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1
L’Église en URSS
1932
1. Ce que prétendent nos ennemis
On a répandu à l'étranger bon nombre de mensonges en tous genres à propos de
l'Eglise et de la religion en Union soviétique. Par exemple, la presse bourgeoise a
très fréquemment soulevé des tempêtes de protestations hypocrites contre les
persécutions dont serait victime la foi, contre l'exécution de prêtres et la fermeture
obligatoire des églises en URSS. Tout un chacun se rappellera la prétendue
‘Croisade’ du clergé au début de 1930 lorsque, sous prétexte de vouloir défendre la
religion, une grande campagne a été lancée en faveur de l'intervention contre l'Union
soviétique.
Le pape, chef de l'Eglise catholique, déclarait dans son Encyclique du 2 février
1930 qu'en URSS, les employés de bureau, tant masculins que féminins, étaient
obligés de renier officiellement leur croyance religieuse et de blasphémer. S'ils ne
s'exécutaient pas, on les menaçait de perdre leurs cartes de pain et leurs droits
concernant les fournitures, les services, le logement, etc. Plus loin dans son
Encyclique, le pape, mettant à contribution son imagination ‘divine’, décrit les actes
de violence à l'encontre des croyants ‘persécutés’. Il dépeint de façon
particulièrement vivante les ‘actes cruels’ commis par l'Union des Athées Militants.
Des affabulations absurdes du même acabit ont été réitérées à n’en plus finir
par les dirigeants ecclésiastiques et politiques de tous pays dans leurs parlements,
leurs églises, leurs assemblées.
Ces derniers temps, la presse des pays capitalistes, et spécialement la presse
cléricale, a passé le plus clair de son temps à relater les persécutions dont est
victime la religion en URSS et le danger que représente le communisme pour la
civilisation. Tout récemment encore, en Allemagne, le clergé a publié un certain
nombre d’ouvrages traitant de l’URSS. Les auteurs prennent la liberté de gaver leurs
lecteurs d’inventions vraiment exceptionnelles au sujet de l’URSS. Quelle en est la
raison? Elle est des plus évidentes. On espère, par de tels moyens, pénétrer les
masses d’idées fausses et déformées sur la situation réelle en Union soviétique et
leur inspirer dans un même temps inimitié et haine à l’égard de l’URSS, assistant par
là les capitalistes dans leurs préparatifs d’une guerre antisoviétique. Mensonges et
documents fabriqués de toutes pièces sont devenus les armes de la ligne de
conduite bourgeoise agressive à l’encontre du pays de la dictature prolétarienne.
Dans cette campagne de calomnies et dans les préparatifs idéologiques en vue de
l’intervention, l’Eglise joue un rôle important. Les problèmes religieux ont été
largement utilisés comme moyen de propagande antisoviétique et les impérialistes
se servent des préjugés religieux d’un très grand nombre de travailleurs des pays
capitalistes à leurs propres fins politiques.
2
C’est la raison pour laquelle il y a tant de calomnies sur l’URSS en général, et
sur sa ligne de conduite en ce qui concerne la religion en particulier.
Considérons ce problème de plus près et examinons quelle est la position
réelle de l’Eglise et de la religion en URSS.
En guise de préliminaire, une brève prise de connaissance avec le rôle et la
nature de la religion au sein de la Russie tsariste d’avant la révolution nous aidera à
mieux saisir la situation.
2. L’Eglise avant la révolution
Dans la Russie tsariste, l’Eglise orthodoxe était une organisation d’Etat dont le chef
suprême n’était autre que le tsar. Les dirigeants de l’Eglise étaient payés par la
clique royale. Le saint synode représentait le conseil suprême de l’Eglise dont les
membres étaient désignés par le tsar, et c’était le représentant officiel de ce dernier,
le ‘procurateur’, qui y jouait le rôle le plus important. Quelques années avant la
révolution, ce même synode avait longtemps débattu du problème de la promotion
d'un simple moine au rang d'évêque. Selon Vedensky, le moine n’était pas digne de
cet honneur mais, par trois fois, le procurateur avait insisté pour qu’il fût consacré.
Finalement, en butte à l’entêtement du synode, il fit savoir que la consécration était
fortement souhaitée du côté de Tsarskoïe Selo (la résidence d’été de la famille
impériale, non loin de Leningrad). Lorsque cela parvint aux oreilles du métropolite,
Antoine Khrapovitsky, à l’époque membre du synode et actuellement l’un des
personnages les plus en vue de l’émigration de la garde blanche1
, il s’exclama: «Que
ne le disiez-vous plus tôt? Si Tsarskoïe Selo en manifestait le désir, nous irions
jusqu’à ordonner un cochon sauvage comme évêque!»
Le tsar était le chef de l’Eglise et son pouvoir était sanctifié par l’Eglise qui
enseignait au peuple à le vénérer comme une divinité. Des effigies du tsar étaient
reproduites sous forme d’icônes et on recommandait aux masses de les considérer
comme ‘sacrées’, ceci dans le but de leur inspirer amour et dévotion à l'égard des
représentants de l'Etat exploiteur et des archi-exploiteurs en personne.
Tout au long de son histoire, l’Eglise russe – il en va toujours de même
aujourd’hui en ce qui concerne les Eglises dans tous les autres pays – se mit au
service des classes exploiteuses et la religion fut toujours utilisée comme un moyen
de perpétuer l’exploitation de classe. Le prêtre était tenu d’informer les autorités de
tout ce qu'il entendait au confessionnal. Par conséquent, les confesseurs figuraient
en bonne place parmi les agents politiques de renseignement les plus efficaces du
régime tsariste.
Etroitement liée comme elle l'était avec les classes exploiteuses, l'Eglise
orthodoxe fut elle-même un propriétaire terrien très puissant. Jusqu'à l’aube du
1
Quand il sera question de Russes blancs, dans ce texte, le terme désignera les Russes qui s’opposaient au
pouvoir soviétique, et non les Biélorusses (ou habitants de la Biélorussie ou Russie blanche (NdT).
3
vingtième siècle, l'Eglise et les monastères possédaient des biens importants, tels
des résidences urbaines, des usines, des hôtels, etc. Selon un recensement effectué
en 1903, Leningrad (anciennement Saint-Petersbourg) comptait à elle seule 230
résidences appartenant à l'Eglise. Les estimations du budget de l'Etat ont montré
que le synode de l’Eglise orthodoxe se voyait allouer 50 millions de roubles par an.
Le ‘gâteau’ de l'Eglise nourrissait 105.339 ecclésiastiques (en fait, 640.000
personnes si l'on compte les membres de leurs familles), sans compter 58.138
moines et religieuses. Toutes ces personnes constituaient l'un des bastions de
l'ordre existant à l'époque.
L'éducation nationale dans la Russie tsariste se trouvait aux mains des
prêtres, qui étaient en fait les véritables freins à la lumière et au savoir de l’ancien
régime.
Il est bien connu que les mensonges répandus actuellement en Europe et en
Amérique à propos des persécutions dont souffrirait la religion en URSS sont
fabriqués par des hommes d'Etat en fuite de l'ancienne Russie tsariste ainsi que par
les anciens dirigeants de l'Eglise. Donc, en 1931, par exemple, la presse de l'Europe
occidentale (spécialement la presse autrichienne et allemande) publiait en long et en
large les élucubrations d'un évêque de la garde blanche, Séraphim, qui racontait
toutes sortes d'histoires ‘horribles’, de même que les métropolites Khrapovitsky,
Eulogius et autres fournissent très souvent de telles ‘informations’ intéressantes aux
membres de leur ordre.
Tout ce qui ressemble de près ou de loin à la liberté de conscience n'existait
tout simplement pas en Russie tsariste, au moment où ces gens jouissaient du
pouvoir absolu. Non seulement l'athéisme y était-il persécuté sans merci, mais
également toutes les personnes qui faisaient mine de vouloir quitter l’Eglise
orthodoxe prédominante pour quelque confession que ce fût.
Les membres de toutes sectes faisaient l'objet de persécutions particulières.
Jadis, on les torturait et on les exécutait. Par la suite, flagellation et exil en Sibérie
furent leur lot jusqu'à la révolution. L'ecclésiastique local était l'informateur en chef, et
la police dépendait de lui dans ses recherches et ses poursuites à l’encontre des
membres des sectes. La liberté de conscience n'avait jamais existé en Russie
tsariste et ces ‘gentilshommes de l'immigration’ qui essaient à présent de prouver
l'existence d'une prétendue persécution antireligieuse en URSS étaient en leur
temps les persécuteurs les plus implacables de toute liberté, y compris la liberté de
conscience.
L'ancien évêque Eulogius, l'un des dirigeants des émigrés, se plaint à travers
toute l'Europe de l'absence de liberté religieuse en URSS. C'est le même Eulogius
qui, en 1909, requit de la part de la Douma, au nom des ecclésiastiques, et pour
l'amour ‘de la suprématie et de la domination de l'Eglise orthodoxe’, l'interdiction de
prêcher librement pour les ‘vieux-croyants’ (une secte d’orthodoxes dissidents) et ce
fut encore lui qui insista pour que l’on appliquât de nombreuses restrictions contre
4
ces derniers, alors qu’ils ne constituaient qu'une branche dissidente de l'Eglise
orthodoxe.
Longtemps avant la révolution, seuls – et nous insistons – seuls les bolcheviks
avaient protesté contre les persécutions religieuses dont étaient victimes les
membres des sectes. Lénine avait consacré plusieurs articles à la question, ne
cessant d’exiger l’absolue liberté de conscience. Après la révolution, les bolcheviks
ont satisfait ces exigences et ont fait de cette liberté de conscience une réalité.
Personne ne réfute le rôle politique de l'Eglise en tant que rempart du tsarisme, pas
même les ennemis de l'Union soviétique. L'un des idéologues de l'émigration russe
blanche, le professeur P. Milioukov, écrit dans son ouvrage Tableaux de l'histoire de
la culture russe (Paris, 1931) que l'Eglise de Russie «était l’ennemie naturelle et
inéluctable de la révolution. Par tradition, l’Eglise russe était un instrument du
gouvernement et, de ce fait, elle était impliquée dans des questions politiques d’un
certain type.» Le type de politique auquel l’auteur fait référence est on ne peut plus
clair: l’Eglise appliquait tout simplement la ligne politique de l’autocratie russe.
3. La lutte de l’Eglise contre la révolution
La nature contre-révolutionnaire de l’Eglise se révéla clairement au cours des
périodes d’agitation populaire. La révolution de 1905 en est un exemple frappant. A
Saint-Petersbourg, le 9 janvier 1905, les soldats reçurent du tsar l’ordre de tirer sur la
manifestation pacifique des travailleurs. Le massacre souleva des tempêtes de
protestations partout dans le pays. Afin de justifier la boucherie, le synode de l’Eglise
orthodoxe publia une proclamation adressée à tous les croyants et qui émettait des
calomnies mensongères à l’encontre des travailleurs révolutionnaires. Le synode
affirmait que l’agitation dans le pays était organisée ‘avec de l’argent japonais’. «Pour
l’amour de votre sainte mère, l’Eglise orthodoxe, disait la proclamation, nous
implorons tous ses enfants de craindre Dieu, de vénérer le tsar et d’obéir à toutes les
autorités émanant de sa personne (...) Peuple laborieux de Russie, travaille à la
sueur de ton front (...).»
Le clergé lança une campagne frénétique dans l’espoir d’entraver au
maximum la révolution qui approchait. Les ecclésiastiques excitèrent à qui mieux
nombre d’organisations spécialisées dans les pogroms et les violences crapuleuses,
telles que la ‘Ligue de Michel l’Archange’, la ‘Ligue du Peuple russe’, etc. Ces
groupes exécutèrent leur tâche consistant à se débarrasser des dirigeants des
organisations de travailleurs. Les drapeaux et bannières de ces bandes étaient
gardées dans les églises et leurs pogroms commençaient habituellement par un Te
Deum dans les églises locales.
La presse cléricale de 1905-1907 était obsédée par la lutte contre la
révolution. Les prêtres insistaient fiévreusement sur l'opposition inconciliable entre le
socialisme et la religion. L'Eglise imprimait des pamphlets s’appuyant sur des points
de vue religieux pour justifier exécutions et assassinats de révolutionnaires.
5
Dans les districts ruraux, le clergé s’occupait consciencieusement d’agiter les
masses rurales dans le but de les détourner de leur combat révolutionnaire contre
les grands propriétaires et seigneurs féodaux tout en les excitant contre les
travailleurs des villes, etc.
Lorsque les travailleurs de Moscou se révoltèrent contre le tsarisme (en
octobre 1905), les clochers des églises orthodoxes servirent de postes pour les
mitrailleuses du tsar et les ecclésiastiques eux-mêmes participèrent activement à
l'application d'une ‘justice expéditive’ aux travailleurs arrêtés.
Lorsque les expéditions militaires punitives de 1905-1907 se livrèrent, dans
tout le pays, à des exécutions parmi le peuple en révolte, les prêtres de toutes
confessions jouèrent le rôle d'agents provocateurs et d'espions, trahissant les
participants au mouvement révolutionnaire et les livrant aux autorités.
Dans leurs tentatives de supprimer le mouvement révolutionnaire, tant les
prêtres que les gens de la police coopérèrent en organisant les pogroms contre les
Juifs (ainsi que contre les Arméniens dans le Caucase) dans le but de détourner la
haine éprouvée par les travailleurs contre l'autocratie et de la transformer en inimitiés
nationalistes et raciales. On peut citer d'innombrables cas prouvant de façon
irréfutable que le clergé a pris une part active dans les exécutions des travailleurs
opérées par les gendarmes tsaristes, et ce, à l’échelle nationale. Le 20 octobre 1905,
dans la ville de Tomsk, une bande d'hommes de main se réunirent dans la
cathédrale pour assister au service religieux. Après les cérémonies, ils sortirent pour
aller massacrer les travailleurs qui étaient assemblés à ce moment-là dans les
dépendances du théâtre municipal. Certains des travailleurs réussirent à s'abriter
dans la gare, mais ne tardèrent pas à périr eux aussi, car les bâtiments ferroviaires
furent entre-temps incendiés par la bande. Lorsqu'on demanda à Macarius, le
métropolite de Tomsk, d'intercéder, il sortit dans la rue et publiquement donna sa
bénédiction aux hommes de main.
L'Eglise orthodoxe ne fut pas la seule servante de l'autocratie. Les autres
Eglises et corps religieux témoignèrent tout autant leur fidélité au tsar.
Un pamphlet dénonçant la révolution fut publié en octobre 1905 et cosigné par
les dirigeants des principales sectes qui existaient en Russie à l'époque (les
baptistes, les évangélistes, les adventistes et autres). Dans ce pamphlet, l'ordre
monarchiste était déclaré inviolable, et ceci en complet accord avec les principes
religieux que l’on énumérait, sans omettre par ailleurs de les accompagner de
commentaires. Les nombreuses conférences des différentes sectes religieuses, qui
se réunissaient très souvent à l’époque, prouvèrent leur fidélité au tsar en lui
télégraphiant leurs souhaits de le voir remporter de futures victoires sur la révolution.
Les mêmes événements qui se sont produits en Russie tsariste se produisent
à présent dans les pays capitalistes: l'Eglise se révèle partout comme étant le
bastion des capitalistes et des grands propriétaires terriens et comme l'ennemi
6
irréconciliable de la révolution. On utilise la religion de toutes les façons possibles
comme un moyen d'exploitation. Exactement comme ce fut le cas en Russie tsariste,
la religion aujourd'hui soutient les classes dirigeantes, entrant dans des alliances
ouvertes avec le fascisme et se transformant elle-même en une arme destinée à
servir toutes les forces de la réaction.
4. Comment l'Eglise a réagi à la révolution d'Octobre
L'Eglise accueillit la révolution d'Octobre avec hostilité. En tant qu'élément de la
machine d'exploitation de la bourgeoisie, l'Eglise ne pouvait admettre l’idée que la
domination du capitalisme touchait à sa fin. En outre, ses dirigeants comprenaient
tout simplement que la libération des masses du joug des exploiteurs et leur lutte
active pour le socialisme marquaient le commencement de la fin pour la religion. Ce
fut la raison pour laquelle l'Eglise se montra l’une des forces les plus actives de la
contre-révolution. Les dirigeants déposés de l'ancien régime comptaient également
sur les organisations religieuses pour inciter les éléments les plus arriérés des
croyants superstitieux à combattre la révolution.
Mais l’Eglise avait déjà commencé sa lutte contre-révolutionnaire contre les
bolcheviks bien avant l'avènement de la révolution d'Octobre.
Lors de l'enterrement de certains cosaques (abattus durant le massacre des
travailleurs en juillet), qui eut lieu le 15 juillet 1917, l'archevêque Platon (aujourd'hui
l'un des dirigeants émigrés les plus importants en Amérique) prononça un sermon à
la cathédrale Saint-Isaac de Léningrad, dans lequel il identifia les cosaques tués à
des saints et traita les bolcheviks d’‘agents de l'Allemagne’. A la veille même de la
révolution, l'Eglise prenait donc déjà une part active dans la provocation dirigée
contre les bolcheviks.
Le conseil de l'Eglise de toutes les Russies, qui s'était rassemblé à Moscou
durant l'été 1917, devint l'un des centres organisateurs de la contre-révolution
monarchiste.
Sur les 569 membres du conseil, 199 étaient des laïcs. On comptait parmi eux
11 princes et comtes, 10 officiers tsaristes, 132 fonctionnaires civils tsaristes, 22
grands propriétaires terriens, 17 manufacturiers et banquiers. Il est évident que la
conférence de l'Eglise, qui avait été réunie dans le but de discuter uniquement de
questions religieuses, rassembla les figures de proue de la réaction tsariste, qui
comptait sur le fanatisme religieux et sur l'autorité de l'Eglise dans sa lutte contre la
révolution. Le conseil justifia les espoirs des contre-révolutionnaires, le front de
l'organisation antibolchevique étant le principal sujet de discussion. On mit
également à l’ordre du jour la question de la désignation d’un patriarche.
Les monarchistes en soutanes ne tentèrent pas de cacher leurs intentions. Ils
désiraient avoir un patriarche qui aurait été capable d'unir toutes les forces contre-
révolutionnaires. L'évêque Mitrophane d’Astrakan insista grandement face à
7
l'assemblée sur «l’impérieuse nécessité d’un pasteur qui encouragerait le peuple et
donnerait ses bénédictions à de nobles et grandes actions, puisqu’il est temps
maintenant pour l’Eglise de devenir réellement militante.» Le prince Troubetskoï, le
comte Graabe, le comte Olsoufiev étaient au nombre des représentants de la vieille
Russie qui approuvaient la suggestion d’élire un patriarche suprême et qui estimaient
que c’était là une chose nécessaire dans la lutte contre la révolution.
La révolution d’Octobre mit un terme aux discussions du conseil. Le clergé en
vint à la décision que le temps de discuter était révolu. La conférence élut un
patriarche. Le sort désigna un monarchiste, le métropolite Tichon Belavine.
Tichon comprit bien la tâche dont il était chargé par la réaction, qui comptait
sur lui pour rassembler toutes les forces contre-révolutionnaires dans la lutte contre
la dictature du prolétariat. Pas une seule mesure d’importance, prise par le
gouvernement soviétique, ne pouvait être appliquée sans de véhémentes
protestations dans le camp clérical et sans être la cause d’appels spéciaux à la
résistance, d’anathèmes, etc. Le décret des Soviets de 1918 concernant la
séparation de l’Eglise et de l’Etat fut particulièrement attaqué. Selon le décret,
l’Eglise était désormais privée de ses énormes subsides, qu’elle recevait jusqu’alors
de l’Etat, et elle était dépossédée de tous ses biens et propriétés, ainsi que de ses
privilèges politiques.
Le conseil de l’Eglise avait précédé la publication du décret de quelques jours
à peine et il proclama la guerre contre le gouvernement soviétique. Tichon diffusa un
appel dans lequel il lançait un anathème contre les bolcheviks et où suppliait
instamment ‘tous les véritables croyants’ de ne pas entrer en relations avec ‘ces
parias de l’humanité’.
Contre la révolution, on échafauda et on mit en pratique un système
compliqué de mesures au moyen de sermons, de processions dans les rues, de
révoltes, d’intrigues, de manigances, etc. Les activités contre-révolutionnaires de
l’Eglise se multiplièrent, spécialement durant les années de la guerre civile.
5. La contre-révolution de l’Eglise durant la guerre civile
Le 20 janvier 1918, le comte Olsoufiev, qui faisait partie des membres du conseil
général de l’Eglise, adressa le reproche suivant au clergé: «Vous avez gardé le
silence alors que les grands propriétaires terriens étaient pillés, vous avez gardé le
silence lorsque les usines ont été confisquées, mais dès qu’ils se sont mis à voler
dans les monastères, vous avez commencé à parler. (...) Toutefois, il est bon que
vous vous soyez enfin décidés à prendre la parole.»
En réponse à cela, le métropolite Arsenius déclara: «Laissez-moi vous dire
sincèrement, comte, que vos informations manquent d’exactitude lorsque vous faites
remarquer que le conseil n’a rien fait avant d’être informé du pillage du monastère
Alexandre Nevsky. Le conseil a rédigé un message, concernant le pillage des
8
propriétés et domaines ainsi que toutes ces brutalités qu’ont également subies les
grands seigneurs, les monastères, les églises et le clergé. Nous avons tous un
intérêt commun et, bien qu’il puisse y avoir des malentendus entre nous, nous
n’avons pas de contradictions de castes.»
Cette déclaration de la bouche même d’un membre éminent du clergé à la
tribune du conseil de l’Eglise de toutes les Russies explique la position réelle du
clergé et de l’Eglise vis-à-vis de la révolution: une identité d’intérêts de classe unit le
clergé aux capitalistes et aux grands seigneurs. Il n’est pas étonnant dans ce cas
qu’à l’époque de la guerre civile l’Eglise ait choisi le camp des blancs. Toutes ses
activités durant cette période furent dirigées vers un seul but uniquement – assister
les armées blanches dans leur lutte pour la restauration de l’ordre ancien. Dans les
districts conquis par le pouvoir soviétique, l’Eglise tentait d’affaiblir les arrières de
l’Armée Rouge. Dans cette intention, le clergé aida à organiser la révolte blanche, et
arrangea des meetings afin d’exciter les croyants contre les bolcheviks. La
propagande religieuse, prêchant la doctrine de la ‘résistance passive au mal’ fut une
autre arme utilisée par la contre-révolution en tant que moyen d’appeler aux
désertions.
Selon la loi soviétique, qui se fonde sur le principe de la liberté de conscience,
les membres de sectes peuvent être exemptés de service militaire. Et c’est valable
pour toutes ces sectes aussi qui, à l’époque du tsar, n’avaient pas seulement servi
dans l’armée mais avaient également pris une part active dans la guerre mondiale et
dans l’intervention antisoviétique, ce qui ne les empêcha nullement de se retrancher
derrière cette loi au moment de la guerre civile. Un exemple de leur revirement
rapide à l’époque de la guerre civile peut être illustré par le commentaire suivant qui
se faufila dans La Parole de Vérité2
. «Une étude minutieuse des saintes écritures
nous permet d’en venir à la conclusion ferme que le fidèle chrétien ne peut prendre
part, les armes à la main, à aucun bain de sang, mais qu’il doit vivre en paix avec
tout un chacun.» Il s’ensuit que selon la religion, combattre était permis dans les
intérêts de la bourgeoisie, mais rejoindre l’armée du pays des prolétaires était
défendu.
