2. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
1
SOMMAIRE
Introduction
.................................................................................................................................................
2
1.
Considérations
méthodologiques
............................................................................................................
3
1.1.
Objectifs
de
l’étude
..........................................................................................................................
3
1.2.
Méthodologie
utilisée
......................................................................................................................
3
1.3.
Précisions
lexicologiques
..................................................................................................................
4
2.
Acteurs
de
la
société
civile
et
partenaires
techniques
et
financiers
dans
une
Tunisie
en
transition
.......
5
2.1.
La
société
civile
dans
la
Tunisie
postrévolutionnaire
:
de
nouveaux
défis
pour
une
nouvelle
ambition
..................................................................................................................................................
5
2.2.
Les
partenaires
techniques
et
financiers,
un
acteur
depuis
longtemps
présent
mais
devenu
plus
visible
au
lendemain
de
la
Révolution
du
14
janvier
2011
......................................................................
8
3.
Evaluation
qualitative
des
relations
entre
organisations
de
la
société
civile
tunisienne
et
partenaires
techniques
et
financiers
............................................................................................................................
11
3.1.
Les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
au
cours
de
l’élaboration
des
stratégies
et
de
la
planification
des
actions
...............................................
11
3.2.
Les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
dans
l’exécution
des
programmes
et
des
activités
........................................................................................
14
3.3.
Les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
dans
la
phase
d’évaluation
des
programmes
et
des
activités
.......................................................................
17
3.4.
Diagnostic
d’une
composante
transversale
:
l’état
de
la
communication
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
les
organisations
de
la
société
civile
..........................................................
19
4.
Recommandations
en
vue
de
l’amélioration
des
relations
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers
en
Tunisie
...................................................................................
22
4.1.
Assurer
une
coordination
efficace
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
.......................
22
4.2.
Légitimer
et
améliorer
l’élaboration
des
stratégies
des
partenaires
techniques
et
financiers
......
23
4.3.
Assurer
un
traitement
équitable,
adapté
et
efficace
en
faveur
des
associations
..........................
24
4.4.
Améliorer
le
processus
d’exécution
des
activités
..........................................................................
24
4.5.
Inscrire
le
processus
d’évaluation
dans
une
logique
de
partenariat
..............................................
25
4.6.
Instaurer
un
climat
de
transparence
et
de
confiance
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers
grâce
à
une
meilleure
communication
.................................
26
3. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
2
Introduction
Dès
les
premiers
lendemains
de
la
Révolution
du
14
janvier
2011,
la
présence
et
l’activité
des
partenaires
techniques
et
financiers
en
Tunisie
ont
connu
une
évolution
substantielle.
D’une
part,
les
différentes
agences
de
coopération
et
bailleurs
de
fonds
internationaux
déjà
installés
dans
le
pays
ont
été
rapidement
amenés
à
reformuler
leurs
stratégies
après
les
événements
qui
ont
conduit
au
départ
du
président
déchu
Ben
Ali,
afin
de
soutenir
les
associations
dans
leurs
premières
expériences
dans
différents
domaines
;
d’autre
part,
des
organisations
internationales
n’ayant
pas
encore
de
filiales
en
Tunisie
y
ont
installé
leurs
bureaux,
nationaux
ou
régionaux,
pour
accompagner
un
processus
médiatisé
à
l’échelle
mondiale.
De
son
côté,
la
société
civile
a
effectué
sa
propre
révolution,
en
se
débarrassant
de
la
l’emprise
étatique
et
en
ambitionnant
de
gagner
l’indépendance
et
l’autonomie
qui
lui
permettront
d’être
un
acteur
à
part
entière
dans
la
construction
d’une
Tunisie
nouvelle
et
démocratique.
Elle
a
pu,
dans
cette
perspective,
compter
sur
l’appui
des
partenaires
techniques
et
financiers
pour
renforcer
ses
capacités,
se
familiariser
avec
la
gestion
des
projets
et
conduire
des
activités
qui
ont
couvert
un
large
champ
de
thématiques,
parmi
lesquelles
on
trouve,
de
manière
fort
logique,
celles
relatives
à
la
citoyenneté,
à
la
promotion
de
la
démocratie
et
de
l’Etat
de
droit
et
celles
relatives
au
développement
régional.
Très
tôt
en
réalité,
plusieurs
questions
se
sont
posées,
face
à
l’importance
des
fonds
disponibles
et
mobilisés
:
les
partenaires
techniques
et
financiers
vont-‐ils
remplacer
l’Etat
et
ses
collectivités
locales
dans
l’assistance
aux
associations
?
Les
thématiques
choisies
pour
être
financées
sont-‐elles
élaborées
de
manière
concertée
et
répondent-‐elles
aux
aspirations
réelles
et
concrètes
de
la
société
civile
tunisienne
?
Les
partenaires
techniques
et
financiers
coordonnent-‐ils,
entre
eux,
leurs
appuis
aux
associations
tunisiennes
?
Dans
ce
contexte,
et
à
l’heure
où
la
force
de
la
société
civile
cherche
à
s’affirmer,
où
sa
voix
tente
de
se
faire
forte,
et
où
l’Etat
développe,
de
son
côté,
des
stratégies
et
des
outils
de
participation
citoyenne
(souvent
d’ailleurs
en
coopération
avec
les
structures
internationales
d’appui),
comment
concevoir
une
nouvelle
relation
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
les
associations,
basée
davantage
sur
la
coopération
et
le
partenariat
que
sur
un
paradigme
entre
assistants
et
bénéficiaires
?
C’est
à
cette
interrogation
que
le
présent
travail
tente
de
répondre,
en
présentant
d’abord
et
de
manière
succincte
le
développement
et
les
champs
d’intervention
des
deux
acteurs,
et
en
s’attelant
ensuite
à
étudier
les
relations
entre
les
deux
parties
tout
au
long
du
cycle
d’intervention
des
partenaires
techniques
et
financiers,
de
l’élaboration
de
leurs
stratégies
jusqu’à
l’évaluation
des
activités
conduites
par
les
associations
soutenues,
en
passant
par
les
étapes
d’exécution
et
de
suivi
des
projets.
La
communication
entre
les
bailleurs
de
fonds
et
les
organisations
de
la
société
civile,
thématique
transversale,
a
en
outre
été
considérée
comme
assez
importante,
et
par
les
acteurs
eux-‐mêmes,
pour
qu’une
section
du
document
lui
soit
spécifiquement
consacrée.
A
partir
du
diagnostic
réalisé
et
de
l’analyse
des
informations
récoltées,
une
série
de
recommandations
ont
été
formulées
afin
d’envisager
et
d’identifier
les
moyens
à
mettre
en
oeuvre
en
vue
d’améliorer
les
relations
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers,
avec
pour
objectif
affiché
de
passer
d’une
logique
d’assistance
à
une
logique
de
partenariat.
4. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
3
1. Considérations méthodologiques
1.1.
Objectifs
de
l’étude
L’étude
s’inscrit
dans
un
objectif
global
de
contribution
à
l’amélioration
des
relations
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
les
organisations
de
la
société
civile
tunisienne.
Elle
s’inscrit
dans
le
cadre
du
Programme
d’Appui
à
la
Société
Civile
en
Tunisie
(PASC),
financé
par
l’Union
européenne
et
mis
en
place
en
collaboration
avec
le
Gouvernement
tunisien.
De
manière
plus
spécifique,
l’étude
se
propose
d'identifier
les
difficultés
rencontrées
dans
les
relations
entre
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers,
ainsi
que
de
considérer
le
niveau
et
le
degré
de
participation
de
la
société
civile
à
chaque
étape
du
cycle
d’intervention
de
ces
derniers
(élaboration
des
stratégies,
formulation
des
appels
à
propositions,
exécution
des
actions,
suivi
et
évaluation).
Ce
diagnostic
servira
de
base
pour
proposer
les
recommandations
jugées
pertinentes
en
vue
de
construire
une
nouvelle
relation
de
partenariat
entre
les
deux
parties
prenantes.
1.2.
Méthodologie
utilisée
L’étude,
dont
les
résultats
sont
présentés
dans
le
présent
document,
est
une
étude
qualitative
basée
essentiellement
sur
les
pratiques
constatées
sur
le
terrain.
Dans
le
cadre
de
ce
travail,
d’une
durée
totale
de
huit
mois,
l’orientation
choisie
a
conduit
l’équipe
à
adopter
une
méthodologie
s’appuyant
sur
des
outils
de
récolte
de
l’information
et
d’analyse
complémentaires,
et
prenant
soin
d’associer,
dans
la
mesure
la
plus
large,
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
la
société
civile
opérant
à
l’échelle
locale,
régionale
et
nationale
:
- La
recherche
documentaire
a
permis
de
prendre
connaissance
des
études
réalisées
dans
le
domaine
des
interventions
des
partenaires
techniques
et
financiers
et
des
mécanismes
qui
peuvent,
en
fonction
des
pays
et
des
contextes,
régir
les
relations
entre
ces
derniers
et
les
organisations
de
la
société
civile
;
- Les
questionnaires,
élaborés
sur
la
base
de
la
recherche
documentaire,
ont
servi
à
collecter
les
opinions
et
les
avis
de
165
organisations
de
la
société
civile
dans
les
24
gouvernorats
du
pays,
sur
des
aspects
précis
qui
touchent
principalement
aux
questions
de
communication
entre
les
deux
acteurs;
- Les
entretiens
de
terrain,
menés
à
Tunis
et
dans
les
régions,
tant
dans
les
chefs-‐lieux
que
dans
les
zones
péri-‐urbaines
et
rurales,
ont
aidé
à
infirmer
ou
confirmer
les
résultats
des
questionnaires,
à
approfondir
le
diagnostic
préétabli
et
à
prendre
en
compte
les
recommandations
issues
du
terrain.
112
entretiensa
ont
été
conduits
de
manière
semi-‐directiveb
pour
laisser
aux
personnes
interviewées
une
plus
grande
marge
d’expression.
Ces
entretiens
ont
été
réalisés
dans
14
gouvernoratsc,
choisis
de
manière
à
assurer
un
équilibre
entre
les
régions
côtières
et
les
régions
de
l’intérieur
et
1 Parmi lesquels 44 partenaires techniques et financiers, 65 représentants d’associations et 3 experts de la société
civile tunisienne.
2 « L’entretien semi-directif est une technique qualitative fréquemment utilisée. Il permet de centrer le discours des
personnes interrogées autour de différents thèmes définis au préalable par les enquêteurs et consignés dans un guide
d’entretiens » in Euréval, Réaliser un entretien semi-directif
3 Ariana, Béja, Bizerte, Gabès, Gafsa, Kairouan, Kasserine, Le Kef, Médenine, Sfax, Sousse, Tozeur et Tunis.
5. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
de
prendre
en
compte
la
diversité
des
enjeux
qui
occupent
chaque
grand
espace
régional
du
territoire.
4
- L’atelier
de
réflexionda
permis,
enfin,
de
présenter
aux18
participants,
issus
des
partenaires
techniques
et
financiers
et
de
la
sphère
associative,
les
analyses
et
les
recommandations
réalisées
par
l’équipe
en
charge
de
la
mission
et
de
recueillir
leurs
avis
et
leurs
préconisations
en
vue
de
consolider
la
qualité
de
l’étude.
Ce
travail
a
amené
l’équipe
à
intervenir
sur
l’ensemble
du
territoire
tunisien,
à
l’échelle
locale,
régionale
et
nationale
et
dans
les
zones
rurales,
péri-‐urbaines
et
urbaines.
Au
total,
230
associations,
44partenaires
techniques
et
financiers
et
3
experts
ont
été
consultés.
1.3.
Précisions
lexicologiques
L’étude
vise
à
contribuer
à
l’amélioration
des
relations
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers.
A
cet
égard,
la
notion
de
société
civile
est
susceptible
de
recevoir
des
définitions
différentes,
qui
varient
d’un
pays
à
l’autre,
voire
d’une
initiative
à
l’autre.
