3. Introduction
• Paulo Freire (1921-1997) est un pédagogue brésilien qui a influencé les théories
et les pratiques pédagogiques actuelles. Sa conception de l’éducation comme un
processus de conscientisation émancipateur inspire les éducateurs, les
formateurs et autres « facilitateurs » progressistes du monde entier.
• Il a joué un rôle important dans l'élaboration de l'approche de la recherche
participante, qui entre dans la famille de la recherche-action et qui est prisée au
Brésil au sein du paradigme participatif.
• L’alphabétisation suppose une autoformation susceptible d’entraîner l’homme à
intervenir sur son environnement.
• Il est considéré comme étant le «père fondateur» de la perspective participative
de la communication pour le développement. Sa critique de la modernisation,
qu'il considère comme une des plus importantes de l'époque, a contribué à
développer la thèse de «l'impérialisme culturel» et de la «dépendance
communicationnelle» (les problèmes du Tiers Monde sont, en grande partie, des
problèmes de communication).
4. Introduction
• La méthode proposée par Paulo Freire a été confirmée par une série
d'expériences répétées pendant plus de vingt ans dans des régions rurales et
urbaines d'Amérique du Sud.
• c'est dans une optique de réinvention qu'est appréhendé Freire actuellement au
Brésil.
• «…, je ne veux pas être importé ou exporté. Il est impossible d’exporter des
pratiques pédagogiques sans les réinventer. […] Demande leur de recréer et de
réécrire mes idées» (Macedo et Araújo Freire, 2001, p. 107).
5.
6. Biographie
• Paulo Reglus Neves Freire, né en 1921, à Recife au Brésil, dans une famille venant
des classes moyennes dans l’une des régions les plus défavorisées du Brésil, le
Nordeste.
• Il est d'abord étudiant en droit, tout en étant intéressé par la philosophie et la
psychologie du langage.
• Rapide prise de conscience de la misère et de l’exclusion sociale dont souffre une
large tranche de la population.
• C'est après son premier mariage, que Freire commence à travailler sur les
problèmes d’éducation, incité par sa première épouse qui est institutrice .
• Conduit très tôt à un engagement social au sein d’organismes syndicaux et de
structures universitaires, municipales, d’éducation populaire, etc., au sein
desquelles il a peu à peu élaboré sa conception de l’alphabétisation
émancipatrice du peuple.
7. Biographie
• Mort le 2 mai 1997 à Sao Paulo, au Brésil. Il a reçu les honneurs posthumes de la
profession et d'organisations internationales.
Parmi ses ouvrages:
• Pédagogie de l'autonomie.
• Pedagogy of the oppressed.
• Pedagogy of Commitment.
• Pedagogy of Indignation.
• Letters to Cristina….etc.
8. Biographie
Dates clés:
• Mai 1960: il est co-fondateur du Mouvement de Culture Populaire (MCP).Sous
son Influence - sur leur méthode de travail et mise en œuvre- d’autres
mouvements d'éducation populaire vont voir le jour après, comme la Campagne
"Les pieds nus apprennent aussi à lire" à Natal (Brésil) en février 1961 ; et le
Mouvement d'Éducation de Base (MEB) en mars 1961.
• 1962: il crée le Service d'Extension Culturel (SEC), au sein de l'Université de Recife
(actuellement l'UFPE).
• 1963-64: il coordonne le Programme National d'Alphabétisation, en utilisant la
"méthode Paulo Freire" après la réussite de l'expérience pratique de son
application.
9. Biographie
• 1964: un coup d'Etat militaire l’oblige à s’exiler au Chili, après avoir passé
quelques semaines en prison. Il travaille pendant cinq ans à l'Institut chilien pour
la réforme agraire. Il y perfectionne sa méthode de « conscientisation », qui
devient la méthode officielle du gouvernement démocrate chrétien du Chili.
• 1968: il devient conseiller à l’UNESCO (sans pour autant partager les conceptions
de l’alphabétisation fonctionnelle de l'organisation).
• 1969:
- Il écrit la Pédagogie des opprimés, qui se situe au terme de son expérience avec
les paysans chiliens.
- Il donne dix mois d’enseignement à l’Université de Harvard.
