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SYMBOLES SACRÉS UNIVERSELS
Adel Njim
Département d’Histoire
Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax (Tunisie)
(njim_adel@yahoo.com)
Mots clés :
Symboles très répandus - très anciens - conception universelle du monde - l’histoire d’Adan, Eve et Diable -
l’épreuve du paradis - identité commune.
Résumé :
Une partie considérable de notre vécu est imprégnée par des symboles très anciens et d’une diffusion très
large. Mes recherches m’ont permises de décoder ces symboles et d’en définir leur impact sur notre identité
culturelle.
J’ai définie plusieurs cycles dans l’histoire de la genèse de ces codes. Je vais m’arrêter au premier cycle de
ces symboles et en retracer l’histoire. Je vais me pencher sur certains des principaux signes dont la trinité, le
coq, l’âne, le serpent, le lion, la main, le pied, le fruit, l’arbre, le bassin et enfin le véhicule chevauché
(appelé souvent char).
Ces codes sont en rapport avec la péripétie du couple mythique d’Adan et Eve avec Diable au paradis et leur
descente sur terre. Cette histoire pourtant issue du registre religieux trouve des échos multiples à travers des
représentations iconographiques de différentes époques à plusieurs endroits du monde ce qui en fait une
histoire qui s’impose à nous par excellence pour en saisir le sens et en définir l’impact sur notre identité non
seulement locale mais aussi universelle. Cette approche inédite et originale n’est que le premier maillon dans
le dossier de l’identité.
Title :
UNIVERSAL SACRED SYMBOLS
Keywords :
Widespread symbols - very ancient - universal conception of the world - the story of Adan, Eve and Devil -
the test of paradise - common identity.
Abstract :
A considerable part of our experience is imbued with very ancient and widely diffused symbols. My
research allowed me to decode these symbols and define their impact on our cultural identity.
I have defined several cycles in the history of the genesis of these codes. I will stop at the first cycle of these
symbols and trace their history. I am going to look at some of the main signs of trinity, rooster, donkey,
snake, lion, hand, foot, fruit, tree, pelvis and finally the overlapped vehicle ).
These codes are related to the adventure of the mythical couple of Adan and Eve with Devil in Paradise and
their descent on earth. This history, however, from the religious register finds multiple echoes through
iconographic representations of different epochs in several places of the world which makes it a story that is
essential to us par excellence to understand its meaning and to define its impact on Our identity not only
local but also universal. This new and original approach is only the first link in the identity file.
Introduction
Les études sur l’identité ont le mérite d’être transversales et en l’occurrence de solliciter diverses disciplines
scientifiques parfois éloignées dont les approches sont différentes mais que ce dossier parvient à concilier.
Egalement, les recherches sur l’identité sont le plus souvent rétrospectives donc elles ne peuvent échapper
de questionner fréquemment le passé. De ce point de vue toute quête identitaire se trouve intimement liée à
l’investigation des temps écoulés. Cette démarche est indispensable puisque l’assimilation de l’héritage du
passé est au centre de la garantie du progrès. C’est aussi semble t-il une composante capitale pour assurer le
succès de chaque culture. Cette règle a sans doute fait dire au célèbre auteur britannique Georges Orwell une
phrase très connue sur l’importance de la maîtrise du passé du passé. Il a déclaré : « celui qui contrôle le
passé, contrôle le future ». Ainsi, on est amené à fouiller dans notre mémoire collective pour répondre à
notre souci identitaire. De ce point de vue, la mémoire occupe une place de choix dont l’intéressement est
grandissant.
Seulement la compréhension de cette mémoire collective nécessite une initiation assez souvent délicate pour
réussir à ouvrir cette sorte de boite noire puisqu’une bonne partie de notre patrimoine est transmise sous
forme de codes dont un large corpus de symboles à la compréhension souvent très difficile. Effectivement,
suite à des années de recherches sur l’univers cultuel dans de multiples endroits du monde et remontant à des
périodes historiques diverses je peux affirmer que les symboles constituent des clés qui résument avec
beaucoup de subtilité souvent déconcertante notre mémoire collective locale et même universelle. Donc tout
naturellement les chercheurs s’occupant de l’étude du patrimoine historique et archéologique se trouvent
naturellement confrontés au décodage de ces codes et à la résolution des énigmes pour comprendre les
messages du passé qu’ils véhiculent et ainsi connaître la vraie nature de notre identité.
Le débat sur l’identité est passionnant, il a souvent intéressé les recherches en matière de sciences humaines.
C’est sûrement ce qui a motivé l’organisme à l’origine de l’organisation de ce colloque que représente la
« Tunisian Mediterraean Association of Historical, Social and Economic Studies ». L’initiative de lui avoir
consacré une rencontre de cette envergure est positive et pertinente à la fois. Cet évènement scientifique va
se pencher sur les multiples facettes du thème de l’identité. Son intitulé « Les identités : le concept ses
manifestations et ses évolutions » prouve de désir d’étudier cette question sous plusieurs angles.
C’est pour moi un privilège de pouvoir me joindre dans cette rencontre à des collègues travaillant dans
d’autres disciplines et sur d’autres périodes historiques.
Je pense que ma communication s’inscrit aisément dans le thème premier de cette manifestation scientifique
qui celui de la Genèse de l’identité du passé au présent. Elle trouve sa place naturellement dans la rubrique
consacrée aux récits d’origine, mythes et légendes.
Pour ma part, mes recherches académiques ont d’abord porté sur le mobilier de culte phénico-punique et les
pratiques qui lui sont associées1
. C’est ainsi que j’ai pris connaissance du répertoire symbolique antique et sa
signification. J’ai également effectué une recherche sur l’identité méditerranéenne antique2
.
C’est ainsi que petit à petit j’ai eu l’occasion de m’apercevoir de l’unité du monde antique
géographiquement et historiquement et de la continuité flagrante entre le passé et le présent. C’est d’ailleurs
ce qui m’a donné l’idée du thème de cette communication.
En effet, un observateur attentif du patrimoine iconographique populaire universel s’aperçoit de la
récurrence d’un certain nombre de symboles à toutes les époques à des endroits multiples du monde et de
leur adoption par les différentes générations avec une fidélité quasi-obséquieuse et même si leur
signification est modifiée et les raisons de leur invention oubliée ces symboles sont étonnamment restés
figés. Alors, j’ai décidé de consacrer une étude à ce corpus exceptionnel qui fait sûrement partie de notre
identité communautaire non seulement locale mais œcuménique.
Le cycle des symboles que je vais élucider ici n’est qu’un petit maillon mais fondamental d’un dossier grand
qui est relatif à l’histoire de l’espèce humaine sur terre. Je me suis arrêté à cette série de symboles parce que
j’ai la conviction de leur importance universelle, de leur enchaînement d’une part et de leur place capitale
dans toute l aventure humaine. L’histoire que ces symboles cachent est d’habitude l’apanage des sources
religieuses. Seulement mes recherches m’ont permis de trouver sa trace dans des témoignages
archéologiques et ethnographiques multiples. Cette histoire commémore celle de l’espèce humaine avec le
premier couple d’Humain et ses rapports avec d’autres belligérants.
Ce récit est classiquement l’apanage des textes religieux et pas du tout évoqué dans les études académiques.
Pourtant, il joui de nombreux témoignages archéologiques et ethnographiques dont le mérite de cette étude
est de s’y intéresser. L’histoire à laquelle je m’arrête dans cette communication commence avec l’apparition
d’Adam l’ancêtre de l’espèce humaine au paradis jusqu’à sa descente avec Eve sa compagne sur terre. Cette
note va commencer par évoquer la question de la création d’Adan, de son rapport avec Ibliss le Maître des
Jinns, de la création d’Eve la partenaire d’Adam, de leur cueillette de l’arbre interdit du paradis et enfin de la
sortie du paradis pour élire la terre comme domicile.
L’histoire que j’expose dans cette note est relative au début du périple de l’espèce humaine. Elle commence
par la création d’Adam et de sa femme Eve vraisemblablement au paradis jusqu’à leur descente sur terre.