A
titre
d’exemple,
la
communication
2012/492
de
la
Commission
européenne
définit
les
organisations
de
la
société
civile
comme
«
toutes
les
structures
non
étatiques,
à
but
non
lucratif,
non
partisanes
et
non
violentes,
dans
le
cadre
desquelles
des
personnes
s'organisent
pour
poursuivre
des
objectifs
et
des
idéaux
communs,
qu'ils
soient
politiques,
culturels,
sociaux
ou
économiques.
Agissant
à
l'échelon
local,
national,
régional
ou
international,
elles
comprennent
des
organisations
urbaines
et
rurales,
formelles
et
informelles
»e.
Dans
le
cadre
du
présent
travail,
et
dans
un
souci
d’offrir
une
vision
à
la
fois
compréhensible
et
globale,
il
a
été
choisi
de
définir
la
société
civile
comme
l’ensemble
des
associations
soumises
au
décret-‐loi
n°88-‐2011
régissant
les
associations,
à
l’exclusion
des
organisations
de
la
société
civile
qui
sont
soumises
à
un
régime
spécial,
telles
que
les
associations
sportives,
les
associations
de
micro-‐crédit,
les
associations
de
chasseurs
ou
certaines
associations
professionnelles.
Les
associations
de
fait,
les
groupements
informels
de
citoyens,
les
syndicats
et
les
organisations
du
secteur
privé
ne
sont
pas,
non
plus,
entendus
comme
faisant
partie
de
la
société
civile
dans
le
cadre
de
l’étude.
En
ce
qui
concerne
les
partenaires
techniques
et
financiers,
il
a
été
décidé
d’opter
pour
la
définition
aux
termes
de
laquelle
les
Partenaires
techniques
et
financiers
(PTF)
désignent
à
la
fois
:
- les
organismes
multilatéraux
de
développement
;
- les
coopérations
bilatérales
;
- les
agences
spécialisées
des
Nations
Unies
;
- les
fondations
privées
;
- et
les
organisations
non
gouvernementales
internationales
et
régionales.
4 L’atelier de réflexion s’est déroulé à Tunis le 23 janvier 2014 et a réuni des partenaires techniques et financiers et
des organisations de la société civile.
5Communication 2012/492 « Les racines de la démocratie et du développement durable: l'engagement de l'Europe
avec la société civile dans le domaine des relations extérieures ». Disponible sur : http://eur-lex.
europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2012:0492:FIN:FR:PDF
6. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
2. Acteurs de la société civile et partenaires techniques et
financiers dans une Tunisie en transition
2.1.
La
société
civile
dans
la
Tunisie
postrévolutionnaire
:
de
nouveaux
défis
pour
une
nouvelle
ambition
Le
paysage
relatif
à
la
société
civile
tunisienne
a
connu
des
5
changements
substantiels
suite
à
la
Révolution
du
14
janvier
2011.
Sur
le
plan
quantitatif,
plus
de
6.000
nouvelles
associationsf
ont
vu
le
jour
au
cours
de
ces
trois
dernières
années,
qui
sont
venues
s’ajouter
aux9115
associations
dénombrées
à
la
veille
de
la
Révolutiong.
Ce
constat
mérite
néanmoins
d’être
précisé,
sous
l’influence
de
mouvements
concomitants
:
d’abord,
bon
nombre
d’associations
que
l’on
qualifie
souvent
–au
risque
d’être
approximatifs-‐
d’associations
de
l’ancien
régime
ont,
dans
une
mesure
qui
est
difficilement
mesurable,
disparu,
parfois
sous
la
pression
populaire
car
assimilées
–à
tort
ou
à
raison-‐
à
la
dictature
et
souvent
parce
que
certaines
d’entre
elles
ne
constituaient
que
des
coquilles
créées
à
des
fins
de
contrôle
ou
de
propagande
au
bénéfice
des
autorités
locales
ou
nationales
en
place;
ensuite,
les
nouvelles
organisations
de
la
société
civile,
dont
la
mise
en
place
a
eu
lieu
dans
une
ambiance
d’enthousiasme
populaire,
n’ont
pas
toutes
«
survécu
»
face
aux
obstacles
devant
lesquels
elles
ont
pu
se
trouver
et
devant
les
exigences
minimales,
en
termes
d’expérience
et
de
professionnalisme,
nécessaires
à
la
conduite
du
travail
associatif.
Enfin,
il
est
à
noter
qu’une
part
non
négligeable
des
membres
ayant
milité
au
sein
des
structures
associatives
dissidentes
sous
l’ancien
régime,
et
qui
l’avaient
fait
à
défaut
de
pouvoir
s’engager
de
manière
ostensible
au
sein
des
partis
politiques
d’opposition,
ont
finalement
migré
ou
réintégré
le
champ
politique
pour
défendre
leurs
causes
et
leurs
idéaux
originels.
Aujourd’hui,
si
la
base
de
données
d’IFEDA
(centre
d’Information,
de
Formation,
d’Etudes
et
de
Documentation
sur
les
Associations)
recense
près
de
16000
organisations
de
la
société
civile,
il
demeure
difficile
de
connaître
le
nombre
exact
d’associations
actives,
ou
du
moins
le
nombre
d’associations
n’ayant
pas
abandonné
leurs
activités.
Les
témoignages
recueillis
sur
le
terrain,
à
la
fois
auprès
des
acteurs
étatiques
compétents
et
des
experts
et
observateurs
travaillant
dans
le
domaine
font
état
de
moins
de
5.000associations
existantes,
bien
que
ce
chiffre
soit
lui-‐même
impossible
à
vérifier.
Sur
le
plan
qualitatif,
c’est
le
statut
et
les
domaines
d’intervention
des
organisations
de
la
société
civile
qui
ont
également
connu
une
révolution.
Au
regard
du
statut,
outre
le
décret-‐loi
n°88-‐2011
qui
a
consacré
pleinement
le
principe
de
la
liberté
associative
et
régi
le
fonctionnement
des
associations,
c’est
un
nouvel
état
d’esprit
qui
anime
à
présent
les
représentants
de
la
société
civile
tunisienne
:
désormais
libres,
ceux-‐ci
envisagent
de
manière
nouvelle
leur
rôle
dans
le
champ
public,
avec
l’ambition
d’oeuvrer
de
manière
active
à
la
construction
de
la
démocratie
et
de
l’Etat
de
droit,
en
étant
–
selon
le
point
de
vue
des
acteurs
eux-‐mêmes-‐
un
partenaire
de
l’Etat,
voire
un
organe
de
contrôle
de
ce
dernier.
6 6869 associations créées entre 2011 et aujourd’hui, à savoir : 2103 associations en 2011 ; 3057 associations en
2012 ; 1659 associations en 2013 ; 50 associations au mois de janvier 2014 (informations fournies par le centre
IFEDA (centre d’Information, de Formation, d’Etudes et de Documentation sur les Associations))
7Idem.
7. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Dans
cette
perspective,
ce
sont
les
nouveaux
domaines
d’intervention
de
la
société
civile
qui
ont
illustré
l’émergence
de
nouveaux
rôles
pour
les
associations.
Après
avoir
longtemps
été
des
délégataires
de
services
publics
au
profit
de
l’Etat,
les
organisations
de
la
société
civile
se
sont
émancipées
pour
conquérir
de
nouveaux
champs
d’action
qu’elles
conduisent
sans
le
soutien
de
l’Etat
ou
du
moins
sans
que
ce
dernier
soit
l’initiateur
des
programmes
ou
des
activités
des
associations.
Il
est
à
cet
égard
intéressant
de
comparer
–sous
réserve
de
l’abandon
de
la
classification
des
associations
opérée
par
le
décret-‐loi
n°88-‐2011-‐
les
domaines
dans
lesquels
oeuvraient
les
organisations
de
la
société
civile
avant
la
Révolution
et
celles
dans
lesquelles
elles
se
sont
impliquées
au
lendemain
de
celle-‐cih
:
Répartition
des
associations
par
catégorie
sous
l'ancien
régime
66%
7%
14%
6%
1%
6%
0%
Artistiques
et
culturelles
(6005)
Sportives
(1281)
Développement
(602)
Amicales
(579)
ScientiBiques
(495)
Générales
(129)
Féminines
(24)
Domaines
d'intervention
des
associations
après
le
14
janvier
2011
10,80%
47,40%
44,60%
43%
40,20%
35,30%
34,50%
32,90%
31,30%
30,50%
29,30%
24,90%
22,10%
20,90%
19,30%
Lutte
contre
la
pauvreté
Education
/
Formation
Développement
Jeunesse
Arts
et
culture
Droits
humains
Santé
Emploi
/
Travail
Droits
des
enfants
Développement
rural
Démocratie
Droits
de
la
Femme
Environnement
Autres
Médias
Si
les
domaines
d’intervention
des
associations
ont
sans
doute
évolué
et
se
sont
diversifiés
depuis
2012,
l’examen
de
la
situation
sur
le
terrain
montre
que
deux
thèmes
majeurs
ont
en
réalité
occupé
l’attention
de
la
société
civile
tunisienne
au
cours
de
la
période
de
transition
:
la
6
citoyenneté
et
l’Etat
de
droit
d’une
part,
et
le
développement
régional
d’autre
part.
Il
s’agit
au
demeurant
d’une
réponse
logique
aux
aspirations
des
citoyennes
et
des
citoyens
affichées
pendant
les
évènements
qui
se
sont
déroulés
du
17
décembre
2010
au
14
janvier
2014
(mais
8« La gouvernance participative en Tunisie : améliorer la prestation des services publics à travers des partenariats
État/citoyen », Banque Africaine de Développement.
8. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
qui
ont
en
réalité
été
l’aboutissement
de
luttes
bien
plus
anciennes),
et
qui
ont
porté
à
la
fois
sur
la
démocratie
et
les
droits
humains
et
sur
le
développement
régional
et
l’équité
entre
les
territoires
du
pays.
Dans
les
faits,
si
les
associations
tunisiennes
sont
portées
par
un
souffle
nouveau
qui
les
pousse
au
dynamisme,
les
bases
d’une
société
civile
solide
et
efficace
ne
sont
toujours
pas
7
totalement
réunies.
Le
défi
le
plus
important
identifié
par
les
associations
est
le
manque
de
financement.
En
réalité,
si
les
associations
rencontrent
globalement
cette
difficulté,
il
convient
néanmoins
de
souligner
le
fossé
qui
sépare
une
minorité
d’associations
disposant
de
l’organisation,
de
l’expertise
et
des
fonds
nécessaires
pour
mener
leurs
activités,
et
une
majorité
d’associations
éprouvant
le
plus
grand
mal
à
satisfaire
leurs
besoins
de
base.
A
ce
titre,
il
est
éloquent
de
constater
que
le
budget
annuel
des
associations
peut,
dans
certains
cas,
se
limiter
à
quelques
dizaines
de
dinars
et
dépasser,
dans
d’autres,
les
500.000
dinars,
indiquant
ainsi
un
déséquilibre
criant
au
terme
duquel
un
petit
nombre
d’associations
dispose
de
ressources
très
élevées
alors
que
la
grande
majorité
d’entre
elles
se
partage
un
volume
modeste
de
fonds.
Le
faible
niveau
de
mobilisation
citoyenne
par
les
associations
est
une
autre
lacune
fondamentale
de
la
société
civile
tunisienne
actuelle.
Les
problèmes
de
leadership
causent
de
graves
difficultés
aux
associations,
qui
peinent
à
assurer
leur
légitimité
et
la
représentativité
des
bénéficiaires
sur
le
terrain.
De
la
même
manière,
les
associations
souffrent
de
leur
manque
de
capacités
à
s’organiser
et
à
construire
des
réseaux
solides
et
durables
qui
leur
permettraient
de
mieux
faire
entendre
leur
voix.
A
côté
de
la
fragilité
qui
caractérise
encore
la
sphère
associative
tunisienne,
un
autre
phénomène
inquiète
à
la
fois
acteurs
et
observateurs
:
la
politisation
de
la
société
civile.