• Il participe ensuite aux travaux du Conseil œcuménique des Eglises à Genève où il
est nommé Directeur du Département de l'Education et devient le principal
animateur de l’IDAC (« Institut d’action culturelle ») dont le but est « l’application
de la conscientisation comme instrument libérateur dans le processus
10. Biographie
d’éducation et de transformation sociale ». Il participe aussi à beaucoup d'autres
initiatives associatives dont, en France "Avec les Africains d'Ivry".
• Après 1975: il tente d’appliquer sa méthode (la conscientisation comme "un
processus libérateur»), et inspire des programmes en Guinée-
Bissau "Alphabétisation dans et par les forces armées", à São Tomé et Principe,
au Mozambique, en Angola et au Nicaragua.
• 1989: à la fin de sa période d'exil, il devient Secrétaire de l’éducation de la ville de
São Paulo, à la suite de la victoire du parti des travailleurs (PT) dont il est l’un des
fondateurs.
• 1991: création de L'institut Paulo Freire à São Paulo (lieu de débat pour les
professionnels de l'éducation).
11. Approche
• La philosophie de Paulo Freire s’articule autour des trois concepts de
communication, de participation et d'humanisation (la communication permet
chez Freire de comprendre l'existence humaine comme une option politique en
faveur de l'humanisation, à la fois stratégie et objectif de la lutte, elle devient le
principe de l'humanisation).
• Freire s'inscrit dans deux champs principaux des études en communication:
- le champ culturel : le concept d'action culturelle, permet à Freire d'établir des
balises pour l'action en plus de clarifier la relation complexe entre communication,
culture et libération, et d'offrir une perspective de solution.
-le champ de la Communication for social change (CFSC) : Freire propose de
nouvelles catégories pour construire un modèle holistique des CFSC, comme
l'accès, la participation et l'appropriation à partir de la base, la connaissance de soi
et de la réalité, la diversité et la spécificité culturelles, la communication et la
connaissance populaire, la praxis, la conscience et l'émancipation, le
développement endogène, la localisation, la proximité, et les interactions
12. Approche
communication-éducation.
• Les idées essentielles de Paulo Freire :
- la conscientisation des masses,
- la pédagogie de l'opprimé
- les rapports entre la révolution culturelle et les transformations sociales,
• Son approche: la recherche-action dans le cas de la formation – non
compatible avec une vision réductrice de l’apprentissage de la lecture par
une simple approche syllabique- implique de créer des démarches
d’apprentissages spécifiques (centrées sur des approches croisant le
socioconstructivisme, la dynamique de groupes et la pédagogie
institutionnelle).
13. Approche
• La «recherche-action participative» est une recherche à caractère politique qui
vise la conscientisation des opprimés en vue de produire un changement radical
dans l'ordre social existant.
• L'apprentissage est perçu d'abord comme une appropriation du savoir, et l'adulte
est perçu en tant qu'agent principal de son propre apprentissage.
La "culture du silence":
• Des relations inégalitaires entre les grands propriétaires terriens et les paysans
(séquelles de la colonisation portugaise).
• Réduits pendant plusieurs siècles au silence, les indigènes ont fini par accepter
tacitement cette domination, créant ainsi une "conscience de dominé".
14. Approche
• L'aliénation culturelle – par les paysans - s'est accompagnée d'une aliénation
politique : le système de valeurs des paysans s'est adapté pour justifier et donc
perpétuer le statu quo. Les dominés ne sont donc pas capables de prendre
conscience de leur situation. Ceci correspond aux premiers niveaux de conscience
des opprimés.
• Au premier stade ("magical consciousness"), l'individu s'adapte de façon passive
et défensive à la situation, sans pouvoir se rendre compte des contradictions
socio-économiques de la société. Il est donc silencieux et docile.
• Le second stade ("naive consciousness") correspond à un début de prise de
conscience du problème, mais sans connexion avec les problèmes structurels de
la société. Les problèmes sont individualisés, et donc perçus plus comme des
coïncidences, des accidents. Dans ces deux cas, l'individu n'a aucune vision
globale, intégrée des fondements structurels des inégalités.
15. Approche
"La critique de l'éducation instituée" :
• L'éducation traditionnelle est celle des dominants ; elle est l'instrument privilégié
de la perpétuation du système. Elle permet de décrédibiliser et dévaloriser à leurs
propres yeux la culture des paysans opprimés, en leur montrant, par
comparaison, leur ignorance d'un certain savoir érigé comme seul savoir valide.