L’incident suivant révèle l’hypocrisie de ces ‘enfants de la paix’. Avant la
révolution, Mazaïev, dirigeant des baptistes russes, avait été un millionnaire et un
célèbre grand propriétaire foncier dans le district de Terek. Au début de la révolution,
les paysans font une tentative de déposséder Mazaïev de ses terres, mais celui-ci
abat l’un d’entre eux et en blesse sérieusement un autre durant la défense de sa
propriété. A cette époque (octobre 1917), le président, de même que son union
baptiste, avaient évidemment oublié ‘le commandement de Dieu’. Quelques mois
plus tard, lorsque la classe ouvrière fit des conquêtes et se défendit bravement
contre l’intervention impérialiste, Mazaïev et tous les autres dirigeants de sectes se
2
Journal baptiste russe, n° 9-12, été 1918
9
rappelèrent l’existence du commandement «Tu ne tueras point» et appelèrent leurs
adeptes à ne pas servir dans l’Armée Rouge.
Les activistes contre-révolutionnaires de l’Eglise firent preuve d’une
débrouillardise particulière, au sein du camp blanc. Sous les ordres de Denikine,
Koltchak, Youdenitch, Wrangel, Petlioura, etc., les prêtres se montrèrent
particulièrement actifs, faisant appel aux préjugés religieux des masses dans le but
des les impliquer dans la lutte contre les Soviets. De nombreux documents
découverts au quartier général des blancs après leur défaite sont conservés dans les
archives et les musées soviétiques. Parmi ces documents figurent de nombreuses
demandes d’admission au sein des armées blanches de prêtres qui requièrent la
permission de prendre les armes en vue de renverser les Soviets et de restaurer la
monarchie.
Il nous est également resté de nombreuses décorations et médailles
décernées par les états-majors de l’armée blanche et qui prouvent que les prêtres
ont été récompensés pour leur ardeur au combat. Ils ont pris, par exemple, une part
très active dans les services de renseignement des blancs, espionnant et livrant des
informations concernant sympathisants soviétiques et communistes. Les troupes de
l’armée blanche étaient surpeuplées de prêtres à qui l’on avait confié ‘l’éducation
politique’ des soldats. En Sibérie, dans l’armée de Koltchak, les prêtres constituèrent
des ‘Régiments de Jésus’ et des ‘Régiments de Notre-Dame’. Ceux-ci étaient
constitués de troupes religieuses ‘exemplaires’ qui devaient combattre l’Armée
Rouge. L’un des généraux de Wrangel fait référence dans ses mémoires (publiées
dans un ouvrage intitulé La Vendée russe) à des ‘détachements de croisés’ formés à
Novorossisk pour combattre les bolcheviks après que l’armée de Denikine eut été
taillée en pièces.
En Sibérie, le général britannique Knox, l’un des chefs de l’intervention
militaire dans cette région, applaudit vivement et encouragea la formation d’unités de
combats similaires de nature religieuse, alors qu’à la même époque, le métropolite
Platon, qui n’est autre que l’actuel organisateur de la campagne antisoviétique aux
Etats-Unis, coopérait, lui, avec Denikine.
Le ‘Conseil de l’Eglise du Sud-Est’ se réunit en 1919 sous les auspices du
même Denikine. Ce congrès ecclésiastique prit sur lui la tâche de découvrir les
façons les plus intéressantes d’utiliser la religion et l’Eglise dans la lutte contre les
Soviets.
Avec sincérité, les résolutions du conseil reconnaissent que l’Eglise combat en
concorde avec les généraux contre le pouvoir soviétique et en faveur de la
restauration de la monarchie et du capitalisme.
Le point suivant fait ressortir comment la religion était utilisée dans les intérêts
de la contre-révolution. L’auteur mentionné plus haut relate dans ses mémoires:
«L’humble Antoine, métropolite de Kiev et Galich, a pendant quelque temps donné
10
des conférences à Rostov dans lesquelles il tente de démontrer que le Christ était un
contre-révolutionnaire.» On prêcha de telles choses afin d’inciter les croyants à
suivre l’exemple du Christ dans son attitude contre-révolutionnaire. Cet incident est
également intéressant pour une autre raison: il montre l’empressement de l’Eglise à
interpréter ses enseignements de façon à les faire coïncider avec les intérêts
politiques de la bourgeoisie. Actuellement, lorsque le mouvement athée est confronté
à la crise économique, l’Eglise fait des efforts pour prouver qu’elle a toujours été du
côté des prolétaires et qu’elle a toujours combattu pour les opprimés et les exploités.
Grâce à une telle ficelle, l’Eglise espère garder son autorité parmi les masses
prolétariennes. Dans son sermon de Noël, le 25 décembre 1931, Pie XI, chef de
l’Eglise catholique, a déclaré que tous les travailleurs, tous les enfants du Travail lui
sont particulièrement chers en tant que les disciples les plus humbles et véritables du
nouvel enfant né à Bethléem et qui, par la suite, devint un travailleur et un homme
industrieux à Nazareth. En cette époque de guerre civile, cependant, le clergé
persuada les croyants que le Christ avait été un contre-révolutionnaire. Donc, il est
évident que l’Eglise est toujours prête à modifier ses dogmes en accord avec les
circonstances politiques du moment, et en conformité avec ses propres intérêts.
Dans la poursuite de leur œuvre de provocation antisoviétique, les prêtres
n’auraient pas manqué une occasion de répandre de fausses histoires au sujet de
l’Union soviétique, de l’Armée Rouge, etc. Ils allaient affirmer que les bolcheviks
tuaient des prêtres innocents et qu’ils désacralisaient et pillaient les églises. En
réalité, cependant, les églises furent pillées par les blancs eux-mêmes partout où ils
réussirent à établir un pouvoir temporaire. Alors qu’il effectuait des raids dans divers
endroits où les soviets avaient établi leur pouvoir, le général Marmontov, de l’armée
de Denikine, insatisfait du simple pillage des maisons privées, pillait également des
églises.
Ces histoires mensongères relatant les chapardages des bolcheviks dans les
églises, inventées en 1919-1920 ainsi qu’en 1932, ont été et sont toujours
imputables aux buts politiques de l’intervention soucieuse d’inciter les croyants
contre les bolcheviks et par conséquent d’engager les foules contre eux.
Non seulement les gens du clergé prirent une part active aux actions des
troupes régulières qui combattirent l’Armée Rouge, mais ils prêtèrent également leur
concours aux activités en tous genres de gangs et bandes armées. En voici un
exemple parmi tant d’autres. En avril 1927, un prêtre – un certain Vitaly Boguinsky –
fut condamné à mort par la cour martiale militaire de Novosibirsk. Au cours de ses
activités passées, ce prêtre avait de son propre chef organisé un détachement punitif
afin d’assister les tentatives de Koltchak de supprimer le mouvement révolutionnaire
de la paysannerie sibérienne. Boguinsky abattait des paysans et violait les femmes
dans les villages occupés par ses bandes. Pour ces ‘services rendus’, Koltchak avait
décoré le prêtre.
11
Tout ce que l’on a écrit jusqu'à présent sur la position adoptée par la religion
et l'Eglise durant la guerre civile ne concerne pas uniquement l'Eglise orthodoxe. On
peut dire que le clergé de toutes les confessions joua également le même rôle
honteux.
A la fin de 1917 et dans la première moitié de 1918, les bandes du mollah
(prêtre) mahométan Gotsinsky ‘opéraient’ au Daghestan. En Crimée et dans d'autres
endroits, le clergé musulman demeura fidèlement au service des gardes blancs. On
peut dire la même chose en ce qui concerne le clergé catholique, juif, ainsi que les
chefs des diverses sectes et autres organisations religieuses.
Les mennonites allemands vivant en URSS sont exempts de service dans
l'Armée Rouge en raison de leurs principes religieux qui, disent-ils, leur interdisent de
porter des armes. Ces ‘convictions’, cependant, n'empêchèrent nullement les
mennonites de Crimée d'organiser un détachement spécial qui allait combattre avec
les soldats de Wrangel contre l'Armée Rouge. Il ne faut pas s'en étonner. Dans le
compte-rendu politique de l'état-major des services de renseignement du
commandant de l'armée blanche en Crimée (daté du 2 janvier 1919, archives de
l'armée de Wrangel), on peut lire ceci: «(...) Selon une déclaration d'un représentant
distingué des Allemands locaux, les colons allemands en Crimée se sentent
parfaitement loyaux vis-à-vis de l'armée des volontaires» (tel était le nom de l'armée
blanche concentrée dans le Sud de la Russie) «et il ne fait aucun doute qu’ils sont en
général mus par des sentiments très amicaux à son égard. La majorité des colons
sont des propriétaires terriens très aisés et, naturellement, ils ne voient leur seul
salut face à l'anarchie, au pillage, etc. que dans l'armée volontaire. Un nombre
insignifiant de gens sans terres inspirés par les idées bolcheviques constituent une
exception sans importance.» Il est aisé de cette manière de deviner que les
mennonites – c'est-à-dire les koulaks et les propriétaires aisés – offrirent leur aide
aux blancs en raison du fait que ces derniers défendaient la prédominance des
exploiteurs et de leurs propriétés privées. Dans de telles circonstances, les
monnonites koulaks ‘oublièrent totalement’ que leurs convictions religieuses ne les
autorisaient pas à prendre les armes. Toutefois, ils se souvinrent à nouveau de ces
mêmes convictions religieuses dès que le pouvoir soviétique eut triomphé de ses
ennemis. A la lecture de rapports similaires des services de renseignement transmis
au commandant en chef de l'armée blanche, nous apprenons qu'une conférence
tenue en février 1919 à Djankoï (Crimée) fut suivie par des colons allemands arrivés
pour l'occasion de tous les districts de Tauride. Lors de cette réunion, on discuta
même la constitution éventuelle d’un détachement allemand afin d’aider les blancs
dans la défense de l'isthme de Perekop.
L'occupation du littoral maritime par les troupes japonaises fut interprétée par
les ecclésiastiques comme un acte de défense de la ‘foi du Père’.
Le 21 avril 1920, la conférence des prêtres de Chine envoya au général
japonais Sutsuki ses salutations amicales libellées comme suit: «Au vu de la
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gentillesse de Votre Excellence, les aumôniers des territoires frontaliers russes et
orientaux, avec à leur tête l'archiprêtre Russetsky, aumônier en chef des troupes, ont
décidé lors de leur conférence tenue le 21 avril de l'année en cours d'exprimer leurs
remerciements au peuple japonais pour leur assistance dans la libération de notre
pays du joug de nos ennemis. Nous remercions l'armée impériale japonaise pour
l'assistance qu'elle offre à son plus proche voisin, conformément aux ordres de son
dirigeant, l'Empereur. Longue vie au mikado japonais, à sa valeureuse armée et à
tout le peuple japonais.»
C'est donc par ces mots que les prêtres russes saluèrent les Japonais, parce
que les impérialistes japonais rétablissaient l'ordre de la société capitaliste dans les
districts occupés. Il faut noter qu'à l'époque actuelle, alors que les militaristes
japonais trament une nouvelle guerre contre l'URSS, les ecclésiastiques russes se
réfugient au Japon. La Chine et la Mandchourie assistent les Japonais dans la
réalisation de leurs plans antisoviétiques.
Lorsque l'Angleterre fut forcée de retirer ses troupes des districts du nord à
cause de la pression exercée par l'Armée Rouge (1919), le clergé de cette région
dépêcha une humble épître à l'archevêque de Cantorbéry, le suppliant d'user de
toute son influence auprès du gouvernement britannique afin qu'il maintienne des
troupes en territoire soviétique.
Les quelques exemples que nous avons cités suffisent en eux-mêmes à
prouver la part active que l'Eglise joua dans l'organisation de l'intervention
impérialiste contre l'Union soviétique.
6. A propos de la ‘réforme de l’Eglise’
La dernière tentative de l'Eglise de mesurer sa force contre la révolution trouva son
reflet dans les agissements du patriarche Tichon à propos de la famine qui frappa la
région de la Volga en 1921.
Une aide urgente était nécessaire. On ne pouvait acheter du pain qu'à
l'étranger. Pour ce faire, il fallait de l'or. A la requête des paysans affamés, le
gouvernement sortit un décret confisquant les objets de valeur de l'Eglise (1922).
L'argent réalisé avec ces trésors fut consacré à l'achat de pain.
Profitant des circonstances difficiles du moment, la contre-révolution saisit sa
chance pour redoubler d’efforts dans sa lutte contre le pouvoir soviétique. Le
patriarche Tichon lança un appel à tous ses fidèles, leur demandant de faire de leur
mieux pour empêcher l'enlèvement des objets de valeur de l'Eglise et, si nécessaire,
de recourir à la résistance armée. Suite à l'appel de Tichon, plus de 1.400 cas de
chocs armés eurent lieu entre les foules excitées des rues et les représentants du
pouvoir soviétique. En 1923, Tichon écrivit une fois de plus à ses fidèles – et cette
fois dans une lettre pleine de repentir – leur expliquant ses activités antisoviétiques
dans les termes suivants: «Pratiquement parlant, ce n’était pas de notre faute mais
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de celle des environnements dans lesquels nous avons été élevés, et de celle des
gens malintentionnés qui nous avaient poussés à ces actes dès les premiers jours
de la domination soviétique. Etant ses ennemis, ils tentèrent de la renverser en se
servant de notre Eglise et ils tentèrent également de se servir de moi, leur chef, afin
d’assouvir leurs desseins. Une victoire claire et décisive étant au-delà de leurs
forces, ils s’efforcèrent de surmonter le pouvoir soviétique d’une façon détournée par
le biais de l’Eglise et de ses pasteurs.»
C’est en ces termes que le patriarche Tichon résumait sa propre ligne de
conduite durant les années de famine 1921-1922. Ils admettait que les ennemis du
pouvoir soviétique avaient alors décidé de tenter leur chance une fois de plus dans la
lutte contre la révolution, comptant sur la famine pour les aider à mettre sur pied une
campagne contre-révolutionnaire qui fût alignée sous le mot d’ordre «Défendre
l’Eglise et ses nantis».
Ces faits coïncidaient pleinement avec les plans du capital international ainsi
qu’avec ceux de l’émigration russe blanche qui s’était installée à l’étranger.
La conférence de l’Eglise orthodoxe russe, qui se tint en 1921 à Charlovitzy,
en Yougoslavie, et à laquelle assistèrent uniquement des émigrés blancs, demanda
expressément à la conférence de Gênes de s’abstenir de reconnaître la Russie
soviétique pour la simple raison qu’elle périrait bientôt «suite à des désastres
terribles tels la famine, le gel et les épidémies».
En accord avec les décisions de cette conférence de l’Eglise, la contre-
révolution interne se résolut à utiliser la famine pour ses propres objectifs en opérant
sous le masque de la religion. Ce jeu coûta très cher au clergé russe, dont les
agissements valurent à l’Eglise de perdre des millions de ses fidèles. Des millions
de travailleurs eurent l’occasion idéale, une fois pour toutes, de se rendre compte
que l’Eglise et la religion n’étaient rien d’autre qu’une arme de la contre-révolution
dans la lutte des classes. Ceci provoqua une rupture des classes laborieuses avec la
religion et déboucha en même temps sur leur abandon de l’Eglise.
Les ecclésiastiques eux-mêmes ne manquèrent pas de réaliser pleinement la
situation. Il fallait faire quelque chose. Et ainsi, en mai 1922, lorsque les résultats de
l’appel contre-révolutionnaire de Tichon se manifestèrent d’eux-mêmes, plusieurs
prêtres de Moscou, de Leningrad et de grandes villes provinciales rendirent visite à
Tichon et attirèrent son attention sur le fait que ses interférences politiques, et tout
particulièrement l’anathème qu’il avait lancé contre le pouvoir soviétique en même
temps que son instigation de la lutte armée et des révoltes, étaient occupées à
compromettre gravement la position de l’Eglise. Les prêtres lui firent également
remarquer que, dans l’intérêt de l’Eglise qui, autrement, pourrait perdre de son
influences sur les masses, il était nécessaire qu’il démissionne de son poste de
patriarche et qu’en même temps, des modifications sérieuses s’opèrent dans la ligne
de conduite globale de l’Eglise.
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Tichon transmit ses charges à un comité ecclésiastique provisoire. C’est alors que le
groupe de la soi-disant Eglise ‘vivante’ fut mis sur pied. Le programme de leur Eglise
‘vivante’ différait très peu de celui de l’Eglise ‘morte’ (celle de Tichon). En gros, les
changements apportés par les prêtres de l’Eglise ‘rénovatrice’ ou ‘vivante’ dans le
service divin furent plutôt insignifiants, comme, par exemple, l’autorisation accordée
aux archevêques de se marier.
Dans l’espoir de compromettre sa rivale, l’Eglise ‘vivante’, l’Eglise ‘morte’ de
Tichon l’étiqueta d’Eglise ‘rouge’, ou ‘soviétique’. Toutes ces histoires concernant
l’Eglise ‘soviétique’ trouvèrent des échos dans la presse étrangère qui commença à
répandre de fausses rumeurs prétendant que les bolcheviks auraient créé leur
propre Eglise ‘rouge’. En réalité, il n’y avait strictement rien de ‘rouge’ dans l’Eglise
‘vivante’. Il n’aurait d’ailleurs pu en être ainsi.
On peut se rendre compte de la manière dont ces ‘dangereux révolutionnaires’
de l’Eglise ‘vivante’ adhéraient toujours aux vieilles coutumes dans l’exemple suivant.
En 1923, une conférence ecclésiastique eut lieu à Moscou. La majorité des membres
réunis étaient des ‘rénovateurs’. Parmi un certain nombre de sujets discutés lors de
la conférence, il y eut celui des reliques. Il conviendrait de se rappeler que dans
l’Eglise tsariste, chaque église et monastère d’une certaine importance gardait des
‘reliques des corps des saints’ qui, selon la propagande de l’Eglise, passaient pour
imputrescibles et avaient prétendument le pouvoir de guérir les malades, d’accomplir
des miracles, etc.
Des milliers de pèlerins ignorants affluaient vers ces églises et ces châsses.
Les reliques constituaient une source profitable à l’enrichissement de l’Eglise et en
même temps, elle servaient de puissante arme religieuse et d’instrument permettant
la diffusion d’une propagande politique réactionnaire.
Après la révolution et à la requête des travailleurs, un examen soigneux de
ces reliques eut lieu à travers tout le pays. Les corps ‘imputrescibles’,
‘miraculeusement préservés’ (selon les enseignements de l’Eglise) s’avérèrent dans
certains cas n’être plus que de simples ossements délabrés. Mais le plus souvent, ils
n’étaient rien d’autre que des poupées de cire, de carton ou de ouate, faites par les
moines et les prêtres soucieux d’impressionner les pèlerins par la vue d’un corps
miraculeusement conservé.
On organisa publiquement de telles expositions de reliques en présence de
nombreux milliers de croyants, de sorte que des centaines de milliers de personnes
eurent ainsi l’occasion de découvrir comment l’Eglise les avait trompés et rompirent
avec la religion. La conférence des ‘rénovateurs’, tenue en 1923, au moment où elle
entama la discussion sur les reliques, reconnut que l’Eglise avait permis de tromper
les croyants au moyens de reliques, de poupées manufacturées, etc. Toutefois, ces
‘réformateurs’ n’eurent pas assez de courage pour se passer totalement des
15
reliques. Ils décidèrent qu’à l’avenir, les reliques demeureraient dans les églises,
comme par le passé. Ce fait, ainsi que toute l’activité du clergé de l’Eglise ‘vivante’,
montre combien ces ‘réformateurs’ s’avérèrent timides en matière de ‘purification’ de
la religion.
Ils étaient plus téméraires en politique, toutefois. Les rénovateurs
reconnaissaient que «la révolution sociale était loyale». Ils condamnaient le
capitalisme et lançaient des appels à leurs adeptes pour qu’ils soutiennent le pouvoir
soviétique. Si l’on analyse ces glissements de l’Eglise ‘vivante’, il n’est pas difficile de
conclure qu’ils résultaient des conseils les plus perspicaces que leur avaient donné
les représentants de garder leur influence sur les masses. De telles tactiques sont en
vogue aujourd’hui. En Occident, l’Eglise prend fréquemment la liberté d’accuser le
capitalisme de passer à des extrêmes et y va souvent de diatribes contre les
banques, la spéculation, etc. Même le chef de l’Eglise catholique, le pape, a critiqué,
dans ses épîtres récentes, les ‘extrêmes du capitalisme’ en même temps,
naturellement, qu’il attaque le socialisme et le communisme. En aucune façon,
l’Eglise n’est opposée au capitalisme. Elle ne propose uniquement que de ‘soigner’
l’ordre existant des choses – en exprimant savamment des critiques empreintes de
platitude afin de conserver son emprise sur les masses affligées et sauver le
système capitaliste. L’un des objets poursuivis par l’Eglise moderne à travers sa
critique du capitalisme consiste dans les efforts de maintenir l’autorité de l’Eglise
parmi les travailleurs en protestant de son ‘amour pour les travailleurs’. Nous avons
eu un cas analogue en Russie lorsque les ‘rénovateurs’ arguèrent avec véhémence,
et de façon très stratégique, de leur loyauté vis-à-vis des travailleurs et de leur
hostilité au capitalisme. Ils avaient eu le temps de voir la dévotion des travailleurs
envers le pouvoir soviétique qu’ils défendaient dans les circonstances même les plus
difficiles. Les ‘rénovateurs’ comprirent que s’entêter à poursuivre une ligne de
conduite hostile contre le pouvoir soviétique allait éloigner de l’Eglise ces croyants,
parmi les ouvriers, qui restaient toujours dans le bercail. De cette manière, le
mouvement de l’Eglise ‘vivante’ était une tentative de la part de l’Eglise de s’adapter
aux nouvelles circonstances créées par la révolution.
A côté du mouvement réformiste de l’Eglise orthodoxe, on assista à des
manœuvres du même genre de la part des Eglises mahométanes, judaïques,
lamaïstes et autres. Certaines sectes religieuses firent des tentatives de se déclarer
elles-mêmes ‘communistiques’, bien que choisissant des ‘voies différentes’ pour
approcher le communisme. Nonobstant ceci, aucun mouvement de masse n’en
résulta. Il est facile d’en expliquer la raison. La Réforme en Europe occidentale est
apparue en conséquence du fait que l’Eglise devait adapter la religion aux besoins
de la bourgeoisie qui succéda à l’ordre féodal. La Réforme résulta en ceci que
l’Eglise et la religion entrèrent au service d’un nouveau maître, la bourgeoisie, en
fonction de quoi l’Eglise introduisit alors différents changements dans le service divin,
les rites, l’interprétation des dogmes, etc.
