Kantar et onepoint s'associent pour offrir une vision exhaustive des études électorales consacrées aux élections municipales, et pour analyser leur contenu et les éclairages qu'elles offrent sur les tendances nationales et les enjeux locaux.
Baromètre d'image du Rassemblement National (2020)
Municipales 2020 : Angers
1. MAIRE SORTANT
(étiquette)
POPULATION
RÉSULTATS À LA
PRÉSIDENTIELLE 2017
(5 premiers candidats)
CANDIDATS DÉCLARÉS
(étiquettes)
ÉLECTIONS
MUNICIPALES
2020 Angers
Contexte et
enjeux
Ville au tempérament politique modéré,
Angers a longtemps été détenue par la
gauche depuis qu’en 1977 le rocardiste
Jean Monnier (alors PS) l’emporta sur
le maire sortant conservateur Jean
Turc. Depuis lors, Angers réélisait
volontiers ses maires sortants, à
commencer par Jean Monnier, le
détenteur du record de longévité à ce
poste dans l’histoire de la ville. A la tête
d’Angers pendant 21 ans, Jean Monnier
a réalisé 3 mandats - le premier en tant
que membre du PS, les suivants sans
étiquette - et démissionné en 1998, à la
moitié de son 4e mandat, au profit de
son premier adjoint Jean-Claude
Antonini (PS). Après ses trois premières
années à la tête de la mairie, les
Angevins avaient confirmé J-C.
Antonini, le réélisant en 2001 puis en
2008. Cette dernière réélection,
cependant, annonçait déjà la montée en
puissance de Christophe Béchu, alors
président du Conseil général de Maine-
et-Loire et candidat de l’UMP à la mairie
d’Angers, et auquel l’ex-maire Jean
Monnier avait apporté son soutien.
Arrivé derrière C. Béchu au premier
tour, J-C. Antonini l’avait en effet
emporté de justesse au second tour
avec 50,6% des voix. En janvier 2012,
malade et après 14 ans de mandats, J-
C. Antonini avait surpris en annonçant
sa démission. Frédéric Béatse (PS)
avait alors été désigné à la hâte par le
conseil municipal pour lui succéder,
l'adjoint Jean-Luc Rotureau (PS), leader
de l'opposition au Conseil général, se
trouvant ainsi écarté de la course à la
succession.
Deux ans plus tard, aux élections
municipales de 2014, F. Béatse n’avait
cependant pas fait le poids face à
Christophe Béchu (LR) : en obtenant
54,36% des suffrages au 2nd tour, ce
dernier avait fait basculer la ville à
droite après 37 ans de règne
ininterrompu de la gauche. Pour
gagner, C. Béchu avait su rassembler
les droites et le centre, en choisissant
notamment pour adjoints des membres
de Sens commun, mouvement né de la
Manif pour tous. Il avait aussi bénéficié
d’une division de la gauche : le PS avait
désigné F. Béatse et dû faire face à la
candidature dissidente de Jean-Luc
Rotureau
Depuis 2017, C. Béchu a quitté les
Républicains et apporté son soutien à
Emmanuel Macron et LaREM à
plusieurs reprises, marquant une
ouverture plus au centre qu’à la droite
conservatrice. En juin 2019, au
lendemain des élections européennes,
C. Béchu a d’ailleurs été à l’initiative de
la tribune des élus de droite et du
centre soutenant E. Macron puis lancé
l’association « La République des
maires » fin août 2019 afin d’orchestrer
la recomposition du paysage politique
local en vue des municipales 2020.
ꟷ Christophe Béchu (DD investi
par LAREM et soutenu par
LR) – Liste Angers pour
vous !
ꟷ Djamel Blanchard et Claire
Schweitzer – Liste Angers
citoyenne et populaire (FI,
GRS, PA)
ꟷ Silvia Camara-Tombini (PS)
et Stéphane Lefloch (ex-
EELV) – Liste Aimer Angers
ꟷ Yves Aurégan, Liste Angers
écologique et solidaire
(EELV, Nouvel Elan,
Génération.s, PCF)
ꟷ Olivier Douay (RN
E. Macron (30,0%)
F. Fillon (22,4%)
J-L. Mélenchon (21,3%)
M. Le Pen (10,0%)
B. Hamon (9,6%)
151 229 hab. (2016)
Christophe Béchu (LR puis
Divers droite depuis 2017)
30 janvier 2020
2. ÉLECTIONS
MUNICIPALES
2020
En cette fin de mandat, le climat social
est plutôt positif pour Christophe
Béchu. De fait, reconduite à la tête de
divers classements depuis plusieurs
années - comme étant parmi les villes
les plus vertes, agréables ou attractives
de France -, Angers satisfait largement
ses habitants (97% se disent satisfaits
d’y vivre selon notre sondage Kantar
pour la ville d’Angers en mars 2019) qui
y apprécient particulièrement la qualité
de vie (97%) et se disent
majoritairement confiants en son avenir
(95%). Angers a d’ailleurs vu sa
population augmenter de 1,14% entre
2018 et 2019, une hausse significative
qui traduit l’attractivité de la ville.