Sur
le
terrain,
une
partie
non
négligeable
des
associations
reproduit
et
prolonge
les
batailles
idéologiques
qui
clivent
les
partis
politiques.
De
manière
plus
nette,
un
certain
nombre
d’associations
agissent
comme
les
statellites
informelsdes
partis
politiques,
intervenant
dans
des
secteurs
considérés
comme
clefs
par
ces
derniers,
avec
pour
objectif
de
toucher
des
électeurs
potentiels,
dans
une
Tunisie
où
l’habitude
n’est
pas
encore
de
voter
pour
des
programmes
et
où
le
clientélisme
est
encore
présent.
Les
domaines
d’intervention
concernent
principalement
l’action
sociale
et
la
solidarité,
mais
touchent
également
l’éducation
et
la
culture.
Enfin,
et
trois
ans
après
la
Révolution,
les
organisations
de
la
société
civile
éprouvent
encore
quelques
difficultés
en
termes
de
capacités
techniques.
Au
manque
de
maitrise
des
enjeux
de
fond
liés
aux
thématiques
qui
les
intéressent,
les
associations
accusent
des
faiblesses
en
termes
de
gestion,
de
gouvernance
et
de
compétence,
ce
qui
peut
s’expliquer
par
le
manque
d’expérience
d’une
société
civile
encore
jeune
et
non
développée.
Le
tableau
qui
suit,
fruit
d’une
étude
réalisée
en
2012
par
la
Banque
Africaine
de
Développementi,
donne
un
aperçu
des
capacités
des
organisations
de
la
société
civile,
dont
l’évaluation
a
été
faite
par
les
associations
elles-‐mêmes.
On
y
constate
que
les
difficultés
concernent
principalement
la
gestion,
en
particulier
financière,
mais
également
les
compétences
du
personnel
et
les
aptitudes
à
la
médiation
et
au
plaidoyer.
9Idem.
9. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
8
Auto-évaluation par les associations de leurs capacités
0
20
40
60
80
100
Management
Management financier
Aptitudes à la médiation
Aptitudes au plaidoyer
Compétences du personnel
Accès Internet
Pour
conclure,
il
convient
de
souligner
qu’en
dépit
des
nombreuses
études
conduites,
l’état
des
connaissances
relatives
à
la
société
civile
est
encore
superficiel
en
l’absence
à
la
fois
d’une
base
de
données
des
associations
agissant
sur
l’ensemble
du
territoire,
et
surtout
d’une
actualisation
régulière
du
nombre
d’associations
et
des
activités
qu’elles
conduisent.
Ces
éléments
permettraient
de
disposer
d’images
en
temps
réel
ou
légèrement
différé
de
la
scène
associative
et
d’entrevoir
ainsi
et
de
manière
précise
les
développements
relatifs
aux
associations,
afin
de
mieux
les
accompagner
et
corriger
les
dysfonctionnements
identifiés.
2.2.
Les
partenaires
techniques
et
financiers,
un
acteur
depuis
longtemps
présent
mais
devenu
plus
visible
au
lendemain
de
la
Révolution
du
14
janvier
2011
Les
partenaires
techniques
et
financiers
se
sont
placé,
avant
la
révolution,
aux
côtés
des
acteurs
étatiques,
et
dans
une
mesure
plus
relative
aux
côtés
des
organisations
de
la
société
civile,
pour
soutenir
la
Tunisie,
dans
des
domaines
divers
et
variés.
Cependant,
ce
soutien
avait
tendance
à
couvrir
davantage
des
thématiques
liées
à
l’économie
solidaire,
à
la
sauvegarde
du
patrimoine
et
à
l’environnement
qu’à
celles
concernant
la
démocratie,
la
liberté
d’expression
et
l’Etat
de
droit.
Les
quelques
partenaires
techniques
et
financiers
qui
entreprenaient
de
s’investir
dans
ces
domaines
rencontraient
les
plus
graves
difficultés
à
le
faire,
face
à
l’acharnement
de
l’ancien
régime
contre
les
associations
travaillant
sur
les
questions
de
démocratie
et
de
droits
humains.
Le
plus
souvent
donc,
cet
appui
prenait
des
voies
informelles
et
s’opérait
de
manière
discrète.
Au
lendemain
de
la
Révolution,
c’est
un
changement
radical
qui
s’est
produit
pour
les
partenaires
techniques
et
financiers,
notamment
grâce
au
décret-‐loi
n°88-‐2011
qui
permet,
Aptitudes au réseautage
Très Bien
Bien
Limité
Faible
10. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
sous
certaines
réserves,
aux
associations
de
bénéficier
librement
et
en
contrepartie
d’une
simple
déclaration
dans
ce
sens,
des
financements
des
bailleurs
de
fonds.
Pendant
au
moins
deux
années,
une
profusion
d’opportunités
de
soutiens
à
la
société
civile
a
vu
le
jour,
soit
par
le
biais
de
formations
et
de
conférences,
soit
par
des
appuis
à
des
projets,
menés
sur
l’ensemble
du
territoire
du
pays.
En
l’absence
de
coordination
entre
les
9
partenaires
techniques
et
financiers,
il
n’est
pas
possible
aujourd’hui
de
fournir
un
chiffre
précis
sur
les
sommes
qui
ont
été
mises
en
oeuvre
par
l’ensemble
des
acteurs,
mais
l’examen
de
la
situation
sur
le
terrain
conduit
à
en
mesurer
l’envergure,
bien
que
celui-‐ci
donne
le
sentiment
que
l’appui
s’amenuise
au
fur
et
à
mesure
du
temps.
Ce
soutien
a
pris,
en
fonction
des
mandats
et
des
priorités
déterminés
par
chaque
acteur,
des
formes
différentesj
:
- Il
est
d’abord
possible
d’opérer
une
distinction,
dans
les
modalités
d’appui,
entre
les
interventions
directes
ou
indirectes
des
partenaires
techniques
et
financiers
:
certains
partenaires
soutiennent
directement
les
associations
tunisiennes,
alors
que
d’autres
les
appuient
indirectement,
à
travers
des
organisations
intermédiaires
ou
en
fournissant
des
fonds
à
différentes
agences
des
Nations
Unies
pour
la
mise
en
place
de
leurs
projets
;
- Tout
comme
les
modalités
d’intervention,
la
dimension
géographique
des
approches
varie
en
fonction
des
acteurs.
Certains
partenaires
techniques
et
financiers
s’inscrivent
dans
une
stratégie
régionale
(Moyen
orient
et
Afrique
du
Nord)
:tel
est
le
cas
du
programme
MEPI
(Middle
East
Partnership,
Etats-‐Unis),
du
programme
régional
dano-‐
arabe,
de
l’APPF
(Arab
Partnership
Participation
Fund,
Grande
Bretagne)
et
de
l’ANSA
(Affiliated
Networks
of
Social
Accountability,
Banque
mondiale).
Cependant,
d’autres
intervenants,
comme
le
Programme
des
Nations
Unies
pour
le
Développement
(PNUD),
penchent
pour
une
approche
nationale
;
- Au
regard
des
instruments
et
des
outils
utilisés,
chaque
partenaire
dispose
de
ses
propres
mesures.
Ces
interventions
peuvent
avoir
des
objectifs
et
des
objets
différents
:
certaines
sont
destinées
à
renforcer
les
capacités
de
la
société
civile
–en
termes
de
gestion
de
projets,
d’élaboration
de
stratégies,
de
plaidoyer-‐,
d’autres
à
mettre
en
oeuvre
des
projets
de
terrain,
soit
dans
des
domaines
sectoriels,
soit
dans
des
thématiques
qui
peuvent
toucher
à
l’accès
à
l’information,
à
la
gouvernance
participative
ou
encore
à
l’évaluation
des
politiques
publiques
;
- Il
convient
ici
de
signaler
le
rôle
important
qu’ont
pu
jouer
les
partenaires
techniques
et
financiers
au
cours
de
la
transition
démocratique
tunisienne,
en
apportant
un
savoir-‐faire
inédit,
en
particulier
pour
mettre
en
place
des
expériences
pilotes
de
démocratie
participative
à
l’échelle
locale,
régionale
ou
nationale.
Certains
appuis
ont
même
abouti
à
l’adoption
de
textes
juridiques
favorables
à
la
société
civile
et
à
la
démocratie
en
général,
parmi
lesquels
le
décret-‐loi
n°2011-‐41
relatif
à
l’accès
aux
documents
administratifs.
D’autres
soutiens
se
poursuivent
d’ailleurs
dans
ce
sens,
et
portent,
notamment,
sur
la
réforme
du
secteur
de
la
justice
ou
encore
sur
la
mise
en
10Dont nous faisons ici état en s’inspirant largement de la « synthèse de la cartographie des interventions et des
approches des partenaires techniques et financiers envers la société civile en Tunisie », étude réalisée pour le compte
de l’Union européenne en avril 2013
11. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
10
place
de
l’administration
électronique
;
- Au
regard
des
mécanismes
de
soutien,
l’outil
le
plus
fréquemment
utilisé
consiste
dans
les
appels
à
propositions
(Union
européenne,
PNUD,
Institut
Français
de
Tunisie
(IFT),
etc.).
Cependant,
dans
bien
des
cas,
les
associations
peuvent
et
sans
appel
de
la
part
des
partenaires
techniques
et
financiers,
déposer
spontanément
leurs
candidatures
;
tel
est
le
cas,
par
exemple,
du
programme
Middle
East
Partnership
Initiative
(MEPI).
Par
ailleurs,
d’autres
partenaires
jouent
un
rôle
d’appui
technique
sans
fournir
de
soutien
financier
;
- Le
système
de
partage
des
informations
relatives
aux
appels
à
propositions
diffère
également
d’un
partenaire
à
l’autre.
De
manière
générale,
les
partenaires
techniques
et
financiers
se
contentent
de
faire
état
des
nouvelles
opportunités
de
financement
sur
leurs
sites
Internet
et
sur
leurs
pages
Facebook.
Toutefois,
d’autres
partenaires
utilisent
les
différents
sites
du
web
chargés
d’annoncer
les
opportunités
de
soutien
à
la
société
civile,
en
les
accompagnant
de
sessions
d’informations
auxquelles
le
public
associatif
est
invité
et
dont
le
but
est
d’expliquer
ce
qui
peut
être
attendu
des
associations
candidates
dans
l’élaboration
du
formulaire
de
proposition.
Certains
ont
de
leur
côté
entrepris
de
sillonner
les
régions
dans
le
même
but
en
fournissant,
au
besoin,
des
formations
dans
la
rédaction
des
formulaires.
Ceci
étant,
il
est
possible,
et
même
si
cet
aspect
sera
plus
longuement
décrit
dans
la
partie
relative
à
l’évaluation
qualitative
des
interventions
des
partenaires
techniques
et
financiers,
de
dire
que
les
efforts
en
termes
de
partage
de
ces
informations
demeurent
assez
faibles
et
ne
permettent
pas
de
toucher
la
majorité
des
organisations
de
la
société
civile
;
- L’accompagnement
des
associations
dépend
souvent
de
la
capacité
des
partenaires
techniques
considérés
:
à
titre
d’exemple,
l’Union
européenne,
à
travers
son
programme
d’Appui
à
la
Société
Civile
(PASC)
a
mis
en
place
six
bureaux
de
terrain
à
Tunis
et
dans
les
régions
pour
un
appui
de
proximité
aux
organisations
de
la
société
civile
;
le
programme
des
Nations
Unies
pour
le
Développement
(PNUD)
a
mobilisé
une
équipe
permanente
de
cinq
personnes
encadrées
par
un
consultant
expérimenté
pour
le
suivi
des
actions
et
le
soutien
des
partenaires
associatifs
;
la
coopération
suisse
a,
de
son
côté,
inauguré
deux
bureaux
de
terrain
pour
un
suivi
rapproché
des
actions
et
bénéficie
de
l’accompagnement
de
huit
consultants
pour
le
suivi
et
l’accompagnement
des
partenaires
associatifs.
