L'Erythrée, l'Ethiopié et la Somalie font front contre l'impérialisme

1. Les États-Unis mordent la poussière dans la Corne de l'Afrique
En décembre de l'année dernière, le professeur Mohamed Hassan, expert de
l'Afrique et du Moyen-Orient, a passé quelques trois semaines dans la Corne de
l'Afrique. Il a d'abord visité l'Érythrée pendant une semaine, puis l'Éthiopie.
"Eritrea-Tour for Friendship" a eu un entretien avec Mohamed le mercredi 29
décembre à Louvain. Il nous a expliqué que l'analyse qu'il avait faite lors de notre
conversation en novembre dernieri est confirmée par les faits et qu'aujourd'hui, la
Corne est en mesure de se libérer davantage de l'emprise de l'impérialisme
occidental.
Grande confiance en soi et optimisme en Erythrée.
Nous devons organiser un autre voyage en Érythrée.
Mohamed a d'abord visité l'Érythrée. À son arrivée, il a subi - comme toute personne
arrivant dans le pays - un test QR Covid-19 et a ensuite été hébergé dans un hôtel
jusqu'à ce que son test s'avère négatif et qu'il puisse se déplacer librement dans la
capitale Asmara et ailleurs. En Érythrée, la pandémie n'est pas combattue par une
vaccination de masse. C'est beaucoup trop cher pour un pays en développement.
Leur méthode est de faire des tests et, en cas d'infection, mettre les personnes en
quarantaine. Parallèlement, il existe un certain nombre de mesures sociales telles
que le port obligatoire de masques, la fermeture des cafés et restaurants à partir de
21 heures, etc.
À ce jour, l'Érythrée n'a enregistré que 8026 infections et 76 décès.
Comme lors de chaque voyage en Érythrée, Mohamed s'est entretenu avec le
ministre des affaires étrangères. Sa rencontre avec le ministre de la Justice, à
l'occasion de la "semaine de la loi", durant laquelle la population est encouragée à
mieux connaître et comprendre les lois et est également invitée à faire des
suggestions pour les améliorer, a été très intéressanteii.L'épidémie de Covid et les
nouvelles sanctions rendent la situation un peu plus difficile pour la population, mais
seulement dans une mesure très limitée. Les Erythréens ont déjà connu pire. La vie
continue. Les gens sont très optimistes quant à l'avenir du pays. En premier lieu,
bien sûr, parce qu'il n'y a plus de guerre avec l'Éthiopie, mais aussi parce que
l'Érythrée aura un bel avenir grâce à ses perspectives sociales et économiques.
L'Érythrée possède de nombreuses mines, notamment des mines d'or et de
phosphore. En outre, l'agriculture est de plus en plus rentable, principalement en
raison de l'amélioration de l'irrigation. Enfin, il y a la mer Rouge et ses nombreuses
îles. La pêche se développe et les deux ports sont en cours d'agrandissement,
offrant ainsi une alternative au coûteux Djibouti.
Mohamed a trouvé remarquable, que les radiodiffuseurs nationaux, en plus des
nouvelles nationales et des débats sur les développements nationaux, accordent
beaucoup plus d'attention aux pays étrangers. De nombreux documentaires et films
sont projetés sur Cuba, la Chine, l'Afghanistan, l'Iran, divers pays africains et bien
d'autres encore. Des débats sur la situation internationale sont également organisés
sur les chaînes. L'optimisme prévaut également en la matière. Cela contraste
fortement avec le pessimisme et les plaintes de l'Occident.