J’ai pu fixer trois moments majeurs dans cette histoire qui seront les axes de cette présentation. La première
phase concerne la création d’Adam. La seconde étape est marquée par l’épreuve de l’arbre. La troisième
étape est la sortie du paradis. Ainsi, je m’arrête sur les différentes péripéties de cette aventure et les
innombrables représentations qui l’évoquent. Les symboles auxquels je vais m’arrêter sont la trinité, le
couple, la statue colossale d’un homme et d’une femme, le coq, l’âne, l’arbre, le serpent, le lion, le pied, la
main, le traineau et enfin l’homme munie d’une massue souvent désigné sous le nom d’Hercule.
I. La création d’Adam
Il est incontestable que l’expérience de la vie humaine est un phénomène d’une grande originalité.
Seulement, la question du début de cette aventure est encore ouverte. Globalement, au sujet du
1
Adel Njim, Les vases à feu phéniciens et puniques de la Méditerranée occidentale, Thèse de Doctorat, Université d’Aix-en-
Provence, juin 2008.
2
Adel Njim , « La cosmogonie étrusque, libyque et punique », in Haut Commissariat à l’Amazighité (dir.), Massinissa au cœur de
la consécration du premier Etat numide, 20-22 septembre 2014, Constantine 2015, p. 117-136.
commencement de la vie humaine deux scénarios sont en présence. Une piste dite évolutionniste et une autre
dite créationniste. La science détient la première hypothèse et la religion détient la seconde. Malgré
l’évolution de la science les deux conjectures sont encore inconciliables. Il ne s’agit pas ici de trancher ce
débat qui dépasse sans doute ce cadre. Cependant, de multiples indices matériels remontant à différentes
périodes historiques nous interpellent et nous poussent à se poser des questionnements sur ce dossier.
1. La trinité
Nous avons un témoignage anthropologique assez intéressant relatif aux multiples entités de la création.
C’est la question de la trinité qui reflète trois entités celle des Humains, des Anges et enfin des Jinns. La
culture islamique a gardé la mémoire de ces trois belligérants. Par exemple au dessous des coupoles des
mosquées on trouve un élément dit Jamour qui se compose souvent de trois sphères de trois tailles
différentes transpercées par un baton. Cet élément pourtant de l’époque islamique est le reflet des trois
entités de la création. La plus grande boule représente la planète Soleil. C’est de l’élément feu qui la
compose que sont faits les Jinns. La seconde boule représente la lune. Son élément principat est la lumière.
C’est de cet élément que sont faits les Anges. La troisième boule représente la terre. Elle est faite
essentiellement d’argile. C’est de cet élément que sont faits les Humains. Une chose est certaine l’idée de la
trinité était présente chez les cultures précédant le Christianisme mais les Chrétiens l’ont adopté et lui ont
donné un sens propre à leur foi pour représenter Dieu, le Christ et le Saint Esprit.
2. Ibliss le chef des Jinns
Ce dossier est considéré comme un tabou pour la science pourtant de multiples indices rendent légitime son
ouverture. Une question séduisante consiste à savoir si en dehors des végétaux et des animaux la terre était
le domicile d’autres entités vivantes avant l’apparition de l’espèce humaine. Plus particulièrement si les
entités appelées les Jinns avaient eu un règne sur terre et une culture qui leur est associée. Nous disposons de
représentations innombrables de créatures souvent à la physionomie d’ensemble proche de celles de
Humains mais à l’allure étrange et aux attributs bizarres qui se retrouvent à plusieurs endroits sur terre et
nécessitent une étude plus ciblée. Celles-ci nous incitent à se poser la question de la présence sur terre de
cette espèce non humaine. L’histoire du chef des Jinns à l’égard de l’apparition d’Adan et Eve nous incitent
à penser que les Jinns ont bien vécu sur terre et le début du règne des Humains était pour eux le synonyme
du début de leur fin.
La question de l’existence des Jinns et de leur chef nommé Ibliss est évoquée par les sources religieuses.
Cependant on a un autre témoignage qui nous laisse croire à son existence. Il s’agit d’un indice d’ordre
anthropologique non négligeable. En tout cas, Ibliss le patriarche des Jinns comme on va le voir tout au long
de cet exposé est fortement impliqué dans l’histoire de l’espèce humaine. D’ailleurs à mon humble avis le
nom de Ibliss n’est autre que celui du Père des Jinns. Il est aussi nommé Chaytan qui est une altération du
nom de Sayd El Jinn. C’est sans doute un témoignage onomastique important sur ce belligérant.
3. La Création d’Adan et Eve
L’apparition de l’espèce humaine est sans doute un évènement d’une haute importance. Encore de nos jours
religion et science ne se sont pas conciliées sur cette question. Ce commencement est il le fruit d’une
hominisation ou d’une apparition ex-nihilo d’un couple originel composé d’un premier homme et d’une
première femme de qui avait émané cette espèce d’humains. Comme nous avons dit plus haut, l’espèce
humaine est l’une des trois entités de la création. La religion nous apprend que cette espèce est représentée
par un individu nommé Adan ou Adam considéré comme le père du genre humain3
. En Arabe l’un des
adjectifs qu’on pourrait aisément rapprocher de ce nom signifie « Grand ». Chose très surprenante,
3
Edgard Weber, Petit dictionnaire de mythologie arabe et des croyances musulmanes, éditions Entente, Paris 1996, p. 26.
l’archéologie nous fourni des indices très nombreux qui sont étonnamment pas du tout interprétés sur un
homme de grande taille qui serait l’écho de Adan le père de l’espèce humaine. En effet, à titre d’exemple on
trouve un curieux monument à l’entrée du port de la ville antique de Rhodes. Il s’agit de la statue géante
d’un homme qui enjambe l’entrée du port. Cet homme est appelé le Colosse de Rhodes. Egalement à Rome
à côté du théâtre romain existait la statue d’un homme géant qui a disparu plutard mais dont le nom de
Colisée donné à l’amphithéâtre a gardé le souvenir. Effectivement, le terme Colisée qui est une altération du
terme Colosse donné à l’amphithéâtre rappelle la mémoire de cet individu. Faut-il préciser que ces
représentations antiques ne sont sûrement pas les seules. Je pense fort que ce sont certainement le souvenir
du premier homme.
La création de la première femme est elle aussi un objet de questionnement. Au Mussée de Cnossos lors
d’un voyage récent je pense avoir trouvé une représentation qui commémore l’évènement de la création
d’Eve considérée comme l’épouse d’Adan 4
. Il s’agit d’une représentation d’un couple d’un homme et d’une
femme qui font face. Cette œuvre est à mes yeux la mémoire du moment de la création d’Eve la première
femme de l’espèce humaine (figure 1). Cette femme est elle aussi de taille géante. Elle a également
bénéficiée d’une grande notoriété dans les représentations antiques. En Grèce, une statue géante couverte en
or attribuée à Athéna n’est sûrement que le souvenir de cette première mère.
4. La jalousie d’Ibliss
Une chose est certaine, l’apparition du premier couple d’humains n’a pas enchantée Ibliss qui en a vu la fin
de son règne. En effet, il avait refusé de se prosterner à Adan en signe de reconnaissance de son pouvoir. En
conséquence, il fut ordonné de quitter le paradis en punition à son arrogance. Toutes ces données sont tirées
des textes religieux mais de nombreux témoignages de nature diverse nous permettent de corroborer cette
version. L’exclusion d’Ibliss en dehors du paradis sera de courte durée. Ibliss va déployer tout son génie
pour revenir au paradis et user d’intrigues pour discréditer Adan et Eve et il va avoir recours à un stratagème
qui restera longtemps dans la mémoire dont on va avoir les preuves innombrables de son existence. C’est
d’ailleurs l’un des évènements majeurs de la vie du premier couple d’humains et de l espèce humaine
entière.
