SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  70
4 avenue de Verdun – 93130 NOISY-LE-SEC
Tél. 01.48.46.34.76 – Télécopie : 01.48.46.59.64
camspespoir93@wanadoo.fr
Association Anne-Marie Javouhey pour les soins et l’éducation spécialisée
32 rue de Neuville – 77300 FONTAINEBLEAU
PROJET DE SERVICE
2016-2020
2
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION : Note de présentation …………………………………………………………. 7
CARTE D’IDENTITE DU CAMSP ………………………………………………………………….. 9
CHAPITRE 1 – PRESENTATION GENERALE DU CAMSP
1-1 - L’association gestionnaire ……………………………………………………………… 11
1-1.1 - Le projet associatif ………………………………………………………………… 11
1-1.2 Les valeurs associatives …………………………………………………………. 12
1-2 - Le CAMSP …………………………………………………………………………………. 12
1-2.1 – Historique …………………………………………………………………………. 12
1-2.2 - Cadre législatif et réglementaire ……………………………………………….. 13
1-2.3 - Les missions ………………………………………………………………………. 14
1-2.4 - L’ancrage territorial ………………………………………………………………... 16
CHAPITRE 2 – LE PUBLIC ACCUEILLI
2-1 – Dans le cadre de l’activité de dépistage-diagnostic et du suivi
audio phonologique …………………………………………………………………….. 19
2-2 – Dans le cadre de la prise en charge médico-sociale …………………………….. 19
2-2.1 – Degrés de surdité et troubles associés ………………………………………… 19
2-2.2 – Caractéristiques générales ……………………………………………………… 23
CHAPITRE 3 – LES PRINCIPES D’INTERVENTION
3-1- Accueillir ………………………………………………………………………………….. 25
3-2- Ecouter ……………………………………………………………………………………… 26
3-3- Respecter …………………………………………………………………………………. 27
3-4- Accompagner …………………………………………………………………………….. 28
3-5- Co éduquer ………………………………………………………………………………… 29
3-6- Les outils relatifs au droit des usagers ………………………………………………. 30
3-6.1 – Les documents ……………………………………………………………………. 30
3-6.2 – La participation des familles au fonctionnement du CAMSP ………………… 31
CHAPITRE 4 – L’OFFRE DE SERVICE
4-1 - Le dépistage précoce et l’activité diagnostic à l’hôpital de Montreuil ………… 32
4-2 - L’évaluation des besoins de l’enfant ………………………………………………… 32
4-2.1 – La consultation audiophonologique ……………………………………………. 33
4-2.2 – Les consultations et observations pédiatriques régulières …………………… 33
4-2.3 – Les bilans et entretiens avec la psychologue …………………………………. 33
4-2.4 – Les bilans psychomoteurs ………………………………………………………. 34
4-2.5 – Les bilans et observations orthophoniques ……………………………………. 34
4-3 - La prise en charge médico-sociale …………………………………………………… 34
4-3.1 – L’impact de la surdité sur le développement global de l’enfant ……………… 34
4-3.2 – Les objectifs généraux d’accompagnement …………………………………… 35
4-3.3 – Les modes d’intervention ………………………………………………………... 36
4-4 - La personnalisation de l’accompagnement ………………………………………… 46
4-4.1 – Le processus d’accueil ………………………………………………………….. 46
4-4.2 – L’admission ……………………………………………………………………….. 49
4-4-3 – La démarche de projet personnalisé (P.P.) ……………………………………. 49
4-4.4 – L’orientation et la sortie du CAMSP …………………………………………….. 50
4
CHAPITRE 5 – LES RESSOURCES DU CAMSP
5-1 - Les moyens matériels et financiers ………………………………………………….. 52
5-1.1 – Les locaux ………………………………………………………………………… 52
5-1.2 – Les ressources financières ……………………………………………………… 52
5-2 - Le personnel et les compétences mobilisées ……………………………………… 53
5-2.1 – La composition de l’équipe ……………………………………………………… 53
5-2.2 – Analyse des moyens humains en juin 2016 …………………………………… 55
5-2.3 – Gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) ………………. 56
5-3 – La régulation et la coordination de l’équipe ………………………………………. 58
5-4 - La démarche d’amélioration de la qualité et la gestion des risques …………… 60
5-4.1 – Mise en œuvre de la démarche d’amélioration de la qualité ………………… 60
5-4.2 – Appropriation des recommandations de bonnes pratiques professionnelles 60
5-4.3 – Sécurité et gestion des risques …………………………………………………. 61
5-5 - Le travail en réseau et la collaboration partenariale ……………………………… 62
CHAPITRE 6 – PERSPECTIVES A 5 ANS – PLAN D’ACTION ………………………………… 67
ANNEXES
ANNEXE 1 – LISTE DES ETABLISSEMENTS, CENTRES ET SERVICES GERES PAR
L’ASSOCIATION ANNE-MARIE JAVOUHEY ……………………………………………………. 69
ANNEXE 2 – PRINCIPES DE BASE EXTRAITS DU PROJET ASSOCIATIF A.M.J. ……….. 70
5
Liste des sigles utilisés
ACFOS Action Connaissance Formation Surdité
ACMS Association des Centres Médicaux et Sociaux de Santé au Travail
AJPP Allocation Journalière de Présence Parentale
AMJ Association Anne-Marie Javouhey
ANECAMSP Association Nationale d’Evaluation des Centres d’Aide Médico-Sociale Précoce
ANESM Association Nationale de l’Evaluation et de la qualité des Etablissements Sociaux
et Médico-Sociaux
ARS Agence Régionale de Santé
ASH Actualités Sociales Hebdomadaires
ATSEM Agent Territorial Spécialisé des Ecoles Maternelles
CAMSP Centre d’Action Médico-Sociale Précoce
CASF Code de l’Action Sociale et des Familles
CDD Contrat à Durée Déterminée
CDI Contrat à Durée Indéterminée
CHI Centre Hospitalier Intercommunal
CMPP Centre Médico-Psycho Pédagogique
COPIL Comité de Pilotage
CPOM Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens
CRAMIF Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Ile de France
CRESN Centre de Rééducation d’Enfants Sourds de Noisy-le-Grand
dB Décibel
DIPC Document Individuel de Prise en Charge
DPC Développement Professionnel Continu
DUD Délégation Unique de Direction
DUERP Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels
ETP Equivalent Temps Plein
GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences
HPST Hôpital Patients Santé et Territoires
IDF Ile de France
IMC Infirme Moteur Cérébral
LAMAC La Maison Arc-en-Ciel
LPC Langue Parlée Complétée
LSF Langue des Signes Française
MDPH Maison Départementale des Personnes Handicapées
NEF Naitre dans l’Est Francilien
OPCA Organisme Paritaire Collecteur Agréé
ORL Oto-Rhino-Laryngologie
PMI Protection Maternelle et Infantile
PP Projet Personnalisé
6
RBPP Recommandation des Bonnes Pratiques Professionnelles
REE Réunion d’Equipe Educative
RESS Réunion d’Equipe de Suivi de la Scolarisation
SESSAD Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile
SSESD Service de Soins et d’Education à Domicile
UNAPEDA Union Nationale des Parents d’Enfants Déficients Auditifs
UNIFAF Union du Fonds d’Assurance Formation de la Branche Sanitaire Sociale et
Médico-Sociale
7
INTRODUCTION
Le présent se nourrit du projet d’avenir, mais l’avenir est soutenu et justifié par le présent.
Robert MISRAHI1
Note de présentation
L’élaboration du projet d’établissement/de service est une obligation réglementaire fixée par l’article
L.311-8 du Code de l’Action Sociale et des Familles et instituée par la loi N°2002-2 du 2 janvier 2002
rénovant l’action sociale et médico- sociale. Le projet d’établissement/de service est un outil qui garantit
les droits des personnes accueillies en ce sens qu’il définit des objectifs en matière de qualité des
prestations et qu’il rend lisibles les modes d’organisation et de fonctionnement de la structure.
Ce document spécifique s’inscrit, selon les recommandations de bonnes pratiques de l’ANESM, dans
une double dynamique, descriptive et projective. Il a donc pour vocation de constituer la pièce d’identité
du Centre, de lui servir de support de communication interne -auprès des professionnels et des familles-
et externe -auprès des partenaires. Il est évolutif dans le sens où il permet d’assurer le suivi des activités
proposées, au regard des évaluations interne et externe réalisées en 2013 et 2014.
Le précédent projet de service du CAMSP arrivant à échéance fin 2015, nous avons saisi cette oppor-
tunité pour réinterroger et transmettre le sens de notre action et d’en expliciter ce qui fait ici référence.
Notre postulat de départ a été le suivant :
Les enfants sourds comme les autres enfants grandissent grâce aux échanges avec leur environne-
ment. En famille, à la crèche, à l'école ou en institution spécialisée, ils se construisent en appui sur les
interactions sociales. Toutefois, le jeune enfant sourd a des besoins particuliers et il est important de
mettre en œuvre le plus tôt possible un environnement à même de l'aider à développer des moyens de
communication, quels qu'ils soient. Ses parents sont également confrontés à de nombreuses questions.
Le CAMSP a pour mission d'accompagner l'enfant sourd dès sa naissance et d'offrir à ses parents un
lieu d'information, de dialogue et de soutien.
Parallèlement au travail de réflexion conduit collectivement, nous avons sollicité d’anciennes profes-
sionnelles du CAMSP qui ont été à l’origine de la création du centre pour enrichir la partie consacrée
aux « principes d’intervention », mieux appréhender et connaitre l’histoire de la structure, garder et
transmettre la mémoire de cette institution. Quatre personnes ont accepté de contribuer à ce document
par leur témoignage : le Docteur Françoise BREAU, pédiatre et directrice administrative durant la
période de 1983 à 2007 ; le Docteur Denise BUSQUET, ORL et directrice médicale de 1983 au 2001 ;
Catherine HOULIERE, Orthophoniste et chef de service de 1984 à 2011 et Danielle RIBOT,
orthophoniste de 1983 à 2008.
Nous sommes actuellement dans un temps institutionnel important. Dans les prochaines années, des
personnes présentes au CAMSP depuis les premiers temps de sa création ou depuis de longues
années, avec pour chacune une expérience clinique riche dans différents champs professionnels, s’en
iront à leur tour vers d’autres horizons.
Travailler sur le projet participe ainsi à éclairer, clarifier, expliciter et communiquer pour que l’implicite
puisse être partagé, questionné, interrogé et pour permettre de se réapproprier collectivement un cadre
de référence.
Ce temps d’élaboration permet de se mettre en position de se regarder agir, de prendre de la distance
avec son environnement de travail pour mieux agir sur et à partir de celui-ci. Pour accompagner l’équipe
dans cette dynamique, nous avons décidé de faire appel à un intervenant extérieur. Une consultante du
cabinet PLURIEL Formation-recherche2 a apporté un appui méthodologique et rédactionnel sur la base
de 6 jours compris entre Novembre 2015 et Juin 2016.
La démarche retenue pour rédiger le document a été participative, associant l’ensemble de l’équipe du
CAMSP afin de garantir ainsi un travail pluridisciplinaire et interactif.
1
Philosophe français, spécialiste de Spinoza et de JP Sartre. Il consacre son travail à la liberté et au bonheur.
2
PLURIEL Formation-Recherche http://:www.pluriel-formation-recherche.fr
8
Néanmoins, deux professionnels (l’agent d’entretien et l’agent d’accueil) n’ont pas pu participer aux
réunions de travail compte tenu de leur temps de présence très partiel au sein de l’équipe.
Deux groupes constitués de 6 et 7 personnes ont été créés sur la base du volontariat au regard des
thématiques.
Conformément au rapport de l’évaluation externe qui notait l’absence de la nature de l’offre de service,
l’organisation et les principes d’intervention dans le précédent projet de service, il nous est apparu
prioritaire d’étayer la réflexion autour de « la personnalisation du parcours de l’enfant » (groupe A) et
« les prestations et les modes d’intervention mises en œuvre » (groupe B), à partir d’une base
documentaire. L’étude, l’analyse et l’utilisation des documents de référence internes et externes
(procédures, livret d’accueil de l’usager, règlement de fonctionnement, projet associatif d’AMJ, projet
de service en cours, bilan d’activité, rapports d’évaluation interne et externe, recommandations des
bonnes pratiques, schéma régional d’organisation médico-social, schéma départemental des
personnes handicapées…) ont été effectuées dans les sous-groupes.
Etant donné que la plupart des professionnels du CAMSP travaillent à temps partiel, les temps de ren-
contre avec l’intervenante ont été planifiés en fonction des jours de présence du plus grand nombre.
Ainsi, le groupe A s’est réuni trois lundis après-midis durant 3 heures (le 4 et 25 janvier et le 15 février
2016). Le groupe B s’est réuni 3 jeudis après-midis durant 3 heures également (le 7 et 28 janvier et le
18 février 2016). A l’intérieur de chaque groupe, une personne coordinatrice était chargée de s’assurer
que l’ensemble des documents rédigés était présent le jour de la rencontre. Elle rassemblait les écrits
et les envoyait à la formatrice. Une secrétaire de séance rédigeait le compte rendu de la séance de
travail. Un temps en fin de réunion était gardé pour relire et valider le compte rendu.
Lors de la séance commune qui s’est déroulée le 17 mars 2016, le travail d’écriture des deux groupes
a été mis en commun. La richesse des échanges, la confrontation des regards portés, dans le respect
de chacun, sur les savoirs mis en œuvre au CAMSP, les visées opérationnelles de l’accompagnement
des enfants et de leurs familles ont contribué à penser et à repérer ensemble les enjeux institutionnels
du projet. Celui-ci agit comme un travail qui contribue à instituer du sens collectif. Il offre un cadre pour
débattre sur la question de la surdité et plus largement du handicap, de l’accueil et de l’accompagne-
ment de l’enfant sourd dans une dimension médico-sociale et éducative partagée par l’ensemble des
professionnels.
A l’issue de ces 4 mois de travail en deux sous-groupes, un comité de pilotage a été créé réunissant 5
personnes de l’équipe (la directrice, la directrice médicale, la chef de service, l’orthophoniste coordina-
trice et la secrétaire/correspondante Qualité). Ce groupe est chargé de veiller au bon déroulement de
la phase d’écriture finale du projet, d’effectuer le choix du sommaire, des intitulés des différents
chapitres, de l’harmonisation du texte et valider les choix stratégiques. Il s’est réuni 4 fois entre le 22
mars et le 21 juin 2016.
Pour conclure cette présentation, le travail d’actualisation du projet de service est l’occasion de clarifier
la mission du CAMSP auprès des enfants sourds du Département de la Seine Saint Denis et de leurs
familles en réaffirmant notre volonté de développer une culture bientraitante de l’accompagnement et
de l’ouverture, basée sur la construction avec les acteurs impliqués dans le soins et l’éducation du jeune
enfant en situation de handicap, chacun avec ses propres contraintes, ses propres temporalités, de
projets cohérents et concordants dans l’intérêt des enfants que nous accueillons.
Annie BERNIER, Directrice
9
CARTE D’IDENTITE DU CAMSP
Etablissement
CAMSP Surdité Espoir 93
4 avenue de Verdun
93130 Noisy le Sec
Tel : 01 48 46 34 76 / Fax : 01 48 46 59 64
Email : camspespoir93@wanadoo.fr
Site Internet : http://www.annemariejavouhey.asso.fr/
Index : CAMSP ESPOIR 93
Catégorie Centre d’Action Médico-Sociale Précoce
Association gestionnaire
Association Anne-Marie Javouhey (AMJ)
32, rue de Neuville
77300 Fontainebleau
Tel : 01 60 39 62 90 / Fax : 01 60 39 62 91
Email : asso.amj@orange.fr
Site Internet : http://www.annemariejavouhey.asso.fr/
Ouverture
210 jours en moyenne (213 jours en 2015).
Antenne centrale ouverte du lundi au vendredi de
8h30 à 18h.
Fermée le mercredi après-midi, du 14 juillet au 15
août et une semaine à chacune des autres vacances
scolaires.
Direction
Madame Annie BERNIER (direction administrative)
Docteur Michèle MANIERE (direction médicale)
Autorisation de fonctionnement
- Autorisation accordée par arrêté préfectoral de la
région Ile de France n°82-24 en date du 12 janvier
1982.
- Arrêté préfectoral n° 08-0570 du 3 mars 2008 autori-
sant le transfert de gestion de l’association Espoir 93
au profit de l’association AMJ.
Agrément
Accueil d’enfants de la naissance à 6 ans originaires
du département de la Seine-Saint-Denis, ayant une
déficience auditive, avec ou sans troubles associés
Capacité d’accueil Entre 20 et 30 enfants.
Autorité de contrôle
Agence Régionale de Santé, service « Solidarité
Autonomie » de la Seine-Saint-Denis, Bobigny (93)
Autorité de financement
- Au titre de l’Assurance Maladie (80 %) pour la mis-
sion « soins »
- Au titre du Conseil Départemental de la Seine Saint
Denis (20%) pour la mission de « dépistage et de
prévention »
FINESS 93 0 811427
SIRET 784 930 471 00247
Code APE 8891 B
Convention collective appli-
cable
C.C. Nationale de Travail des Etablissements et Ser-
vices pour personnes inadaptées et handicapées du
15 mars 1966.
Organisme de formation UNIFAF
Evaluations
Rapport d’évaluation interne déposé le 30 juin 2013
Evaluation externe réalisée en 2014.
10
11
CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU CAMSP
1-1 - L’ASSOCIATION GESTIONNAIRE
L’organisme gestionnaire du CAMSP Espoir 93 est l’association
Anne-Marie JAVOUHEY pour l’éducation et les soins spécialisés
(AMJ), créée en 2004 dans la continuité de l’association ADRESS
(Association Départementale de Recherches d’Education et de
Soins Spécialisés).
Cette association, laïque et non confessionnelle, gère un ensemble
de 21 établissements, centres et services médico-sociaux,
spécialisés dans le soin et l’éducation de personnes en situation de
handicap (voir liste - Annexe 1). Son évolution se poursuit au fil du
temps dans une logique de développement. Elle comprend à ce jour
près de 500 professionnels qui accompagnent un millier d’enfants,
d’adolescents et d’adultes en situation de handicap résidant en Ile-
de-France et ses départements limitrophes.
1-1.1 - Le projet associatif Anne-Marie JAVOUHEY
Dans le respect du projet de vie des personnes qu’elle accueille, de la réglementation en
vigueur et au travers d’actions de soutien, d’accompagnement, de soins et d’hébergement,
l’association AMJ s’engage dans les missions suivantes :
- Evaluation et prévention des risques médico-sociaux, information, investigation, conseil,
orientation, formation.
- Actions éducatives, médico-éducatives, thérapeutiques, pédagogiques et de formation
adaptée aux besoins de la personne, à son niveau de développement, à ses potentialités,
à l’évolution de son état ainsi qu’à son âge.
- Actions d’assistance, d’intégration scolaire, d’adaptation, de réadaptation, d’insertion, de
réinsertion sociales et professionnelles, d’aide à la vie active, d’information et de conseil
sur les aides techniques ainsi que d’aide au travail.
- Actions d’assistance dans les divers actes de la vie, de soutien, de soins et d’accompa-
gnement, y compris à titre palliatif.
- Actions contribuant au développement social, culturel et à l’insertion par l’activité écono-
mique.
La mise en œuvre de ces missions est déléguée à un Conseil de Direction qui se réunit tous
les quinze jours. Il est composé du Directeur Général et de l’ensemble des directeurs des
établissements, centres et services de l’association. Lieu d’unité et de cohérence associative,
espace d’informations, de veille et d’observation des environnements et des besoins, son
fonctionnement, sa dynamique et sa fréquence lui permettent d’avoir une fonction stratégique,
notamment en ce qui concerne les missions, les prestations, le management et la Qualité dans
les établissements, centres et services de l’association.
Le projet associatif repose sur des principes fondamentaux déclinés de la manière suivante :
- indépendance de l’association au regard de son environnement ;
- diversité des agréments des établissements, services et centres dont elle est gestionnaire
- reconnaissance de l’autonomie de fonctionnement de ses structures.
Ces principes ont pour finalité de promouvoir les capacités d’initiative des équipes et de
permettre la création d’une richesse des pratiques professionnelles au service de l’usager,
dans un contexte de travail en réseau.
12
Depuis 2009, l’association est engagée dans une démarche d’amélioration continue de la
qualité des prestations fournies aux usagers, sous la responsabilité de sa direction générale.
Inscrite dans le projet associatif, cette démarche implique l’ensemble des salariés des établis-
sements, centres et services gérés par AMJ et s’appuie sur l’évaluation régulière (interne et
externe) de leurs activités et modes de fonctionnement. Elle est pilotée par un comité composé
des directeurs de structures et animée par un référent-qualité associatif, garant de la
méthodologie, des processus et des procédures mises en œuvre. La cohérence entre la
démarche associative et sa déclinaison au sein de chaque structure est assurée par un
correspondant-qualité, désigné en interne parmi les membres de chaque équipe.
1-1.2 - Les valeurs de l’association
Les actions des établissements, centres et services gérés par AMJ sont fondées sur des
valeurs humanistes et des convictions fortes, déclinées dans le projet associatif :
- La solidarité : le caractère universel du handicap en fait collectivement l’affaire de la
société toute entière et individuellement l’affaire de tout homme et de toute femme.
- L’unité : pour toute personne en situation de handicap, quelles que soient ses défi-
ciences, la vraie prise en compte de son handicap réside dans le fait de rendre son envi-
ronnement accessible (égalité des chances) et accueillant (non-discrimination effective).
C’est l’égalité dans le respect de la différence.
- La laïcité : elle est reconnaissance du caractère universel et positif de la différence dans
toute réalité humaine et sociale. Elle est aussi défense du droit de l’individu, garantie de
la liberté de conscience individuelle.
- La citoyenneté : le combat pour la pleine citoyenneté de la personne en situation de han-
dicap constitue une défense et une application des valeurs de la République, dont la
devise, rapportée au handicap, prend un relief singulier, une valeur militante pour l’asso-
ciation.
- La tolérance : disposition à admettre chez les autres des manières de penser, d’agir,
d’être, différentes. Cette valeur est particulièrement importante dans le cadre de la prise
en charge des personnes avec handicap.
A ces valeurs, s’ajoute, dans le cadre d’une démarche d’accompagnement personnalisée de
la personne accueillie, la mise en œuvre, depuis 2012, d’une charte associative de la bientrai-
tance.
1-2 - LE CAMSP ESPOIR 93
1-2.1 - Historique
Le CAMSP Espoir 93 a été créé en 1983, suite à l’engagement militant de sa fondatrice, le
Docteur Nina CLAUDE, pédiatre de Protection Maternelle et Infantile au sein du Conseil
Départemental de la Seine-Saint-Denis.
Avant 1983, il n’existait pas en Seine-Saint-Denis de structures accueillant les enfants sourds
de moins de 3 ans. Le suivi de ces enfants exigeait donc de leurs familles des déplacements
importants, difficiles, voire impossibles à assumer pour certaines.
Un Centre d’Action Médico-Sociale Précoce, structure légère utilisant des lieux existants,
connus et reconnus des familles (l’hôpital, les centres de PMI) permettait de proposer un
diagnostic et une prise en charge de proximité aux jeunes enfants sourds du département ainsi
qu’un accueil personnalisé de leurs parents.
13
C’est ainsi qu’est né le CAMSP « Espoir 93 », avec une antenne de diagnostic à l’hôpital de
MONTREUIL et des antennes de rééducation3
situées dans 5
centres de PMI du département, le secrétariat étant « hébergé »
dans les locaux de l’Aide Sociale à l’Enfance. Si cette structure
éclatée répondait au besoin de proximité, la nécessité est peu
à peu apparue à l’équipe d’un lieu supplémentaire reconnu
comme propre au CAMSP, permettant de réunir les profession-
nels mais aussi les enfants et leur famille.
A cette fin, l’antenne centrale a été créée en 1993 à NOISY-LE-
SEC, tout en maintenant les interventions du CAMSP dans les
PMI.
Pendant 30 ans, le CAMSP a été géré par l’association « Espoir 93 », jusqu’à sa reprise par
l’association Anne-Marie Javouhey en 2008, dans le cadre d’une opération de fusion-
absorption. Le regroupement de moyens et de savoir-faire a permis de développer une syner-
gie d’organisation et de signer en 2010 un Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens avec
l’Agence Régionale de Santé des départements de la Seine-et-Marne et de la Seine-Saint-
Denis. Ce C.P.O.M. a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2015 et un 2ème
C.P.O.M., signé le
27 août 2015, a pris effet le 1er
janvier 2016 pour 5 ans.
Au fil du temps, le CAMSP a accueilli des enfants de plus en plus jeunes, en lien avec la mise
en place du dépistage systématique des troubles de l’audition chez les nouveau-nés. Cette
évolution a nécessité de la part du centre d’adapter son accompagnement à cette nouvelle
population. Les professionnels ont dû ajuster leurs pratiques. Les interventions à domicile ont
été développées. Les liens de partenariat ont été enrichis avec les acteurs impliqués dans les
différentes étapes du parcours de soins : du repérage à la maternité, à la confirmation du
diagnostic, puis de l’annonce de la surdité à la prise en charge de l’enfant et de sa famille tout
en travaillant la question de l’orientation post-CAMSP, dans un souci de participer à une offre
de soins et de services de qualité, diversifiée et organisée sur l’ensemble du territoire de la
Seine Saint Denis et plus largement à l’échelle de l’Ile de France.
Le manque d’accessibilité de l’antenne centrale au regard
de la loi du 11 Février 20054
et l’impossibilité technique de
réaliser les travaux nécessaires à l’aménagement des
locaux ont été l’opportunité d’engager un nouveau chan-
tier : la recherche et l’aménagement de locaux accessibles
et plus spacieux. Le projet a trouvé son aboutissement en
décembre 2014 avec l’installation dans de nouveaux lo-
caux dans le quartier de la gare RER E à Noisy le Sec.
1-2.2 - Le cadre législatif et réglementaire
Plusieurs textes définissent et encadrent les missions des CAMSP dont :
• Le décret du 15 avril 1976, annexe XXXII bis au décret n°56-284 du 9 août 1956 modifié
qui fixent les missions et conditions techniques d’agrément des CAMSP.
• Le décret n° 88-423 du 22 avril 1988 remplaçant l'annexe XXIV quater modifié par le
décret n°89-798 du 27 octobre 1989,
• La loi 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, qui garantit
la participation des usagers et affirme leurs droits sous l’angle d’une meilleure recon-
naissance du sujet citoyen en définissant des droits et libertés individuelles.
3
Terme utilisé à l’époque
4
Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées.
Hôpital André Grégoire
14
• La loi 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la partici-
pation et la citoyenneté des personnes handicapées qui redéfinit la notion « de handi-
cap » et garantit un accès à tous, dans différents domaines : l’école par exemple, avec
un accompagnement adapté si nécessaire.
• La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance plaçant l’enfant
au cœur du dispositif.
• La loi du 14 mars 2016 complétant la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de
l’enfance.
• Le décret n° 2009-378 du 2 avril 2009 relatif à la scolarisation des enfants et à la
coopération entre les établissements et services médico-sociaux et scolaires.
• La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients,
à la santé et aux territoires qui réorganise et modernise le système de santé.
• La loi informatique et liberté du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004 qui
définit les grands principes de la protection des données personnelles.
1-2.3 - Les missions du CAMSP Espoir 93
Les Centres d’Action Médico‐Sociale Précoce (CAMSP) ont pour vocation essentielle le
dépistage, la prévention et la prise en charge précoce d’enfants de moins de 6 ans en situation
de handicap ou risquant de développer une situation de handicap. Ces centres médico-
sociaux ont un rôle central parmi les acteurs de l’intervention précoce ; leurs missions sont
multiples et visent à assurer l’accueil et l’accompagnement global du jeune enfant et de sa
famille.
Sur le plan réglementaire, leurs missions sont définies dans un décret du 15 avril 1976 :
« Les centres d’action médico‐sociale ont pour objet le dépistage, la cure ambulatoire et la
rééducation des enfants des premier et deuxième âges qui présentent des déficits sensoriels,
moteurs ou mentaux, en vue d’une adaptation sociale et éducative dans leur milieu naturel et
avec la participation de celui‐ci. Ils exercent des actions préventives spécialisées.
Ces centres exercent aussi, soit au cours des consultations, soit à domicile, une guidance des
familles dans les soins et l’éducation spécialisée requis par l’état de l’enfant. » (Article 1,
annexes 32 bis).
Les cinq missions principales des CAMSP peuvent se décliner de la manière suivante :
- le dépistage et diagnostic précoce des déficits et des troubles,
- la prévention et/ou la réduction de l’aggravation des handicaps,
- les soins,
- l’accompagnement familial,
- le soutien, l’aide et l’adaptation sociale et éducative ainsi que la formation et l’informa-
tion auprès des partenaires.
Le CAMSP Espoir 93 s’inscrit dans les missions générales des CAMSP et plus spécifiquement
au regard de la déficience sensorielle. Bien que spécialisé en surdité (tous les enfants accueil-
lis présentent des déficiences auditives permanentes bilatérales de degrés variables), ce
centre accueille également des jeunes enfants pouvant avoir des troubles associés. Ses mis-
sions évoluent en fonction des besoins de la population accueillie et des liens de partenariat
qui se construisent en permanence avec l’ensemble des acteurs impliqués dans les soins et
l’éducation de l’enfant sourd.
Le dépistage-diagnostic et le suivi audio phonologique :
L’activité de dépistage-diagnostic vise à surveiller et contrôler l’audition des enfants du
département de la Seine-Saint-Denis qui sont adressés au CAMSP. La participation du
CAMSP au dépistage systématique de la surdité néonatale (arrêté du 23 avril 2012 relatif
à l’organisation du dépistage de la surdité permanente néonatale) ainsi que les grandes
15
orientations de la loi du 29 juillet 2009 « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » ont renforcé
sa mission bilan, dépistage, diagnostic. Le suivi audio phonologique s’inscrit dans cette
même logique et s’adresse aux enfants accueillis au CAMSP afin d’affiner le diagnostic
de surdité et d’ajuster la prise en charge médico-sociale de l’enfant en fonction des évo-
lutions constatées.
La prise en charge médico-sociale : les soins, l’accompagnement et
l’éducation précoce pluridisciplinaires
L’accompagnement de l’enfant le plus précocement possible doit permettre de favoriser
le développement et l’épanouissement physique, psychologique, intellectuel, affectif et
social de l’enfant ainsi que son développement langagier. Prévenir et limiter les effets de
« sur-handicap » en veillant à son développement harmonieux ainsi qu’à son insertion
sociale et scolaire en sont les enjeux principaux.
Soutenue par une démarche de co-éducation, la prise en charge médico-sociale implique
un important travail d’accompagnement parental dont la finalité vise la reconnaissance, la
restauration et/ou la valorisation des compétences et du rôle des parents. En ce sens, elle
suppose une disponibilité et une présence active de leur part.
En tant qu’organisateur et/ou coordinateur des soins, le CAMSP garantit la continuité et
la cohérence du parcours de l’enfant en amont et en aval de sa prise en charge :
- en harmonisant le travail d’accompagnement avec les structures partenaires (struc-