Ces
exemples,
loin
d’être
exhaustifs,
permettent
d’entrevoir
les
différentes
modalités
d’appui
appliquées
par
les
partenaires
techniques
et
financiers
dans
leurs
actions
d’accompagnement
et
de
suivi.
Il
existe
en
Tunisie
autant
de
stratégies,
d’approches,
de
modalités
et
d’outils
d’intervention
que
de
partenaires
techniques
et
financiers.
Analyser
et
conduire
un
diagnostic
des
ces
acteurs
comme
un
bloc
n’aurait
pas
en
réalité
grand
sens.
Cependant,
il
existe
certains
points
communs
et
surtout
certaines
faiblesses
partagées
sur
lesquelles
il
est
possible
de
se
pencher
et
qui
sont
susceptibles
de
donner
lieu
à
des
recommandations
afin
d’améliorer
l’environnement
général
et
les
liens
qu’entretiennent
ces
partenaires
techniques
et
financiers
avec
les
organisations
de
la
société
civile.
Ce
sont
ces
lacunes
qui
seront
discutées
lors
de
la
partie
suivante
du
document,
relative
à
l’évaluation
qualitative
des
relations
entre
les
deux
parties
prenantes.
12. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
3. Evaluation qualitative des relations entre organisations de la
société civile tunisienne et partenaires techniques et
financiers
Au
delà
des
dynamiques
et
des
défis
qui
animent
respectivement
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers,
l’objectif
du
présent
travail
repose
essentiellement
sur
une
11
meilleure
compréhension
et
un
diagnostic
des
relations
qui
lient
ces
deux
parties
prenantes,
afin
d’entrevoir
les
champs
d’amélioration
possibles,
condition
d’un
partenariat
à
la
fois
plus
efficace
et
plus
durable.
Il
a
été
choisi
dans
cette
perspective
d’examiner
ces
relations
tout
au
long
du
cycle
de
travail
des
partenaires
techniques
et
financiers,
et
qui
comprend,
d’abord,
l’élaboration
des
stratégies
et
la
planification
des
actions,
ensuite
leur
exécution
et
enfin
leur
suivi-‐évaluation.
Un
enjeu
transversal,
relatif
à
la
communication
entre
les
associations
et
les
partenaires
techniques
et
financiers,
sera
également
envisagé
au
sein
de
cette
évaluation.
3.1.
Les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
au
cours
de
l’élaboration
des
stratégies
et
de
la
planification
des
actions
Les
entretiens
de
terrain,
conduits
à
la
fois
auprès
des
partenaires
techniques
et
financiers
et
des
associations
tunisiennes,
révèlent
la
faiblesse
essentielle
voire
l’absence
de
cette
étape
:
certains
partenaires
techniques
et
financiers
ne
prennent,
en
effet,
pas
en
compte
les
avis
de
la
société
civile
pour
décider
de
la
stratégie
et
des
actions
qu’ils
se
préparent
à
conduire.
Si
cette
opinion
est
partagée
par
la
plupart
des
associations
tunisiennes
ayant
bénéficié
du
soutien
des
partenaires
techniques
et
financiers,
et
si
le
constat
se
trouve
vérifié
dans
les
faits,
il
n’en
demeure
pas
moins
que
la
responsabilité
d’une
telle
«
défaillance
»
est
partagée
par
les
deux
acteurs
:
-‐
L’absence
d’approche
participative
dans
la
définition
de
la
stratégie
est
la
grande
faiblesse
des
partenaires
techniques
et
financiers,
aux
côtés
d’une
mauvaise
coordination
entre
les
structures
d’appui.
L’on
remarque
d’abord
que
la
décision
relative
à
la
mise
en
place
d’une
stratégie
ou
d’une
approche
particulière
dépasse
parfois
les
prérogatives
de
l’agence
basée
dans
le
pays.
Autrement
dit,
les
choix
des
axes
ou
des
domaines
d’intervention,
la
méthodologie
adoptée,
le
public
cible
visé
sont
parfois
du
ressort
d’une
autorité
de
tutelle
basée
à
l’international
:
pour
les
ambassades
offrant
un
soutien
à
la
société
civile
par
exemple,
le
siège
de
décision
est
le
ministère
des
Affaires
Etrangères
concerné
;
pour
des
agences
de
coopération
installées
en
Tunisie,
il
s’agit
des
ministères
chargés
de
la
coopération
internationale
respectifs
et
parfois
même
du
Premier
ministère
;
les
grandes
organisations
non
gouvernementales
internationales
peuvent,
elles
aussi,
être
enclines
à
suivre
la
même
démarche,
la
nature,
le
montant
et
les
axes
d’appui
étant
décidés
au
siège
international
de
l’organisation.
Il
est
ici
possible
de
dire
qu’à
la
décision
purement
technique
et
issue
des
besoins
des
populations,
se
substitue
une
décision
politique,
dans
laquelle
des
facteurs
externes
de
nature
politique,
médiatique
et
de
réputation
entrent
en
jeu
et
travestissent,
dans
une
certaine
mesure,
les
objectifs
poursuivis.
Dans
ces
hypothèses,
l’agenda
semble
conditionner
le
soutien
prodigué,
au
lieu
que
les
besoins
ne
permettent
de
déterminer
l’agenda.
13. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
12
Dans
le
même
sens,
certains
partenaires
techniques
et
financiers
choisissent
d’adopter
leurs
stratégies
en
fonction
d’une
approche
par
mandat,
ce
dernier
pouvant
être
thématique
(démocratie,
développement,
éducation,
environnement,
migrations)
ou
orienté
vers
des
publics
cibles
spécifiques
(jeunes,
femmes,
personnes
souffrant
d’handicaps,
groupes
sociaux
marginalisés,
etc.).
Ce
choix
au
demeurant
légitime,
conduit
en
ne
prenant
pas
en
compte
les
réalités
du
terrain,
à
déconnecter
les
partenaires
techniques
et
financiers
des
enjeux
fondamentaux
et
à
souvent
tenter
de
transposer
des
aides
standard
à
des
situations
différentes
;
cette
orientation
peut
être
d’autant
moins
opportune
lorsque
l’on
considère
les
pays
bénéficiaires
au
sein
d’ensembles
régionaux
(région
arabe,
région
Middle-‐East
North
Africa
(MENA))dont
les
réalités
des
pays
qui
les
composent
sont
souvent
difficilement
comparables.
Cette
absence,
dans
plusieurs
cas,
de
prise
en
compte
des
besoins
et
des
capacités
spécifiques
de
la
société
civile
a
conduit,
assez
souvent,
à
une
disproportion
entre
le
soutien
apporté
et
les
possibilités
d’exécution
de
soutien.
En
Tunisie
par
exemple
–mais
cela
a
également
été
le
cas
de
pays
s’engageant
dans
une
transition
démocratique-‐,
l’annonce
des
montants
prévus
pour
les
associations
a
conduit
à
des
interrogations
légitimes
sur
la
capacité
des
organisations
de
la
société
civile
à
absorber
de
tels
montants.
Devant
une
situation
dans
laquelle
les
associations,
encore
jeunes
et
inexpérimentées,
n’avaient
pas
les
capacités
techniques
de
gérer
des
budgets
conséquents
et
n’avaient
pas
même
encore
été
sensibilisées
quant
à
leur
rôle
dans
le
champ
public,
une
avalanche
d’offres
de
financements
a
submergé,
de
manière
aussi
inattendue
que
rapide,
les
organisations
de
la
société
civile.
Au-‐delà
des
bénéfices
indéniables
qu’un
tel
appui
a
pu
apporter,
plusieurs
conséquences
néfastes
ont
été
constatées
:
d’abord,
un
nombre
important
de
projets
n’ont
pu
voir
le
jour
et
être
finalisés
à
cause
d’une
incapacité
des
associations
à
les
réaliser
;ensuite,
sans
une
réflexion
par
les
associations
tunisiennes
elles-‐mêmes
sur
leurs
stratégies
,
ce
soutien
a
amené
les
organisations
de
la
société
civile
à
choisir
leurs
actions
en
fonction
des
offres
de
financement
et
non
en
fonction
des
besoins
qu’elles
auraient
identifiés;
enfin,
les
montants
en
jeu,
qui
ont
vocation
à
s’amenuiser
au
fil
du
temps,
ont
créé
une
atmosphère
de
compétition
entre
les
associations
et
à
lier
irrémédiablement
l’action
associative
à
la
disponibilité
des
fonds.
Parfois,
les
partenaires
techniques
et
financiers
procèdent
à
une
identification
des
besoins
des
associations
ou
des
bénéficiaires
avant
d’élaborer
leurs
stratégies
et
leurs
plans
d’action.
Cependant,
cette
démarche
souffre,
dans
beaucoup
de
cas,
d’une
absence
de
participation
des
populations
directement
ou
indirectement
concernées.
L’analyse
en
question,
conduite
dans
la
plupart
des
cas
par
des
consultants
ou
des
professionnels
du
conseil,
laisse
de
côté
la
dimension
participative
et
ne
permet
pas
l’instauration
d’un
échange
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
la
société
civile
selon
une
approche
Bottom-‐up.
Ce
constat
est
d’autant
plus
à
déplorer
que
les
partenaires
techniques
et
financiers
encouragent
les
associations
à
promouvoir
la
démocratie
participative
et
que
certains
projets
initiés
par
ces
derniers
portent
précisément
sur
la
prise
en
compte
par
les
acteurs
étatiques
des
besoins
des
bénéficiaires.
Le
président
d’une
association,
rencontré
sur
le
terrain,
a
affirmé
dans
ce
sens
que
«
les
bailleurs
de
fonds
donnent
des
leçons
qu’ils
sont
les
premiers
à
ne
pas
appliquer
».
Parmi
les
facteurs
qui
peuvent
tenter
d’expliquer
cette
réalité,
l’on
peut
mentionner
la
centralisation
–jugée
excessive
par
certains-‐
des
partenaires
techniques
et
financiers,
qui
les
privent
d’une
vision
de
terrain
et
les
coupent
des
potentielles
personnes
ressources
qui
pourraient
utilement
les
accompagner
au
niveau
local
et
régional
en
vue
de
penser
et
décider
leurs
stratégies.
14. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Un
dernier
point,
qui
concerne
les
rapports
qu’entretiennent,
entre
elles,
les
différentes
structures
d’appui
au
pays,
mérite
d’être
évoqué.
Si
le
cas
n’est
pas
spécifique
à
la
Tunisie,
le
manque
de
coordination
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
conduit
chacun
d’eux
à
faire
cavalier
seul
sans
prendre
en
compte
les
dynamiques
des
autres
acteurs
présents
sur
le
territoire.
Il
s’ensuit
parfois
une
redondance
d’activités
dans
la
même
thématique,
sur
le
même
espace
territorial
et
quelques
fois
au
profit
des
mêmes
associations
ou
des
mêmes
bénéficiaires
alors
que
de
grands
ensembles
géographiques
ne
bénéficient
d’aucun
soutien.
Une
coordination
des
partenaires
techniques
et
financiers
semble
dans
ce
sens
nécessaire
en
vue
d’une
meilleure
allocation
des
efforts
et
des
ressources,
et
il
y
a
tout
lieu
de
profiter
ici
de
l’expertise
du
groupe
de
coordination
des
partenaires
techniques
et
financiers,
dont
le
travail
est
assuré
par
l’Union
européenne.
-‐
L’absence
d’engagement
et
de
pro-‐activité
des
organisations
de
la
société
civile
pour
influencer
les
stratégies
des
partenaires
techniques
et
financiers
Il
convient
de
souligner,
préalablement
aux
constats
qui
vont
suivre,
qu’un
nombre
non
négligeable
d’organisations
de
la
société
civile
tunisienne
ne
se
considèrent
pas
à
proprement
parler
comme
des
partenaires
mais
plutôt
comme
des
bénéficiaires
des
différentes
structures
d’appui.
Il
en
résulte
que
ces
associations
ne
voient
pas
qu’elles
ont
la
possibilité
de
conseiller
les
partenaires
techniques
et
financiers
ou
d’orienter
les
stratégies
de
ces
derniers
dans
un
sens
particulier.