II. L’épreuve de l’arbre
1. Le retour de Diable au paradis
Ibliss va faire de son mieux pour revenir au paradis duquel il est chassé. Seulement, le paradis était
soigneusement gardé. Alors, Diable devait trouver une astuce pour y pénétrer. Nous avons un témoignage
ethnographique en rapport avec cet épisode qui nous renseigne beaucoup le stratagème d’Ibliss. Cet
argument est tiré de la culture populaire. Il s’agit de la vision accordée à certains animaux. C’est la vision
populaire accordée à l’âne et au coq. Dans l’imaginaire populaire l’âne est déconsidéré alors que le coq est
magnifié. Il faut préciser que cette vision est la même durant l’antiquité. Je pense que cette vision est en
rapport avec la question du retour d’Ibliss au paradis. Diable eu l’idée de se cacher sous la queue de l’âne
pour rentrer au paradis. D’ailleurs l’appellation arabe de l’âne « Himar » n’est à mon avis qu’une altération
de l’expression « le protecteur de Diable» en souvenir à cet acte. Suite à son connivence avec Ibliss l’âne fut
déconsidéré par les humains5
. Il est l’incarnation de la stupidité jusque à nos jours. On rapporte que le
Prophète Mohamed populaire avait dit que le cri de l’âne annonce la présence d’un diable6
. Seulement,
quand Ibliss avait tenté d’entrer discrètement au paradis, un animal l’a débusqué c’est le coq qui s’en est
4
Edard Weber, Petit dictionnaire…, Paris 1996, p. 117.
5
Ibid., p. 33.
6
Malek, Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éditions Albin Michel, Paris 1997, p. 101.
aperçu et l’avait dénoncé par ces cris. Cette dénonciation a valu au coq d’être considéré par les humains.
Une tradition musulmane veut que le chant du coq signale présence de l’ange7
. La gloire exceptionnelle du
coq chez plusieurs peuples de l’antiquité s’explique sûrement par cet acte de dénonciation du Diable à son
retour au paradis. Chez les Etrusques par exemple le coq est considéré comme un animal sacré (figure 2).
Les Gaulois le prennent carrément comme leur emblème.
2. La tentation de l’arbre
Une fois au paradis, Ibliss va tenter de faire commettre à Adam et Eve un acte de désobéissance à Dieu. Il eu
pour idée de les inciter à transgresser l’ordre divin de ne pas s’approcher de l’arbre du paradis. C’est la
première mise à l’épreuve de Dieu pour Adan et Eve afin de les tester. C’est la raison pour laquelle l’arbre
est devenu un symbole d’une haute importance. La vénération qu’accordent les Japonais à l’arbre
miniaturisé appelé "Bonzai" n’est autre que la manifestation de l’importance qu’accordent les humains à
l’arbre du paradis. Quand Ibliss est parvenu à convaincre Adam et Eve de gouter à l’arbre du paradis,
naturellement ils voulurent d’abord s’en approcher. Encore une fois nous avons des témoignages
archéologiques et anthropologiques sur cet épisode. Adan et Eve avaient sollicité chacun le pied droit pour
s’approcher de l’arbre interdit. Celui là avait refusé par respect à l’interdit divin. Cependant, le pied gauche
avait cédé à la tentation. C’est ce qui explique sans doute que le pied droit est considéré comme un bon
présage. Il est représenté partout depuis l’antiquité. Une fois près de l’arbre, Adam et Eve devaient cueillir
un fruit de cet arbre, la main droite avait refusé de le faire alors que la main gauche n’avait pas eu de
scrupule à commettre cet acte. C’est pourquoi la main droite est glorifiée tandis que la main gauche est
bannie. Par extrapolation, l’idée même de gauche est devenue déconsidéré par contre celle de la droite
incarne le bien. Ainsi, le mot sinistre qui veut dire littéralement gauche est devenu synonyme de grand
malheur. La raison qui pourrait expliquer pourquoi le pied et la main gauche n’ont pas respecté l’interdit
divin pourrait vraisemblablement être la suivante. Quand Dieu avait façonné Adam de terre et l’avait laissé
un temps pour sécher, Ibliss eu écho de cette création, il s’était précipité pour voir cette créature. Une fois
devant la statue d’Adam, il était ébloui par l’œuvre alors il y pénétra et trouva qu’elle était vide de
l’intérieur. L’intrusion d’Ibliss s’est faite par le nez sa sortie s’est faite par le pied. Je pense alors qu’Ibliss
avait pénétré à l’intérieur de la statue d’Adam par la narine gauche et sa sortie s’est faite par le pied gauche
ainsi le côté gauche d’Adam était souillé par Ibliss. C’est ce qui explique par la suite que le pied et bras
gauche ont facilement cédé à la tentation de transgresser l’interdit de s’approcher et gouter à l’arbre sacré.
3. La cueillette de l’arbre
Quand Adam et Eve s’approchaient de l’arbre interdit ils avaient sûrement découverts qu’il était bien gardé
par des lions géants. Des répliques de statues de lions se retrouvent partout durant l’antiquité. Elles ne sont
autres que la mémoire de ces créatures chargées de veiller sur l’arbre du paradis. De plus, comme l’arbre du
paradis, les fruits de cet arbre était sans doute bien gardés. Cette tâche incombait à des reptiles géants ou
plus précisément à des serpents géants. Alors Ibliss dû user de son ingéniosité pour déjouer cette garde. Il
avait sûrement eu recours à la magie. C’est pour cette raison que les reptiliens sont liés à la sorcellerie chez
plusieurs peules sémitiques8
. Le rite d’apprivoisement des vipères qu’on retrouve en Inde par exemple n’est
que la perpétuation de cette action. Le terme « Cobra » qui veut dire « Le grand » est le souvenir de ces
créatures géantes gardiennes de l’arbre du paradis. Quand Ibliss avait réussi à tromper les gardiens de l’arbre
du paradis Adam et Eve avaient alors pu avoir accès au fruit interdit, et le cueillir. Une représentation jusque
là unique sur un vase cultuel punique de Carthage commémore vraisemblablement cet instant (figure 3). Je
document inédit d’une haute importance c’est la raison pour laquelle je lui ai consacré une note9
. Egalement
7
Weber, Petit dictionnaire…, Paris 1996, 86.
8
Malek, Chebel, Dictionnaire…, Paris 1997, p. 106.
9
Adel Njim, « Vase punique de Carthage avec scène de décor du péché originel » in Le répertoire décoratif et iconographique en
Méditerranée antique et médiévale, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, 2-4 décembre 2013, p. 2, figure 1.
l’expression courante « la pomme d’Adam » commémore le sentiment de culpabilité de l’humanité pour cet
acte.
4. La punition divine
Il semble que la transgression de l’interdiction de toucher à l’arbre du paradis par Adan et Eve avait
provoqué la colère de Dieu. Cet acte eu de multiples conséquences. La première manifestation de la punition
divine est la désacralisation du couple. En effet, au paradis Adan et Eve vivaient dans une nudité totale sans
se gêner l’un de l’autre. Juste après avoir gouté au fruit sacré ils commençaient à s’apercevoir de leur nudité
à en être embarrassés. Pour la dissimuler ils se couvraient avec le feuillage de l’arbre sacré. Nous avons un
témoignage archéologique antique très intéressant auquel aucun n’avait fait attention auparavant qui d’après
moi montre de façon manifeste l’action d’Adan et Eve de se couvrir avec les feuilles de l’arbre du paradis
après avoir touché au fruit interdit. Ce document montre un roi mésopotamien dont la partie inférieure du
corps est couverte de feuillage. Cette attitude est surement la mémoire d’Adan quand il fut couvert du
feuillage de l’arbre interdit dont ils avaient cueilli le fruit avec sa compagne (figure 4).
Mais la punition divine la plus sévère reste à venir. En effet, suite à leur acte Adan et Eve furent ordonnés de
quitter le paradis. C’est sans doute l’un des évènements majeurs dans leur vie et dans celle de l’espèce
humaine entière.
III. La sortie du paradis
1. La descente sur terre
L’action d’Adan et Eve était tellement inacceptée par Dieu qu’elle eu pour conséquence de leur faire perdre
le privilège de vivre au paradis. En effet, après avoir transgressé l’interdit de l’arbre Adam et Eve étaient
délogés du paradis et ordonnés de descendre sur terre. Une nouvelle étape va commencer pour eux et pour
leur progéniture. Pour quitter le paradis une monture leur est réservée pour quitter le paradis vers la terre.
Leur descente s’est faite en grande pompe parce qu’un nouveau chapitre de leur histoire allait commencer.
Ce voyage est à jamais gravé dans la mémoire de l’humanité. Les représentations sont fixées sur divers
supports tels que plaquettes en terre cuite à vocation sans doute cultuelle10
, les monnaies11
ou les mosaïques.