tures hospitalières, praticiens libéraux, autres structures médico-sociales et de soin) ;
- en définissant les modalités de coordination du projet de l’enfant ;
- en organisant et en animant des réunions pluridisciplinaires pour coordonner les inter-
ventions des différents professionnels mais aussi des partenaires extérieurs.
L’accompagnement et le soutien des familles
L’accompagnement familial fait partie intégrante des missions du CAMSP ; il permet d’être
à l’écoute des attentes parentales et d’évaluer les besoins de la famille en termes
d’accompagnement sur les plans psychologique, éducatif, social et administratif. Les
modalités d’accompagnement peuvent être individuelles et collectives.
Le soutien et l’aide à l’adaptation sociale et éducative
Le CAMSP incite et accompagne l’inscription des enfants dans les structures d’accueil de
la petite enfance afin de soutenir leur socialisation et de leur permettre, ainsi qu’à leurs
parents, de partager et d’enrichir leurs expériences, non centrées sur la surdité. La
construction de partenariats formalisés facilite cet accès et cette inclusion sociale et édu-
cative.
La sensibilisation et l’information auprès des partenaires
En complément des informations directes auprès des enfants et de leur famille, le CAMSP,
en tant que lieu ressources, développe des actions de sensibilisation et d’information
auprès des professionnels de la petite enfance, du secteur médico-social et paramédical ;
ces actions visent à préparer et soutenir l’accueil de l’enfant sourd dans ces structures
dans une volonté d’amélioration permanente des conditions d’accueil et d’insertion sociale
et éducative de l’enfant. Il s’agit également de favoriser le repérage précoce d’éventuels
déficits auditifs en direction des très jeunes enfants.
16
1-2.4 - L’ancrage territorial du CAMSP
Présentation du territoire d’implantation
Le secteur d’intervention du CAMSP ESPOIR 93 est le département de la Seine-Saint-
Denis.
Il étend ses activités d’accueil et d’accompagnement aux enfants déficients auditifs origi-
naires des villes limitrophes à la Seine-Saint-Denis (départements de la Seine-et-Marne
et du Val d’Oise).
Ce département présente des spécificités démographiques (source INSEE) :
- le taux de natalité le plus élevé de France (18,8 naissances pour 1000 habitants en
2014 – France métropolitaine : 12,2),
- un taux de familles monoparentales supérieur à la moyenne nationale (en 2012, 21,60
% des familles étaient monoparentales ; parmi ces familles, 85,6 % étaient représen-
tées par des femmes),
- le pourcentage de populations immigrées le plus important de France (28,4 % en 2012
dont 79,7 % nés hors de l'Europe),
- le taux de pauvreté le plus élevé de France (26,9 % - France métropolitaine : 14,3 %).
En matière de handicap, la prévalence des surdités bilatérales permanentes profondes
représente 1/1000 des naissances vivantes par an. Ce pourcentage passe à 2 % des
naissances si l’on ajoute les surdités évolutives. En tenant compte de ces taux de préva-
lence et du nombre de naissances, il y a chaque année en Seine-Saint-Denis, entre 20 et
30 enfants qui naissent avec une déficience auditive.
Sur les 4 CAMSP implantés en Seine-Saint-
Denis, seul le CAMSP Espoir 93 est spécialisé
dans l’accueil des enfants sourds, avec ou sans
troubles associés. Les 3 autres CAMSP sont
généralistes dits CAMSP « polyvalents ». Ils sont
situés à SAINT-DENIS, NOISY-LE-SEC et
AULNAY-SOUS-BOIS et se répartissent de
façon concertée l’accueil des enfants du
Département de la Seine Saint Denis.
Il existe également 2 autres structures dans le département qui accueillent et accompa-
gnent les enfants sourds :
- le Service de Soutien à l’Education Familiale et à la Scolarisation (S.S.E.F.S.) Simone
Delthil pour des jeunes de 3 à 20 ans, à SAINT-DENIS,
- le Centre de Rééducation d’Enfants Sourds de NOISY LE GRAND (C.R.E.S.N.) qui
propose un accueil des enfants et des jeunes de la naissance à 20 ans.
17
Localisation du CAMSP
L’antenne centrale du CAMSP est située à Noisy-Le-Sec, à proximité des transports en
commun (gare RER, tramway et bus) dans des locaux spacieux adaptés à l’accueil de
jeunes enfants et accessibles aux personnes à mobilité réduite.
En tant que service de proximité et d’intervention précoce (enfants de moins de 3 ans
sans notification MDPH), le CAMSP s’efforce d’agir au plus près du domicile des familles
afin de limiter leurs déplacements. Dans cet esprit, le suivi individuel orthophonique et
éducatif des enfants peut se dérouler dans des locaux équipés, mis à la disposition du
centre à titre gracieux par des structures partenaires (conventions de partenariat) :
- 2 centres de PMI, à La Courneuve et à Sevran ;
- 1 école maternelle de regroupement située à Noisy-Le-Sec, l’école Condorcet ;
- 1 multi-accueil municipal à Noisy-Le-Sec, la crèche Helen Keller.
La diversité des lieux de prise en charge permet d’agir au plus près des besoins des
familles et a pour objectif de permettre aux parents de concilier leur vie familiale avec le
suivi parfois intensif de leur enfant.
Cependant, les liaisons entre certaines communes restent difficiles en transports en com-
mun. C’est pourquoi, environ un tiers des familles est amené à utiliser des taxis ou VSL
pour se rendre à tout ou partie des séances. Afin de faciliter l’organisation de ces trans-
ports, le CAMSP privilégie le partenariat avec un nombre réduit de sociétés, avec signa-
ture de conventions quand cela est possible.
Le CAMSP étant actuellement le seul centre à accueillir sans notification MDPH les
enfants de moins de 3 ans du département, il peut intervenir précocement sur les diffé-
rents lieux de vie.
18
Depuis 2008, pour les enfants de 3 ans ou plus (scolarisation), le CAMSP partage avec
les deux structures spécialisées en surdité du département (centre Delthil et CRESN), sur
convention cadre avec l’ARS et l’Education Nationale, l’accompagnement médico-social
des enfants scolarisés. C’est pourquoi, le département a été divisé en 4 bassins géogra-
phiques auxquels chaque structure est rattachée.
19
CHAPITRE 2 : LE PUBLIC ACCUEILLI
2-1 – DANS LE CADRE DU DEPISTAGE-DIAGNOSTIC ET DU
SUIVI AUDIO PHONOLOGIQUE
Concernant l’activité de dépistage-diagnostic et le suivi audio phonologique, les enfants sont
adressés par les pédiatres libéraux du secteur, par les centres de PMI, par le CAMSP dans le
cadre du suivi mais surtout par les différents services de l’Hôpital de Montreuil accueillant des
enfants.
Répartition en pourcentage de l’âge des nouveaux consultants par
année
0-1 an 1-2 ans 2-3 ans > 3 ans
2011 à 2014 11,2 % 6,1 % 23,1 % 59,6 %
2015 36 % 5,6 % 16,9 % 41,5 %
Le taux d’enfants entre 0 et 1 an est beaucoup plus élevé en 2015 et est une répercussion
de la généralisation du dépistage des troubles de l’audition proposé en maternité et en
néonatalogie.
Taux d’absentéisme
Le taux moyen d’absentéisme sur les 5 dernières années est de 23,6 %, ce qui correspond
au taux moyen d’absentéisme en consultation hospitalière.
Résultats du dépistage
891 enfants ont été vus ces 5 dernières années pour un dépistage,
68, soit 7,6 %, présentaient une déficience auditive,
48 enfants, soit 70 % des déficiences auditives étaient de perception.
2-2 - DANS LE CADRE DE LA PRISE EN CHARGE MEDICO-
SOCIALE
Le CAMSP accueille des enfants atteints de surdité légère à profonde, avec ou sans troubles
associés.
2-2.1 – Degrés de surdité et troubles associés
Les degrés de surdité
Selon le type de surdité (de transmission ou de perception), le degré d’atteinte, le fait qu’elle
soit isolée ou non, l’âge de sa survenue (congénitale ou acquise / pré ou post linguale), les
impacts sur le développement de la communication et l’acquisition du langage de l’enfant sont
variables. Dans les surdités de transmission (atteinte de l’oreille externe ou moyenne),
l’atteinte est uniquement quantitative. Dans les surdités de perception (atteinte de l’oreille
interne ou des voies neuro-sensorielles), l’atteinte est quantitative mais également qualitative :
20
le message peut être perçu, mais de façon peu ou pas intelligible et peut aller jusqu’à entraîner
une absence totale de la perception auditive du message oral en cas de surdité profonde.
Surdité légère (de 20 à 39 dB) : l’enfant entend le message à voix normale, mais la voix faible
est mal perçue. Il pourra être gêné en milieu bruyant, avec des confusions dans la perception
de sons proches entrainant une compréhension moins précise.
Surdité moyenne (de 40 à 69 dB) : l’enfant perçoit la voix d’intensité moyenne, mais aura
besoin d’une intensité forte (la conversation courante est souvent autour de 60 à 70 dB) et
d’une attention soutenue pour comprendre l’ensemble du message avec précision. Les petits
mots courts dans les messages (marques morphosyntaxiques, très porteuses de sens) peu-
vent être source de confusions entrainant parfois une compréhension erronée. L’enfant sera
en difficulté dans un cadre bruyant et dans des conditions moins favorables (donc dans de
nombreuses situations de la vie courante). Il pourra rencontrer des difficultés à l’école. L’en-
fant, dont le langage oral se développera spontanément, présentera le plus souvent un retard
de parole et de langage.
Surdité sévère (de 70 à 89 dB) : la parole et différents bruits de la vie quotidienne sont mal ou
peu perçus. L’impact sur le développement de la communication, de la prise de repères dans
l’environnement et de la compréhension du langage oral, ainsi que de l’expression, est impor-
tant. Il ne peut y avoir d’acquisition spontanée d’un langage oral structuré. L’enfant peut
cependant énoncer quelques mots. Le retard de parole est important.
Surdité profonde (au-delà de 90 dB) : seuls les bruits de très forte intensité sont perçus. La
voix ne l’est pas, à l’exception parfois des rythmes et des intonations à très forte intensité. La
lecture labiale est donc la seule source de perception de la parole. Les productions vocales
spontanées du bébé s’arrêtent rapidement faute de boucle audio phonatoire. Aucune acquisi-
tion de langage oral n’est possible sans rééducation particulière.
21
• Répartition des enfants suivis au CAMSP selon leur degré de
surdité
2011 2012 2013 2014 2015
D.A.* légère 3 % 0 % 0 % 0% 5 %
D.A. moyenne 8 % 8 % 11 % 17% 14 %
D.A. moyenne-sévère et sévère 9 % 18 % 18 % 16% 22 %
D.A. sévère-profonde et profonde 80 % 74 % 71 % 67% 59 %
*D.A. : déficience auditive
Sur les cinq dernières années, la plupart des enfants suivis au CAMSP présen-
tent une surdité profonde. Ce degré de surdité entraîne des difficultés impor-
tantes dans l’acquisition du langage oral, ce qui nécessite des prises en charge
conséquentes.
• Répartition des enfants suivis au CAMSP selon leur appareillage
2011 2012 2013 2014 2015
Implants cochléaires 69% 61% 41% 42% 42%
Prothèses 31% 39% 59% 58% 58%
Les troubles associés
On évoque les troubles associés quand la surdité n’est pas isolée et/ou dans le cadre de han-
dicaps supplémentaires. Ces troubles peuvent être déclinés de la manière suivante :
- Atteinte vestibulaire : elle peut être totale ou partielle. Elle impacte le développement
postural. L’enfant doit trouver des repères et des solutions pour construire son équi-
libre, stabiliser son regard et son corps. Il va déployer une grande énergie pour
surmonter l’instabilité de sa tête et de son tronc, se repérer dans l’espace devient plus
complexe et cela va se répercuter sur les activités de dessin, de construction, de
puzzle, d’écriture… et également dans la prise d’informations visuelles en LSF ou LPC.
Il est souvent mis en situation de double tâche et il est fatigable. On veillera particuliè-
rement à lui proposer une installation confortable et adaptée.
- Déficiences motrices : IMC, hypotonie globale, atteinte cérebelleuse, dystonie…
- Déficiences visuelles : troubles de la réfraction, troubles oculo-moteurs, troubles neuro-
visuels et visuo-spatiaux.
- Troubles relationnels allant de la simple fuite du regard ou d’un retrait relationnel au
TSA (troubles du spectre autistique : DSM-V).
- Déficiences intellectuelles mises en évidence après l’âge de 3-4 ans.
- Troubles spécifiques des apprentissages (dyspraxies, dysphasies…) pouvant être
évoqués à partir de 4-5 ans mais souvent confirmés plus tardivement.
- TDHA (troubles déficitaires de l’attention/ hyperactivité : DSM-V) évoqués après l’âge
de 3-4 ans.
22
Sur ces 5 dernières années, environ 50 % des enfants accueillis au CAMSP présentent des
troubles associés, ce qui a des répercussions importantes sur les modalités de prise en charge
des enfants.
On peut différencier 2 situations :
- celle où l’enfant arrive après que des troubles associés ont déjà été découverts et où
une prise en charge en CAMSP polyvalent ou en SESSAD a déjà été mise en place,
la découverte de la surdité ayant été faite lors du bilan des troubles associés ;
- celle, de plus en plus fréquente avec la généralisation du dépistage en maternité, d’un
enfant arrivant après un diagnostic précoce de surdité et chez qui l’évaluation et/ou la
prise en charge du CAMSP permet de mettre en avant des troubles associés. L’équipe
du centre, et en particulier le pédiatre, est alors en position d’accompagner les parents
vers la reconnaissance d’autres besoins pour leur enfant et vers une nouvelle annonce
diagnostique.
• Etiologie de la surdité et des troubles associés
L'étiologie (ou étiopathogénie) est l'étude des causes et des facteurs d'une maladie.
2011 2012 2013 2014 2015
Etiologie D.A. génétique 50% 58% 50% 47% 50%
Etiologie D.A. acquise 22% 16% 20% 17% 17%
Etiologie indéterminée 28% 26% 30% 36% 33%
Les taux restent relativement constants d’une année sur l’autre. En particulier, on ne constate
pas d’augmentation du pourcentage de causes génétiques malgré les progrès constants dans
cette discipline.
• Causes des étiologies génétiques
17.1%
2.9%
45.7%
8.6%
8.6%
2.9%
14.2%
connexine
otoferline
isolée
waardenburg
usher
CHARGE
autres syndromiques
23
2-2.2 – Caractéristiques générales
File active cumulée 2011-2015
Années Entrées Sorties
Enfants
accueillis
2011 15 9 36
2012 11 13 38
2013 19 18 44*
2014 10 16 36
2015 16 12 39
*L’arrivée importante d’enfants en 2013 (19 enfants nouvellement admis),
qui a amené l’effectif des enfants suivis à 44, reste une situation exception-
nelle.
Les enfants arrivent au CAMSP essentiellement sur le mode du dépistage systématique
(maternité, antécédents familiaux, contexte de prématurité ou de symptôme néonataux). Les
enfants entrant par des signes d’alertes repérés par la famille ou les médecins sont moins
nombreux. Ce constat devrait se conforter dans les années à venir, compte tenu de la systé-
matisation du dépistage néonatal.
Âge moyen des enfants (en mois) lors de leur arrivée et au cours
de leur suivi et à leur sortie
2011 2012 2013 2014 2015
A l’arrivée 21 26 20 21 16
Lors du suivi 37 44 36 32 31
A la sortie 36 52 38 45 38
L’âge d’arrivée au CAMSP semble diminuer au vu du chiffre de l’année 2015, ce qui peut être
mis en corrélation avec la mise en place sur le département du dépistage en maternité.
Délai moyen d’attente et durée de la prise en charge au CAMSP
En 2015, sur les 16 nouveaux enfants arrivés, le délai moyen d’attente entre l’annonce du
diagnostic et l’admission au CAMSP (date de signature du DIPC) était de 8 mois. Il était de 11
mois en 2014. Ces deux dernières années, la durée moyenne de prise en charge était d’envi-
ron 21 mois.
Taux d’absentéisme des enfants suivis
2011 2012 2013 2014 2015
Absentéisme 17% 16% 35% 27% 23%
24
Ce taux d’absentéisme s’explique essentiellement par le très jeune âge des enfants, lesquels
sont soumis à des maladies infantiles fréquentes mais aussi pour lesquels le diagnostic récent
de surdité oblige à de nombreux rendez-vous et consultations qu’il n’est pas toujours facile
d’organiser pour leurs parents.
Origine des demandes (lieux prescripteurs et dépistage néona-
tal)
Dans la majorité des cas, le diagnostic de surdité est confirmé par des hôpitaux parisiens vers
lesquels les enfants sont orientés : Robert Debré (Paris 19ème
), Trousseau (12ème
), Necker
Enfants-Malades (15ème
), Bicêtre (94), Montfermeil (93). En avril 2013, depuis la fusion entre
les services ORL de Trousseau et Necker, tout est centralisé à Necker.
De plus, des diagnostics ont lieu aussi en consultation ORL de ville, ainsi que dans d’autres
CAMSP (exemple : CAMSP Janine Lévy). Dans ce cas, l’orientation vers ces hôpitaux permet
de mettre en place le protocole des examens complémentaires rattachés au diagnostic de
surdité.
Origine géographique des familles
93% des enfants accueillis au CAMSP sont originaires du département de la Seine-Saint-
Denis, conformément au secteur d’intervention du centre.
Situations familiales particulières
La fragilité des situations socio-économiques des familles accentue les difficultés de prise en
charge de l’enfant par manque de disponibilité de ses parents, contraints de gérer la précarité
de leur situation.
Situation de bilinguisme des familles (langues parlées et
langues maternelles)
Compte tenu des caractéristiques de la population séquano-dionysienne (28,4% de la
population est d’origine étrangère), 45 % des familles arrivant au CAMSP ont une langue
maternelle qui n’est pas le français, ce qui nécessite un recours régulier à des interprètes
Socialisation des enfants suivis au CAMSP
A la crèche H. Keller - où 6 places sont réservées pour les enfants suivis au CAMSP - le taux
d’occupation moyen sur les 5 dernières années a été de 66 %.
Sur l’ensemble des structures multi-accueils, 50% des enfants de moins de 3 ans ont fréquenté
l’un de ces accueils sur ces 5 dernières années.
Scolarisation des enfants suivis au CAMSP
Dans l’école de regroupement, 6 places sont réservées pour les enfants suivis au CAMSP.
Sur les 5 dernières années, la moyenne du taux d’occupation a été de 81,6 %.
On constate que les enfants sont davantage scolarisés en école de regroupement plutôt qu’en
école de quartier. En effet, le partenariat avec l’école de regroupement est valorisé auprès des
parents.
25
CHAPITRE 3 : LES PRINCIPES D’INTERVENTION
Le CAMSP institue son action sur des principes fondateurs portés par l’éthique de l’association
Anne-Marie Javouhey5
et sur lesquels l’équipe ancre son identité.
Nous avons fait le choix de retenir cinq verbes d’action qui nous semblent illustrer au plus juste
notre positionnement professionnel pour garantir l’exercice des droits des personnes que nous
accueillons. Pour enrichir nos propos, nous avons fait parler des anciennes professionnelles
du CAMSP qui ont été à l’origine de la création du centre Ont accepté de contribuer à ce
document par leur témoignage, le Docteur Françoise BREAU, pédiatre et directrice
administrative durant la période de 1983 à 2007 ; le Docteur Denise BUSQUET, ORL et
directrice médicale de 1983 au 2001 ; Catherine HOULIERE, orthophoniste et chef de service
de 1984 à 2011 et Danielle RIBOT, orthophoniste de 1983 à 2008.
3-1 - ACCUEILLIR
Le 1er
contact avec les parents est très important. Il nous importe de rendre le plus « agréable »
possible ce passage dans notre centre en prenant soin du lieu où ils sont reçus et de la manière
dont ils sont accueillis. Accueillir c’est aussi avoir des locaux bien aménagés où parents et
enfants se sentent bien.
« Dans l’accueil, il est question de l’espace mais aussi de la temporalité, et c’est ce mouvement
qui en résulte avec les effets d’une certaine tension pulsionnelle. Accueillir l’autre, c’est s’ou-
vrir à l’autre, à la différence, c’est se positionner dans une attitude psychique qui consiste à
faire le geste qui invite l’autre à se mettre en mouvement vers nous. Jeu réciproque de
l’adresse, il en résulte ce mouvement, ces gestes du corps comme la main tendue, des paroles
de bienvenue, le sens qui surgit de cette rencontre lorsqu’elle a lieu » Jean OURY, médecin
psychiatre, psychanalyste.
L’implication de chacun dans la rencontre avec l’enfant et ses parents mobilise l’attention, la
disponibilité, la présence, l’ouverture et l’empathie.
« Cet accueil, s’il est suffisamment contenant, « suffisamment bon » au sens de la préoccu-
pation maternelle primaire de WINNICOTT, c’est-à-dire dans une identification projective
comme la mère vers le nourrisson, va permettre l’atténuation voire la libération de ses
angoisses par l’échange verbal, l’échange de regards, l’ambiance qui en résulte »6
.
Accueillir, signifie pour nous d’avoir une attitude empreinte de respect et de considération, une
capacité d’adaptation aux différents lieux d’intervention des professionnels et à leurs
contraintes.
5 Annexe 2 : Page 6 du projet associatif d’AMJ actualisé le 27 juin 2014
6
Pierre DELION, « Accueillir la personne psychotique » – 2006.
Danielle RIBOT
« Il y avait dans cette équipe première un souffle
dynamique exceptionnel, une grande
disponibilité des professionnels et une bonne
faculté d’adaptation. Les séances dans les PMI
se passaient plus ou moins dans des locaux non
dédiés et non aménagés, pas toujours bien
adaptés »
26
3-2 - ECOUTER
Ecouter l’enfant, observer et prendre en compte ce qu’il « dit » avec ses moyens. Ecouter n’est
pas suffisant, il faut aussi s’appliquer à entendre et prêter attention à ce qu’il exprime.
Les travaux de Françoise Dolto nous ont appris à « écouter l’enfant, l’entendre vraiment à
travers le langage qui est le sien, tout en parlant le nôtre sans le lui imposer. Dès sa naissance,
l’enfant est un être de langage ».
Ecouter les parents sans leur couper la parole pour parler à leur place, savoir entendre le
langage explicite mais aussi l’implicite (S. TOMKIEWICZ) et intégrer ce qu’ils disent de leur
point de vue afin de se sentir compris.
Cette posture professionnelle de l'écoute active définie par Karl ROGERS7
, suppose de
considérer deux autres attitudes fondamentales : la non-directivité et l'empathie.
La non-directivité est une approche centrée sur "l'autre" sans toutefois mettre de la
pression ou influencer son attitude, mais de créer les conditions pour que la personne
trouve elle-même les solutions à ses difficultés. Être non-directif ne veut pas dire être
inactif ou non-impliqué. Il s'agit plutôt de "ressentir avec" l'autre.
L'empathie est "la capacité de s'inscrire dans le monde subjectif d'autrui pour le
comprendre de l'intérieur". L'empathie c'est "vouloir vivre le monde intérieur de l'autre
comme si c'était notre monde à nous".
7 Carl ROGERS (psychologue de tradition humaniste et qui défend une approche positive et optimiste
de l’être humain et fondateur de l’approche non directive)
« Savoir prendre le temps de voir
avec chaque famille si notre
centre correspond bien à leurs
attentes et à leurs possibilités »
Françoise BREAU
Danielle RIBOT
« C’est une équipe qui se constitue
autour d’une éthique très affirmée : être
au plus près des besoins de chaque
enfant, élaborer des projets
thérapeutiques et pédagogiques
personnalisés en tenant compte des
particularités et désirs de chaque
famille»
27
3-3 - RESPECTER
Respecter l’autre
L’enfant : cela implique de s’adresser à lui en se mettant à son niveau, de s’adapter à son âge,
à son rythme, à ses capacités de développement. L’adulte qui a le souci de le considérer dans
son individualité, amènera l’enfant à respecter l’autre à son tour, car il se sentira lui-même
respecté. L’enfant est une personne, perçu comme un sujet à part entière et non comme un
« objet de soin ».
Les parents : ce qui signifie d’adapter notre discours pour qu’il soit compréhensible, de per-
sonnaliser l’accompagnement de l’enfant en tenant compte de la diversité des projets fami-
liaux, des choix éducatifs et linguistiques.
Respecter le temps de l’autre
Le temps peut être défini selon différents niveaux de lecture.
- Le temps contraint, c’est le temps des institutions donc de l’organisation qui est
imparti pour mettre en œuvre l’accompagnement de l’enfant dans le cadre de ses
prises de charge dont il a besoin.
- Le temps conscient (ou temps chronologique) rythme les étapes de la vie humaine.
Chez le jeune enfant, ce temps de la construction et du développement de son cerveau
est fondamental du fait de la plasticité cérébrale. C’est un processus continu et dyna-
mique de création, de renforcement et d’élimination de connexions synaptiques. Ce
processus commence avant la naissance et se poursuit avec beaucoup de puissance
les premières années de la vie pendant lesquelles il pose les fondations de l’architec-
ture cérébrale.
- Le temps psychique, qui n’a rien à voir avec le temps chronologique, qui est même
parfois en contradiction avec ce dernier. C’est le temps de la subjectivité et de l’incons-
cient, de la maturation de la personne en lien avec son environnement. Celui-ci est
donc singulier, particulier, individuel.
- Le temps relationnel qui est le temps de la relation appelée « accompagnement »
autrement dit le temps de la rencontre constituée d’une durée subjective car il suppose
l’interaction de personnes entre elles (chaque professionnel avec chaque enfant et
chaque parent).
Respecter la temporalité de chacun
C’est prendre le temps de l’observation, de cheminer, de faire route avec l’autre, avant
d’engager un suivi. Rien ne sert de courir … comme dirait la fable. Respecter dans la mesure
du possible ce temps personnel pour chacun, car déjà savoir qu’il existe permettra un autre
accueil, avec la prise en compte de ce que la personne a envie d’en dire. Il ne s’agit pas, bien
sûr, d’oublier les limites imposées par les étapes du développement de l’enfant mais de parier
sur l’invention du sujet de trouver ses propres solutions.
Catherine HOULIERE
« Je me sentais en adéquation avec les valeurs essentielles
que l’équipe partageait : respect et engagement vis-à-vis
des familles, l’enfant étant au cœur de notre travail, projet
d’équipe discuté et réfléchi. Nos pratiques étaient partagées
et repensées dans un souci de répondre aux besoins
spécifiques et évolutifs des enfants, structure ouverte
travaillant en réseau avec des formations professionnelles
nous permettant d’évoluer dans nos pratiques. Confiance
mutuelle et respect des compétences de chacun »
28
3-4 - ACCOMPAGNER
Dès le 1er
accueil au CAMSP, le médecin propose aux parents de revenir sur l’annonce du
handicap, moment important car il bouleverse la vie des parents et vient transformer l’équilibre
de la famille. La manière dont cette annonce est faite, les mots employés, les vécus de chacun
auront un impact sur l’organisation familiale et sur la suite du travail d’accompagnement et du
soutien proposé à la famille.
Au cours de la période d’admission, le travail d’accompagnement proposé consiste à écouter
le vécu des parents, leur souffrance, leurs craintes, leurs questionnements pour leur permettre
ensuite de pouvoir se projeter et de s’organiser dans la mise en place des soins et des
accompagnements nécessaires.
Durant le temps de la prise en charge au CAMSP, l’équipe rencontre régulièrement les parents
pour construire ensemble le projet personnalisé de l’enfant. Cette démarche se traduit par des
interventions individuelles et en groupe tant auprès de l’enfant que de ses parents afin de les
aider à comprendre le sens des actions mises en place, les guider dans les différentes tech-
niques, supports et outils utilisés pour favoriser la mise en place d’une communication
parents/enfant. Cette dimension pédagogique et relationnelle de l’accompagnement vient
soutenir la construction d’un projet de vie pour leur enfant et penser l’après CAMSP.
Les professionnels qui accompagnent sont un peu des passeurs qui, sachant très bien qu’ils
ne peuvent pas faire la traversée à la place des parents, se mettront au service de cette
traversée. Bien que ces passeurs connaissent de nombreuses voies de passages possibles,
ils ne peuvent cependant que les signaler car ils ne sont détenteurs d’aucune expertise sur le
devenir existentiel qui les autoriserait à indiquer la suite du chemin que chacun choisira
d’emprunter.
Cette fonction d’accompagnement s’entend à l’échelle individuelle et collective. Elle suppose
de la part de chaque professionnel la mise en place d’une relation de confiance et la recon-
naissance mutuelle des savoirs et des compétences et dans un climat de plaisir partagé.
« Dès mon arrivée au CAMSP, j’ai très vite mesuré
combien j’avais à apprendre des savoirs spécifiques
de chacun pour m’enrichir de cette diversité tout en
partageant et expérimentant mes savoirs de jeune
orthophoniste »
Catherine HOULIERE
Françoise BREAU
« Accompagner, c’est aussi
rechercher avec les parents une
structure adaptée aux besoins de
leur enfant » Denise BUSQUET
29
3-5 - CO EDUQUER
Eduquer, du latin ducis (guide, chef), d’où ducere signifie conduire, conduire hors, c’est
apprendre à grandir, à être autonome. Eduquer, signifierait « faire sortir l’enfant de son état
premier, soit à faire sortir de lui ce qu’il possède virtuellement »8
Le principe de coéducation consiste à placer l’enfant au centre du processus d’éducation.
Directement inspirée par la pensée de Jean-Jacques Rousseau, cette pédagogie se fonde sur
la confiance en la nature humaine. Il s’agit, en s’appuyant sur les connaissances du dévelop-
pement de l’enfant, de lui faire confiance dans le processus éducatif pour favoriser son
épanouissement.
La notion de coéducation valorise l’égalité, l’individu, l’autonomie, le désir et la démocratie. Ce
principe vise à favoriser la socialisation de l’enfant dès son plus jeune âge et à l’éduquer
ensemble (parents et professionnels) en recherchant son intérêt propre.
Au regard des parentalités multiples que rencontre notre société contemporaine, l’équipe du
CAMSP veille à ce que chaque parent (et co-parent) puisse, en fonction de ses possibilités,
participer et trouver sa place dans le travail proposé avec l’enfant. Les parents sont également
amenés à partager avec d’autres professionnels dès l’entrée dans les dispositifs de la petite
enfance (la crèche, la halte jeux, l’école maternelle) et aussi dans le contexte particulier d’une
situation de handicap.
Cette multiplicité d’espaces nécessite, dans le respect des places et des fonctions de chacun,
de rechercher des consensus pour assurer la cohérence du projet et la création d’actions à
conduire ensemble pour aider au mieux l’enfant à se développer harmonieusement.
La participation des adultes aux ateliers proposés par le CAMSP favorise à travers des
interactions et des expériences collectives le partage, le soutien et la collaboration entre pairs
et plus globalement entre parents et professionnels.
Enfin, l’implication des parents à la construction du projet personnalisé de leur enfant fait l’objet
d’une attention particulière de l’équipe. En plus des temps de partage évoqués précédemment,
les parents sont conviés à des rencontres régulières avec les professionnels du CAMSP. Un
partenariat reposant sur la transmission d’informations accessibles et régulières est en
permanence à l’œuvre avec l’ensemble des acteurs impliqués dans l’accompagnement de
l’enfant.
8
Dictionnaire de la langue pédagogique, P. FOULQUIE
Danielle RIBOT
« S’accompagner mutuellement, c’est partager
l’énergie contagieuse d’une ruche bourdonnante et
créative. Les difficultés que nous rencontrons sont
vite oubliées grâce au soutien de nos collègues,
