SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  8
Télécharger pour lire hors ligne
L’environnement en Chine, des enjeux à la mesure
           de la croissance économique du pays
                                                                                   Laurence Demeulenaere (MEEDDAT/SESP)1

           Les autorités chinoises manifestent une inquiétude croissante face aux risques que les
           pressions environnementales, résultant de la rapidité de la croissance économique, de
           l’industrialisation et de l’urbanisation, font peser sur la situation sociale et environnementale
           du pays et à terme sur ses perspectives de croissance économique.

           Voulant agir et souhaitant une collaboration renforcée avec l’Organisation de coopération et
           de développement économique, OCDE, et ses pays membres, le gouvernement chinois a
           demandé un bilan environnemental dans le cadre des examens des performances
           environnementales que réalise cet organisme (encadré 1). La note en synthétise les résultats
           ainsi que les recommandations 2.

           Face aux enjeux majeurs touchant à tous les aspects environnementaux (pollution urbaine,
           eau, déchets, biodiversité, ressources, effet de serre), les recommandations de l’OCDE,
           acceptées par la Chine visent à améliorer la mise en œuvre de ses politiques environnementales
           notamment au niveau local, à intégrer les préoccupations environnementales dans les décisions
           économiques et sociales, et à renforcer sa collaboration internationale, principalement par
           l’élaboration d’un plan national cohérent sur le changement climatique.




L’insertion de la Chine dans le commerce international (la Chine est entrée dans l’organisation mondiale du commerce,
OMC, en 2001), en fait une économie structurante des grands équilibres mondiaux, notamment environnementaux.


Ouverture et montée en puissance de la Chine à l’échelle internationale

Avec sa croissance économique de 10 % en moyenne par an depuis une quinzaine d’années, la Chine est devenue la
quatrième puissance économique du monde3. Cette croissance a permis de réduire la pauvreté mais a accentué les inégalités
entre les provinces côtières prospères et les provinces continentales, et aussi les écarts de revenus entre zones rurales et
zones urbaines. Les coûts sanitaires et les dommages écologiques dus au mode de développement sont importants.

Cette croissance entraîne un appauvrissement rapide des ressources naturelles et provoque d’importantes retombées sur la
santé humaine par des accidents industriels et naturels, nombreux et graves. Le coût social de la seule pollution de l’air est
estimé entre 3 et 7 % du PIB.

La Chine n’est pas tenue par les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre définis dans le protocole de
Kyoto car elle n’est pas visée dans l’annexe I de la convention qu’elle a ratifiée ultérieurement, en 2002. Pourtant, la
réussite de cette convention dépend de l’aptitude de la Chine à maîtriser ses émissions car elle est le deuxième émetteur
derrière les États-Unis, et elle va en devenir le premier dans les années à venir.



1
  Cette synthèse est rédigée avec la contribution de Marc Aviam, D4E/MEEDDAT et des analyses de la D4E qu’il a bien voulu porter à notre connaissance
et dont nous le remercions.
2
  L’examen réalisé en 2006 a fait l’objet d’un rapport « Examens environnementaux de l’OCDE : Chine », en juillet 2007.
3
  Et les experts considèrent qu’elle passera très bientôt devant l’Allemagne, pour atteindre le troisième rang.


© Notes de synthèse du SESP N° spécial                                   17                                                             Juillet 2008
Un nouveau mode de développement souhaité par les autorités chinoises

Face à cette dégradation de l’environnement, les autorités chinoises oeuvrent en faveur d’un mode de développement plus
équilibré, dans une perspective de développement durable, au moyen de concepts tels que l’« approche scientifique du
développement » ou la « société harmonieuse ». Ce dernier concept, prônant une durabilité plutôt forte4, est basé sur un
nouveau modèle économique dans lequel la croissance est guidée par la conservation des ressources et non par l’augmentation
perpétuelle de leur consommation. Les autorités travaillent à la mesure du « coût de la non action » et à l’élaboration d’un
« PIB vert », c’est-à-dire un produit intérieur brut (PIB) corrigé par la valorisation des atteintes de cette production à
l’environnement et des pressions sur les ressources.

Pour renforcer les capacités de leurs politiques environnementales et de leurs outils économiques, les autorités chinoises
veulent apprendre de la part des pays membres de l’OCDE des solutions de mise en œuvre et bénéficier de transferts accrus
d’éco - technologies.


Les enjeux environnementaux de la Chine

Ces enjeux sont majeurs et multiples. Ils touchent tous les aspects des politiques de l’environnement.

Pollution atmosphérique urbaine

En dépit des efforts accomplis, la qualité de l’air dans certaines villes chinoises est parmi les pires du monde. Les pluies
acides touchent 30 % du territoire et 215 des 526 agglomérations en 2004. Les émissions de SO2 progressent et l’intensité
énergétique de l’économie par unité de PIB dépasse de 20 % la moyenne de l’OCDE. La Chine n’a pas atteint ses objectifs
de lavage du charbon, dont les progrès sont lents ; le nombre de véhicules a doublé et, bien qu’il soit encore faible, leur
circulation représente déjà la principale source de pollution de l’air en milieu urbain. La pollution conduit à une augmentation
des maladies respiratoires, des cancers et des malformations congénitales.

Gestion problématique des déchets

La production totale de déchets a augmenté de 80 % depuis 1990. Les quantités de déchets (municipaux, industriels et
dangereux) sont très supérieures aux capacités de traitement et d’élimination. Certains de ces déchets sont stockés en
attente de traitement futur ou mis en décharge sans contrôle. L’incinération et le recyclage ne représentent respectivement
que 3 et 5 % du traitement des déchets municipaux, au bénéfice de la mise en décharge.

Ressources sous facturées

L’économie chinoise consomme beaucoup d’énergie, de matières et d’eau. Elle consomme plus de ressources par unité de
PIB que les pays de l’OCDE. Ses ressources sont de plus fréquemment dégradées par des accidents. Le quadruplement prévu
du PIB entre 2000 et 2020 va nécessiter une augmentation proportionnelle du financement de la gestion de l’environnement
pour envisager une croissance économique durable. Les politiques en vigueur risquent de ne pas être suffisamment
ambitieuses pour atteindre les objectifs environnementaux fixés par les autorités elles-mêmes. L’énergie, l’eau et les
autres ressources sont sous facturées. Les prix de l’énergie, des transports et des sols devraient être rehaussés.

Rareté et pollution de l’eau

De nombreux cours d’eau, lacs et eaux côtières sont très sévèrement pollués en raison des déversements agricoles,
industriels et domestiques. Cette pollution a dégradé les écosystèmes aquatiques. Elle fait peser des menaces graves sur
la santé. Les ressources en eau par habitant sont très modestes (le quart de la moyenne mondiale) et inégalement
réparties. Le pays a lancé un très important projet de transfert de 40 milliards de m3 par an du bassin du Yang-tseu-kiang
vers la plaine de la Chine du Nord d’ici 2020. Ce plan ne répondra toutefois pas aux besoins si les consommations des
villes, de l’agriculture et de l’industrie ne deviennent pas durables.



4
  Contrairement à une durabilité faible pour laquelle le problème n’est pas tant la conservation des ressources, mais de leur trouver des substituts
reproductibles.


© Notes de synthèse du SESP N° spécial                                  18                                                             Juillet 2008
Nature et biodiversité peu protégées

La Chine a entrepris de renforcer, même si cela demeure très insuffisant, la coordination institutionnelle et l’intégration
des activités d’évaluation et de protection de la nature et de la biodiversité, dans et hors les zones protégées. Le milieu
et les espèces marines ne sont pas suffisamment protégés et subissent de fortes pressions. Il n’existe pas actuellement de
continuité des habitats, permettant de les relier par des corridors biologiques. Peu de mesures ont été prises pour
encourager la protection de la biodiversité des forêts. Le pays n’a pas encore ratifié la Convention de Bonn sur la
conservation des espèces migratrices.