En fait, aucun type d'éducation n'est neutre. C’est ainsi que tout cursus qui ignore
les problèmes de racisme, sexisme, d'exploitation des paysans, et toute autre
forme d'oppression, soutient le statu quo.
• Selon le modèle classique, le savoir est prodigué de manière verticale et
autoritaire ("Banking style"). Dans ce cas, le professeur est le seul dépositaire du
savoir légitime, et l'impose à ses élèves. Ce type d’éducation repose sur une
vision de l'homme comme objet malléable, que l'on maintient dans l'état de
"conscience magique" ou de "conscience naïve".
16. Approche
"L'éducation en tant que pratique de la liberté" :
• Freire cherche au contraire à traiter l'homme comme sujet, capable de
transcender et de recréer le monde. Selon lui, l'éducation des opprimés doit
naître de leur propre initiative, et non s'imposer à eux. Elle doit leur permettre
de prendre conscience d'eux-mêmes, de leur possibilité d'action sur leur
environnement. Il s'agit d'apprendre à l'homme à se libérer lui même, à
s'affranchir de la "colonisation de l'esprit", en proposant une "conception
humaniste et libératrice de l'éducation".
• L'alphabétisation apparaît comme un acte éminemment politique, dans ce cas,
personne n'est sans culture, puisqu'elle est créée par l'homme, par la "praxis": la
combinaison de la réflexion et de l'action, de la théorie et de la pratique. L’erreur
est alors considérée comme faisant partie du processus d’apprentissage.
17. Approche
• Les professeurs d'un nouveau type, les "animateurs culturels" ne sont plus des
transmetteurs de savoir, des experts, mais des individus qui, en interrelation avec
les "alphabétisants", apprennent eux aussi. Dans cette perspective, tous les
participants sont actifs, quoique les dissymétries restent toujours présentes dans
les relations enseignant/élève. Ce n’est ainsi qu’au dernier stade de conscience, la
"conscience critique", que les paysans et les opprimés peuvent aboutir à une
analyse de la réalité et de ses contradictions.
18. Méthode
La Conscientisation:
• Signifie «prendre possession de la réalité» (Freire, 1974, p. 22). Elle suppose deux
moments; Le premier est celui de la perception critique, dialectique de sa propre
situation. c'est-à-dire le moment où quelqu'un peut, par sa conscience, capter les
déterminants historiques de son comportement. Le deuxième moment est celui
du passage à l'action.
• Ne se limite pas à prendre conscience de sa situation d'opprimé d’une façon
critique mais à s'engager dans l'action pour s'en libérer par la transformation
sociale; elle est praxis. Elle désigne le processus continuel de raffinement de la
praxis critique. Devenant partie prenante de la texture et de la dynamique du
changement social.
• Va plus loin que la prise de conscience où la connaissance, fragmentaire,
demeure au niveau prépondérant de la sensibilité de l'objet ou du phénomène.
Saisissant les relations entre les objets et leur raison d'être, le sujet connaissant
19. Méthode
produit l'intelligence des objets, des faits, et du monde.
• C’est « la lecture du monde, et qui précède toujours la lecture du mot. Lecture du
contexte, lecture du texte, en impliquant l'autre » Freire.
• Par exemple, l'analphabète conscientisé ne se percevra plus comme {.. .}
quelqu'un qui vit en marge de la société. un homme marginal, mais [comme} un
représentant des couches dominées de la société» (Freire, 1974, p. 61).
• En pratique, elle repose sur la nécessité d'axer l'enseignement sur les problèmes
et la réalité des analphabètes, pour leur apprendre à regagner leur pouvoir
d'expression sur la base de leur expérience. Il s'agit donc d'organiser la
population en groupes, en "cercles culturels" et de discuter en leur sein de leur
réalité, d'analyser les conditions locales, et même d'élaborer des projets qui leur
permettent d'agir sur cette réalité. Ici, il faut préciser que ces groupes culturels
ne sont pas une innovation freiréenne. Freire a exploité une longue tradition
travailliste, militante et syndicaliste.
20. Méthode
"Décodification des mots générateurs"
• Concrètement le travail commence par des entretiens, permettant à l'animateur
de connaître la réalité des alphabétisants et leur "univers linguistique de base".