En
réalité,
plusieurs
faiblesses
empêchent
la
société
civile
tunisienne
de
jouer
ce
rôle
de
manière
efficace
:
- d’une
part,
les
associations
–et
comme
cela
a
été
décrit
plus
haut-‐
n’ont
pas
mené,
pour
la
plupart
d’entre
elles,
de
réflexion
solide
à
la
fois
sur
la
définition
de
la
société
civile,
son
rôle
et
sa
vision.
A
défaut
d’avoir
effectué
ce
travail,
il
devient
difficile
pour
les
associations,
qui
n’ont
pas
encore
élaboré
de
stratégies
pour
elles-‐mêmes,
d’accompagner
des
tierces
parties
pour
le
faire
;
au-‐delà
de
cette
conséquence,
le
manque
de
vision
conduit
les
organisations
de
la
société
civile
à
s’adapter
aux
stratégies
des
partenaires
techniques
et
financiers
plutôt
que
de
les
influencer
;
- d’autre
part,
les
organisations
de
la
société
civile
rencontrent
les
plus
grandes
difficultés
à
s’organiser
et
à
se
structurer
afin
de
faire
entendre
leur
voix
de
manière
collective
et
efficace.
C’est
ainsi
que
bon
nombre
de
réseaux
mis
en
place
de
manière
spontanée
ou
dont
la
création
a
été
appuyée
par
des
partenaires
techniques
et
financiers
n’ont
pas
survécu
aux
conflits
d’égo
et
aux
problèmes
de
leadership
qui
minent
encore
la
société
civile
tunisienne.
Dans
le
même
sens,
la
faible
13
représentativité
des
associations
constitue
un
autre
obstacle
qui
empêche
ces
dernières
d’être
crédibles
vis-‐à-‐vis
des
bailleurs
de
fonds
et
autres
structures
d’appui,
faute
de
la
légitimité
nécessaire
pour
porter
les
revendications
de
leurs
adhérents
ou
des
bénéficiaires
pour
le
compte
desquels
ils
agissent
;
- enfin,
si
les
associations
ont
bénéficié
d’un
nombre
important
de
formations
relatives
à
la
gestion
des
projets
ou
à
la
gouvernance
locale,
peu
d’entre
elles
ont
reçu
des
formations
sur
le
thème
du
plaidoyer
;
la
société
civile
éprouve
de
ce
fait
et
de
manière
naturelle
des
difficultés
à
influencer
les
stratégies
des
partenaires
techniques
et
financiers,
en
l’absence
de
connaissance
des
techniques
de
plaidoyer
et
de
capacités
indispensables
pour
élaborer
et
mener
des
campagnes
efficaces
à
l’endroit
des
bailleurs
de
fonds.
15. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
A
cette
première
étape
du
cycle,
qui
concerne,
rappelons-‐le,
l’élaboration
des
stratégies
et
la
planification
des
actions
et
qui
conditionne
les
étapes
suivantes,
les
deux
parties
prenantes
accusent
des
faiblesses
qu’il
convient
de
corriger
afin
de
parvenir
à
un
véritable
partenariat,
pertinent
et
solide.
A
cet
égard,
l’adoption
d’une
approche
participative,
à
la
fois
dans
les
relations
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
leurs
bénéficiaires
et
dans
les
relations
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers,
semble
être
la
clef
de
voûte
14
pour
arriver
à
des
résultats
plus
légitimes
et
plus
efficaces.
3.2.
Les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
dans
l’exécution
des
programmes
et
des
activités
Deuxième
étape
du
cycle
d’intervention
des
partenaires
techniques
et
financiers,
l’exécution
des
programmes
et
des
actions,
par
ces
derniers,
montre
également
quelques
faiblesses,
qui
relèvent
là-‐aussi
pour
une
part
de
la
responsabilité
des
bailleurs
de
fonds
et
d’autre
part
de
celle
des
organisations
de
la
société
civile.
-‐
De
l’appel
à
propositions
à
la
réalisation
des
actions,
un
processus
qui
manque
encore
d’efficacité
pour
les
partenaires
techniques
et
financiers
S’agissant
d’abord
des
appels
à
propositions,
qui
prennent
parfois
le
nom
d’appels
à
projets
ou
d’appels
à
candidatures,
les
entretiens
réalisés
à
la
fois
avec
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
les
organisations
de
la
société
civile
ont
permis
de
mettre
en
exergue
certaines
difficultés
qui
freinent
l’efficacité
et
la
fluidité
du
processus.
C’est
ainsi
que
nombre
d’associations
considèrent
les
formulaires
de
candidature
trop
complexes
et
souvent
inadaptés
à
leurs
capacités.
Un
membre
d’une
organisation
associative
résume
ainsi
cette
difficulté
:
«
on
nous
demande
de
remplir
une
trentaine
de
pages,
en
langue
française,
avec
des
concepts
que
l’on
ne
comprend
même
pas
:
on
nous
parle
d’objectifs
globaux
et
d’objectifs
spécifiques,
de
résultats
directs
et
indirects,
de
méthodologie,
de
dépenses
éligibles
et
de
dépenses
inéligibles
avec
une
complexité
à
laquelle
nous
ne
pouvons
pas
faire
face
».
Et
de
fait,
ces
difficultés
constituent
une
barrière
à
l’entrée
et
surtout
un
traitement
inéquitable
entre
des
associations
expérimentées,
parlant
couramment
le
français
et
rompues
aux
appels
à
propositions,
et
des
associations
nouvelles,
inexpérimentées,
parlant
essentiellement
l’arabe,
en
particulier
dans
les
régions
de
l’intérieur
du
pays,
et
qui
se
voient
refuser
des
subventions
qui
sont
la
condition
nécessaire
de
leur
développement
et
de
leur
apprentissage.
Au
fil
du
temps,
et
comme
le
font
remarquer
certains
experts
interrogés,
un
fossé
se
creuse
entre
une
minorité
d’associations
élitistes,
ayant
peu
de
liens
directs
avec
les
réalités
du
terrain
mais
qui
disposent
des
clés
de
la
réussite
d’une
candidature
qui
leur
permettent
de
«
rafler
»
la
majeure
partie
des
fonds
disponibles,
et
une
majorité
d’associations,
parfois
profondément
connectées
avec
leurs
bénéficiaires,
mais
qui,
par
manque
de
savoir-‐faire,
échouent
à
faire
aboutir
leurs
propositions.
Le
risque
ici
est
d’assister
à
l’émergence
d’une
oligarchie
associative,
très
professionnelle
mais
peu
représentative,
qui
agit
en
son
nom
et
pour
le
compte
d’une
société
civile
dont
elle
est
très
lointaine;
la
conséquence
consisterait
également
à
enlever
toute
consistance
à
la
société
civile
et
à
abandonner
l’approche
Botton-‐up
qui
est
pourtant
au
coeur
des
enjeux
de
la
transition
démocratique
en
Tunisie.
16. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Par
ailleurs,
il
convient
de
constater
que
les
appels
à
propositions
émis
par
les
partenaires
techniques
et
financiers
ne
trouvent
qu’un
modeste
écho
auprès
des
organisations
de
la
15
société
civile,
qui
répondent
de
manière
relativement
rare
aux
initiatives
des
institutions
d’appui.
Ce
faible
retour
se
remarque
généralement
dans
les
cas
suivants
:
- manque
de
crédibilité
du
bailleur
(qu’on
soupçonnerait,
surtout
après
la
Révolution,
d’avoir
des
«
agendas
cachés
»)
;
- absence
de
communication
ou
mauvaise
communication
du
bailleur
sur
ses
appels
(en
empruntant
des
circuits
de
communication
faiblement
audibles)
;
- insuffisance
de
l’accès
à
l’information
de
la
part
des
récepteurs
des
appels,
y
compris
lorsque
des
moyens
ont
été
mis
en
oeuvre
par
le
bailleur
pour
faire
connaître
ces
derniers
(insertion
sur
des
sites
Internet,
envoi
sur
des
mailing-‐listas,
etc.).
Les
entretiens
menés
auprès
de
plusieurs
associations
de
Tunis
et
des
régions
font,
au-‐delà
de
ce
dernier
constat,
apparaître
que
la
majeure
partie
des
partenaires
techniques
et
financiers
ne
communiquent
sur
leurs
appels
à
propositions
que
sur
leurs
sites
Internet
et
via
des
personnes
ressources
(invitation
par
mail
à
partager
l’information),
à
l’exclusion
d’autres
types
de
communication
qui
peuvent
se
révéler
pertinents.
De
ce
point
de
vue,
une
partie
importante
du
public
concerné,
et
en
particulier
celle
qui
ne
dispose
pas
d’un
accès
à
Internet,
n’a
pas
nécessairement
connaissance
des
opportunités
de
financements
ou
d’appui
qui
se
présentent
à
elle
;il
serait
utile
de
ce
point
de
vue
de
partager
largement
les
appels
à
propositions
sur
Internet,
sur
des
sites
généraux
d’information,
sur
les
sites
spécialisés
dans
le
partage
des
informations
relatives
aux
financements
d’activités,
et
sur
les
pages
Facebook
pertinentes
(en
comptant
sur
la
coopération
des
associations
ayant
des
pages
et
des
«
leaders
de
communautés
»
sur
les
réseaux
sociaux)
;
il
conviendrait
également
de
publier
les
appels
à
propositions
dans
la
presse
écrite
en
français
mais
surtout
en
langue
arabe
et/ou
de
les
annoncer
sur
les
radios
locales.
A
cet
égard,
il
est
également
possible
de
citer
la
bonne
pratique
du
Programme
des
Nations
Unies
pour
le
Développement
(PNUD)
qui
a
entrepris
la
conduite,
dans
plusieurs
régions,
de
sessions
d’information
sur
les
appels,
leurs
objectifs
et
leurs
modalités
d’exécution.
Enfin,
il
est
important
de
noter
que
l’évaluation
des
candidatures
par
les
partenaires
techniques
et
financiers
pose
un
certain
nombre
d’interrogations,
que
soulèvent
volontiers
les
organisations
de
la
société
civile
concertées.
D’une
part,
et
dans
le
prolongement
de
ce
qui
a
été
décrit
plus
haut
quant
au
manque
de
coordination
entre
les
différentes
structures
d’appui,
les
associations
déplorent
le
fait
que
les
formulaires
de
candidatures
et
les
évaluations
de
ces
dernières
diffèrent
substantiellement
d’un
partenaire
à
l’autre,
désorientant
des
organisations
associatives
qui
rencontrent
déjà
des
difficultés
à
remplir
les
formulaires
les
moins
complexes
et
qui
doivent
s’adapter
aux
exigences
variables
d’acteurs
de
soutien
devenus
nombreux
après
la
Révolution.
D’autres
part,
les
obligations
de
transparence
que
les
partenaires
techniques
et
financiers
exigent
des
associations,
ou
du
moins
qu’ils
encouragent,
trouvent
une
limite
dans
le
fait
que
les
partenaires,
de
leur
côté,
n’affichent
pas
une
ferme
volonté
et
une
pratique
de
transparence
à
l’égard
des
associations
dans
l’évaluation
des
candidatures
qu’ils
reçoivent.
Peu
de
partenaires
techniques
et
financiers
mettent
à
la
disposition
des
associations,
en
amont
de
la
tenue
de
leur
comité
de
sélection,
une
grille
d’évaluation
claire
et
compréhensible,
et
qui
aurait
surtout
l’avantage
de
guider
les
candidats
dans
leur
processus
de
soumission
;
l’on
peut
déplorer
pareillement
l’absence
de
motivation
des
décisions
relatives
aux
candidatures
rejetées.
17. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Au
regard
de
l’exécution
des
programmes
et
des
activités,
un
certain
nombre
d’éléments
mérite
d’être
relevé
:
- le
manque
de
dialogue
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
sur
leurs
rôles
respectifs
et
sur
la
nature
des
relations
qui
les
lient
conduit
à
la
persistance
d’un
paradigme
assistant-‐assisté
loin
d’être
pertinent
pour
16
permettre
le
progrès
des
associations.
