Dans le supplément Économie du journal Le Parisien du 20 avril 2015, Sophie Stadler réalise un dossier "Face à face" sur Code Rousseau et ENPC et demande "L'avis de l'expert" à Christophe Chaptal de Chanteloup
La revue des Marques | avril-juin 2015 | Christophe Chaptal de Chanteloup
Le Parisien Economie | 20 avril 2015 | L'avis de l'expert | Christophe Chaptal de Chanteloup
1. 08 ÉCONOMIE FACE À FACE
LE PARISIEN ÉCONOMIE I LUNDI 20 AVRIL 2015
Christophe CHAPTAL
DE CHANTELOUP
auteur de la Chaîne de valeur
de l’offre - Maîtrise des
processus, stratégie,
marketing, design et
communication. Paru en
janvier 2015 chez de Boeck.
Sespointsforts :
«Cettemarqueaun
positionnementdeleader,c’est
LAréférencedumarché.Son
nomestquasimentdevenuun
nomcommun,ilbénéficied’une
notoriétéimmédiate.C’estune
forceetCodesRousseauasu
s’enservirpoursaisirpour
négocieraumieuxletournantdu
numérique.Onsentquecette
marquepatrimonialemaîtriseet
dominesonsujettantdansses
ouvragespapierquepourses
outilsenligne.Ellesepositionne
aussidemanièrebeaucoupplus
puissantequesesconcurrents
surlemarchéprofessionnel.»
Sespointsfaibles :
«Lepermisdeconduireestun
passageobligépourlesjeunes
adultesetenplusestassez
coûteux…Lepositionnement
trèsinstitutionnelethistorique
deCodesRousseaunepermet
pasd’allégerlesujetet
d’apporterunpeudefantaisie
dansdescoursetdestests
d’esprittrèsréglementaires,
stricts,contraignants.Onsent
queçanevapasêtretrèsdrôle…
Lamarquenesemetpasàla
placeduparticulier,dujeunequi
aimeraitsansdoutequ’onl’aide
àprendreunpeudeplaisirdans
cetapprentissagetrèsformaté.
Seschallengersjouent
beaucouppluslacartedufun,
duplaisird’apprendreetde
conduire.»
Codes Rousseau, l’acteur historiqueLa PME vendéenne créée en 1937 reste le principal fournisseur d’outils pédagogiques autour du permis de conduire.
Elle doit cependant faire face à une concurrence grandissante.
țPrésident : Michel Goepp
țSiège Social :
Les Sables-d’Olonne (Vendée)
țEffectif : 82 salariés
țChiffre d’affaires 2014 : 13 millions d’euros.
La fiche
D’IDENTITÉ
DATE DE CRÉATION
(DR.)
1937
(DR.)
Positionnement
C’est en 1937 que Louis Rousseau,
moniteur d’auto-école aux Sa-
bles-d’Olonne, a l’idée de compiler
dans un livret toutes les questions les
plusfréquemmentposéesàsesélèves
par les inspecteurs du permis de
conduire. A l’époque, les apprentis
conducteursnepassentpasd’épreuve
de code, mais doivent malgré tout sa-
voir identifier les panneaux de signa-
lisationpourobtenirleurpermis.Très
vite,iléditesescodesetlesvenddans
la France entière. « Sa force est
d’avoir proposé la personnalisation
des ouvrages aux couleurs des auto-
-écoles dès1965 », explique le prési-
dent actuel Michel Goepp. En 1987,
l’activitésediversifieetCodesRous-
seau commence à éditer également
un logiciel de gestion. La PME de-
vient dès lors un fournisseur in-
contournable de toutes les écoles de
conduite. Son catalogue recense au-
jourd’hui plus de 600 références al-
lant des produits pédagogiques aux
boîtiers de tests ou aux stickers pour
habiller les voitures. Pendant de très
nombreusesannées,CodesRousseau
bénéficie d’un quasi monopole et
s’impose comme le leader incontesté
surcemarchédeniche.
Stratégie
L’explosion du numérique a fait
émerger plusieurs concurrents, tels
queEdiser,lesEditionsnationalesdu
permis de conduire (ENPC), Planète
Permis ou encore Codéclic. Tous
sontfournisseursofficielsdesauto-é-
coles et proposent des produits péda-
gogiques conformes au programme
national de formation à la conduite
(PNF). Et si Codes Rousseau reven-
dique toujours la place de leader du
marché avec plus de 45% de parts de
marché (sur les outils pédagogiques
autour du permis B) et 13 millions
d’euros de chiffre d’affaires, c’est
grâce à sa très forte notoriété auprès
des 9 000 auto-écoles françaises.