L’absence de moyens limite l’efficacité des mesures et réglementations adoptées par la Chine pour respecter ses engagements
internationaux en matière de pêche maritime, de qualité des eaux côtières, de transport de déchets dangereux, de lutte
contre le commerce illégal d’espèces menacées, et de produits forestiers.

Bientôt premier contributeur au réchauffement climatique

La Chine est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre (figure 1) à cause notamment de son économie tributaire du
charbon, par ailleurs source de précipitations acides et de pollution atmosphérique trans-frontière dans le Nord-Est
asiatique.


Figure 1 - Émissions de carbone dues à la combustion d’énergie en 2004

                                                         États-Unis
             Reste du monde                                21 %
                  31 %

                                                               Japon
                                                                5%

                                                          Chine
                OCDE Europe                               18 %
                   16 %
                                       Ancienne URSS
                                            9%
Source : OCDE-AIE

Pour aboutir à une réduction significative de ses émissions de GES, la Chine devra non seulement accroître son effort
financier mais, en plus, les pays de l’OCDE et les institutions financières internationales devront lui apporter une aide
technique et financière importante.

D’après une évaluation publiée par la Chine en 2004, ses émissions de dioxydes de carbone qui représentent les trois
quarts de ses émissions de gaz à effet de serre ont progressé de 110 % entre 1990 et 2004 (figure 2).

Figure 2 - Émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie, dans certains pays, 1980-2004
                                                                                             en millons de tonnes de CO 2
                                                                                                          Variation
                               1980               1990                 1995       2000      2004          1990-2004
                                                                                                            (en %)
États-Unis                        4 668             4 842                5 109      5 701     5 800              19,8
Chine                             1 390             2 256                2 976      2 978     4 732             109,8
Ex URSS                           3 063             3 345                2 424      2 210     2 313             -30,9
Japon                               869             1 058                1 140      1 185     1 215              14,8
Inde                                295               588                   785      971      1 103              87,6
Allemagne                         1 061               966                   878      827        849             -12,1
Canada                              428               429                   461      530        551              28,4
Royaume-Uni                         573               558                   528      525        537               -3,8
Corée                               122               226                   361      428        462             104,4
Italie                              363               398                   411      426        462              16,1
France                              465               355                   357      379        387               9,0
Source : OCDE-AIE, CO 2 Emissions from fuel combustion, 1971-2004


© Notes de synthèse du SESP N° spécial                                 19                                           Juillet 2008
La Chine n’a pas de plan national d’ensemble ni de stratégie intégrée au sujet du changement climatique. Jusqu’à présent,
elle a surtout visé à améliorer l’efficacité énergétique dans les secteurs de la production d’électricité, de l’industrie et des
transports, par un recours accru aux sources d’énergies renouvelables et au nucléaire, une amélioration des méthodes de
foresterie et d’utilisation des terres, et une mise en oeuvre des stratégies d’adaptation au changement. La majeure partie
de ces efforts ont été justifiés sur la base de leur contribution aux autres objectifs nationaux, notamment en matière de
sécurité énergétique, de gestion de la qualité de l’air et de production alimentaire, indépendamment de leur rôle dans la
lutte contre le changement climatique.

La Chine a ciblé son action à l’égard du changement climatique sur l’utilisation de sources d’énergie fossiles dans le
secteur de l’énergie. Mais la consommation d’énergies produites à partir du charbon augmente sous l’effet de la hausse de
la population et de sa richesse, ce qui compense les réductions d’intensité énergétique, et donc d’émissions, de la
croissance économique de la décennie écoulée.

Par habitant, sa consommation d’énergie et ses émissions de carbone sont beaucoup plus faibles que la moyenne mondiale
(figure 3). Toutefois la croissance économique de la Chine et la hausse de son niveau de vie font prévoir une augmentation
de la consommation d’énergie et des émissions de carbone. D’ici à 2025, ses émissions liées à la consommation d’énergie
atteindraient 18 % du total mondial (contre 13 % en 2001) (US department of energy, 2003).



Figure 3 - Intensité des émissions de CO2 par habitant


                          En 2004 (en tonnes de CO2)                                                Évolution 1990-2004 (en %)

          OCDE                             11,1                                                         4,5
    OCDE Europe                     7,7                                                      -2,8

      États-Unis                                              19,7                                      1,9
         Canada                                        17,2                                                   11,4
      Allemagne                           10,3                                       -15,5
           Corée                         9,6                                                                                             82,4
           Japon                        9,5                                                                   11,1
    Royaume-Uni                        9,0                                               -7,8
             Italie                  7,9                                                                      13,1
          France                  6,4                                                                   2,4
           Chine            3,6                                                                                                          84,5

                      0      5        10          15     20          25        -40     -20          0          20    40   60        80          100


Source : OCDE




Mécanisme de développement propre

Pour mieux faire face à ce risque, la Chine recourt aux mécanismes internationaux et est à l’origine de 30 % du total des
crédits générés au titre du mécanisme pour un développement propre, MDP5. Elle donne priorité aux projets visant le
développement de sources d’énergies nouvelles et renouvelables et de l’efficacité énergétique. Elle encourage également
la substitution inter-énergétique, le reboisement et la plantation de forêts. D’ici 2010, la Chine pourrait représenter 35 à
45 % du marché mondial de MDP, soit une réduction des émissions de 100 à 200 millions de tonnes par an, dont 40 %
dans le secteur de l’électricité, soit 3 à 6 % de ses émissions nettes en 1994. D’ici 2020, le potentiel de réduction
atteindrait, au titre du MDP, 777 millions de tonnes par an.




5
 Pour une analyse complète du mécanisme de développement propre (MDP), le lecteur peut se référer à l’article de Jean-Jacques Becker sur ce thème,
paru dans le dossier des Notes de synthèse consacré aux « Instruments économiques de lutte contre l’effet de serre », septembre 2007.


© Notes de synthèse du SESP N° spécial                                    20                                                         Juillet 2008
Les outils actuels et leurs limites

La Chine a mis en place des cadres et des instruments de politiques :

• des institutions environnementales (encadré 2), qu’il convient cependant de renforcer ;
• un droit environnemental, qu’il est indispensable de mettre en œuvre ;
• ce droit est assorti de plans quinquennaux successifs de développement économique et social et de plans quinquennaux
  pour l’environnement qui forment un cadre, dans lequel s’inscrit l’action en faveur de l’environnement et du développement
  durable ;
• une batterie d’instruments économiques (redevances de pollution et d’utilisation, échanges de permis d’émission),
  dont les taux devraient être augmentés, et de stratégies pour tirer parti des marchés et de l’intérêt croissant du public
  pour l’environnement.

C’est à l’échelon local que la mise en œuvre des politiques rencontre le plus d’obstacles : les priorités économiques y
prennent le plus souvent le pas sur les préoccupations environnementales ; les bureaux locaux de protection de
l’environnement (encadré 2) sont très peu indépendants et ont des marges d’action limitées. Des progrès ont toutefois été
réalisés : dans certaines provinces prospères, les dirigeants locaux réagissent favorablement aux demandes
environnementales ; plus de 8 000 entreprises sont reconnues conformes à la norme ISO 14 000, qui concerne le management
environnemental ; des études d’impact sur l’environnement se mettent en place avec des procédures de participation des
citoyens.

Plan quinquennal de développement économique et environnemental

Pour favoriser un modèle de croissance économique fondé sur une faible intensité matérielle, les autorités chinoises ont
inscrit le concept des 3 R (réduire, réutiliser, recycler) et celui de l’économie circulaire6, dans le 11e plan quinquennal
2006-2010.