Le
membre
d’une
organisation
internationale
rencontré
fera
utilement
remarquer
que
«
l’on
a
remplacé
l’Etat
providence
par
les
bailleurs
de
fonds
providence
»
;
le
président
d’une
association
ajoutera,
dans
le
même
sens,
que
«
les
réflexes
que
l’on
essaie
de
déboulonner
dans
les
relations
entre
Etat
et
associations
se
retrouvent
de
manière
plus
importante
encore
dans
les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
»k
;
- la
faible
présence
des
partenaires
techniques
et
financiers
dans
les
régions
constitue
un
obstacle
majeur
au
bon
suivi
des
activités
et
à
la
fourniture
de
conseils
pertinents
pour
les
associations
bénéficiaires
tout
au
long
de
la
conduite
de
leurs
projets.
Dans
la
plupart
des
cas
en
effet,
une
formation
sur
la
gestion
des
projets
est
prodiguée
aux
associations
retenues
après
l’acceptation
de
leurs
candidatures,
mais
à
laquelle
ne
fait
pas
suite
un
suivi
régulier
personnalisé
;
il
serait
peut-‐être
utile
dans
ce
sens
qu’une
assistance
sous
forme
de
formations
continues
soit
fournie
aux
associations
tout
au
long
des
projets,
se
rapportant
notamment
aux
difficultés
que
peuvent
rencontrer
ces
dernières
dans
l’exécution
de
leurs
activités,
afin
de
permettre
le
transfert
d’un
savoir-‐
faire
qui
ne
serait
pas
théorique
mais
qui
serait
applicable
à
des
situations
concrètes
;
- les
partenaires
techniques
et
financiers
n’ont
pas
investi
dans
les
ressources
humaines
et
matérielles
suffisantes
pour
un
suivi
de
qualité
des
associations
et
concentrent
leurs
efforts
sur
l’évaluation
des
associations
et
de
leurs
activités.
D’ailleurs,
les
associations
et
certains
partenaires
techniques
et
financiers
semblent
confondre
suivi
et
évaluation,
cependant
qu’il
s’agit
de
deux
interventions
distinctes,
répondant
à
des
objectifs
différents.
-‐
Les
organisations
de
la
société
civile
ne
conçoivent
pas
l’exécution
de
leurs
activités
en
partenariat
avec
les
partenaires
techniques
et
financiers
Les
entretiens
réalisés
sur
le
terrain
confirment
un
certain
état
d’esprit
et
une
certaine
attitude
des
associations
envers
les
partenaires
techniques
et
financiers
qu’ils
ne
considèrent
pas
comme
des
partenaires
mais
beaucoup
plus
comme
des
pourvoyeurs
de
fonds.
Comme
il
a
été
dit
plus
haut,
l’on
a
le
sentiment
que
la
nature
des
relations
entre
les
acteurs
de
la
société
civile
a
fait
l’objet
d’une
translation,
où
les
partenaires
techniques
et
financiers
font
figure
de
la
nouvelle
autorité
d’assistance.
Il
s’agit
là
d’une
survivance
des
pratiques
de
l’ancien
régime
et
de
mécanismes
culturels
qui
devront
être
corrigés
à
mesure
du
temps,
à
travers
un
dialogue
et
une
concertation
entre
les
deux
parties
prenantes.
kSelon les questionnaires distribués, au regard de ce qu’attendent les associations des partenaires techniques et
financiers, 80% déclarent les contacter en vue d’obtenir un financement et 100% pour bénéficier d’une formation. Ce
taux de réponse très élevé peut s’expliquer notamment par l’offre qui est proposée par la plupart des partenaires
techniques et financiers : financement de projets et formations. D’autres alternatives comme les voyages d’étude sont
moins fréquentes. Au demeurant, le choix des associations de contacter tel ou tel partenaire est fondé à 73% sur
l’existence de fonds et à 50% su la bonne réputation du bailleur.
18. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Au-‐delà
de
cette
explication,
bon
nombre
de
présidents
d’associations
interrogés
et
de
chefs
de
projets
impliqués
dans
la
conduite
d’activités
associatives
confient
ne
pas
souhaiter
17
associer
les
partenaires
techniques
et
financiers
à
l’exécution
de
leurs
actions,
car
une
telle
sollicitation
de
leur
part
reviendrait
à
«
montrer
qu’elles
ne
sont
pas
capables
de
mener
convenablement
leurs
actions
».
Et
de
fait,
les
associations
rechignent
à
faire
part
aux
partenaires
de
leurs
difficultés
d’exécution
potentielles,
à
poser
des
questions
ou
à
inviter
ces
derniers
à
trouver
avec
elles
des
pistes
de
solution.
Le
directeur
d’une
organisation
internationale
regrette
que
«
les
associations,
en
cas
de
la
survenance
de
problèmes,
préfèrent
les
cacher
et
mentir
plutôt
que
nous
en
informer,
alors
que
notre
rôle
est
aussi
de
les
accompagner
pour
les
dépasser
et
les
faire
profiter
de
nos
compétences
».
Encore
une
fois,
c’est
l’instauration
d’un
climat
de
confiance
entre
associations
et
partenaires
techniques
et
financiers
qu’il
s’agit
de
promouvoir
et
de
mettre
en
place.
Loin
d’être
des
structures
de
jugement,
les
partenaires
d’appui
doivent
montrer
aux
associations
qu’ils
ne
se
placent
pas
au
dessus
d’eux,
mais
davantage
à
leurs
côtés.
Ainsi
construite,
la
relation
sera
bénéfique
aux
deux
parties
prenantes,
les
organisations
de
la
société
civile
bénéficiant
d’une
expertise
supplémentaire
et
du
sentiment
d’être
épaulés,
et
les
partenaires
devenant
plus
sereins
quant
à
la
«
sincérité
»
des
rapports
narratifs
et
financiers
et
des
résultats
des
activités
qui
leur
sont
transmis.
Pour
ce
faire,
et
de
concert
avec
les
partenaires
techniques
et
financiers,
les
associations
doivent
construire
des
canaux
permanents
de
communication
afin
d’échanger
de
manière
plus
fluide
les
informations,
de
partager
et
de
résoudre
ensemble
leurs
difficultés
et
les
obstacles
qu’elles
peuvent
rencontrer.
Il
est
au
demeurant
anormal
de
constater
que
dans
bien
des
cas
et
comme
le
déplore
un
chargé
de
suivi
au
sein
d’une
organisation
non
gouvernementale
internationale
qui
appuie
des
associations
dans
le
sud
tunisien,
«
les
associations
n’invitent
pas
les
partenaires
à
leurs
activités,
à
leurs
ateliers
ou
à
leurs
cérémonies
de
fin
de
projet
».Il
est
en
même
temps
important
de
souligner
que
les
partenaires
doivent
répondre
aux
invitations
des
associations
et
se
montrer
présents
et
disponibles
pour
accompagner
les
structures
associatives
qu’ils
soutiennent.
3.3.
Les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile
dans
la
phase
d’évaluation
des
programmes
et
des
activités
L’évaluation
est
une
étape
importante
à
la
fois
pour
les
partenaires
techniques
et
financiers,
qui
doivent
s’assurer
que
les
fonds
qu’ils
ont
déployés
ont
bien
été
utilisés
et
ont
permis
d’atteindre
les
objectifs
qui
ont
été
fixés,
mais
également
pour
les
associations
afin
de
mesurer
leur
performance
et
juger
si
les
capacités
et
les
efforts
qu’elles
ont
mis
en
oeuvre
leur
ont
permis
d’honorer
leurs
engagements,
tant
vis-‐à-‐vis
de
leurs
bénéficiaires
que
des
bailleurs
de
fonds
qui
ont
placé
leur
confiance
en
elles.
Les
différents
éléments
recensés
ci-‐dessous
s’appliquent
dans
des
termes
similaires
aux
partenaires
techniques
et
aux
organisations
de
la
société
civile
tunisienne
:
- tout
d’abord,
l’une
et
l’autre
des
parties
prenantes
ne
disposent
pas,
pour
l’heure,
d’un
dispositif
d’évaluation
systématique
et/ou
uniformisé
des
activités;
du
côté
des
partenaires
techniques
et
financiers,
c’est
le
manque
de
coordination,
encore
une
fois,
entre
les
acteurs
qui
est
en
cause
;
du
côté
des
organisations
de
la
société
civile,
et
comme
conséquence
du
premier
constat,
les
évaluations
se
font
en
fonction
des
exigences
des
bailleurs
et
la
plupart
des
associations
ne
disposent
que
très
rarement
d’un
système
d’évaluation
qui
leur
serait
propre
et
qu’elles
auraient
elles-‐mêmes
mis
en
place
;
19. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
18
- les
mécanismes
d’évaluation
élaborés
reposent
le
plus
souvent
sur
des
indicateurs
quantitatifs
plutôt
que
qualitatifs
;
cet
élément
peut
s’expliquer
en
partie
par
la
faible
présence
des
partenaires
techniques
et
financiers
sur
le
terrain,
et
en
particulier
en
dehors
de
la
capitale,
et
qui
les
amènent
à
ne
pouvoir
évaluer
les
activités
qu’ils
soutiennent
que
par
le
biais
de
résultats
chiffrés.
Ainsi,
en
liant
aussi
étroitement
la
performance
des
associations
à
leurs
impacts
quantitatifs,
et
en
n’étant
pas
en
mesure
de
vérifier
la
réalité
de
ces
accomplissements,
les
partenaires
techniques
et
financiers
incitent
les
associations
à
conduire
une
«
politique
du
chiffre
»,
voire
à
surévaluer
leurs
résultats,
notamment
en
faisant
état
de
chiffres
non
sincères
afin
de
faire
croire
au
dynamisme
de
l’association
et
à
l’efficacité
de
ses
interventions
;
- pour
les
partenaires
techniques
et
financiers
aussi
bien
que
pour
les
organisations
de
la
société
civile,
la
voix
des
bénéficiaires
n’intervient
pas
toujours
dans
le
processus
d’évaluation.
Or,
c’est
à
l’aune
de
l’impact
sur
ces
bénéficiaires
que
doivent
être
également
jugées
les
activités
des
associations.
Il
serait
dans
cette
perspective
utile
que
les
bénéficiaires
puissent
donner
leurs
avis
sur
les
programmes
et
les
actions
dont
ils
profitent
:
un
tel
recours,
qui
pourrait
être
utilisé
de
manière
concomitante
par
les
associations
et
les
bailleurs
de
fonds,
présenterait
en
outre
l’avantage
pour
ces
derniers
de
recouper
les
résultats
affichés
dans
les
rapports
narratifs
et
financiers
des
organisations
de
la
société
civile
avec
la
réalité
des
faits
;
ce
dispositif
doit
au
demeurant
nécessairement
être
accompagné
d’une
évaluation
par
les
chargés
de
suivi
des
associations
directement
sur
le
terrain
et
auprès
des
publics
ciblés
par
les
associations
partenaires
;
- l’évaluation
des
projets
pose
également
la
question
des
critères
utilisés
pour
la
conduire.
Dans
la
majeure
partie
des
cas,
ces
critères
sont
définis
en
amont
et
imposés
aux
associations,
en
fonction
de
la
vision
de
chaque
partenaire
technique
et
financier.
Il
serait
bien
plus
pertinent
que
l’élaboration
des
critères
d’évaluation,
des
indicateurs
de
résultats
et
des
valeurs
cibles
soit
menée
de
manière
participative
entre
les
bailleurs
de
fonds
et
les
organisations
de
la
société
civile
;
bien
entendu,
il
serait
assez
difficile
et
improductif
d’imposer
aux
partenaires
techniques
et
financiers
d’adopter
au
cas
par
cas
et
avec
chaque
association
bénéficiaire
une
grille
d’évaluation
personnalisée
;
en
revanche,
il
semble
tout
à
fait
réaliste
qu’un
dialogue
ait
lieu
entre
un
groupe
de
partenaires
techniques
et
financiers
d’une
part,
et
un
groupe
d’associations
ou
de
membres
de
la
société
civile
d’autre
part,
afin
de
conduire
de
concert
un
travail
d’identification
des
critères
les
plus
pertinents
d’évaluation.