Mais elle doit penser à sa diversifica-
tion. Après le lancement de produits
dérivés en grandes surfaces et librai-
ries(codespourenfants,seniors),elle
a mis sur le marché en septembre un
simulateur de conduite qui permet
aux nouveaux élèves d’apprendre à
maîtriser le véhicule. « Enfin, la pré-
vention du risque routier dans les
grandes entreprises (Veolia, Total,
SNCF), représente aujourd’hui en-
viron 10% de notre chiffre d’affaires,
ajoute Michel Goepp. Et nous avons
aussil’ambitiondenousdévelopperà
l’international.PrésentsauMarocde-
puis 2004, nous sommes en discus-
sion avec le Cameroun, le Sénégal et
la Côte d’Ivoire pour y mettre en
place les systèmes d’examen du
permis de conduire, et fournir les
auto-écoles. » L’entreprise y vise les
2 millions d’euros de chiffre d’af-
fairesd’ici5ans.
Politiquesociale
Rattachée en 2002 au groupe alle-
mand Springer SBM, l’entreprise
vendéenne emploie aujourd’hui 82
salariés (infographistes, dévelop-
peurs web, web designers, marke-
ting…).Aprèsdifférentescrisesetra-
chatssuccessifsdanslesannées1980
à2000,laPMEafaitlechoixderester
implantée en Vendée, même si elle a
dû se séparer de son imprimerie inté-
grée.Lescodespapiersontdésormais
conçus au siège mais fabriqués par
d’autres imprimeries vendéennes.
L’entreprise emploie également
quinze commerciaux indépendants
qui sillonnent la France pour démar-
cher les auto-écoles. Ainsi que trois
personnes pour son activité préven-
tion des risques en entreprise. Elle
continue d’embaucher régulièrement
pour pallier certains départs en re-
traite.
Les produits qui
CARTONNENT
ț Le code de la route Rousseau B en version papier
Il s’en vend toujours 450 000 exemplaires par an en
France, dont 75% sont personnalisés aux couleurs des
auto-écoles qui les fournissent à leurs élèves. Ils peu-
vent aussi être vendus directement en librairies et
grande distribution. Prix public conseillé : à partir de
15 euros.
ț Easyweb
Ces cours et tests de code en ligne vendus aux auto-é-
coles explosent depuis 3 ans. 305 000 élèves en ont
acheté en 2014 pour réviser à la maison. Lancement
en mai d’une déclinaison sur Smartphone et ta-
blettes. Prix public conseillé : entre 25 et 30 euros.
ț Les produits d’équipement
pour les auto-écoles
Entre 4000 et 5000 panneaux de toits, stickers
pour habiller les voitures, mais aussi boîtiers de
code, tests, vidéos, DVD sont vendus chaque
année aux école de conduite. MyRousseau vient d’être
lancé et permet d’avoir accès à l’ensemble de la
DVDthèque sur une clé USB.
(DR.)
(DR.)
(DR.)
L’AVIS DE L’EXPERT
L’actualité de la marque
450 000 exemplaires
vendus de son code B en version papier par an.
600 références de produits au catalogue
(fournitures pour les auto-écoles et leurs élèves).
Diversification :
la prévention des risques routiers dans les entreprises
représente environ 10 % du chiffre d’affaires.
45 %
de parts de marché
revendiquées
sur le permis B.
milibris_before_rename
2. FACE À FACE ÉCONOMIE 09
LE PARISIEN ÉCONOMIE I LUNDI 20 AVRIL 2015
ENPC, le nouveau modèleL’entreprise née en 1996 ne fournit que les auto-écoles et ne vend pas de produit au grand public directement.
Mais elle a su s’imposer sur le marché et talonne de près le leader historique.
țDirecteur général : Yves Painsar
țSiège social :
Saint-Herblain (Loire-Atlantique)
țEffectif : 59 salariés
țChiffre d’affaires 2014 : 12,4 millions d’euros
La fiche
D’IDENTITÉ
DATE DE CRÉATION
(DR.)
1996
(DR.)
Christophe CHAPTAL
DE CHANTELOUP
auteur de la Chaîne de valeur
de l’offre - Maîtrise des
processus, stratégie,
marketing, design et
communication. Paru en
janvier 2015 chez de Boeck.
Sespointsforts :
“ENPCjouelacartedela
facilité,dusourire,del’envie
d’apprendreuncodedelaroute
pastoujourstrèsdrôleàingérer !
Cettestratégiemarketingdénote
biensavolontéd’êtrebeaucoup
plusprochedescandidatsau
permisdeconduireettoutcet
apprentissageobligatoireest
abordédemanièredécontractée.
Cepositionnementexpliqueen
partielacroissancetrèsrapide
decetteentreprisechallenger
surunmarchédeniche.La
marqueesttrèsjeunemaisasu
trouversaplaceetseforgerune
réputationappréciableauprès
desauto-écolesetdeleurs
élèves.”
Sespointsfaibles :
EnsedénommantlesÉditions
nationalesdupermisde
conduire,cetteentreprisetire
partid’uneambiguïté
sciemmententretenue.
Alorsqu’àsonlancementen
1996lemarchéétaittrustépar
unacteurmajeurultra-célèbre,
avecuntelnomellesedotait
d’unecaution«publique»
rassurante.Aujourd’huiencore
onpeuttoujourslaconfondre
avecuneentrepriseofficielle,
alorsqu’iln’enestrien :c’est
bienunesociétéprivée.Cette
astucemarketingluiapermisde
sedoterd’unecertaine
légitimité,maisladémarche
peutparaîtreunpeu«limite».
