Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Corrigé (activité 3)
1. Quels sont les éléments linguistiques qui plaident clairement pour une entreprise de nature privée ? Quels sont ceux qui favorise
l’opinion inverse?
Pour pouvoir affirmer qu'il s'agit là d'une entreprise d’ordre privé, on s’attend à trouver trace d’éléments langagiers renvoyant
clairement à la subjectivité, à l'individualité, et, en particulier, aux goûts et préoccupations personnels du Calife. A l’inverse, pour opter en
faveur de l’autre thèse, il faudrait que nous trouvions dans le texte un passage où Al-Mamum apparaisse œuvrer en tant que souverain, et non
comme un simple homme cultivant son goût pour la science de « privée » - pour autant que le terme ait un sens pour l'époque.
Phrases
Portion de phrase fournissant un
renseignement
Analyse Conclusions
1
Le calife Abd Allah al-Mamun
s'occupa de chercher la
science là où elle se trouvait.
Rien ne permet de déterminer si «chercher
la science» renvoie ici à la collecte,
matérielle, d'artefacts indispensables à
l'activité scientifique (livres, instruments,
etc.) ou bien s'il faut l'entendre comme
«cultiver la science», «rechercher la vérité»,
de poursuivre la «quête du savoir, de la
connaissance».
Cette phrase, ambigüe, ne pourra
s'éclairer qu'en fonction du contexte: il
ne nous est donc pas possible de la
retenir comme indice certain.
2-3
Il entra en contact avec les
empereurs de Byzance, leur fit
de riches présents et les
pria de lui faire don des
livres de philosophie qu'ils
avaient en leur possession. Ces
empereurs lui envoyèrent
des ouvrages de Platon,
d'Aristote, d'Hippocrate, de
Galien, d'Euclide, de Ptolémée.
De prime abord, le terme « don » pourrait
laisser penser qu'il s'agit de cadeaux, faits à
titre personnel par les Empereurs byzantins
au Calife. Cette interprétation conduirait à
une lecture en faveur de la thèse d‟une
entreprise de caractère privé.
Mais la traduction proposée, « don » et non
« cadeau », nous invite à une autre
interprétation: le terme renvoie plus
sûrement à une économie du don et du
contre-don, telle qu‟étudiée par Marcel
Mauss. De telles „courtoisies diplomatiques‟
paraîtront alors aussi intéressées que
codifiées et s‟interprèteront comme un jeu
de rivalité engageant le prestige des princes.
Les deuxième et troisième phrases
renferment également un élément
d'ambiguïté. Certes, la balance semble
pencher plutôt du côté d‟une
interprétation «publique» de
l‟entreprise. Elle se base toutefois sur
une nuance, dans l‟interprétation d‟un
terme qui nous est donné dans sa
traduction: il serait, dans ses
conditions, hasardeux de prétendre
s‟en servir pour trancher la question.
4
Al-Mamum fit alors le choix
de traducteurs de talent et
les chargea de traduire ces
ouvrages en arabe de leur mieux
Pas plus la connotation des termes employés
- «traducteurs», « traduire » et « chargea »
n'impliquant aucun rapport univoque de
subordination -, que le sens général - la
traduction n'étant en soi un acte de nature
ni strictement privée, ni strictement
publique – ne nous éclairent.
Ce passage sur les traducteurs ne nous
aide guère à répondre à notre question.
5
Le calife poussa ses sujets à
lire ces livres et les encouragea
à les étudier.
Le couple « calife »/ « sujet », place l‟action
dans le domaine des rapports de pouvoir, le
sujet (sous) étant soumis au souverain (sur).
Le possessif « ses » ainsi que le verbe
« pousser » confirme par ailleurs cette
lecture.
Malgré la limite imposée par le fait que
nous avons affaire à une traduction, un
faisceau concordant d‟indices nous
invite à voir dans l‟initiative d‟al-
Mamun une entreprise éminemment
publique. C‟est ainsi comme chef et
guide qu‟il a entrepris de rendre
accessible à ses sujets les ouvrages
scientifiques collectés dans le monde
entier.
6
L'Empire abbasside, à ce
moment, rivalisa avec celui
des Romains à l'époque de sa
splendeur et de sa plus grande
puissance.
Le but de l‟entreprise est ici révélé par ses
conséquences même: entreprise de prestige,
elle hausse le Califat au rang des plus grands
empires.
Bien qu‟il manque à ce passage d'être
raccordé clairement à l'entreprise de
collecte et de traduction - d'autres
facteurs pouvant être implicitement
pris en considération par l‟auteur –
cette dernière phrase permet de
confirmer les conclusions tirées de
l‟analyse de la phrase précédente.
2. L‟analyse, phrase par phrase, a permis d‟écarter une lecture et d‟en privilégier une autre. Ce travail est à la fois
simple – la réponse étant en tant que telle facile à trouver – et exigeante – la justification appelant une analyse
rigoureuse des énoncés.
Des indices linguistiques précis nous ont permis de mener à bien cette tâche :
- Le sens des mots, éventuellement en recourant à l'étymologie,
- “don”, “sujets” etc.
-La connotation
-« pousser »
- Les relations entre les mots (mots grammaticaux)
-« ses », prépositions, etc.
Rappelons toutefois que dans un cas comme celui-ci, il convient de veiller à ne pas « surinterpréter » ces
indices linguistiques. N‟oublions pas, en effet, qu‟il s‟agit là d‟une traduction : rien ne nous assure que notre analyse
serait valable pour le texte arabe.