16
Il est aisé à concevoir qu’une classe exploiteuse telle la bourgeoisie ne
pouvait rompre avec la religion, qu’elle revendiquait comme une arme destinée à
asseoir sa domination. C’est pour cette raison que la bourgeoisie de l’Europe
occidentale a toujours tenté de se rapprocher de très près de l’Eglise, au point de
former avec celle-ci une union solide, au lendemain des révolutions réussies. (La
France en offre un exemple particulièrement frappant).
Les conditions existant en Union soviétique sont tout à fait différentes. Le
prolétariat, qui a pris le pouvoir dans ses propres mains, n’a pas l’intention
d’éterniser sa prédominance de classe, mais œuvre pour l’abolition finale des
classes, de l’exploitation des classes et de toute variété de domination de classe.
C’est la raison pour laquelle il n’a nul besoin d’un moyen d’exploitation tel que la
religion. Au contraire, il veut libérer les masses laborieuses des préjugés religieux. La
révolution prolétarienne, en mettant en pratique des changements de classe
fondamentaux, rend inéluctable la disparition progressive de toute religion. Dans leur
lutte pour la construction d’un monde nouveau, des millions de travailleurs
comprennent que toute doctrine religieuse, y compris les plus ‘modernisées’, est
dirigée contre le socialisme et qu’elle obéit aux intérêts de la classe capitaliste,
offrant une résistance frénétique à la construction du socialisme. Il ne faut guère
s’étonner, dans ce cas, que les ‘réformes de l’Eglise’ dans le pays des soviets n’ont
pu ni ne peuvent devenir un mouvement de masse. Pour la même raison, les
mouvements de sectes, qui ont tenté de travailler d’une façon plus efficace et plus
subtile suite à l’effondrement complet de la vieille Eglise, voient le nombre de leurs
adeptes décroître rapidement.
7. L’Eglise se bat contre la construction du socialisme
Après la fin de la guerre civile, le pouvoir de l’Eglise modifia ses tactiques de lutte. La
ligne de conduite des organisations religieuses se modifia également dans le même
sens.
Au cours des quelques dernières années, les koulaks ont abondamment
utilisé la religion dans leur lutte contre la construction du socialisme, tant dans les
villes que dans les campagnes, contre les fermes collectives, contre la population, et
ils réagirent en tant que classe contre la ligne de conduite de l’industrialisation, etc.
Dans la grande majorité des cas, chez les koulaks eux-mêmes, ce sont toutes sortes
de ‘vieilles gloires’ que l’on retrouve à la tête des organisations et communautés
ecclésiastiques.
Tandis que dans les pays bourgeois, l’Eglise enseigne à ses disciples
l’inconciliabilité et l’hostilité de la religion à l’égard du communisme, l’Eglise en URSS
inculque à ses disciples une hostilité à la construction du socialisme. Elle tente de les
persuader que la reconstruction de la société se situe au-delà des efforts humains, et
que toutes les ‘expérimentations’ du pouvoir soviétique seront détruites par Dieu.
L’œuvre contre-révolutionnaire de l’Eglise et des individus antisoviétiques en
17
connexion avec elle a fait beaucoup de mal, principalement durant la première
période du mouvement de masse des fermes collectives.
Il existe diverses méthodes de lutte ‘religieuse’ contre la construction du
socialisme. Nous allons en citer quelques-unes.
Ces trois dernières années, des lettres ont été diffusées dans les villages,
spécialement à l’époque des semailles printanières. Ces lettres reçues de ‘Dieu’, de
‘la vierge Marie’, des ‘saints’ (et de ‘Mahomet’ pour les villages tartares) prévenaient
les paysans que la ferme collective était une ‘entreprise anarchique’, etc. et que tout
personne qui y apportait son aide était condamnée d’office au châtiment éternel. Ces
lettres faisaient également remarquer que Dieu était en colère avec le peuple en
raison du mouvement des fermes collectives, et que la fin du monde était attendue à
tout moment. Tous ceux qui voulaient être sauvés devaient quitter immédiatement la
ferme collective. L’une des nombreuses lettres de ce type circulait dans la région de
Rovensky, en Ukraine, en 1930, et elle était libellée comme suit: «Moi, ton seigneur
Dieu, te dis: le temps est venu pour le diable de t’emprisonner dans ses filets. Celui
qui ne veut pas être soumis à la tentation de la ferme collective sera sauvé. Je veux
détruire toutes les fermes collectives en quelques jours de temps et je détruirai
également tous ceux qui ne portent pas la croix sur leur coeur.»
Dans la région de Rossachansky (district central des Terres Noires), une autre
lettre ‘rédigée par Dieu’ circulait un peu partout en 1931. Elle disait ceci: «Chers
camarades et fermiers collectifs, je vous envoie ceci du ciel et vous implore de quitter
la ferme collective et d’assumer sur vos épaules la tâche très importante entre toutes
de détruire votre ferme collective. Celui qui n’accomplira pas mes instructions
connaîtra l’enfer éternel, mais celui qui m’obéira connaîtra la sainteté et sera admis
dans le royaume des cieux.»
Chaque fois que la chance permit de découvrir l’origine de ces ‘lettres divines’,
il s’avéra qu’elles étaient le fruit du génie d’un koulak ou d’un représentant du clergé.
Au début, les ‘lettres divines’ eurent une certaine influence, spécialement sur les
paysannes, de sorte que dans certains cas elles refusèrent de se joindre aux fermes
collectives. Par la suite, toutefois, lorsque le nombre de lettres devint anormalement
élevé, les paysans devinrent sceptiques.
Outre ces lettres de ‘Dieu’, il est nécessaire de mentionner les ‘icônes
miraculeuses’ et les ‘puits et sources sacrés’. Au cours de l’été 1931, lorsque le
travail aux champs battait son plein, les villages du district de la Moyenne Volga
furent brusquement dotés de nombreuses ‘sources miraculeuses’. Il résulta d’une
agitation intense menée par les prêtres et les koulaks toute une série de pèlerinages
vers des ‘lieux saints’ et des ‘sources miraculeuses’. On organisa des services
permanents dans ces ‘lieux consacrés’ et d’importantes foules de croyants s’y
pressèrent en masse. On prêcha des sermons annonçant la fin du monde. Tous ces
‘miracles’ détournèrent l’attention d’un très grand nombre de personnes du travail
aux champs, et ce, au plus fort de la saison.
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Souvent les représentants du clergé et les chefs des diverses sectes
assistaient aux prières avec la bible ou le coran en mains, et feignaient de citer des
passages de ces livres dans lesquels Dieu dénonçait les fermes collectives et
accusaient la collectivisation comme étant un complot de ‘l’Antéchrist’, etc. Les
prêcheurs des différentes sectes défendaient, et défendent toujours, les koulaks
dans leurs sermons, affirmant pieusement que ‘tous les hommes sont frères’ et que
par conséquent c’était un ‘grand péché’ que d’offenser les koulaks.
La religion était, et est toujours, utilisée par les koulaks dans le but de
corrompre les fermes collectives par l’intérieur et d’interrompre le travail en stimulant
parmi tous les croyants un désir de congés religieux et de célébrations
ecclésiastiques, etc.
Au cours de l’automne 1930, au moment où le travail aux champs battait son
plein dans la région de Tcherkassky, dans le district de la Volga Inférieure, la rumeur
suivante se répandit: «Le dix-huitième samedi après Pâques sera le jour d’un grand
miracle. Une pierre pourrait tomber sur les têtes des gens sans Dieu, et seuls seront
sauvés de la colère de Dieu ceux qui ne travailleront pas dans les fermes collectives
et qui croiront en Dieu.»
En outre, des rumeurs similaires voulaient recourir à la superstition religieuse
dans la lutte contre les fermes collectives. Les koulaks eux aussi se servirent de la
religion dans leur lutte contre les collectes de grain, l’extension des terres à
ensemencer, l’introduction de nouvelles mesures agricoles qui augmentent le
rendement, telles que par exemple, la destruction des parasites par les produits
chimiques, etc. L’application des réalisations agricoles fut en butte elle aussi à la
résistance des camps religieux.
Un ‘pouvoir diabolique’ était attribué au tracteur, par exemple. Au cours de
l’été 1931, les champs de maïs de la région de Chadrinsky (Oural) furent envahis par
des insectes. Les prêtres et les koulaks profitèrent de l’occasion pour répandre
l’agitation suivante: «Les insectes ne sont plus apparus dans les champs depuis
quarante années. Dieu les avait bannis dans les profondeurs de la terre lorsque les
gens l’adoraient et chantaient des Te Deum dans les champs. A présent, les champs
sont travaillés par des machines de l’Antéchrist, et on n’assiste plus aux prières
publiques. Pas étonnant que les insectes ont été ramenés à la surface.» Une telle
agitation fut la cause de l’attitude hostile adoptée dans certains cas par les paysans
(spécialement les femmes) à l’égard des tracteurs. Il est vrai qu’aujourd’hui que les
tracteurs ne sont plus une rareté dans l’agriculture du pays soviétique, on accorde
peu d’attention à la propagande religieuse des koulaks. La religion est également
utilisée par des individus hostiles aux soviets dans leur lutte contre le Plan
Quinquennal, la compétition socialiste et les travaux de choc.
Une lettre de ‘Mahomet’ critiquant le Plan Quinquennal fut découverte durant
la construction de la centrale électrique de Stalingrad en automne 1931, et s’avéra
avoir été écrite par un mollah.
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«L’émulation socialiste n’est pas mentionnée dans la bible», disaient les
prêcheurs sectaires, et ils utilisent aujourd’hui encore cet argument lorsque
l’occasion se présente. Les croyants sont incités à s’abstenir de rejoindre les rangs
des travailleurs des brigades de choc.
En 1930, les prêcheurs sectaires, poursuivant leur œuvre de propagande à
Dnieprostroï, déclaraient: «La volonté de Dieu sera faite. Tout est à sa merci. Il est
inutile de dépenser des millions dans cette construction. Un seul mot de Dieu suffira
à tout réduire en cendres.»
A Magnitogorsk, en 1931, où l'on construit le plus grand géant industriel du
monde, le prêtre local, Bondarev, avait l'habitude de retarder l'enterrement des morts
et bloquait les cercueils dans l'Eglise le plus longtemps possible dans le but
d'organiser des enterrements en masse. De cette façon, le prêtre espérait faire croire
aux travailleurs nouvellement arrivés qu'il y avait un grand taux de mortalité à
Magnitogorsk et il espérait ainsi les effrayer afin qu'ils se tiennent écartés des
travaux de construction. C'était sa manière à lui de provoquer une pénurie de main-
d’œuvre.
Les instances religieuses ont poursuivi cette œuvre hostile tout au long des
années de la révolution, combattant bec et ongles l'évolution culturelle de l'Etat
soviétique. Des mesures comme l'éducation obligatoire et la liquidation de
l'analphabétisme ont toujours rencontré l'hostilité de la part de l'Eglise. Il y eut des
exemples où les croyants, sous l'influence des hommes d'Eglise, refusèrent de
laisser leurs enfants aller à l'école.
Les organisations religieuses n’étaient pas les seules à pratiquer les activités
hostiles mentionnés ci-dessus, dirigées contre le socialisme et la dictature du
prolétariat.
Plusieurs organisations monarchistes furent également dissoutes au cours de
ces dernières années. Leur intention était de fomenter des révoltes armées contre le
pouvoir soviétique. Certaines d’entre elles avaient un caractère religieux. D'éminents
représentants de l'Eglise prirent part à leurs activités. Voici quelques faits.
Une organisation contre-révolutionnaire qui passait pour une secte religieuse
et qui se donnait le nom de ‘Imiaslavtsy’ se fit remarquer en 1929. Cette secte
exerçait ses activités dans la région de la mer Noire, et dans les districts d’Armavit et
de Maikop dans le Caucase du Nord. A la tête d’Imiaslavtsy, se trouvaient d’anciens
officiers tsaristes et de la garde blanche qui, après la guerre civile, s’étaient convertis
en prêtres afin de camoufler leurs activités monarchistes derrière les soutanes de la
religion.
Les membres de cette secte religieuse monarchiste recouraient à divers
moyens dans leurs tentatives de discréditer le pouvoir soviétique aux yeux du
peuple. Ils prévoyaient, par exemple, son rapide déclin, et menaçaient tous ceux qui
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sympathisaient avec lui des pires châtiments une fois que les blancs seraient
victorieux. La contre-révolution ‘sainte’ achetait régulièrement des armes en vue de
la future révolte et essayait de réconforter la population en faisant circuler la rumeur
selon laquelle cette révolte était assurée d’obtenir l’aide des puissances capitalistes
européennes. De nouveaux membres rallièrent cette secte ‘religieuse’. Leurs
obligations étaient les suivantes: lutter contre le pouvoir soviétique – éviter à tout prix
le service dans l’Armée Rouge – s’abstenir de travailler dans les institutions
soviétiques – s’abstenir de rallier les coopératives – éviter de recourir à l’assistance
médicale soviétique – s’abstenir de fréquenter les salles de lectures et clubs
villageois – s’abstenir de lire des journaux soviétiques et de payer ses impôts. On
relèvera que les assemblées antisoviétiques d’Imiaslavtsy débutaient chaque fois par
la lecture de textes de la bible afin de donner l’impression qu’il s’agissait d’une secte
engagée uniquement dans des affaires religieuses.
Des activités monarchistes similaires, poursuivies sous le masque de la
religion, furent découvertes à Vyatka, à Vladimir et dans d’autres endroits. Dans
plusieurs cas, on découvrit que ces organisations religieuses monarchistes avaient
en réalité conservé des contacts avec d’autres pays. Il fut également prouvé qu’elles
avaient reçu de l’argent de l’étranger.
En 1930, un groupe à l’allure de secte qui se donnait le nom de ‘Fedorovtsy’
fut déféré en jugement à Voronej. La secte religieuse Fedorovtsy s’était constituée
après la guerre civile, avec des anciens membres des bandes de la garde blanche.
Leur doctrine pouvait se résumer comme suit: la fin du monde approche, le pouvoir
soviétique est le pouvoir de l’Antéchrist, il est nécessaire de le détruire. Les adeptes
de cette secte portaient ordinairement des croix cousues sur leurs vêtements. Selon
eux, ces croix étaient destinées à aider Dieu à distinguer ses fidèles des étrangers
lorsque viendrait le jour du jugement dernier. Les membres de Fedorovtsy allaient
incendier les fermes des paysans qui défendaient le pouvoir soviétique.
Nous n’avons cité que quelques exemples pris au hasard dans le volumineux
matériel concernant les activités antisoviétiques de l’Eglise et son utilisation de la
religion pour combattre le socialisme. En passant, il faut remarquer qu’en dehors du
recours direct à la religion dans la lutte contre l’Etat soviétique, la mentalité religieuse
qui existe toujours parmi un certain nombre de fermiers collectifs, tant chez les
hommes que chez les femmes, est un grand handicap dans la lutte pour le
socialisme. Des dogmes religieux, tels ceux qui parlent de vie après la mort, de
prédestination et de ‘volonté divine’, freinent l’activité des masses laborieuses dans
le combat commun pour le socialisme, c’est-à-dire pour une meilleure existence
terrestre. Les jours fériés religieux ont un rapport étroit avec l’absentéisme et
l’ivrognerie qui empêchent un bon nombre de croyants de la classe ouvrière à
prendre une part active dans la lutte commune pour un monde nouveau.
8. Les lois soviétiques concernant la religion
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Le 23 janvier 1918, le Conseil des Commissaires du Peuple promulgua un décret de
séparation de l’Eglise et de l’Etat. Pour la première fois de l’histoire, l’Eglise était
dissociée de l’Etat de façon consistante et complète, comme le confirmait le décret :
1. L’Eglise est dissociée de l’Etat.
2. Il lui est interdit de publier au sein de la République des lois ou des
règlements qui contraignent ou limitent la liberté de conscience, ou qui établissent
une préférence ou des privilèges sur la base de la foi professée par les citoyens.
3. Chaque citoyen est libre de professer n’importe quelle religion, ou aucune,
s’il le désire. Toutes les privations de droits reliées au fait de professer l’une ou
l’autre religion, ou de ne professer aucune confession de foi, seront supprimées de
tous les documents officiels.
4. Aucun acte officiel de l’Etat ou de quelque autre institution sociale juridique
publique ne pourra être accompagné de rites ou cérémonies religieuses de quelque
genre que ce soit.
5. Une célébration libre des rites religieux est garantie dans la mesure où elle
ne perturbe pas la paix publique et qu’elle n’enfreint pas les droits des citoyens de la
République soviétique.
6. Les autorités locales ont le droit de prendre toutes les mesures nécessaires
pour sauvegarder la paix et la sécurité publiques dans de tels cas.
7. Personne n’a le droit de se soustraire à ses devoirs civiques sous prétexte
de ses opinions religieuses. Des dérogations concernant la réglementation ci-
dessus, par la méthode de substitution d’un devoir civique par un autre, peuvent être
admises dans chaque cas distinct en accord avec le jugement de la Cour du Peuple.
8. Le serment religieux est révoqué.
9. L’enregistrement des naissances et des mariages est exécuté par les
autorités civiles uniquement, c’est-à-dire par les bureaux d’enregistrement.
10. L’école est séparée de l’Eglise. L’enseignement des doctrines religieuses
est interdit dans tout Etat, dans les écoles sociales et privées où l’instruction est
donnée. Les citoyens peuvent enseigner ou étudier la religion en privé.
11. Toutes les sociétés ecclésiastiques et religieuses sont sujettes aux
réglementations générales concernant les sociétés et les ligues privées et ne
jouissent ni de privilèges ni de subsides spéciaux, que ce soit de l’Etat ou d’une de
ses institutions autonomes locales ou municipales.
22
12. La perception obligatoire de collectes et de charges en faveur de l’Eglise
et des sociétés religieuses de même que les mesures coercitives ou punitions de la
part de telles sociétés vis-à-vis de leurs membres ne sont pas autorisées.
13. Aucune Eglise ou société religieuse n’a de droit à la propriété. Ni l’une ni
l’autre n’ont les droits d’une personne juridique.
14. Toute propriété de l’Eglise et des sociétés religieuses existantes en Russie
est déclarée propriété nationale. Les bâtiments et les objets destinés spécialement à
l’accomplissement des services religieux sont attribués, conformément à des
réglementations spéciales des autorités locales de l’Etat central, en usage libre par
les sociétés religieuses respectives.
Donc, le décret garantit en tout premier lieu la liberté de conscience de chaque
citoyen.
Ce n’était pas le cas en Russie tsariste, et cela n’existe de cette façon dans aucun
des pays bourgeois.
«Chaque citoyen est libre de professer n’importe quelle religion, ou aucune,
s’il le désire. Toutes les privations de droits reliées au fait de professer l’une ou
l’autre religion, ou de ne professer aucune confession de foi, seront supprimées de
tous les documents officiels.»
En Russie tsariste, la ‘non-profession de foi’, c’est-à-dire l’athéisme, était
impitoyablement persécutée. La moindre suggestion d’une disposition d’esprit athée
provoquait des persécutions frénétiques de la part des autorités qui agissaient en se
pliant aux requêtes de l’Eglise dominante. Comme nous l’avons déjà dit, non
seulement l’athéisme mais également toute tentative de la part du croyant de quitter
l’Eglise orthodoxe et de se convertir à une autre foi, même à une autre secte
chrétienne, était considérée comme un acte de haute trahison et se voyait
cruellement persécuter. Chaque cas d’apostasie [abandon de la foi chrétienne, NdT]
était considéré par l’Eglise orthodoxe comme une atteinte à son autorité, son pouvoir
et son bien-être et c’est pour cette raison que l’appareil policier de l’Etat était obligé
de lutter contre l’‘hérésie’ – le mot que l’Eglise utilisait pour désigner toute forme de
désaccord avec ses dogmes. L’histoire de la Russie tsariste fourmille de punitions
cruelles infligées aux membres de sectes par les autorités. Tous ces prêtres de
l’émigration blanche en Amérique, en Allemagne, en Angleterre, en France et dans
d’autres pays, qui versent actuellement des larmes en compagnie du pape de Rome
à propos de ‘l’absence de liberté de conscience’ en URSS (Antoine Khrapovitsky,
Eulogius, Platon et bien d’autres) étaient les archi-persécuteurs de la liberté
religieuse – des russificateurs enragés et des persécuteurs cruels de toute forme de
sectarisme.
23
La législation soviétique est la seule législation au monde assurant une réelle
et absolue liberté de conscience. Dans les pays démocratiques bourgeois, la ‘liberté
de conscience’ est comprise comme une liberté pour toutes les religions, et pour
n’importe laquelle d’entre elles, de tromper et d’abrutir les masses. Pas un seul pays
démocratique bourgeois, toutefois, n’a garanti une totale liberté de l’athéisme. Il suffit
de se rappeler tous les ‘procès pour blasphèmes’, le décret spécial de Hindenburg,
du 4 mai 1932, interdisant l’existence de la Ligue des Libres Penseurs Prolétariens,
etc. L’absence de cette liberté est prouvée par toute la pratique des pays bourgeois
dans ce domaine. Dans ces pays, l’Eglise est étroitement liée à l’Etat bourgeois,
sous un masque ou l’autre – que ce soit ouvertement ou sous le manteau.
Dans des pays comme l’Amérique, où des concordats officiels avec l’Eglise
n’existent pas, l’Eglise reçoit néanmoins des crédits et affectations indirects.
En imitation du pape et des ecclésiastiques d’autres religions, on a beaucoup
écrit et parlé des prétendues persécutions subies par la religion en URSS. En réalité,
toute limitation quelle qu’elle soit de la liberté de conscience est poursuivie par la loi
en URSS.
Le second paragraphe du décret de séparation entre l’Eglise et l’Etat stipule:
«Il est interdit de publier au sein des Républiques toutes lois ou réglementations qui
contraignent ou limitent la liberté de conscience ou qui établissent quelques
préférences ou privilèges que ce soit dans le domaine de la foi professée par les
citoyens.» La signification est on ne peut plus claire. Personne n’a le droit de
restreindre la liberté de conscience, ce qui revient à dire que personne n’a le droit
d’empêcher les croyants de satisfaire leurs aspirations religieuses, et de même,
personne n’a non plus le droit d’empêcher les athées de poursuivre leur propagande
et de défendre l’athéisme. Combien mensongers sont les récits à propos des ‘actions
violentes’ menées par les athées. Un message du pamphlet Sturm über Russland
(Tempête sur la Russie) publié par les éditeurs catholiques de Cologne en 1930,
peut être considéré comme un échantillon du type de calomnies forgées contre la
Ligue des Athées Militants. Les auteurs de ce pamphlet sont Joseph Froberg et
Stephan Berghoff. A la page 36, ces hommes pieux décrivent la façon dont on passe
la Noël à Moscou.
«A la tombée de la nuit, des foules d’athées se mettaient en route vers ces
églises qui n’avaient pas encore été fermées par les autorités. Avec des
exclamations du style «Il n’y a pas de Dieu! A bas la religion!», ils forçaient leur
chemin vers les églises surpeuplées où l’on célébrait la messe de Noël interdite. Ils
emmenaient le clergé et les croyants et fouettaient tous ceux sur qui ils pouvaient
mettre la main jusqu’à ce qu’ils devinssent inconscients. Ils désacralisaient les autels
et les reliques. Tout ce qui ne pouvait céder au poids de leurs poings, ils le brûlaient
dans le jardin de l’église.»
