gérard Jas- niewicz, qui est indispensable pour obtenir des mesures fiables et exploi- tables ». Une sacrée responsabilité pour les montpelliérains car la détermination du mouvement des étoiles les unes par rapport aux autres dépendra de cet éta- lonnage grâce auquel les mesures seront justes et homogènes. Premiers résultats de la mission Gaïa dans 2 à 4 ans.  Dossier
  • 7. 7 N°9 - 06.2014 U N LIBRE ACCÈS aux images satellites : c’est ce que propose Geosud aux scientifiques et aux acteurs publics. Retour sur un projet qui connaît un succès grandissant depuis son lancement en 2008. Les images satellites constituent des don- nées précieuses pour la recherche, mais aussi pour les collectivités : agriculture, aménagement du territoire, gestion de la biodiversité ou encore des ressources en eau, les applications sont innombrables. Pourtant, « l’imagerie satellite peine à se développer, principalement pour des questions de prix et de complexité, explique Pierre Maurel, coordinateur du projet Geosud. Baisser les coûts et offrir des services adaptés : c’est tout l’enjeu du projet ». Images actualisées du territoire national Grâce à des financements publics, dont une dotation de 11,5 M € dans le cadre des Investissements d’Avenir, Geosud déve- loppe une logique de mutualisation. Une licence multiutilisateur permet aux adhé- rents, scientifiques ou acteurs publics, d’accéder via Internet à une base de don- nées actualisée. « Geosud anticipe sur les besoins en produisant chaque année une couverture intégrale du territoire national, y compris DROM-COM*. Ces images haute résolution sont livrées "prêtes à l’emploi", après corrections géométrique et radio- métrique ». Avec 300 adhérents, le succès est déjà au rendez-vous. Prochaine étape : « aller plus loin dans l’exploitation des images en proposant des services à forte valeur ajoutée : analyse, accompagnement, for- mation. Des services accessibles au sec- teur privé, avec des modèles économiques à définir. »  * Départements et Régions d'Outre-Mer - Collectivités d'Outre-Mer C OMME de nombreux doctorants, c’est à l’étranger qu’Irina Gavrilovich vit ses années de thèse. Chercheur en ingénierie spatiale, elle a choisi Montpellier. « L’expérience internationale permet de se former à des approches différentes », explique cette jeune doctorante pour qui « la nécessité d’évoluer, de ne jamais rester au même stade » est une évidence. Il y a un an, Irina suivait un master au sein de la prestigieuse Université de Moscou- Bauman. Après un passage à l’École polytechnique de Lausanne (Suisse), elle intègre le Laboratoire d'Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM). Reproduire l’espace dans les labos du LIRMM Pourquoi Montpellier ? « Rien à voir avec le soleil ! jure Irina. L’Université de Bauman collabore beaucoup avec cette ville en plein essor dans le domaine des nanosatellites. Et le LIRMM me permet de travailler sur des projets concrets et utiles ». Financé par la Fondation Van Allen, son travail consiste à mettre au point un banc de test pour les « cubesats », ces nanosa- tellites de 10 cm de côté. Objectif : vérifier leur système d’orientation. « Il faut être sûr qu’on pourra repositionner le satellite à distance, pour acquérir des données ou encore optimiser le rendement des batteries solaires ». Avec les chercheurs de l’équipe DEXTER du LIRMM, Irina imagine et réalise un système robotisé pour placer les nano- satellites dans les conditions mêmes de l’espace. Et tester demain les petits cousins de Robusta.  De Moscou à Montpellier Geosud, des images satellites au service de tous ...www.equipex-geosud.fr © Philippe Raymond
  • 8. Au cœur du campus P LANTES, champignons, invertébrés, reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères, partez à la découverte de la biodiversité du campus avec le Groupe naturaliste de l’Université Montpellier 2. Ouvrez les yeux, déployez vos oreilles et suivez le guide. L’épervier d’Europe y plane au dessus du hérisson commun, qui lui se cache entre la mauve sylvestre et les bolets des pins, épiant la tarente de Mauritanie en quête de quelques fourmis d’Argentine à se mettre sous la dent... Bienvenue sur le campus de l’Université Montpellier 2 ! Si les amphithéâtres, laboratoires et bureaux y hébergent une faune d’étudiants, ensei- gnants-chercheurs, personnels adminis- tratifs et autres Homo sapiens, le campus recèle également une biodiversité insoup- çonnée. « On y rencontre des centaines d’espèces différentes », explique Mathieu Garcia, président du GNUM, le Groupe natura- liste de l’Université Montpellier 2. Depuis 10 ans, cette association œuvre pour valoriser la connaissance de la faune et de la flore et mieux protéger l’environne- ment. « On s’intéresse à cette biodiversi- té ordinaire, celle que l’on croise tous les jours et à laquelle on porte souvent trop peu d’attention… Pourtant c’est avec elle que l’on vit au quotidien », souligne le na- turaliste. Son souhait : que chacun ouvre les yeux sur ce qu’on ne regarde pas et prenne conscience de la vie qui l’entoure. « Parce qu’il est plus facile de protéger quelque chose que l’on connaît et auquel on s’intéresse ». Mieux connaître la biodiversité pour mieux la protéger Armés de jumelles, de loupes, de pièges à insectes et d’ouvrages spécialisés, des dizaines de volontaires arpentent l’univer- sité le jour ou à la tombée de la nuit pour recenser ses habitants. « Il n’est pas tou- jours évident de déterminer précisément quelle est cette plante ou comment s’ap- pelle cet insecte », reconnaît Mathieu Gar- cia. Alors des naturalistes éclairés et des enseignants-chercheurs viennent parfois leur prêter main forte pour mettre un nom sur chacun. Un vrai travail collaboratif qui a permis d’inventorier pour l’instant près de 450 espèces. « Et ce n’est qu’un début, nous sommes toujours à la recherche de volon- taires pour nous aider dans la découverte de cette biodiversité ordinaire », s’en- thousiasme le président du GNUM. Des connaissances que les naturalistes ont à cœur de partager dans un petit livre : grâce à ce Petit guide naturaliste, les balades sur le campus se transforment en déambula- tions curieuses à la rencontre de la faune et la flore. Ouvrez l’œil, et si vous ne voyez pas le faucon perché sur les bâtiments, soyez sûrs que lui vous a vu…  À la découverte de la biodiversité du campus 8 N°9 - 06.2014 © Mathieu Garcia ©MathieuGarcia  Le triton palmé Lissotriton helveticus  La punaise verte Nezara viridula