L’administration d’État pour la protection de l’environnement, le SEPA, devenu ministère pour la protection de
l’environnement, MEP, guide cette nouvelle démarche et recherche des arguments permettant de démontrer, au niveau
central, que plus d’environnement est favorable économiquement (innovation, compétitivité, exportations) et socialement
(santé, emploi, diminution de la pauvreté). Le MEP s’intéresse au concept OCDE de « coût de l’inaction », ce qui le conduit
à travailler à l’élaboration d’un PIB vert7.


Une mise en œuvre à poursuivre

Malgré les progrès réalisés, la Chine doit renforcer la mise en œuvre de ses politiques environnementales. Ces progrès
environnementaux devraient lui permettre de dégager des bénéfices économiques et sociaux majeurs, liés en particulier à
une amélioration de la santé.

Elle a besoin de renforcer encore ses efforts environnementaux à l’échelle internationale (en ce qui concerne le changement
climatique, la protection de la couche d’ozone, les questions régionales et les liens entre commerce et environnement) en
coopération et avec le soutien des pays de l’OCDE.

Les recommandations de l’OCDE

Au terme de l’examen des performances environnementales de 2006, les recommandations de l’OCDE faites à la Chine8
invitent celle-ci à :

• renforcer et mieux coordonner ses institutions environnementales ;

6
  L’économie circulaire (ou écologie industrielle) s’oppose à l’économie linéaire, traditionnelle, qui épuise les ressources et génère des pressions
sur l’environnement. Elle cherche à disjoindre, à « découpler », la création de valeur de flux de matière et d’énergie qui les sous-tendent
(référence 3).
7
  Le coût de la vie humaine, qu’il conviendrait d’évaluer dans le cadre d’un PIB vert, est moins élevé en Chine que dans les pays occidentaux.
8
  Ces conclusions et recommandations ont été approuvées par toutes les délégations du groupe de travail sur les performances environnementales
de l’OCDE, y compris la délégation de la Chine, lors de sa réunion à Pékin, les 8-9 novembre 2006.


© Notes de synthèse du SESP N° spécial                                  21                                                             Juillet 2008
• mieux mettre en oeuvre ses politiques environnementales en particulier au niveau local ;
• faire davantage appel aux instruments de marché, et accroître et diversifier ses sources de financement environnemental ;
• mieux intégrer les préoccupations environnementales dans les décisions économiques et sociales (niveaux des prix de
  l’énergie, de l’eau, des sols, réforme fiscale verte ; intégration dans les secteurs énergie, transport, énergie ; démocratie
  environnementale – éducation et information environnementale, participation citoyenne, coopération et partenariats
  avec les ONG et les entreprises - ; plan national santé-environnement) ;
• renforcer la coopération internationale environnementale (plan national sur le changement climatique, substances
  altérant la couche d’ozone, surveillance par le gouvernement des entreprises chinoises opérant à l’étranger et application
  par elles des lignes directrices OCDE, problèmes régionaux, dont pluies acides).


Les moyens d’action selon les problématiques et l’échelle d’intervention

La situation de la Chine nécessite l’action sur le plan institutionnel et sur celui de la mise en œuvre afin d’obtenir des
résultats dont l’évaluation par des études d’impact sur l’environnement devrait elle aussi être développée.

Les principales recommandations s’organisent autour de trois problématiques.

Réduire l’écart dans la mise en œuvre des politiques de l’environnement

Pour réduire l’écart dans la mise en œuvre des politiques de l’environnement dans les domaines de l’air, de l’eau, des
déchets et de la nature, il est recommandé de :

• poursuivre les efforts pour rendre les leaders locaux, aux différents niveaux territoriaux de gouvernance, plus conscients
   de leurs responsabilités environnementales ;
• étendre l’utilisation des mécanismes de marché pour mieux atteindre les objectifs environnementaux ;
• accroître et diversifier les sources de financement.

Il s’agit par exemple d’encourager l’adoption de combustibles moins polluants (techniques de combustion du charbon plus
propres, lavage du charbon et désulfuration des gaz de combustion) et de carburants et de véhicules plus propres.

Mieux intégrer les préoccupations environnementales

Pour mieux intégrer les préoccupations environnementales dans les décisions économiques et sociales, il est recommandé
de :

• examiner les niveaux des prix de l’énergie, de l’eau et des ressources naturelles et de considérer une réforme fiscale
   verte tout en considérant l’impact d’un accroissement de ces prix sur les ménages pauvres ;
• mieux intégrer l’environnement dans les politiques économiques et les politiques de l’énergie, des transports et de
   l’agriculture ;
• renforcer la démocratie environnementale relativement à l’information, l’éducation et la participation des citoyens en
   renforçant la coopération avec les organisations non gouvernementales, ONG, et les entreprises ;
• permettre un accès aux services environnementaux aux populations les plus pauvres et rurales ;
• cibler davantage les impacts de la dégradation de l’environnement sur la santé en développant et en mettant en œuvre
   un plan national santé-environnement.

Renforcer la coopération internationale

Pour renforcer la coopération environnementale à l’échelle internationale, il est recommandé de :

• établir un plan national cohérent sur le changement climatique ;
• continuer à supprimer les substances détériorant la couche d’ozone ;
• améliorer la surveillance gouvernementale sur les opérations des entreprises chinoises à l’étranger, en utilisant les
   lignes directrices de l’OCDE pour les entreprises multinationales ;
• intensifier les efforts relatifs aux problèmes environnementaux régionaux, particulièrement les pluies acides.


© Notes de synthèse du SESP N° spécial                        22                                                    Juillet 2008
Encadré 1

                                         Les examens environnementaux de l’OCDE


  L’examen de la Chine s’inscrit dans la série régulière d’examens par l’OCDE des performances environnementales
  portant sur les pays membres et certains pays non membres, conformément à sa mission de promouvoir une croissance
  économique durable et la prise en compte des considérations environnementales dans la politique économique et
  dans les mesures sectorielles. Effectués à la demande des pays concernés, ces examens consistent en une analyse
  systématique des actions menées par les pays pour parvenir à leurs objectifs environnementaux et en des
  recommandations pour améliorer leurs résultats en termes de politiques de l’environnement efficaces et
  économiquement rationnelles.

  Cet examen a été préparé par une mission de l’OCDE en Chine, composée d’administrateurs de l’organisation et de
  représentants de pays volontaires. Le groupe formel qui s’est tenu à Pékin, en novembre 2006, en a discuté avec les
  autorités chinoises et en a approuvé en séance, chapitre par chapitre, les conclusions et les recommandations, sur
  une base consensuelle.

  Il a été réalisé selon la méthodologie adoptée pour l’examen environnemental de tous les pays de l’OCDE. Les données
  sont basées sur des statistiques environnementales officielles émanant des organisations intergouvernementales et
  chinoises.

  Il traduit une volonté de rapprochement et de convergence avec les politiques, les principes d’action et les
  instruments, notamment économiques, de l’OCDE.




  Encadré 2

                                     L’administration environnementale chinoise


  La loi sur la protection de l’environnement sous-tend la politique nationale et définit les compétences de l’État et
  des instances nationales en la matière.