2. La guerre en Éthiopie n'est plus la ques-
tion primordiale.
Les gens sont soulagés que le TPLF ne
puisse plus les menacer.
Les Erythréens soutiennent les efforts
de leur gouvernement et de leur armée
pour aider l'Ethiopie.
Ils sont très optimistes pour l’avenir des
pays de la Corne d’Afrique.
L'attitude du peuple érythréen envers le peuple éthiopien est très étrange. Il n'y a pas
d'esprit de rancœur ou de haine parmi les Erythréens. Cela ne va pas de soi,
puisque l'Érythrée a dû lutter, depuis 1961, contre différents régimes éthiopiens pour
se libérer en 1991. Après une brève période de paix au début des années 1990, les
tensions ont repris de plus belle avec le nouveau gouvernement du TPLF (le TPLF
était un ancien allié de la résistance érythréenne - l'EPLF). En 1998, une nouvelle
guerre a commencé qui a duré jusqu'en 2000. Cette période a été suivie d'une
période épuisante de "ni paix ni guerre". Jusqu'au printemps 2018, lorsque l'actuel
Premier ministre Abiy a pris le pouvoir et où un accord de paix et de coopération a
été rapidement signé entre l'Érythrée et l'Éthiopie. L'accord a donné une grande
impulsion positive à l'unité des peuples de la Corne.
Grâce à l'éducation politique de leur front de libération (EPLF) et de leur
gouvernement (PFDJ), les Erythréens ont toujours été capables de faire la distinction
entre leurs frères et sœurs d'Ethiopie et le gouvernement qui maintenait le peuple
éthiopien sous sa coupe et le forçait à se battre contre l'Erythrée, la Somalie et
contre diverses minorités en Ethiopie.
Nous devrions - dit Mohamed - organiser un troisième voyage en Érythrée, - dès que
la pandémie aura disparu. Nous devrions convaincre les anti-impérialistes engagés à
se rendre en Érythrée. Nous pourrions combiner cela avec une visite de 3 ou 4 jours
à Addis-Abeba afin que les gens puissent voir la grande différence entre les deux
systèmes politiques et économiques différents.
La situation en Éthiopie est complexe mais évolue favorablement.
Les ethno-fascistes du TPLF ont subi, cet automne, leur deuxième lourde défaite. Ils
ont été vaincus pour la première fois (après leur soulèvement début novembre) par
l'armée éthiopienne. Principalement grâce au soutien de l'impérialisme occidental (et
aux hésitations du Premier ministre éthiopien), les survivants du TPLF ont lancé une
nouvelle offensive à trois voies depuis le Tigré encerclé. Avec la première offensive,
ils voulaient atteindre le Soudan afin de recevoir plus d'aide. Avec la deuxième
offensive, ils voulaient occuper la route entre Addis-Abeba et Djibouti afin que la
capitale ait de sérieux problèmes d'approvisionnement. La troisième offensive est
dirigée contre Addis-Abeba, dont ils s'approchent à environ quelques centaines de

3. kilomètres. Ils ont été repoussés sur tous les fronts par les forces combinées de
l'armée éthiopienne et des milices Amhara et Afariii. Mohamed est certain que le
soutien pratique de l'Érythrée dans la défaite du TPLF a été à nouveau décisif. Mais
il n'a pas donné de détails. Aujourd'hui, le TPLF est à nouveau battu et encerclé dans
le Tigré. Les destructions qu'ils ont causées lors de leur dernière offensive sont
énormes : des hôpitaux, des écoles et des quartiers ont été détruits; des mosquées
ainsi que des églises ont été incendiées, des usines pillées. Sans parler de la
souffrance humaine qu'ils ont causée.
Pour les habitants du Tigré aussi, le bilan est terrible. Chaque famille a dû renoncer à
un fils, même s'il était encore adolescent. Beaucoup sont morts. Les parents du Tigré
pleurent et demandent : "où sont nos enfants" ? Les gens doivent se taire car s'ils
protestent, ils n'obtiendront pas de coupons alimentaires.
Néanmoins, la lutte entre les partisans du TPLF et les ennemis croissants du régime
du TPLF au Tigré s'intensifie. Cela pourrait devenir explosif.
L'offensive des ethno-fascistes du TPLF est en fait une folie. Il s'agissait d'une
autoglorification complète de leur propre force et du soutien qu'ils allaient recevoir de
l'Occident. Ils ont eux-mêmes espéré "une intervention internationale".
Le TPLF a également pensé qu'il pouvait compter davantage sur ses "amis"
étrangers. La plupart de ces "amis" tournent toujours comme des vautours au-dessus
du TPLF moribond dans l'espoir de gagner un peu d'argent (le TPLF a encore
beaucoup d'argent).
La cause de la politique de bluff fatale du TPLF expose un problème plus profond : le
manque total de vision sur l'avenir du Tigré, de l'Éthiopie et de la Corne de l'Afrique
parmi les dirigeants du TPLF. Ils sont fortement divisés : un groupe veut un Grand
Tigré indépendant, les autres veulent reprendre le pouvoir dans toute l'Éthiopie. La
seule chose sur laquelle ils s'accordent est qu'ils veulent détruire l'Érythrée avec
l'aide de l'Occident.
C'est aussi ce que souhaite l'Occident. Mais ce même Occident comprend qu'il sera
difficile de rendre l'Érythrée et l'Éthiopie petites. La situation dans la Corne de
l'Afrique et en Afrique évolue rapidement.
Les États-Unis et l'UE devront choisir !
Aux États-Unis et au sein du parti démocrate, les avis sont partagés sur "qui et quoi
soutenir dans la Corne de l'Afrique". Le soutien au TPLF fond comme neige au soleil
aux Etats-Unis, tandis que le soutien à l'Erythrée et à l'Ethiopie augmente. Le
mouvement "No more" contre les politiques agressives de l'Occident dans la Corne
de l'Afrique y a joué un rôle important. Dans presque toutes les capitales, les
Erythréens et les Ethiopiens ont manifesté ensemble et ont été soutenus par de
nombreux Occidentaux. Par exemple, le soutien des Afro-Américains, pour qui
"l'Éthiopie est la mère de l'Afrique", est énorme.
Un million d'Éthiopiens de la diaspora souhaitent retourner en Éthiopie pour une
courte ou longue période. Beaucoup d'entre eux ont beaucoup d'argent. Cela
donnera un énorme élan économique à l'Éthiopie.