  • 9. 9 N°9 - 06.2014 L’ UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 offre aux sportifs de haut niveau un cadre privilégié pour mener de front une carrière de champion et une vie d’étudiant accomplie. Ils s’entraînent jusqu’à vingt heures par semaine, participent à des compétitions sportives d’envergure, suivent cours et travaux pratiques, passent les partiels, partent en stage… Deux vies en une pour ces étudiants sportifs de haut niveau ! Pour qu’ils n’aient pas à choisir entre les diplômes et les podiums, l’Université Montpellier 2 propose à ses graines de champion un programme adapté à leurs deux agendas. « Notre mission, c’est de faire en sorte qu’ils réussissent », souligne Jacqueline Papet, chargée de mission accueil des sportifs de haut niveau à l’IUT Montpellier-Sète. L’UM2 accueille 62 étu- diants bénéficiant du statut de sportif de haut niveau. « Dispenses d’assiduité, cours à distance, cours de rattrapage, accompagnement personnalisé », l’uni- versité leur propose un cadre adapté pour réussir leur carrière sportive sans délaisser leurs études. 20 heures d’entraînement par semaine Géraldine Huffner passe 20 heures par semaine dans l’eau. Cette nageuse de 22 ans a terminé 2e au 200 mètres brasse lors des Championnats de France de natation en 2012. Étudiante en DUT génie biologique, la jeune fille se prépare à une carrière de diététicienne. « L’année dernière, j’ai fait une année normale sans aménagement, c’était vraiment trop fati- guant », témoigne- t-elle. Pour sa deuxième année de DUT, elle a opté pour un aménage- ment et fera son année en 2 ans. « Grâce à ce dispo- sitif non seulement j’ai de meilleurs résul- tats en natation, mais j’ai aussi de meilleurs résultats dans mes études », se réjouit la jeune championne. « Cette organisation né- cessite une communi- cation permanente entre les coachs sportifs et les équipes pédagogiques », souligne Jacqueline Papet. Trouver un équilibre entre le sport et les études À 18 ans, Tristan Labouteley est un des poulains du club de rugby de Montpellier, le MHR. Une vie sportive extrêmement exigeante. « Je m’entraîne 4 heures par jour et je participe aux matchs le week-end », explique le jeune athlète. Étudiant en première année à Polytech, le jeune homme se destine à une car- rière d’ingénieur « parce que le rugby ne durera pas toute la vie et qu’il faut avoir un bon diplôme après ». Pour rester au top niveau, le jeune rugbyman s’entraîne avec le pôle France à Marcoussis, toutes les semaines du lundi au jeudi. « Tristan ne peut pas suivre les enseignements normalement, il bénéficie d’un aména- gement maximum et ne passera que 4 modules cette année au lieu de 12, il fera donc sa première année en 2 ans », ex- plique Christian Salles, responsable des étudiants de première année à Polytech et tuteur de Tristan. Le jeune homme a même pu passer ses examens en même temps que ses camarades mais en plan- chant depuis Paris. « Il faut trouver un équilibre entre le sport et les études, souligne Christian Salles, car ils sont sportifs de haut niveau et doivent aussi être étudiants de haut niveau pour leur réussite universitaire».  Étudiant et sportifdehaut niveau :niveau : un vrai challenge ©DanielleMour  Tristan Labouteley au championnat d'Europe U18 2013
  • 10. 10 N°9 - 06.2014 À l’honneur à l’UM2 Monsef Benkirane, PrixLilianeBettencourt pourlesSciencesduVivant Le prix Liliane Bettencourt pour les Sciences du Vivant 2013 est décerné à un chercheur européen de moins de 45 ans, connu dans la communauté scientifique à travers ses publications internationales et porteur d'un projet de recherche particu- lièrement prometteur. Directeur de recherche au CNRS à l'Institut de Génétique Humaine de Montpellier, Mon- sef Benkirane est responsable du dépar- tement Bases Moléculaires de Pathologies Humaines et chef de l'équipe Virologie Molé- culaire. Après avoir obtenu un doctorat en virologie moléculaire à l'Université Aix-Marseille en 1994, Monsef Benkirane a travaillé pendant quatre ans au National Institute of Health à Washington (USA). De retour en France en 1998, il crée à Montpellier un groupe de re- cherche sur la virologie moléculaire et le VIH. Au cours de ses recherches, l'équipe de Monsef Benkirane a réalisé une percée im- portante concernant la lutte contre le VIH en décrivant les mécanismes moléculaires à l’origine de la persistance virale ainsi qu’en identifiant le gène codant la protéine cellu- laire SAMHD1. Cette protéine bloque la répli- cation du VIH dans les cellules dendritiques (chargées de déclencher les défenses immu- nitaires), empêchant ainsi sa détection. Le projet actuel de Monsef Benkirane vise à comprendre les mécanismes de la persis- tance virale du VIH afin de parvenir à une éra- dication complète du virus dans l'organisme du malade.  Kito de Pavant et Polytech Montpellier signent une charte de partenariat Le 11 mars 2014, le navigateur Kito de Pa- vant et Serge Pravossoudovitch, directeur de l’école d’ingénieurs Polytech Montpel- lier, ont officiellement signé une charte de partenariat. Objectif : permettre aux élèves ingénieurs de travailler sur des projets liés à la conception du nouveau bateau de Kito de Pavant, le Made in Midi. Les étudiants pourront par exemple réaliser des projets techniques ou des études scien- tifiques en lien avec les domaines techniques du futur bateau : système d'aide à la décision dans une course en mer, dimensionnement des structures mécaniques, électronique embarquée, matériaux composites...   Kito de Pavant et Serge Pravossoudovitch © Agnès Seye