  L’administration d’État pour la protection de l’environnement (SEPA) était l’organe administratif le plus élevé en
  matière de protection de l’environnement. Elle était placée sous l’autorité du Conseil des affaires d’État présidé par
  le Premier ministre et qui détient le pouvoir exécutif (annexe en fin de dossier). ELle était chargée d’élaborer les
  politiques et programmes environnementaux. Entraient dans ses attributions :

  •   les questions fondamentales et réglementaires ;
  •   la mise en application et la supervision des lois et règlements relatifs à la lutte anti-pollution ;
  •   les questions intersectorielles et de coordination régionale ;
  •   les normes de qualité du milieu ambiant et d’émissions/de rejets ;
  •   la gestion de l’environnement et les études d’impact sur l’environnement ;
  •   la R&D, la certification et les industries environnementales ;
  •   la surveillance de l’environnement et la communication des informations ;
  •   les problèmes d’environnement mondiaux et les conventions internationales ;
  •   la sûreté nucléaire.

  Elle supervisait les bureaux locaux pour la protection de l’environnement au niveau de la province, de la préfecture
  et du district qui relèvent de l’administration provinciale et qui mettent en oeuvre les instruments législatifs
  nationaux et provinciaux relatifs à la protection de l’environnement et contribuent à la surveillance de la pollution.

  Cette administration vient d’être promue en mars 2008 au rang de ministère, le ministère en charge de la protection
  de l’environnement, le MEP. Ses moyens humains et budgétaires ont ainsi été renforcés. Mais compte tenu de la forte
  décentralisation des politiques chinoises, ce ministère n’a pas de contrôle direct sur les responsables
  environnementaux locaux.




© Notes de synthèse du SESP N° spécial                     23                                                  Juillet 2008
Références bibliographiques

  1    OCDE
       Examens environnementaux de l’OCDE : Chine.
       Éditions OCDE, juillet 2007.

  2    OCDE
       Groupe de travail sur les performances environnementales, Examen environnemental de la Chine, Conclusions
       et recommandations finales.
       www.oecd.org

  3    Xiaohong Fan, Bourg Dominique et Erkman Suren
       L’économie circulaire en Chine – Vers une prise en compte de l’environnement dans le système économique
       chinois.
       Futuribles n° 324, nov. 2006.

  4    Becker Jean-Jacques
       Le mécanisme de développement propre.
       Dossier « Instruments économiques de lutte contre l’effet de serre », Notes de synthèse n° 166, septembre
       2007.




© Notes de synthèse du SESP N° spécial                   24                                                Juillet 2008

Contenu connexe

Tendances

La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014
La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014  La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014
La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014 ezzeddine mbarek
 
Changements climatiques
Changements climatiquesChangements climatiques
Changements climatiquesJamaity
 
Impacts du changement climatique
Impacts du changement climatiqueImpacts du changement climatique
Impacts du changement climatiqueBenoît Browaeys
 
Changement climatique dans le monde et en Afrique
Changement climatique dans le monde et en AfriqueChangement climatique dans le monde et en Afrique
Changement climatique dans le monde et en AfriqueEldoux
 
La position de la chine face aux divers problèmes internationaux
La position de la chine face aux divers problèmes internationauxLa position de la chine face aux divers problèmes internationaux
La position de la chine face aux divers problèmes internationauxnicolaschinois
 
CM9 Changement climatique Impacts et adaptation
CM9 Changement climatique Impacts et adaptationCM9 Changement climatique Impacts et adaptation
CM9 Changement climatique Impacts et adaptationMarie Sophie Bock Digne
 
Indc tunisie
Indc tunisieIndc tunisie
Indc tunisieJamaity
 
Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...
Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...
Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...RAC-F
 
L'Insoutenabilité de notre modèle de développement
L'Insoutenabilité de notre modèle de développementL'Insoutenabilité de notre modèle de développement
L'Insoutenabilité de notre modèle de développementAlain Ducass
 
L'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respect
L'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respectL'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respect
L'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respectFernando Alcoforado
 

Tendances (15)

La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014
La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014  La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014
La mesure du developpement durable ezzeddine mbarek 2014
 
Changements climatiques
Changements climatiquesChangements climatiques
Changements climatiques
 
Impacts du changement climatique
Impacts du changement climatiqueImpacts du changement climatique
Impacts du changement climatique
 
Changement climatique dans le monde et en Afrique
Changement climatique dans le monde et en AfriqueChangement climatique dans le monde et en Afrique
Changement climatique dans le monde et en Afrique
 
Evaluations des interactions entre Environnement et Développement en soutien...
 Evaluations des interactions entre Environnement et Développement en soutien... Evaluations des interactions entre Environnement et Développement en soutien...
Evaluations des interactions entre Environnement et Développement en soutien...
 
Justice climatique
Justice climatique Justice climatique
Justice climatique
 
La position de la chine face aux divers problèmes internationaux
La position de la chine face aux divers problèmes internationauxLa position de la chine face aux divers problèmes internationaux
La position de la chine face aux divers problèmes internationaux
 
CM9 Changement climatique Impacts et adaptation
CM9 Changement climatique Impacts et adaptationCM9 Changement climatique Impacts et adaptation
CM9 Changement climatique Impacts et adaptation
 
Changement climatique
Changement climatiqueChangement climatique
Changement climatique
 
Indc tunisie
Indc tunisieIndc tunisie
Indc tunisie
 
L’intégration sectorielle des politiques environnementales : un défi réalisa...
L’intégration sectorielle des politiques environnementales : un défi réalisa...L’intégration sectorielle des politiques environnementales : un défi réalisa...
L’intégration sectorielle des politiques environnementales : un défi réalisa...
 
Msrse enjeux environnementaux
Msrse enjeux environnementauxMsrse enjeux environnementaux
Msrse enjeux environnementaux
 
Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...
Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...
Note de position du Réseau Climat & Développement pour les négociations inter...
 
L'Insoutenabilité de notre modèle de développement
L'Insoutenabilité de notre modèle de développementL'Insoutenabilité de notre modèle de développement
L'Insoutenabilité de notre modèle de développement
 
L'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respect
L'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respectL'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respect
L'accord mondial sur le climat de paris (cop 21) et son non respect
 

En vedette

En vedette (20)

Foro III CB María Mora
Foro III CB María MoraForo III CB María Mora
Foro III CB María Mora
 
Carrières en informatique
Carrières en informatiqueCarrières en informatique
Carrières en informatique
 
Demanda de beneficios sociales de construccion civil
Demanda de beneficios sociales de construccion civilDemanda de beneficios sociales de construccion civil
Demanda de beneficios sociales de construccion civil
 
Muhahaha sa
Muhahaha saMuhahaha sa
Muhahaha sa
 
5-Cm 16 14-15 pourcentage
5-Cm 16 14-15 pourcentage5-Cm 16 14-15 pourcentage
5-Cm 16 14-15 pourcentage
 
4-Cm16 11-12
4-Cm16 11-124-Cm16 11-12
4-Cm16 11-12
 
Le comptoir nature - Menu restaurant
Le comptoir nature - Menu restaurantLe comptoir nature - Menu restaurant
Le comptoir nature - Menu restaurant
 
6-Cm13 15-16
6-Cm13 15-166-Cm13 15-16
6-Cm13 15-16
 
T plus
T plusT plus
T plus
 
#ET11 - A13-Et toi, combien de fans
#ET11 - A13-Et toi, combien de fans#ET11 - A13-Et toi, combien de fans
#ET11 - A13-Et toi, combien de fans
 
Humedales de Salburua
Humedales de SalburuaHumedales de Salburua
Humedales de Salburua
 
Catalogue Carré d'Arc 2013
Catalogue Carré d'Arc 2013Catalogue Carré d'Arc 2013
Catalogue Carré d'Arc 2013
 
4-Cm24 14-15
4-Cm24 14-154-Cm24 14-15
4-Cm24 14-15
 
3-Cm4 2013-2014
3-Cm4 2013-20143-Cm4 2013-2014
3-Cm4 2013-2014
 
4-Cm17 11-12
4-Cm17 11-124-Cm17 11-12
4-Cm17 11-12
 
Ppt solemne
Ppt solemnePpt solemne
Ppt solemne
 
Passer par notre agence
Passer par notre agencePasser par notre agence
Passer par notre agence
 