toujours dans une écoute active et non péjorative »
30
3-6 – LES OUTILS RELATIFS AU DROIT DES USAGERS
Ces valeurs et principes d’intervention sont formalisés par les outils de la 2002-2 du 2 janvier
2002. L’ensemble des outils est remis aux responsables légaux de l’enfant selon des procé-
dures écrites afin de respecter une équité entre les personnes accueillies.
3-6.1 - Les documents
Le livret d’accueil
Le livret d’accueil est remis aux parents au cours du 1er
entretien. Y sont annexés la charte des droits et libertés
de la personne accueillie, la charte de la bientraitance de
l’association, le règlement de fonctionnement et la liste
des personnes qualifiées. Il s’accompagne également
d’un guide pratique social concernant les droits des
familles en lien avec le handicap de surdité.
Actualisé régulièrement et conforme au CASF, le livret
d’accueil est construit sous la forme de fiches théma-
tiques présentant notamment les étapes du processus
d’accueil et d’admission, la composition de l’équipe
(trombinoscope), les modalités de coordination pluridisci-
plinaire ainsi que les différents modes d’interventions et
activités proposés par le CAMSP.
Afin d’en faciliter l’accès, il se décline en plusieurs
langues (français, arabe, anglais) et un projet de traduc-
tion en LSF est en cours (action n° 1 du plan d’action,
Chapitre 6).
Françoise BREAU
« La grande proximité que nous avions avec la PMI a été
une aide considérable pour travailler avec une population
très diverse, tant l’approche culturelle avec l’aide
d’interprètes, que les aspects sociaux qui pouvaient
prendre une place importante dans la prise en charge des
enfants, que les liens que nous avions avec les lieux de
vie de la petite enfance pour accueillir les enfants »
Danielle RIBOT
« Etre au plus près des besoins de chaque enfant
suppose d’être dans un souci permanent pour les
professionnels de partage des connaissances et de
qualité des pratiques impliquant des formations, tant
sur le plan de la petite enfance en général que sur le
plan de la surdité, et même sur le plan socio-culturel
lié à la diversité des populations de notre
Département »
31
Le règlement de fonctionnement
Le règlement de fonctionnement définit les droits et les obligations de toute personne (profes-
sionnels, enfants, familles) présente dans les locaux du CAMSP. Le règlement de fonctionne-
ment est remis aux parents avec le livret d’accueil lors du 1er
entretien et est affiché dans la
salle d’attente du centre.
Conforme au CASF, il fournit des informations sur l’exercice du CAMSP : la garantie des droits
de la personne accueillie, la participation des familles, la confidentialité des informations, les
modalités d’admission et de sortie et notamment les conditions de reprise de traitement après
arrêt, la réglementation et la sécurité des locaux, les règles de vie collective, les transports
des enfants, le traitement des urgences médicales, les règles particulières liées à la sécurité
des enfants notamment dans les situations de maltraitance.
Le document individuel de prise en charge (DIPC)
Le DIPC est signé par les parents et les directrices (administrative et médicale du CAMSP)
lors de l’admission. Il contractualise et précise les modalités de prise en charge de l’enfant
proposées par le Centre. Un planning hebdomadaire des soins et des activités, actualisé
chaque année, y est annexé.
L’accès au dossier unique de l’usager et la confidentialité des
données le concernant
Un dossier est ouvert pour chaque enfant à l’admission. Il est organisé en 2 parties :
• une partie générale structurée en sous-dossiers (psychologique, social, comptes rendus
de bilans et de suivis de l’enfant en individuel et en groupe, réunions concernant l’enfant
en interne ou avec les intervenants extérieurs, correspondances). Chaque professionnel
est responsable de la partie du dossier qui le concerne.
• une partie médicale séparée est réservée aux seuls médecins mais peut être consultée
par l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire, avec leur accord.
Les parents souhaitant avoir accès au dossier de leur enfant peuvent en faire la demande à la
directrice selon les conditions fixées dans le règlement de fonctionnement.
3-6.2 - La participation des familles au fonctionnement du CAMSP
Afin de garantir la participation des parents au fonctionnement du centre, l’équipe s’est dotée
de 2 outils : l’enquête de satisfaction et le groupe d’expression des familles. Ils permettent aux
parents d’être consultés et aux professionnels d’interroger leurs pratiques et contribuent à
l’amélioration du service rendu aux enfants et à leur famille.
L’enquête de satisfaction annuelle
L’enquête de satisfaction est scindée en deux parties : une première partie destinée à toutes
les familles en fin d’année scolaire pour évaluer la qualité de la prise en charge et une
deuxième partie envoyée exclusivement aux familles sortantes.
Le groupe d’expression des familles
Un groupe d’expression, ouvert à l’ensemble des familles accueillies au CAMSP, est proposé
en moyenne 3 fois par an. Ces réunions leur permettent d’exprimer leurs attentes et de faire
part de leurs propositions pour améliorer la qualité de l’accueil et du fonctionnement du Centre.
32
CHAPITRE 4 : L’OFFRE DE SERVICE
4-1 – LE DEPISTAGE PRECOCE ET L’ACTIVITE DIAGNOSTIC AU
CENTRE HOSPITALIER INTERCOMMUNAL ANDRE
GREGOIRE DE MONTREUIL
L’activité de dépistage-diagnostic fait partie intégrante des missions du CAMSP depuis sa
création. L’ORL du CAMSP effectue au sein de la consultation ORL de l’hôpital de Montreuil
des tests pour surveiller et contrôler l’audition des enfants qui lui sont adressés. Afin de
renforcer le diagnostic précoce des troubles auditifs et ainsi limiter l’impact de la surdité sur le
développement de l’enfant, la vérification de l’audition du nouveau-né est depuis 2012 propo-
sée systématiquement pendant le séjour en maternité.
Conformément à la réglementation portant sur la mise en
place du dépistage précoce de la surdité permanente néo-
natale9
, aux orientations retenues sur le territoire d’Ile de
France et au cahier des charges régional10
, le CAMSP
participe activement, avec l’ensemble des acteurs (sani-
taires, libéraux et médico-sociaux) concernés par le dépis-
tage-diagnostic précoces de la surdité et l’accompagne-
ment des familles, à la mise en place d’un dispositif
coordonné impulsé par le réseau de périnatalité « Naitre
dans l’Est Francilien ».
Le réseau de périnatalité, nommé par l’Agence Régionale de Santé, articule la mise en place
du repérage de l’audition en maternité, harmonise les outils de recueil et d’information des
familles, mutualise certains axes du programme de formation des professionnels.
De son côté, le CAMSP s’inscrit dans la démarche de dépistage-diagnostic systématique en
participant à la formation des professionnels de la maternité de Montreuil, aux passages des
examens de «contrôle » et «diagnostic » quand les tests ne sont pas concluants.
En participant à ce réseau, le CAMSP se fait connaître des ORL impliqués dans le dispositif
(carte des ORL du Département) comme un lieu ressource pour adresser les bébés diagnos-
tiqués afin qu’ils puissent bénéficier précocement d’une prise en charge médico-sociale et
proposer aux familles un lieu d’écoute et de soutien suite à l’annonce du diagnostic de surdité
de leur enfant.
Des liens réguliers avec le secrétariat du réseau de périnatalité permettent de vérifier réguliè-
rement le parcours des enfants afin de s’assurer de la mise en place d’un suivi à l’issue du
diagnostic de surdité, quel que soit le lieu choisi par les parents.11
4-2 – L’EVALUATION DES BESOINS DE L’ENFANT
Cette mission essentielle du CAMSP, au regard du très jeune âge des enfants accueillis et de
la rapide évolution de leur développement, répond à plusieurs objectifs :
- affiner le diagnostic sur la surdité et les éventuels troubles associés des enfants accueillis
au CAMSP ;
- investiguer les différents champs du développement global de l’enfant (cognitif, moteur,
etc.) en prenant en compte son milieu de vie ;
- évaluer les difficultés (liées à la surdité et/ou à d’éventuels troubles associés) et les poten-
tialités de l’enfant ;
9
Arrêté du 23 avril 2012 relatif à l’organisation du dépistage de la surdité permanente néonatale
10
Cahier des charges régional du 14 avril 2014
11
Plaquette des lieux de suivi médico-social des enfants déficients auditifs participant au réseau de périnatalité
NEF.
33
- accompagner les parents dans la découverte du handicap de leur enfant et la compré-
hension de sa situation ;
- proposer un accompagnement le plus approprié possible aux besoins de l’enfant, en
accord avec les attentes de ses parents (projet parental), soit par la mise en place d’une
prise en charge médico-sociale au sein du CAMSP ou d’une prise en charge conjointe
avec un CAMSP polyvalent ou un SESSD, soit par la recherche d’une orientation vers une
structure plus adaptée.
Elle se traduit par différents types d’intervention auprès de l’enfant et/ou de sa famille, dans le
cadre du processus d’accueil (en amont de l’admission) et tout au long de la prise en charge
de l’enfant par le CAMSP.
4-2.1 - La consultation audiophonologique
Afin d’évaluer l’audition des enfants, des audiogrammes sont réalisés par le médecin ORL du
CAMSP à l’hôpital de Montreuil soit dans le cadre du dépistage-diagnostic soit dans le cadre
de la prise en charge médico-sociale assurée par le CAMSP, au minimum une fois par an.
Pour les enfants les plus jeunes, un audiogramme est réalisé a minima tous les 6 mois en
alternance avec le service hospitalier de référence afin de familiariser l’enfant à ce type d’exa-
men et de l’amener à donner des réponses fiables. Cela permet de préciser le diagnostic et
d’affiner le degré de surdité.
Une vérification et un conseil sur la bonne adaptation des appareils sont assurés par le méde-
cin ORL du service. Un projet d’implant cochléaire et une orientation vers les hôpitaux
partenaires peuvent être discutés.
Face aux difficultés de recrutement d’un médecin ORL, un dispositif alternatif faisant appel à
un réseau de médecins ORL adresseurs, hospitaliers et libéraux, permet de veiller au bon suivi
audiophonologique des enfants.
4-2.2 - Les consultations et observations pédiatriques régulières
Une consultation avec le médecin-pédiatre est proposée à tous les enfants dans le cadre de
la procédure d’admission. Elle a pour but de retracer l’histoire familiale et personnelle de
l’enfant, de faire le point sur son développement global, l’éventualité de difficultés associées
et d’aborder le diagnostic étiologique.
Par ailleurs, des consultations et observations pédiatriques sont organisées tout au long de la
prise en charge des enfants par le CAMSP. Le médecin pédiatre revoit régulièrement chaque
enfant en consultation (au minimum une fois par an) et en participant à des séances de bilan
psychomoteur, d’orthophonie et de groupes afin d’enrichir ses observations par des regards
croisés avec d’autres professionnels. Ces modes d’intervention sont essentiels à l’évaluation
des besoins de l’enfant et permettent de suivre son développement global (somatique et
psychomoteur), de détecter et diagnostiquer des troubles associés, de poursuivre la démarche
étiologique ou de reprendre un diagnostic posé en milieu hospitalier.
4-2.3 - Les bilans et entretiens avec la psychologue
Un entretien avec la psychologue est proposé dans le cadre de la procédure d’admission pour
chaque nouvelle famille accueillie au CAMSP. Cette rencontre est souvent le premier entretien
avec une psychologue après le diagnostic de surdité. Il s’agit donc de proposer aux parents
une écoute de leur vécu de ce diagnostic, mais également de poser un premier regard sur le
développement global de l’enfant, notamment sur sa relation à l’autre, et son ouverture à la
communication.
34
Par la suite, la psychologue est amenée à revoir régulièrement chaque enfant, seul ou en
présence de ses parents, lors de séances individuelles ou en groupe. Ses observations peu-
vent être complétées par des tests psychométriques (WEPSI, SON…) afin de mieux cerner
les difficultés et les capacités cognitives de l’enfant, en particulier lorsque son développement
interroge les professionnels ou que son suivi par le CAMSP touche à sa fin.
4-2.4 - Les bilans psychomoteurs
Un bilan psychomoteur est proposé aux très jeunes enfants ou avant l’acquisition de la marche
et ce, dans le cadre de la procédure d’admission. Il peut être également demandé par le
médecin pédiatre si celui-ci repère des difficultés de développement. Il peut à nouveau être
proposé à tout moment du suivi de l’enfant si nécessaire.
Les outils auxquels se réfère la psychomotricienne concernent le « développement moteur
fonctionnel du jeune enfant de 0 à 12 mois et celui de 13 à 48 mois » en référence au cahier
de passation et de profil de Vaivre-Douret, 1997, le bilan sensori-moteur d’après André
BULLINGER ainsi que l’éveil du tout petit d’après les travaux de Janine LEVY. Ces outils
techniques sont utilisés dans un cadre d’observations cliniques nécessitant de l’expertise
professionnelle.
4-2.5 - Les bilans et observations orthophoniques
Des bilans orthophoniques peuvent être réalisés à la demande des médecins en amont de
l’admission puis tout au long du séjour de l’enfant au CAMSP afin de juger des capacités
perceptives et communicationnelles de l’enfant et de ses besoins en termes de prise en
charge.
Deux types de bilan peuvent être proposés selon l’âge de l’enfant :
• un Bilan d’Education Précoce a été conçu par une professionnelle du CAMSP pour
les plus jeunes. Il n’est pas étalonné et est réalisé en présence des parents et filmé.
Trois épreuves sont proposées qui permettent d’étudier :
- le comportement de l’enfant, sa capacité à être dans la consigne ;
- son appétence à la communication dans une situation directive ou plus spontanée
et le mode de communication qu’il privilégie, sa capacité à pouvoir initier des
échanges ;
- son niveau de compréhension ;
- son niveau d’expression ;
- la façon dont il organise son activité, ses jeux, ses stratégies d’apprentissage.
• Une fois par an, un bilan orthophonique étalonné est réalisé (GAEL P, VOCIM, O52,
ELO). Il permet de mieux appréhender les capacités langagières de l’enfant et son
évolution.
4-3 – LA PRISE EN CHARGE MEDICO SOCIALE
4-3.1 - L’impact de la surdité sur le développement global de
l’enfant
Si l’aptitude au langage est innée, son développement n’est pas acquis d’emblée. Le bébé
arrive au monde communicant, mais sa communication est au départ poly-sensorielle. Dès sa
naissance, le nourrisson perçoit le monde qui l’entoure par différents sens agissant simultané-
ment : le toucher, l’odorat, la vue, l’audition et le goût participent pleinement à cette communi-
cation. La tranche d’âges des enfants accueillis au CAMSP – 0/6 ans – constitue donc une
période de développement déterminante durant laquelle ils mettent en œuvre de multiples
35
compétences (motrices, sensorielles, cognitives, relationnelles) pour explorer le monde et le
langage qui les environnent et ainsi se construire.
D’autre part, l’enfant ne se construit pas seul. Il a besoin que son entourage le « nourrisse »
de stimulations adaptées et tournées vers son éveil global, afin qu’il puisse mettre du sens à
son environnement, entrer en relation et se développer de façon harmonieuse. La qualité des
interactions avec les personnes qui l’entourent, qui pourra être bouleversée par l’absence de
réactions auditives de l’enfant, est par conséquent décisive dans la mise en place de ses
premiers apprentissages, des prérequis au langage (appétence à l’échange, capacité à établir
une attention réciproque puis conjointe, respect du tour de parole, etc.) et à terme, dans la
construction d’une langue structurée.
Et en cas de troubles associés
Différentes compétences peuvent être altérées par la surdité, d’autant que pour de nombreux
enfants, la surdité n’est pas isolée. Ces altérations ont des répercussions sur le développe-
ment de l’enfant, notamment sur son développement communicationnel et relationnel. L’étran-
geté de certains de ses comportements (possible isolement, manque de tonus, fuite du regard
ou mauvaise poursuite visuelle, lenteur etc.) est souvent à la source d’incompréhensions de
la part de son entourage, et en premier lieu de la part de sa famille, qui conduisent à des
réponses inadaptées à son éveil global et à son bon développement.
Pour exemple, le vestibule, aujourd’hui reconnu comme un sixième sens, est fréquemment
déficitaire chez les enfants sourds, ce qui impacte, entre autres, sa disponibilité à la commu-
nication puisqu’il doit utiliser sa vision pour s’équilibrer.
4-3.2 - Les objectifs généraux d’accompagnement
La surdité, qu’elle soit isolée ou non, a donc des répercussions sur l’enfant qui vont bien au-
delà de son simple développement langagier. Elle affecte non seulement son développement
global mais perturbe également son environnement familial et social.
En ce sens, le CAMSP propose une prise en charge médico-sociale non seulement axée sur
le développement d’une communication adaptée et la construction d’une langue (LSF et/ou
orale avec ou sans le soutien du LPC) mais aussi basée sur la prise en compte de la situation
de l’enfant sourd dans sa globalité : son âge, ses difficultés, ses potentialités, mais aussi son
environnement « naturel ».
L’offre de service du CAMSP est ainsi construite à partir d’objectifs généraux d’accompa-
gnement dans 3 champs du développement de l’enfant : la communication et le langage, la
socialisation, les apprentissages.
Dans le champ de la communication et du langage
- Favoriser chez l’enfant le développement d’une communication plurimodale, mettre en place
les bases : les prérequis au langage qui serviront de tremplin à la construction d’une langue.
- Favoriser l’entrée dans une langue, accompagner le choix puis la construction d’une
langue structurée : orale et/ou signée (avec ou sans LCP, avec ou sans signes de la LSF).
- Soutenir et valoriser les interactions enfants/parents pour établir ou renforcer une relation de
qualité aidant l’enfant à progresser. Accompagner l’adaptation des parents aux potentialités
de l’enfant.
- Sensibiliser l’enfant à son environnement sonore afin qu’il puisse l’analyser et y mettre du
sens par l’utilisation et l’optimisation d’aides auditives et/ou l’utilisation de stratégies de
compensation efficaces.
Dans le champ de la socialisation
- Stimuler chez l’enfant le plaisir des échanges et de la relation aux autres à partir de situations
de vie ludique.
- Permettre à l’enfant de s’adapter à l’environnement sonore et relationnel pour gagner en
confiance et en autonomie.
36
- Permettre aux enfants de développer des relations adaptées, partagées et équilibrées avec
les autres.
- Permettre à l’enfant d’acquérir les compétences requises pour la vie sociale et notamment
apprendre à se décentrer et à coopérer (connaître, apprendre et respecter les règles de la
vie en collectivité).
- Faciliter l’accès (ou le maintien) des enfants dans les structures d’accueil de la petite enfance
et à l’école.
Dans le champ des apprentissages
- Accompagner l’enfant dans les étapes de son développement sensori-moteur et l’aider à
trouver des compensations en cas de troubles vestibulaires ;
- Donner du sens aux apprentissages en favorisant le contact avec l’environnement naturel ou
culturel ;
- Permettre à l’enfant d’acquérir de l’autonomie ;
- Soutenir l’acquisition des prérequis scolaires ;
- Faciliter la scolarité en permettant à l’enfant sourd d’accéder, à hauteur de ses capacités de
compréhension, aux messages de l’enseignant ;
- Proposer des adaptations complémentaires si nécessaire, voire une orientation si d’autres
structures éducatives semblent mieux adaptées à ses besoins.
4-3.3 - Les modes d’intervention
La prise en charge médico-sociale se caractérise par des modes d’intervention diversifiés,
complémentaires et coordonnées dans et hors de l’institution :
• Des séances individuelles et de groupe ;
• Des interventions sur les lieux de vie de l’enfant ;
• Des entretiens et rencontres régulières avec les parents ;
• Des actions spécifiques de soutien et d’information en direction des familles ;
• Des échanges et rencontres régulières avec les professionnels de la petite enfance.
Ces modes d’intervention sont autant de moyens qui permettent au CAMSP de répondre aux
besoins des enfants accueillis et d’élaborer un accompagnement adapté à la singularité de
chaque situation, à partir d’objectifs de travail définis dans le cadre du projet personnalisé de
l’enfant en concertation avec ses parents. L’implication et la participation de ces derniers à la
prise en charge de leur enfant, sont fortement encouragées tout au long de son suivi au centre,
dans une démarche de coopération éducative.
Les séances individuelles
Les séances individuelles peuvent, suivant leur nature, être réalisées par un professionnel seul
ou en binôme. Elles font l’objet d’une indication posée par le ou les médecins, suite à leur
consultation et aux bilans réalisés.
Le rythme des séances individuelles est adapté aux besoins de l’enfant et est évolutif (une à
deux séances par semaine). En outre, dans le souci de ne pas multiplier le nombre de dépla-
cements des familles, les séances individuelles peuvent être couplées entre elles ou avec
celles de groupe, à la condition que l’enfant puisse en tirer bénéfice.
• Les séances d’orthophonie
L’objectif des séances d’orthophonie est de développer dans un premier temps une
communication plurimodale qui servira de tremplin à la construction d’une langue, de
stimuler l’audition pour permettre une exploitation maximale des perceptions auditives
et de contribuer à l’utilisation des appareils (prothèse, implant cochléaire). Tous les sup-
ports possibles sont associés à l’oral : mimiques, gestes spontanés, signe de la LSF,
37
code LPC, pictogrammes, photographies… La finalité pour l’enfant est qu’il puisse mettre
du sens, comprendre les messages qui lui sont transmis et s’approprier des moyens
d’expression.
Au cours de chaque séance, des activités
auditives (conditionnement, développement
de l’alerte sonore, discrimina-
tion/reconnaissance des instruments, des
bruits du quotidien), des activités qui visent
à l’expression (orale ou signée), des jeux
partagés, des activités d’observation, de
logique sont proposées.
Avec les parents, un cahier de vie est mis
en place comme support de communica-
tion. Celui-ci est source de plaisir et favorise les échanges. Il permet d’enrichir le voca-
bulaire et de reprendre des activités abordées en séance. C’est un outil rassurant pour
l’enfant, posant des repères dans le déroulement des évènements de sa vie (prise de
conscience de la temporalité). Il y figure : des photos, dessins, pictogrammes ou support
divers du quotidien de l’enfant (ticket de manège, pansement, image de catalogue, etc.).
Cette étape est indispensable pour amener l’enfant à construire une langue. L’orthopho-
niste, en co-action avec les parents, amène progressivement l’enfant à passer d’une
communication globale à l’acquisition d’une langue orale structurée. L’accompagnement
parental est axé sur les adaptations nécessaires à une communication efficace qu’ils
pourront réinvestir au quotidien.
Pour les plus grands, les séances d’orthophonie visent à amener l’enfant à construire
une langue orale structurée (avec ou sans LPC, LSF) et une parole la plus intelligible
possible.
• Les séances de psychomotricité
L’objectif des séances de psychomotricité, qui ont lieu sur l’antenne centrale du CAMSP,
est de permettre aux enfants présentant un retard psychomoteur d’organiser les diffé-
rentes étapes sensori-motrices de leur développement.
Différents types d’activités peuvent être proposés : exploration du corps dans l’espace,
parcours, motricité fine, jeux de contenance, graphisme, structuration spatiale, détente
(sur le gros ballon, sur la balançoire).
Pour les enfants présentant des troubles vestibulaires, la prise en charge a pour but de
les aider à trouver plus facilement des stratégies de compensations et permet d’expliquer
à leurs parents leurs particularités comportementales (rester allongés au tapis ou dans
leur lit en crèche afin de mieux maîtriser leurs appuis, s’isoler car déstabilisés par les
déplacements dans leur environnement, lenteur à mobiliser leur regard dans le mouve-
ment). Ces incompréhensions initiales peuvent déstabiliser les parents déjà sous le choc
du diagnostic de surdité, et mettre - à tort - en doute les compétences intellectuelles ou
relationnelles de leur enfant. Ce travail de guidance a pour objectif de les aider à mieux
s’adapter aux besoins spécifiques de leur enfant.
• Les séances éducatives en Langue des Signes Française (LSF)
Les séances ont une visée éducative et communicationnelle. Il s’agit, à partir d’activités
ludiques et récréatives (livres, jeux symboliques) :
- d’accompagner l’enfant dans le développement de ses compétences langagières et
cognitives.
38
- de favoriser l’émergence d’une
communication de base entre l’enfant
et ses parents, en utilisant la langue des
signes comme mode d’interaction
enfant/parent.
- de soutenir les parents sur le plan
éducatif en les rassurant sur leurs
compétences même quand le message
oral ne peut pas être utilisé.
• Les rencontres avec la psychologue
L’accompagnement psychologique vise à répondre aux différentes problématiques qui
peuvent émerger au cours de la prise en charge (propreté, éducation, difficultés de
développement, relation à l’autre, décision d’implant).
Des entretiens ponctuels ou réguliers peuvent alors être proposés aux enfants avec ou
sans leurs parents. Durant les temps de groupe, les enfants en âge d’être scolarisées
peuvent bénéficier, à leur demande ou sur proposition de l’équipe, de temps d’écoute
lors d’entretiens psychologiques individuels.
En fonction des enfants, les activités peuvent être proposées de manière plus ou moins
dirigée. Elles peuvent être centrées sur la surdité (mallette du docteur et appareillages
factices) et/ou sur la relation avec l'autre (utilisation de petites marionnettes, de poupées,
activités de construction de type puzzle, encastrement, cube, dessin...). D'autres enfants
privilégient une position qui ne les place pas dans « le faire » et sollicitent l'adulte pour
un temps de lecture ou pour des échanges verbaux par exemple, sans passer par la
médiation par le jeu.
Les groupes
Les activités de groupe en direction des enfants et de leurs parents occupent une place
importante dans le travail d’accompagnement éducatif et thérapeutique au quotidien. Elles
sont proposées aux familles arrivant au CAMSP quel que soit l’âge de l’enfant, si celui-ci peut
en tirer bénéfice. La constitution des groupes peut se trouver modifiée en cours d’année en
fonction des arrivées et des départs des enfants.
L’animation de ces groupes se fait en binôme de professionnelles. Cette modalité permet
d’avoir des observations croisées.
Il existe 4 ou 5 groupes différents selon les besoins. La plupart sont proposés au rythme d’une
séance par semaine. La durée de chaque groupe varie en fonction de l’âge des enfants.
• Le groupe des bébés explorateurs
Ce groupe est animé par l’auxiliaire de puériculture et par l’orthophoniste-coordinatrice,
en présence des parents. Il a pour objectifs :
- d’accompagner les bébés et leurs parents vers un premier espace de socialisation au
sein du CAMSP
- de valoriser les interactions enfants/parents en
favorisant chez ces derniers des adaptations
dans leur posture, leur regard, leur communica-
tion non verbale et leur langage pour renforcer
(ou établir) une relation de qualité aidant
l’enfant à progresser, tout en tenant compte des
situations vécues dans le cadre familial
- de faciliter la rencontre et les échanges entre
enfants/parents et professionnels dans une
atmosphère chaleureuse, centrée autour des
compétences du bébé et du savoir-faire des
39
parents. Le groupe se construit avec eux puisqu’en fonction de leurs demandes et
questionnements sur le développement global du jeune enfant, interviennent diffé-
rentes personnes « ressources », professionnels de la petite enfance (pédiatre,
psychomotricienne, médecin ORL…) ;
- d’observer le bébé dans sa globalité, de le stimuler de façon adaptée lors d’activités
tournées vers son éveil global et visant à enrichir ses expériences.
• Le groupe d’éveil à la communication « enfants-parents »
Ce groupe est animé par l’éducatrice de jeunes enfants, qui s’exprime en LSF, et la
psychomotricienne. Proposé aux enfants non scolarisés et ayant acquis leur autonomie
motrice, il a pour objectif :
- de favoriser les interactions entre enfants, entre adultes (animatrices et parents) et
entre parents et enfants des différentes familles. L’atelier vise à l’établissement d’une
communication globale naturelle et authentique : regard, mimiques, mimes, petits
gestes de LSF et oralisation autour de jeux adaptés aux jeunes enfants. C’est dans
ce cadre que l'enfant sourd peut, à travers les moyens mis à sa disposition pour
participer pleinement à la vie collective, acquérir les compétences requises pour la
vie sociale et notamment apprendre à se décentrer et à coopérer avec les membres
du groupe ;
- de permettre aux parents de confronter leurs
expériences autour de la surdité :
appareillage, communication, projets de
communication, d’orientation. Il leur permet
également de rencontrer d’autres enfants
sourds, d’être témoin de la socialisation du
leur dans le groupe autour de moments de
plaisir partagé ou de conflits. Les principes
éducatifs peuvent alors être mis en cause,
mais il peut être rassurant de voir que
chaque enfant peut avoir sa période de
colère, d’opposition ;
- De permettre aux parents de s’imprégner de moyens de communication non verbaux
dans une première approche de la langue des signes grâce à la présence du profes-
sionnel éducatif sourd. Les stimulations auditives sont apportées par le professionnel
entendant. L’utilisation de supports écrits (pictogrammes, photos, dessins) permet
aux enfants d’anticiper les activités prévues, de prendre du recul sur leur vécu émo-
tionnel et aux familles de repartir avec des supports aux échanges.
• Le groupe des petits débrouillards
Animé par une orthophoniste et l’auxiliaire puéricultrice, ce groupe est proposé aux
enfants âgés de 2 et 3 ans. Il répond à plusieurs objectifs :
- favoriser les échanges et le lien social en créant des situations de communication ;
- apprendre les règles de vie en collectivité
- stimuler l’éveil global
- permettre à l’enfant d’affiner ses repères auditifs
- favoriser l’autonomie et préparer l’entrée à l’école
- amener l’enfant vers la construction de la langue orale par des techniques orthopho-
niques
Le travail de séparation enfant/parents se fait progressivement. Les parents participent
au groupe dans un premier temps de façon à ce que s’instaure une confiance entre tous
et que des échanges leur permettent de comprendre les objectifs de ce groupe.
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020
Espoir 93   projet de service 2016-2020