  • 11. 11 N°9 - 06.2014 Patrick Lemaire, Prix Coups d'élan de la Fondation Bettancourt Schueller Patrick Lemaire, chercheur au Centre de Recherche de Biochimie Macromolécu- laire, a reçu le prix Coups d’élan pour la recherche française de la Fondation Bet- tencourt Schueller. Cette récompense d’un montant de 250000 euros est des- tinée à permettre à des équipes remar- quées pour leur excellence et le carac- tère prometteur de leurs recherches d'optimiser leurs infrastructures. L'équipe de Patrick Lemaire étudie un groupe d'invertébrés marins dont le développe- ment embryonnaire est morphologiquement extrêmement similaire, bien qu'ils aient des génomes très différents. Objectif : combiner des approches d'imagerie avancée, de trai- tement de l'image et de simulation informa- tique à des expériences biologiques afin de comprendre comment ce découplage entre les vitesses de divergence des programmes génétique et morphologique est possible. L'enjeu de ces recherches est majeur puisque les relations entre génotype et phénotype restent actuellement mystérieuses. En santé humaine cela constitue un frein à la compré- hension de l'impact de nombreuses muta- tions que chacun de nous porte dans son gé- nome et qui peuvent prédisposer certaines personnes à des maladies spécifiques. La dotation de la Fondation Bettencourt Schueller sera principalement utilisée pour acquérir un microscope à feuille de lumière et installer une pièce d'élevage pour les as- cidies, animaux marins objets du projet de recherche.  Victor V. Nikonenko, Docteur Honoris Causa de l'Université Montpellier 2 Directeur du Laboratoire des Phéno- mènes Électromembranaires du Dépar- tement de Chimie Physique de l'Uni- versité de l'État de Kuban à Krasnodar (Russie), le Professeur Victor V. Niko- nenko est une personnalité scientifique de tout premier plan au niveau interna- tional, dans le domaine des membranes échangeuses d'ions et procédés asso- ciés. Mathématicien de formation, il a su intégrer les apports de la mécanique des fluides et des phénomènes interfaciaux à la compréhension des mécanismes de transfert membranaire. Sa contribution scientifique a permis d'opti- miser les procédés électromembranaires, en particulier en ce qui concerne le traite- ment de l'eau. Son investissement dans les collaborations internationales impliquant la France l'ont conduit à être le partenaire russe de très nombreuses conventions avec l'Europe, visant notamment la création d'un réseau scientifique sur les membranes, ou avec le Kazakhstan, en particulier pour les problèmes liés à l'assèchement de la Mer d'Aral. À ce jour, il est le co-directeur du La- boratoire International Associé franco-russe sur les membranes sous la responsabilité de l'Institut Européen des Membranes à Mont- pellier (IEMM). 
  • 12. 12 N°9 - 06.2014 U NE VASTE étude pilotée par le laboratoire Ecosym s’est penchée sur le rôle des espèces rares. Verdict : certaines assurent des fonctions irremplaçables qui pourraient les rendre indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes. Une murène géante qui se cache dans les récifs coralliens, un arbre massif à l’écorce épaisse et résistante au feu qui vit dans les forêts tropicales de Guyane, une plante alpine qui se niche dans les parois rocheuses. Quel peut bien être le point commun entre ces trois espèces si éloignées les unes des autres ? Ces espèces rares assurent toutes un rôle écologique unique. La murène géante javanaise ? Gymnothorax javanicus se nourrit principalement la nuit de poissons et d'invertébrés (crabes, pieuvres etc…) affaiblis ou en mauvaise santé cachés dans les labyrinthes coralliens. Sans l’intervention de ce charognard des mers, doté d’un corps fusiforme et d’un odorat développé, la matière organique de ses proies pourrait se décomposer au milieu des coraux, ralentissant le recyclage des nutriments. Pouteria maxima, grâce à son écorce, est l’un des seuls arbres capable de résister à la fois au feu et à la sécheresse en forêt guyanaise. En cas de changement climatique ou de pertur- bations humaines, il permet une meilleure résilience de la forêt tropicale. La plante alpine Saxifraga cotyledon, ou saxi- frage pyramidal, constitue quant à elle une ressource unique pour les insectes pollinisateurs des parois rocheuses. Trois espèces indispensables à l’équilibre de ces écosystèmes, et pourtant rares, donc menacées. Les espèces rares, gardiennes du fonctionnement des écosystèmes  La murène géante Gymnothorax javanicus © M.J. Kramer
  • 13. 13 N°9 - 06.2014 À quoi servent les espèces rares ? « La plupart des politiques de conser- vation sont orientées vers les espèces rares, souligne David Mouillot, professeur au sein du laboratoire Ecosym, pour- tant leur utilité au sein des écosystèmes reste paradoxalement très peu étudiée ». Longtemps l’importance fonctionnelle de ces espèces rares a été perçue comme secondaire : elles étaient considérées comme ayant une influence mineure sur le fonctionnement des écosystèmes et comme n’offrant qu’une « assurance éco- logique » en cas de disparition d’espèces plus communes qui suffiraient à assurer l’essentiel des fonctions écologiques nécessaires. « Dans cette hypothèse les espèces rares n’étaient que les remplaçants qui attendent sur le banc de touche au cas où un joueur majeur soit blessé et sorte du terrain », image David Mouillot, fan de l’OM comme toute son équipe. Pour tes- ter cette hypothèse, une équipe de cher- cheurs internationale ayant collecté des données sur des milliers d’espèces ani- males et végétales a combiné ses efforts. La base du travail fut de s’intéresser aux traits fonctionnels des espèces qui défi- nissent leurs fonctions ou leurs rôles au sein des écosystèmes : est-ce un animal carnivore ou herbivore, diurne ou noc- turne, fouisseur ou volant ? Est-ce une plante résistante ou non à la sécheresse, cherchant ou pas la lumière directe, pré- férant les sols acides ou basiques ? Souvent remplaçantes mais parfois uniques Les scientifiques ont pour la première fois démontré que certaines espèces rares ne seraient pas de simples remplaçantes, mais assureraient des fonctions uniques dans l’écosystème et seraient donc irremplaçables. Ce résultat a une portée générale car il est issu d’informations biologiques et biogéographiques sur plus de 800 espèces de poissons des récifs coralliens, 3 000 espèces de plantes alpines et plus de 600 espèces d’arbres tropicaux originaires de Guyane. Des chercheurs de l’UM2, du CNRS, de l’Inra, de l’EPHE et de l’IRD ont ainsi pu détermi- ner quelles espèces présentent