EY, un acteur responsable
EY, un acteur responsableEY, un acteur responsable
EY, un acteur responsable
 
Présentation projets culture tunis 6 dec 2012
Présentation projets culture tunis 6 dec 2012Présentation projets culture tunis 6 dec 2012
Présentation projets culture tunis 6 dec 2012
 
Salut toi
Salut toiSalut toi
Salut toi
 

Similaire à Environnement chine

Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...
Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...
Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...Abdoul Latif SOKOUNDOU
 
Finances Vertes Luisa Nenci
Finances Vertes Luisa Nenci Finances Vertes Luisa Nenci
Finances Vertes Luisa Nenci Luisa Nenci
 
6 mesures 2017
6 mesures 20176 mesures 2017
6 mesures 2017RAC-F
 
La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...
La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...
La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...LeSoir.be
 
Développement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralien
Développement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralienDéveloppement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralien
Développement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralienzecite
 
Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...
Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...
Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...Leonard
 
Remettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPE
Remettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPERemettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPE
Remettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPEequilibre_des_energies
 
Note de decryptage du RC&D sur les financements climat
Note de decryptage du RC&D sur les financements climatNote de decryptage du RC&D sur les financements climat
Note de decryptage du RC&D sur les financements climatrac_marion
 
Environnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la France
Environnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la FranceEnvironnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la France
Environnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la FranceStéfan Le Dû
 
Croissance et environnement des pays émergents
Croissance et environnement des pays émergentsCroissance et environnement des pays émergents
Croissance et environnement des pays émergentsMarie Klein
 
RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20
RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20
RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20RAINBOW by ECS-3.COM
 
Note de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tous
Note de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tousNote de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tous
Note de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tousrac_marion
 
Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...
Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...
Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...BERNARD Paquito
 
Insee stratégie nationale dd 2010 2013
Insee stratégie nationale dd 2010 2013Insee stratégie nationale dd 2010 2013
Insee stratégie nationale dd 2010 2013Philippe Porta
 
Giec WG3
Giec WG3Giec WG3
Giec WG3RAC-F
 
Memorandum 2014
Memorandum 2014 Memorandum 2014
Memorandum 2014 LeSoir.be
 
L'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européen
L'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européenL'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européen
L'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européenRAC-F
 
Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...
Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...
Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...France Stratégie
 

Similaire à Environnement chine (20)

Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...
Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...
Growth and environmental quality in WAEMU countries : a panel data analysis_2...
 
Finances Vertes Luisa Nenci
Finances Vertes Luisa Nenci Finances Vertes Luisa Nenci
Finances Vertes Luisa Nenci
 
6 mesures 2017
6 mesures 20176 mesures 2017
6 mesures 2017
 
La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...
La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...
La synthèse de l'état de la Planète élaborée par le Programme des Nations uni...
 
Développement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralien
Développement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralienDéveloppement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralien
Développement durable, crise...quels défis pour l\'ingénieur centralien
 
Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...
Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...
Benoît Leguet I4CE - Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de ...
 
Remettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPE
Remettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPERemettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPE
Remettre la transition énergétique dans la bonne voie - Cahier d'acteur EdEn PPE
 
Note de decryptage du RC&D sur les financements climat
Note de decryptage du RC&D sur les financements climatNote de decryptage du RC&D sur les financements climat
Note de decryptage du RC&D sur les financements climat
 
Environnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la France
Environnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la FranceEnvironnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la France
Environnement & Energie - Situation du Japon & Implications pour la France
 
Croissance et environnement des pays émergents
Croissance et environnement des pays émergentsCroissance et environnement des pays émergents
Croissance et environnement des pays émergents
 
RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20
RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20
RAINBOW by ECS-3.COM: L'economie verte dans le cadre de rio +20
 
153 infose mai2020
153 infose mai2020153 infose mai2020
153 infose mai2020
 
Stratégie Régionale Climat Présentation des enjeux et perspectives de l’assur...
Stratégie Régionale Climat Présentation des enjeux et perspectives de l’assur...Stratégie Régionale Climat Présentation des enjeux et perspectives de l’assur...
Stratégie Régionale Climat Présentation des enjeux et perspectives de l’assur...
 
Note de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tous
Note de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tousNote de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tous
Note de decryptage du RC&D sur l'accès à l'énergie durable pour tous
 
Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...
Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...
Quand patiner ne sera plus qu’un souvenir : le changement climatique et l’act...
 
Insee stratégie nationale dd 2010 2013
Insee stratégie nationale dd 2010 2013Insee stratégie nationale dd 2010 2013
Insee stratégie nationale dd 2010 2013
 
Giec WG3
Giec WG3Giec WG3
Giec WG3
 
Memorandum 2014
Memorandum 2014 Memorandum 2014
Memorandum 2014
 
L'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européen
L'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européenL'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européen
L'importance de la politique climat-énergie pour le nouveau Parlement européen
 
Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...
Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...
Document de travail - Les projets alimentaires territoriaux, un levier pour u...
 

Plus de predim

Final programme conference 07 10-2015
Final programme conference 07 10-2015Final programme conference 07 10-2015
Final programme conference 07 10-2015predim
 
Programme définitif 25 09-2015
Programme définitif 25 09-2015Programme définitif 25 09-2015
Programme définitif 25 09-2015predim
 
Draft programme 15 09-2015
Draft programme 15 09-2015Draft programme 15 09-2015
Draft programme 15 09-2015predim
 
Draft programme 01 09-2015
Draft programme 01 09-2015Draft programme 01 09-2015
Draft programme 01 09-2015predim
 
Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015
Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015
Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015predim
 
Présentation TRA 2014
Présentation TRA 2014Présentation TRA 2014
Présentation TRA 2014predim
 
3eme mode-rapport1-definitions-concepts-2010
3eme mode-rapport1-definitions-concepts-20103eme mode-rapport1-definitions-concepts-2010
3eme mode-rapport1-definitions-concepts-2010predim
 
Reperes chine nf_v2
Reperes chine nf_v2Reperes chine nf_v2
Reperes chine nf_v2predim
 

Plus de predim (8)

Final programme conference 07 10-2015
Final programme conference 07 10-2015Final programme conference 07 10-2015
Final programme conference 07 10-2015
 
Programme définitif 25 09-2015
Programme définitif 25 09-2015Programme définitif 25 09-2015
Programme définitif 25 09-2015
 
Draft programme 15 09-2015
Draft programme 15 09-2015Draft programme 15 09-2015
Draft programme 15 09-2015
 
Draft programme 01 09-2015
Draft programme 01 09-2015Draft programme 01 09-2015
Draft programme 01 09-2015
 
Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015
Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015
Actes de la journée d'information PREDIM du 8 juin 2015
 
Présentation TRA 2014
Présentation TRA 2014Présentation TRA 2014
Présentation TRA 2014
 
3eme mode-rapport1-definitions-concepts-2010
3eme mode-rapport1-definitions-concepts-20103eme mode-rapport1-definitions-concepts-2010
3eme mode-rapport1-definitions-concepts-2010
 