Contenu connexe

En vedette

Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”
Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”
Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”Oleksandr Krakovetskyi
 
житченко в.і математика
житченко в.і математикажитченко в.і математика
житченко в.і математикаTamara Emec
 
Šampóny TianDe
Šampóny TianDeŠampóny TianDe
Šampóny TianDe1tiande
 
Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)
Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)
Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)AlexSiv03
 
Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016
Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016
Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016ASSOJAVOUHEY
 
3Com 3C16630A I
3Com 3C16630A I3Com 3C16630A I
3Com 3C16630A Isavomir
 
Potestad tributaria. katty acon
Potestad tributaria. katty aconPotestad tributaria. katty acon
Potestad tributaria. katty aconestudianteft
 
3Com 3C605C-TXM
3Com 3C605C-TXM3Com 3C605C-TXM
3Com 3C605C-TXMsavomir
 

En vedette (13)

Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”
Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”
Закарпатський осередок ВМГО “Асоціація молодих донорів України”
 
E twinninglive
E twinningliveE twinninglive
E twinninglive
 
DIÁRIO OFICIAL DE ILHÉUS DO DIA 08-03-2017
DIÁRIO OFICIAL DE ILHÉUS DO DIA 08-03-2017DIÁRIO OFICIAL DE ILHÉUS DO DIA 08-03-2017
DIÁRIO OFICIAL DE ILHÉUS DO DIA 08-03-2017
 
житченко в.і математика
житченко в.і математикажитченко в.і математика
житченко в.і математика
 
Šampóny TianDe
Šampóny TianDeŠampóny TianDe
Šampóny TianDe
 
Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)
Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)
Report of Geographer Cafe (Methods of Documentation and Measured Drawings)
 
Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016
Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016
Journal eco sittelle numéro 11 - automne 2016
 
PROJET ASSOCIATIF
PROJET ASSOCIATIFPROJET ASSOCIATIF
PROJET ASSOCIATIF
 
Camsp 93 antennes
Camsp 93   antennesCamsp 93   antennes
Camsp 93 antennes
 
3Com 3C16630A I
3Com 3C16630A I3Com 3C16630A I
3Com 3C16630A I
 
Potestad tributaria. katty acon
Potestad tributaria. katty aconPotestad tributaria. katty acon
Potestad tributaria. katty acon
 
3Com 3C605C-TXM
3Com 3C605C-TXM3Com 3C605C-TXM
3Com 3C605C-TXM
 
Modelado3 d mod01
Modelado3 d mod01Modelado3 d mod01
Modelado3 d mod01
 

Similaire à Espoir 93 projet de service 2016-2020

Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...
Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...
Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...Louis Cournoyer
 
Coreps n pd c - catalogueformation2015_septembre
Coreps n pd c - catalogueformation2015_septembreCoreps n pd c - catalogueformation2015_septembre
Coreps n pd c - catalogueformation2015_septembreCoreps
 
Rapport d'activité 2016 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2016 Ireps LorraineRapport d'activité 2016 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2016 Ireps LorraineIreps Lorraine
 
Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"
Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"
Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"Jan-Cedric Hansen
 
Observatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santé
Observatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santéObservatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santé
Observatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santéSociété Tripalio
 
Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...
Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...
Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...Fouad Madec
 
Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.
Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.
Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.Réseau Pro Santé
 
Le DPC au niveau des territoires
Le DPC au niveau des territoires Le DPC au niveau des territoires
Le DPC au niveau des territoires Réseau Pro Santé
 
ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...
ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...
ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...Groupe AFNOR
 
Guide de stratégies d'intervention orientantes 2014 3 ième édition
Guide de stratégies d'intervention orientantes 2014   3 ième éditionGuide de stratégies d'intervention orientantes 2014   3 ième édition
Guide de stratégies d'intervention orientantes 2014 3 ième éditionLouis Cournoyer
 
Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...
Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...
Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...Louis Cournoyer
 
CNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnelles
CNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnellesCNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnelles
CNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnellesAVIE
 
Ireps Rapport d'activité 2015
Ireps Rapport d'activité 2015Ireps Rapport d'activité 2015
Ireps Rapport d'activité 2015Ireps
 
Rapport d'activité 2015 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2015 Ireps LorraineRapport d'activité 2015 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2015 Ireps LorraineIreps Lorraine
 
Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...
Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...
Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...Apec
 
Plaquette ievei 2020
Plaquette ievei 2020Plaquette ievei 2020
Plaquette ievei 2020ieveiQVT
 
Espoir 93 livret accueil
Espoir 93   livret accueilEspoir 93   livret accueil
Espoir 93 livret accueilASSOJAVOUHEY
 

Similaire à Espoir 93 projet de service 2016-2020 (20)

Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...
Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...
Péloquin, É. (2012). Les pratiques des c.o. auprès de clientèles en épuisemen...
 