Ces premières réunions rendent possible la sélection de "mots générateurs",
choisis par l'animateur pour leur richesse phonétique. Grâce à la décomposition
des syllabes, et à leur recombinaison, d'autres mots peuvent être trouvés. Ces
mots générateurs ont aussi une capacité à évoquer le contexte social et donc à
éveiller la conscience.
• Le mot générateur est codifié, c'est-à-dire représenté graphiquement sur des
diapositives ou des panneaux et présenté au cercle. Les participants cherchent
alors à "décodifier" la "situation existentielle" représentée, manifestant ainsi la
capacité de chacun des membres du groupe à communiquer et agir. Cette
décodification est le fruit du dialogue des alphabétisants entre eux, l'animateur
se bornant à susciter des problèmes, sous forme de questions permettant au
groupe de dépasser une lecture naïve de la réalité.
21. Méthode
• Les alphabétisants découvrent alors leur place dans la société, leur pouvoir de
transformer leurs "situations existentielles", et la nécessité de savoir lire et écrire
apparaît du même coup. Ceci est valable, encore une fois, pour les sociétés
lettrées : car la "nécessité" révèle une vision du monde qui est fortement
bibliocentrique, c'est-à-dire que l'on arrive rapidement à une situation où le
lettrisme lui-même devient une force d'oppression, une exigence préalable à
toute participation sociale.
• Ce n'est qu'en dernier lieu que les mots sont analysés en tant que symboles
graphiques, et qu'ils apparaissent par exemple sur la diapositive préalablement
analysée. Paulo Freire a montré qu'il ne fallait pas plus de 17 mots générateurs
pour apprendre à lire en portugais et en espagnol, ce qui pouvait être fait en une
trentaine d'heures (six à huit semaines étaient nécessaires pour un groupe de 25
personnes). D’ailleurs, on trouve la preuve moins chez Freire que dans la
campagne contre l'illettrisme à Cuba.
22. Méthode
• Exemple : le mot favela (bidonville).
- La situation est visualisée sur l’écran, puis décrite et analysée. Le mot peut poser
les problèmes de logement, alimentation, habillement, santé…
- On passe à la visualisation du mot lui-même, en indiquant son contenu
sémantique.
- Le mot est ensuite découpé en syllabes puis en familles phonétiques :
o fa-ve-la
o fa fe fi fo fu
o va ve vi vo vu
o la le li lo lu
- Le groupe essaie de composer d’autres mots avec ces combinaisons de syllabes.
23. Limites
L’oppression:
• Influencé par la pensée marxiste
• Paulo Freire suppose une oppression originelle.
• Il ne définit pas clairement l’oppression au-delà de considérations assez
générales.
• Surtout il présente une vision strictement dichotomique entre oppressés et
oppresseurs, ne tenant pas compte des formes d’oppression vécue par les
différents groupes (racisme, sexisme…). Il suppose ainsi la classe des opprimés
comme homogène, et ne connaissant pas de tensions, donc pas de luttes pour la
définition des priorités.
• Enfin, ces influences marxisantes l’amène à faire une apologie d’une révolution
romantique, qui ignore les contradictions et les dangers d’une telle entreprise.
Comment comprendre l’oppression au regard des transformations sociales
contemporaines (les effets pervers et les avantages de la mondialisation, les
24. Limites
expressions de besoin de démocratie, la pression des agents de la société civile
pour plus de justice sociale, les rôles « sociaux » du secteur privé ?
• Qui définit l’oppression et comment ? Qui se définit 'opprimé' ou 'oppresseur'? Et
au nom de qui (question de la légitimité des acteurs) ? Voilà certaines questions
aux quelles il paraît important de répondre en mettant la pensée de Freire en
dialogue avec les enjeux contemporains liés à la démocratie et au
renouvellement de l’espace public.
Les relations animateurs/alphabétisants:
• il est difficile de comprendre en quoi l’animateur du cercle et les alphabétisants
sont égaux. Il y a en effet toujours un qui sait, qui connaît la vérité, et qui est
chargé de la faire émerger, face à d’autres qui ne savent pas à l’origine analyser
correctement leur situation. La contradiction vient d’une croyance en la valeur
des émotions du peuple d’une part, et la nécessité de penser de façon correcte
de l’autre (Freire n’a pas défini ce que serait ce « correct »).