Reperes chine nf_v2
Reperes chine nf_v2Reperes chine nf_v2
Reperes chine nf_v2
 

Environnement chine

  • 1. L’environnement en Chine, des enjeux à la mesure de la croissance économique du pays Laurence Demeulenaere (MEEDDAT/SESP)1 Les autorités chinoises manifestent une inquiétude croissante face aux risques que les pressions environnementales, résultant de la rapidité de la croissance économique, de l’industrialisation et de l’urbanisation, font peser sur la situation sociale et environnementale du pays et à terme sur ses perspectives de croissance économique. Voulant agir et souhaitant une collaboration renforcée avec l’Organisation de coopération et de développement économique, OCDE, et ses pays membres, le gouvernement chinois a demandé un bilan environnemental dans le cadre des examens des performances environnementales que réalise cet organisme (encadré 1). La note en synthétise les résultats ainsi que les recommandations 2. Face aux enjeux majeurs touchant à tous les aspects environnementaux (pollution urbaine, eau, déchets, biodiversité, ressources, effet de serre), les recommandations de l’OCDE, acceptées par la Chine visent à améliorer la mise en œuvre de ses politiques environnementales notamment au niveau local, à intégrer les préoccupations environnementales dans les décisions économiques et sociales, et à renforcer sa collaboration internationale, principalement par l’élaboration d’un plan national cohérent sur le changement climatique. L’insertion de la Chine dans le commerce international (la Chine est entrée dans l’organisation mondiale du commerce, OMC, en 2001), en fait une économie structurante des grands équilibres mondiaux, notamment environnementaux. Ouverture et montée en puissance de la Chine à l’échelle internationale Avec sa croissance économique de 10 % en moyenne par an depuis une quinzaine d’années, la Chine est devenue la quatrième puissance économique du monde3. Cette croissance a permis de réduire la pauvreté mais a accentué les inégalités entre les provinces côtières prospères et les provinces continentales, et aussi les écarts de revenus entre zones rurales et zones urbaines. Les coûts sanitaires et les dommages écologiques dus au mode de développement sont importants. Cette croissance entraîne un appauvrissement rapide des ressources naturelles et provoque d’importantes retombées sur la santé humaine par des accidents industriels et naturels, nombreux et graves. Le coût social de la seule pollution de l’air est estimé entre 3 et 7 % du PIB. La Chine n’est pas tenue par les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre définis dans le protocole de Kyoto car elle n’est pas visée dans l’annexe I de la convention qu’elle a ratifiée ultérieurement, en 2002. Pourtant, la réussite de cette convention dépend de l’aptitude de la Chine à maîtriser ses émissions car elle est le deuxième émetteur derrière les États-Unis, et elle va en devenir le premier dans les années à venir. 1 Cette synthèse est rédigée avec la contribution de Marc Aviam, D4E/MEEDDAT et des analyses de la D4E qu’il a bien voulu porter à notre connaissance et dont nous le remercions. 2 L’examen réalisé en 2006 a fait l’objet d’un rapport « Examens environnementaux de l’OCDE : Chine », en juillet 2007. 3 Et les experts considèrent qu’elle passera très bientôt devant l’Allemagne, pour atteindre le troisième rang. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 17 Juillet 2008
  • 2. Un nouveau mode de développement souhaité par les autorités chinoises Face à cette dégradation de l’environnement, les autorités chinoises oeuvrent en faveur d’un mode de développement plus équilibré, dans une perspective de développement durable, au moyen de concepts tels que l’« approche scientifique du développement » ou la « société harmonieuse ». Ce dernier concept, prônant une durabilité plutôt forte4, est basé sur un nouveau modèle économique dans lequel la croissance est guidée par la conservation des ressources et non par l’augmentation perpétuelle de leur consommation. Les autorités travaillent à la mesure du « coût de la non action » et à l’élaboration d’un « PIB vert », c’est-à-dire un produit intérieur brut (PIB) corrigé par la valorisation des atteintes de cette production à l’environnement et des pressions sur les ressources. Pour renforcer les capacités de leurs politiques environnementales et de leurs outils économiques, les autorités chinoises veulent apprendre de la part des pays membres de l’OCDE des solutions de mise en œuvre et bénéficier de transferts accrus d’éco - technologies. Les enjeux environnementaux de la Chine Ces enjeux sont majeurs et multiples. Ils touchent tous les aspects des politiques de l’environnement. Pollution atmosphérique urbaine En dépit des efforts accomplis, la qualité de l’air dans certaines villes chinoises est parmi les pires du monde. Les pluies acides touchent 30 % du territoire et 215 des 526 agglomérations en 2004. Les émissions de SO2 progressent et l’intensité énergétique de l’économie par unité de PIB dépasse de 20 % la moyenne de l’OCDE. La Chine n’a pas atteint ses objectifs de lavage du charbon, dont les progrès sont lents ; le nombre de véhicules a doublé et, bien qu’il soit encore faible, leur circulation représente déjà la principale source de pollution de l’air en milieu urbain. La pollution conduit à une augmentation des maladies respiratoires, des cancers et des malformations congénitales. Gestion problématique des déchets La production totale de déchets a augmenté de 80 % depuis 1990. Les quantités de déchets (municipaux, industriels et dangereux) sont très supérieures aux capacités de traitement et d’élimination. Certains de ces déchets sont stockés en attente de traitement futur ou mis en décharge sans contrôle. L’incinération et le recyclage ne représentent respectivement que 3 et 5 % du traitement des déchets municipaux, au bénéfice de la mise en décharge. Ressources sous facturées L’économie chinoise consomme beaucoup d’énergie, de matières et d’eau. Elle consomme plus de ressources par unité de PIB que les pays de l’OCDE. Ses ressources sont de plus fréquemment dégradées par des accidents. Le quadruplement prévu du PIB entre 2000 et 2020 va nécessiter une augmentation proportionnelle du financement de la gestion de l’environnement pour envisager une croissance économique durable. Les politiques en vigueur risquent de ne pas être suffisamment ambitieuses pour atteindre les objectifs environnementaux fixés par les autorités elles-mêmes. L’énergie, l’eau et les autres ressources sont sous facturées. Les prix de l’énergie, des transports et des sols devraient être rehaussés. Rareté et pollution de l’eau De nombreux cours d’eau, lacs et eaux côtières sont très sévèrement pollués en raison des déversements agricoles, industriels et domestiques. Cette pollution a dégradé les écosystèmes aquatiques. Elle fait peser des menaces graves sur la santé. Les ressources en eau par habitant sont très modestes (le quart de la moyenne mondiale) et inégalement réparties. Le pays a lancé un très important projet de transfert de 40 milliards de m3 par an du bassin du Yang-tseu-kiang vers la plaine de la Chine du Nord d’ici 2020. Ce plan ne répondra toutefois pas aux besoins si les consommations des villes, de l’agriculture et de l’industrie ne deviennent pas durables. 4 Contrairement à une durabilité faible pour laquelle le problème n’est pas tant la conservation des ressources, mais de leur trouver des substituts reproductibles. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 18 Juillet 2008