Coreps n pd c - catalogueformation2015_septembre
Coreps n pd c - catalogueformation2015_septembreCoreps n pd c - catalogueformation2015_septembre
Coreps n pd c - catalogueformation2015_septembre
 
Mémoire projet UNA 2016
Mémoire projet UNA 2016Mémoire projet UNA 2016
Mémoire projet UNA 2016
 
Rapport d'activité 2016 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2016 Ireps LorraineRapport d'activité 2016 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2016 Ireps Lorraine
 
Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"
Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"
Programme du séminaire "résilience établissements sanitaires et medico-sociaux"
 
Observatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santé
Observatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santéObservatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santé
Observatoire de la qualité de vie au travail QVT des professionnels de la santé
 
Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...
Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...
Restitution générale de diagnostic des projets d'établissements pour enfants ...
 
Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.
Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.
Travaux de ré engenierie du diplôme de cadre de santé.
 
Le DPC au niveau des territoires
Le DPC au niveau des territoires Le DPC au niveau des territoires
Le DPC au niveau des territoires
 
Communauté pratqiues
Communauté pratqiuesCommunauté pratqiues
Communauté pratqiues
 
ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...
ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...
ISO 26000 / RSE : 14 PME témoignent de leur démarche en responsabilité sociét...
 
Guide de stratégies d'intervention orientantes 2014 3 ième édition
Guide de stratégies d'intervention orientantes 2014   3 ième éditionGuide de stratégies d'intervention orientantes 2014   3 ième édition
Guide de stratégies d'intervention orientantes 2014 3 ième édition
 
Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...
Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...
Goulet, Marie-Ève (2016).Accompagnement au choix de carrière de clients dysph...
 
CNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnelles
CNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnellesCNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnelles
CNSA : Troubles psychiques. Le guide d’appui aux pratiques professionnelles
 
Les TIC de l'errance
Les TIC de l'erranceLes TIC de l'errance
Les TIC de l'errance
 
Ireps Rapport d'activité 2015
Ireps Rapport d'activité 2015Ireps Rapport d'activité 2015
Ireps Rapport d'activité 2015
 
Rapport d'activité 2015 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2015 Ireps LorraineRapport d'activité 2015 Ireps Lorraine
Rapport d'activité 2015 Ireps Lorraine
 
Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...
Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...
Etude Apec - Référentiel des métiers cadres du sanitaire, social et médico so...
 
Plaquette ievei 2020
Plaquette ievei 2020Plaquette ievei 2020
Plaquette ievei 2020
 
Espoir 93 livret accueil
Espoir 93   livret accueilEspoir 93   livret accueil
Espoir 93 livret accueil
 

Plus de ASSOJAVOUHEY

Journal 15 - Printemps/été 2018
Journal 15 - Printemps/été 2018Journal 15 - Printemps/été 2018
Journal 15 - Printemps/été 2018ASSOJAVOUHEY
 
Journal 14 - Automne - HIver 2017
Journal 14 - Automne - HIver 2017Journal 14 - Automne - HIver 2017
Journal 14 - Automne - HIver 2017ASSOJAVOUHEY
 
Espoir 93 guide pratique social
Espoir 93   guide pratique socialEspoir 93   guide pratique social
Espoir 93 guide pratique socialASSOJAVOUHEY
 
Espoir 93 brochure
Espoir 93   brochureEspoir 93   brochure
Espoir 93 brochureASSOJAVOUHEY
 
Camsp arc en ciel livret accueil
Camsp arc en ciel   livret accueilCamsp arc en ciel   livret accueil
Camsp arc en ciel livret accueilASSOJAVOUHEY
 
Journal Eco Sittelle numéro 13
Journal Eco Sittelle numéro 13Journal Eco Sittelle numéro 13
Journal Eco Sittelle numéro 13ASSOJAVOUHEY
 
Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017
Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017
Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017ASSOJAVOUHEY
 
Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016
Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016
Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016ASSOJAVOUHEY
 
PROJET ASSOCIATIF
PROJET ASSOCIATIF PROJET ASSOCIATIF
PROJET ASSOCIATIF ASSOJAVOUHEY
 
Camsp arc en ciel livret accueil
Camsp arc en ciel   livret accueilCamsp arc en ciel   livret accueil
Camsp arc en ciel livret accueilASSOJAVOUHEY
 
Camps 93 guide pratique social
Camps 93   guide pratique socialCamps 93   guide pratique social
Camps 93 guide pratique socialASSOJAVOUHEY
 

Plus de ASSOJAVOUHEY (11)

Journal 15 - Printemps/été 2018
Journal 15 - Printemps/été 2018Journal 15 - Printemps/été 2018
Journal 15 - Printemps/été 2018
 
Journal 14 - Automne - HIver 2017
Journal 14 - Automne - HIver 2017Journal 14 - Automne - HIver 2017
Journal 14 - Automne - HIver 2017
 
Espoir 93 guide pratique social
Espoir 93   guide pratique socialEspoir 93   guide pratique social
Espoir 93 guide pratique social
 
Espoir 93 brochure
Espoir 93   brochureEspoir 93   brochure
Espoir 93 brochure
 
Camsp arc en ciel livret accueil
Camsp arc en ciel   livret accueilCamsp arc en ciel   livret accueil
Camsp arc en ciel livret accueil
 
Journal Eco Sittelle numéro 13
Journal Eco Sittelle numéro 13Journal Eco Sittelle numéro 13
Journal Eco Sittelle numéro 13
 
Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017
Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017
Journal eco sittelle numéro 12 - hiver 2017
 
Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016
Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016
Journal eco sittelle numéro 10 - été 2016
 
PROJET ASSOCIATIF
PROJET ASSOCIATIF PROJET ASSOCIATIF
PROJET ASSOCIATIF
 
Camsp arc en ciel livret accueil
Camsp arc en ciel   livret accueilCamsp arc en ciel   livret accueil
Camsp arc en ciel livret accueil
 
Camps 93 guide pratique social
Camps 93   guide pratique socialCamps 93   guide pratique social
Camps 93 guide pratique social
 