25. Limites
• il faut mettre l’accent sur l'importance de la validation des savoirs alternatifs, les
savoirs qui contredisent les savoirs institués de la classe dominante. Par
conséquent, la question des rapports entre savoirs institués (scientifiques) et
savoirs alternatifs (traditionnels) devient fortement épistémologique.
• Il peut exister alors un risque de manipulation accrue et même d’endoctrinement
par l’animateur.
• Le seul rempart que propose Freire est strictement moral. Quelles seraient les
formes de contrôle par les autres de ce comportement moral de l’animateur ?
• De plus, même si l’animateur est le moins partial du monde, celui-ci doit
posséder des qualités d’analyse, de pédagogie, et d’imagination hors pair, tout en
acceptant un salaire qui ne va pas nécessairement avec ses qualités et ses
compétences.
26. Limites
L’applicabilité de la méthode de Paulo Freire:
• Les difficultés soulevées ci-dessus entraînent des obstacles dans l’utilisation de
cette théorie.
• La méthode proposée est liée à un contexte très particulier, Freire tout en
insistant sur la nécessité de réinventer ces méthodes en fonction des situations
concrètes, n‘a pas donné de véritables pistes, d’éléments variables sur lesquels il
serait bon de retravailler.
• En effet, en dehors de projets pilotes au Brésil, les résultats d’expérimentations
opérées par Freire lui-même durant son exil, n’ont été que mitigés. Freire a sous-
estimé les problèmes matériels auxquels ses animateurs se sont trouvés
confrontés.
27. Limites
• D’une façon générale, le problème de l’institutionnalisation de ces méthodes s’est
posé, puisqu’en recevant des fonds gouvernementaux, en étant utilisées dans des
institutions plus académiques, l’objectif de transformation sociale s’est aussi
perdu. La libération a alors plus concerné l’individu que la collectivité. Au
contraire, les projets qui ont voulu rester indépendants ont manqué de moyens,
et ont eu une ampleur limitée.
28. Conclusion
• Il est important d'éviter d'appliquer de façon immédiate une méthode : les
méthodes en général, et celle de Freire en particulier, ne sont pas rigides et
doivent être constamment repensées, reconstruites, en fonction des contextes.
• On ne doit pas y chercher une méthode au sens d’une « recette toute faite » ou
un Dogme qu’il suffit d’appliquer pour avoir de bons résultats.
• Pour Freire le rôle de l’éducateur est avant tout de dialoguer avec l’analphabète,
sur des cas concrets, en lui proposant simplement les instruments avec les quels il
s’alphabétise.
• L’alphabétisation ne peut-être administrée d’en haut, comme un cadeau ou une
règle imposée, mais doit progresser de l’intérieur vers l’extérieur, par l’effort de
l’analphabète lui-même, avec la simple collaboration de l’éducateur.
29. Conclusion
• En somme, il s’agit de réfléchir et peut-être d’assimiler une philosophie
pédagogique qui va nourrir une attitude créative en matière d’apprentissage en
cohérence avec sa conception éthique et politique de la société.
• Des Forums Paulo Freire, s'organisent annuellement depuis une dizaine d'années
dans le sud du Brésil et se veulent un lieu de dialogue et de rencontre entre les
milieux universitaires et ceux de l'intervention populaire, témoignent de la vitalité
de sa mémoire.
• La méthode de Freire a le grand mérite de respecter, de prendre en considération
le savoir des populations à alphabétiser. Elle souligne le lien entre le savoir et le
pouvoir, et l’importance du dialogue et de la participation dans l’apprentissage.
• La pensée de Freire reste éminemment pertinente pour élaborer des
programmes d’alphabétisation des adultes dans une perspective d’éducation
permanente.
30. Conclusion
• La force de Freire est d'avoir mis en dialogue des théories diverses et proposé
une réarticulation originale à partir de laquelle se dégage une philosophie qui se
nourrit de praxis et qui propose des balises pour la construction normative du
«vivre ensemble». C'est dans une optique dialogique qu'il faut s'intéresser à sa
philosophie: autant Freire nous invite à la poursuivre en la nourrissant des
nouveaux défis liés aux nouveaux contextes, autant les acteurs engagés
d'aujourd'hui (intellectuels, professeurs, éducateurs et autres animateurs,
leaders, citoyens, etc.) y trouveront une référence inspirante afin de s'outiller
pour relever les défis actuels, liés notamment à la radicalisation de la démocratie.