  • 3. Nature et biodiversité peu protégées La Chine a entrepris de renforcer, même si cela demeure très insuffisant, la coordination institutionnelle et l’intégration des activités d’évaluation et de protection de la nature et de la biodiversité, dans et hors les zones protégées. Le milieu et les espèces marines ne sont pas suffisamment protégés et subissent de fortes pressions. Il n’existe pas actuellement de continuité des habitats, permettant de les relier par des corridors biologiques. Peu de mesures ont été prises pour encourager la protection de la biodiversité des forêts. Le pays n’a pas encore ratifié la Convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices. L’absence de moyens limite l’efficacité des mesures et réglementations adoptées par la Chine pour respecter ses engagements internationaux en matière de pêche maritime, de qualité des eaux côtières, de transport de déchets dangereux, de lutte contre le commerce illégal d’espèces menacées, et de produits forestiers. Bientôt premier contributeur au réchauffement climatique La Chine est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre (figure 1) à cause notamment de son économie tributaire du charbon, par ailleurs source de précipitations acides et de pollution atmosphérique trans-frontière dans le Nord-Est asiatique. Figure 1 - Émissions de carbone dues à la combustion d’énergie en 2004 États-Unis Reste du monde 21 % 31 % Japon 5% Chine OCDE Europe 18 % 16 % Ancienne URSS 9% Source : OCDE-AIE Pour aboutir à une réduction significative de ses émissions de GES, la Chine devra non seulement accroître son effort financier mais, en plus, les pays de l’OCDE et les institutions financières internationales devront lui apporter une aide technique et financière importante. D’après une évaluation publiée par la Chine en 2004, ses émissions de dioxydes de carbone qui représentent les trois quarts de ses émissions de gaz à effet de serre ont progressé de 110 % entre 1990 et 2004 (figure 2). Figure 2 - Émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie, dans certains pays, 1980-2004 en millons de tonnes de CO 2 Variation 1980 1990 1995 2000 2004 1990-2004 (en %) États-Unis 4 668 4 842 5 109 5 701 5 800 19,8 Chine 1 390 2 256 2 976 2 978 4 732 109,8 Ex URSS 3 063 3 345 2 424 2 210 2 313 -30,9 Japon 869 1 058 1 140 1 185 1 215 14,8 Inde 295 588 785 971 1 103 87,6 Allemagne 1 061 966 878 827 849 -12,1 Canada 428 429 461 530 551 28,4 Royaume-Uni 573 558 528 525 537 -3,8 Corée 122 226 361 428 462 104,4 Italie 363 398 411 426 462 16,1 France 465 355 357 379 387 9,0 Source : OCDE-AIE, CO 2 Emissions from fuel combustion, 1971-2004 © Notes de synthèse du SESP N° spécial 19 Juillet 2008
  • 4. La Chine n’a pas de plan national d’ensemble ni de stratégie intégrée au sujet du changement climatique. Jusqu’à présent, elle a surtout visé à améliorer l’efficacité énergétique dans les secteurs de la production d’électricité, de l’industrie et des transports, par un recours accru aux sources d’énergies renouvelables et au nucléaire, une amélioration des méthodes de foresterie et d’utilisation des terres, et une mise en oeuvre des stratégies d’adaptation au changement. La majeure partie de ces efforts ont été justifiés sur la base de leur contribution aux autres objectifs nationaux, notamment en matière de sécurité énergétique, de gestion de la qualité de l’air et de production alimentaire, indépendamment de leur rôle dans la lutte contre le changement climatique. La Chine a ciblé son action à l’égard du changement climatique sur l’utilisation de sources d’énergie fossiles dans le secteur de l’énergie. Mais la consommation d’énergies produites à partir du charbon augmente sous l’effet de la hausse de la population et de sa richesse, ce qui compense les réductions d’intensité énergétique, et donc d’émissions, de la croissance économique de la décennie écoulée. Par habitant, sa consommation d’énergie et ses émissions de carbone sont beaucoup plus faibles que la moyenne mondiale (figure 3). Toutefois la croissance économique de la Chine et la hausse de son niveau de vie font prévoir une augmentation de la consommation d’énergie et des émissions de carbone. D’ici à 2025, ses émissions liées à la consommation d’énergie atteindraient 18 % du total mondial (contre 13 % en 2001) (US department of energy, 2003). Figure 3 - Intensité des émissions de CO2 par habitant En 2004 (en tonnes de CO2) Évolution 1990-2004 (en %) OCDE 11,1 4,5 OCDE Europe 7,7 -2,8 États-Unis 19,7 1,9 Canada 17,2 11,4 Allemagne 10,3 -15,5 Corée 9,6 82,4 Japon 9,5 11,1 Royaume-Uni 9,0 -7,8 Italie 7,9 13,1 France 6,4 2,4 Chine 3,6 84,5 0 5 10 15 20 25 -40 -20 0 20 40 60 80 100 Source : OCDE Mécanisme de développement propre Pour mieux faire face à ce risque, la Chine recourt aux mécanismes internationaux et est à l’origine de 30 % du total des crédits générés au titre du mécanisme pour un développement propre, MDP5. Elle donne priorité aux projets visant le développement de sources d’énergies nouvelles et renouvelables et de l’efficacité énergétique. Elle encourage également la substitution inter-énergétique, le reboisement et la plantation de forêts. D’ici 2010, la Chine pourrait représenter 35 à 45 % du marché mondial de MDP, soit une réduction des émissions de 100 à 200 millions de tonnes par an, dont 40 % dans le secteur de l’électricité, soit 3 à 6 % de ses émissions nettes en 1994. D’ici 2020, le potentiel de réduction atteindrait, au titre du MDP, 777 millions de tonnes par an. 5 Pour une analyse complète du mécanisme de développement propre (MDP), le lecteur peut se référer à l’article de Jean-Jacques Becker sur ce thème, paru dans le dossier des Notes de synthèse consacré aux « Instruments économiques de lutte contre l’effet de serre », septembre 2007. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 20 Juillet 2008
  • 5. Les outils actuels et leurs limites La Chine a mis en place des cadres et des instruments de politiques : • des institutions environnementales (encadré 2), qu’il convient cependant de renforcer ; • un droit environnemental, qu’il est indispensable de mettre en œuvre ; • ce droit est assorti de plans quinquennaux successifs de développement économique et social et de plans quinquennaux pour l’environnement qui forment un cadre, dans lequel s’inscrit l’action en faveur de l’environnement et du développement durable ; • une batterie d’instruments économiques (redevances de pollution et d’utilisation, échanges de permis d’émission), dont les taux devraient être augmentés, et de stratégies pour tirer parti des marchés et de l’intérêt croissant du public pour l’environnement. C’est à l’échelon local que la mise en œuvre des politiques rencontre le plus d’obstacles : les priorités économiques y prennent le plus souvent le pas sur les préoccupations environnementales ; les bureaux locaux de protection de l’environnement (encadré 2) sont très peu indépendants et ont des marges d’action limitées. Des progrès ont toutefois été réalisés : dans certaines provinces prospères, les dirigeants locaux réagissent favorablement aux demandes environnementales ; plus de 8 000 entreprises sont reconnues conformes à la norme ISO 14 000, qui concerne le management environnemental ; des études d’impact sur l’environnement se mettent en place avec des procédures de participation des citoyens. Plan quinquennal de développement économique et environnemental Pour favoriser un modèle de croissance économique fondé sur une faible intensité matérielle, les autorités chinoises ont inscrit le concept des 3 R (réduire, réutiliser, recycler) et celui de l’économie circulaire6, dans le 11e plan quinquennal 2006-2010. L’administration d’État pour la protection de l’environnement, le SEPA, devenu ministère pour la protection de l’environnement, MEP, guide cette nouvelle démarche et recherche des arguments permettant de démontrer, au niveau central, que plus d’environnement est favorable économiquement (innovation, compétitivité, exportations) et socialement (santé, emploi, diminution de la pauvreté). Le MEP s’intéresse au concept OCDE de « coût de l’inaction », ce qui le conduit à travailler à l’élaboration d’un PIB vert7. Une mise en œuvre à poursuivre Malgré les progrès réalisés, la Chine doit renforcer la mise en œuvre de ses politiques environnementales. Ces progrès environnementaux devraient lui permettre de dégager des bénéfices économiques et sociaux majeurs, liés en particulier à une amélioration de la santé. Elle a besoin de renforcer encore ses efforts environnementaux à l’échelle internationale (en ce qui concerne le changement climatique, la protection de la couche d’ozone, les questions régionales et les liens entre commerce et environnement) en coopération et avec le soutien des pays de l’OCDE. Les recommandations de l’OCDE Au terme de l’examen des performances environnementales de 2006, les recommandations de l’OCDE faites à la Chine8 invitent celle-ci à : • renforcer et mieux coordonner ses institutions environnementales ; 6 L’économie circulaire (ou écologie industrielle) s’oppose à l’économie linéaire, traditionnelle, qui épuise les ressources et génère des pressions sur l’environnement. Elle cherche à disjoindre, à « découpler », la création de valeur de flux de matière et d’énergie qui les sous-tendent (référence 3). 7 Le coût de la vie humaine, qu’il conviendrait d’évaluer dans le cadre d’un PIB vert, est moins élevé en Chine que dans les pays occidentaux. 8 Ces conclusions et recommandations ont été approuvées par toutes les délégations du groupe de travail sur les performances environnementales de l’OCDE, y compris la délégation de la Chine, lors de sa réunion à Pékin, les 8-9 novembre 2006. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 21 Juillet 2008