Espoir 93 projet de service 2016-2020

  • 1. 4 avenue de Verdun – 93130 NOISY-LE-SEC Tél. 01.48.46.34.76 – Télécopie : 01.48.46.59.64 camspespoir93@wanadoo.fr Association Anne-Marie Javouhey pour les soins et l’éducation spécialisée 32 rue de Neuville – 77300 FONTAINEBLEAU PROJET DE SERVICE 2016-2020
  • 2. 2
  • 3. 3 SOMMAIRE INTRODUCTION : Note de présentation …………………………………………………………. 7 CARTE D’IDENTITE DU CAMSP ………………………………………………………………….. 9 CHAPITRE 1 – PRESENTATION GENERALE DU CAMSP 1-1 - L’association gestionnaire ……………………………………………………………… 11 1-1.1 - Le projet associatif ………………………………………………………………… 11 1-1.2 Les valeurs associatives …………………………………………………………. 12 1-2 - Le CAMSP …………………………………………………………………………………. 12 1-2.1 – Historique …………………………………………………………………………. 12 1-2.2 - Cadre législatif et réglementaire ……………………………………………….. 13 1-2.3 - Les missions ………………………………………………………………………. 14 1-2.4 - L’ancrage territorial ………………………………………………………………... 16 CHAPITRE 2 – LE PUBLIC ACCUEILLI 2-1 – Dans le cadre de l’activité de dépistage-diagnostic et du suivi audio phonologique …………………………………………………………………….. 19 2-2 – Dans le cadre de la prise en charge médico-sociale …………………………….. 19 2-2.1 – Degrés de surdité et troubles associés ………………………………………… 19 2-2.2 – Caractéristiques générales ……………………………………………………… 23 CHAPITRE 3 – LES PRINCIPES D’INTERVENTION 3-1- Accueillir ………………………………………………………………………………….. 25 3-2- Ecouter ……………………………………………………………………………………… 26 3-3- Respecter …………………………………………………………………………………. 27 3-4- Accompagner …………………………………………………………………………….. 28 3-5- Co éduquer ………………………………………………………………………………… 29 3-6- Les outils relatifs au droit des usagers ………………………………………………. 30 3-6.1 – Les documents ……………………………………………………………………. 30 3-6.2 – La participation des familles au fonctionnement du CAMSP ………………… 31 CHAPITRE 4 – L’OFFRE DE SERVICE 4-1 - Le dépistage précoce et l’activité diagnostic à l’hôpital de Montreuil ………… 32 4-2 - L’évaluation des besoins de l’enfant ………………………………………………… 32 4-2.1 – La consultation audiophonologique ……………………………………………. 33 4-2.2 – Les consultations et observations pédiatriques régulières …………………… 33 4-2.3 – Les bilans et entretiens avec la psychologue …………………………………. 33 4-2.4 – Les bilans psychomoteurs ………………………………………………………. 34 4-2.5 – Les bilans et observations orthophoniques ……………………………………. 34 4-3 - La prise en charge médico-sociale …………………………………………………… 34 4-3.1 – L’impact de la surdité sur le développement global de l’enfant ……………… 34 4-3.2 – Les objectifs généraux d’accompagnement …………………………………… 35 4-3.3 – Les modes d’intervention ………………………………………………………... 36 4-4 - La personnalisation de l’accompagnement ………………………………………… 46 4-4.1 – Le processus d’accueil ………………………………………………………….. 46 4-4.2 – L’admission ……………………………………………………………………….. 49 4-4-3 – La démarche de projet personnalisé (P.P.) ……………………………………. 49 4-4.4 – L’orientation et la sortie du CAMSP …………………………………………….. 50
  • 4. 4 CHAPITRE 5 – LES RESSOURCES DU CAMSP 5-1 - Les moyens matériels et financiers ………………………………………………….. 52 5-1.1 – Les locaux ………………………………………………………………………… 52 5-1.2 – Les ressources financières ……………………………………………………… 52 5-2 - Le personnel et les compétences mobilisées ……………………………………… 53 5-2.1 – La composition de l’équipe ……………………………………………………… 53 5-2.2 – Analyse des moyens humains en juin 2016 …………………………………… 55 5-2.3 – Gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC) ………………. 56 5-3 – La régulation et la coordination de l’équipe ………………………………………. 58 5-4 - La démarche d’amélioration de la qualité et la gestion des risques …………… 60 5-4.1 – Mise en œuvre de la démarche d’amélioration de la qualité ………………… 60 5-4.2 – Appropriation des recommandations de bonnes pratiques professionnelles 60 5-4.3 – Sécurité et gestion des risques …………………………………………………. 61 5-5 - Le travail en réseau et la collaboration partenariale ……………………………… 62 CHAPITRE 6 – PERSPECTIVES A 5 ANS – PLAN D’ACTION ………………………………… 67 ANNEXES ANNEXE 1 – LISTE DES ETABLISSEMENTS, CENTRES ET SERVICES GERES PAR L’ASSOCIATION ANNE-MARIE JAVOUHEY ……………………………………………………. 69 ANNEXE 2 – PRINCIPES DE BASE EXTRAITS DU PROJET ASSOCIATIF A.M.J. ……….. 70
  • 5. 5 Liste des sigles utilisés ACFOS Action Connaissance Formation Surdité ACMS Association des Centres Médicaux et Sociaux de Santé au Travail AJPP Allocation Journalière de Présence Parentale AMJ Association Anne-Marie Javouhey ANECAMSP Association Nationale d’Evaluation des Centres d’Aide Médico-Sociale Précoce ANESM Association Nationale de l’Evaluation et de la qualité des Etablissements Sociaux et Médico-Sociaux ARS Agence Régionale de Santé ASH Actualités Sociales Hebdomadaires ATSEM Agent Territorial Spécialisé des Ecoles Maternelles CAMSP Centre d’Action Médico-Sociale Précoce CASF Code de l’Action Sociale et des Familles CDD Contrat à Durée Déterminée CDI Contrat à Durée Indéterminée CHI Centre Hospitalier Intercommunal CMPP Centre Médico-Psycho Pédagogique COPIL Comité de Pilotage CPOM Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens CRAMIF Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Ile de France CRESN Centre de Rééducation d’Enfants Sourds de Noisy-le-Grand dB Décibel DIPC Document Individuel de Prise en Charge DPC Développement Professionnel Continu DUD Délégation Unique de Direction DUERP Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels ETP Equivalent Temps Plein GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences HPST Hôpital Patients Santé et Territoires IDF Ile de France IMC Infirme Moteur Cérébral LAMAC La Maison Arc-en-Ciel LPC Langue Parlée Complétée LSF Langue des Signes Française MDPH Maison Départementale des Personnes Handicapées NEF Naitre dans l’Est Francilien OPCA Organisme Paritaire Collecteur Agréé ORL Oto-Rhino-Laryngologie PMI Protection Maternelle et Infantile PP Projet Personnalisé
  • 6. 6 RBPP Recommandation des Bonnes Pratiques Professionnelles REE Réunion d’Equipe Educative RESS Réunion d’Equipe de Suivi de la Scolarisation SESSAD Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile SSESD Service de Soins et d’Education à Domicile UNAPEDA Union Nationale des Parents d’Enfants Déficients Auditifs UNIFAF Union du Fonds d’Assurance Formation de la Branche Sanitaire Sociale et Médico-Sociale
  • 7. 7 INTRODUCTION Le présent se nourrit du projet d’avenir, mais l’avenir est soutenu et justifié par le présent. Robert MISRAHI1 Note de présentation L’élaboration du projet d’établissement/de service est une obligation réglementaire fixée par l’article L.311-8 du Code de l’Action Sociale et des Familles et instituée par la loi N°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico- sociale. Le projet d’établissement/de service est un outil qui garantit les droits des personnes accueillies en ce sens qu’il définit des objectifs en matière de qualité des prestations et qu’il rend lisibles les modes d’organisation et de fonctionnement de la structure. Ce document spécifique s’inscrit, selon les recommandations de bonnes pratiques de l’ANESM, dans une double dynamique, descriptive et projective. Il a donc pour vocation de constituer la pièce d’identité du Centre, de lui servir de support de communication interne -auprès des professionnels et des familles- et externe -auprès des partenaires. Il est évolutif dans le sens où il permet d’assurer le suivi des activités proposées, au regard des évaluations interne et externe réalisées en 2013 et 2014. Le précédent projet de service du CAMSP arrivant à échéance fin 2015, nous avons saisi cette oppor- tunité pour réinterroger et transmettre le sens de notre action et d’en expliciter ce qui fait ici référence. Notre postulat de départ a été le suivant : Les enfants sourds comme les autres enfants grandissent grâce aux échanges avec leur environne- ment. En famille, à la crèche, à l'école ou en institution spécialisée, ils se construisent en appui sur les interactions sociales. Toutefois, le jeune enfant sourd a des besoins particuliers et il est important de mettre en œuvre le plus tôt possible un environnement à même de l'aider à développer des moyens de communication, quels qu'ils soient. Ses parents sont également confrontés à de nombreuses questions. Le CAMSP a pour mission d'accompagner l'enfant sourd dès sa naissance et d'offrir à ses parents un lieu d'information, de dialogue et de soutien. Parallèlement au travail de réflexion conduit collectivement, nous avons sollicité d’anciennes profes- sionnelles du CAMSP qui ont été à l’origine de la création du centre pour enrichir la partie consacrée aux « principes d’intervention », mieux appréhender et connaitre l’histoire de la structure, garder et transmettre la mémoire de cette institution. Quatre personnes ont accepté de contribuer à ce document par leur témoignage : le Docteur Françoise BREAU, pédiatre et directrice administrative durant la période de 1983 à 2007 ; le Docteur Denise BUSQUET, ORL et directrice médicale de 1983 au 2001 ; Catherine HOULIERE, Orthophoniste et chef de service de 1984 à 2011 et Danielle RIBOT, orthophoniste de 1983 à 2008. Nous sommes actuellement dans un temps institutionnel important. Dans les prochaines années, des personnes présentes au CAMSP depuis les premiers temps de sa création ou depuis de longues années, avec pour chacune une expérience clinique riche dans différents champs professionnels, s’en iront à leur tour vers d’autres horizons. Travailler sur le projet participe ainsi à éclairer, clarifier, expliciter et communiquer pour que l’implicite puisse être partagé, questionné, interrogé et pour permettre de se réapproprier collectivement un cadre de référence. Ce temps d’élaboration permet de se mettre en position de se regarder agir, de prendre de la distance avec son environnement de travail pour mieux agir sur et à partir de celui-ci. Pour accompagner l’équipe dans cette dynamique, nous avons décidé de faire appel à un intervenant extérieur. Une consultante du cabinet PLURIEL Formation-recherche2 a apporté un appui méthodologique et rédactionnel sur la base de 6 jours compris entre Novembre 2015 et Juin 2016. La démarche retenue pour rédiger le document a été participative, associant l’ensemble de l’équipe du CAMSP afin de garantir ainsi un travail pluridisciplinaire et interactif. 1 Philosophe français, spécialiste de Spinoza et de JP Sartre. Il consacre son travail à la liberté et au bonheur. 2 PLURIEL Formation-Recherche http://:www.pluriel-formation-recherche.fr
  • 8. 8 Néanmoins, deux professionnels (l’agent d’entretien et l’agent d’accueil) n’ont pas pu participer aux réunions de travail compte tenu de leur temps de présence très partiel au sein de l’équipe. Deux groupes constitués de 6 et 7 personnes ont été créés sur la base du volontariat au regard des thématiques. Conformément au rapport de l’évaluation externe qui notait l’absence de la nature de l’offre de service, l’organisation et les principes d’intervention dans le précédent projet de service, il nous est apparu prioritaire d’étayer la réflexion autour de « la personnalisation du parcours de l’enfant » (groupe A) et « les prestations et les modes d’intervention mises en œuvre » (groupe B), à partir d’une base documentaire. L’étude, l’analyse et l’utilisation des documents de référence internes et externes (procédures, livret d’accueil de l’usager, règlement de fonctionnement, projet associatif d’AMJ, projet de service en cours, bilan d’activité, rapports d’évaluation interne et externe, recommandations des bonnes pratiques, schéma régional d’organisation médico-social, schéma départemental des personnes handicapées…) ont été effectuées dans les sous-groupes. Etant donné que la plupart des professionnels du CAMSP travaillent à temps partiel, les temps de ren- contre avec l’intervenante ont été planifiés en fonction des jours de présence du plus grand nombre. Ainsi, le groupe A s’est réuni trois lundis après-midis durant 3 heures (le 4 et 25 janvier et le 15 février 2016). Le groupe B s’est réuni 3 jeudis après-midis durant 3 heures également (le 7 et 28 janvier et le 18 février 2016). A l’intérieur de chaque groupe, une personne coordinatrice était chargée de s’assurer que l’ensemble des documents rédigés était présent le jour de la rencontre. Elle rassemblait les écrits et les envoyait à la formatrice. Une secrétaire de séance rédigeait le compte rendu de la séance de travail. Un temps en fin de réunion était gardé pour relire et valider le compte rendu. Lors de la séance commune qui s’est déroulée le 17 mars 2016, le travail d’écriture des deux groupes a été mis en commun. La richesse des échanges, la confrontation des regards portés, dans le respect de chacun, sur les savoirs mis en œuvre au CAMSP, les visées opérationnelles de l’accompagnement des enfants et de leurs familles ont contribué à penser et à repérer ensemble les enjeux institutionnels du projet. Celui-ci agit comme un travail qui contribue à instituer du sens collectif. Il offre un cadre pour débattre sur la question de la surdité et plus largement du handicap, de l’accueil et de l’accompagne- ment de l’enfant sourd dans une dimension médico-sociale et éducative partagée par l’ensemble des professionnels. A l’issue de ces 4 mois de travail en deux sous-groupes, un comité de pilotage a été créé réunissant 5 personnes de l’équipe (la directrice, la directrice médicale, la chef de service, l’orthophoniste coordina- trice et la secrétaire/correspondante Qualité). Ce groupe est chargé de veiller au bon déroulement de la phase d’écriture finale du projet, d’effectuer le choix du sommaire, des intitulés des différents chapitres, de l’harmonisation du texte et valider les choix stratégiques. Il s’est réuni 4 fois entre le 22 mars et le 21 juin 2016. Pour conclure cette présentation, le travail d’actualisation du projet de service est l’occasion de clarifier la mission du CAMSP auprès des enfants sourds du Département de la Seine Saint Denis et de leurs familles en réaffirmant notre volonté de développer une culture bientraitante de l’accompagnement et de l’ouverture, basée sur la construction avec les acteurs impliqués dans le soins et l’éducation du jeune enfant en situation de handicap, chacun avec ses propres contraintes, ses propres temporalités, de projets cohérents et concordants dans l’intérêt des enfants que nous accueillons. Annie BERNIER, Directrice
  • 9. 9 CARTE D’IDENTITE DU CAMSP Etablissement CAMSP Surdité Espoir 93 4 avenue de Verdun 93130 Noisy le Sec Tel : 01 48 46 34 76 / Fax : 01 48 46 59 64 Email : camspespoir93@wanadoo.fr Site Internet : http://www.annemariejavouhey.asso.fr/ Index : CAMSP ESPOIR 93 Catégorie Centre d’Action Médico-Sociale Précoce Association gestionnaire Association Anne-Marie Javouhey (AMJ) 32, rue de Neuville 77300 Fontainebleau Tel : 01 60 39 62 90 / Fax : 01 60 39 62 91 Email : asso.amj@orange.fr Site Internet : http://www.annemariejavouhey.asso.fr/ Ouverture 210 jours en moyenne (213 jours en 2015). Antenne centrale ouverte du lundi au vendredi de 8h30 à 18h. Fermée le mercredi après-midi, du 14 juillet au 15 août et une semaine à chacune des autres vacances scolaires. Direction Madame Annie BERNIER (direction administrative) Docteur Michèle MANIERE (direction médicale) Autorisation de fonctionnement - Autorisation accordée par arrêté préfectoral de la région Ile de France n°82-24 en date du 12 janvier 1982. - Arrêté préfectoral n° 08-0570 du 3 mars 2008 autori- sant le transfert de gestion de l’association Espoir 93 au profit de l’association AMJ. Agrément Accueil d’enfants de la naissance à 6 ans originaires du département de la Seine-Saint-Denis, ayant une déficience auditive, avec ou sans troubles associés Capacité d’accueil Entre 20 et 30 enfants. Autorité de contrôle Agence Régionale de Santé, service « Solidarité Autonomie » de la Seine-Saint-Denis, Bobigny (93) Autorité de financement - Au titre de l’Assurance Maladie (80 %) pour la mis- sion « soins » - Au titre du Conseil Départemental de la Seine Saint Denis (20%) pour la mission de « dépistage et de prévention » FINESS 93 0 811427 SIRET 784 930 471 00247 Code APE 8891 B Convention collective appli- cable C.C. Nationale de Travail des Etablissements et Ser- vices pour personnes inadaptées et handicapées du 15 mars 1966. Organisme de formation UNIFAF Evaluations Rapport d’évaluation interne déposé le 30 juin 2013 Evaluation externe réalisée en 2014.
  • 10. 10
  • 11. 11 CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU CAMSP 1-1 - L’ASSOCIATION GESTIONNAIRE L’organisme gestionnaire du CAMSP Espoir 93 est l’association Anne-Marie JAVOUHEY pour l’éducation et les soins spécialisés (AMJ), créée en 2004 dans la continuité de l’association ADRESS (Association Départementale de Recherches d’Education et de Soins Spécialisés). Cette association, laïque et non confessionnelle, gère un ensemble de 21 établissements, centres et services médico-sociaux, spécialisés dans le soin et l’éducation de personnes en situation de handicap (voir liste - Annexe 1). Son évolution se poursuit au fil du temps dans une logique de développement. Elle comprend à ce jour près de 500 professionnels qui accompagnent un millier d’enfants, d’adolescents et d’adultes en situation de handicap résidant en Ile- de-France et ses départements limitrophes. 1-1.1 - Le projet associatif Anne-Marie JAVOUHEY Dans le respect du projet de vie des personnes qu’elle accueille, de la réglementation en vigueur et au travers d’actions de soutien, d’accompagnement, de soins et d’hébergement, l’association AMJ s’engage dans les missions suivantes : - Evaluation et prévention des risques médico-sociaux, information, investigation, conseil, orientation, formation. - Actions éducatives, médico-éducatives, thérapeutiques, pédagogiques et de formation adaptée aux besoins de la personne, à son niveau de développement, à ses potentialités, à l’évolution de son état ainsi qu’à son âge. - Actions d’assistance, d’intégration scolaire, d’adaptation, de réadaptation, d’insertion, de réinsertion sociales et professionnelles, d’aide à la vie active, d’information et de conseil sur les aides techniques ainsi que d’aide au travail. - Actions d’assistance dans les divers actes de la vie, de soutien, de soins et d’accompa- gnement, y compris à titre palliatif. - Actions contribuant au développement social, culturel et à l’insertion par l’activité écono- mique. La mise en œuvre de ces missions est déléguée à un Conseil de Direction qui se réunit tous les quinze jours. Il est composé du Directeur Général et de l’ensemble des directeurs des établissements, centres et services de l’association. Lieu d’unité et de cohérence associative, espace d’informations, de veille et d’observation des environnements et des besoins, son fonctionnement, sa dynamique et sa fréquence lui permettent d’avoir une fonction stratégique, notamment en ce qui concerne les missions, les prestations, le management et la Qualité dans les établissements, centres et services de l’association. Le projet associatif repose sur des principes fondamentaux déclinés de la manière suivante : - indépendance de l’association au regard de son environnement ; - diversité des agréments des établissements, services et centres dont elle est gestionnaire - reconnaissance de l’autonomie de fonctionnement de ses structures. Ces principes ont pour finalité de promouvoir les capacités d’initiative des équipes et de permettre la création d’une richesse des pratiques professionnelles au service de l’usager, dans un contexte de travail en réseau.
  • 12. 12 Depuis 2009, l’association est engagée dans une démarche d’amélioration continue de la qualité des prestations fournies aux usagers, sous la responsabilité de sa direction générale. Inscrite dans le projet associatif, cette démarche implique l’ensemble des salariés des établis- sements, centres et services gérés par AMJ et s’appuie sur l’évaluation régulière (interne et externe) de leurs activités et modes de fonctionnement. Elle est pilotée par un comité composé des directeurs de structures et animée par un référent-qualité associatif, garant de la méthodologie, des processus et des procédures mises en œuvre. La cohérence entre la démarche associative et sa déclinaison au sein de chaque structure est assurée par un correspondant-qualité, désigné en interne parmi les membres de chaque équipe. 1-1.2 - Les valeurs de l’association Les actions des établissements, centres et services gérés par AMJ sont fondées sur des valeurs humanistes et des convictions fortes, déclinées dans le projet associatif : - La solidarité : le caractère universel du handicap en fait collectivement l’affaire de la société toute entière et individuellement l’affaire de tout homme et de toute femme. - L’unité : pour toute personne en situation de handicap, quelles que soient ses défi- ciences, la vraie prise en compte de son handicap réside dans le fait de rendre son envi- ronnement accessible (égalité des chances) et accueillant (non-discrimination effective). C’est l’égalité dans le respect de la différence. - La laïcité : elle est reconnaissance du caractère universel et positif de la différence dans toute réalité humaine et sociale. Elle est aussi défense du droit de l’individu, garantie de la liberté de conscience individuelle. - La citoyenneté : le combat pour la pleine citoyenneté de la personne en situation de han- dicap constitue une défense et une application des valeurs de la République, dont la devise, rapportée au handicap, prend un relief singulier, une valeur militante pour l’asso- ciation. - La tolérance : disposition à admettre chez les autres des manières de penser, d’agir, d’être, différentes. Cette valeur est particulièrement importante dans le cadre de la prise en charge des personnes avec handicap. A ces valeurs, s’ajoute, dans le cadre d’une démarche d’accompagnement personnalisée de la personne accueillie, la mise en œuvre, depuis 2012, d’une charte associative de la bientrai- tance. 1-2 - LE CAMSP ESPOIR 93 1-2.1 - Historique Le CAMSP Espoir 93 a été créé en 1983, suite à l’engagement militant de sa fondatrice, le Docteur Nina CLAUDE, pédiatre de Protection Maternelle et Infantile au sein du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis. Avant 1983, il n’existait pas en Seine-Saint-Denis de structures accueillant les enfants sourds de moins de 3 ans. Le suivi de ces enfants exigeait donc de leurs familles des déplacements importants, difficiles, voire impossibles à assumer pour certaines. Un Centre d’Action Médico-Sociale Précoce, structure légère utilisant des lieux existants, connus et reconnus des familles (l’hôpital, les centres de PMI) permettait de proposer un diagnostic et une prise en charge de proximité aux jeunes enfants sourds du département ainsi qu’un accueil personnalisé de leurs parents.
  • 13. 13 C’est ainsi qu’est né le CAMSP « Espoir 93 », avec une antenne de diagnostic à l’hôpital de MONTREUIL et des antennes de rééducation3 situées dans 5 centres de PMI du département, le secrétariat étant « hébergé » dans les locaux de l’Aide Sociale à l’Enfance. Si cette structure éclatée répondait au besoin de proximité, la nécessité est peu à peu apparue à l’équipe d’un lieu supplémentaire reconnu comme propre au CAMSP, permettant de réunir les profession- nels mais aussi les enfants et leur famille. A cette fin, l’antenne centrale a été créée en 1993 à NOISY-LE- SEC, tout en maintenant les interventions du CAMSP dans les PMI. Pendant 30 ans, le CAMSP a été géré par l’association « Espoir 93 », jusqu’à sa reprise par l’association Anne-Marie Javouhey en 2008, dans le cadre d’une opération de fusion- absorption. Le regroupement de moyens et de savoir-faire a permis de développer une syner- gie d’organisation et de signer en 2010 un Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens avec l’Agence Régionale de Santé des départements de la Seine-et-Marne et de la Seine-Saint- Denis. Ce C.P.O.M. a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2015 et un 2ème C.P.O.M., signé le 27 août 2015, a pris effet le 1er janvier 2016 pour 5 ans. Au fil du temps, le CAMSP a accueilli des enfants de plus en plus jeunes, en lien avec la mise en place du dépistage systématique des troubles de l’audition chez les nouveau-nés. Cette évolution a nécessité de la part du centre d’adapter son accompagnement à cette nouvelle population. Les professionnels ont dû ajuster leurs pratiques. Les interventions à domicile ont été développées. Les liens de partenariat ont été enrichis avec les acteurs impliqués dans les différentes étapes du parcours de soins : du repérage à la maternité, à la confirmation du diagnostic, puis de l’annonce de la surdité à la prise en charge de l’enfant et de sa famille tout en travaillant la question de l’orientation post-CAMSP, dans un souci de participer à une offre de soins et de services de qualité, diversifiée et organisée sur l’ensemble du territoire de la Seine Saint Denis et plus largement à l’échelle de l’Ile de France. Le manque d’accessibilité de l’antenne centrale au regard de la loi du 11 Février 20054 et l’impossibilité technique de réaliser les travaux nécessaires à l’aménagement des locaux ont été l’opportunité d’engager un nouveau chan- tier : la recherche et l’aménagement de locaux accessibles et plus spacieux. Le projet a trouvé son aboutissement en décembre 2014 avec l’installation dans de nouveaux lo- caux dans le quartier de la gare RER E à Noisy le Sec. 1-2.2 - Le cadre législatif et réglementaire Plusieurs textes définissent et encadrent les missions des CAMSP dont : • Le décret du 15 avril 1976, annexe XXXII bis au décret n°56-284 du 9 août 1956 modifié qui fixent les missions et conditions techniques d’agrément des CAMSP. • Le décret n° 88-423 du 22 avril 1988 remplaçant l'annexe XXIV quater modifié par le décret n°89-798 du 27 octobre 1989, • La loi 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, qui garantit la participation des usagers et affirme leurs droits sous l’angle d’une meilleure recon- naissance du sujet citoyen en définissant des droits et libertés individuelles. 3 Terme utilisé à l’époque 4 Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Hôpital André Grégoire
  • 14. 14 • La loi 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la partici- pation et la citoyenneté des personnes handicapées qui redéfinit la notion « de handi- cap » et garantit un accès à tous, dans différents domaines : l’école par exemple, avec un accompagnement adapté si nécessaire. • La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance plaçant l’enfant au cœur du dispositif. • La loi du 14 mars 2016 complétant la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance. • Le décret n° 2009-378 du 2 avril 2009 relatif à la scolarisation des enfants et à la coopération entre les établissements et services médico-sociaux et scolaires. • La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires qui réorganise et modernise le système de santé. • La loi informatique et liberté du 6 janvier 1978 modifiée par la loi du 6 août 2004 qui définit les grands principes de la protection des données personnelles. 1-2.3 - Les missions du CAMSP Espoir 93 Les Centres d’Action Médico‐Sociale Précoce (CAMSP) ont pour vocation essentielle le dépistage, la prévention et la prise en charge précoce d’enfants de moins de 6 ans en situation de handicap ou risquant de développer une situation de handicap. Ces centres médico- sociaux ont un rôle central parmi les acteurs de l’intervention précoce ; leurs missions sont multiples et visent à assurer l’accueil et l’accompagnement global du jeune enfant et de sa famille. Sur le plan réglementaire, leurs missions sont définies dans un décret du 15 avril 1976 : « Les centres d’action médico‐sociale ont pour objet le dépistage, la cure ambulatoire et la rééducation des enfants des premier et deuxième âges qui présentent des déficits sensoriels, moteurs ou mentaux, en vue d’une adaptation sociale et éducative dans leur milieu naturel et avec la participation de celui‐ci. Ils exercent des actions préventives spécialisées. Ces centres exercent aussi, soit au cours des consultations, soit à domicile, une guidance des familles dans les soins et l’éducation spécialisée requis par l’état de l’enfant. » (Article 1, annexes 32 bis). Les cinq missions principales des CAMSP peuvent se décliner de la manière suivante : - le dépistage et diagnostic précoce des déficits et des troubles, - la prévention et/ou la réduction de l’aggravation des handicaps, - les soins, - l’accompagnement familial, - le soutien, l’aide et l’adaptation sociale et éducative ainsi que la formation et l’informa- tion auprès des partenaires. Le CAMSP Espoir 93 s’inscrit dans les missions générales des CAMSP et plus spécifiquement au regard de la déficience sensorielle. Bien que spécialisé en surdité (tous les enfants accueil- lis présentent des déficiences auditives permanentes bilatérales de degrés variables), ce centre accueille également des jeunes enfants pouvant avoir des troubles associés. Ses mis- sions évoluent en fonction des besoins de la population accueillie et des liens de partenariat qui se construisent en permanence avec l’ensemble des acteurs impliqués dans les soins et l’éducation de l’enfant sourd. Le dépistage-diagnostic et le suivi audio phonologique : L’activité de dépistage-diagnostic vise à surveiller et contrôler l’audition des enfants du département de la Seine-Saint-Denis qui sont adressés au CAMSP. La participation du CAMSP au dépistage systématique de la surdité néonatale (arrêté du 23 avril 2012 relatif à l’organisation du dépistage de la surdité permanente néonatale) ainsi que les grandes