• Comprendre comment Freire peut nous aider à être, à notre tour, des gens de
notre temps.
31. Conclusion
• Réinventer Freire dans de nouveaux contextes, loin de dénaturer sa philosophie,
la garde vivante et répond ainsi au souhait exprimé par l'éducateur lui-même.
« La seule manière qu’une personne a d’appliquer, dans le contexte qui est le sien,
une des propositions que j’ai faites, c’est précisément de refaire ce que j’ai fait,
autrement dit, ne pas me suivre. Pour me suivre, il est essentiel de ne pas me
suivre »Paulo Freire.
“the progressive educator must always he moving out on his or her own continually
reinventing me and reinventing what it means to be democratic in his or her own
specifie cultural and historical context » Paulo Freire (in McLaren, 2000, p. 165).
32. Références
• Institut Paulo Freire, http://www.paulofreire.org
• www.unesco.org/most/freire_paulo.pdf
• (Re)lecture / Pédagogie des opprimés. N’AUTRE école / n° 12,
printemps 2006.
• Paulo Freire revisité: la communication comme principe de
l'humanisation, mémoire. université du Québec à Montréal, Mars
2011.
• Le concept de situation existentielle chez Paulo Freire: au cœur d’une
pédagogie critique et émancipatoire. YVES LENOIR. Faculté
d’éducation. Université de Sherbrooke, Août 2007.
Notes de l'éditeur
Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée).
UFPE: L'université fédérale du Pernambouc, est une université fédérale brésilienne située principalement à Recife, capitale de l'État du Pernambouc.
Agraire: Un champ est, en agriculture, un espace de terre arable cultivé. Ils sont le plus souvent labourés, mais une culture sans labour est également possible, réputée plus respectueuse des sols et de la vie du sol.
L'adjectif œcuménique (ce qui s'étend sur « toute la terre habitée ») désigne : ce qui est relatif à l'œcuménisme, mouvement de dialogue et de rapprochement entre les diverses Églises chrétiennes.
São Tomé et Principe; Capitale : São Tomé. Président : Manuel Pinto da Costa. Continent : Afrique. Population : 192 993 (2013) Banque mondiale. Devise : Dobra. Langue officielle : Portugais.
Une démarche holistique: traiter de manière globale.
Praxis: L'action au sens strict, en opposition à la théorie,
Socioconstructivisme: pédagogie est centrée sur l'apprenant. C'est l'élève qui apprend par l'intermédiaire de ses représentations. Les conceptions initiales ne sont pas seulement le point de départ et le résultat de l'activité, elles sont au cœur du processus d'apprentissage. La construction d'un savoir bien que personnelle s'effectue dans un cadre social. Les informations sont en lien avec le milieu social, le contexte et proviennent à la fois de ce que l'on pense et de ce que les autres apportent comme interactions.
Tacitement: de façon tacite; qui est considéré comme implicitement admis : Consentement tacite.
Statu quo: est une locution francisée qui vient de la locution latine in statu quo ante signifiant littéralement : « en l'état où (cela était) auparavant »
Eriger: construire, instituer.
La malléabilité: la raison pour laquelle on peut laminer un matériau, le forger, ou découper facilement une faible épaisseur.
Alphabétisants: des personnes en cours d'alphabétisation.
Bibliocentrisme: Doctrine philosophique consistant à apporter des solutions aux problèmes de l’humanité en se basant sur la Bible.
Dichotomique: Relatif à la dichotomie, coupé en deux; Qualifie une technique utilisant des dichotomies successives.
Apologie: Dans son sens originel, l'apologie est un genre littéraire visant à prendre la défense d'une personne ou d'une idée.
Épistémologie: Partie de la philosophie qui a pour objet l'étude critique des postulats, conclusions et méthodes d'une science particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d'en déterminer l'origine logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique.
Partial: Qui manifeste une préférence marquée sans souci d'équité ou de justice. Synonyme : partisan
Endoctrinement: il désigne un enseignement qui interdit l’apprentissage ou la simple connaissance d’autres perspectives, ou une doctrine jugée fausse ou dangereuse par ceux qui ne sont pas endoctrinés.