4. Les États-Unis devront changer leur fusil d'épaule et laisser tomber leur serviteur, le
TPLF. Ce changement tactique majeur pour reprendre la main sur la Corne
s'accompagnera toujours, bien sûr, de sanctions et de troubles dans la Corne.
L'impérialisme tentera donc d'exploiter toute division, par exemple au sein de la
Somalie ou entre la Somalie et le Kenya.
Toutefois, ils ne parviendront pas à entraîner les peuples de la Corne de l'Afrique
dans de nouvelles guerres et guerres civiles. La conscience des peuples de la région
est élevée. Au Soudan, par exemple, le peuple continue de protester contre le
régime militaire, mais il ne se laisse pas manipuler par l'impérialisme.
Une intervention militaire n'est pas impossible. Par exemple, via la Somalie, non
seulement pour contrôler l'est de l'Afrique, mais aussi pour garder la mer Rouge, la
mer Indienne et le Pacifique sous l'emprise de l'Occident contre la Chine, si c'est
toujours le cas...
Quelle attitude adopter à l'égard de la Chine ?
L'influence de la Chine dans le monde et certainement en Afrique ne cesse de
croître.
Le caractère de la République populaire de Chine fait l'objet de nombreux débats
parmi les communistes et les anti-impérialistes. Certains partis communistes
qualifient la Chine de pays capitaliste, parfois même de nouvelle puissance
impérialiste. Cette discussion est très importante et doit être menée sérieusement (et
avec un esprit d'autocritique). Mais cette discussion souvent académique ne doit pas
nous faire oublier l'essentiel : l'impérialisme, dirigé par les États-Unis, mène une
campagne agressive quotidienne contre la VR Chine. Les médias occidentaux
parlent souvent de "l'impérialisme chinois qui conquiert et exploite l'Afrique" et de
"l'emprise de la Chine sur notre économie, nos entreprises, ...". La gauche fera-t-elle
campagne en chœur contre "l'impérialisme chinois" en même temps que
l'impérialisme occidental agressif ? C'est inacceptable, d'autant plus que les pays du
"tiers monde" sont très heureux de l'influence et de la puissance croissantes de la
Chine. Les peuples du monde peuvent compter sur le soutien économique, social,
diplomatique et même militaire de la Chine.
La Chine construit des ports, des chemins de fer et des routes en Afrique. Cela
rapproche les peuples et contribue au développement des pays. La Chine fournit 1
milliard de vaccins Covid-19, moitié payants, moitié gratuits.
La Chine poursuit une politique gagnant-gagnant. Il appartient aux gouvernements
africains d'établir des relations économiques et des contrats équitables avec les
Chinoisiv.
Les communistes et les anti-impérialistes devraient soutenir l'attitude de ces peuples
envers la Chine.
Noté par « Eritrea-Tour » (Frans De Maegd) le 29 décembre 2021 à Louvain
i
Voir l'article du 30 novembre sur notre blog : https://www.linkedin.com/pulse/un-autre-
regard-sur-lafrique-et-le-monde-vu-par-mohamed-eritrea-tour/

5. ii
Voir l'article sur notre blog : https://shabait.com/2021/12/11/law-and-nation-building/
iii
De grandes parties des régions Afar et Amhara, où vivent deux importantes minorités
nationales d'Éthiopie, ont été annexées au Tigré par le TPLF pendant son règne de 1991 à
2018. Ces régions sont revenues à ces peuples après la première défaite du TPLF, fin
novembre 2020. Lors de sa nouvelle agression à la fin de l'année 2021, le TPLF a tenté de
reprendre ces régions mais a été vaincu par les milices Amhara et Afar.
iv
Il y a des "Chinois" et des "Chinoises" actifs en Afrique ; l'État chinois, les entreprises
privées chinoises (contrôlées par l'État), les entreprises chinoises de Hong Kong et de
Taïwan...