  • 6. • mieux mettre en oeuvre ses politiques environnementales en particulier au niveau local ; • faire davantage appel aux instruments de marché, et accroître et diversifier ses sources de financement environnemental ; • mieux intégrer les préoccupations environnementales dans les décisions économiques et sociales (niveaux des prix de l’énergie, de l’eau, des sols, réforme fiscale verte ; intégration dans les secteurs énergie, transport, énergie ; démocratie environnementale – éducation et information environnementale, participation citoyenne, coopération et partenariats avec les ONG et les entreprises - ; plan national santé-environnement) ; • renforcer la coopération internationale environnementale (plan national sur le changement climatique, substances altérant la couche d’ozone, surveillance par le gouvernement des entreprises chinoises opérant à l’étranger et application par elles des lignes directrices OCDE, problèmes régionaux, dont pluies acides). Les moyens d’action selon les problématiques et l’échelle d’intervention La situation de la Chine nécessite l’action sur le plan institutionnel et sur celui de la mise en œuvre afin d’obtenir des résultats dont l’évaluation par des études d’impact sur l’environnement devrait elle aussi être développée. Les principales recommandations s’organisent autour de trois problématiques. Réduire l’écart dans la mise en œuvre des politiques de l’environnement Pour réduire l’écart dans la mise en œuvre des politiques de l’environnement dans les domaines de l’air, de l’eau, des déchets et de la nature, il est recommandé de : • poursuivre les efforts pour rendre les leaders locaux, aux différents niveaux territoriaux de gouvernance, plus conscients de leurs responsabilités environnementales ; • étendre l’utilisation des mécanismes de marché pour mieux atteindre les objectifs environnementaux ; • accroître et diversifier les sources de financement. Il s’agit par exemple d’encourager l’adoption de combustibles moins polluants (techniques de combustion du charbon plus propres, lavage du charbon et désulfuration des gaz de combustion) et de carburants et de véhicules plus propres. Mieux intégrer les préoccupations environnementales Pour mieux intégrer les préoccupations environnementales dans les décisions économiques et sociales, il est recommandé de : • examiner les niveaux des prix de l’énergie, de l’eau et des ressources naturelles et de considérer une réforme fiscale verte tout en considérant l’impact d’un accroissement de ces prix sur les ménages pauvres ; • mieux intégrer l’environnement dans les politiques économiques et les politiques de l’énergie, des transports et de l’agriculture ; • renforcer la démocratie environnementale relativement à l’information, l’éducation et la participation des citoyens en renforçant la coopération avec les organisations non gouvernementales, ONG, et les entreprises ; • permettre un accès aux services environnementaux aux populations les plus pauvres et rurales ; • cibler davantage les impacts de la dégradation de l’environnement sur la santé en développant et en mettant en œuvre un plan national santé-environnement. Renforcer la coopération internationale Pour renforcer la coopération environnementale à l’échelle internationale, il est recommandé de : • établir un plan national cohérent sur le changement climatique ; • continuer à supprimer les substances détériorant la couche d’ozone ; • améliorer la surveillance gouvernementale sur les opérations des entreprises chinoises à l’étranger, en utilisant les lignes directrices de l’OCDE pour les entreprises multinationales ; • intensifier les efforts relatifs aux problèmes environnementaux régionaux, particulièrement les pluies acides. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 22 Juillet 2008
  • 7. Encadré 1 Les examens environnementaux de l’OCDE L’examen de la Chine s’inscrit dans la série régulière d’examens par l’OCDE des performances environnementales portant sur les pays membres et certains pays non membres, conformément à sa mission de promouvoir une croissance économique durable et la prise en compte des considérations environnementales dans la politique économique et dans les mesures sectorielles. Effectués à la demande des pays concernés, ces examens consistent en une analyse systématique des actions menées par les pays pour parvenir à leurs objectifs environnementaux et en des recommandations pour améliorer leurs résultats en termes de politiques de l’environnement efficaces et économiquement rationnelles. Cet examen a été préparé par une mission de l’OCDE en Chine, composée d’administrateurs de l’organisation et de représentants de pays volontaires. Le groupe formel qui s’est tenu à Pékin, en novembre 2006, en a discuté avec les autorités chinoises et en a approuvé en séance, chapitre par chapitre, les conclusions et les recommandations, sur une base consensuelle. Il a été réalisé selon la méthodologie adoptée pour l’examen environnemental de tous les pays de l’OCDE. Les données sont basées sur des statistiques environnementales officielles émanant des organisations intergouvernementales et chinoises. Il traduit une volonté de rapprochement et de convergence avec les politiques, les principes d’action et les instruments, notamment économiques, de l’OCDE. Encadré 2 L’administration environnementale chinoise La loi sur la protection de l’environnement sous-tend la politique nationale et définit les compétences de l’État et des instances nationales en la matière. L’administration d’État pour la protection de l’environnement (SEPA) était l’organe administratif le plus élevé en matière de protection de l’environnement. Elle était placée sous l’autorité du Conseil des affaires d’État présidé par le Premier ministre et qui détient le pouvoir exécutif (annexe en fin de dossier). ELle était chargée d’élaborer les politiques et programmes environnementaux. Entraient dans ses attributions : • les questions fondamentales et réglementaires ; • la mise en application et la supervision des lois et règlements relatifs à la lutte anti-pollution ; • les questions intersectorielles et de coordination régionale ; • les normes de qualité du milieu ambiant et d’émissions/de rejets ; • la gestion de l’environnement et les études d’impact sur l’environnement ; • la R&D, la certification et les industries environnementales ; • la surveillance de l’environnement et la communication des informations ; • les problèmes d’environnement mondiaux et les conventions internationales ; • la sûreté nucléaire. Elle supervisait les bureaux locaux pour la protection de l’environnement au niveau de la province, de la préfecture et du district qui relèvent de l’administration provinciale et qui mettent en oeuvre les instruments législatifs nationaux et provinciaux relatifs à la protection de l’environnement et contribuent à la surveillance de la pollution. Cette administration vient d’être promue en mars 2008 au rang de ministère, le ministère en charge de la protection de l’environnement, le MEP. Ses moyens humains et budgétaires ont ainsi été renforcés. Mais compte tenu de la forte décentralisation des politiques chinoises, ce ministère n’a pas de contrôle direct sur les responsables environnementaux locaux. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 23 Juillet 2008
  • 8. Références bibliographiques 1 OCDE Examens environnementaux de l’OCDE : Chine. Éditions OCDE, juillet 2007. 2 OCDE Groupe de travail sur les performances environnementales, Examen environnemental de la Chine, Conclusions et recommandations finales. www.oecd.org 3 Xiaohong Fan, Bourg Dominique et Erkman Suren L’économie circulaire en Chine – Vers une prise en compte de l’environnement dans le système économique chinois. Futuribles n° 324, nov. 2006. 4 Becker Jean-Jacques Le mécanisme de développement propre. Dossier « Instruments économiques de lutte contre l’effet de serre », Notes de synthèse n° 166, septembre 2007. © Notes de synthèse du SESP N° spécial 24 Juillet 2008