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Les Français s’accordent en effet massivement sur la nécessité de simplifier et de dématérialiser
certaines procédures (87 %). À un niveau inférieur, ils se montrent favorables à une fusion de
certains échelons de collectivités locales (77 %), à une mutualisation des fonctions support (75 %) et
à la mise en place d’une allocation unique en remplacement des différentes allocations et prestations
sociales existantes (73 %). Ces différentes pistes font l’objet d’un certain consensus au sein de la
population, quelle que soit la sensibilité partisane. Mais l’unité s’effrite à l’évocation d’autres pistes,
telles que la suppression du statut de la fonction publique ou la limitation du statut de la fonction
publique aux fonctions régaliennes (56 %), mais aussi l’établissement de franchises sur les
remboursements de médicaments (40 %). Le clivage politique gauche-droite opère en effet nettement
sur ces questions, entre des sympathisants de gauche rétifs et des sympathisants de droite
majoritairement favorables.
Délégation de services publics
Interrogés sur les nouveaux modèles de production des services publics, les Français plébiscitent les
schémas fondés sur la flexibilité et la souplesse. Les personnes interrogées se montrent ainsi
majoritairement favorables à la généralisation de la possibilité de passer d’un emploi dans le public à
un emploi dans le privé, et inversement (90 %) et à la création d’agences publiques plus autonomes
que les services ou directions des administrations (77 %).
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Mais s’il s’agit clairement pour elles d’apporter un nouveau souffle et des compétences extérieures
dans le processus de production, il s’agit moins de déléguer directement des services publics à des
personnes privées. L’ouverture de la production de services publics à des prestataires externes et
associatifs (61 %) – notamment des modèles d’écoles gérées par des parents d’élèves, des
enseignants, des associations caritatives (54 %) – suscite un assentiment moins fort tout en créant
une césure en fonction de la sensibilité politique.
Processus de production
L’intégration du citoyen dans le processus de production de l’action publique apparaît comme un
souhait important des Français dans la perspective de rendre celle-ci plus efficiente. Ces derniers
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3. semblent cependant davantage favorables à une intervention des usagers en aval du processus de
production plutôt qu’à sa source. Plus de quatre personnes sur cinq (84 %) jugent qu’utiliser
davantage le numérique pour la délivrance de services publics et qu’interroger davantage les usagers
sur l’évaluation de l’efficacité des services publics (84 % aussi) seraient des moyens efficaces
d’amélioration de l’action publique.
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Damien Philippot
directeur des études politiques au département “Opinion et stratégies d’entreprise” de l’Ifop
Sondage Acteurs publics/Ernst & Young réalisé par l’Ifop pour l’Observatoire des politiques
publiques auprès d’un échantillon de 1 009 personnes représentatif de la population française
âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interviewé) après
stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire
auto-administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing) du 11 au 13 mai 2014.
L’expertise d’EY
Par Arnauld Bertrand, associé EY, responsable des activités “secteur public” France,
Luxembourg, Maghreb
Les indicateurs économiques et électoraux témoignent de l’urgence de construire une feuille de
route précise de la modernisation publique.
Croissance en berne, chômage persistant, attractivité en panne, peur de la précarité*, succès du Front
national aux européennes : la France n’a plus le choix, elle doit se réinventer.
Contrainte par des déficits publics excessifs, elle doit retrouver ses marges de manœuvre en réduisant
sa dépense publique, qui s’établit en 2013 à 57 % du PIB (près de 1 200 milliards d’euros), soit
10 points de plus que la moyenne européenne.
Cet écart serait acceptable si ces dépenses concouraient à nous assurer un avantage compétitif. Il
n’en est malheureusement rien. Une étude récente de l’OCDE** montre un pays en retard sur la
qualité de l’éducation, l’engagement civique, la sécurité, l’emploi et le pouvoir d’achat. Nous
arrivons uniquement à nous rapprocher, sans apparaître dans le peloton de tête, des pays les plus
performants sur l’équilibre travail-vie personnelle, le logement, l’environnement et la santé.
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4. Conscient de la situation, le gouvernement a annoncé un Pacte de responsabilité visant à alléger les
charges des entreprises pour favoriser compétitivité et emploi et un plan d’économies de 50 milliards
d’euros. D’ampleur inégalée, ce plan passe par une réorganisation territoriale, par une pression sur
les dépenses sociales et par la poursuite des plans de réduction de dépenses de l’État.
Mais si de premières mesures ont été annoncées – gel des retraites, du point d’indice des
fonctionnaires, de certaines allocations, fusion de régions, possible disparition des départements à
l’horizon 2020 –, le succès de ce plan d’économies implique en réalité de revoir en profondeur les
politiques conduites, de réinterroger leurs priorités et objectifs, leur cohérence, leur efficacité et de
rechercher des modes de production et de gestion pour plus d’efficacité à moindre coût.
Les Français y sont prêts et appellent à cette évaluation systématique des politiques publiques
promises par la Modernisation de l’action publique (MAP) et au corollaire de transparence de
l’efficacité des services publics. De même, ils se disent largement favorables aux opérations
d’optimisation, qu’il s’agisse de simplification et de dématérialisation, de fusion de collectivités ou
de mutualisation de fonctions support ou de dispositifs publics.
La maturité de nos concitoyens se retrouve également dans leur adhésion à un recrutement public
plus ouvert et à des modes de production plus diversifiés sous forme d’externalisations ou de
partenariats.
Enfin, l’association accrue des usagers aux phases de conception, de gestion, d’usage et d’évaluation
des services rendus, largement développée ou en développement dans la plupart des pays de
l’OCDE, doit s’accélérer tant pour contribuer à une meilleure adéquation et performance des services
publics que pour répondre à une évolution attendue par la société dans son ensemble.
Les indicateurs économiques et électoraux témoignent de l’urgence de construire une feuille de route
précise de la modernisation publique. Les Français y répondent en se disant manifestement
favorables à la mobilisation de l’ensemble des leviers de transformation et de performance existants.
Avec, en France comme à l’étranger, la nécessité d’inscrire ces actions dans un projet global donnant
du sens, emportant l’adhésion, libérant les énergies et redonnant confiance dans les atouts nombreux
de notre pays.
* 94 % des Français redoutent la précarité, selon un sondage Croix Rouge Opinionway, 2014.
** Better Life Initiative, OCDE, 2014
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