De telles absurdités mensongères, voilà avec quoi les éditeurs catholiques
bourrent le crâne de leurs lecteurs. Si quelqu’un s’était permis la moindre des choses
24
reprises ci-dessus, il aurait été immédiatement poursuivi pour avoir transgressé le
décret sur la liberté de conscience. Il est nécessaire de mentionner ici que toute
violence, toute moquerie, etc., sont catégoriquement rejetées par la Ligue des
Athées qui sait pertinemment bien que de telles méthodes ne servent qu’à exacerber
davantage les sentiments religieux.
Aucune liberté de conscience n’a jamais existé en Russie tsariste. Rien de ce
genre n’existe non plus aujourd’hui dans les pays bourgeois. L’adhérence d’un
citoyen à l’une ou l’autre religion ne va de pair avec aucune restriction ni aucun
privilège que ce soit. Dans la Russie tsariste, les membres de la confession
orthodoxe bénéficiaient de privilèges particuliers. C’est le cas également des
catholiques en Pologne de nos jours. Quant aux ‘libres penseurs’, ils sont,
naturellement, persécutés partout. Un tel état de choses ne peut en aucun cas être
appelé ‘liberté de conscience’.
En URSS, tous les documents officiels sont démunis de toute référence aux
croyances religieuses des citoyens. Ceci souligne encore le fait qu’aucune différence
que ce soit, basée sur quelque principe religieux que ce soit, n’est faite entre les
citoyens.
Le paragraphe 4 du décret insiste sur le fait qu’«aucun acte officiel de l’Etat ou
de quelque autre institution sociale juridique publique ne pourra être accompagné de
rites ou cérémonies religieuses de quelque genre que ce soit.» Il ne peut se produire
en URSS qu’une célébration sociale soit accompagnée d’un Te Deum, pour la raison
que l’Eglise est complètement séparée de l’Etat.
L’ouverture des écoles, des usines et les célébrations en tous genres de la
Russie tsariste s’accompagnaient immanquablement d’un service ‘divin’. C’est la
pratique jusqu’à ce jour dans de nombreux pays bourgeois. Cette coutume en elle-
même impose des limites à la liberté de conscience car il y a toujours des gens de
confessions différentes parmi la population d’un pays donné. Il y a aussi des gens
qui sont totalement athées. Par conséquent, les célébrations religieuses dans des
endroits publics ne sont rien d’autre qu’une violation du principe de liberté de
conscience en ce qui concerne les dissidents et les athées.
Les autorités de l’Etat en URSS ne se mêlent pas des affaires internes de
l’Eglise. Ce n’est pas le cas dans les pays bourgeois. En Angleterre, par exemple, le
roi est le chef de l’Eglise anglicane et toutes les questions d’ordre intérieur de l’Eglise
(jusqu’au contenu du livre de prières) sont réglées devant le Parlement. En URSS,
les questions de savoir qui croit en Dieu et de quelle manière, qui prie et de quelle
manière il prie, ne concernent pas l’Etat le moins du monde.
Le paragraphe 5 du décret stipule: «Une célébration libre des rites religieux
est garantie dans la mesure où elle ne perturbe pas la paix publique et qu’elle
n’enfreint pas les droits des citoyens de la République soviétique. Les autorités
locales ont le droit de prendre toutes les mesures nécessaires afin de sauvegarder
25
l’ordre et la sécurité publiques dans de tels cas.» Ceci signifie que les autorités ne
peuvent interférer dans les affaires de l’Eglise que lorsque des religieux ou des
membres de l’Eglise se livrent à des tentatives d’utiliser la religion à des fins contre-
révolutionnaires, c’est-à-dire politiques.
Naturellement, des circonstances peuvent se présenter où les activités des
corps religieux requièrent l’interférence de la part des autorités afin de garantir les
intérêts publics: par exemple, si, dans une région frappée par une épidémie, l’Eglise
organisait des processions et des séances de prières publiques ainsi que la visite de
maisons privées, ce qui risquerait naturellement de répandre la maladie, les autorités
seraient forcées d’interdire de telles cérémonies religieuses. De telles mesures
toutefois peuvent difficilement être considérées comme des violations de la loi
respectant la liberté de conscience.
Le décret de séparation sépare également l’enseignement de l’Eglise. Dans la
Russie tsariste, l’enseignement se trouvait sous l’influence directe de l’Eglise.
L’enseignement public lui était particulièrement soumis. La religion ou ce qu’on
appelle les sujets de ‘divinité’ étaient enseignés par les prêtres dans les écoles
primaires et secondaires. Nous voyons exactement la même situation aujourd’hui,
dans plusieurs pays capitalistes. Les classes dirigeantes bourrent le crâne des
enfants avec des histoires parlant de l’éternité de l’ordre bourgeois, de l’inviolabilité
de la propriété privée, etc., afin d’inculquer à la génération montante une profonde
dévotion à l’égard du régime capitaliste. L’Etat soviétique est le seul pays au monde
dans lequel l’enseignement et le travail scientifique sont libres des chaînes de la
religion. Aucune image pieuse n’est affichée dans les écoles soviétiques.
L’enseignement soviétique éduque les enfants dans un esprit antireligieux.
Selon le décret, les parents sont libres d’enseigner la religion à leurs enfants
chez eux. Ceci, cependant, ne donne à personne le droit d’installer des écoles
religieuses. La classe ouvrière et son pays ne toléreront aucun lieu d’abrutissement
religieux où la génération montante recevrait une éducation corrompue.
Le décret du 23 janvier 1918 met un terme à toute subsidiation par l’Etat de
l’Eglise et des organisations religieuses. Que les croyants maintiennent leurs
organisations d’Eglise eux-mêmes. Aucun kopeck ne sera consacré à cette question
par l’Etat. Dans les pays bourgeois, l’Etat fournit des dizaines de millions aux
organisations ecclésiastiques, alors que les allocations de chômage et les pensions
des invalides sont réduites et que le nombre d’écoles diminue en permanence.
Aucun pays, même le plus démocratique, ne peut se vanter d’une liberté de
conscience aussi absolue que celle qui existe en URSS. C’est toutefois très naturel.
La bourgeoisie se cramponne à la religion, l’utilisant comme une arme dans sa
prédominance sur les masses. Dans tous les pays européens et non européens, les
relations entre l’Eglise et l’Etat se consolident. Des concordats avec l’Eglise ont eu
lieu en Prusse, en Bavière, en Pologne, en Italie, en Lituanie et dans de nombreux
26
autres pays. Partout, on peut découvrir les rangs serrés d’un front uni entre le capital
et ses serviteurs – le fascisme et la prêtrise. Partout se fait sentir une intensification
de la réaction cléricale. Le pays des Soviets est le seul où la religion est
complètement séparée de l’Etat et où chaque citoyen est libre de croire au Dieu qu’il
veut, ou en aucun s’il le préfère.
L’article 4 de la Constitution de la RFSSR dit ceci: «Dans le but d’assurer une
réelle liberté de conscience aux travailleurs, l’Eglise est séparée de l’Etat et
l’enseignement de l’Eglise; le droit de tous les citoyens de pratiquer librement
n’importe quelle foi religieuse ou de s’engager dans toute propagande antireligieuse
demeure inviolable.» Cela signifie que la classe ouvrière dirigeante ne se satisfait
pas uniquement de la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Reconnaissant entièrement
le droit de chaque citoyen de professer ou de renier n’importe quelle religion à sa
guise, la classe ouvrière poursuit, à travers son appareil d’Etat, ses syndicats, ses
institutions culturelles, sa presse, etc., un travail important dans le but de libérer
l’esprit des gens de l’influence de la religion. L’ensemble du système de l’éducation
en URSS et l’ensemble de son système culturel contribue au développement de
combattants conscients de la société sans classe, des combattants comprenant
l’origine de classe de la religion, et qui sont par conséquent libres de toute croyance
en quelques puissances surnaturelles et inexistantes que ce soit.
9. Le danger de guerre et la religion
La participation de l’Eglise aux nouveaux préparatifs de guerre et l’intervention
envisagée contre l’URSS est camouflée de nombreuses façons subtiles.
Le seul objet de la campagne calomnieuse contre l’URSS, qui tire en partie
son origine dans l’Eglise, consiste à tenter de gagner les masses à l’idée d’une
guerre future avec l’Union soviétique. Les histoires de ‘travail forcé’, d’‘éliminations’,
de ‘persécutions antireligieuses’, etc. sont destinées à créer une hostilité et à
mobiliser l’opinion publique contre l’Union soviétique.
Telle était la motivation, par exemple, qui se cachait derrière les prétendues
‘croisades’ du pape à l’époque où les catholiques, les anglicans, les juifs, les
mahométans et de nombreux autres ecclésiastiques de tous crins présentèrent un
front uni pour calomnier l’URSS. La ‘croisade’ du clergé a reçu une place importante
dans la guerre planifiée contre l’Union soviétique. Lorsque les mencheviks et le Parti
Industriel (parti Prom) ont été déférés devant les tribunaux à Moscou, on a appris
que le début de l’intervention proposée avait été fixé au printemps 1930, exactement
au moment où les prêtres étaient occuper à mijoter leur ‘croisade’.
La participation active de l’Eglise à la guerre est évidente dans ses prêches
trompeurs truffés d’absurdités à propos du fait que la bourgeoisie ne voulait pas de
quelque guerre que ce fût et qu’au moyen de conférences de paix, de conseils
ecclésiastiques, etc., il était possible d’éviter la guerre, bien qu’elle fût préparée par
l’URSS contre les capitalistes ‘pacifiques’. En rapport avec ce qui précède, il convient
de se rappeler que, lors de la Conférence de Genève, l’Eglise a opposé des
27
objections véhémentes à la proposition de désarmement exprimée par les
représentants de la délégation soviétique dirigée par Litvinov.
L’éditorial du journal officiel du pape, l’Osservatore Romano du 7 avril 1932,
parlait du désarmement en ces termes: «Ce serait une grande erreur de cacher
qu’aussi longtemps qu’il existera pour les nations un danger communiste ou
bolchevique organisé en tant qu’Etat, et un Etat armé au sein de ses frontières
mystérieusement fermées, le désarmement imprudent, le désarmement idyllique qui
devrait être le précurseur de la paix et la semence fertile d’une nouvelle prospérité
économique, peut dans sa légèreté ouvrir la porte toute grande au cyclone
extrêmement violent des conflits politiques les plus cruels et irréparables sur le plan
économique.» L’Union soviétique propose le désarmement complet tandis que le
pape requiert la destruction préalable de l’Union soviétique et suggère que l’on ne
discute du désarmement qu’après ces mesures.
Cette attitude de l’Eglise coïncide avec l’attitude des cercles les plus
réactionnaires de la bourgeoisie impérialiste. Qui plus est, l’Eglise cautionne et
diffuse la calomnie bourgeoise selon laquelle l’URSS est la nation la plus belliqueuse
au monde. Donc, par exemple, le prêtre Notges écrit dans son ouvrage Catholicisme
et communisme que l’armée soviétique compte 25 millions de soldats. Cette
calomnie voudrait mettre sur le dos de l’URSS la responsabilité de l’accroissement
de l’armement dans les pays capitalistes.
Dans aucun pays, l’Eglise ne s’exprimerait en faveur du désarmement. Au
contraire, elle aide la bourgeoisie à développer un potentiel militaire. Les aumôniers
des armées bourgeoises aident l’équipe de commandement à réprimer la conscience
de classe des soldats et à les entraîner pour le rôle obéissant de chair à canon.
La prière suivante, composée en Pologne par un prêtre catholique, Miezskis-
Uzerski, dans son livre de guerre (Wojna) représente un exemple intéressant du fait
cité plus haut: «Oh, seigneur, accorde à nos mains la puissance nécessaire, accorde
la supériorité à nos canons, l’endurance à nos chars, l’invisibilité à nos machines
volantes, la fluidité et l’omniprésence à nos gaz – accorde-leur les signes dignes de
l’amour divin. Au nom de cet amour dont tu nous aimes, puisse l’ennemi tomber
comme l’herbe touchée par la faux de la justice. Fais que leurs femmes et leurs filles
soient déshonorées. Puissent leurs balles et boulets tomber dans l’herbe comme des
agneaux, et puissent nos soldats, comme des tigres, leur arracher les entrailles.
Puissent-ils finalement devenir aveugles. Notre âme est la même qu’elle l’était il y a
des milliers d’années. Elle hait l’ennemi et ne lui pardonne pas. Ainsi, ne pardonne
pas non plus aux athées, mais punis-les pour qu’ils cessent de nous faire du mal et
ne nous empêche pas de les rendre inoffensifs, maintenant et pour toujours. Amen.»
Cette prière militante n’est pas chose rare dans le monde de l’Eglise. Les
bombes, les gaz et les aéroplanes recevront beaucoup plus de bénédictions
lorsqu’ils seront dirigés contre l’URSS.
Les ministres de l’Eglise sont en rapport étroit avec ces cercles impérialistes
de la bourgeoisie mondiale qui sont les plus actifs à préparer la guerre et
28
l’intervention, et qui les subsidient dans de nombreux cas (ils ont des contacts avec
Deterding, par exemple). Très souvent, les princes de l’Eglise eux-mêmes tirent profit
des travaux militaires. Selon l’affirmation faite dans le magazine anglais New
Statesman and Nation du 1er février 1932 et reprise dans la Pravda, les
représentants du clergé britannique constituent une proportion exceptionnellement
nombreuse des actionnaires des firmes d’armement.
Ceci ne concerne pas uniquement le clergé britannique. Dans tous les pays
impliqués dans la guerre mondiale, les organisations religieuses étaient au service
de l’état-major général. Et les leçons de cette guerre garantissent que l’Eglise jouera
exactement le même rôle dans la nouvelle guerre que les impérialistes préparent
actuellement.
Il suffit d’examiner l’attitude du clergé en matière d’occupation de la
Mandchourie par le Japon, afin de se convaincre soi-même au-delà de tout doute du
rôle impérialiste de toute religion et Eglise. Il est bien connu que les ecclésiastiques
japonais ont solennellement sanctionné la ligne de conduite prédatrice de leur
soldatesque et qu’ils ont même fait appel à l’Angleterre et à l’Amérique en leur
demandant d’aider le Japon à piller la Chine. Dans son journal l’Osservatore
Romano, le pape, dans tous les numéros sortis vers la fin de 1931, insinuait sans
cesse que l’Armée Rouge de l’Union soviétique assistait les Chinois dans leur lutte
contre le Japon. Par conséquent, la presse papiste jouait le rôle d’instrument dans la
provocation de l’impérialisme japonais contre l’Union soviétique. Il est caractéristique
des corps ecclésiastiques des pays capitalistes qu’ils n’ont jamais prononcé un seul
mot contre le bombardement de Tchapeï et en général, contre les actes violents
commis par les militaristes japonais en Chine.
Dans les préparatifs de la guerre antisoviétique, un rôle important est conféré
par les impérialistes à l’émigration russe blanche qui a trouvé refuge en France, en
Tchécoslovaquie, en Pologne, dans les Balkans et dans d’autres pays. Une part
active est jouée par les mêmes prêtres qui étaient habituellement les partisans du
trône tsariste, et qui constitue maintenant la véritable élite de l’émigration blanche.
C’est un fait bien connu que la racaille émigrée russe a dernièrement dirigé ses
activités vers des actes terroristes, faisant des leaders politiques étrangers leurs
principales victimes. La raison de la terreur est motivée par l’espoir de précipiter une
guerre antisoviétique. L’une des victimes de la garde blanche fut Doumer, le
président de la République française. Il conviendrait de noter que longtemps avant
que Stern, le garde blanc, tire sur von Twardowsky, conseiller de l’ambassade
d’Allemagne, et que longtemps avant que le garde blanc Gorgulov tue Doumer,
président de la République française, les tactiques de la terreur avaient été
annoncées par le clergé russe à l’étranger. L’un des gardes blancs, le métropolite
Antoine, écrivait en novembre 1930:
«Peuple russe! Le diable rouge a lancé une lutte décisive contre notre foi. Ce
diable devrait être repoussé. Notre lumière ne s’éteindra pas. Levez-vous et
29
défendez la foi chrétienne! Abattez les communistes! Frappez la tête du serpent! Ne
laissez pas en vie non plus la progéniture de ce serpent! La terreur du peuple est
l’épée de Dieu.»
C’est ce qu’écrivait le métropolite Antoine Khrapovitsky, qui avait été l’un des
plus dévoués serviteurs de Nicolas II et le leader de la très pogromiste ‘Ligue du
Peuple russe’.
C’est lui également qui plus tard allait supplier les puissances européennes
d’organiser une nouvelle campagne contre l’Union soviétique (1922).
Toutes les activités des organisations religieuses – leur attitude à l’égard de
l’Union soviétique et leur rôle général dans le système de l’appareil bourgeois de
l’Etat – prouvent que l’Eglise et la religion jouent le rôle de pionnier et d’avant-garde
de l’impérialisme dans les préparatifs de la nouvelle guerre contre la construction du
socialisme en URSS.
10. C’est l’union des athées militants de l’URSS qui organise et dirige la
propagande antireligieuse
L’œuvre de l’Union est basée sur les principes de Marx, Engels et Lénine
considérant que la religion est une puissance réactionnaire, servant les exploiteurs
dans leurs efforts de perpétuer leur domination sur les exploités. L’Union des Athées,
bien qu’il s’agisse d’une organisation ne dépendant pas d’un parti, suit la direction du
parti communiste et ses activités servent les buts de la construction socialiste.
L’Union des Athées Militants est une organisation sociale composée de
volontaires et elle n’est habilitée à exercer aucune fonction administrative. Par
conséquent, il n’entre pas dans son pouvoir de fermer des églises, d’arrêter des
prêtres et de faire toutes ces choses que l’Eglise et la presse capitaliste étrangère lui
attribuent. L’Union est organisée de façon à coïncider avec les formes industrielles
de la façon suivante: elle crée ses noyaux dans les usines, les ateliers, les écoles,
les unités de l’armée, les fermes soviétiques, les fermes collectives, les villages, etc.
Le principe motivant des noyaux athées consiste dans la lutte contre la
religion dans tous ses aspects – dans la lutte contre toute religion quelle qu’elle soit –
contre le mode religieux de vie et de préjugés. Ce travail d’éducation et de
propagande de l’Union est étroitement lié à l’œuvre de construction du socialisme et
lui est subordonné. Un athée est un travailleur exemplaire. Le noyau athée est une
organisation de choc d’avant-garde dans l’usine, à l’école, dans les fermes
soviétiques et collectives, etc. Telle est la façon dont les athées conçoivent leur
travail. Les brigades de choc athées de l’industrie sont organisées dans les usines.
Leur but est de montrer aux autres et particulièrement aux croyants parmi les
travailleurs comment combattre pour la construction du socialisme. Leur travail dans
l’industrie s’accompagne en même temps d’un travail d’éducation et de propagande.
30
On peut rencontrer des brigades de choc athées du même type dans les fermes
collectives, les écoles, etc.
Les athées font également un travail important dans les villages, où ils
encouragent la collectivisation, l’augmentation des rendements et l’introduction de
l’équipement technique.
Mainte ferme collective a été organisée grâce aux organisations athées. Il y a
de nombreux villages où les paysans donnent à leurs fermes collectives le nom
d’‘athées. Les fermiers collectifs athées, en règle générale, poursuivent leur travail
d’une façon plus efficace que les autres.
Du fait que la propagande antireligieuse divulgue la signification de classe de
la religion, son caractère non scientifique et sa nocivité générale, elle aide les gens
les plus arriérés à abandonner la religion et à rallier le travail social actif, faisant
d’eux les bâtisseurs conscients d’un monde nouveau.
Dans son agitation et sa propagande, l’Union des Athées ne se permet jamais
de blesser les sentiments religieux des croyants ou de se moquer d’eux. Les athées
se sont donné comme but d’éduquer et de modifier les conceptions du croyant, qu’il
soit ouvrier ou paysan. Toute attitude abrupte ou dénuée de tact est strictement
réprouvée, car il va sans dire qu’adopter une mauvaise attitude à l’égard des
croyants est capable de les irriter et d’intensifier leurs sentiments religieux.
Le travail de propagande de l’Union des Athées est très diversifié. Elle a ses
propres périodiques, elle publie des ouvrages et des pamphlets, et sa propagande
de presse occupe une place importante dans son travail. Le tirage effectif du journal
Bezbozhnik (L’Athée) est d’environ 500.000 exemplaires. Il livre également des
numéros spéciaux aux écoles et à l’Armée Rouge.
Outre l’édition russe du journal, les athées publient des journaux et des
magazines en ukrainien, en polonais, en géorgien, en tatar, en allemand, en yiddish,
en arménien, en tchouvache, en bachkir, en bouriate-mongolien, en finnois, en
estonien, en ouzbek et dans les autres langues des nationalités qui peuplent l’URSS.
Les livres, pamphlets, recueils de textes, etc. publiés par l’Union dans les
nombreuses langues parlées en URSS concernent différentes questions touchant
aux domaines de l’histoire des religions, des civilisations, des sciences, du
socialisme, du matérialisme dialectique et du mouvement du travail. La propagande
de la connaissance scientifique comme antidote aux ‘contes’ de la religion occupe
une place importante dans le travail de l’Union des Athées Militants.
Le travail éducationnel parmi les masses de la population est effectué par le
biais de conférences, de discussions, de lectures, de soirées culturelles,
d’excursions, etc. Des cercles et des séminaires sont organisés par l’Union des
Athées dans les usines, les institutions, les écoles et les unités de l’armée. Dans les
régions et les villes, des écoles et des universités du travail sont instaurées et
31
proposent une grande variété de cours. Les émissions radio sont également
incorporées dans ce travail. Alors que la radio, dans les pays bourgeois, est utilisée
par l’Eglise dans le but de semer la confusion parmi la classe ouvrière en diffusant
des idées réactionnaires et religieuses, en URSS elle joue son rôle dans la création
d’une nouvelle forme de société.
Plus de soixante-dix sections et musées antireligieux ont été organisés par les
athées. Des cinémas et des théâtres sont également au service de la propagande
antireligieuse.
Les athées luttent pour la révolution culturelle et contre l’analphabétisme,
répartissant leurs membres de façon à ce qu’ils puissent procéder au travail
éducationnel avec les illettrés. Les athées luttent contre toutes les superstitions afin
de préparer la voie à un nouveau mode de vie et un niveau culturel plus élevé pour
les travailleurs.
C’est une grande œuvre que sont attelés à réaliser les athées (dans l’Est
soviétique en particulier) dans leur tâche d’émancipation des femmes des servitudes
religieuses vieilles comme le monde et des handicaps sociaux.