Parfois nous y voyons un coulpe et parfois c’est une monture pour un homme seul ou une femme seule. Cet
évènement a tellement marqué les esprits humains qu’il est sans cesse remémoré. Je pense la descente du
Père Noel en chaque début d’année sur ses traineaux tirés par des rennes est le souvenir de cet action. De
multiples cultures ont conservé le souvenir de ce voyage. Les Chrétiens n’ont fait qu’adopter cette fête
jusqu’à nos jours.
Une fois sur terre une nouvelle vie va commencer pour le premier couple d’humains. C’est une vie de lutte
sans doute très différente de la vie paisible du paradis. Adan et Eve doivent se battre contre les animaux
d’abord pour leur sécurité et pour leur nourriture. Ils doivent aussi se battre des occupants qui les avaient
précédés sur terre comme les Jinns.
2. Le mythe d’Hercule
La lutte d’Adan le premier père de l’espèce humaine sur terre est sans doute conservée dans la mémoire
collective de sa descendance. C’est la mythologie qui nous donne un témoignage éclatant sur cette épopée
fascinante et périlleuse qui a vu l’émergence de notre premier ancêtre et son hégémonie sur les occupants de
la terre qu’ils soient animaux ou Jinns. Je pense qu’il y a un mythe très célèbre auquel jusque là aucun
chercheur n’avait prêté attention qui relate cette aventure. C’est celui d’un nommé d’Hercule. Les douze
10
Mhamed Hassine Fantar, Eschatologie phénicienne-punique, Institut National d’Archéologie, Tunis 1970, pl. XVI.
11
Mhamed Hassine Fantar, Ibid., pl. XVII.
travaux d’Hercule ne sont que le reflet des douze mois de l’année qu’Adan avait passé pour triompher de ces
adversaires et leur prouver sa force12
.
3. Adan et sa descendance dominent la terre
Sur terre avait commencé un nouveau chapitre de la vie de l’espèce humaine qui continue jusqu’aujourd’hui.
Des questions diverses sont relatives à cette aventure relatives au lieu précis du début de cette aventure. La
littérature religieuse islamique nous informe que la Mecque était le premier endroit où Adan et Eve avaient
élu leur premier domicile. D’autres sources donnent un autre récit. Elles nous informent que la descente
d’Adan et Eve fut sur terre fut dans l’actuelle île de Ceylan13
. Egalement, le nom de la cité de Lhassa
capitale actuelle du Tibet qui encore un lieu sacré pourrait être vu comme le terme arabe de « El Hajja » qui
signifie le lieu vers lequel on se dirige pour le pèlerinage. Ce nom serait-il la mémoire d’un lieu de culte ou
d’une capitale religieuse oubliée remontant à l’époque où Adan et Eve avaient vécu dans cette région. De
telles hypothèses sont sûrement séduisantes d’autant plus qu’elles n’avaient jamais constitué un objet pour
les recherches scientifiques malgré les témoignages religieux, archéologiques et anthropologiques divers.
Conclusion
Cette note qui touche à sa fin est sans doute préliminaire et incomplète. C’est ma contribution pour décrypter
cette miriade de symboles qu’on trouve partout et à differentes epoques mais dont ne trouve les explications
que dans la littérature religieuse. Cette thématique n’a pas auparavant fait partie des soucis de la recherche
scientifique s’impose par le nombre d’arguments disponibles. Il s’agit de multiples témoignages sur la foi
des cultures anciennes au paradis et aux prophètes.
Une figure peinte dans une tombe punique de Jbel Mlezza au Cap Bon montre le voyage de l’âme vers le
paradis. Cette figure malgré l’ancienneté de sa découverte reste mal interprétée et mérite d’avantage
d’analyse14
. Nous avons aussi des témoignages antiques sur les prophètes. Une peinture tombale d’un
monument funéraire libyque de type hanout situé dans les environs de Béja an nord de la Tunisie comporte
une représentation découverte depuis des décennies mais qui reste faussement lue. Je pense fort qu’il s’agit
de la représentation du prophète Noé et sa communauté lors de déluge (figure 5)15
.
Nous disposons également de témoignages ethnographiques très intéressants sur la foi très ancienne aux
prophètes et à leur histoire. Dans le village de Rajiche au Sahel tunisien on fabrique encore des barques en
terre cuite qu’on offre aux jeunes mariées16
. Cette coutume n’est autre que la mémoire de l’arche de Noé qui
s’est perpétuée dans les villages du Sahel tunisien (figure 6). J’espère fort que cette tradition très intéressante
fera prochainement l’objet d’une note spécifique.
Cette note constitue une continuité avec d’autres recherches que j’avais effectuées sur des indices relatifs à
la mémoire collective et vraisemblablement à la véritable unité des cultures du monde17
. Cette thématique
est encore l’exclusivité des études religieuses pourtant les indices à la fois matériels et ethnographiques sur
ce dossier sont très nombreux. Dans ce contexte, je ne peux que suggérer d’approfondir les recherches dans
le domaine de la mémoire afin de l’explorer et de la valoriser davantage. On pourrait lancer un projet
d’unification des sources de toutes les cultures relatives aux symboles et de tenter de dépasser le
12
Edith Hamilton, La mythologie, édition Marabout, Belgique 1997, p. 290, planche : Hercule capturant le sanglier.
13
Edard Weber, Petit dictionnaire…, Paris 1996, p. 314 (Sarandib).
14
Mhamed Hassine Fantar, Eschatologie phénicienne-punique, Institut National d’Archéologie, Tunis 1970, pl. XXVI.
15
Jamel Zouglami - Gabriel Camps, Atlas Préhistorique de la Tunisie Feuille de Souk el Arba, Ecole Française de Rome, 1989, p.
45, figure 44.
16
Adel Njim, « vase de Carthage… », Le répertoire décoratif…
17
Adel Njim, « Unité des cultures du monde », in El Arabia, 2014, n° 443, p. 12-16.
cloisonnement de chaque culture et sa prétention de détenir la vérité dans ce champ de la connaissance mais
plutôt de fonder une approche globale et attentive dont le souci absolu serait de parvenir à la vérité. Une telle
approche ne peut qu’avoir des retombées très positives sur notre quête identitaire commune non seulement
locale mais aussi universelle.
Bibliographie :
Adel Njim, « Vase punique de Carthage avec scène de décor du péché originel » in Le répertoire décoratif et
iconographique en Méditerranée antique et médiévale, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis,
2-4 décembre 2013, p. 1-8, en cours de publication.
Adel Njim, « Unité des cultures du monde », in El Arabia, 2014, n° 443, p. 12-16.
Adel Njim , « La cosmogonie étrusque, libyque et punique », in Haut Commissariat à l’Amazighité (dir.),
Massinissa au cœur de la consécration du premier Etat numide, 20-22 septembre 2014, Constantine 2015, p.
117-136.
Malek, Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éditions Albin Michel, Paris 1997
Edith Hamilton, La mythologie, édition Marabout, Belgique 1997.
Mhamed Hassine Fantar, Eschatologie phénicienne-punique, Institut National d’Archéologie, Tunis 1970.
Jamel Zouglami - Gabriel Camps, Atlas Préhistorique de la Tunisie Feuille de Souk el Arba, Ecole Française
de Rome, Rome, 1989.
Edgard Weber, Petit dictionnaire de mythologie arabe et des croyances musulmanes, éditions Entente, Paris
1996.
Liste et références des figures :
Figure 1 : Adan regardant Eve datant du septième siècle av. J.-C., exposé Musée de Cnossos (Crète) : photo
de l’auteur.
Figure 2 : Vase en forme de coq chez les Etrusques datant de la deuxième moitié du septième siècle av. J.-
C., exposé au Métropolitain Muséum de New York.
Figure 3 : Adan, Eve et Ibliss cueillant le fruit du paradis sur un vase cultuel punique ; Adel Njim, « Vase
punique… » in Le répertoire décoratif…, p. 2, figure 1 : dessin de l’auteur.
Figure 4 : Statue mésopotamienne du roi Ebih-il Nu-banda (vers 2340 av. J.-C.) à l’image d’Adan couvert
du feuillage de l’arbre du paradis ; statue exposée au Musée du Département des Antiquités Orientales du
Musée du Louvre.
Figure 5 : le prophète Noé sur son arche lors du déluge provenant d’un hanout de Kef el Blida (Béja) ; Jamel
Zouglami - Gabriel Camps, Atlas…, p. 45, figure 44 : photo de l’auteur.