Ces
derniers
pourront
reposer
sur
un
socle
commun
d’indicateurs
de
base,
et
laisser
la
place
à
des
indicateurs
variables
selon
l’ancienneté
de
l’association,
son
expérience,
son
domaine
d’activité
et
l’envergure
des
actions
qu’elle
se
propose
de
mener
;
- Au
final,
et
comme
pour
l’étape
relative
à
l’exécution
des
programmes
et
des
actions,
c’est
tout
l’esprit
de
l’évaluation
qui
mérite
d’être
modifié
ou
au
moins
revu.
Pour
l’heure,
l’évaluation
constitue
un
«
poids
psychologique
»
pour
les
deux
acteurs
concernés
:
elle
est,
pour
les
associations,
synonyme
d’audit
et
de
contrôle
;
elle
représente,
pour
les
partenaires
techniques
et
financiers,
une
charge
de
travail
supplémentaire
et
fastidieuse.
20. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Pour
changer
durablement
et
positivement
les
relations
entre
partenaires
techniques
et
financiers
et
organisations
de
la
société
civile,
l’évaluation
doit
être
une
opportunité
de
19
construction
commune
et
l’occasion
pour
les
associations
de
progresser
et
pour
les
partenaires
de
mesurer
la
qualité
de
leur
intervention
vis-‐à-‐vis
de
la
société
civile
dans
le
temps.
Des
ateliers
conjoints
et
une
réflexion
concertée
entre
les
deux
parties
prenantes
peuvent
permettre
de
faire
cheminer
et
aboutir
cet
état
d’esprit
3.4.
Diagnostic
d’une
composante
transversale
:
l’état
de
la
communication
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
et
les
organisations
de
la
société
civile
Au-‐delà
des
faiblesses
relatives
à
chaque
étape
du
cycle
d’intervention
des
partenaires
techniques
et
financiers,
il
est
important
de
considérer
un
autre
aspect
transversal
de
la
relation
entre
ces
derniers
et
les
organisations
de
la
société
civile
:
la
communication.
Il
s’agit
là
peut-‐être
du
coeur
des
faiblesses
qu’expriment
les
deux
parties
prenantes.
Nous
présentons
dans
les
lignes
qui
suivent
quelques
éléments
qui
constatent
les
lacunes
en
matière
de
communication
qui
méritent
d’être
améliorées
afin
de
renforcer
le
partenariat
entre
les
acteurs.
-‐
Les
partenaires
techniques
et
financiers
sont
perçus
comme
étant
distants
et
renfermés
sur
eux-‐mêmes
La
faiblesse
des
partenaires
techniques
et
financiers
réside
essentiellement
dans
le
fait
que
ces
derniers
n’ont
pas
encore
réussi
à
bien
se
faire
connaître
des
organisations
de
la
société
civile
tunisienne
et
de
fait,
les
associations
ont
du
mal
à
comprendre
le
rôle
et
le
mandat
de
chaque
partenaire
technique
et
financier,
ses
stratégies,
ses
priorités
d’intervention
et
les
modalités
précises
d’obtention
de
soutien.
En
cause,
une
communication
des
partenaires
techniques
et
financiers
qui
repose
davantage
sur
les
opportunités
de
financement
que
sur
eux-‐mêmes,
leurs
visions
et
leurs
valeurs
;
plus
encore,
en
l’absence
de
vis-‐à-‐vis
clairs
et
identifiés
en
charge
de
la
relation
avec
les
associations,
celles-‐ci
éprouvent
des
difficultés
à
entrer
en
contact
avec
les
organisations
d’appui
et
ne
peuvent
poser
des
questions
et
recueillir
les
informations
dont
elles
ont
besoin.
Le
secrétaire
général
d’une
association,
dont
les
propos
ont
été
confirmés
à
maintes
reprises
au
cours
des
entretiens
menés
sur
le
terrain,
regrette
que
les
informations
relatives
à
la
personne
contact
au
sein
des
bailleurs
de
fonds
ne
soient
pas
disponibles
:
«
même
sur
le
site
Internet
des
bailleurs,
il
n’y
a
pas
de
nom,
de
téléphone
ou
de
mail
d’interlocuteur
spécialement
en
charge
des
associations.
On
doit
appeler
le
standard
et
demander
qui
s’occupe
des
associations
».
Un
autre
membre
de
la
société
civile
enchérit
en
expliquant
que
«
les
bailleurs
de
fonds
ne
répondent
quasiment
pas
aux
mails
qui
leur
sont
envoyés.
Cela
donne
une
très
mauvaise
image
des
bailleurs,
qui
ont
tendance
à
donner
beaucoup
de
leçons,
mais
qui
sont
les
premiers
à
ne
pas
faire
preuve
de
professionnalisme
».
Ce
constat
amène
d’ailleurs
à
douter
de
la
sincérité
des
partenaires
techniques
et
financiers
:
comme
le
souligne
un
observateur
interrogé,
«
les
associations
ont
le
sentiment
qu’il
y
a
beaucoup
de
fonds,
mais
qu’elles
n’en
profitent
pas
;
en
l’absence
de
transparence,
elles
ont
le
sentiment
que
ce
sont
les
relations
personnelles
qui
jouent
pour
l’obtention
de
financements,
et
elles
y
voient
une
injustice
supplémentaire
par
rapport
aux
associations
connectées
de
la
capitale
et
de
certaines
grandes
villes
».
21. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
Ce
constat
est
d’autant
plus
difficile
à
comprendre
que
les
partenaires
techniques
et
financiers
disposent
des
ressources
humaines
et
matérielles
ainsi
que
des
compétences
nécessaires
pour
développer
et
mettre
en
place
une
batterie
de
supports
et
d’outils
de
nature
à
rendre
la
communication
avec
la
société
civile
plus
fluide
et
plus
efficace
:
sites
Internet,
pages
Facebook,
inscription
sur
la
plateforme
Jamaity,
livrets
de
communication
et
brochures,
bases
de
données
de
contacts,
téléphones,
adresses
mail,
etc.
Ces
outils
méritent
d’être
utilisés
et
permettraient
de
changer
radicalement
et
positivement
les
relations
avec
la
société
civilel.
Bien
entendu,
le
manque
de
décentralisation
des
bailleurs
constitue
un
facteur
majeur
de
20
distorsion
dans
la
communication
entre
les
parties
prenantes.
L’on
insistera
donc
encore
une
fois
sur
l’importance,
pour
les
partenaires
techniques
et
financiers,
d’établir
des
bureaux
dans
les
régions
ou
à
tout
le
moins
de
disposer
de
personnes
qui
joueront
le
rôle
de
relais
locaux
ou
régionaux
et
agiront
pour
le
compte
des
partenaires
dans
la
communication
avec
les
associations
sur
le
terrain.
Il
convient
de
saluer
dans
cette
perspective
l’effort
de
l’Union
européenne,
et
en
particulier
du
Programme
d’Appui
à
la
Société
Civile
(PASC),
en
faveur
de
la
mise
en
place
de
bureaux
de
terrain
à
Tunis
et
dans
les
régions.
L’on
peut
enfin
ajouter
à
ces
éléments
la
préférence
des
partenaires
techniques
et
financiers
à
communiquer
en
français,
langue
de
travail
de
la
majorité
d’entre
eux,
mais
qui
constitue
une
barrière
à
l’entrée
pour
un
grand
nombre
de
structures
associatives.
De
ce
point
de
vue,
il
ne
serait
pas
inutile
que
les
chargés
de
suivi
ou
les
chargés
de
relations
avec
les
organisations
de
la
société
civile
soient
tunisiens
et
maîtrisent
parfaitement
la
langue
arabe,
à
la
fois
pour
des
raisons
techniques,
mais
également
psychologiques,
permettant
ainsi
d’instaurer
un
climat
de
confiance
et
de
sérénité
chez
les
acteurs
associatifs.
-‐
Les
défaillances
des
organisations
de
la
société
civile
en
matière
de
communication
avec
les
partenaires
techniques
et
financiers
Loin
d’être
la
responsabilité
des
seuls
partenaires
techniques
et
financiers,
les
faiblesses
de
communication
échoient
également
aux
organisations
de
la
société
civile.
Ces
dernières
peinent
à
se
faire
connaître,
en
l’absence
d’abord
d’une
compréhension
solide
de
ce
que
sont
la
communication
et
ses
avantages,
et
en
l’absence
ensuite
d’un
réel
savoir-‐faire
en
la
matière.
On
constate,
en
particulier,
que
très
peu
d’associations
ont
élaboré
une
réelle
stratégie
de
communicationm
;
la
plupart
d’entre
elles
se
contente
en
effet
d’utiliser
des
outils
de
base
tels
que
le
téléphone,
les
emails
et
les
réseaux
sociaux
(en
particulier
Facebook),
mais
d’une
manière
qui
n’est
pas
pensée
et
organisée
en
amont.
Un
chargé
de
la
société
civile
auprès
d’un
partenaire
technique
et
financier
donne
une
illustration
pertinente
de
cette
faiblesse
:
«
lorsque
je
me
rends
sur
la
page
Facebook
d’une
association
candidate
pour
en
savoir
plus
sur
elle,
je
trouve
des
statuts
généraux
sans
lien
avec
ses
activités,
des
commentaires
de
nature
politique
et
pas
ou
peu
de
modération
des
commentaires
;
certaines
associations
se
contentent
de
partager
des
articles,
et
même
des
chansons
!
».
lÀ ce propos, les associations se sont également prononcées, lors des questionnaires distribués, sur les supports de
communication que les partenaires techniques et financiers doivent utiliser pour accéder facilement aux organisations
de la société civile. Les réponses mentionnent : sites web, réseaux sociaux, annuaire associatif ; les newsletters ; un
portail Internet ou une page Facebook avec des informations centralisées sur les partenaires techniques et financiers
et les organisations de la société civile ; les mails personnels des partenaires techniques et financiers.
mAu regard de la stratégie de communication, plus de la moitié des organisations de la société civile qui ont rempli
les questionnaires (56%) déclarent en avoir une, mais celle-ci se limite en réalité à disposer d’une page Facebook.
90% des associations interrogées déclarent avoir une page Facebook contre 60% qui déclarent avoir un site Internet.
22. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
D’autres
partenaires
techniques
et
financiers,
ce
que
confirme
au
demeurant
la
pratique,
déplorent
le
fait
que
peu
d’associations
aient
développé
des
supports
efficaces
de
21
communication
:
peu
d’associations
disposent
d’un
site
Internet,
de
brochures
de
présentation
ou
de
livrets
de
communication.
Quand
bien
même
elles
en
auraient,
celles-‐ci
ne
les
partagent
pas
avec
les
partenaires
techniques
et
financiers
afin
de
se
faire
connaître
;
ce
constat
peut
être
attribué
aux
faibles
capacités
de
la
société
civile
à
chercher
l’information
pertinente
et
à
accéder
aux
personnes
ressources
au
sein
des
structures
d’appuin.
Les
faiblesses
des
associations
peuvent
ainsi
se
résumer
à
un
problème
de
savoir-‐faire
et
un
problème
de
faire-‐savoir
:
d’une
part,
celles-‐ci
ne
pensent
pas
à
élaborer
un
écosystème
cohérent
et
efficace
de
leurs
structures,
de
leurs
visions
et
de
leurs
activités
en
termes
de
communication
;
d’autre
part,
elles
peinent
à
saisir
ou
à
créer
les
occasions
qui
leur
permettraient
d’entrer
en
contact
et
de
convaincre
les
partenaires
techniques
et
financiers,
en
demandant
des
rendez-‐vous,
en
effectuant
des
relances
ou
en
participant,
à
leurs
frais
s’il
le
faut,
aux
différentes
manifestations
qui
les
feraient
se
trouver
au
même
endroit
et
au
même
moment
avec
leur
vis-‐à-‐vis
afin
de
se
créer
un
carnet
d’adresses
de
soutiens
potentiels,
à
la
fois
utile
et
précieux.