Ce n’est pas un secret que dans certains endroits la femme mahométane est
toujours prisonnière des coutumes religieuses. Elle se couvre la face d’un voile pour
la raison que la religion lui interdit de circuler à visage découvert. Les athées luttent
contre ceci et contre d’autres formes de servage religieux et aident les femmes qui
travaillent à briser les chaînes de la religion afin de les convertir en participantes
conscientes au travail de la construction socialiste. Travailler parmi les enfants, à
l’école et en dehors, est également l’une des tâches réalisées par l’Union. Les jeunes
sont organisés en groupes de jeunes athées. Ces groupes se sont constitués à
travers le pays et comptaient plus de deux millions de membres à la fin de l’année
1931.
L’Union des Athées Militants lutte contre toutes les religions parmi toutes les
nationalités peuplant l’URSS. Elle combat toute forme de nationalisme et de
chauvinisme, milite activement en faveur de l’internationalisme et de l’union
fraternelle de toutes les nations. L’Union est membre de l’organisation internationale
des athées prolétariens – l’Internationale des Libres Penseurs Prolétariens. Elle
mène à bien l’éducation de ses membres à une échelle internationale en
développant l’émulation et en établissant des contacts avec les organisations athées
prolétariennes d’autres pays.
Tous les travailleurs qui ont rompu avec la religion après avoir réalisé tout le
mal dont elle est capable, et qui souhaitent lutter contre elle, sont les bienvenus en
tant que membres de l’Union des Athées Militants. De nombreux travailleurs
étrangers en URSS, qui travaillent dans nos entreprises industrielles, et même des
membres de leurs familles joignent l’Union et participent à son œuvre.
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  • 1. 1 L’Église en URSS 1932 1. Ce que prétendent nos ennemis On a répandu à l'étranger bon nombre de mensonges en tous genres à propos de l'Eglise et de la religion en Union soviétique. Par exemple, la presse bourgeoise a très fréquemment soulevé des tempêtes de protestations hypocrites contre les persécutions dont serait victime la foi, contre l'exécution de prêtres et la fermeture obligatoire des églises en URSS. Tout un chacun se rappellera la prétendue ‘Croisade’ du clergé au début de 1930 lorsque, sous prétexte de vouloir défendre la religion, une grande campagne a été lancée en faveur de l'intervention contre l'Union soviétique. Le pape, chef de l'Eglise catholique, déclarait dans son Encyclique du 2 février 1930 qu'en URSS, les employés de bureau, tant masculins que féminins, étaient obligés de renier officiellement leur croyance religieuse et de blasphémer. S'ils ne s'exécutaient pas, on les menaçait de perdre leurs cartes de pain et leurs droits concernant les fournitures, les services, le logement, etc. Plus loin dans son Encyclique, le pape, mettant à contribution son imagination ‘divine’, décrit les actes de violence à l'encontre des croyants ‘persécutés’. Il dépeint de façon particulièrement vivante les ‘actes cruels’ commis par l'Union des Athées Militants. Des affabulations absurdes du même acabit ont été réitérées à n’en plus finir par les dirigeants ecclésiastiques et politiques de tous pays dans leurs parlements, leurs églises, leurs assemblées. Ces derniers temps, la presse des pays capitalistes, et spécialement la presse cléricale, a passé le plus clair de son temps à relater les persécutions dont est victime la religion en URSS et le danger que représente le communisme pour la civilisation. Tout récemment encore, en Allemagne, le clergé a publié un certain nombre d’ouvrages traitant de l’URSS. Les auteurs prennent la liberté de gaver leurs lecteurs d’inventions vraiment exceptionnelles au sujet de l’URSS. Quelle en est la raison? Elle est des plus évidentes. On espère, par de tels moyens, pénétrer les masses d’idées fausses et déformées sur la situation réelle en Union soviétique et leur inspirer dans un même temps inimitié et haine à l’égard de l’URSS, assistant par là les capitalistes dans leurs préparatifs d’une guerre antisoviétique. Mensonges et documents fabriqués de toutes pièces sont devenus les armes de la ligne de conduite bourgeoise agressive à l’encontre du pays de la dictature prolétarienne. Dans cette campagne de calomnies et dans les préparatifs idéologiques en vue de l’intervention, l’Eglise joue un rôle important. Les problèmes religieux ont été largement utilisés comme moyen de propagande antisoviétique et les impérialistes se servent des préjugés religieux d’un très grand nombre de travailleurs des pays capitalistes à leurs propres fins politiques.
  • 2. 2 C’est la raison pour laquelle il y a tant de calomnies sur l’URSS en général, et sur sa ligne de conduite en ce qui concerne la religion en particulier. Considérons ce problème de plus près et examinons quelle est la position réelle de l’Eglise et de la religion en URSS. En guise de préliminaire, une brève prise de connaissance avec le rôle et la nature de la religion au sein de la Russie tsariste d’avant la révolution nous aidera à mieux saisir la situation. 2. L’Eglise avant la révolution Dans la Russie tsariste, l’Eglise orthodoxe était une organisation d’Etat dont le chef suprême n’était autre que le tsar. Les dirigeants de l’Eglise étaient payés par la clique royale. Le saint synode représentait le conseil suprême de l’Eglise dont les membres étaient désignés par le tsar, et c’était le représentant officiel de ce dernier, le ‘procurateur’, qui y jouait le rôle le plus important. Quelques années avant la révolution, ce même synode avait longtemps débattu du problème de la promotion d'un simple moine au rang d'évêque. Selon Vedensky, le moine n’était pas digne de cet honneur mais, par trois fois, le procurateur avait insisté pour qu’il fût consacré. Finalement, en butte à l’entêtement du synode, il fit savoir que la consécration était fortement souhaitée du côté de Tsarskoïe Selo (la résidence d’été de la famille impériale, non loin de Leningrad). Lorsque cela parvint aux oreilles du métropolite, Antoine Khrapovitsky, à l’époque membre du synode et actuellement l’un des personnages les plus en vue de l’émigration de la garde blanche1 , il s’exclama: «Que ne le disiez-vous plus tôt? Si Tsarskoïe Selo en manifestait le désir, nous irions jusqu’à ordonner un cochon sauvage comme évêque!» Le tsar était le chef de l’Eglise et son pouvoir était sanctifié par l’Eglise qui enseignait au peuple à le vénérer comme une divinité. Des effigies du tsar étaient reproduites sous forme d’icônes et on recommandait aux masses de les considérer comme ‘sacrées’, ceci dans le but de leur inspirer amour et dévotion à l'égard des représentants de l'Etat exploiteur et des archi-exploiteurs en personne. Tout au long de son histoire, l’Eglise russe – il en va toujours de même aujourd’hui en ce qui concerne les Eglises dans tous les autres pays – se mit au service des classes exploiteuses et la religion fut toujours utilisée comme un moyen de perpétuer l’exploitation de classe. Le prêtre était tenu d’informer les autorités de tout ce qu'il entendait au confessionnal. Par conséquent, les confesseurs figuraient en bonne place parmi les agents politiques de renseignement les plus efficaces du régime tsariste. Etroitement liée comme elle l'était avec les classes exploiteuses, l'Eglise orthodoxe fut elle-même un propriétaire terrien très puissant. Jusqu'à l’aube du 1 Quand il sera question de Russes blancs, dans ce texte, le terme désignera les Russes qui s’opposaient au pouvoir soviétique, et non les Biélorusses (ou habitants de la Biélorussie ou Russie blanche (NdT).
  • 3. 3 vingtième siècle, l'Eglise et les monastères possédaient des biens importants, tels des résidences urbaines, des usines, des hôtels, etc. Selon un recensement effectué en 1903, Leningrad (anciennement Saint-Petersbourg) comptait à elle seule 230 résidences appartenant à l'Eglise. Les estimations du budget de l'Etat ont montré que le synode de l’Eglise orthodoxe se voyait allouer 50 millions de roubles par an. Le ‘gâteau’ de l'Eglise nourrissait 105.339 ecclésiastiques (en fait, 640.000 personnes si l'on compte les membres de leurs familles), sans compter 58.138 moines et religieuses. Toutes ces personnes constituaient l'un des bastions de l'ordre existant à l'époque. L'éducation nationale dans la Russie tsariste se trouvait aux mains des prêtres, qui étaient en fait les véritables freins à la lumière et au savoir de l’ancien régime. Il est bien connu que les mensonges répandus actuellement en Europe et en Amérique à propos des persécutions dont souffrirait la religion en URSS sont fabriqués par des hommes d'Etat en fuite de l'ancienne Russie tsariste ainsi que par les anciens dirigeants de l'Eglise. Donc, en 1931, par exemple, la presse de l'Europe occidentale (spécialement la presse autrichienne et allemande) publiait en long et en large les élucubrations d'un évêque de la garde blanche, Séraphim, qui racontait toutes sortes d'histoires ‘horribles’, de même que les métropolites Khrapovitsky, Eulogius et autres fournissent très souvent de telles ‘informations’ intéressantes aux membres de leur ordre. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à la liberté de conscience n'existait tout simplement pas en Russie tsariste, au moment où ces gens jouissaient du pouvoir absolu. Non seulement l'athéisme y était-il persécuté sans merci, mais également toutes les personnes qui faisaient mine de vouloir quitter l’Eglise orthodoxe prédominante pour quelque confession que ce fût. Les membres de toutes sectes faisaient l'objet de persécutions particulières. Jadis, on les torturait et on les exécutait. Par la suite, flagellation et exil en Sibérie furent leur lot jusqu'à la révolution. L'ecclésiastique local était l'informateur en chef, et la police dépendait de lui dans ses recherches et ses poursuites à l’encontre des membres des sectes. La liberté de conscience n'avait jamais existé en Russie tsariste et ces ‘gentilshommes de l'immigration’ qui essaient à présent de prouver l'existence d'une prétendue persécution antireligieuse en URSS étaient en leur temps les persécuteurs les plus implacables de toute liberté, y compris la liberté de conscience. L'ancien évêque Eulogius, l'un des dirigeants des émigrés, se plaint à travers toute l'Europe de l'absence de liberté religieuse en URSS. C'est le même Eulogius qui, en 1909, requit de la part de la Douma, au nom des ecclésiastiques, et pour l'amour ‘de la suprématie et de la domination de l'Eglise orthodoxe’, l'interdiction de prêcher librement pour les ‘vieux-croyants’ (une secte d’orthodoxes dissidents) et ce fut encore lui qui insista pour que l’on appliquât de nombreuses restrictions contre
  • 4. 4 ces derniers, alors qu’ils ne constituaient qu'une branche dissidente de l'Eglise orthodoxe. Longtemps avant la révolution, seuls – et nous insistons – seuls les bolcheviks avaient protesté contre les persécutions religieuses dont étaient victimes les membres des sectes. Lénine avait consacré plusieurs articles à la question, ne cessant d’exiger l’absolue liberté de conscience. Après la révolution, les bolcheviks ont satisfait ces exigences et ont fait de cette liberté de conscience une réalité. Personne ne réfute le rôle politique de l'Eglise en tant que rempart du tsarisme, pas même les ennemis de l'Union soviétique. L'un des idéologues de l'émigration russe blanche, le professeur P. Milioukov, écrit dans son ouvrage Tableaux de l'histoire de la culture russe (Paris, 1931) que l'Eglise de Russie «était l’ennemie naturelle et inéluctable de la révolution. Par tradition, l’Eglise russe était un instrument du gouvernement et, de ce fait, elle était impliquée dans des questions politiques d’un certain type.» Le type de politique auquel l’auteur fait référence est on ne peut plus clair: l’Eglise appliquait tout simplement la ligne politique de l’autocratie russe. 3. La lutte de l’Eglise contre la révolution La nature contre-révolutionnaire de l’Eglise se révéla clairement au cours des périodes d’agitation populaire. La révolution de 1905 en est un exemple frappant. A Saint-Petersbourg, le 9 janvier 1905, les soldats reçurent du tsar l’ordre de tirer sur la manifestation pacifique des travailleurs. Le massacre souleva des tempêtes de protestations partout dans le pays. Afin de justifier la boucherie, le synode de l’Eglise orthodoxe publia une proclamation adressée à tous les croyants et qui émettait des calomnies mensongères à l’encontre des travailleurs révolutionnaires. Le synode affirmait que l’agitation dans le pays était organisée ‘avec de l’argent japonais’. «Pour l’amour de votre sainte mère, l’Eglise orthodoxe, disait la proclamation, nous implorons tous ses enfants de craindre Dieu, de vénérer le tsar et d’obéir à toutes les autorités émanant de sa personne (...) Peuple laborieux de Russie, travaille à la sueur de ton front (...).» Le clergé lança une campagne frénétique dans l’espoir d’entraver au maximum la révolution qui approchait. Les ecclésiastiques excitèrent à qui mieux nombre d’organisations spécialisées dans les pogroms et les violences crapuleuses, telles que la ‘Ligue de Michel l’Archange’, la ‘Ligue du Peuple russe’, etc. Ces groupes exécutèrent leur tâche consistant à se débarrasser des dirigeants des organisations de travailleurs. Les drapeaux et bannières de ces bandes étaient gardées dans les églises et leurs pogroms commençaient habituellement par un Te Deum dans les églises locales. La presse cléricale de 1905-1907 était obsédée par la lutte contre la révolution. Les prêtres insistaient fiévreusement sur l'opposition inconciliable entre le socialisme et la religion. L'Eglise imprimait des pamphlets s’appuyant sur des points de vue religieux pour justifier exécutions et assassinats de révolutionnaires.
  • 5. 5 Dans les districts ruraux, le clergé s’occupait consciencieusement d’agiter les masses rurales dans le but de les détourner de leur combat révolutionnaire contre les grands propriétaires et seigneurs féodaux tout en les excitant contre les travailleurs des villes, etc. Lorsque les travailleurs de Moscou se révoltèrent contre le tsarisme (en octobre 1905), les clochers des églises orthodoxes servirent de postes pour les mitrailleuses du tsar et les ecclésiastiques eux-mêmes participèrent activement à l'application d'une ‘justice expéditive’ aux travailleurs arrêtés. Lorsque les expéditions militaires punitives de 1905-1907 se livrèrent, dans tout le pays, à des exécutions parmi le peuple en révolte, les prêtres de toutes confessions jouèrent le rôle d'agents provocateurs et d'espions, trahissant les participants au mouvement révolutionnaire et les livrant aux autorités. Dans leurs tentatives de supprimer le mouvement révolutionnaire, tant les prêtres que les gens de la police coopérèrent en organisant les pogroms contre les Juifs (ainsi que contre les Arméniens dans le Caucase) dans le but de détourner la haine éprouvée par les travailleurs contre l'autocratie et de la transformer en inimitiés nationalistes et raciales. On peut citer d'innombrables cas prouvant de façon irréfutable que le clergé a pris une part active dans les exécutions des travailleurs opérées par les gendarmes tsaristes, et ce, à l’échelle nationale. Le 20 octobre 1905, dans la ville de Tomsk, une bande d'hommes de main se réunirent dans la cathédrale pour assister au service religieux. Après les cérémonies, ils sortirent pour aller massacrer les travailleurs qui étaient assemblés à ce moment-là dans les dépendances du théâtre municipal. Certains des travailleurs réussirent à s'abriter dans la gare, mais ne tardèrent pas à périr eux aussi, car les bâtiments ferroviaires furent entre-temps incendiés par la bande. Lorsqu'on demanda à Macarius, le métropolite de Tomsk, d'intercéder, il sortit dans la rue et publiquement donna sa bénédiction aux hommes de main. L'Eglise orthodoxe ne fut pas la seule servante de l'autocratie. Les autres Eglises et corps religieux témoignèrent tout autant leur fidélité au tsar. Un pamphlet dénonçant la révolution fut publié en octobre 1905 et cosigné par les dirigeants des principales sectes qui existaient en Russie à l'époque (les baptistes, les évangélistes, les adventistes et autres). Dans ce pamphlet, l'ordre monarchiste était déclaré inviolable, et ceci en complet accord avec les principes religieux que l’on énumérait, sans omettre par ailleurs de les accompagner de commentaires. Les nombreuses conférences des différentes sectes religieuses, qui se réunissaient très souvent à l’époque, prouvèrent leur fidélité au tsar en lui télégraphiant leurs souhaits de le voir remporter de futures victoires sur la révolution. Les mêmes événements qui se sont produits en Russie tsariste se produisent à présent dans les pays capitalistes: l'Eglise se révèle partout comme étant le bastion des capitalistes et des grands propriétaires terriens et comme l'ennemi
  • 6. 6 irréconciliable de la révolution. On utilise la religion de toutes les façons possibles comme un moyen d'exploitation. Exactement comme ce fut le cas en Russie tsariste, la religion aujourd'hui soutient les classes dirigeantes, entrant dans des alliances ouvertes avec le fascisme et se transformant elle-même en une arme destinée à servir toutes les forces de la réaction. 4. Comment l'Eglise a réagi à la révolution d'Octobre L'Eglise accueillit la révolution d'Octobre avec hostilité. En tant qu'élément de la machine d'exploitation de la bourgeoisie, l'Eglise ne pouvait admettre l’idée que la domination du capitalisme touchait à sa fin. En outre, ses dirigeants comprenaient tout simplement que la libération des masses du joug des exploiteurs et leur lutte active pour le socialisme marquaient le commencement de la fin pour la religion. Ce fut la raison pour laquelle l'Eglise se montra l’une des forces les plus actives de la contre-révolution. Les dirigeants déposés de l'ancien régime comptaient également sur les organisations religieuses pour inciter les éléments les plus arriérés des croyants superstitieux à combattre la révolution. Mais l’Eglise avait déjà commencé sa lutte contre-révolutionnaire contre les bolcheviks bien avant l'avènement de la révolution d'Octobre. Lors de l'enterrement de certains cosaques (abattus durant le massacre des travailleurs en juillet), qui eut lieu le 15 juillet 1917, l'archevêque Platon (aujourd'hui l'un des dirigeants émigrés les plus importants en Amérique) prononça un sermon à la cathédrale Saint-Isaac de Léningrad, dans lequel il identifia les cosaques tués à des saints et traita les bolcheviks d’‘agents de l'Allemagne’. A la veille même de la révolution, l'Eglise prenait donc déjà une part active dans la provocation dirigée contre les bolcheviks. Le conseil de l'Eglise de toutes les Russies, qui s'était rassemblé à Moscou durant l'été 1917, devint l'un des centres organisateurs de la contre-révolution monarchiste. Sur les 569 membres du conseil, 199 étaient des laïcs. On comptait parmi eux 11 princes et comtes, 10 officiers tsaristes, 132 fonctionnaires civils tsaristes, 22 grands propriétaires terriens, 17 manufacturiers et banquiers. Il est évident que la conférence de l'Eglise, qui avait été réunie dans le but de discuter uniquement de questions religieuses, rassembla les figures de proue de la réaction tsariste, qui comptait sur le fanatisme religieux et sur l'autorité de l'Eglise dans sa lutte contre la révolution. Le conseil justifia les espoirs des contre-révolutionnaires, le front de l'organisation antibolchevique étant le principal sujet de discussion. On mit également à l’ordre du jour la question de la désignation d’un patriarche. Les monarchistes en soutanes ne tentèrent pas de cacher leurs intentions. Ils désiraient avoir un patriarche qui aurait été capable d'unir toutes les forces contre- révolutionnaires. L'évêque Mitrophane d’Astrakan insista grandement face à
  • 7. 7 l'assemblée sur «l’impérieuse nécessité d’un pasteur qui encouragerait le peuple et donnerait ses bénédictions à de nobles et grandes actions, puisqu’il est temps maintenant pour l’Eglise de devenir réellement militante.» Le prince Troubetskoï, le comte Graabe, le comte Olsoufiev étaient au nombre des représentants de la vieille Russie qui approuvaient la suggestion d’élire un patriarche suprême et qui estimaient que c’était là une chose nécessaire dans la lutte contre la révolution. La révolution d’Octobre mit un terme aux discussions du conseil. Le clergé en vint à la décision que le temps de discuter était révolu. La conférence élut un patriarche. Le sort désigna un monarchiste, le métropolite Tichon Belavine. Tichon comprit bien la tâche dont il était chargé par la réaction, qui comptait sur lui pour rassembler toutes les forces contre-révolutionnaires dans la lutte contre la dictature du prolétariat. Pas une seule mesure d’importance, prise par le gouvernement soviétique, ne pouvait être appliquée sans de véhémentes protestations dans le camp clérical et sans être la cause d’appels spéciaux à la résistance, d’anathèmes, etc. Le décret des Soviets de 1918 concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat fut particulièrement attaqué. Selon le décret, l’Eglise était désormais privée de ses énormes subsides, qu’elle recevait jusqu’alors de l’Etat, et elle était dépossédée de tous ses biens et propriétés, ainsi que de ses privilèges politiques. Le conseil de l’Eglise avait précédé la publication du décret de quelques jours à peine et il proclama la guerre contre le gouvernement soviétique. Tichon diffusa un appel dans lequel il lançait un anathème contre les bolcheviks et où suppliait instamment ‘tous les véritables croyants’ de ne pas entrer en relations avec ‘ces parias de l’humanité’. Contre la révolution, on échafauda et on mit en pratique un système compliqué de mesures au moyen de sermons, de processions dans les rues, de révoltes, d’intrigues, de manigances, etc. Les activités contre-révolutionnaires de l’Eglise se multiplièrent, spécialement durant les années de la guerre civile. 5. La contre-révolution de l’Eglise durant la guerre civile Le 20 janvier 1918, le comte Olsoufiev, qui faisait partie des membres du conseil général de l’Eglise, adressa le reproche suivant au clergé: «Vous avez gardé le silence alors que les grands propriétaires terriens étaient pillés, vous avez gardé le silence lorsque les usines ont été confisquées, mais dès qu’ils se sont mis à voler dans les monastères, vous avez commencé à parler. (...) Toutefois, il est bon que vous vous soyez enfin décidés à prendre la parole.» En réponse à cela, le métropolite Arsenius déclara: «Laissez-moi vous dire sincèrement, comte, que vos informations manquent d’exactitude lorsque vous faites remarquer que le conseil n’a rien fait avant d’être informé du pillage du monastère Alexandre Nevsky. Le conseil a rédigé un message, concernant le pillage des