Figure 6 : barque actuelle en terre cuite de Rajiche (Sahel) ; Adel Njim, « Vase punique…» in Le répertoire
décoratif…, p. 8, figure 6 : photo de l’auteur.
Catalogue des figures :
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Figure 6

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  • 1. SYMBOLES SACRÉS UNIVERSELS Adel Njim Département d’Histoire Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax (Tunisie) (njim_adel@yahoo.com) Mots clés : Symboles très répandus - très anciens - conception universelle du monde - l’histoire d’Adan, Eve et Diable - l’épreuve du paradis - identité commune. Résumé : Une partie considérable de notre vécu est imprégnée par des symboles très anciens et d’une diffusion très large. Mes recherches m’ont permises de décoder ces symboles et d’en définir leur impact sur notre identité culturelle. J’ai définie plusieurs cycles dans l’histoire de la genèse de ces codes. Je vais m’arrêter au premier cycle de ces symboles et en retracer l’histoire. Je vais me pencher sur certains des principaux signes dont la trinité, le coq, l’âne, le serpent, le lion, la main, le pied, le fruit, l’arbre, le bassin et enfin le véhicule chevauché (appelé souvent char). Ces codes sont en rapport avec la péripétie du couple mythique d’Adan et Eve avec Diable au paradis et leur descente sur terre. Cette histoire pourtant issue du registre religieux trouve des échos multiples à travers des représentations iconographiques de différentes époques à plusieurs endroits du monde ce qui en fait une histoire qui s’impose à nous par excellence pour en saisir le sens et en définir l’impact sur notre identité non seulement locale mais aussi universelle. Cette approche inédite et originale n’est que le premier maillon dans le dossier de l’identité. Title : UNIVERSAL SACRED SYMBOLS Keywords : Widespread symbols - very ancient - universal conception of the world - the story of Adan, Eve and Devil - the test of paradise - common identity. Abstract : A considerable part of our experience is imbued with very ancient and widely diffused symbols. My research allowed me to decode these symbols and define their impact on our cultural identity.
  • 2. I have defined several cycles in the history of the genesis of these codes. I will stop at the first cycle of these symbols and trace their history. I am going to look at some of the main signs of trinity, rooster, donkey, snake, lion, hand, foot, fruit, tree, pelvis and finally the overlapped vehicle ). These codes are related to the adventure of the mythical couple of Adan and Eve with Devil in Paradise and their descent on earth. This history, however, from the religious register finds multiple echoes through iconographic representations of different epochs in several places of the world which makes it a story that is essential to us par excellence to understand its meaning and to define its impact on Our identity not only local but also universal. This new and original approach is only the first link in the identity file. Introduction Les études sur l’identité ont le mérite d’être transversales et en l’occurrence de solliciter diverses disciplines scientifiques parfois éloignées dont les approches sont différentes mais que ce dossier parvient à concilier. Egalement, les recherches sur l’identité sont le plus souvent rétrospectives donc elles ne peuvent échapper de questionner fréquemment le passé. De ce point de vue toute quête identitaire se trouve intimement liée à l’investigation des temps écoulés. Cette démarche est indispensable puisque l’assimilation de l’héritage du passé est au centre de la garantie du progrès. C’est aussi semble t-il une composante capitale pour assurer le succès de chaque culture. Cette règle a sans doute fait dire au célèbre auteur britannique Georges Orwell une phrase très connue sur l’importance de la maîtrise du passé du passé. Il a déclaré : « celui qui contrôle le passé, contrôle le future ». Ainsi, on est amené à fouiller dans notre mémoire collective pour répondre à notre souci identitaire. De ce point de vue, la mémoire occupe une place de choix dont l’intéressement est grandissant. Seulement la compréhension de cette mémoire collective nécessite une initiation assez souvent délicate pour réussir à ouvrir cette sorte de boite noire puisqu’une bonne partie de notre patrimoine est transmise sous forme de codes dont un large corpus de symboles à la compréhension souvent très difficile. Effectivement, suite à des années de recherches sur l’univers cultuel dans de multiples endroits du monde et remontant à des périodes historiques diverses je peux affirmer que les symboles constituent des clés qui résument avec beaucoup de subtilité souvent déconcertante notre mémoire collective locale et même universelle. Donc tout naturellement les chercheurs s’occupant de l’étude du patrimoine historique et archéologique se trouvent naturellement confrontés au décodage de ces codes et à la résolution des énigmes pour comprendre les messages du passé qu’ils véhiculent et ainsi connaître la vraie nature de notre identité. Le débat sur l’identité est passionnant, il a souvent intéressé les recherches en matière de sciences humaines. C’est sûrement ce qui a motivé l’organisme à l’origine de l’organisation de ce colloque que représente la « Tunisian Mediterraean Association of Historical, Social and Economic Studies ». L’initiative de lui avoir consacré une rencontre de cette envergure est positive et pertinente à la fois. Cet évènement scientifique va se pencher sur les multiples facettes du thème de l’identité. Son intitulé « Les identités : le concept ses manifestations et ses évolutions » prouve de désir d’étudier cette question sous plusieurs angles. C’est pour moi un privilège de pouvoir me joindre dans cette rencontre à des collègues travaillant dans d’autres disciplines et sur d’autres périodes historiques. Je pense que ma communication s’inscrit aisément dans le thème premier de cette manifestation scientifique qui celui de la Genèse de l’identité du passé au présent. Elle trouve sa place naturellement dans la rubrique consacrée aux récits d’origine, mythes et légendes.
  • 3. Pour ma part, mes recherches académiques ont d’abord porté sur le mobilier de culte phénico-punique et les pratiques qui lui sont associées1 . C’est ainsi que j’ai pris connaissance du répertoire symbolique antique et sa signification. J’ai également effectué une recherche sur l’identité méditerranéenne antique2 . C’est ainsi que petit à petit j’ai eu l’occasion de m’apercevoir de l’unité du monde antique géographiquement et historiquement et de la continuité flagrante entre le passé et le présent. C’est d’ailleurs ce qui m’a donné l’idée du thème de cette communication. En effet, un observateur attentif du patrimoine iconographique populaire universel s’aperçoit de la récurrence d’un certain nombre de symboles à toutes les époques à des endroits multiples du monde et de leur adoption par les différentes générations avec une fidélité quasi-obséquieuse et même si leur signification est modifiée et les raisons de leur invention oubliée ces symboles sont étonnamment restés figés. Alors, j’ai décidé de consacrer une étude à ce corpus exceptionnel qui fait sûrement partie de notre identité communautaire non seulement locale mais œcuménique. Le cycle des symboles que je vais élucider ici n’est qu’un petit maillon mais fondamental d’un dossier grand qui est relatif à l’histoire de l’espèce humaine sur terre. Je me suis arrêté à cette série de symboles parce que j’ai la conviction de leur importance universelle, de leur enchaînement d’une part et de leur place capitale dans toute l aventure humaine. L’histoire que ces symboles cachent est d’habitude l’apanage des sources religieuses. Seulement mes recherches m’ont permis de trouver sa trace dans des témoignages archéologiques et ethnographiques multiples. Cette histoire commémore celle de l’espèce humaine avec le premier couple d’Humain et ses rapports avec d’autres belligérants. Ce récit est classiquement l’apanage des textes religieux et pas du tout évoqué dans les études académiques. Pourtant, il joui de nombreux témoignages archéologiques et ethnographiques dont le mérite de cette étude est de s’y intéresser. L’histoire à laquelle je m’arrête dans cette communication commence avec l’apparition d’Adam l’ancêtre de l’espèce humaine au paradis jusqu’à sa descente avec Eve sa compagne sur terre. Cette note va commencer par évoquer la question de la création d’Adan, de son rapport avec Ibliss le Maître des Jinns, de la création d’Eve la partenaire d’Adam, de leur cueillette de l’arbre interdit du paradis et enfin de la sortie du paradis pour élire la terre comme domicile. L’histoire que j’expose dans cette note est relative au début du périple de l’espèce humaine. Elle commence par la création d’Adam et de sa femme Eve vraisemblablement au paradis jusqu’à leur descente sur terre. J’ai pu fixer trois moments majeurs dans cette histoire qui seront les axes de cette présentation. La première phase concerne la création d’Adam. La seconde étape est marquée par l’épreuve de l’arbre. La troisième étape est la sortie du paradis. Ainsi, je m’arrête sur les différentes péripéties de cette aventure et les innombrables représentations qui l’évoquent. Les symboles auxquels je vais m’arrêter sont la trinité, le couple, la statue colossale d’un homme et d’une femme, le coq, l’âne, l’arbre, le serpent, le lion, le pied, la main, le traineau et enfin l’homme munie d’une massue souvent désigné sous le nom d’Hercule. I. La création d’Adam Il est incontestable que l’expérience de la vie humaine est un phénomène d’une grande originalité. Seulement, la question du début de cette aventure est encore ouverte. Globalement, au sujet du 1 Adel Njim, Les vases à feu phéniciens et puniques de la Méditerranée occidentale, Thèse de Doctorat, Université d’Aix-en- Provence, juin 2008. 2 Adel Njim , « La cosmogonie étrusque, libyque et punique », in Haut Commissariat à l’Amazighité (dir.), Massinissa au cœur de la consécration du premier Etat numide, 20-22 septembre 2014, Constantine 2015, p. 117-136.