les traits les plus originaux qui leur confèrent une fonctionnalité non remplie par une autre espèce. Résultat ? « Nous nous sommes aperçus que toutes les fonctions irrem- plaçables sont assurées par des espèces rares, explique David Mouillot, même si de nombreuses espèces rares rem- plissent des fonctions communes ». Les chercheurs ont ainsi réfuté l’idée communément admise selon laquelle ces fameuses espèces rares ne serviraient à rien dans le fonctionnement des écosys- tèmes. « Portées par des espèces vulné- rables, des fonctions uniques pourraient disparaître alors qu’elles peuvent s’avérer importantes pour les éco- systèmes en cas de changement environnementaux majeurs et dé- terminer leur résistance aux perturbations futures », souligne l’auteur de l’étude. Des exemples qui valent aussi chez les mam- mifères : le koala est le seul animal qui puisse manger les feuilles toxiques des eucalyptus. Qu’adviendrait-il de l’équi- libre de l’écosystème si ce marsupial menacé d’extinction venait à disparaître ? « Peut-être que de mutation en mutation, une autre espèce finirait par acquérir la capacité à digérer l’eucalyptus, mais ce processus prendrait sûrement des milliers d’années alors que cette espèce menacée décline chaque année un peu plus », souligne le chercheur. Mieux identifier les zones à protéger Des résultats qui poussent les scienti- fiques à tirer le signal d’alarme : « plus une espèce est rare, plus elle est mena- cée par l’érosion de la biodiversité. Or avec elle pourrait disparaître une fonction unique qu’aucune autre espèce ne pour- rait assurer, c’est tout un équilibre qui serait bouleversé », alerte David Mouillot. Les chercheurs étendent déjà leur étude aux poissons d’eau douce et à d’autres familles de plantes, résultat attendus fin 2014. Si ces travaux éclairent la biodi- versité d’un jour nouveau, ils renforcent aussi la nécessité de mieux protéger les espèces rares et leur habitat. Prochaine étape : établir une carte mondiale de la rareté fonctionnelle pour mieux identifier les zones à protéger.   Pouteria maxima © C.E.T. Paine  Pouteria maxima © C.E.T. Paine
  • 14. ressources Vie des labos L ES CHERCHEURS de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (Isem) développent une méthode pour lutter contre les bactéries grâce à des virus bactériophages. Une alternative aux antibiotiques pleine de promesses. Depuis la découverte des propriétés antibactériennes de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928, les antibio- tiques sont l’arme la plus utilisée contre les bactéries. Une arme de destruction massive qui atteint pourtant ses limites : au fil des mutations génétiques, les bactéries deviennent insensibles à ces médicaments et les cas de résistance aux antibiotiques augmentent, notam- ment dans le milieu hospitalier. Comment continuer à se battre contre ces agents infectieux ? En développant de nouvelles armes. C’est ce à quoi œuvrent Michael Hochberg et Oliver Kaltz, chercheurs à l’ISEM. Leur nouvel arsenal : les virus bactériophages, ennemis naturels des bactéries. Ils se fixent sur l’enveloppe externe de la bactérie, vont percer sa paroi cellulaire et injecter leur matériel génétique. Ils vont ensuite se reproduire à l’intérieur de leur hôte provoquant sa mort. Une idée qui n’est en fait pas nouvelle : la phagothérapie a vu le jour en 1919 dans les tubes à essai d’un biologiste franco- canadien, Felix d’Herelle. Mais la plupart des pays ont abandonné les phages au profit des antibiotiques. Aujourd’hui cette technique revient sur le devant de la scène. « Les virus bactériophages ont de nombreux avantages, explique Oliver Kaltz, ils sont très spécifiques et souvent ne s’attaquent qu’à une seule espèce de bactérie ». Des super-virus pour luttercontre les bactéries 14 N°9 - 06.2014 La phagothérapie est très employée dans les pays de l’Est comme la Russie et surtout la Géorgie. Elle a été tolérée et largement employée en Europe et aux Etats-Unis dans les années 1940, mais est interdite depuis l’utilisation massive des antibiotiques. Pas de statut de médicament, pas d’autorisation de mise sur le marché, pas de possibilité de breveter cette technique qui utilise le vivant, les obstacles législatifs sont nombreux. Pourtant face à l’augmentation de la résistance aux antibiotiques et à l’absence d’autres traitements efficaces, les pouvoirs publics commencent à s’intéresser de près à la phagothérapie : dans un rapport officiel, le Centre d’analyse stratégique, une institution française d'expertise et d'aide à la décision dépendant des services du premier ministre, propose d’étudier l’intérêt thérapeutique de la phagothérapie. Une nouvelle voie vers une nouvelle médecine venue du passé. UN PARCOURS DU COMBATTANT © AlexBetts
  • 15. 15 N°9 - 06.2014 Mais comment être certains que les virus les déciment à coup sûr ? En appliquant les grands principes de l’évolution darwi- nienne, les scientifiques ont cherché à donner aux phages un avantage de départ par rapport aux bactéries. Leur plan : faire évoluer les phages artificiel- lement et leur permettre de perfection- ner leurs armes contre les bactéries. Leur cible  : Pseudomonas aeruginosa, une bactérie responsable de 10% des infections nosocomiales. Résistante à de nombreux antibiotiques, elle peut être mortelle, notamment pour les patients atteints de mucoviscidose. Booster les prédateurs naturels des bactéries « Nous avons mis une souche de cette bactérie au contact de différents phages et ces derniers se multiplient rapide- ment », explique Oliver Kaltz. Mais pas n’importe lesquels : seuls les phages les mieux adaptés à leur hôte prospèrent. Problème : la bactérie évolue elle aussi au contact des phages et améliore ses défenses. Pour gagner cette course à l’armement les chercheurs ont renouvelé cette même opération 6 fois de suite en utilisant à chaque fois la dernière géné- ration de phages mise en contact avec la souche bactérienne de départ. Grâce à cette méthode de « passage sériel », les chercheurs ont obtenu des « super-vi- rus », capable de décimer Pseudomonas aeruginosa. « Pour parvenir à ce résultat il est indispensable de comprendre le processus de coévolution entre phage et bactérie », souligne Oliver Kaltz. Comprendre ce mécanisme permet aux chercheurs de faire évoluer les phages en les projetant « dans le futur », leur procu- rant ainsi un avantage évolutif face à leur hôte, ce qui diminue le niveau de résistance des bactéries. C’est un des avantages de la phagothérapie face aux antibiotiques : « le potentiel évolutif naturel des phages permet l'adaptation quasi-perpétuelle aux résistances des bactéries. Au contraire les antibiotiques représentent un dead-end évolutif : une fois que les bactéries sont devenues résistantes, il faut changer l'anti- biotique ». Si la phagothérapie a fait ses preuves contre Pseudomonas aeruginosa, elle peut cibler bien d’autres maladies, chaque bactérie ayant des prédateurs naturels parmi les phages. Quand verra-t-on des « virus-médica- ments » destinés aux malades ? « Pas tout de suite, reconnaît Oliver Kaltz. La com- mercialisation d’un médicament prend beaucoup de temps et de nombreuses études sont encore nécessaires.  » En revanche les chercheurs sont déjà dans les starting blocks pour tester l'utilisation des phages comme désinfectant. « Les phages pourraient être utilisés notam- ment pour décontaminer les réseaux de distribution d’eau qui sont un vecteur de Pseudomonas aeruginosa en milieu hos- pitalier », explique Oliver Kaltz. Les cher- cheurs sont déjà en contact avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment de Nantes pour explorer cette possibilité.  ©AlexBetts
  • 16. 16 N°9 - 06.2014 International R ECHERCHE, FORMATION, échanges, coopération, laboratoires internationaux : l’Université Montpellier 2 ne cesse de renforcer ses liens avec l’Asie du Sud-Est. L’Institut Confucius inauguré à la rentrée 2013 rapproche notamment l’UM2 et ses partenaires du site montpelliérain de l’Empire du milieu. « Les liens entre la France et l’Asie du Sud-Est sont d’abord historiques : des Indes françaises à l’Indochine, ce sont plusieurs siècles d’histoire qui nous lient à cette partie du monde ». Pour François Henn, Vice-président délégué aux rela- tions internationales, cette histoire com- mune est le terreau originel des échanges fertiles établis aujourd’hui avec cette partie de l’Asie. « Aujourd’hui ces pays se développent économiquement très vite, les populations sont jeunes et les gouvernements investissent donc dans l’enseignement supérieur, un climat qui pousse à l’accentuation des coopérations universitaires ». Un Institut Confucius pour favoriser les échanges avec la Chine Des coopérations que l’UM2 s’attache à développer et à renforcer. Ainsi pour solidifier ses liens avec la Chine, Mont- pellier accueille depuis la rentrée 2013 un Institut Confucius, mis en place par l’UM2 en collaboration avec l’UM1, la Ville de Montpellier et le Rectorat. « Cet institut a pour vocation d’assurer le rayon- nement de la langue et de la culture chinoise et de favoriser les échanges et le développement de projets concrets entre Montpellier et la Chine », explique Christiane Prigul, co-directrice française du premier Institut Confucius de la région. Des échanges particulièrement dirigés vers la ville de Chengdu, jumelée avec la capitale languedocienne. L’Univer- sité des Sciences et Technologies de Chine à Chengdu (UESTC) a détaché deux professeurs et une directrice pour l’Institut Confucius de Montpellier. « Cet établissement est une porte ouverte vers la Chine, confie Ma Yan, la co-directrice chinoise de l’Institut. Il illustre la force et la vitalité des liens entre nos deux pays, renforce l’attractivité des formations pré- existantes et accompagne les élèves vers des cursus internationaux ». De nouveaux horizons pour les étudiants Et les étudiants de l’UM2 ont déjà l’esprit tourné vers l’Empire du milieu. Ils sont plus de 70 à s’être inscrits aux cours de chinois dispensés sur le campus par les enseignants de l’Institut Confucius depuis le mois de février. « Je me suis inscrit par curiosité mais aussi parce je me dis que si je progresse ça peut repré- senter un atout sur mon CV par la suite », confie Loïc Ortole, étudiant ingénieur en informatique et gestion à Polytech. En mai, l’UM2 a accueilli une quinzaine L'Université Montpellier 2 tisse des liens privilégiésavec l’Asie
  • 17. 17 N°9 - 06.2014 d’étudiants chinois de l’UESTC pour une semaine d’immersion et de découverte de la région. « Ils sont parrainés par les étu- diants de l’UM2 qui suivent les cours de chinois pour favoriser les interactions », souligne Camylle Pernelle, chargée de la coopération internationale. Dans le même temps, 43 apprentis de Polytech ont eu la chance de partir en Chine où ils ont été accueillis à l’UESTC. Après 16 heures de cours de « chinois de survie » avant leur départ, ils ont assisté sur place aux cours de sciences dispen- sés en anglais. Une véritable immersion pour ces apprentis hébergés sur le cam- pus de Chengdu. « Ils ont également visité des entreprises et assisté à des événe- ments culturels, explique Jane Govus, directrice déléguée aux relations inter- nationales à Polytech. C’est l’occasion pour eux de découvrir une culture très différente de la leur ». Et peut-être aussi de développer de nouvelles opportunités professionnelles, « ça pourrait les aider par la suite à intégrer une multinationale implantée en Chine par exemple ». Et leur permettre d’écrire de nouvelles pages de cette histoire commune.  L’Université Montpellier 2 est engagée dans de nombreux projets de formation et de recherche avec l’ensemble de l’Asie du Sud-Est :  Elle porte le programme d’échanges Erasmus Mundus Panacea qui facilite la venue en Europe des étudiants, chercheurs et personnels administratifs de 7 pays d’Asie du Sud-Est : Thaïlande, Chine, Laos, Cambodge, Vietnam, Indonésie et Birmanie.  L’UM2 est fortement impliquée dans l’Université des Sciences et Technologies de Hanoï, au Vietnam, pour aider le pays à créer une université et des laboratoires de recherche autonomes. L’UM2 est responsable de 2 masters et accueille des doctorants de l’USTH. C’est la seule université française à avoir mis en place, en étroite coopération avec l’IRD, un laboratoire mixte de recherche : le LMI- Rice, à la pointe de la recherche sur le riz.  L’Université accueille du 10 au 13 juin 2014 le colloque de l’ASAIHL, l'Association des institutions d'enseignement supérieur d'Asie du Sud-Est qui a pour mission de promouvoir l’enseignement supérieur et favoriser le développement de ses institutions. L'UM2 attend près de 200 collègues asiatiques dont une cinquantaine de présidents et vice-présidents d’établissement d’enseignement supérieur.  Un nouveau colloque scientifique franco- thaï a été initié par l’UM2. Il se déroulera tous les 2 ans alternativement en France et en Thaïlande. L’édition 2014 organisée par l’Université de Prince of Songkla prévoit plusieurs symposiums sur les thématiques de l’environnement et de la santé. L’édition 2016 sera organisée à Montpellier. UNE MOUSSON DE PROJETS EN COLLABORATION AVEC L’ASIE DU SUD-EST  Un cours de chinois avec les étudiants de Polytech © Institut Confucius