  • 8. 8 propriétés et domaines ainsi que toutes ces brutalités qu’ont également subies les grands seigneurs, les monastères, les églises et le clergé. Nous avons tous un intérêt commun et, bien qu’il puisse y avoir des malentendus entre nous, nous n’avons pas de contradictions de castes.» Cette déclaration de la bouche même d’un membre éminent du clergé à la tribune du conseil de l’Eglise de toutes les Russies explique la position réelle du clergé et de l’Eglise vis-à-vis de la révolution: une identité d’intérêts de classe unit le clergé aux capitalistes et aux grands seigneurs. Il n’est pas étonnant dans ce cas qu’à l’époque de la guerre civile l’Eglise ait choisi le camp des blancs. Toutes ses activités durant cette période furent dirigées vers un seul but uniquement – assister les armées blanches dans leur lutte pour la restauration de l’ordre ancien. Dans les districts conquis par le pouvoir soviétique, l’Eglise tentait d’affaiblir les arrières de l’Armée Rouge. Dans cette intention, le clergé aida à organiser la révolte blanche, et arrangea des meetings afin d’exciter les croyants contre les bolcheviks. La propagande religieuse, prêchant la doctrine de la ‘résistance passive au mal’ fut une autre arme utilisée par la contre-révolution en tant que moyen d’appeler aux désertions. Selon la loi soviétique, qui se fonde sur le principe de la liberté de conscience, les membres de sectes peuvent être exemptés de service militaire. Et c’est valable pour toutes ces sectes aussi qui, à l’époque du tsar, n’avaient pas seulement servi dans l’armée mais avaient également pris une part active dans la guerre mondiale et dans l’intervention antisoviétique, ce qui ne les empêcha nullement de se retrancher derrière cette loi au moment de la guerre civile. Un exemple de leur revirement rapide à l’époque de la guerre civile peut être illustré par le commentaire suivant qui se faufila dans La Parole de Vérité2 . «Une étude minutieuse des saintes écritures nous permet d’en venir à la conclusion ferme que le fidèle chrétien ne peut prendre part, les armes à la main, à aucun bain de sang, mais qu’il doit vivre en paix avec tout un chacun.» Il s’ensuit que selon la religion, combattre était permis dans les intérêts de la bourgeoisie, mais rejoindre l’armée du pays des prolétaires était défendu. L’incident suivant révèle l’hypocrisie de ces ‘enfants de la paix’. Avant la révolution, Mazaïev, dirigeant des baptistes russes, avait été un millionnaire et un célèbre grand propriétaire foncier dans le district de Terek. Au début de la révolution, les paysans font une tentative de déposséder Mazaïev de ses terres, mais celui-ci abat l’un d’entre eux et en blesse sérieusement un autre durant la défense de sa propriété. A cette époque (octobre 1917), le président, de même que son union baptiste, avaient évidemment oublié ‘le commandement de Dieu’. Quelques mois plus tard, lorsque la classe ouvrière fit des conquêtes et se défendit bravement contre l’intervention impérialiste, Mazaïev et tous les autres dirigeants de sectes se 2 Journal baptiste russe, n° 9-12, été 1918
  • 9. 9 rappelèrent l’existence du commandement «Tu ne tueras point» et appelèrent leurs adeptes à ne pas servir dans l’Armée Rouge. Les activistes contre-révolutionnaires de l’Eglise firent preuve d’une débrouillardise particulière, au sein du camp blanc. Sous les ordres de Denikine, Koltchak, Youdenitch, Wrangel, Petlioura, etc., les prêtres se montrèrent particulièrement actifs, faisant appel aux préjugés religieux des masses dans le but des les impliquer dans la lutte contre les Soviets. De nombreux documents découverts au quartier général des blancs après leur défaite sont conservés dans les archives et les musées soviétiques. Parmi ces documents figurent de nombreuses demandes d’admission au sein des armées blanches de prêtres qui requièrent la permission de prendre les armes en vue de renverser les Soviets et de restaurer la monarchie. Il nous est également resté de nombreuses décorations et médailles décernées par les états-majors de l’armée blanche et qui prouvent que les prêtres ont été récompensés pour leur ardeur au combat. Ils ont pris, par exemple, une part très active dans les services de renseignement des blancs, espionnant et livrant des informations concernant sympathisants soviétiques et communistes. Les troupes de l’armée blanche étaient surpeuplées de prêtres à qui l’on avait confié ‘l’éducation politique’ des soldats. En Sibérie, dans l’armée de Koltchak, les prêtres constituèrent des ‘Régiments de Jésus’ et des ‘Régiments de Notre-Dame’. Ceux-ci étaient constitués de troupes religieuses ‘exemplaires’ qui devaient combattre l’Armée Rouge. L’un des généraux de Wrangel fait référence dans ses mémoires (publiées dans un ouvrage intitulé La Vendée russe) à des ‘détachements de croisés’ formés à Novorossisk pour combattre les bolcheviks après que l’armée de Denikine eut été taillée en pièces. En Sibérie, le général britannique Knox, l’un des chefs de l’intervention militaire dans cette région, applaudit vivement et encouragea la formation d’unités de combats similaires de nature religieuse, alors qu’à la même époque, le métropolite Platon, qui n’est autre que l’actuel organisateur de la campagne antisoviétique aux Etats-Unis, coopérait, lui, avec Denikine. Le ‘Conseil de l’Eglise du Sud-Est’ se réunit en 1919 sous les auspices du même Denikine. Ce congrès ecclésiastique prit sur lui la tâche de découvrir les façons les plus intéressantes d’utiliser la religion et l’Eglise dans la lutte contre les Soviets. Avec sincérité, les résolutions du conseil reconnaissent que l’Eglise combat en concorde avec les généraux contre le pouvoir soviétique et en faveur de la restauration de la monarchie et du capitalisme. Le point suivant fait ressortir comment la religion était utilisée dans les intérêts de la contre-révolution. L’auteur mentionné plus haut relate dans ses mémoires: «L’humble Antoine, métropolite de Kiev et Galich, a pendant quelque temps donné
  • 10. 10 des conférences à Rostov dans lesquelles il tente de démontrer que le Christ était un contre-révolutionnaire.» On prêcha de telles choses afin d’inciter les croyants à suivre l’exemple du Christ dans son attitude contre-révolutionnaire. Cet incident est également intéressant pour une autre raison: il montre l’empressement de l’Eglise à interpréter ses enseignements de façon à les faire coïncider avec les intérêts politiques de la bourgeoisie. Actuellement, lorsque le mouvement athée est confronté à la crise économique, l’Eglise fait des efforts pour prouver qu’elle a toujours été du côté des prolétaires et qu’elle a toujours combattu pour les opprimés et les exploités. Grâce à une telle ficelle, l’Eglise espère garder son autorité parmi les masses prolétariennes. Dans son sermon de Noël, le 25 décembre 1931, Pie XI, chef de l’Eglise catholique, a déclaré que tous les travailleurs, tous les enfants du Travail lui sont particulièrement chers en tant que les disciples les plus humbles et véritables du nouvel enfant né à Bethléem et qui, par la suite, devint un travailleur et un homme industrieux à Nazareth. En cette époque de guerre civile, cependant, le clergé persuada les croyants que le Christ avait été un contre-révolutionnaire. Donc, il est évident que l’Eglise est toujours prête à modifier ses dogmes en accord avec les circonstances politiques du moment, et en conformité avec ses propres intérêts. Dans la poursuite de leur œuvre de provocation antisoviétique, les prêtres n’auraient pas manqué une occasion de répandre de fausses histoires au sujet de l’Union soviétique, de l’Armée Rouge, etc. Ils allaient affirmer que les bolcheviks tuaient des prêtres innocents et qu’ils désacralisaient et pillaient les églises. En réalité, cependant, les églises furent pillées par les blancs eux-mêmes partout où ils réussirent à établir un pouvoir temporaire. Alors qu’il effectuait des raids dans divers endroits où les soviets avaient établi leur pouvoir, le général Marmontov, de l’armée de Denikine, insatisfait du simple pillage des maisons privées, pillait également des églises. Ces histoires mensongères relatant les chapardages des bolcheviks dans les églises, inventées en 1919-1920 ainsi qu’en 1932, ont été et sont toujours imputables aux buts politiques de l’intervention soucieuse d’inciter les croyants contre les bolcheviks et par conséquent d’engager les foules contre eux. Non seulement les gens du clergé prirent une part active aux actions des troupes régulières qui combattirent l’Armée Rouge, mais ils prêtèrent également leur concours aux activités en tous genres de gangs et bandes armées. En voici un exemple parmi tant d’autres. En avril 1927, un prêtre – un certain Vitaly Boguinsky – fut condamné à mort par la cour martiale militaire de Novosibirsk. Au cours de ses activités passées, ce prêtre avait de son propre chef organisé un détachement punitif afin d’assister les tentatives de Koltchak de supprimer le mouvement révolutionnaire de la paysannerie sibérienne. Boguinsky abattait des paysans et violait les femmes dans les villages occupés par ses bandes. Pour ces ‘services rendus’, Koltchak avait décoré le prêtre.
  • 11. 11 Tout ce que l’on a écrit jusqu'à présent sur la position adoptée par la religion et l'Eglise durant la guerre civile ne concerne pas uniquement l'Eglise orthodoxe. On peut dire que le clergé de toutes les confessions joua également le même rôle honteux. A la fin de 1917 et dans la première moitié de 1918, les bandes du mollah (prêtre) mahométan Gotsinsky ‘opéraient’ au Daghestan. En Crimée et dans d'autres endroits, le clergé musulman demeura fidèlement au service des gardes blancs. On peut dire la même chose en ce qui concerne le clergé catholique, juif, ainsi que les chefs des diverses sectes et autres organisations religieuses. Les mennonites allemands vivant en URSS sont exempts de service dans l'Armée Rouge en raison de leurs principes religieux qui, disent-ils, leur interdisent de porter des armes. Ces ‘convictions’, cependant, n'empêchèrent nullement les mennonites de Crimée d'organiser un détachement spécial qui allait combattre avec les soldats de Wrangel contre l'Armée Rouge. Il ne faut pas s'en étonner. Dans le compte-rendu politique de l'état-major des services de renseignement du commandant de l'armée blanche en Crimée (daté du 2 janvier 1919, archives de l'armée de Wrangel), on peut lire ceci: «(...) Selon une déclaration d'un représentant distingué des Allemands locaux, les colons allemands en Crimée se sentent parfaitement loyaux vis-à-vis de l'armée des volontaires» (tel était le nom de l'armée blanche concentrée dans le Sud de la Russie) «et il ne fait aucun doute qu’ils sont en général mus par des sentiments très amicaux à son égard. La majorité des colons sont des propriétaires terriens très aisés et, naturellement, ils ne voient leur seul salut face à l'anarchie, au pillage, etc. que dans l'armée volontaire. Un nombre insignifiant de gens sans terres inspirés par les idées bolcheviques constituent une exception sans importance.» Il est aisé de cette manière de deviner que les mennonites – c'est-à-dire les koulaks et les propriétaires aisés – offrirent leur aide aux blancs en raison du fait que ces derniers défendaient la prédominance des exploiteurs et de leurs propriétés privées. Dans de telles circonstances, les monnonites koulaks ‘oublièrent totalement’ que leurs convictions religieuses ne les autorisaient pas à prendre les armes. Toutefois, ils se souvinrent à nouveau de ces mêmes convictions religieuses dès que le pouvoir soviétique eut triomphé de ses ennemis. A la lecture de rapports similaires des services de renseignement transmis au commandant en chef de l'armée blanche, nous apprenons qu'une conférence tenue en février 1919 à Djankoï (Crimée) fut suivie par des colons allemands arrivés pour l'occasion de tous les districts de Tauride. Lors de cette réunion, on discuta même la constitution éventuelle d’un détachement allemand afin d’aider les blancs dans la défense de l'isthme de Perekop. L'occupation du littoral maritime par les troupes japonaises fut interprétée par les ecclésiastiques comme un acte de défense de la ‘foi du Père’. Le 21 avril 1920, la conférence des prêtres de Chine envoya au général japonais Sutsuki ses salutations amicales libellées comme suit: «Au vu de la
  • 12. 12 gentillesse de Votre Excellence, les aumôniers des territoires frontaliers russes et orientaux, avec à leur tête l'archiprêtre Russetsky, aumônier en chef des troupes, ont décidé lors de leur conférence tenue le 21 avril de l'année en cours d'exprimer leurs remerciements au peuple japonais pour leur assistance dans la libération de notre pays du joug de nos ennemis. Nous remercions l'armée impériale japonaise pour l'assistance qu'elle offre à son plus proche voisin, conformément aux ordres de son dirigeant, l'Empereur. Longue vie au mikado japonais, à sa valeureuse armée et à tout le peuple japonais.» C'est donc par ces mots que les prêtres russes saluèrent les Japonais, parce que les impérialistes japonais rétablissaient l'ordre de la société capitaliste dans les districts occupés. Il faut noter qu'à l'époque actuelle, alors que les militaristes japonais trament une nouvelle guerre contre l'URSS, les ecclésiastiques russes se réfugient au Japon. La Chine et la Mandchourie assistent les Japonais dans la réalisation de leurs plans antisoviétiques. Lorsque l'Angleterre fut forcée de retirer ses troupes des districts du nord à cause de la pression exercée par l'Armée Rouge (1919), le clergé de cette région dépêcha une humble épître à l'archevêque de Cantorbéry, le suppliant d'user de toute son influence auprès du gouvernement britannique afin qu'il maintienne des troupes en territoire soviétique. Les quelques exemples que nous avons cités suffisent en eux-mêmes à prouver la part active que l'Eglise joua dans l'organisation de l'intervention impérialiste contre l'Union soviétique. 6. A propos de la ‘réforme de l’Eglise’ La dernière tentative de l'Eglise de mesurer sa force contre la révolution trouva son reflet dans les agissements du patriarche Tichon à propos de la famine qui frappa la région de la Volga en 1921. Une aide urgente était nécessaire. On ne pouvait acheter du pain qu'à l'étranger. Pour ce faire, il fallait de l'or. A la requête des paysans affamés, le gouvernement sortit un décret confisquant les objets de valeur de l'Eglise (1922). L'argent réalisé avec ces trésors fut consacré à l'achat de pain. Profitant des circonstances difficiles du moment, la contre-révolution saisit sa chance pour redoubler d’efforts dans sa lutte contre le pouvoir soviétique. Le patriarche Tichon lança un appel à tous ses fidèles, leur demandant de faire de leur mieux pour empêcher l'enlèvement des objets de valeur de l'Eglise et, si nécessaire, de recourir à la résistance armée. Suite à l'appel de Tichon, plus de 1.400 cas de chocs armés eurent lieu entre les foules excitées des rues et les représentants du pouvoir soviétique. En 1923, Tichon écrivit une fois de plus à ses fidèles – et cette fois dans une lettre pleine de repentir – leur expliquant ses activités antisoviétiques dans les termes suivants: «Pratiquement parlant, ce n’était pas de notre faute mais
  • 13. 13 de celle des environnements dans lesquels nous avons été élevés, et de celle des gens malintentionnés qui nous avaient poussés à ces actes dès les premiers jours de la domination soviétique. Etant ses ennemis, ils tentèrent de la renverser en se servant de notre Eglise et ils tentèrent également de se servir de moi, leur chef, afin d’assouvir leurs desseins. Une victoire claire et décisive étant au-delà de leurs forces, ils s’efforcèrent de surmonter le pouvoir soviétique d’une façon détournée par le biais de l’Eglise et de ses pasteurs.» C’est en ces termes que le patriarche Tichon résumait sa propre ligne de conduite durant les années de famine 1921-1922. Ils admettait que les ennemis du pouvoir soviétique avaient alors décidé de tenter leur chance une fois de plus dans la lutte contre la révolution, comptant sur la famine pour les aider à mettre sur pied une campagne contre-révolutionnaire qui fût alignée sous le mot d’ordre «Défendre l’Eglise et ses nantis». Ces faits coïncidaient pleinement avec les plans du capital international ainsi qu’avec ceux de l’émigration russe blanche qui s’était installée à l’étranger. La conférence de l’Eglise orthodoxe russe, qui se tint en 1921 à Charlovitzy, en Yougoslavie, et à laquelle assistèrent uniquement des émigrés blancs, demanda expressément à la conférence de Gênes de s’abstenir de reconnaître la Russie soviétique pour la simple raison qu’elle périrait bientôt «suite à des désastres terribles tels la famine, le gel et les épidémies». En accord avec les décisions de cette conférence de l’Eglise, la contre- révolution interne se résolut à utiliser la famine pour ses propres objectifs en opérant sous le masque de la religion. Ce jeu coûta très cher au clergé russe, dont les agissements valurent à l’Eglise de perdre des millions de ses fidèles. Des millions de travailleurs eurent l’occasion idéale, une fois pour toutes, de se rendre compte que l’Eglise et la religion n’étaient rien d’autre qu’une arme de la contre-révolution dans la lutte des classes. Ceci provoqua une rupture des classes laborieuses avec la religion et déboucha en même temps sur leur abandon de l’Eglise. Les ecclésiastiques eux-mêmes ne manquèrent pas de réaliser pleinement la situation. Il fallait faire quelque chose. Et ainsi, en mai 1922, lorsque les résultats de l’appel contre-révolutionnaire de Tichon se manifestèrent d’eux-mêmes, plusieurs prêtres de Moscou, de Leningrad et de grandes villes provinciales rendirent visite à Tichon et attirèrent son attention sur le fait que ses interférences politiques, et tout particulièrement l’anathème qu’il avait lancé contre le pouvoir soviétique en même temps que son instigation de la lutte armée et des révoltes, étaient occupées à compromettre gravement la position de l’Eglise. Les prêtres lui firent également remarquer que, dans l’intérêt de l’Eglise qui, autrement, pourrait perdre de son influences sur les masses, il était nécessaire qu’il démissionne de son poste de patriarche et qu’en même temps, des modifications sérieuses s’opèrent dans la ligne de conduite globale de l’Eglise.
  • 14. 14 Tichon transmit ses charges à un comité ecclésiastique provisoire. C’est alors que le groupe de la soi-disant Eglise ‘vivante’ fut mis sur pied. Le programme de leur Eglise ‘vivante’ différait très peu de celui de l’Eglise ‘morte’ (celle de Tichon). En gros, les changements apportés par les prêtres de l’Eglise ‘rénovatrice’ ou ‘vivante’ dans le service divin furent plutôt insignifiants, comme, par exemple, l’autorisation accordée aux archevêques de se marier. Dans l’espoir de compromettre sa rivale, l’Eglise ‘vivante’, l’Eglise ‘morte’ de Tichon l’étiqueta d’Eglise ‘rouge’, ou ‘soviétique’. Toutes ces histoires concernant l’Eglise ‘soviétique’ trouvèrent des échos dans la presse étrangère qui commença à répandre de fausses rumeurs prétendant que les bolcheviks auraient créé leur propre Eglise ‘rouge’. En réalité, il n’y avait strictement rien de ‘rouge’ dans l’Eglise ‘vivante’. Il n’aurait d’ailleurs pu en être ainsi. On peut se rendre compte de la manière dont ces ‘dangereux révolutionnaires’ de l’Eglise ‘vivante’ adhéraient toujours aux vieilles coutumes dans l’exemple suivant. En 1923, une conférence ecclésiastique eut lieu à Moscou. La majorité des membres réunis étaient des ‘rénovateurs’. Parmi un certain nombre de sujets discutés lors de la conférence, il y eut celui des reliques. Il conviendrait de se rappeler que dans l’Eglise tsariste, chaque église et monastère d’une certaine importance gardait des ‘reliques des corps des saints’ qui, selon la propagande de l’Eglise, passaient pour imputrescibles et avaient prétendument le pouvoir de guérir les malades, d’accomplir des miracles, etc. Des milliers de pèlerins ignorants affluaient vers ces églises et ces châsses. Les reliques constituaient une source profitable à l’enrichissement de l’Eglise et en même temps, elle servaient de puissante arme religieuse et d’instrument permettant la diffusion d’une propagande politique réactionnaire. Après la révolution et à la requête des travailleurs, un examen soigneux de ces reliques eut lieu à travers tout le pays. Les corps ‘imputrescibles’, ‘miraculeusement préservés’ (selon les enseignements de l’Eglise) s’avérèrent dans certains cas n’être plus que de simples ossements délabrés. Mais le plus souvent, ils n’étaient rien d’autre que des poupées de cire, de carton ou de ouate, faites par les moines et les prêtres soucieux d’impressionner les pèlerins par la vue d’un corps miraculeusement conservé. On organisa publiquement de telles expositions de reliques en présence de nombreux milliers de croyants, de sorte que des centaines de milliers de personnes eurent ainsi l’occasion de découvrir comment l’Eglise les avait trompés et rompirent avec la religion. La conférence des ‘rénovateurs’, tenue en 1923, au moment où elle entama la discussion sur les reliques, reconnut que l’Eglise avait permis de tromper les croyants au moyens de reliques, de poupées manufacturées, etc. Toutefois, ces ‘réformateurs’ n’eurent pas assez de courage pour se passer totalement des
  • 15. 15 reliques. Ils décidèrent qu’à l’avenir, les reliques demeureraient dans les églises, comme par le passé. Ce fait, ainsi que toute l’activité du clergé de l’Eglise ‘vivante’, montre combien ces ‘réformateurs’ s’avérèrent timides en matière de ‘purification’ de la religion. Ils étaient plus téméraires en politique, toutefois. Les rénovateurs reconnaissaient que «la révolution sociale était loyale». Ils condamnaient le capitalisme et lançaient des appels à leurs adeptes pour qu’ils soutiennent le pouvoir soviétique. Si l’on analyse ces glissements de l’Eglise ‘vivante’, il n’est pas difficile de conclure qu’ils résultaient des conseils les plus perspicaces que leur avaient donné les représentants de garder leur influence sur les masses. De telles tactiques sont en vogue aujourd’hui. En Occident, l’Eglise prend fréquemment la liberté d’accuser le capitalisme de passer à des extrêmes et y va souvent de diatribes contre les banques, la spéculation, etc. Même le chef de l’Eglise catholique, le pape, a critiqué, dans ses épîtres récentes, les ‘extrêmes du capitalisme’ en même temps, naturellement, qu’il attaque le socialisme et le communisme. En aucune façon, l’Eglise n’est opposée au capitalisme. Elle ne propose uniquement que de ‘soigner’ l’ordre existant des choses – en exprimant savamment des critiques empreintes de platitude afin de conserver son emprise sur les masses affligées et sauver le système capitaliste. L’un des objets poursuivis par l’Eglise moderne à travers sa critique du capitalisme consiste dans les efforts de maintenir l’autorité de l’Eglise parmi les travailleurs en protestant de son ‘amour pour les travailleurs’. Nous avons eu un cas analogue en Russie lorsque les ‘rénovateurs’ arguèrent avec véhémence, et de façon très stratégique, de leur loyauté vis-à-vis des travailleurs et de leur hostilité au capitalisme. Ils avaient eu le temps de voir la dévotion des travailleurs envers le pouvoir soviétique qu’ils défendaient dans les circonstances même les plus difficiles. Les ‘rénovateurs’ comprirent que s’entêter à poursuivre une ligne de conduite hostile contre le pouvoir soviétique allait éloigner de l’Eglise ces croyants, parmi les ouvriers, qui restaient toujours dans le bercail. De cette manière, le mouvement de l’Eglise ‘vivante’ était une tentative de la part de l’Eglise de s’adapter aux nouvelles circonstances créées par la révolution. A côté du mouvement réformiste de l’Eglise orthodoxe, on assista à des manœuvres du même genre de la part des Eglises mahométanes, judaïques, lamaïstes et autres. Certaines sectes religieuses firent des tentatives de se déclarer elles-mêmes ‘communistiques’, bien que choisissant des ‘voies différentes’ pour approcher le communisme. Nonobstant ceci, aucun mouvement de masse n’en résulta. Il est facile d’en expliquer la raison. La Réforme en Europe occidentale est apparue en conséquence du fait que l’Eglise devait adapter la religion aux besoins de la bourgeoisie qui succéda à l’ordre féodal. La Réforme résulta en ceci que l’Eglise et la religion entrèrent au service d’un nouveau maître, la bourgeoisie, en fonction de quoi l’Eglise introduisit alors différents changements dans le service divin, les rites, l’interprétation des dogmes, etc.