  • 4. commencement de la vie humaine deux scénarios sont en présence. Une piste dite évolutionniste et une autre dite créationniste. La science détient la première hypothèse et la religion détient la seconde. Malgré l’évolution de la science les deux conjectures sont encore inconciliables. Il ne s’agit pas ici de trancher ce débat qui dépasse sans doute ce cadre. Cependant, de multiples indices matériels remontant à différentes périodes historiques nous interpellent et nous poussent à se poser des questionnements sur ce dossier. 1. La trinité Nous avons un témoignage anthropologique assez intéressant relatif aux multiples entités de la création. C’est la question de la trinité qui reflète trois entités celle des Humains, des Anges et enfin des Jinns. La culture islamique a gardé la mémoire de ces trois belligérants. Par exemple au dessous des coupoles des mosquées on trouve un élément dit Jamour qui se compose souvent de trois sphères de trois tailles différentes transpercées par un baton. Cet élément pourtant de l’époque islamique est le reflet des trois entités de la création. La plus grande boule représente la planète Soleil. C’est de l’élément feu qui la compose que sont faits les Jinns. La seconde boule représente la lune. Son élément principat est la lumière. C’est de cet élément que sont faits les Anges. La troisième boule représente la terre. Elle est faite essentiellement d’argile. C’est de cet élément que sont faits les Humains. Une chose est certaine l’idée de la trinité était présente chez les cultures précédant le Christianisme mais les Chrétiens l’ont adopté et lui ont donné un sens propre à leur foi pour représenter Dieu, le Christ et le Saint Esprit. 2. Ibliss le chef des Jinns Ce dossier est considéré comme un tabou pour la science pourtant de multiples indices rendent légitime son ouverture. Une question séduisante consiste à savoir si en dehors des végétaux et des animaux la terre était le domicile d’autres entités vivantes avant l’apparition de l’espèce humaine. Plus particulièrement si les entités appelées les Jinns avaient eu un règne sur terre et une culture qui leur est associée. Nous disposons de représentations innombrables de créatures souvent à la physionomie d’ensemble proche de celles de Humains mais à l’allure étrange et aux attributs bizarres qui se retrouvent à plusieurs endroits sur terre et nécessitent une étude plus ciblée. Celles-ci nous incitent à se poser la question de la présence sur terre de cette espèce non humaine. L’histoire du chef des Jinns à l’égard de l’apparition d’Adan et Eve nous incitent à penser que les Jinns ont bien vécu sur terre et le début du règne des Humains était pour eux le synonyme du début de leur fin. La question de l’existence des Jinns et de leur chef nommé Ibliss est évoquée par les sources religieuses. Cependant on a un autre témoignage qui nous laisse croire à son existence. Il s’agit d’un indice d’ordre anthropologique non négligeable. En tout cas, Ibliss le patriarche des Jinns comme on va le voir tout au long de cet exposé est fortement impliqué dans l’histoire de l’espèce humaine. D’ailleurs à mon humble avis le nom de Ibliss n’est autre que celui du Père des Jinns. Il est aussi nommé Chaytan qui est une altération du nom de Sayd El Jinn. C’est sans doute un témoignage onomastique important sur ce belligérant. 3. La Création d’Adan et Eve L’apparition de l’espèce humaine est sans doute un évènement d’une haute importance. Encore de nos jours religion et science ne se sont pas conciliées sur cette question. Ce commencement est il le fruit d’une hominisation ou d’une apparition ex-nihilo d’un couple originel composé d’un premier homme et d’une première femme de qui avait émané cette espèce d’humains. Comme nous avons dit plus haut, l’espèce humaine est l’une des trois entités de la création. La religion nous apprend que cette espèce est représentée par un individu nommé Adan ou Adam considéré comme le père du genre humain3 . En Arabe l’un des adjectifs qu’on pourrait aisément rapprocher de ce nom signifie « Grand ». Chose très surprenante, 3 Edgard Weber, Petit dictionnaire de mythologie arabe et des croyances musulmanes, éditions Entente, Paris 1996, p. 26.
  • 5. l’archéologie nous fourni des indices très nombreux qui sont étonnamment pas du tout interprétés sur un homme de grande taille qui serait l’écho de Adan le père de l’espèce humaine. En effet, à titre d’exemple on trouve un curieux monument à l’entrée du port de la ville antique de Rhodes. Il s’agit de la statue géante d’un homme qui enjambe l’entrée du port. Cet homme est appelé le Colosse de Rhodes. Egalement à Rome à côté du théâtre romain existait la statue d’un homme géant qui a disparu plutard mais dont le nom de Colisée donné à l’amphithéâtre a gardé le souvenir. Effectivement, le terme Colisée qui est une altération du terme Colosse donné à l’amphithéâtre rappelle la mémoire de cet individu. Faut-il préciser que ces représentations antiques ne sont sûrement pas les seules. Je pense fort que ce sont certainement le souvenir du premier homme. La création de la première femme est elle aussi un objet de questionnement. Au Mussée de Cnossos lors d’un voyage récent je pense avoir trouvé une représentation qui commémore l’évènement de la création d’Eve considérée comme l’épouse d’Adan 4 . Il s’agit d’une représentation d’un couple d’un homme et d’une femme qui font face. Cette œuvre est à mes yeux la mémoire du moment de la création d’Eve la première femme de l’espèce humaine (figure 1). Cette femme est elle aussi de taille géante. Elle a également bénéficiée d’une grande notoriété dans les représentations antiques. En Grèce, une statue géante couverte en or attribuée à Athéna n’est sûrement que le souvenir de cette première mère. 4. La jalousie d’Ibliss Une chose est certaine, l’apparition du premier couple d’humains n’a pas enchantée Ibliss qui en a vu la fin de son règne. En effet, il avait refusé de se prosterner à Adan en signe de reconnaissance de son pouvoir. En conséquence, il fut ordonné de quitter le paradis en punition à son arrogance. Toutes ces données sont tirées des textes religieux mais de nombreux témoignages de nature diverse nous permettent de corroborer cette version. L’exclusion d’Ibliss en dehors du paradis sera de courte durée. Ibliss va déployer tout son génie pour revenir au paradis et user d’intrigues pour discréditer Adan et Eve et il va avoir recours à un stratagème qui restera longtemps dans la mémoire dont on va avoir les preuves innombrables de son existence. C’est d’ailleurs l’un des évènements majeurs de la vie du premier couple d’humains et de l espèce humaine entière. II. L’épreuve de l’arbre 1. Le retour de Diable au paradis Ibliss va faire de son mieux pour revenir au paradis duquel il est chassé. Seulement, le paradis était soigneusement gardé. Alors, Diable devait trouver une astuce pour y pénétrer. Nous avons un témoignage ethnographique en rapport avec cet épisode qui nous renseigne beaucoup le stratagème d’Ibliss. Cet argument est tiré de la culture populaire. Il s’agit de la vision accordée à certains animaux. C’est la vision populaire accordée à l’âne et au coq. Dans l’imaginaire populaire l’âne est déconsidéré alors que le coq est magnifié. Il faut préciser que cette vision est la même durant l’antiquité. Je pense que cette vision est en rapport avec la question du retour d’Ibliss au paradis. Diable eu l’idée de se cacher sous la queue de l’âne pour rentrer au paradis. D’ailleurs l’appellation arabe de l’âne « Himar » n’est à mon avis qu’une altération de l’expression « le protecteur de Diable» en souvenir à cet acte. Suite à son connivence avec Ibliss l’âne fut déconsidéré par les humains5 . Il est l’incarnation de la stupidité jusque à nos jours. On rapporte que le Prophète Mohamed populaire avait dit que le cri de l’âne annonce la présence d’un diable6 . Seulement, quand Ibliss avait tenté d’entrer discrètement au paradis, un animal l’a débusqué c’est le coq qui s’en est 4 Edard Weber, Petit dictionnaire…, Paris 1996, p. 117. 5 Ibid., p. 33. 6 Malek, Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éditions Albin Michel, Paris 1997, p. 101.