  • 15. 15 orientations de la loi du 29 juillet 2009 « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » ont renforcé sa mission bilan, dépistage, diagnostic. Le suivi audio phonologique s’inscrit dans cette même logique et s’adresse aux enfants accueillis au CAMSP afin d’affiner le diagnostic de surdité et d’ajuster la prise en charge médico-sociale de l’enfant en fonction des évo- lutions constatées. La prise en charge médico-sociale : les soins, l’accompagnement et l’éducation précoce pluridisciplinaires L’accompagnement de l’enfant le plus précocement possible doit permettre de favoriser le développement et l’épanouissement physique, psychologique, intellectuel, affectif et social de l’enfant ainsi que son développement langagier. Prévenir et limiter les effets de « sur-handicap » en veillant à son développement harmonieux ainsi qu’à son insertion sociale et scolaire en sont les enjeux principaux. Soutenue par une démarche de co-éducation, la prise en charge médico-sociale implique un important travail d’accompagnement parental dont la finalité vise la reconnaissance, la restauration et/ou la valorisation des compétences et du rôle des parents. En ce sens, elle suppose une disponibilité et une présence active de leur part. En tant qu’organisateur et/ou coordinateur des soins, le CAMSP garantit la continuité et la cohérence du parcours de l’enfant en amont et en aval de sa prise en charge : - en harmonisant le travail d’accompagnement avec les structures partenaires (struc- tures hospitalières, praticiens libéraux, autres structures médico-sociales et de soin) ; - en définissant les modalités de coordination du projet de l’enfant ; - en organisant et en animant des réunions pluridisciplinaires pour coordonner les inter- ventions des différents professionnels mais aussi des partenaires extérieurs. L’accompagnement et le soutien des familles L’accompagnement familial fait partie intégrante des missions du CAMSP ; il permet d’être à l’écoute des attentes parentales et d’évaluer les besoins de la famille en termes d’accompagnement sur les plans psychologique, éducatif, social et administratif. Les modalités d’accompagnement peuvent être individuelles et collectives. Le soutien et l’aide à l’adaptation sociale et éducative Le CAMSP incite et accompagne l’inscription des enfants dans les structures d’accueil de la petite enfance afin de soutenir leur socialisation et de leur permettre, ainsi qu’à leurs parents, de partager et d’enrichir leurs expériences, non centrées sur la surdité. La construction de partenariats formalisés facilite cet accès et cette inclusion sociale et édu- cative. La sensibilisation et l’information auprès des partenaires En complément des informations directes auprès des enfants et de leur famille, le CAMSP, en tant que lieu ressources, développe des actions de sensibilisation et d’information auprès des professionnels de la petite enfance, du secteur médico-social et paramédical ; ces actions visent à préparer et soutenir l’accueil de l’enfant sourd dans ces structures dans une volonté d’amélioration permanente des conditions d’accueil et d’insertion sociale et éducative de l’enfant. Il s’agit également de favoriser le repérage précoce d’éventuels déficits auditifs en direction des très jeunes enfants.
  • 16. 16 1-2.4 - L’ancrage territorial du CAMSP Présentation du territoire d’implantation Le secteur d’intervention du CAMSP ESPOIR 93 est le département de la Seine-Saint- Denis. Il étend ses activités d’accueil et d’accompagnement aux enfants déficients auditifs origi- naires des villes limitrophes à la Seine-Saint-Denis (départements de la Seine-et-Marne et du Val d’Oise). Ce département présente des spécificités démographiques (source INSEE) : - le taux de natalité le plus élevé de France (18,8 naissances pour 1000 habitants en 2014 – France métropolitaine : 12,2), - un taux de familles monoparentales supérieur à la moyenne nationale (en 2012, 21,60 % des familles étaient monoparentales ; parmi ces familles, 85,6 % étaient représen- tées par des femmes), - le pourcentage de populations immigrées le plus important de France (28,4 % en 2012 dont 79,7 % nés hors de l'Europe), - le taux de pauvreté le plus élevé de France (26,9 % - France métropolitaine : 14,3 %). En matière de handicap, la prévalence des surdités bilatérales permanentes profondes représente 1/1000 des naissances vivantes par an. Ce pourcentage passe à 2 % des naissances si l’on ajoute les surdités évolutives. En tenant compte de ces taux de préva- lence et du nombre de naissances, il y a chaque année en Seine-Saint-Denis, entre 20 et 30 enfants qui naissent avec une déficience auditive. Sur les 4 CAMSP implantés en Seine-Saint- Denis, seul le CAMSP Espoir 93 est spécialisé dans l’accueil des enfants sourds, avec ou sans troubles associés. Les 3 autres CAMSP sont généralistes dits CAMSP « polyvalents ». Ils sont situés à SAINT-DENIS, NOISY-LE-SEC et AULNAY-SOUS-BOIS et se répartissent de façon concertée l’accueil des enfants du Département de la Seine Saint Denis. Il existe également 2 autres structures dans le département qui accueillent et accompa- gnent les enfants sourds : - le Service de Soutien à l’Education Familiale et à la Scolarisation (S.S.E.F.S.) Simone Delthil pour des jeunes de 3 à 20 ans, à SAINT-DENIS, - le Centre de Rééducation d’Enfants Sourds de NOISY LE GRAND (C.R.E.S.N.) qui propose un accueil des enfants et des jeunes de la naissance à 20 ans.
  • 17. 17 Localisation du CAMSP L’antenne centrale du CAMSP est située à Noisy-Le-Sec, à proximité des transports en commun (gare RER, tramway et bus) dans des locaux spacieux adaptés à l’accueil de jeunes enfants et accessibles aux personnes à mobilité réduite. En tant que service de proximité et d’intervention précoce (enfants de moins de 3 ans sans notification MDPH), le CAMSP s’efforce d’agir au plus près du domicile des familles afin de limiter leurs déplacements. Dans cet esprit, le suivi individuel orthophonique et éducatif des enfants peut se dérouler dans des locaux équipés, mis à la disposition du centre à titre gracieux par des structures partenaires (conventions de partenariat) : - 2 centres de PMI, à La Courneuve et à Sevran ; - 1 école maternelle de regroupement située à Noisy-Le-Sec, l’école Condorcet ; - 1 multi-accueil municipal à Noisy-Le-Sec, la crèche Helen Keller. La diversité des lieux de prise en charge permet d’agir au plus près des besoins des familles et a pour objectif de permettre aux parents de concilier leur vie familiale avec le suivi parfois intensif de leur enfant. Cependant, les liaisons entre certaines communes restent difficiles en transports en com- mun. C’est pourquoi, environ un tiers des familles est amené à utiliser des taxis ou VSL pour se rendre à tout ou partie des séances. Afin de faciliter l’organisation de ces trans- ports, le CAMSP privilégie le partenariat avec un nombre réduit de sociétés, avec signa- ture de conventions quand cela est possible. Le CAMSP étant actuellement le seul centre à accueillir sans notification MDPH les enfants de moins de 3 ans du département, il peut intervenir précocement sur les diffé- rents lieux de vie.
  • 18. 18 Depuis 2008, pour les enfants de 3 ans ou plus (scolarisation), le CAMSP partage avec les deux structures spécialisées en surdité du département (centre Delthil et CRESN), sur convention cadre avec l’ARS et l’Education Nationale, l’accompagnement médico-social des enfants scolarisés. C’est pourquoi, le département a été divisé en 4 bassins géogra- phiques auxquels chaque structure est rattachée.
  • 19. 19 CHAPITRE 2 : LE PUBLIC ACCUEILLI 2-1 – DANS LE CADRE DU DEPISTAGE-DIAGNOSTIC ET DU SUIVI AUDIO PHONOLOGIQUE Concernant l’activité de dépistage-diagnostic et le suivi audio phonologique, les enfants sont adressés par les pédiatres libéraux du secteur, par les centres de PMI, par le CAMSP dans le cadre du suivi mais surtout par les différents services de l’Hôpital de Montreuil accueillant des enfants. Répartition en pourcentage de l’âge des nouveaux consultants par année 0-1 an 1-2 ans 2-3 ans > 3 ans 2011 à 2014 11,2 % 6,1 % 23,1 % 59,6 % 2015 36 % 5,6 % 16,9 % 41,5 % Le taux d’enfants entre 0 et 1 an est beaucoup plus élevé en 2015 et est une répercussion de la généralisation du dépistage des troubles de l’audition proposé en maternité et en néonatalogie. Taux d’absentéisme Le taux moyen d’absentéisme sur les 5 dernières années est de 23,6 %, ce qui correspond au taux moyen d’absentéisme en consultation hospitalière. Résultats du dépistage 891 enfants ont été vus ces 5 dernières années pour un dépistage, 68, soit 7,6 %, présentaient une déficience auditive, 48 enfants, soit 70 % des déficiences auditives étaient de perception. 2-2 - DANS LE CADRE DE LA PRISE EN CHARGE MEDICO- SOCIALE Le CAMSP accueille des enfants atteints de surdité légère à profonde, avec ou sans troubles associés. 2-2.1 – Degrés de surdité et troubles associés Les degrés de surdité Selon le type de surdité (de transmission ou de perception), le degré d’atteinte, le fait qu’elle soit isolée ou non, l’âge de sa survenue (congénitale ou acquise / pré ou post linguale), les impacts sur le développement de la communication et l’acquisition du langage de l’enfant sont variables. Dans les surdités de transmission (atteinte de l’oreille externe ou moyenne), l’atteinte est uniquement quantitative. Dans les surdités de perception (atteinte de l’oreille interne ou des voies neuro-sensorielles), l’atteinte est quantitative mais également qualitative :
  • 20. 20 le message peut être perçu, mais de façon peu ou pas intelligible et peut aller jusqu’à entraîner une absence totale de la perception auditive du message oral en cas de surdité profonde. Surdité légère (de 20 à 39 dB) : l’enfant entend le message à voix normale, mais la voix faible est mal perçue. Il pourra être gêné en milieu bruyant, avec des confusions dans la perception de sons proches entrainant une compréhension moins précise. Surdité moyenne (de 40 à 69 dB) : l’enfant perçoit la voix d’intensité moyenne, mais aura besoin d’une intensité forte (la conversation courante est souvent autour de 60 à 70 dB) et d’une attention soutenue pour comprendre l’ensemble du message avec précision. Les petits mots courts dans les messages (marques morphosyntaxiques, très porteuses de sens) peu- vent être source de confusions entrainant parfois une compréhension erronée. L’enfant sera en difficulté dans un cadre bruyant et dans des conditions moins favorables (donc dans de nombreuses situations de la vie courante). Il pourra rencontrer des difficultés à l’école. L’en- fant, dont le langage oral se développera spontanément, présentera le plus souvent un retard de parole et de langage. Surdité sévère (de 70 à 89 dB) : la parole et différents bruits de la vie quotidienne sont mal ou peu perçus. L’impact sur le développement de la communication, de la prise de repères dans l’environnement et de la compréhension du langage oral, ainsi que de l’expression, est impor- tant. Il ne peut y avoir d’acquisition spontanée d’un langage oral structuré. L’enfant peut cependant énoncer quelques mots. Le retard de parole est important. Surdité profonde (au-delà de 90 dB) : seuls les bruits de très forte intensité sont perçus. La voix ne l’est pas, à l’exception parfois des rythmes et des intonations à très forte intensité. La lecture labiale est donc la seule source de perception de la parole. Les productions vocales spontanées du bébé s’arrêtent rapidement faute de boucle audio phonatoire. Aucune acquisi- tion de langage oral n’est possible sans rééducation particulière.
  • 21. 21 • Répartition des enfants suivis au CAMSP selon leur degré de surdité 2011 2012 2013 2014 2015 D.A.* légère 3 % 0 % 0 % 0% 5 % D.A. moyenne 8 % 8 % 11 % 17% 14 % D.A. moyenne-sévère et sévère 9 % 18 % 18 % 16% 22 % D.A. sévère-profonde et profonde 80 % 74 % 71 % 67% 59 % *D.A. : déficience auditive Sur les cinq dernières années, la plupart des enfants suivis au CAMSP présen- tent une surdité profonde. Ce degré de surdité entraîne des difficultés impor- tantes dans l’acquisition du langage oral, ce qui nécessite des prises en charge conséquentes. • Répartition des enfants suivis au CAMSP selon leur appareillage 2011 2012 2013 2014 2015 Implants cochléaires 69% 61% 41% 42% 42% Prothèses 31% 39% 59% 58% 58% Les troubles associés On évoque les troubles associés quand la surdité n’est pas isolée et/ou dans le cadre de han- dicaps supplémentaires. Ces troubles peuvent être déclinés de la manière suivante : - Atteinte vestibulaire : elle peut être totale ou partielle. Elle impacte le développement postural. L’enfant doit trouver des repères et des solutions pour construire son équi- libre, stabiliser son regard et son corps. Il va déployer une grande énergie pour surmonter l’instabilité de sa tête et de son tronc, se repérer dans l’espace devient plus complexe et cela va se répercuter sur les activités de dessin, de construction, de puzzle, d’écriture… et également dans la prise d’informations visuelles en LSF ou LPC. Il est souvent mis en situation de double tâche et il est fatigable. On veillera particuliè- rement à lui proposer une installation confortable et adaptée. - Déficiences motrices : IMC, hypotonie globale, atteinte cérebelleuse, dystonie… - Déficiences visuelles : troubles de la réfraction, troubles oculo-moteurs, troubles neuro- visuels et visuo-spatiaux. - Troubles relationnels allant de la simple fuite du regard ou d’un retrait relationnel au TSA (troubles du spectre autistique : DSM-V). - Déficiences intellectuelles mises en évidence après l’âge de 3-4 ans. - Troubles spécifiques des apprentissages (dyspraxies, dysphasies…) pouvant être évoqués à partir de 4-5 ans mais souvent confirmés plus tardivement. - TDHA (troubles déficitaires de l’attention/ hyperactivité : DSM-V) évoqués après l’âge de 3-4 ans.
  • 22. 22 Sur ces 5 dernières années, environ 50 % des enfants accueillis au CAMSP présentent des troubles associés, ce qui a des répercussions importantes sur les modalités de prise en charge des enfants. On peut différencier 2 situations : - celle où l’enfant arrive après que des troubles associés ont déjà été découverts et où une prise en charge en CAMSP polyvalent ou en SESSAD a déjà été mise en place, la découverte de la surdité ayant été faite lors du bilan des troubles associés ; - celle, de plus en plus fréquente avec la généralisation du dépistage en maternité, d’un enfant arrivant après un diagnostic précoce de surdité et chez qui l’évaluation et/ou la prise en charge du CAMSP permet de mettre en avant des troubles associés. L’équipe du centre, et en particulier le pédiatre, est alors en position d’accompagner les parents vers la reconnaissance d’autres besoins pour leur enfant et vers une nouvelle annonce diagnostique. • Etiologie de la surdité et des troubles associés L'étiologie (ou étiopathogénie) est l'étude des causes et des facteurs d'une maladie. 2011 2012 2013 2014 2015 Etiologie D.A. génétique 50% 58% 50% 47% 50% Etiologie D.A. acquise 22% 16% 20% 17% 17% Etiologie indéterminée 28% 26% 30% 36% 33% Les taux restent relativement constants d’une année sur l’autre. En particulier, on ne constate pas d’augmentation du pourcentage de causes génétiques malgré les progrès constants dans cette discipline. • Causes des étiologies génétiques 17.1% 2.9% 45.7% 8.6% 8.6% 2.9% 14.2% connexine otoferline isolée waardenburg usher CHARGE autres syndromiques
  • 23. 23 2-2.2 – Caractéristiques générales File active cumulée 2011-2015 Années Entrées Sorties Enfants accueillis 2011 15 9 36 2012 11 13 38 2013 19 18 44* 2014 10 16 36 2015 16 12 39 *L’arrivée importante d’enfants en 2013 (19 enfants nouvellement admis), qui a amené l’effectif des enfants suivis à 44, reste une situation exception- nelle. Les enfants arrivent au CAMSP essentiellement sur le mode du dépistage systématique (maternité, antécédents familiaux, contexte de prématurité ou de symptôme néonataux). Les enfants entrant par des signes d’alertes repérés par la famille ou les médecins sont moins nombreux. Ce constat devrait se conforter dans les années à venir, compte tenu de la systé- matisation du dépistage néonatal. Âge moyen des enfants (en mois) lors de leur arrivée et au cours de leur suivi et à leur sortie 2011 2012 2013 2014 2015 A l’arrivée 21 26 20 21 16 Lors du suivi 37 44 36 32 31 A la sortie 36 52 38 45 38 L’âge d’arrivée au CAMSP semble diminuer au vu du chiffre de l’année 2015, ce qui peut être mis en corrélation avec la mise en place sur le département du dépistage en maternité. Délai moyen d’attente et durée de la prise en charge au CAMSP En 2015, sur les 16 nouveaux enfants arrivés, le délai moyen d’attente entre l’annonce du diagnostic et l’admission au CAMSP (date de signature du DIPC) était de 8 mois. Il était de 11 mois en 2014. Ces deux dernières années, la durée moyenne de prise en charge était d’envi- ron 21 mois. Taux d’absentéisme des enfants suivis 2011 2012 2013 2014 2015 Absentéisme 17% 16% 35% 27% 23%
  • 24. 24 Ce taux d’absentéisme s’explique essentiellement par le très jeune âge des enfants, lesquels sont soumis à des maladies infantiles fréquentes mais aussi pour lesquels le diagnostic récent de surdité oblige à de nombreux rendez-vous et consultations qu’il n’est pas toujours facile d’organiser pour leurs parents. Origine des demandes (lieux prescripteurs et dépistage néona- tal) Dans la majorité des cas, le diagnostic de surdité est confirmé par des hôpitaux parisiens vers lesquels les enfants sont orientés : Robert Debré (Paris 19ème ), Trousseau (12ème ), Necker Enfants-Malades (15ème ), Bicêtre (94), Montfermeil (93). En avril 2013, depuis la fusion entre les services ORL de Trousseau et Necker, tout est centralisé à Necker. De plus, des diagnostics ont lieu aussi en consultation ORL de ville, ainsi que dans d’autres CAMSP (exemple : CAMSP Janine Lévy). Dans ce cas, l’orientation vers ces hôpitaux permet de mettre en place le protocole des examens complémentaires rattachés au diagnostic de surdité. Origine géographique des familles 93% des enfants accueillis au CAMSP sont originaires du département de la Seine-Saint- Denis, conformément au secteur d’intervention du centre. Situations familiales particulières La fragilité des situations socio-économiques des familles accentue les difficultés de prise en charge de l’enfant par manque de disponibilité de ses parents, contraints de gérer la précarité de leur situation. Situation de bilinguisme des familles (langues parlées et langues maternelles) Compte tenu des caractéristiques de la population séquano-dionysienne (28,4% de la population est d’origine étrangère), 45 % des familles arrivant au CAMSP ont une langue maternelle qui n’est pas le français, ce qui nécessite un recours régulier à des interprètes Socialisation des enfants suivis au CAMSP A la crèche H. Keller - où 6 places sont réservées pour les enfants suivis au CAMSP - le taux d’occupation moyen sur les 5 dernières années a été de 66 %. Sur l’ensemble des structures multi-accueils, 50% des enfants de moins de 3 ans ont fréquenté l’un de ces accueils sur ces 5 dernières années. Scolarisation des enfants suivis au CAMSP Dans l’école de regroupement, 6 places sont réservées pour les enfants suivis au CAMSP. Sur les 5 dernières années, la moyenne du taux d’occupation a été de 81,6 %. On constate que les enfants sont davantage scolarisés en école de regroupement plutôt qu’en école de quartier. En effet, le partenariat avec l’école de regroupement est valorisé auprès des parents.
  • 25. 25 CHAPITRE 3 : LES PRINCIPES D’INTERVENTION Le CAMSP institue son action sur des principes fondateurs portés par l’éthique de l’association Anne-Marie Javouhey5 et sur lesquels l’équipe ancre son identité. Nous avons fait le choix de retenir cinq verbes d’action qui nous semblent illustrer au plus juste notre positionnement professionnel pour garantir l’exercice des droits des personnes que nous accueillons. Pour enrichir nos propos, nous avons fait parler des anciennes professionnelles du CAMSP qui ont été à l’origine de la création du centre Ont accepté de contribuer à ce document par leur témoignage, le Docteur Françoise BREAU, pédiatre et directrice administrative durant la période de 1983 à 2007 ; le Docteur Denise BUSQUET, ORL et directrice médicale de 1983 au 2001 ; Catherine HOULIERE, orthophoniste et chef de service de 1984 à 2011 et Danielle RIBOT, orthophoniste de 1983 à 2008. 3-1 - ACCUEILLIR Le 1er contact avec les parents est très important. Il nous importe de rendre le plus « agréable » possible ce passage dans notre centre en prenant soin du lieu où ils sont reçus et de la manière dont ils sont accueillis. Accueillir c’est aussi avoir des locaux bien aménagés où parents et enfants se sentent bien. « Dans l’accueil, il est question de l’espace mais aussi de la temporalité, et c’est ce mouvement qui en résulte avec les effets d’une certaine tension pulsionnelle. Accueillir l’autre, c’est s’ou- vrir à l’autre, à la différence, c’est se positionner dans une attitude psychique qui consiste à faire le geste qui invite l’autre à se mettre en mouvement vers nous. Jeu réciproque de l’adresse, il en résulte ce mouvement, ces gestes du corps comme la main tendue, des paroles de bienvenue, le sens qui surgit de cette rencontre lorsqu’elle a lieu » Jean OURY, médecin psychiatre, psychanalyste. L’implication de chacun dans la rencontre avec l’enfant et ses parents mobilise l’attention, la disponibilité, la présence, l’ouverture et l’empathie. « Cet accueil, s’il est suffisamment contenant, « suffisamment bon » au sens de la préoccu- pation maternelle primaire de WINNICOTT, c’est-à-dire dans une identification projective comme la mère vers le nourrisson, va permettre l’atténuation voire la libération de ses angoisses par l’échange verbal, l’échange de regards, l’ambiance qui en résulte »6 . Accueillir, signifie pour nous d’avoir une attitude empreinte de respect et de considération, une capacité d’adaptation aux différents lieux d’intervention des professionnels et à leurs contraintes. 5 Annexe 2 : Page 6 du projet associatif d’AMJ actualisé le 27 juin 2014 6 Pierre DELION, « Accueillir la personne psychotique » – 2006. Danielle RIBOT « Il y avait dans cette équipe première un souffle dynamique exceptionnel, une grande disponibilité des professionnels et une bonne faculté d’adaptation. Les séances dans les PMI se passaient plus ou moins dans des locaux non dédiés et non aménagés, pas toujours bien adaptés »
  • 26. 26 3-2 - ECOUTER Ecouter l’enfant, observer et prendre en compte ce qu’il « dit » avec ses moyens. Ecouter n’est pas suffisant, il faut aussi s’appliquer à entendre et prêter attention à ce qu’il exprime. Les travaux de Françoise Dolto nous ont appris à « écouter l’enfant, l’entendre vraiment à travers le langage qui est le sien, tout en parlant le nôtre sans le lui imposer. Dès sa naissance, l’enfant est un être de langage ». Ecouter les parents sans leur couper la parole pour parler à leur place, savoir entendre le langage explicite mais aussi l’implicite (S. TOMKIEWICZ) et intégrer ce qu’ils disent de leur point de vue afin de se sentir compris. Cette posture professionnelle de l'écoute active définie par Karl ROGERS7 , suppose de considérer deux autres attitudes fondamentales : la non-directivité et l'empathie. La non-directivité est une approche centrée sur "l'autre" sans toutefois mettre de la pression ou influencer son attitude, mais de créer les conditions pour que la personne trouve elle-même les solutions à ses difficultés. Être non-directif ne veut pas dire être inactif ou non-impliqué. Il s'agit plutôt de "ressentir avec" l'autre. L'empathie est "la capacité de s'inscrire dans le monde subjectif d'autrui pour le comprendre de l'intérieur". L'empathie c'est "vouloir vivre le monde intérieur de l'autre comme si c'était notre monde à nous". 7 Carl ROGERS (psychologue de tradition humaniste et qui défend une approche positive et optimiste de l’être humain et fondateur de l’approche non directive) « Savoir prendre le temps de voir avec chaque famille si notre centre correspond bien à leurs attentes et à leurs possibilités » Françoise BREAU Danielle RIBOT « C’est une équipe qui se constitue autour d’une éthique très affirmée : être au plus près des besoins de chaque enfant, élaborer des projets thérapeutiques et pédagogiques personnalisés en tenant compte des particularités et désirs de chaque famille»
  • 27. 27 3-3 - RESPECTER Respecter l’autre L’enfant : cela implique de s’adresser à lui en se mettant à son niveau, de s’adapter à son âge, à son rythme, à ses capacités de développement. L’adulte qui a le souci de le considérer dans son individualité, amènera l’enfant à respecter l’autre à son tour, car il se sentira lui-même respecté. L’enfant est une personne, perçu comme un sujet à part entière et non comme un « objet de soin ». Les parents : ce qui signifie d’adapter notre discours pour qu’il soit compréhensible, de per- sonnaliser l’accompagnement de l’enfant en tenant compte de la diversité des projets fami- liaux, des choix éducatifs et linguistiques. Respecter le temps de l’autre Le temps peut être défini selon différents niveaux de lecture. - Le temps contraint, c’est le temps des institutions donc de l’organisation qui est imparti pour mettre en œuvre l’accompagnement de l’enfant dans le cadre de ses prises de charge dont il a besoin. - Le temps conscient (ou temps chronologique) rythme les étapes de la vie humaine. Chez le jeune enfant, ce temps de la construction et du développement de son cerveau est fondamental du fait de la plasticité cérébrale. C’est un processus continu et dyna- mique de création, de renforcement et d’élimination de connexions synaptiques. Ce processus commence avant la naissance et se poursuit avec beaucoup de puissance les premières années de la vie pendant lesquelles il pose les fondations de l’architec- ture cérébrale. - Le temps psychique, qui n’a rien à voir avec le temps chronologique, qui est même parfois en contradiction avec ce dernier. C’est le temps de la subjectivité et de l’incons- cient, de la maturation de la personne en lien avec son environnement. Celui-ci est donc singulier, particulier, individuel. - Le temps relationnel qui est le temps de la relation appelée « accompagnement » autrement dit le temps de la rencontre constituée d’une durée subjective car il suppose l’interaction de personnes entre elles (chaque professionnel avec chaque enfant et chaque parent). Respecter la temporalité de chacun C’est prendre le temps de l’observation, de cheminer, de faire route avec l’autre, avant d’engager un suivi. Rien ne sert de courir … comme dirait la fable. Respecter dans la mesure du possible ce temps personnel pour chacun, car déjà savoir qu’il existe permettra un autre accueil, avec la prise en compte de ce que la personne a envie d’en dire. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’oublier les limites imposées par les étapes du développement de l’enfant mais de parier sur l’invention du sujet de trouver ses propres solutions. Catherine HOULIERE « Je me sentais en adéquation avec les valeurs essentielles que l’équipe partageait : respect et engagement vis-à-vis des familles, l’enfant étant au cœur de notre travail, projet d’équipe discuté et réfléchi. Nos pratiques étaient partagées et repensées dans un souci de répondre aux besoins spécifiques et évolutifs des enfants, structure ouverte travaillant en réseau avec des formations professionnelles nous permettant d’évoluer dans nos pratiques. Confiance mutuelle et respect des compétences de chacun »
  • 28. 28 3-4 - ACCOMPAGNER Dès le 1er accueil au CAMSP, le médecin propose aux parents de revenir sur l’annonce du handicap, moment important car il bouleverse la vie des parents et vient transformer l’équilibre de la famille. La manière dont cette annonce est faite, les mots employés, les vécus de chacun auront un impact sur l’organisation familiale et sur la suite du travail d’accompagnement et du soutien proposé à la famille. Au cours de la période d’admission, le travail d’accompagnement proposé consiste à écouter le vécu des parents, leur souffrance, leurs craintes, leurs questionnements pour leur permettre ensuite de pouvoir se projeter et de s’organiser dans la mise en place des soins et des accompagnements nécessaires. Durant le temps de la prise en charge au CAMSP, l’équipe rencontre régulièrement les parents pour construire ensemble le projet personnalisé de l’enfant. Cette démarche se traduit par des interventions individuelles et en groupe tant auprès de l’enfant que de ses parents afin de les aider à comprendre le sens des actions mises en place, les guider dans les différentes tech- niques, supports et outils utilisés pour favoriser la mise en place d’une communication parents/enfant. Cette dimension pédagogique et relationnelle de l’accompagnement vient soutenir la construction d’un projet de vie pour leur enfant et penser l’après CAMSP. Les professionnels qui accompagnent sont un peu des passeurs qui, sachant très bien qu’ils ne peuvent pas faire la traversée à la place des parents, se mettront au service de cette traversée. Bien que ces passeurs connaissent de nombreuses voies de passages possibles, ils ne peuvent cependant que les signaler car ils ne sont détenteurs d’aucune expertise sur le devenir existentiel qui les autoriserait à indiquer la suite du chemin que chacun choisira d’emprunter. Cette fonction d’accompagnement s’entend à l’échelle individuelle et collective. Elle suppose de la part de chaque professionnel la mise en place d’une relation de confiance et la recon- naissance mutuelle des savoirs et des compétences et dans un climat de plaisir partagé. « Dès mon arrivée au CAMSP, j’ai très vite mesuré combien j’avais à apprendre des savoirs spécifiques de chacun pour m’enrichir de cette diversité tout en partageant et expérimentant mes savoirs de jeune orthophoniste » Catherine HOULIERE Françoise BREAU « Accompagner, c’est aussi rechercher avec les parents une structure adaptée aux besoins de leur enfant » Denise BUSQUET
  • 29. 29 3-5 - CO EDUQUER Eduquer, du latin ducis (guide, chef), d’où ducere signifie conduire, conduire hors, c’est apprendre à grandir, à être autonome. Eduquer, signifierait « faire sortir l’enfant de son état premier, soit à faire sortir de lui ce qu’il possède virtuellement »8 Le principe de coéducation consiste à placer l’enfant au centre du processus d’éducation. Directement inspirée par la pensée de Jean-Jacques Rousseau, cette pédagogie se fonde sur la confiance en la nature humaine. Il s’agit, en s’appuyant sur les connaissances du dévelop- pement de l’enfant, de lui faire confiance dans le processus éducatif pour favoriser son épanouissement. La notion de coéducation valorise l’égalité, l’individu, l’autonomie, le désir et la démocratie. Ce principe vise à favoriser la socialisation de l’enfant dès son plus jeune âge et à l’éduquer ensemble (parents et professionnels) en recherchant son intérêt propre. Au regard des parentalités multiples que rencontre notre société contemporaine, l’équipe du CAMSP veille à ce que chaque parent (et co-parent) puisse, en fonction de ses possibilités, participer et trouver sa place dans le travail proposé avec l’enfant. Les parents sont également amenés à partager avec d’autres professionnels dès l’entrée dans les dispositifs de la petite enfance (la crèche, la halte jeux, l’école maternelle) et aussi dans le contexte particulier d’une situation de handicap. Cette multiplicité d’espaces nécessite, dans le respect des places et des fonctions de chacun, de rechercher des consensus pour assurer la cohérence du projet et la création d’actions à conduire ensemble pour aider au mieux l’enfant à se développer harmonieusement. La participation des adultes aux ateliers proposés par le CAMSP favorise à travers des interactions et des expériences collectives le partage, le soutien et la collaboration entre pairs et plus globalement entre parents et professionnels. Enfin, l’implication des parents à la construction du projet personnalisé de leur enfant fait l’objet d’une attention particulière de l’équipe. En plus des temps de partage évoqués précédemment, les parents sont conviés à des rencontres régulières avec les professionnels du CAMSP. Un partenariat reposant sur la transmission d’informations accessibles et régulières est en permanence à l’œuvre avec l’ensemble des acteurs impliqués dans l’accompagnement de l’enfant. 8 Dictionnaire de la langue pédagogique, P. FOULQUIE Danielle RIBOT « S’accompagner mutuellement, c’est partager l’énergie contagieuse d’une ruche bourdonnante et créative. Les difficultés que nous rencontrons sont vite oubliées grâce au soutien de nos collègues, toujours dans une écoute active et non péjorative »