  • 18. 18 N°9 - 06.2014 Formation L ES ÉTUDIANTS du master « Sciences et procédés en alimentaire et environnement » sensibilisent le public sur l’importance du gaspillage et les solutions à mettre en œuvre en organisant un congrès qui réunit chercheurs et associations. 1,4 milliard d’hectares. C’est la surface de terres agricoles qui a servi à produire des denrées alimentaires directement passées à la poubelle sans même transi- ter par nos assiettes. Soit près d’1/3 des terres exploitées. Comment faire pour lut- ter contre ce gaspillage colossal qui repré- sente environ 400 euros par an pour une famille de 4 personnes ? Les étudiants du master SPAE ont pris la question à bras le corps en organisant le congrès « Gas- pillage maîtrisé, sous produits valorisés ». « Ce séminaire est organisé dans le cadre de l’unité d’enseignement "Réseaux pro- fessionnel et congrès annuel" », explique Stéphane Peyron, co-responsable du parcours de master. Objectif : organiser un colloque scientifique sur un thème d’actualité en relation avec l’agroalimen- taire et l’environnement. « Organiser ce colloque permet aux étudiants de mettre en application les outils de gestion de pro- jet appris en cours, mais aussi et surtout cela leur apprend les vertus du travail en équipe, leur montrant que si tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Prendre conscience de la force du collectif Et s’agissant d’aller loin, les étudiants n’ont pas démérité : du choix du thème à la consécration du congrès, ils ont as- suré toutes les étapes de travail. Pour- quoi avoir choisi de parler de gaspillage alimentaire  ? « C’est une préoccupation qui nous concerne tous, nous essayons vraiment de réfléchir à notre impact sur l’environnement », répond Jean Varale, président d’Envagrotech, l’association des étudiants du master SPAE. Un thème qui tombe bien en cette année euro- péenne de lutte contre le gaspillage. Une fois le thème validé avec les enseignants, le plus dur reste à faire : les étudiants ont quelques mois à peine pour finaliser tous les aspects du projet. « On se répartit en Du champ à l'assiette quelles solutions pour nos déchets ?  Les étudiants du master SPAE © Aline Périault
  • 19. 19 N°8 - 02.2014 plusieurs groupes : communication, logis- tique, financement et recherche d’interve- nants, chacun prend des responsabilités dans l’organisation », explique Marion No- becourt. « Ce projet nous montre l’intérêt de travailler tous ensemble et de la jouer collectif, précise Pierre Boutonnet, per- sonnellement c’est la meilleure chose que j’ai faite depuis de début de ma scolarité ». Un engagement et une dynamique de groupe qui leur a permis de monter un congrès regroupant des chercheurs spécialisés en valorisation des déchets alimentaires, mais qui a aussi donné la parole à d’autres représentants de la so- ciété civile et du monde associatif. « Ils ont ouvert leur thème au-delà des pro- blématiques scientifiques et techniques pour en aborder également les aspects socio-économiques », se réjouit Stéphane Peyron. Les chercheurs venus présenter par exemple les écosystèmes microbiens pour valoriser et recycler les déchets ont partagé la tribune avec l’association France Nature Environnement venue évo- quer les impacts environnementaux du gaspillage alimentaire, la Banque alimen- taire de l’Hérault venue expliquer com- ment lutter contre le gaspillage en récupé- rant les invendus de la grande distribution au profit des personnes démunies ou en- core l’association De mon assiette à votre planète qui se penche sur les méthodes à mettre en œuvre pour mieux manger et moins gaspiller en restauration collective. « Cette diversité des intervenants m’a fait réaliser que la lutte contre le gaspil- lage était non seulement un défi scienti- fique mais aussi une question politique, explique Pierre Boutonnet. On s’aperçoit de l’importance de sensibiliser le grand public à la question du gaspillage alimen- taire. » Une expérience pédagogique, scientifique et citoyenne Pour limiter le gaspillage alimentaire, de nombreuses solutions simples se des- sinent : apprendre aux enfants dans les cantines scolaires à ne se servir que ce qu’ils peuvent manger, donner des conseils pour mieux faire ses courses ou pour réutiliser les restes des repas ou en- core inciter les grandes surfaces à donner les aliments dont la date de péremption approche aux banques alimentaires. «  La banque alimentaire de l’Hérault a ainsi distribué 4 millions de repas en 2013 », précise Jean Varale. Une expérience dont les étudiants se réjouissent unanimement : « non seu- lement nous avons appris à travailler ensemble, mais ce projet nous apporte aussi un gros bonus dans notre formation et un gros plus sur notre CV, désormais nous pouvons dire : nous avons géré un projet de A à Z en étant autonomes et polyvalents ». Un bonus sur le CV mais aussi une belle expérience personnelle : « ça m’a sensibilisé à la question du gas- pillage dans ma vie quotidienne, en tant que citoyen  », confie Pierre Boutonnet. Des étudiants qui ne gaspillent ni leur temps, ni leur énergie.   19 N°9 - 06.2014