  • 6. aperçu et l’avait dénoncé par ces cris. Cette dénonciation a valu au coq d’être considéré par les humains. Une tradition musulmane veut que le chant du coq signale présence de l’ange7 . La gloire exceptionnelle du coq chez plusieurs peuples de l’antiquité s’explique sûrement par cet acte de dénonciation du Diable à son retour au paradis. Chez les Etrusques par exemple le coq est considéré comme un animal sacré (figure 2). Les Gaulois le prennent carrément comme leur emblème. 2. La tentation de l’arbre Une fois au paradis, Ibliss va tenter de faire commettre à Adam et Eve un acte de désobéissance à Dieu. Il eu pour idée de les inciter à transgresser l’ordre divin de ne pas s’approcher de l’arbre du paradis. C’est la première mise à l’épreuve de Dieu pour Adan et Eve afin de les tester. C’est la raison pour laquelle l’arbre est devenu un symbole d’une haute importance. La vénération qu’accordent les Japonais à l’arbre miniaturisé appelé "Bonzai" n’est autre que la manifestation de l’importance qu’accordent les humains à l’arbre du paradis. Quand Ibliss est parvenu à convaincre Adam et Eve de gouter à l’arbre du paradis, naturellement ils voulurent d’abord s’en approcher. Encore une fois nous avons des témoignages archéologiques et anthropologiques sur cet épisode. Adan et Eve avaient sollicité chacun le pied droit pour s’approcher de l’arbre interdit. Celui là avait refusé par respect à l’interdit divin. Cependant, le pied gauche avait cédé à la tentation. C’est ce qui explique sans doute que le pied droit est considéré comme un bon présage. Il est représenté partout depuis l’antiquité. Une fois près de l’arbre, Adam et Eve devaient cueillir un fruit de cet arbre, la main droite avait refusé de le faire alors que la main gauche n’avait pas eu de scrupule à commettre cet acte. C’est pourquoi la main droite est glorifiée tandis que la main gauche est bannie. Par extrapolation, l’idée même de gauche est devenue déconsidéré par contre celle de la droite incarne le bien. Ainsi, le mot sinistre qui veut dire littéralement gauche est devenu synonyme de grand malheur. La raison qui pourrait expliquer pourquoi le pied et la main gauche n’ont pas respecté l’interdit divin pourrait vraisemblablement être la suivante. Quand Dieu avait façonné Adam de terre et l’avait laissé un temps pour sécher, Ibliss eu écho de cette création, il s’était précipité pour voir cette créature. Une fois devant la statue d’Adam, il était ébloui par l’œuvre alors il y pénétra et trouva qu’elle était vide de l’intérieur. L’intrusion d’Ibliss s’est faite par le nez sa sortie s’est faite par le pied. Je pense alors qu’Ibliss avait pénétré à l’intérieur de la statue d’Adam par la narine gauche et sa sortie s’est faite par le pied gauche ainsi le côté gauche d’Adam était souillé par Ibliss. C’est ce qui explique par la suite que le pied et bras gauche ont facilement cédé à la tentation de transgresser l’interdit de s’approcher et gouter à l’arbre sacré. 3. La cueillette de l’arbre Quand Adam et Eve s’approchaient de l’arbre interdit ils avaient sûrement découverts qu’il était bien gardé par des lions géants. Des répliques de statues de lions se retrouvent partout durant l’antiquité. Elles ne sont autres que la mémoire de ces créatures chargées de veiller sur l’arbre du paradis. De plus, comme l’arbre du paradis, les fruits de cet arbre était sans doute bien gardés. Cette tâche incombait à des reptiles géants ou plus précisément à des serpents géants. Alors Ibliss dû user de son ingéniosité pour déjouer cette garde. Il avait sûrement eu recours à la magie. C’est pour cette raison que les reptiliens sont liés à la sorcellerie chez plusieurs peules sémitiques8 . Le rite d’apprivoisement des vipères qu’on retrouve en Inde par exemple n’est que la perpétuation de cette action. Le terme « Cobra » qui veut dire « Le grand » est le souvenir de ces créatures géantes gardiennes de l’arbre du paradis. Quand Ibliss avait réussi à tromper les gardiens de l’arbre du paradis Adam et Eve avaient alors pu avoir accès au fruit interdit, et le cueillir. Une représentation jusque là unique sur un vase cultuel punique de Carthage commémore vraisemblablement cet instant (figure 3). Je document inédit d’une haute importance c’est la raison pour laquelle je lui ai consacré une note9 . Egalement 7 Weber, Petit dictionnaire…, Paris 1996, 86. 8 Malek, Chebel, Dictionnaire…, Paris 1997, p. 106. 9 Adel Njim, « Vase punique de Carthage avec scène de décor du péché originel » in Le répertoire décoratif et iconographique en Méditerranée antique et médiévale, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, 2-4 décembre 2013, p. 2, figure 1.
  • 7. l’expression courante « la pomme d’Adam » commémore le sentiment de culpabilité de l’humanité pour cet acte. 4. La punition divine Il semble que la transgression de l’interdiction de toucher à l’arbre du paradis par Adan et Eve avait provoqué la colère de Dieu. Cet acte eu de multiples conséquences. La première manifestation de la punition divine est la désacralisation du couple. En effet, au paradis Adan et Eve vivaient dans une nudité totale sans se gêner l’un de l’autre. Juste après avoir gouté au fruit sacré ils commençaient à s’apercevoir de leur nudité à en être embarrassés. Pour la dissimuler ils se couvraient avec le feuillage de l’arbre sacré. Nous avons un témoignage archéologique antique très intéressant auquel aucun n’avait fait attention auparavant qui d’après moi montre de façon manifeste l’action d’Adan et Eve de se couvrir avec les feuilles de l’arbre du paradis après avoir touché au fruit interdit. Ce document montre un roi mésopotamien dont la partie inférieure du corps est couverte de feuillage. Cette attitude est surement la mémoire d’Adan quand il fut couvert du feuillage de l’arbre interdit dont ils avaient cueilli le fruit avec sa compagne (figure 4). Mais la punition divine la plus sévère reste à venir. En effet, suite à leur acte Adan et Eve furent ordonnés de quitter le paradis. C’est sans doute l’un des évènements majeurs dans leur vie et dans celle de l’espèce humaine entière. III. La sortie du paradis 1. La descente sur terre L’action d’Adan et Eve était tellement inacceptée par Dieu qu’elle eu pour conséquence de leur faire perdre le privilège de vivre au paradis. En effet, après avoir transgressé l’interdit de l’arbre Adam et Eve étaient délogés du paradis et ordonnés de descendre sur terre. Une nouvelle étape va commencer pour eux et pour leur progéniture. Pour quitter le paradis une monture leur est réservée pour quitter le paradis vers la terre. Leur descente s’est faite en grande pompe parce qu’un nouveau chapitre de leur histoire allait commencer. Ce voyage est à jamais gravé dans la mémoire de l’humanité. Les représentations sont fixées sur divers supports tels que plaquettes en terre cuite à vocation sans doute cultuelle10 , les monnaies11 ou les mosaïques. Parfois nous y voyons un coulpe et parfois c’est une monture pour un homme seul ou une femme seule. Cet évènement a tellement marqué les esprits humains qu’il est sans cesse remémoré. Je pense la descente du Père Noel en chaque début d’année sur ses traineaux tirés par des rennes est le souvenir de cet action. De multiples cultures ont conservé le souvenir de ce voyage. Les Chrétiens n’ont fait qu’adopter cette fête jusqu’à nos jours. Une fois sur terre une nouvelle vie va commencer pour le premier couple d’humains. C’est une vie de lutte sans doute très différente de la vie paisible du paradis. Adan et Eve doivent se battre contre les animaux d’abord pour leur sécurité et pour leur nourriture. Ils doivent aussi se battre des occupants qui les avaient précédés sur terre comme les Jinns. 2. Le mythe d’Hercule La lutte d’Adan le premier père de l’espèce humaine sur terre est sans doute conservée dans la mémoire collective de sa descendance. C’est la mythologie qui nous donne un témoignage éclatant sur cette épopée fascinante et périlleuse qui a vu l’émergence de notre premier ancêtre et son hégémonie sur les occupants de la terre qu’ils soient animaux ou Jinns. Je pense qu’il y a un mythe très célèbre auquel jusque là aucun chercheur n’avait prêté attention qui relate cette aventure. C’est celui d’un nommé d’Hercule. Les douze 10 Mhamed Hassine Fantar, Eschatologie phénicienne-punique, Institut National d’Archéologie, Tunis 1970, pl. XVI. 11 Mhamed Hassine Fantar, Ibid., pl. XVII.