  • 16. 16 Il est aisé à concevoir qu’une classe exploiteuse telle la bourgeoisie ne pouvait rompre avec la religion, qu’elle revendiquait comme une arme destinée à asseoir sa domination. C’est pour cette raison que la bourgeoisie de l’Europe occidentale a toujours tenté de se rapprocher de très près de l’Eglise, au point de former avec celle-ci une union solide, au lendemain des révolutions réussies. (La France en offre un exemple particulièrement frappant). Les conditions existant en Union soviétique sont tout à fait différentes. Le prolétariat, qui a pris le pouvoir dans ses propres mains, n’a pas l’intention d’éterniser sa prédominance de classe, mais œuvre pour l’abolition finale des classes, de l’exploitation des classes et de toute variété de domination de classe. C’est la raison pour laquelle il n’a nul besoin d’un moyen d’exploitation tel que la religion. Au contraire, il veut libérer les masses laborieuses des préjugés religieux. La révolution prolétarienne, en mettant en pratique des changements de classe fondamentaux, rend inéluctable la disparition progressive de toute religion. Dans leur lutte pour la construction d’un monde nouveau, des millions de travailleurs comprennent que toute doctrine religieuse, y compris les plus ‘modernisées’, est dirigée contre le socialisme et qu’elle obéit aux intérêts de la classe capitaliste, offrant une résistance frénétique à la construction du socialisme. Il ne faut guère s’étonner, dans ce cas, que les ‘réformes de l’Eglise’ dans le pays des soviets n’ont pu ni ne peuvent devenir un mouvement de masse. Pour la même raison, les mouvements de sectes, qui ont tenté de travailler d’une façon plus efficace et plus subtile suite à l’effondrement complet de la vieille Eglise, voient le nombre de leurs adeptes décroître rapidement. 7. L’Eglise se bat contre la construction du socialisme Après la fin de la guerre civile, le pouvoir de l’Eglise modifia ses tactiques de lutte. La ligne de conduite des organisations religieuses se modifia également dans le même sens. Au cours des quelques dernières années, les koulaks ont abondamment utilisé la religion dans leur lutte contre la construction du socialisme, tant dans les villes que dans les campagnes, contre les fermes collectives, contre la population, et ils réagirent en tant que classe contre la ligne de conduite de l’industrialisation, etc. Dans la grande majorité des cas, chez les koulaks eux-mêmes, ce sont toutes sortes de ‘vieilles gloires’ que l’on retrouve à la tête des organisations et communautés ecclésiastiques. Tandis que dans les pays bourgeois, l’Eglise enseigne à ses disciples l’inconciliabilité et l’hostilité de la religion à l’égard du communisme, l’Eglise en URSS inculque à ses disciples une hostilité à la construction du socialisme. Elle tente de les persuader que la reconstruction de la société se situe au-delà des efforts humains, et que toutes les ‘expérimentations’ du pouvoir soviétique seront détruites par Dieu. L’œuvre contre-révolutionnaire de l’Eglise et des individus antisoviétiques en
  • 17. 17 connexion avec elle a fait beaucoup de mal, principalement durant la première période du mouvement de masse des fermes collectives. Il existe diverses méthodes de lutte ‘religieuse’ contre la construction du socialisme. Nous allons en citer quelques-unes. Ces trois dernières années, des lettres ont été diffusées dans les villages, spécialement à l’époque des semailles printanières. Ces lettres reçues de ‘Dieu’, de ‘la vierge Marie’, des ‘saints’ (et de ‘Mahomet’ pour les villages tartares) prévenaient les paysans que la ferme collective était une ‘entreprise anarchique’, etc. et que tout personne qui y apportait son aide était condamnée d’office au châtiment éternel. Ces lettres faisaient également remarquer que Dieu était en colère avec le peuple en raison du mouvement des fermes collectives, et que la fin du monde était attendue à tout moment. Tous ceux qui voulaient être sauvés devaient quitter immédiatement la ferme collective. L’une des nombreuses lettres de ce type circulait dans la région de Rovensky, en Ukraine, en 1930, et elle était libellée comme suit: «Moi, ton seigneur Dieu, te dis: le temps est venu pour le diable de t’emprisonner dans ses filets. Celui qui ne veut pas être soumis à la tentation de la ferme collective sera sauvé. Je veux détruire toutes les fermes collectives en quelques jours de temps et je détruirai également tous ceux qui ne portent pas la croix sur leur coeur.» Dans la région de Rossachansky (district central des Terres Noires), une autre lettre ‘rédigée par Dieu’ circulait un peu partout en 1931. Elle disait ceci: «Chers camarades et fermiers collectifs, je vous envoie ceci du ciel et vous implore de quitter la ferme collective et d’assumer sur vos épaules la tâche très importante entre toutes de détruire votre ferme collective. Celui qui n’accomplira pas mes instructions connaîtra l’enfer éternel, mais celui qui m’obéira connaîtra la sainteté et sera admis dans le royaume des cieux.» Chaque fois que la chance permit de découvrir l’origine de ces ‘lettres divines’, il s’avéra qu’elles étaient le fruit du génie d’un koulak ou d’un représentant du clergé. Au début, les ‘lettres divines’ eurent une certaine influence, spécialement sur les paysannes, de sorte que dans certains cas elles refusèrent de se joindre aux fermes collectives. Par la suite, toutefois, lorsque le nombre de lettres devint anormalement élevé, les paysans devinrent sceptiques. Outre ces lettres de ‘Dieu’, il est nécessaire de mentionner les ‘icônes miraculeuses’ et les ‘puits et sources sacrés’. Au cours de l’été 1931, lorsque le travail aux champs battait son plein, les villages du district de la Moyenne Volga furent brusquement dotés de nombreuses ‘sources miraculeuses’. Il résulta d’une agitation intense menée par les prêtres et les koulaks toute une série de pèlerinages vers des ‘lieux saints’ et des ‘sources miraculeuses’. On organisa des services permanents dans ces ‘lieux consacrés’ et d’importantes foules de croyants s’y pressèrent en masse. On prêcha des sermons annonçant la fin du monde. Tous ces ‘miracles’ détournèrent l’attention d’un très grand nombre de personnes du travail aux champs, et ce, au plus fort de la saison.
  • 18. 18 Souvent les représentants du clergé et les chefs des diverses sectes assistaient aux prières avec la bible ou le coran en mains, et feignaient de citer des passages de ces livres dans lesquels Dieu dénonçait les fermes collectives et accusaient la collectivisation comme étant un complot de ‘l’Antéchrist’, etc. Les prêcheurs des différentes sectes défendaient, et défendent toujours, les koulaks dans leurs sermons, affirmant pieusement que ‘tous les hommes sont frères’ et que par conséquent c’était un ‘grand péché’ que d’offenser les koulaks. La religion était, et est toujours, utilisée par les koulaks dans le but de corrompre les fermes collectives par l’intérieur et d’interrompre le travail en stimulant parmi tous les croyants un désir de congés religieux et de célébrations ecclésiastiques, etc. Au cours de l’automne 1930, au moment où le travail aux champs battait son plein dans la région de Tcherkassky, dans le district de la Volga Inférieure, la rumeur suivante se répandit: «Le dix-huitième samedi après Pâques sera le jour d’un grand miracle. Une pierre pourrait tomber sur les têtes des gens sans Dieu, et seuls seront sauvés de la colère de Dieu ceux qui ne travailleront pas dans les fermes collectives et qui croiront en Dieu.» En outre, des rumeurs similaires voulaient recourir à la superstition religieuse dans la lutte contre les fermes collectives. Les koulaks eux aussi se servirent de la religion dans leur lutte contre les collectes de grain, l’extension des terres à ensemencer, l’introduction de nouvelles mesures agricoles qui augmentent le rendement, telles que par exemple, la destruction des parasites par les produits chimiques, etc. L’application des réalisations agricoles fut en butte elle aussi à la résistance des camps religieux. Un ‘pouvoir diabolique’ était attribué au tracteur, par exemple. Au cours de l’été 1931, les champs de maïs de la région de Chadrinsky (Oural) furent envahis par des insectes. Les prêtres et les koulaks profitèrent de l’occasion pour répandre l’agitation suivante: «Les insectes ne sont plus apparus dans les champs depuis quarante années. Dieu les avait bannis dans les profondeurs de la terre lorsque les gens l’adoraient et chantaient des Te Deum dans les champs. A présent, les champs sont travaillés par des machines de l’Antéchrist, et on n’assiste plus aux prières publiques. Pas étonnant que les insectes ont été ramenés à la surface.» Une telle agitation fut la cause de l’attitude hostile adoptée dans certains cas par les paysans (spécialement les femmes) à l’égard des tracteurs. Il est vrai qu’aujourd’hui que les tracteurs ne sont plus une rareté dans l’agriculture du pays soviétique, on accorde peu d’attention à la propagande religieuse des koulaks. La religion est également utilisée par des individus hostiles aux soviets dans leur lutte contre le Plan Quinquennal, la compétition socialiste et les travaux de choc. Une lettre de ‘Mahomet’ critiquant le Plan Quinquennal fut découverte durant la construction de la centrale électrique de Stalingrad en automne 1931, et s’avéra avoir été écrite par un mollah.
  • 19. 19 «L’émulation socialiste n’est pas mentionnée dans la bible», disaient les prêcheurs sectaires, et ils utilisent aujourd’hui encore cet argument lorsque l’occasion se présente. Les croyants sont incités à s’abstenir de rejoindre les rangs des travailleurs des brigades de choc. En 1930, les prêcheurs sectaires, poursuivant leur œuvre de propagande à Dnieprostroï, déclaraient: «La volonté de Dieu sera faite. Tout est à sa merci. Il est inutile de dépenser des millions dans cette construction. Un seul mot de Dieu suffira à tout réduire en cendres.» A Magnitogorsk, en 1931, où l'on construit le plus grand géant industriel du monde, le prêtre local, Bondarev, avait l'habitude de retarder l'enterrement des morts et bloquait les cercueils dans l'Eglise le plus longtemps possible dans le but d'organiser des enterrements en masse. De cette façon, le prêtre espérait faire croire aux travailleurs nouvellement arrivés qu'il y avait un grand taux de mortalité à Magnitogorsk et il espérait ainsi les effrayer afin qu'ils se tiennent écartés des travaux de construction. C'était sa manière à lui de provoquer une pénurie de main- d’œuvre. Les instances religieuses ont poursuivi cette œuvre hostile tout au long des années de la révolution, combattant bec et ongles l'évolution culturelle de l'Etat soviétique. Des mesures comme l'éducation obligatoire et la liquidation de l'analphabétisme ont toujours rencontré l'hostilité de la part de l'Eglise. Il y eut des exemples où les croyants, sous l'influence des hommes d'Eglise, refusèrent de laisser leurs enfants aller à l'école. Les organisations religieuses n’étaient pas les seules à pratiquer les activités hostiles mentionnés ci-dessus, dirigées contre le socialisme et la dictature du prolétariat. Plusieurs organisations monarchistes furent également dissoutes au cours de ces dernières années. Leur intention était de fomenter des révoltes armées contre le pouvoir soviétique. Certaines d’entre elles avaient un caractère religieux. D'éminents représentants de l'Eglise prirent part à leurs activités. Voici quelques faits. Une organisation contre-révolutionnaire qui passait pour une secte religieuse et qui se donnait le nom de ‘Imiaslavtsy’ se fit remarquer en 1929. Cette secte exerçait ses activités dans la région de la mer Noire, et dans les districts d’Armavit et de Maikop dans le Caucase du Nord. A la tête d’Imiaslavtsy, se trouvaient d’anciens officiers tsaristes et de la garde blanche qui, après la guerre civile, s’étaient convertis en prêtres afin de camoufler leurs activités monarchistes derrière les soutanes de la religion. Les membres de cette secte religieuse monarchiste recouraient à divers moyens dans leurs tentatives de discréditer le pouvoir soviétique aux yeux du peuple. Ils prévoyaient, par exemple, son rapide déclin, et menaçaient tous ceux qui
  • 20. 20 sympathisaient avec lui des pires châtiments une fois que les blancs seraient victorieux. La contre-révolution ‘sainte’ achetait régulièrement des armes en vue de la future révolte et essayait de réconforter la population en faisant circuler la rumeur selon laquelle cette révolte était assurée d’obtenir l’aide des puissances capitalistes européennes. De nouveaux membres rallièrent cette secte ‘religieuse’. Leurs obligations étaient les suivantes: lutter contre le pouvoir soviétique – éviter à tout prix le service dans l’Armée Rouge – s’abstenir de travailler dans les institutions soviétiques – s’abstenir de rallier les coopératives – éviter de recourir à l’assistance médicale soviétique – s’abstenir de fréquenter les salles de lectures et clubs villageois – s’abstenir de lire des journaux soviétiques et de payer ses impôts. On relèvera que les assemblées antisoviétiques d’Imiaslavtsy débutaient chaque fois par la lecture de textes de la bible afin de donner l’impression qu’il s’agissait d’une secte engagée uniquement dans des affaires religieuses. Des activités monarchistes similaires, poursuivies sous le masque de la religion, furent découvertes à Vyatka, à Vladimir et dans d’autres endroits. Dans plusieurs cas, on découvrit que ces organisations religieuses monarchistes avaient en réalité conservé des contacts avec d’autres pays. Il fut également prouvé qu’elles avaient reçu de l’argent de l’étranger. En 1930, un groupe à l’allure de secte qui se donnait le nom de ‘Fedorovtsy’ fut déféré en jugement à Voronej. La secte religieuse Fedorovtsy s’était constituée après la guerre civile, avec des anciens membres des bandes de la garde blanche. Leur doctrine pouvait se résumer comme suit: la fin du monde approche, le pouvoir soviétique est le pouvoir de l’Antéchrist, il est nécessaire de le détruire. Les adeptes de cette secte portaient ordinairement des croix cousues sur leurs vêtements. Selon eux, ces croix étaient destinées à aider Dieu à distinguer ses fidèles des étrangers lorsque viendrait le jour du jugement dernier. Les membres de Fedorovtsy allaient incendier les fermes des paysans qui défendaient le pouvoir soviétique. Nous n’avons cité que quelques exemples pris au hasard dans le volumineux matériel concernant les activités antisoviétiques de l’Eglise et son utilisation de la religion pour combattre le socialisme. En passant, il faut remarquer qu’en dehors du recours direct à la religion dans la lutte contre l’Etat soviétique, la mentalité religieuse qui existe toujours parmi un certain nombre de fermiers collectifs, tant chez les hommes que chez les femmes, est un grand handicap dans la lutte pour le socialisme. Des dogmes religieux, tels ceux qui parlent de vie après la mort, de prédestination et de ‘volonté divine’, freinent l’activité des masses laborieuses dans le combat commun pour le socialisme, c’est-à-dire pour une meilleure existence terrestre. Les jours fériés religieux ont un rapport étroit avec l’absentéisme et l’ivrognerie qui empêchent un bon nombre de croyants de la classe ouvrière à prendre une part active dans la lutte commune pour un monde nouveau. 8. Les lois soviétiques concernant la religion
  • 21. 21 Le 23 janvier 1918, le Conseil des Commissaires du Peuple promulgua un décret de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Pour la première fois de l’histoire, l’Eglise était dissociée de l’Etat de façon consistante et complète, comme le confirmait le décret : 1. L’Eglise est dissociée de l’Etat. 2. Il lui est interdit de publier au sein de la République des lois ou des règlements qui contraignent ou limitent la liberté de conscience, ou qui établissent une préférence ou des privilèges sur la base de la foi professée par les citoyens. 3. Chaque citoyen est libre de professer n’importe quelle religion, ou aucune, s’il le désire. Toutes les privations de droits reliées au fait de professer l’une ou l’autre religion, ou de ne professer aucune confession de foi, seront supprimées de tous les documents officiels. 4. Aucun acte officiel de l’Etat ou de quelque autre institution sociale juridique publique ne pourra être accompagné de rites ou cérémonies religieuses de quelque genre que ce soit. 5. Une célébration libre des rites religieux est garantie dans la mesure où elle ne perturbe pas la paix publique et qu’elle n’enfreint pas les droits des citoyens de la République soviétique. 6. Les autorités locales ont le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder la paix et la sécurité publiques dans de tels cas. 7. Personne n’a le droit de se soustraire à ses devoirs civiques sous prétexte de ses opinions religieuses. Des dérogations concernant la réglementation ci- dessus, par la méthode de substitution d’un devoir civique par un autre, peuvent être admises dans chaque cas distinct en accord avec le jugement de la Cour du Peuple. 8. Le serment religieux est révoqué. 9. L’enregistrement des naissances et des mariages est exécuté par les autorités civiles uniquement, c’est-à-dire par les bureaux d’enregistrement. 10. L’école est séparée de l’Eglise. L’enseignement des doctrines religieuses est interdit dans tout Etat, dans les écoles sociales et privées où l’instruction est donnée. Les citoyens peuvent enseigner ou étudier la religion en privé. 11. Toutes les sociétés ecclésiastiques et religieuses sont sujettes aux réglementations générales concernant les sociétés et les ligues privées et ne jouissent ni de privilèges ni de subsides spéciaux, que ce soit de l’Etat ou d’une de ses institutions autonomes locales ou municipales.
  • 22. 22 12. La perception obligatoire de collectes et de charges en faveur de l’Eglise et des sociétés religieuses de même que les mesures coercitives ou punitions de la part de telles sociétés vis-à-vis de leurs membres ne sont pas autorisées. 13. Aucune Eglise ou société religieuse n’a de droit à la propriété. Ni l’une ni l’autre n’ont les droits d’une personne juridique. 14. Toute propriété de l’Eglise et des sociétés religieuses existantes en Russie est déclarée propriété nationale. Les bâtiments et les objets destinés spécialement à l’accomplissement des services religieux sont attribués, conformément à des réglementations spéciales des autorités locales de l’Etat central, en usage libre par les sociétés religieuses respectives. Donc, le décret garantit en tout premier lieu la liberté de conscience de chaque citoyen. Ce n’était pas le cas en Russie tsariste, et cela n’existe de cette façon dans aucun des pays bourgeois. «Chaque citoyen est libre de professer n’importe quelle religion, ou aucune, s’il le désire. Toutes les privations de droits reliées au fait de professer l’une ou l’autre religion, ou de ne professer aucune confession de foi, seront supprimées de tous les documents officiels.» En Russie tsariste, la ‘non-profession de foi’, c’est-à-dire l’athéisme, était impitoyablement persécutée. La moindre suggestion d’une disposition d’esprit athée provoquait des persécutions frénétiques de la part des autorités qui agissaient en se pliant aux requêtes de l’Eglise dominante. Comme nous l’avons déjà dit, non seulement l’athéisme mais également toute tentative de la part du croyant de quitter l’Eglise orthodoxe et de se convertir à une autre foi, même à une autre secte chrétienne, était considérée comme un acte de haute trahison et se voyait cruellement persécuter. Chaque cas d’apostasie [abandon de la foi chrétienne, NdT] était considéré par l’Eglise orthodoxe comme une atteinte à son autorité, son pouvoir et son bien-être et c’est pour cette raison que l’appareil policier de l’Etat était obligé de lutter contre l’‘hérésie’ – le mot que l’Eglise utilisait pour désigner toute forme de désaccord avec ses dogmes. L’histoire de la Russie tsariste fourmille de punitions cruelles infligées aux membres de sectes par les autorités. Tous ces prêtres de l’émigration blanche en Amérique, en Allemagne, en Angleterre, en France et dans d’autres pays, qui versent actuellement des larmes en compagnie du pape de Rome à propos de ‘l’absence de liberté de conscience’ en URSS (Antoine Khrapovitsky, Eulogius, Platon et bien d’autres) étaient les archi-persécuteurs de la liberté religieuse – des russificateurs enragés et des persécuteurs cruels de toute forme de sectarisme.