  • 30. 30 3-6 – LES OUTILS RELATIFS AU DROIT DES USAGERS Ces valeurs et principes d’intervention sont formalisés par les outils de la 2002-2 du 2 janvier 2002. L’ensemble des outils est remis aux responsables légaux de l’enfant selon des procé- dures écrites afin de respecter une équité entre les personnes accueillies. 3-6.1 - Les documents Le livret d’accueil Le livret d’accueil est remis aux parents au cours du 1er entretien. Y sont annexés la charte des droits et libertés de la personne accueillie, la charte de la bientraitance de l’association, le règlement de fonctionnement et la liste des personnes qualifiées. Il s’accompagne également d’un guide pratique social concernant les droits des familles en lien avec le handicap de surdité. Actualisé régulièrement et conforme au CASF, le livret d’accueil est construit sous la forme de fiches théma- tiques présentant notamment les étapes du processus d’accueil et d’admission, la composition de l’équipe (trombinoscope), les modalités de coordination pluridisci- plinaire ainsi que les différents modes d’interventions et activités proposés par le CAMSP. Afin d’en faciliter l’accès, il se décline en plusieurs langues (français, arabe, anglais) et un projet de traduc- tion en LSF est en cours (action n° 1 du plan d’action, Chapitre 6). Françoise BREAU « La grande proximité que nous avions avec la PMI a été une aide considérable pour travailler avec une population très diverse, tant l’approche culturelle avec l’aide d’interprètes, que les aspects sociaux qui pouvaient prendre une place importante dans la prise en charge des enfants, que les liens que nous avions avec les lieux de vie de la petite enfance pour accueillir les enfants » Danielle RIBOT « Etre au plus près des besoins de chaque enfant suppose d’être dans un souci permanent pour les professionnels de partage des connaissances et de qualité des pratiques impliquant des formations, tant sur le plan de la petite enfance en général que sur le plan de la surdité, et même sur le plan socio-culturel lié à la diversité des populations de notre Département »
  • 31. 31 Le règlement de fonctionnement Le règlement de fonctionnement définit les droits et les obligations de toute personne (profes- sionnels, enfants, familles) présente dans les locaux du CAMSP. Le règlement de fonctionne- ment est remis aux parents avec le livret d’accueil lors du 1er entretien et est affiché dans la salle d’attente du centre. Conforme au CASF, il fournit des informations sur l’exercice du CAMSP : la garantie des droits de la personne accueillie, la participation des familles, la confidentialité des informations, les modalités d’admission et de sortie et notamment les conditions de reprise de traitement après arrêt, la réglementation et la sécurité des locaux, les règles de vie collective, les transports des enfants, le traitement des urgences médicales, les règles particulières liées à la sécurité des enfants notamment dans les situations de maltraitance. Le document individuel de prise en charge (DIPC) Le DIPC est signé par les parents et les directrices (administrative et médicale du CAMSP) lors de l’admission. Il contractualise et précise les modalités de prise en charge de l’enfant proposées par le Centre. Un planning hebdomadaire des soins et des activités, actualisé chaque année, y est annexé. L’accès au dossier unique de l’usager et la confidentialité des données le concernant Un dossier est ouvert pour chaque enfant à l’admission. Il est organisé en 2 parties : • une partie générale structurée en sous-dossiers (psychologique, social, comptes rendus de bilans et de suivis de l’enfant en individuel et en groupe, réunions concernant l’enfant en interne ou avec les intervenants extérieurs, correspondances). Chaque professionnel est responsable de la partie du dossier qui le concerne. • une partie médicale séparée est réservée aux seuls médecins mais peut être consultée par l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire, avec leur accord. Les parents souhaitant avoir accès au dossier de leur enfant peuvent en faire la demande à la directrice selon les conditions fixées dans le règlement de fonctionnement. 3-6.2 - La participation des familles au fonctionnement du CAMSP Afin de garantir la participation des parents au fonctionnement du centre, l’équipe s’est dotée de 2 outils : l’enquête de satisfaction et le groupe d’expression des familles. Ils permettent aux parents d’être consultés et aux professionnels d’interroger leurs pratiques et contribuent à l’amélioration du service rendu aux enfants et à leur famille. L’enquête de satisfaction annuelle L’enquête de satisfaction est scindée en deux parties : une première partie destinée à toutes les familles en fin d’année scolaire pour évaluer la qualité de la prise en charge et une deuxième partie envoyée exclusivement aux familles sortantes. Le groupe d’expression des familles Un groupe d’expression, ouvert à l’ensemble des familles accueillies au CAMSP, est proposé en moyenne 3 fois par an. Ces réunions leur permettent d’exprimer leurs attentes et de faire part de leurs propositions pour améliorer la qualité de l’accueil et du fonctionnement du Centre.
  • 32. 32 CHAPITRE 4 : L’OFFRE DE SERVICE 4-1 – LE DEPISTAGE PRECOCE ET L’ACTIVITE DIAGNOSTIC AU CENTRE HOSPITALIER INTERCOMMUNAL ANDRE GREGOIRE DE MONTREUIL L’activité de dépistage-diagnostic fait partie intégrante des missions du CAMSP depuis sa création. L’ORL du CAMSP effectue au sein de la consultation ORL de l’hôpital de Montreuil des tests pour surveiller et contrôler l’audition des enfants qui lui sont adressés. Afin de renforcer le diagnostic précoce des troubles auditifs et ainsi limiter l’impact de la surdité sur le développement de l’enfant, la vérification de l’audition du nouveau-né est depuis 2012 propo- sée systématiquement pendant le séjour en maternité. Conformément à la réglementation portant sur la mise en place du dépistage précoce de la surdité permanente néo- natale9 , aux orientations retenues sur le territoire d’Ile de France et au cahier des charges régional10 , le CAMSP participe activement, avec l’ensemble des acteurs (sani- taires, libéraux et médico-sociaux) concernés par le dépis- tage-diagnostic précoces de la surdité et l’accompagne- ment des familles, à la mise en place d’un dispositif coordonné impulsé par le réseau de périnatalité « Naitre dans l’Est Francilien ». Le réseau de périnatalité, nommé par l’Agence Régionale de Santé, articule la mise en place du repérage de l’audition en maternité, harmonise les outils de recueil et d’information des familles, mutualise certains axes du programme de formation des professionnels. De son côté, le CAMSP s’inscrit dans la démarche de dépistage-diagnostic systématique en participant à la formation des professionnels de la maternité de Montreuil, aux passages des examens de «contrôle » et «diagnostic » quand les tests ne sont pas concluants. En participant à ce réseau, le CAMSP se fait connaître des ORL impliqués dans le dispositif (carte des ORL du Département) comme un lieu ressource pour adresser les bébés diagnos- tiqués afin qu’ils puissent bénéficier précocement d’une prise en charge médico-sociale et proposer aux familles un lieu d’écoute et de soutien suite à l’annonce du diagnostic de surdité de leur enfant. Des liens réguliers avec le secrétariat du réseau de périnatalité permettent de vérifier réguliè- rement le parcours des enfants afin de s’assurer de la mise en place d’un suivi à l’issue du diagnostic de surdité, quel que soit le lieu choisi par les parents.11 4-2 – L’EVALUATION DES BESOINS DE L’ENFANT Cette mission essentielle du CAMSP, au regard du très jeune âge des enfants accueillis et de la rapide évolution de leur développement, répond à plusieurs objectifs : - affiner le diagnostic sur la surdité et les éventuels troubles associés des enfants accueillis au CAMSP ; - investiguer les différents champs du développement global de l’enfant (cognitif, moteur, etc.) en prenant en compte son milieu de vie ; - évaluer les difficultés (liées à la surdité et/ou à d’éventuels troubles associés) et les poten- tialités de l’enfant ; 9 Arrêté du 23 avril 2012 relatif à l’organisation du dépistage de la surdité permanente néonatale 10 Cahier des charges régional du 14 avril 2014 11 Plaquette des lieux de suivi médico-social des enfants déficients auditifs participant au réseau de périnatalité NEF.
  • 33. 33 - accompagner les parents dans la découverte du handicap de leur enfant et la compré- hension de sa situation ; - proposer un accompagnement le plus approprié possible aux besoins de l’enfant, en accord avec les attentes de ses parents (projet parental), soit par la mise en place d’une prise en charge médico-sociale au sein du CAMSP ou d’une prise en charge conjointe avec un CAMSP polyvalent ou un SESSD, soit par la recherche d’une orientation vers une structure plus adaptée. Elle se traduit par différents types d’intervention auprès de l’enfant et/ou de sa famille, dans le cadre du processus d’accueil (en amont de l’admission) et tout au long de la prise en charge de l’enfant par le CAMSP. 4-2.1 - La consultation audiophonologique Afin d’évaluer l’audition des enfants, des audiogrammes sont réalisés par le médecin ORL du CAMSP à l’hôpital de Montreuil soit dans le cadre du dépistage-diagnostic soit dans le cadre de la prise en charge médico-sociale assurée par le CAMSP, au minimum une fois par an. Pour les enfants les plus jeunes, un audiogramme est réalisé a minima tous les 6 mois en alternance avec le service hospitalier de référence afin de familiariser l’enfant à ce type d’exa- men et de l’amener à donner des réponses fiables. Cela permet de préciser le diagnostic et d’affiner le degré de surdité. Une vérification et un conseil sur la bonne adaptation des appareils sont assurés par le méde- cin ORL du service. Un projet d’implant cochléaire et une orientation vers les hôpitaux partenaires peuvent être discutés. Face aux difficultés de recrutement d’un médecin ORL, un dispositif alternatif faisant appel à un réseau de médecins ORL adresseurs, hospitaliers et libéraux, permet de veiller au bon suivi audiophonologique des enfants. 4-2.2 - Les consultations et observations pédiatriques régulières Une consultation avec le médecin-pédiatre est proposée à tous les enfants dans le cadre de la procédure d’admission. Elle a pour but de retracer l’histoire familiale et personnelle de l’enfant, de faire le point sur son développement global, l’éventualité de difficultés associées et d’aborder le diagnostic étiologique. Par ailleurs, des consultations et observations pédiatriques sont organisées tout au long de la prise en charge des enfants par le CAMSP. Le médecin pédiatre revoit régulièrement chaque enfant en consultation (au minimum une fois par an) et en participant à des séances de bilan psychomoteur, d’orthophonie et de groupes afin d’enrichir ses observations par des regards croisés avec d’autres professionnels. Ces modes d’intervention sont essentiels à l’évaluation des besoins de l’enfant et permettent de suivre son développement global (somatique et psychomoteur), de détecter et diagnostiquer des troubles associés, de poursuivre la démarche étiologique ou de reprendre un diagnostic posé en milieu hospitalier. 4-2.3 - Les bilans et entretiens avec la psychologue Un entretien avec la psychologue est proposé dans le cadre de la procédure d’admission pour chaque nouvelle famille accueillie au CAMSP. Cette rencontre est souvent le premier entretien avec une psychologue après le diagnostic de surdité. Il s’agit donc de proposer aux parents une écoute de leur vécu de ce diagnostic, mais également de poser un premier regard sur le développement global de l’enfant, notamment sur sa relation à l’autre, et son ouverture à la communication.
  • 34. 34 Par la suite, la psychologue est amenée à revoir régulièrement chaque enfant, seul ou en présence de ses parents, lors de séances individuelles ou en groupe. Ses observations peu- vent être complétées par des tests psychométriques (WEPSI, SON…) afin de mieux cerner les difficultés et les capacités cognitives de l’enfant, en particulier lorsque son développement interroge les professionnels ou que son suivi par le CAMSP touche à sa fin. 4-2.4 - Les bilans psychomoteurs Un bilan psychomoteur est proposé aux très jeunes enfants ou avant l’acquisition de la marche et ce, dans le cadre de la procédure d’admission. Il peut être également demandé par le médecin pédiatre si celui-ci repère des difficultés de développement. Il peut à nouveau être proposé à tout moment du suivi de l’enfant si nécessaire. Les outils auxquels se réfère la psychomotricienne concernent le « développement moteur fonctionnel du jeune enfant de 0 à 12 mois et celui de 13 à 48 mois » en référence au cahier de passation et de profil de Vaivre-Douret, 1997, le bilan sensori-moteur d’après André BULLINGER ainsi que l’éveil du tout petit d’après les travaux de Janine LEVY. Ces outils techniques sont utilisés dans un cadre d’observations cliniques nécessitant de l’expertise professionnelle. 4-2.5 - Les bilans et observations orthophoniques Des bilans orthophoniques peuvent être réalisés à la demande des médecins en amont de l’admission puis tout au long du séjour de l’enfant au CAMSP afin de juger des capacités perceptives et communicationnelles de l’enfant et de ses besoins en termes de prise en charge. Deux types de bilan peuvent être proposés selon l’âge de l’enfant : • un Bilan d’Education Précoce a été conçu par une professionnelle du CAMSP pour les plus jeunes. Il n’est pas étalonné et est réalisé en présence des parents et filmé. Trois épreuves sont proposées qui permettent d’étudier : - le comportement de l’enfant, sa capacité à être dans la consigne ; - son appétence à la communication dans une situation directive ou plus spontanée et le mode de communication qu’il privilégie, sa capacité à pouvoir initier des échanges ; - son niveau de compréhension ; - son niveau d’expression ; - la façon dont il organise son activité, ses jeux, ses stratégies d’apprentissage. • Une fois par an, un bilan orthophonique étalonné est réalisé (GAEL P, VOCIM, O52, ELO). Il permet de mieux appréhender les capacités langagières de l’enfant et son évolution. 4-3 – LA PRISE EN CHARGE MEDICO SOCIALE 4-3.1 - L’impact de la surdité sur le développement global de l’enfant Si l’aptitude au langage est innée, son développement n’est pas acquis d’emblée. Le bébé arrive au monde communicant, mais sa communication est au départ poly-sensorielle. Dès sa naissance, le nourrisson perçoit le monde qui l’entoure par différents sens agissant simultané- ment : le toucher, l’odorat, la vue, l’audition et le goût participent pleinement à cette communi- cation. La tranche d’âges des enfants accueillis au CAMSP – 0/6 ans – constitue donc une période de développement déterminante durant laquelle ils mettent en œuvre de multiples
  • 35. 35 compétences (motrices, sensorielles, cognitives, relationnelles) pour explorer le monde et le langage qui les environnent et ainsi se construire. D’autre part, l’enfant ne se construit pas seul. Il a besoin que son entourage le « nourrisse » de stimulations adaptées et tournées vers son éveil global, afin qu’il puisse mettre du sens à son environnement, entrer en relation et se développer de façon harmonieuse. La qualité des interactions avec les personnes qui l’entourent, qui pourra être bouleversée par l’absence de réactions auditives de l’enfant, est par conséquent décisive dans la mise en place de ses premiers apprentissages, des prérequis au langage (appétence à l’échange, capacité à établir une attention réciproque puis conjointe, respect du tour de parole, etc.) et à terme, dans la construction d’une langue structurée. Et en cas de troubles associés Différentes compétences peuvent être altérées par la surdité, d’autant que pour de nombreux enfants, la surdité n’est pas isolée. Ces altérations ont des répercussions sur le développe- ment de l’enfant, notamment sur son développement communicationnel et relationnel. L’étran- geté de certains de ses comportements (possible isolement, manque de tonus, fuite du regard ou mauvaise poursuite visuelle, lenteur etc.) est souvent à la source d’incompréhensions de la part de son entourage, et en premier lieu de la part de sa famille, qui conduisent à des réponses inadaptées à son éveil global et à son bon développement. Pour exemple, le vestibule, aujourd’hui reconnu comme un sixième sens, est fréquemment déficitaire chez les enfants sourds, ce qui impacte, entre autres, sa disponibilité à la commu- nication puisqu’il doit utiliser sa vision pour s’équilibrer. 4-3.2 - Les objectifs généraux d’accompagnement La surdité, qu’elle soit isolée ou non, a donc des répercussions sur l’enfant qui vont bien au- delà de son simple développement langagier. Elle affecte non seulement son développement global mais perturbe également son environnement familial et social. En ce sens, le CAMSP propose une prise en charge médico-sociale non seulement axée sur le développement d’une communication adaptée et la construction d’une langue (LSF et/ou orale avec ou sans le soutien du LPC) mais aussi basée sur la prise en compte de la situation de l’enfant sourd dans sa globalité : son âge, ses difficultés, ses potentialités, mais aussi son environnement « naturel ». L’offre de service du CAMSP est ainsi construite à partir d’objectifs généraux d’accompa- gnement dans 3 champs du développement de l’enfant : la communication et le langage, la socialisation, les apprentissages. Dans le champ de la communication et du langage - Favoriser chez l’enfant le développement d’une communication plurimodale, mettre en place les bases : les prérequis au langage qui serviront de tremplin à la construction d’une langue. - Favoriser l’entrée dans une langue, accompagner le choix puis la construction d’une langue structurée : orale et/ou signée (avec ou sans LCP, avec ou sans signes de la LSF). - Soutenir et valoriser les interactions enfants/parents pour établir ou renforcer une relation de qualité aidant l’enfant à progresser. Accompagner l’adaptation des parents aux potentialités de l’enfant. - Sensibiliser l’enfant à son environnement sonore afin qu’il puisse l’analyser et y mettre du sens par l’utilisation et l’optimisation d’aides auditives et/ou l’utilisation de stratégies de compensation efficaces. Dans le champ de la socialisation - Stimuler chez l’enfant le plaisir des échanges et de la relation aux autres à partir de situations de vie ludique. - Permettre à l’enfant de s’adapter à l’environnement sonore et relationnel pour gagner en confiance et en autonomie.
  • 36. 36 - Permettre aux enfants de développer des relations adaptées, partagées et équilibrées avec les autres. - Permettre à l’enfant d’acquérir les compétences requises pour la vie sociale et notamment apprendre à se décentrer et à coopérer (connaître, apprendre et respecter les règles de la vie en collectivité). - Faciliter l’accès (ou le maintien) des enfants dans les structures d’accueil de la petite enfance et à l’école. Dans le champ des apprentissages - Accompagner l’enfant dans les étapes de son développement sensori-moteur et l’aider à trouver des compensations en cas de troubles vestibulaires ; - Donner du sens aux apprentissages en favorisant le contact avec l’environnement naturel ou culturel ; - Permettre à l’enfant d’acquérir de l’autonomie ; - Soutenir l’acquisition des prérequis scolaires ; - Faciliter la scolarité en permettant à l’enfant sourd d’accéder, à hauteur de ses capacités de compréhension, aux messages de l’enseignant ; - Proposer des adaptations complémentaires si nécessaire, voire une orientation si d’autres structures éducatives semblent mieux adaptées à ses besoins. 4-3.3 - Les modes d’intervention La prise en charge médico-sociale se caractérise par des modes d’intervention diversifiés, complémentaires et coordonnées dans et hors de l’institution : • Des séances individuelles et de groupe ; • Des interventions sur les lieux de vie de l’enfant ; • Des entretiens et rencontres régulières avec les parents ; • Des actions spécifiques de soutien et d’information en direction des familles ; • Des échanges et rencontres régulières avec les professionnels de la petite enfance. Ces modes d’intervention sont autant de moyens qui permettent au CAMSP de répondre aux besoins des enfants accueillis et d’élaborer un accompagnement adapté à la singularité de chaque situation, à partir d’objectifs de travail définis dans le cadre du projet personnalisé de l’enfant en concertation avec ses parents. L’implication et la participation de ces derniers à la prise en charge de leur enfant, sont fortement encouragées tout au long de son suivi au centre, dans une démarche de coopération éducative. Les séances individuelles Les séances individuelles peuvent, suivant leur nature, être réalisées par un professionnel seul ou en binôme. Elles font l’objet d’une indication posée par le ou les médecins, suite à leur consultation et aux bilans réalisés. Le rythme des séances individuelles est adapté aux besoins de l’enfant et est évolutif (une à deux séances par semaine). En outre, dans le souci de ne pas multiplier le nombre de dépla- cements des familles, les séances individuelles peuvent être couplées entre elles ou avec celles de groupe, à la condition que l’enfant puisse en tirer bénéfice. • Les séances d’orthophonie L’objectif des séances d’orthophonie est de développer dans un premier temps une communication plurimodale qui servira de tremplin à la construction d’une langue, de stimuler l’audition pour permettre une exploitation maximale des perceptions auditives et de contribuer à l’utilisation des appareils (prothèse, implant cochléaire). Tous les sup- ports possibles sont associés à l’oral : mimiques, gestes spontanés, signe de la LSF,
  • 37. 37 code LPC, pictogrammes, photographies… La finalité pour l’enfant est qu’il puisse mettre du sens, comprendre les messages qui lui sont transmis et s’approprier des moyens d’expression. Au cours de chaque séance, des activités auditives (conditionnement, développement de l’alerte sonore, discrimina- tion/reconnaissance des instruments, des bruits du quotidien), des activités qui visent à l’expression (orale ou signée), des jeux partagés, des activités d’observation, de logique sont proposées. Avec les parents, un cahier de vie est mis en place comme support de communica- tion. Celui-ci est source de plaisir et favorise les échanges. Il permet d’enrichir le voca- bulaire et de reprendre des activités abordées en séance. C’est un outil rassurant pour l’enfant, posant des repères dans le déroulement des évènements de sa vie (prise de conscience de la temporalité). Il y figure : des photos, dessins, pictogrammes ou support divers du quotidien de l’enfant (ticket de manège, pansement, image de catalogue, etc.). Cette étape est indispensable pour amener l’enfant à construire une langue. L’orthopho- niste, en co-action avec les parents, amène progressivement l’enfant à passer d’une communication globale à l’acquisition d’une langue orale structurée. L’accompagnement parental est axé sur les adaptations nécessaires à une communication efficace qu’ils pourront réinvestir au quotidien. Pour les plus grands, les séances d’orthophonie visent à amener l’enfant à construire une langue orale structurée (avec ou sans LPC, LSF) et une parole la plus intelligible possible. • Les séances de psychomotricité L’objectif des séances de psychomotricité, qui ont lieu sur l’antenne centrale du CAMSP, est de permettre aux enfants présentant un retard psychomoteur d’organiser les diffé- rentes étapes sensori-motrices de leur développement. Différents types d’activités peuvent être proposés : exploration du corps dans l’espace, parcours, motricité fine, jeux de contenance, graphisme, structuration spatiale, détente (sur le gros ballon, sur la balançoire). Pour les enfants présentant des troubles vestibulaires, la prise en charge a pour but de les aider à trouver plus facilement des stratégies de compensations et permet d’expliquer à leurs parents leurs particularités comportementales (rester allongés au tapis ou dans leur lit en crèche afin de mieux maîtriser leurs appuis, s’isoler car déstabilisés par les déplacements dans leur environnement, lenteur à mobiliser leur regard dans le mouve- ment). Ces incompréhensions initiales peuvent déstabiliser les parents déjà sous le choc du diagnostic de surdité, et mettre - à tort - en doute les compétences intellectuelles ou relationnelles de leur enfant. Ce travail de guidance a pour objectif de les aider à mieux s’adapter aux besoins spécifiques de leur enfant. • Les séances éducatives en Langue des Signes Française (LSF) Les séances ont une visée éducative et communicationnelle. Il s’agit, à partir d’activités ludiques et récréatives (livres, jeux symboliques) : - d’accompagner l’enfant dans le développement de ses compétences langagières et cognitives.
  • 38. 38 - de favoriser l’émergence d’une communication de base entre l’enfant et ses parents, en utilisant la langue des signes comme mode d’interaction enfant/parent. - de soutenir les parents sur le plan éducatif en les rassurant sur leurs compétences même quand le message oral ne peut pas être utilisé. • Les rencontres avec la psychologue L’accompagnement psychologique vise à répondre aux différentes problématiques qui peuvent émerger au cours de la prise en charge (propreté, éducation, difficultés de développement, relation à l’autre, décision d’implant). Des entretiens ponctuels ou réguliers peuvent alors être proposés aux enfants avec ou sans leurs parents. Durant les temps de groupe, les enfants en âge d’être scolarisées peuvent bénéficier, à leur demande ou sur proposition de l’équipe, de temps d’écoute lors d’entretiens psychologiques individuels. En fonction des enfants, les activités peuvent être proposées de manière plus ou moins dirigée. Elles peuvent être centrées sur la surdité (mallette du docteur et appareillages factices) et/ou sur la relation avec l'autre (utilisation de petites marionnettes, de poupées, activités de construction de type puzzle, encastrement, cube, dessin...). D'autres enfants privilégient une position qui ne les place pas dans « le faire » et sollicitent l'adulte pour un temps de lecture ou pour des échanges verbaux par exemple, sans passer par la médiation par le jeu. Les groupes Les activités de groupe en direction des enfants et de leurs parents occupent une place importante dans le travail d’accompagnement éducatif et thérapeutique au quotidien. Elles sont proposées aux familles arrivant au CAMSP quel que soit l’âge de l’enfant, si celui-ci peut en tirer bénéfice. La constitution des groupes peut se trouver modifiée en cours d’année en fonction des arrivées et des départs des enfants. L’animation de ces groupes se fait en binôme de professionnelles. Cette modalité permet d’avoir des observations croisées. Il existe 4 ou 5 groupes différents selon les besoins. La plupart sont proposés au rythme d’une séance par semaine. La durée de chaque groupe varie en fonction de l’âge des enfants. • Le groupe des bébés explorateurs Ce groupe est animé par l’auxiliaire de puériculture et par l’orthophoniste-coordinatrice, en présence des parents. Il a pour objectifs : - d’accompagner les bébés et leurs parents vers un premier espace de socialisation au sein du CAMSP - de valoriser les interactions enfants/parents en favorisant chez ces derniers des adaptations dans leur posture, leur regard, leur communica- tion non verbale et leur langage pour renforcer (ou établir) une relation de qualité aidant l’enfant à progresser, tout en tenant compte des situations vécues dans le cadre familial - de faciliter la rencontre et les échanges entre enfants/parents et professionnels dans une atmosphère chaleureuse, centrée autour des compétences du bébé et du savoir-faire des
  • 39. 39 parents. Le groupe se construit avec eux puisqu’en fonction de leurs demandes et questionnements sur le développement global du jeune enfant, interviennent diffé- rentes personnes « ressources », professionnels de la petite enfance (pédiatre, psychomotricienne, médecin ORL…) ; - d’observer le bébé dans sa globalité, de le stimuler de façon adaptée lors d’activités tournées vers son éveil global et visant à enrichir ses expériences. • Le groupe d’éveil à la communication « enfants-parents » Ce groupe est animé par l’éducatrice de jeunes enfants, qui s’exprime en LSF, et la psychomotricienne. Proposé aux enfants non scolarisés et ayant acquis leur autonomie motrice, il a pour objectif : - de favoriser les interactions entre enfants, entre adultes (animatrices et parents) et entre parents et enfants des différentes familles. L’atelier vise à l’établissement d’une communication globale naturelle et authentique : regard, mimiques, mimes, petits gestes de LSF et oralisation autour de jeux adaptés aux jeunes enfants. C’est dans ce cadre que l'enfant sourd peut, à travers les moyens mis à sa disposition pour participer pleinement à la vie collective, acquérir les compétences requises pour la vie sociale et notamment apprendre à se décentrer et à coopérer avec les membres du groupe ; - de permettre aux parents de confronter leurs expériences autour de la surdité : appareillage, communication, projets de communication, d’orientation. Il leur permet également de rencontrer d’autres enfants sourds, d’être témoin de la socialisation du leur dans le groupe autour de moments de plaisir partagé ou de conflits. Les principes éducatifs peuvent alors être mis en cause, mais il peut être rassurant de voir que chaque enfant peut avoir sa période de colère, d’opposition ; - De permettre aux parents de s’imprégner de moyens de communication non verbaux dans une première approche de la langue des signes grâce à la présence du profes- sionnel éducatif sourd. Les stimulations auditives sont apportées par le professionnel entendant. L’utilisation de supports écrits (pictogrammes, photos, dessins) permet aux enfants d’anticiper les activités prévues, de prendre du recul sur leur vécu émo- tionnel et aux familles de repartir avec des supports aux échanges. • Le groupe des petits débrouillards Animé par une orthophoniste et l’auxiliaire puéricultrice, ce groupe est proposé aux enfants âgés de 2 et 3 ans. Il répond à plusieurs objectifs : - favoriser les échanges et le lien social en créant des situations de communication ; - apprendre les règles de vie en collectivité - stimuler l’éveil global - permettre à l’enfant d’affiner ses repères auditifs - favoriser l’autonomie et préparer l’entrée à l’école - amener l’enfant vers la construction de la langue orale par des techniques orthopho- niques Le travail de séparation enfant/parents se fait progressivement. Les parents participent au groupe dans un premier temps de façon à ce que s’instaure une confiance entre tous et que des échanges leur permettent de comprendre les objectifs de ce groupe.