  • 8. travaux d’Hercule ne sont que le reflet des douze mois de l’année qu’Adan avait passé pour triompher de ces adversaires et leur prouver sa force12 . 3. Adan et sa descendance dominent la terre Sur terre avait commencé un nouveau chapitre de la vie de l’espèce humaine qui continue jusqu’aujourd’hui. Des questions diverses sont relatives à cette aventure relatives au lieu précis du début de cette aventure. La littérature religieuse islamique nous informe que la Mecque était le premier endroit où Adan et Eve avaient élu leur premier domicile. D’autres sources donnent un autre récit. Elles nous informent que la descente d’Adan et Eve fut sur terre fut dans l’actuelle île de Ceylan13 . Egalement, le nom de la cité de Lhassa capitale actuelle du Tibet qui encore un lieu sacré pourrait être vu comme le terme arabe de « El Hajja » qui signifie le lieu vers lequel on se dirige pour le pèlerinage. Ce nom serait-il la mémoire d’un lieu de culte ou d’une capitale religieuse oubliée remontant à l’époque où Adan et Eve avaient vécu dans cette région. De telles hypothèses sont sûrement séduisantes d’autant plus qu’elles n’avaient jamais constitué un objet pour les recherches scientifiques malgré les témoignages religieux, archéologiques et anthropologiques divers. Conclusion Cette note qui touche à sa fin est sans doute préliminaire et incomplète. C’est ma contribution pour décrypter cette miriade de symboles qu’on trouve partout et à differentes epoques mais dont ne trouve les explications que dans la littérature religieuse. Cette thématique n’a pas auparavant fait partie des soucis de la recherche scientifique s’impose par le nombre d’arguments disponibles. Il s’agit de multiples témoignages sur la foi des cultures anciennes au paradis et aux prophètes. Une figure peinte dans une tombe punique de Jbel Mlezza au Cap Bon montre le voyage de l’âme vers le paradis. Cette figure malgré l’ancienneté de sa découverte reste mal interprétée et mérite d’avantage d’analyse14 . Nous avons aussi des témoignages antiques sur les prophètes. Une peinture tombale d’un monument funéraire libyque de type hanout situé dans les environs de Béja an nord de la Tunisie comporte une représentation découverte depuis des décennies mais qui reste faussement lue. Je pense fort qu’il s’agit de la représentation du prophète Noé et sa communauté lors de déluge (figure 5)15 . Nous disposons également de témoignages ethnographiques très intéressants sur la foi très ancienne aux prophètes et à leur histoire. Dans le village de Rajiche au Sahel tunisien on fabrique encore des barques en terre cuite qu’on offre aux jeunes mariées16 . Cette coutume n’est autre que la mémoire de l’arche de Noé qui s’est perpétuée dans les villages du Sahel tunisien (figure 6). J’espère fort que cette tradition très intéressante fera prochainement l’objet d’une note spécifique. Cette note constitue une continuité avec d’autres recherches que j’avais effectuées sur des indices relatifs à la mémoire collective et vraisemblablement à la véritable unité des cultures du monde17 . Cette thématique est encore l’exclusivité des études religieuses pourtant les indices à la fois matériels et ethnographiques sur ce dossier sont très nombreux. Dans ce contexte, je ne peux que suggérer d’approfondir les recherches dans le domaine de la mémoire afin de l’explorer et de la valoriser davantage. On pourrait lancer un projet d’unification des sources de toutes les cultures relatives aux symboles et de tenter de dépasser le 12 Edith Hamilton, La mythologie, édition Marabout, Belgique 1997, p. 290, planche : Hercule capturant le sanglier. 13 Edard Weber, Petit dictionnaire…, Paris 1996, p. 314 (Sarandib). 14 Mhamed Hassine Fantar, Eschatologie phénicienne-punique, Institut National d’Archéologie, Tunis 1970, pl. XXVI. 15 Jamel Zouglami - Gabriel Camps, Atlas Préhistorique de la Tunisie Feuille de Souk el Arba, Ecole Française de Rome, 1989, p. 45, figure 44. 16 Adel Njim, « vase de Carthage… », Le répertoire décoratif… 17 Adel Njim, « Unité des cultures du monde », in El Arabia, 2014, n° 443, p. 12-16.
  • 9. cloisonnement de chaque culture et sa prétention de détenir la vérité dans ce champ de la connaissance mais plutôt de fonder une approche globale et attentive dont le souci absolu serait de parvenir à la vérité. Une telle approche ne peut qu’avoir des retombées très positives sur notre quête identitaire commune non seulement locale mais aussi universelle. Bibliographie : Adel Njim, « Vase punique de Carthage avec scène de décor du péché originel » in Le répertoire décoratif et iconographique en Méditerranée antique et médiévale, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, 2-4 décembre 2013, p. 1-8, en cours de publication. Adel Njim, « Unité des cultures du monde », in El Arabia, 2014, n° 443, p. 12-16. Adel Njim , « La cosmogonie étrusque, libyque et punique », in Haut Commissariat à l’Amazighité (dir.), Massinissa au cœur de la consécration du premier Etat numide, 20-22 septembre 2014, Constantine 2015, p. 117-136. Malek, Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éditions Albin Michel, Paris 1997 Edith Hamilton, La mythologie, édition Marabout, Belgique 1997. Mhamed Hassine Fantar, Eschatologie phénicienne-punique, Institut National d’Archéologie, Tunis 1970. Jamel Zouglami - Gabriel Camps, Atlas Préhistorique de la Tunisie Feuille de Souk el Arba, Ecole Française de Rome, Rome, 1989. Edgard Weber, Petit dictionnaire de mythologie arabe et des croyances musulmanes, éditions Entente, Paris 1996. Liste et références des figures : Figure 1 : Adan regardant Eve datant du septième siècle av. J.-C., exposé Musée de Cnossos (Crète) : photo de l’auteur. Figure 2 : Vase en forme de coq chez les Etrusques datant de la deuxième moitié du septième siècle av. J.- C., exposé au Métropolitain Muséum de New York. Figure 3 : Adan, Eve et Ibliss cueillant le fruit du paradis sur un vase cultuel punique ; Adel Njim, « Vase punique… » in Le répertoire décoratif…, p. 2, figure 1 : dessin de l’auteur.
  • 10. Figure 4 : Statue mésopotamienne du roi Ebih-il Nu-banda (vers 2340 av. J.-C.) à l’image d’Adan couvert du feuillage de l’arbre du paradis ; statue exposée au Musée du Département des Antiquités Orientales du Musée du Louvre. Figure 5 : le prophète Noé sur son arche lors du déluge provenant d’un hanout de Kef el Blida (Béja) ; Jamel Zouglami - Gabriel Camps, Atlas…, p. 45, figure 44 : photo de l’auteur. Figure 6 : barque actuelle en terre cuite de Rajiche (Sahel) ; Adel Njim, « Vase punique…» in Le répertoire décoratif…, p. 8, figure 6 : photo de l’auteur. Catalogue des figures : Figure 1 Figure 2