  • 20. 20 N°9 - 06.2014 Innovation À L’UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2, les drones sont en action pour réaliser le diagnostic thermique des bâtiments et favoriser les économies d’énergie. Un projet unique en France qui pourrait bien essaimer sur les autres campus. C’est un drôle d’engin qui plane au-des- sus du campus de l’Université Montpel- lier 2. Un petit bijou de technologie de 1,2 kilo bardé de capteurs qui vrombit doucement au-dessus de nos têtes. Sa mission : réaliser des images infrarouges des bâtiments du campus pour évaluer les déperditions de chaleur. Ce drone équipé d’une caméra infrarouge est uti- lisé par les étudiants pour réaliser le dia- gnostic thermique des bâtiments. Un projet unique en France né d’une étroite collaboration entre enseignants- chercheurs, étudiants et anciens étu- diants de l’UM2. Le drone est en effet entièrement conçu par la jeune start-up Cyléone créée en 2012 par deux anciens étudiants. « Nous assurons toute l’infras- tructure technique du drone, du paramé- trage du système de navigation au déve- loppement de la chaîne de propulsion en passant par la chaîne de transmission des données », explique Guillaume Bo- guszewski, co-fondateur de la start-up et ancien étudiant de l’Institut d’Électro- nique du Sud. Un développement qui a soulevé de véritables défis technolo- giques : il a notamment fallu concevoir et alléger au maximum la caméra em- barquée pour optimiser l’autonomie du drone. Au total 2 ans auront été néces- saires pour développer cette technologie innovante qui fonctionne aujourd’hui par- faitement. Des défis technologiques relevés haut la main Pour accompagner le développement technique, le jeune entrepreneur accueille des étudiants de la Faculté des sciences, de l’Institut d’Administration des Entre- prises et de Polytech Montpellier. Aux commandes du drone, on retrouve Mathieu Héraud, un des nombreux étudiants de Polytech impliqués dans l'aventure. « J’ai passé un brevet spécial pour pouvoir piloter le drone », souligne l’étudiant ingénieur en microélectronique et automatique. « Les drones doivent respecter de fortes contraintes légales, précise Guillaume Boguszewski, ils sont homologués par la Direction générale de l’aviation civile, c’est une procédure indispensable pour pouvoir voler ». Et pour étudier l’intérêt de cette technologie pour l’environnement, Cyléone compte sur Elisabeth Vas, en master 2 Sciences et technologies de l’information et de la communication pour l’écologie. « J’étudie entre autres l'utilisation du vol des drones pour le recensement de populations d’oi- seaux ». Au total ce sont 15 étudiants de différentes filières de l’UM2 qui ont tra- vaillé sur tous les aspects de ce projet. Un dronepour sensibiliser aux économies d’énergie  Mathieu Héraud pilote le drone © Aline Périault
  • 21. 21 N°9 - 06.2014 Moins cher, plus efficace et plus écologique Cette technologique innovante a séduit Olivier Thaler, enseignant-chercheur res- ponsable du master Ingénierie en écolo- gie et en gestion de la biodiversité. « Ce drone équipé d’une caméra infrarouge, c’est la solution idéale pour établir le diagnostic thermique de grands bâti- ments », souligne l’enseignant. Le drone représente une alternative moins chère, plus efficace et plus écologique aux mé- thodes habituelles que sont le camion à bras articulé ou l’hélicoptère. Avec ses étudiants des masters Énergie et Ingénierie en écologie et gestion de la biodiversité, il utilise le drone de Cyléone pour évaluer les déperditions de chaleur ou de froid des bâtiments du campus. Baptisé « Climat drone », ce projet inno- vant avait remporté en 2012 deux prix lors du challenge national Green Tic Campus organisé par la fondation Fondaterra. Pour démontrer la faisabilité technique du procédé et évaluer sa plus-value par rapport aux technologies actuelles, les étudiants ont mis place une expérimen- tation sur le campus de l’Université Mont- pellier 2. « Nous avons réalisé le diagnos- tic thermique de différents bâtiments du campus pour comparer les déperditions d’énergie des bâtiments anciens ou réno- vés », explique Charlotte Seuillerot, étu- diante en master Énergie. Une expérience concluante : « nous avons montré que les bâtiments rénovés présentaient beau- coup moins de déperditions de chaleur », explique Jean-Christophe Jullians, égale- ment étudiant en master Énergie. En ana- lysant les images fournies par le drone, les étudiants ont calculé que la rénovation de ces vieux bâtiments permet une éco- nomie d’énergie d’environ 20 %. Réduire les gaz à effet de serre « Notre objectif c’est d’encourager la ré- novation des vieux bâtiments pour contri- buer à faire des économies d’énergies », souligne Damien Paquereau du master Énergie. « Ce projet est un excellent dis- positif de sensibilisation sur la question des déperditions énergétiques, complète Olivier Thaler. En montrant que les bâti- ments non rénovés perdent de la chaleur, on peut contribuer à la baisse des gaz à effet de serre, il y a un gros enjeu clima- tique ». Prochain objectif : communiquer auprès des autres universités pour leur proposer d’utiliser cette technologie sur leurs cam- pus. « On peut même envisager au-delà de proposer cette solution à destination des établissements publics gestionnaires de patrimoine bâti dans les années 1960 et qui ont besoin d’être rénovés », s’en- thousiasme Olivier Thaler. Les drones au service de l’environnement ont un bel avenir.   Un drone bardé de capteurs © Cyleone
  • 22. L' homme qui dessinait les arbres P OUR LA PREMIÈRE FOIS, le célèbre botaniste Francis Hallé expose ses dessins au grand public. Franchissez les portes de la bibliothèque universitaire et laissez-vous emporter au cœur du monde végétal par ces œuvres à la frontière entre la science et l’art. Des heures, des jours, une vie passée dans les forêts, sous les arbres ou dans les arbres, à observer les plantes et à les dessiner. Et pourtant au départ, Francis Hallé était plutôt attiré par les animaux. Jusqu’à ce jour où il découvre une petite plante en train de pousser dans un pot de terre laissé à l’abandon sur son balcon, en plein cœur de Paris. « Je l’ai regardée grandir, fleurir, puis mourir. L’année sui- vante j’ai découvert des petites plantes dans tous les pots autour : elle s’était reproduite, sans que personne ne s’en soit jamais occupé ». Une révélation pour l’étudiant d’alors : « j’ai compris que les plantes