11Selon les questionnaires, 76% des associations déclarent rechercher les informations sur les partenaires techniques
et financiers à travers leurs sites Internet et/ou leurs pages Facebook même si 57% procèdent par bouche à oreille.
Les questionnaires nous renseignent également que 29% des organisations de la société civile ayant répondu au
questionnaire cherchent ces informations sur IFEDA, alors même que le site de cette institution ne comprend aucune
information sur le sujet. 33% optent pour d’autres organismes appuyant les organisations de la société civile, à cet
effet le Bureau Conseil Associations (BAC) a été cité comme exemple.
23. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
4. Recommandations en vue de l’amélioration des relations
entre les organisations de la société civile et les partenaires
techniques et financiers en Tunisie
Les
présentes
recommandations
ont
vocation
à
contribuer
à
la
réflexion
sur
les
moyens
à
mettre
en
oeuvre
afin
d’améliorer
les
relations
entre
les
organisations
de
la
société
civile
et
les
partenaires
techniques
et
financiers.
Une
telle
amélioration
est
une
condition
préalable
à
un
partenariat
efficace
et
durable
entre
les
deux
parties
prenantes.
22
4.1.
Assurer
une
coordination
efficace
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
- Préparer
et
partager
une
version
résumée
(d’une
dizaine
de
pages
au
plus)
et
traduite
en
arabe
de
la
«
synthèse
de
la
cartographie
des
interventions
et
des
approches
des
partenaires
techniques
et
financiers
envers
la
société
civile
en
Tunisie
»,
afin
de
fournir
aux
organisations
de
la
société
civile
et
aux
partenaires
techniques
et
financiers
un
aperçu
des
interventions
de
ces
derniers
pour
une
meilleure
compréhension
de
l’allocation
des
soutiens
en
termes
de
thématiques
et/ou
de
publics
cibles.
Ce
travail
pourra,
le
cas
échéant,
être
réalisé
dans
le
cadre
du
PASC
ou
par
le
biais
d’une
assistance
technique
;
- Renforcer
le
groupe
de
coordination
des
bailleurs
de
fonds
(dont
le
chef
de
file
est
à
l’heure
actuelle
la
Délégation
de
l’Union
européenne),
en
prenant
soin
d’y
associer
le
plus
grand
nombre
de
partenaires
techniques
et
financiers
ainsi
que
les
organisations
non
gouvernementales
internationales
apportant
leur
soutien
en
Tunisie
;
la
présidence
formelle
ou
informelle
de
ce
groupe
pourra
au
demeurant
s’opérer
de
manière
tournante
à
échéances
régulières
;
dans
le
même
ordre
d’idées,
il
peut
être
judicieux
de
mettre
en
place
une
telle
coordination
au
niveau
régional
en
fonction
des
partenaires
présents
sur
le
terrain
;
- Elaborer
une
matrice
de
coordination
recensant
les
interventions
des
partenaires
techniques
et
financiers
en
Tunisie,
en
encourageant
ces
derniers
à
déterminer
leurs
objectifs
communs
et
leurs
objectifs
spécifiques,
les
priorités
d’intervention
selon
la
même
distinction,
et
des
indicateurs
unifiés
afin
d’être
en
mesure
d’entamer
un
suivi
consolidé
et
cohérent
;
une
telle
matrice
pourra
au
besoin
être
désagrégée
en
fonction
de
certaines
thématiques
ou
populations
cibles
pour
un
suivi
plus
précis
et
une
lecture
plus
claire
des
interventions
;là
encore,
l’assistance
technique
semble
être
l’outil
le
plus
pertinent
pour
atteindre
ces
résultats
;
- Soutenir
la
plateforme
Jamaity.org
et
y
inclure
utilement
les
éléments
qui
pourront
faciliter
la
coordination
entre
les
partenaires
techniques
et
financiers
:
à
titre
d’exemple,
la
matrice
précitée
pourrait
être
disponible
en
ligne
sur
la
plateforme,
et
les
partenaires
techniques
et
financiers
auraient
la
possibilité,
grâce
à
des
codes
d’accès
spécifiques
qui
leur
seraient
fournis,
d’actualiser
en
temps
réel
les
informations
relatives
à
leurs
interventions
et
permettre
ainsi
une
mise
à
jour
immédiatement
accessible
aux
autres
bailleurs
de
fonds
;
- Promouvoir
l’idée
de
fonds
communs
(basket
funds)
permettant
de
mobiliser
les
ressources
des
partenaires
techniques
et
financiers,
en
particulier
ceux
oeuvrant
dans
la
même
thématique,
afin
d’optimiser
l’allocation
des
ressources
sur
l’ensemble
du
24. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
territoire.
En
constituant
un
comité
de
sélection
unique
pour
la
même
thématique,
les
partenaires
techniques
et
financiers
éviteront
de
répartir
leurs
soutiens
de
manière
inéquitable
en
agissant
«
à
l’aveugle
»,
indépendamment
les
uns
des
autres,
et
permettront
de
diversifier
la
nature
et
l’envergure
des
projets
soutenus,
en
misant
sur
la
complémentarité
entre
des
associations
aux
profils
variés,
adoptant
des
approches
différentes
et
oeuvrant
dans
des
espaces
géographiques
distincts.
4.2.
Légitimer
et
améliorer
l’élaboration
des
stratégies
des
partenaires
techniques
et
financiers
23
- Elaborer
des
stratégies
d’intervention
en
fonction
des
besoins
réels
du
terrain,
en
adoptant
idéalement
une
approche
participative
qui
permettra
de
recueillir,
sur
l’ensemble
du
territoire,
les
avis
et
les
propositions
des
organisations
de
la
société
civile
quant
à
leurs
stratégies,
leurs
besoins
et
leurs
priorités
;
- Mener
des
missions
régulières
d’identification
des
besoins
à
Tunis
et
dans
les
régions
;
à
tout
le
moins,
des
questionnaires
peuvent
être
préparés
et
distribués
en
ligne
à
travers
des
logiciels
existants,
gratuits
et
disponibles
sur
Internet,
à
partir
d’une
base
de
données
unifiée
et
partagée
par
les
différents
partenaires
techniques
et
financiers
;
- Investir
dans
des
personnes-‐ressources,
aux
échelles
locale,
régionale
et
nationale
pour
la
définition
des
priorités
stratégiques
;
- Compléter
la
consultation
et
la
concertation
avec
les
associations
par
celles
avec
les
bénéficiaires
directs
afin
de
s’assurer
de
la
réalité
des
besoins
et
des
recommandations
exprimées
;
- Former
les
associations
à
l’utilité
de
disposer
d’une
vision
et
d’une
stratégie
claires
afin
de
les
familiariser
avec
cette
exigence
;
- Exiger
des
associations
partenaires,
dans
la
définition
des
besoins
et
de
la
détermination
des
priorités,
un
document
de
stratégie,
gage
du
sérieux
de
ces
dernières
et
de
leurs
capacités
à
disposer
d’une
vision
pour
la
thématique
et
l’espace
géographique
au
sein
desquels
elles
interviennent,
ainsi
que
pour
les
bénéficiaires
pour
le
compte
desquels
elles
oeuvrent
;
- Accompagner
les
associations
dans
l’élaboration
de
leurs
visions
et
de
leurs
stratégies,
qui
constituent
une
base
solide
et
un
premier
pas
nécessaire
avant
un
dialogue
de
qualité
avec
les
partenaires
techniques
et
financiers
;
- Renforcer
les
capacités
des
organisations
de
la
société
civile
afin
que
celles-‐ci
puissent
agir
en
tant
que
groupes
de
pression
efficaces
auprès
des
partenaires
techniques
et
financiers
pour
influencer
leurs
stratégies
;
la
réalisation
de
cet
objectif
passe
par
des
formations
en
termes
de
communication
et
de
plaidoyer,
ainsi
que
par
la
promotion
du
travail
en
réseau.
25. Le renforcement des relations entre partenaires techniques et financiers et organisations de la société civile en Tunisie :
de la logique de l’assistance à l’exigence du partenariat
24
4.3.
Assurer
un
traitement
équitable,
adapté
et
efficace
en
faveur
des
associations
- Adapter
les
appels
à
propositions
aux
capacités
de
gestion
des
organisations
de
la
société
civile
;
à
cet
égard,
l’idéal
est
de
proposer
deux
types
d’appels
à
propositions
:
les
uns
orientés
vers
les
petites
associations
et
pour
lesquelles
le
formulaire
de
candidature
pourra
être
simplifié,
l’autre,
plus
exigent,
serait
destiné
aux
associations
bénéficiant
déjà
d’une
expérience
solide
en
termes
de
gestion
de
projets
et
de
fonds
;
à
défaut,
il
est
également
possible
de
favoriser
les
«
appels
en
cascade
»,
afin
d’octroyer
des
fonds
à
des
agents
intermédiaires
qui
pourront
lancer
des
appels
à
projets
de
petite
taille
et
de
ce
fait
plus
adaptés
aux
capacités
des
associations
les
plus
modestes
;
- Assurer
le
partage
des
appels
à
propositions
en
utilisant
un
éventail
plus
large
de
supports
de
communication
:
sites
Internet,
réseaux
sociaux,
radios
locales,
presse
écrite,
etc.
Il
serait
également
judicieux
que
les
appels
soient
publiés
à
la
fois
en
langue
arabe
et
en
langue
française
et
que
les
associations
puissent
soumettre
leurs
candidatures
dans
la
langue
de
leur
choix
;
- Accompagner
les
appels
à
propositions
de
visites
de
terrain
destinées
à
informer
et
sensibiliser
les
associations
susceptibles
d’être
intéressées
aux
objectifs
du
soutien
et
aux
modalités
et
exigences
attendues
par
le
partenaire
technique
et
financier;
- Constituer
une
équipe
de
suivi
en
amont
de
la
tenue
du
comité
de
sélection,
chargée
de
répondre
aux
questions
des
candidats
et
de
les
accompagner
en
termes
de
conseils
de
fond
et
de
forme,
afin
que
leurs
candidatures
soient
plus
solides.
Ce
travail
en
amont
permet
d’améliorer
la
qualité
des
candidatures
soumises
mais
également
de
renforcer
les
capacités
des
associations,
y
compris
de
celles
qui
ne
seraient
pas
retenues.
A
cet
égard,
ce
soutien
doit
être
accompagné
des
outils
permettant
de
le
réaliser
en
termes
de
ressources
humaines
et
matérielles
:
chargés
de
mission
compétents
et
disposant
d’une
expérience
dans
le
domaine,
adresses
email
dédiées,
hotline
ou
lignes
téléphoniques
spécifiques
;
- Promouvoir
une
obligation
de
redevabilité
à
l’endroit
des
partenaires
techniques
et
financiers
et
encourager
ces
derniers
à
motiver
les
décisions
de
refus
en
expliquant
aux
associations
non
retenues
les
raisons
qui
ont
justifié
le
choix
de
ne
pas
leur
accorder
de
soutien
et
de
leur
offrir
en
même
temps
des
conseils
afin
d’améliorer
leurs
futures
candidatures.
4.4.
Améliorer
le
processus
d’exécution
des
activités
- Former
les
associations
retenues
à
la
fois
à
la
gestion
de
projets
mais
également
au
respect
de
leurs
obligations
juridiques
et
comptables
afin
qu’elles
satisfassent
à
la
fois
les
exigences
des
partenaires
techniques
et
financiers
et
celles
de
l’Etat
;
- Accompagner
les
associations
tout
au
long
du
projet
dans
le
renforcement
de
leurs
capacités,
à
la
fois
en
termes
de
fond
mais
également
sur
des
aspectes
relatifs
à
la
gestion
d’équipe,
aux
procédures
d’acquisition
de
biens
ou
de
services,
à
l’approche
participative,
à
la
communication
et
au
plaidoyer
;