Par ailleurs, si le terreau social-
démocrate angevin a plutôt bénéficié à
la gauche avant 2014, les électeurs se
sont laissé séduire par la promesse
d’ouverture et de rassemblement de
LaREM – posture qui avait aussi
marqué les mandats de son
indétrônable édile Jean Monnier. Ainsi,
après avoir préféré à Nicolas Sarkozy
les candidats PS en 2007 (53% avaient
choisi Ségolène Royal) puis en 2012
(57% pour François Hollande), les
Angevins ont largement apporté leurs
voix à E. Macron en 2017. En 2019, ils
ont confirmé leur préférence en votant
à 28% pour la liste LaREM menée par
Nathalie Loiseau, puis à 18,8% pour la
liste écologiste de Yannick Jadot et à
11,95% pour la liste RN de Jordan
Bardella.
Face au maire sortant, plusieurs
candidats se sont déclarés :
La gauche angevine n’a pas su s’unir et
présente trois listes distinctes, aucune
d’entre elles n’ayant réussi à attirer une
tête de liste de poids :
ꟷ La Liste PS Aimer Angers, dans
laquelle figure l’ex-maire Béatse, a
désigné à sa tête le binôme Silvia
Camara-Tombini (conseillère
municipale PS) et Stéphane Lefloch
(ingénieur automaticien et
entrepreneur ex-EELV, qui remplace
Philippe Violanti, également ex EELV
ayant démissionné de la tête de
liste).
ꟷ Le binôme Claire Schweitzer (FI) et
Daniel (dit Djamel) Blanchard a été
désigné tête de liste d’Angers
citoyenne et populaire (ACP)
réunissant la France Insoumise, la
Gauche Républicaine et Socialiste, et
le Parti Animaliste. L’un comme
l’autre se lancent pour la première
fois à la candidature de la mairie,
Claire Schweitzer étant membre de
L214 et militante FI. Djamel
Blanchard, personnage controversé,
est fondateur de l’Association des
jeunes de la Roseraie et co-président
de « Pas sans nous » qui dénonce
l’oubli des banlieues et quartiers
populaires d’Angers.
ꟷ Le directeur de recherche au CNRS
Yves Aurégan (EELV) a été désigné
tête de liste d’Angers écologique et
solidaire, qui rassemble EELV,
Nouvel Elan, Génération.s et le PCF.
Militant EELV depuis 2002, c’est une
première candidature pour Aurégan
qui n’avait figuré sur aucune liste
politique auparavant.
A l’extrême droite, Olivier Douay (RN) a
été désigné et œuvre à la constitution
de sa liste. En 2014, la liste RN n’avait
obtenu que 6,73% des suffrages au
premier tour.
Ce que disent
les sondages
A date, aucun sondage d’intentions de
vote n’a été publié en vue des
municipales. Un sondage commandé
par la mairie d’Angers à Kantar en
mars 2019 laisse cependant présager
de bons augures pour le maire sortant.
De fait, ce sondage a montré que
l’action municipale est jugée
positivement par la plupart des
Angevins, 83% des sondés estimant
que le travail fourni par municipalité est
positif voire excellent, et 68 % préférant
« continuer l’action municipale telle
qu’elle est menée actuellement »,
contre 26 % qui pensent qu’il faudrait la
changer.
Pourquoi
suivre l’élection
municipale à
Angers ?
ꟷ Parce que pour gagner Christophe
Béchu poursuit son ouverture
politique - désormais à gauche avec
notamment l’entrée de l’ancienne
sénatrice EELV Corinne Bouchoux –
et devra donc faire cohabiter ses
colistiers malgré de profondes
différences idéologiques.
ꟷ Parce que C. Béchu est à l’initiative
de l’association République des
Maires, pouvant ainsi être vu comme
le meilleur représentant de ces élus
macron-compatibles à l’ancrage
territorial important que LaREM a
choisi de soutenir pour se renforcer
dans les territoires et appuyer son
action au niveau national. Sa victoire
serait un signe positif pour le
gouvernement actuellement en
difficulté.
ꟷ Parce que son résultat marquera le
bilan du premier mandat de
Christophe Béchu, indiquant si
l’alternance se confirmera ou non
dans le temps.
Angers
30 janvier 2020