m’intéres- saient infiniment plus que les animaux ». Le botaniste en herbe est fasciné par l’ab- sence de repère humain dans ce monde végétal qui n’a « ni queue ni tête », une vie si incroyablement différente de nous et de toutes les espèces animales. Ce qui lui plaît justement, c’est que les plantes, ce n’est pas nous. Cette altérité nourrit une passion sans limite : Francis Hallé deviendra botaniste. « Dessiner c’est voir et voir c’est savoir » Un botaniste mondialement reconnu pour ses travaux sur les forêts équatoriales, ancien enseignant à l’Université Mont- pellier 2, chercheur engagé contre la déforestation, auteur de nombreux livres, inspirateur et vedette du film « Il était une forêt » et l’un des inventeurs du fameux radeau des cimes, qui a ouvert un nouvel univers aux chercheurs en leur permettant d’explorer la canopée, cet étage supérieur de la forêt primaire équatoriale, sommet incontesté de la diversité biologique mon- diale . Ses rencontres avec les arbres, les plantes, il les immortalise par le dessin. « C’est juste indispensable pour tous les botanistes, rien ne remplace le dessin que l’on peut faire d’une plante, c’est le seul moyen d’apprendre à mieux la connaître » souligne le botaniste. Une approche qua- si-architecturale qui se réclame de Viollet- le-duc pour qui « dessiner, c’est voir et voir c’est savoir » ou d’Ingres qui déclarait « ce que je n’ai pas dessiné, je ne le connais pas ». Et les plantes, Francis Hallé les connaît. En témoignent ces centaines de car- nets de terrain et tout autant de dessins accumulés au fil d’une carrière hors du commun. La série de dessins exposés à la bibliothèque universitaire de l’UM2, choisis et rassemblés avec l'aide d'Hélène Morzadec, organisatrice de l’exposition, offrent une promenade unique au cœur de cet univers végétal. Avec Francis Hallé comme guide, laissez-vous emporter à la découverte de cette altérité.  22 N°9 - 06.2014  Le Moabi  La rhubarbe © Francis Hallé Evènement
  • 23. 23 N°9 - 06.2014 Publications Érosion de la biodiversité des poissons coralliens : la responsabilité de l’homme en question Une étude internationale, conduite par des chercheurs des laboratoires « Biocomplexité des écosystèmes coralliens de l’Indo-Pacifique » (IRD) et « Écologie des systèmes marins côtiers » (CNRS/IRD/ Universités Montpellier 1 et 2/Ifremer) révèle pour la première fois les effets des activités humaines sur la diversité des communautés de poissons coralliens du Pacifique Sud. Les scientifiques ont montré que la densité de population humaine avait un impact plus fort sur la diversité fonctionnelle et phylogénétique que sur la richesse en espèces. Au-delà de la perte d’espèces, l’homme réduit considérablement la diversité des fonctions assurées par les communautés de poissons ainsi que la richesse de leur histoire évolutive. …S. D’Agata, D. Mouillot, M. Kulbicki, S. Andrefouët, D. R. Bellwood, J. E. Cinner, P. F. Cowman, M. Kronen, S. Pinca, L. Vigliola. Human-Mediated Loss of Phylogenetic and Functional Diversity in Coral Reef Fishes, Current Biology, 2014. Première détection d’un champ magnétique à la surface d’une étoile de type Mira Une équipe internationale d’astronomes, dont des chercheurs du LUPM (CNRS/Université Montpellier 2) a détecté pour la première fois un champ magnétique à la surface d'une étoile de type Mira, l'étoile  Cygni, dans la constellation du Cygne. Ces résultats, obtenus avec des observations réalisées au Pic du Midi, démontrent pour la première fois l’existence de champs magnétiques à la surface de ces étoiles géantes pulsantes et apportent un éclairage nouveau sur l'importante perte de masse que connaissent ces étoiles en fin de vie. … A. Lèbre, M. Aurière, N. Fabas, D. Gillet, F. Herpin, R. Konstantinova-Antova and P. Petit, Search for Surface Magnetic Fields in Mira Stars First Detection in Cygni, Astronomy and Astrophysics, 01/2014 La plasticité du manteau terrestre enfin expliquée Des chercheurs français apportent une explication originale à la plasticité des roches du manteau en s'appuyant sur une équipe pluridisciplinaire composée de physiciens, géolo- gues et mécaniciens du solide. Ces recherches démontrent que la description de l'espace intergranulaire des roches n’est pas seulement basée sur une approche structurale, descrip- tive, mais qu'elle entre dans le champ de la mécanique des solides. Des défauts cristallins à l'échelle atomique aussi appelés désinclinaisons ont été vus pour la première fois dans les « joints » de grains d'olivine grâce au microscope électronique à balayage équipé d'un système de mesure de l'orientation des cristaux de l'Université Montpellier 2. Inspirant une approche novatrice de la plasticité des roches, ces observations ont permis de modéliser le comportement de ces joints face à une contrainte mécanique. …Cordier P., Demouchy, S., Beausir B., Taupin V., Barou F., & Fressengeas C. (2014) Disclinations provide the missing mechanism for deforming olivine-rich rocks in the mantle. Nature, 03/2014. Mondes marins : voyage insolite au cœur des océans Tout l’équilibre de notre planète repose sur les océans, qui recouvrent plus de 70 % de la surface de la Terre. Mais que sait-on vraiment de ce monde des profondeurs ? Si, en quelques années, les connaissances ont progressé, l’environnement marin et les interactions complexes qui régissent son fonctionnement restent mal connus. Évoquer les mondes marins, c’est aussi aborder la diversité des littoraux, qui abritent une multiplicité d’écosystèmes. C’est, enfin, raconter l’histoire de l’humanité, si intimement liée à celle des océans ; humanité qui se doit d’apprendre à les préserver et à en faire un usage raisonné. La recherche, située au carrefour de nombreuses questions écologiques, environnementales et sociales, se fait plus que jamais l’écho de ces enjeux. …Publié par le Cherche Midi, en partenariat avec le CNRS, ce livre grand public dévoile la richesse des océans à travers les sciences qui les explorent. Ouvrage collectif sous la direction de Bruno David, Catherine Ozouf-Costaz et Marc Troussellier, directeur du laboratoire Ecosym.
  • 24. Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE www.univ-montp2.fr @UMONTP2