Les produits qui
CARTONNENT
ț Le livre de code B ENPC papier
Ce livret personnalisable et imprimable en très petites
séries se vend aujourd’hui à 500 000 exemplaires par
an et a détrôné le leader historique du marché. Prix de
vente conseillé : non communiqué.
ț Prépacode
Lancés en 2007, ces tests et cours en ligne,
vendus par les auto-écoles en complément
du livre de code, génèrent actuellement
50 000 connexions par jour. Le Prépacode B
contient 2200 questions, mais les tests sont
également disponibles pour les apprentis au
permis moto, bateau et poids lourd. Prix de
vente public conseillé : à partir de 30 euros.
ț Les boîtiers DigiQuiz
Lancés en 2011, ce sont les premiers boîtiers de révi-
sion du code interactifs et personnels (à usage unique,
ils sont recyclés une fois que l’élève a obtenu son code).
Ils permettent aux élèves de réviser chez eux. Prix de
vente conseillé : à partir de 15 euros.
Positionnement
Créées en 1996 par Didier Thomas
(un ancien concepteur de Codes
Rousseau), les Editions nationales
du permis de conduire (ENPC),
ont toujours affiché un positionne-
ment distinct vis-à-vis du concur-
rent historique : être une entre-
prise BtoB, au service des seules
auto-écoles. « Nous refusons de
vendre directement aux élèves et
au grand public, explique Gaëlle
Liope, directrice marketing. ENPC
reste ne vend ses codes, tests, ou-
tils pédagogiques et ses 2 000 pro-
duits et fournitures qu’aux établis-
sements d’apprentissage de la
conduite des permis B, poids
lourd, moto et bateau. » En à peine
20 ans, la jeune entreprise est de-
venue l’autre leader du marché et
revendique aujourd’hui environ
50% de parts de marché (au
global : livres de code, outils pé-
dagogiques, fournitures…).
« C’était difficile d’arriver sur un
marché où le leader historique était
si connu, ajoute Gaëlle Liope.
Nous nous sommes battus sur les
prix, la palette très large de nos
produits et services, le numérique
et la pédagogie. » Un engagement
payant puisqu’aujourd’hui, les
prix pratiqués par ENPC sont sou-
vent perçus par les auto-écoles
comme moins chers (ou générant
plus de marges) et leurs codes
conçus « tout en un » sont les seuls
du marché à expliquer et permettre
en même temps aux élèves de
tester leurs acquis et connais-
sances.
Stratégie
Pour émerger sur ce marché de
niche, ENPC a beaucoup innové.
En 2007, l’entreprise lance Prépa-
code, ses premiers tests de code en
ligne, dont elle décline des appli-
cations mobiles dès 2012. En
2011, elle est la première société
du marché à inventer les Digiquiz,
des boîtiers individuels qui per-
mettent aux élèves de réviser leur
code dans les conditions réelles
d’examen quand ils sont à l’auto-
école, mais aussi chez eux. Elle
sortira enfin en mai 2015 un nou-
veau simulateur de conduite sur
véhicule léger… Résultat, ENPC
réalise aujourd’hui 12,4 millions
d’euros de chiffre d’affaires (88%
réalisés en auto-écoles et 12% vers
ses grands comptes : organismes
de formation à la prévention rou-
tière, bateaux-écoles), talonnant de
près son concurrent historique. En
mai 2014, Didier Thomas a pris sa
retraite et cédé sa PME au groupe
Média Participations – Fleurus,
mais la société reste basée à Saint-
Herblain et défend son fonctionne-
ment d’entreprise familiale indé-
pendante.
Politique sociale
ENPC employait 4 salariés à sa
création en 1996… Ils sont 59 au-
jourd’hui et l’entreprise continue
de recruter régulièrement pour en-
richir en talents ses services infor-
matique, hotline, e-learning, ser-
vice après vente… Sa force de
vente est l’une des clés de la
percée fulgurante de ENPC sur le
marché des auto-écoles. La ving-
taine de commerciaux qui visitent
les établissements sont tous d’an-
ciens moniteurs qui connaissent
bien le métier, les besoins des
élèves et des gérants. Pour accom-
pagner son développement, l’en-
treprise recrutera probablement
dans les mois à venir une personne
au marketing (contrat de profes-
sionnalisation), ou encore des
commerciaux et des développeurs
web.
(DR.)
(DR.)
(DR.)
L’AVIS DE L’EXPERT
L’actualité de la marque
500 000 exemplaires
vendus de son code B en version papier par an.
2 000 références de produits au catalogue
(fournitures pour les auto-écoles et leurs élèves).
Diversification :
la prévention, la formation professionnelle pour les grands comptes,
ainsi que les activités pour les bateaux écoles représentent
12 % du chiffre d’affaires.
de parts de marché
revendiquées
sur le permis B.
47,1 %
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