  • 23. 23 La législation soviétique est la seule législation au monde assurant une réelle et absolue liberté de conscience. Dans les pays démocratiques bourgeois, la ‘liberté de conscience’ est comprise comme une liberté pour toutes les religions, et pour n’importe laquelle d’entre elles, de tromper et d’abrutir les masses. Pas un seul pays démocratique bourgeois, toutefois, n’a garanti une totale liberté de l’athéisme. Il suffit de se rappeler tous les ‘procès pour blasphèmes’, le décret spécial de Hindenburg, du 4 mai 1932, interdisant l’existence de la Ligue des Libres Penseurs Prolétariens, etc. L’absence de cette liberté est prouvée par toute la pratique des pays bourgeois dans ce domaine. Dans ces pays, l’Eglise est étroitement liée à l’Etat bourgeois, sous un masque ou l’autre – que ce soit ouvertement ou sous le manteau. Dans des pays comme l’Amérique, où des concordats officiels avec l’Eglise n’existent pas, l’Eglise reçoit néanmoins des crédits et affectations indirects. En imitation du pape et des ecclésiastiques d’autres religions, on a beaucoup écrit et parlé des prétendues persécutions subies par la religion en URSS. En réalité, toute limitation quelle qu’elle soit de la liberté de conscience est poursuivie par la loi en URSS. Le second paragraphe du décret de séparation entre l’Eglise et l’Etat stipule: «Il est interdit de publier au sein des Républiques toutes lois ou réglementations qui contraignent ou limitent la liberté de conscience ou qui établissent quelques préférences ou privilèges que ce soit dans le domaine de la foi professée par les citoyens.» La signification est on ne peut plus claire. Personne n’a le droit de restreindre la liberté de conscience, ce qui revient à dire que personne n’a le droit d’empêcher les croyants de satisfaire leurs aspirations religieuses, et de même, personne n’a non plus le droit d’empêcher les athées de poursuivre leur propagande et de défendre l’athéisme. Combien mensongers sont les récits à propos des ‘actions violentes’ menées par les athées. Un message du pamphlet Sturm über Russland (Tempête sur la Russie) publié par les éditeurs catholiques de Cologne en 1930, peut être considéré comme un échantillon du type de calomnies forgées contre la Ligue des Athées Militants. Les auteurs de ce pamphlet sont Joseph Froberg et Stephan Berghoff. A la page 36, ces hommes pieux décrivent la façon dont on passe la Noël à Moscou. «A la tombée de la nuit, des foules d’athées se mettaient en route vers ces églises qui n’avaient pas encore été fermées par les autorités. Avec des exclamations du style «Il n’y a pas de Dieu! A bas la religion!», ils forçaient leur chemin vers les églises surpeuplées où l’on célébrait la messe de Noël interdite. Ils emmenaient le clergé et les croyants et fouettaient tous ceux sur qui ils pouvaient mettre la main jusqu’à ce qu’ils devinssent inconscients. Ils désacralisaient les autels et les reliques. Tout ce qui ne pouvait céder au poids de leurs poings, ils le brûlaient dans le jardin de l’église.» De telles absurdités mensongères, voilà avec quoi les éditeurs catholiques bourrent le crâne de leurs lecteurs. Si quelqu’un s’était permis la moindre des choses
  • 24. 24 reprises ci-dessus, il aurait été immédiatement poursuivi pour avoir transgressé le décret sur la liberté de conscience. Il est nécessaire de mentionner ici que toute violence, toute moquerie, etc., sont catégoriquement rejetées par la Ligue des Athées qui sait pertinemment bien que de telles méthodes ne servent qu’à exacerber davantage les sentiments religieux. Aucune liberté de conscience n’a jamais existé en Russie tsariste. Rien de ce genre n’existe non plus aujourd’hui dans les pays bourgeois. L’adhérence d’un citoyen à l’une ou l’autre religion ne va de pair avec aucune restriction ni aucun privilège que ce soit. Dans la Russie tsariste, les membres de la confession orthodoxe bénéficiaient de privilèges particuliers. C’est le cas également des catholiques en Pologne de nos jours. Quant aux ‘libres penseurs’, ils sont, naturellement, persécutés partout. Un tel état de choses ne peut en aucun cas être appelé ‘liberté de conscience’. En URSS, tous les documents officiels sont démunis de toute référence aux croyances religieuses des citoyens. Ceci souligne encore le fait qu’aucune différence que ce soit, basée sur quelque principe religieux que ce soit, n’est faite entre les citoyens. Le paragraphe 4 du décret insiste sur le fait qu’«aucun acte officiel de l’Etat ou de quelque autre institution sociale juridique publique ne pourra être accompagné de rites ou cérémonies religieuses de quelque genre que ce soit.» Il ne peut se produire en URSS qu’une célébration sociale soit accompagnée d’un Te Deum, pour la raison que l’Eglise est complètement séparée de l’Etat. L’ouverture des écoles, des usines et les célébrations en tous genres de la Russie tsariste s’accompagnaient immanquablement d’un service ‘divin’. C’est la pratique jusqu’à ce jour dans de nombreux pays bourgeois. Cette coutume en elle- même impose des limites à la liberté de conscience car il y a toujours des gens de confessions différentes parmi la population d’un pays donné. Il y a aussi des gens qui sont totalement athées. Par conséquent, les célébrations religieuses dans des endroits publics ne sont rien d’autre qu’une violation du principe de liberté de conscience en ce qui concerne les dissidents et les athées. Les autorités de l’Etat en URSS ne se mêlent pas des affaires internes de l’Eglise. Ce n’est pas le cas dans les pays bourgeois. En Angleterre, par exemple, le roi est le chef de l’Eglise anglicane et toutes les questions d’ordre intérieur de l’Eglise (jusqu’au contenu du livre de prières) sont réglées devant le Parlement. En URSS, les questions de savoir qui croit en Dieu et de quelle manière, qui prie et de quelle manière il prie, ne concernent pas l’Etat le moins du monde. Le paragraphe 5 du décret stipule: «Une célébration libre des rites religieux est garantie dans la mesure où elle ne perturbe pas la paix publique et qu’elle n’enfreint pas les droits des citoyens de la République soviétique. Les autorités locales ont le droit de prendre toutes les mesures nécessaires afin de sauvegarder
  • 25. 25 l’ordre et la sécurité publiques dans de tels cas.» Ceci signifie que les autorités ne peuvent interférer dans les affaires de l’Eglise que lorsque des religieux ou des membres de l’Eglise se livrent à des tentatives d’utiliser la religion à des fins contre- révolutionnaires, c’est-à-dire politiques. Naturellement, des circonstances peuvent se présenter où les activités des corps religieux requièrent l’interférence de la part des autorités afin de garantir les intérêts publics: par exemple, si, dans une région frappée par une épidémie, l’Eglise organisait des processions et des séances de prières publiques ainsi que la visite de maisons privées, ce qui risquerait naturellement de répandre la maladie, les autorités seraient forcées d’interdire de telles cérémonies religieuses. De telles mesures toutefois peuvent difficilement être considérées comme des violations de la loi respectant la liberté de conscience. Le décret de séparation sépare également l’enseignement de l’Eglise. Dans la Russie tsariste, l’enseignement se trouvait sous l’influence directe de l’Eglise. L’enseignement public lui était particulièrement soumis. La religion ou ce qu’on appelle les sujets de ‘divinité’ étaient enseignés par les prêtres dans les écoles primaires et secondaires. Nous voyons exactement la même situation aujourd’hui, dans plusieurs pays capitalistes. Les classes dirigeantes bourrent le crâne des enfants avec des histoires parlant de l’éternité de l’ordre bourgeois, de l’inviolabilité de la propriété privée, etc., afin d’inculquer à la génération montante une profonde dévotion à l’égard du régime capitaliste. L’Etat soviétique est le seul pays au monde dans lequel l’enseignement et le travail scientifique sont libres des chaînes de la religion. Aucune image pieuse n’est affichée dans les écoles soviétiques. L’enseignement soviétique éduque les enfants dans un esprit antireligieux. Selon le décret, les parents sont libres d’enseigner la religion à leurs enfants chez eux. Ceci, cependant, ne donne à personne le droit d’installer des écoles religieuses. La classe ouvrière et son pays ne toléreront aucun lieu d’abrutissement religieux où la génération montante recevrait une éducation corrompue. Le décret du 23 janvier 1918 met un terme à toute subsidiation par l’Etat de l’Eglise et des organisations religieuses. Que les croyants maintiennent leurs organisations d’Eglise eux-mêmes. Aucun kopeck ne sera consacré à cette question par l’Etat. Dans les pays bourgeois, l’Etat fournit des dizaines de millions aux organisations ecclésiastiques, alors que les allocations de chômage et les pensions des invalides sont réduites et que le nombre d’écoles diminue en permanence. Aucun pays, même le plus démocratique, ne peut se vanter d’une liberté de conscience aussi absolue que celle qui existe en URSS. C’est toutefois très naturel. La bourgeoisie se cramponne à la religion, l’utilisant comme une arme dans sa prédominance sur les masses. Dans tous les pays européens et non européens, les relations entre l’Eglise et l’Etat se consolident. Des concordats avec l’Eglise ont eu lieu en Prusse, en Bavière, en Pologne, en Italie, en Lituanie et dans de nombreux
  • 26. 26 autres pays. Partout, on peut découvrir les rangs serrés d’un front uni entre le capital et ses serviteurs – le fascisme et la prêtrise. Partout se fait sentir une intensification de la réaction cléricale. Le pays des Soviets est le seul où la religion est complètement séparée de l’Etat et où chaque citoyen est libre de croire au Dieu qu’il veut, ou en aucun s’il le préfère. L’article 4 de la Constitution de la RFSSR dit ceci: «Dans le but d’assurer une réelle liberté de conscience aux travailleurs, l’Eglise est séparée de l’Etat et l’enseignement de l’Eglise; le droit de tous les citoyens de pratiquer librement n’importe quelle foi religieuse ou de s’engager dans toute propagande antireligieuse demeure inviolable.» Cela signifie que la classe ouvrière dirigeante ne se satisfait pas uniquement de la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Reconnaissant entièrement le droit de chaque citoyen de professer ou de renier n’importe quelle religion à sa guise, la classe ouvrière poursuit, à travers son appareil d’Etat, ses syndicats, ses institutions culturelles, sa presse, etc., un travail important dans le but de libérer l’esprit des gens de l’influence de la religion. L’ensemble du système de l’éducation en URSS et l’ensemble de son système culturel contribue au développement de combattants conscients de la société sans classe, des combattants comprenant l’origine de classe de la religion, et qui sont par conséquent libres de toute croyance en quelques puissances surnaturelles et inexistantes que ce soit. 9. Le danger de guerre et la religion La participation de l’Eglise aux nouveaux préparatifs de guerre et l’intervention envisagée contre l’URSS est camouflée de nombreuses façons subtiles. Le seul objet de la campagne calomnieuse contre l’URSS, qui tire en partie son origine dans l’Eglise, consiste à tenter de gagner les masses à l’idée d’une guerre future avec l’Union soviétique. Les histoires de ‘travail forcé’, d’‘éliminations’, de ‘persécutions antireligieuses’, etc. sont destinées à créer une hostilité et à mobiliser l’opinion publique contre l’Union soviétique. Telle était la motivation, par exemple, qui se cachait derrière les prétendues ‘croisades’ du pape à l’époque où les catholiques, les anglicans, les juifs, les mahométans et de nombreux autres ecclésiastiques de tous crins présentèrent un front uni pour calomnier l’URSS. La ‘croisade’ du clergé a reçu une place importante dans la guerre planifiée contre l’Union soviétique. Lorsque les mencheviks et le Parti Industriel (parti Prom) ont été déférés devant les tribunaux à Moscou, on a appris que le début de l’intervention proposée avait été fixé au printemps 1930, exactement au moment où les prêtres étaient occuper à mijoter leur ‘croisade’. La participation active de l’Eglise à la guerre est évidente dans ses prêches trompeurs truffés d’absurdités à propos du fait que la bourgeoisie ne voulait pas de quelque guerre que ce fût et qu’au moyen de conférences de paix, de conseils ecclésiastiques, etc., il était possible d’éviter la guerre, bien qu’elle fût préparée par l’URSS contre les capitalistes ‘pacifiques’. En rapport avec ce qui précède, il convient de se rappeler que, lors de la Conférence de Genève, l’Eglise a opposé des
  • 27. 27 objections véhémentes à la proposition de désarmement exprimée par les représentants de la délégation soviétique dirigée par Litvinov. L’éditorial du journal officiel du pape, l’Osservatore Romano du 7 avril 1932, parlait du désarmement en ces termes: «Ce serait une grande erreur de cacher qu’aussi longtemps qu’il existera pour les nations un danger communiste ou bolchevique organisé en tant qu’Etat, et un Etat armé au sein de ses frontières mystérieusement fermées, le désarmement imprudent, le désarmement idyllique qui devrait être le précurseur de la paix et la semence fertile d’une nouvelle prospérité économique, peut dans sa légèreté ouvrir la porte toute grande au cyclone extrêmement violent des conflits politiques les plus cruels et irréparables sur le plan économique.» L’Union soviétique propose le désarmement complet tandis que le pape requiert la destruction préalable de l’Union soviétique et suggère que l’on ne discute du désarmement qu’après ces mesures. Cette attitude de l’Eglise coïncide avec l’attitude des cercles les plus réactionnaires de la bourgeoisie impérialiste. Qui plus est, l’Eglise cautionne et diffuse la calomnie bourgeoise selon laquelle l’URSS est la nation la plus belliqueuse au monde. Donc, par exemple, le prêtre Notges écrit dans son ouvrage Catholicisme et communisme que l’armée soviétique compte 25 millions de soldats. Cette calomnie voudrait mettre sur le dos de l’URSS la responsabilité de l’accroissement de l’armement dans les pays capitalistes. Dans aucun pays, l’Eglise ne s’exprimerait en faveur du désarmement. Au contraire, elle aide la bourgeoisie à développer un potentiel militaire. Les aumôniers des armées bourgeoises aident l’équipe de commandement à réprimer la conscience de classe des soldats et à les entraîner pour le rôle obéissant de chair à canon. La prière suivante, composée en Pologne par un prêtre catholique, Miezskis- Uzerski, dans son livre de guerre (Wojna) représente un exemple intéressant du fait cité plus haut: «Oh, seigneur, accorde à nos mains la puissance nécessaire, accorde la supériorité à nos canons, l’endurance à nos chars, l’invisibilité à nos machines volantes, la fluidité et l’omniprésence à nos gaz – accorde-leur les signes dignes de l’amour divin. Au nom de cet amour dont tu nous aimes, puisse l’ennemi tomber comme l’herbe touchée par la faux de la justice. Fais que leurs femmes et leurs filles soient déshonorées. Puissent leurs balles et boulets tomber dans l’herbe comme des agneaux, et puissent nos soldats, comme des tigres, leur arracher les entrailles. Puissent-ils finalement devenir aveugles. Notre âme est la même qu’elle l’était il y a des milliers d’années. Elle hait l’ennemi et ne lui pardonne pas. Ainsi, ne pardonne pas non plus aux athées, mais punis-les pour qu’ils cessent de nous faire du mal et ne nous empêche pas de les rendre inoffensifs, maintenant et pour toujours. Amen.» Cette prière militante n’est pas chose rare dans le monde de l’Eglise. Les bombes, les gaz et les aéroplanes recevront beaucoup plus de bénédictions lorsqu’ils seront dirigés contre l’URSS. Les ministres de l’Eglise sont en rapport étroit avec ces cercles impérialistes de la bourgeoisie mondiale qui sont les plus actifs à préparer la guerre et
  • 28. 28 l’intervention, et qui les subsidient dans de nombreux cas (ils ont des contacts avec Deterding, par exemple). Très souvent, les princes de l’Eglise eux-mêmes tirent profit des travaux militaires. Selon l’affirmation faite dans le magazine anglais New Statesman and Nation du 1er février 1932 et reprise dans la Pravda, les représentants du clergé britannique constituent une proportion exceptionnellement nombreuse des actionnaires des firmes d’armement. Ceci ne concerne pas uniquement le clergé britannique. Dans tous les pays impliqués dans la guerre mondiale, les organisations religieuses étaient au service de l’état-major général. Et les leçons de cette guerre garantissent que l’Eglise jouera exactement le même rôle dans la nouvelle guerre que les impérialistes préparent actuellement. Il suffit d’examiner l’attitude du clergé en matière d’occupation de la Mandchourie par le Japon, afin de se convaincre soi-même au-delà de tout doute du rôle impérialiste de toute religion et Eglise. Il est bien connu que les ecclésiastiques japonais ont solennellement sanctionné la ligne de conduite prédatrice de leur soldatesque et qu’ils ont même fait appel à l’Angleterre et à l’Amérique en leur demandant d’aider le Japon à piller la Chine. Dans son journal l’Osservatore Romano, le pape, dans tous les numéros sortis vers la fin de 1931, insinuait sans cesse que l’Armée Rouge de l’Union soviétique assistait les Chinois dans leur lutte contre le Japon. Par conséquent, la presse papiste jouait le rôle d’instrument dans la provocation de l’impérialisme japonais contre l’Union soviétique. Il est caractéristique des corps ecclésiastiques des pays capitalistes qu’ils n’ont jamais prononcé un seul mot contre le bombardement de Tchapeï et en général, contre les actes violents commis par les militaristes japonais en Chine. Dans les préparatifs de la guerre antisoviétique, un rôle important est conféré par les impérialistes à l’émigration russe blanche qui a trouvé refuge en France, en Tchécoslovaquie, en Pologne, dans les Balkans et dans d’autres pays. Une part active est jouée par les mêmes prêtres qui étaient habituellement les partisans du trône tsariste, et qui constitue maintenant la véritable élite de l’émigration blanche. C’est un fait bien connu que la racaille émigrée russe a dernièrement dirigé ses activités vers des actes terroristes, faisant des leaders politiques étrangers leurs principales victimes. La raison de la terreur est motivée par l’espoir de précipiter une guerre antisoviétique. L’une des victimes de la garde blanche fut Doumer, le président de la République française. Il conviendrait de noter que longtemps avant que Stern, le garde blanc, tire sur von Twardowsky, conseiller de l’ambassade d’Allemagne, et que longtemps avant que le garde blanc Gorgulov tue Doumer, président de la République française, les tactiques de la terreur avaient été annoncées par le clergé russe à l’étranger. L’un des gardes blancs, le métropolite Antoine, écrivait en novembre 1930: «Peuple russe! Le diable rouge a lancé une lutte décisive contre notre foi. Ce diable devrait être repoussé. Notre lumière ne s’éteindra pas. Levez-vous et
  • 29. 29 défendez la foi chrétienne! Abattez les communistes! Frappez la tête du serpent! Ne laissez pas en vie non plus la progéniture de ce serpent! La terreur du peuple est l’épée de Dieu.» C’est ce qu’écrivait le métropolite Antoine Khrapovitsky, qui avait été l’un des plus dévoués serviteurs de Nicolas II et le leader de la très pogromiste ‘Ligue du Peuple russe’. C’est lui également qui plus tard allait supplier les puissances européennes d’organiser une nouvelle campagne contre l’Union soviétique (1922). Toutes les activités des organisations religieuses – leur attitude à l’égard de l’Union soviétique et leur rôle général dans le système de l’appareil bourgeois de l’Etat – prouvent que l’Eglise et la religion jouent le rôle de pionnier et d’avant-garde de l’impérialisme dans les préparatifs de la nouvelle guerre contre la construction du socialisme en URSS. 10. C’est l’union des athées militants de l’URSS qui organise et dirige la propagande antireligieuse L’œuvre de l’Union est basée sur les principes de Marx, Engels et Lénine considérant que la religion est une puissance réactionnaire, servant les exploiteurs dans leurs efforts de perpétuer leur domination sur les exploités. L’Union des Athées, bien qu’il s’agisse d’une organisation ne dépendant pas d’un parti, suit la direction du parti communiste et ses activités servent les buts de la construction socialiste. L’Union des Athées Militants est une organisation sociale composée de volontaires et elle n’est habilitée à exercer aucune fonction administrative. Par conséquent, il n’entre pas dans son pouvoir de fermer des églises, d’arrêter des prêtres et de faire toutes ces choses que l’Eglise et la presse capitaliste étrangère lui attribuent. L’Union est organisée de façon à coïncider avec les formes industrielles de la façon suivante: elle crée ses noyaux dans les usines, les ateliers, les écoles, les unités de l’armée, les fermes soviétiques, les fermes collectives, les villages, etc. Le principe motivant des noyaux athées consiste dans la lutte contre la religion dans tous ses aspects – dans la lutte contre toute religion quelle qu’elle soit – contre le mode religieux de vie et de préjugés. Ce travail d’éducation et de propagande de l’Union est étroitement lié à l’œuvre de construction du socialisme et lui est subordonné. Un athée est un travailleur exemplaire. Le noyau athée est une organisation de choc d’avant-garde dans l’usine, à l’école, dans les fermes soviétiques et collectives, etc. Telle est la façon dont les athées conçoivent leur travail. Les brigades de choc athées de l’industrie sont organisées dans les usines. Leur but est de montrer aux autres et particulièrement aux croyants parmi les travailleurs comment combattre pour la construction du socialisme. Leur travail dans l’industrie s’accompagne en même temps d’un travail d’éducation et de propagande.
  • 30. 30 On peut rencontrer des brigades de choc athées du même type dans les fermes collectives, les écoles, etc. Les athées font également un travail important dans les villages, où ils encouragent la collectivisation, l’augmentation des rendements et l’introduction de l’équipement technique. Mainte ferme collective a été organisée grâce aux organisations athées. Il y a de nombreux villages où les paysans donnent à leurs fermes collectives le nom d’‘athées. Les fermiers collectifs athées, en règle générale, poursuivent leur travail d’une façon plus efficace que les autres. Du fait que la propagande antireligieuse divulgue la signification de classe de la religion, son caractère non scientifique et sa nocivité générale, elle aide les gens les plus arriérés à abandonner la religion et à rallier le travail social actif, faisant d’eux les bâtisseurs conscients d’un monde nouveau. Dans son agitation et sa propagande, l’Union des Athées ne se permet jamais de blesser les sentiments religieux des croyants ou de se moquer d’eux. Les athées se sont donné comme but d’éduquer et de modifier les conceptions du croyant, qu’il soit ouvrier ou paysan. Toute attitude abrupte ou dénuée de tact est strictement réprouvée, car il va sans dire qu’adopter une mauvaise attitude à l’égard des croyants est capable de les irriter et d’intensifier leurs sentiments religieux. Le travail de propagande de l’Union des Athées est très diversifié. Elle a ses propres périodiques, elle publie des ouvrages et des pamphlets, et sa propagande de presse occupe une place importante dans son travail. Le tirage effectif du journal Bezbozhnik (L’Athée) est d’environ 500.000 exemplaires. Il livre également des numéros spéciaux aux écoles et à l’Armée Rouge. Outre l’édition russe du journal, les athées publient des journaux et des magazines en ukrainien, en polonais, en géorgien, en tatar, en allemand, en yiddish, en arménien, en tchouvache, en bachkir, en bouriate-mongolien, en finnois, en estonien, en ouzbek et dans les autres langues des nationalités qui peuplent l’URSS. Les livres, pamphlets, recueils de textes, etc. publiés par l’Union dans les nombreuses langues parlées en URSS concernent différentes questions touchant aux domaines de l’histoire des religions, des civilisations, des sciences, du socialisme, du matérialisme dialectique et du mouvement du travail. La propagande de la connaissance scientifique comme antidote aux ‘contes’ de la religion occupe une place importante dans le travail de l’Union des Athées Militants. Le travail éducationnel parmi les masses de la population est effectué par le biais de conférences, de discussions, de lectures, de soirées culturelles, d’excursions, etc. Des cercles et des séminaires sont organisés par l’Union des Athées dans les usines, les institutions, les écoles et les unités de l’armée. Dans les régions et les villes, des écoles et des universités du travail sont instaurées et
  • 31. 31 proposent une grande variété de cours. Les émissions radio sont également incorporées dans ce travail. Alors que la radio, dans les pays bourgeois, est utilisée par l’Eglise dans le but de semer la confusion parmi la classe ouvrière en diffusant des idées réactionnaires et religieuses, en URSS elle joue son rôle dans la création d’une nouvelle forme de société. Plus de soixante-dix sections et musées antireligieux ont été organisés par les athées. Des cinémas et des théâtres sont également au service de la propagande antireligieuse. Les athées luttent pour la révolution culturelle et contre l’analphabétisme, répartissant leurs membres de façon à ce qu’ils puissent procéder au travail éducationnel avec les illettrés. Les athées luttent contre toutes les superstitions afin de préparer la voie à un nouveau mode de vie et un niveau culturel plus élevé pour les travailleurs. C’est une grande œuvre que sont attelés à réaliser les athées (dans l’Est soviétique en particulier) dans leur tâche d’émancipation des femmes des servitudes religieuses vieilles comme le monde et des handicaps sociaux. Ce n’est pas un secret que dans certains endroits la femme mahométane est toujours prisonnière des coutumes religieuses. Elle se couvre la face d’un voile pour la raison que la religion lui interdit de circuler à visage découvert. Les athées luttent contre ceci et contre d’autres formes de servage religieux et aident les femmes qui travaillent à briser les chaînes de la religion afin de les convertir en participantes conscientes au travail de la construction socialiste. Travailler parmi les enfants, à l’école et en dehors, est également l’une des tâches réalisées par l’Union. Les jeunes sont organisés en groupes de jeunes athées. Ces groupes se sont constitués à travers le pays et comptaient plus de deux millions de membres à la fin de l’année 1931. L’Union des Athées Militants lutte contre toutes les religions parmi toutes les nationalités peuplant l’URSS. Elle combat toute forme de nationalisme et de chauvinisme, milite activement en faveur de l’internationalisme et de l’union fraternelle de toutes les nations. L’Union est membre de l’organisation internationale des athées prolétariens – l’Internationale des Libres Penseurs Prolétariens. Elle mène à bien l’éducation de ses membres à une échelle internationale en développant l’émulation et en établissant des contacts avec les organisations athées prolétariennes d’autres pays. Tous les travailleurs qui ont rompu avec la religion après avoir réalisé tout le mal dont elle est capable, et qui souhaitent lutter contre elle, sont les bienvenus en tant que membres de l’Union des Athées Militants. De nombreux travailleurs étrangers en URSS, qui travaillent dans nos entreprises industrielles, et même des membres de leurs familles joignent l’Union et participent à son œuvre.