Kantar et onepoint s'associent pour offrir une vision exhaustive des études électorales consacrées aux élections municipales, et pour analyser leur contenu et les éclairages qu'elles offrent sur les tendances nationales et les enjeux locaux.
1. MAIRE SORTANT
(étiquette)
POPULATION
RÉSULTATS À LA
PRÉSIDENTIELLE 2017
(5 premiers candidats)
CANDIDATS DÉCLARÉS
(étiquettes)
ÉLECTIONS
MUNICIPALES
2020 Metz
Contexte et
enjeux
Historiquement réputée de droite, la
ville de Metz a basculé à gauche en
2008. Les divisions à droite avaient en
effet bénéficié au socialiste Dominique
Gros qui est devenu le premier maire
de gauche à Metz depuis l’instauration
du suffrage universel en 1848.
Son prédécesseur, Jean-Marie Rausch,
ministre de centre-droit des
gouvernements Rocard et Cresson,
avait marqué la ville par sa longévité,
restant à la tête de la Préfecture de la
Moselle 37 ans durant, entre 1971 à
2008. Cependant, en 2008, alors qu’il
avait décidé de se présenter pour
briguer un 7ème mandat Jean-Marie
Rausch s’est vu refuser l'investiture de
l'UMP qui lui a préféré la candidature de
Marie-Jo Zimmermann. Au deuxième
tour de l’élection municipale, alors qu’il
devance la candidate, l’UMP reviendra
finalement sur sa position et lui
accordera son soutien. Cette décision
ne permettra cependant pas de
rattraper l’avance prise par son
adversaire, Dominique Gros, qui, face à
cette droite divisée, sort victorieux du
second tour (48%) devançant Jean-
Marie Rausch (27%) et Marie-Jo
Zimmerman (24%).
En 2014, dans un contexte où la droite
nourrissait des espoirs de reconquête
tandis que le FN continuait son
implantation locale en présentant cette
fois-ci un candidat (recueillant 21,32%
des voix au 1er tour), le second tour a
donné lieu à une triangulaire. Celle-ci a
permis à Dominique Gros de conserver
la mairie, ce dernier recueillant 43% de
suffrages contre 41% pour son
adversaire UMP Marie-Jo Zimmermann
et 16 % pour la candidate du Front
national, Françoise Grolet.
Lors de l’élection présidentielle de
2017, Emmanuel Macron est arrivé en
tête du 1er tour avec un score
légèrement supérieur à celui réalisé au
niveau national (26,69%) devant Jean
Luc Mélenchon (20%), François Fillon
(18%) et Marine Le Pen (18%). Aux
élections européennes de 2019, la liste
LaREM-Modem est arrivée en première
position (24%) alors que le
Rassemblement National a confirmé
son ancrage en arrivant en 2ème position
à Metz (20%) devant celle d’Europe-
Ecologie Les Verts (15%).
Les résultats des élections municipales
de 2020 s’annoncent toutefois très
serrés et teintés d’incertitudes. Le maire
sortant Dominique Gros ne briguant pas
de troisième mandat, les prétendants
sont nombreux pour lui succéder. C’est
notamment le cas au centre, ce qui
pourrait profiter in fine au candidat des
Républicains, François Grosdidier. Au
final, c’est au sein d’un paysage
politique extrêmement morcelé que 9
candidats se présentent et rendent les
pronostics particulièrement complexes :
ꟷ E. Lebeau (Divers droite)
ꟷ F. Grolet (RN)
ꟷ F. Grosdidier (LR)
ꟷ C. Bemer (sans étiquette)
ꟷ J. Aldrin (Agir)
ꟷ B. Agamennone (sans
étiquette)
ꟷ R. Lioger (LaRem)
ꟷ X. Bouvet (Unis)
ꟷ T. Scuderi (divers gauche)
ꟷ E. Macron (26,69 %)
ꟷ J-L. Mélenchon (20,43 %)
ꟷ F. Fillon (18,80 %)
ꟷ M. Le Pen (18,76 %)
ꟷ B. Hamon (7,79 %)
117 492 hab. (2015)
Dominique Gros (PS)
30 janvier 2020
2. ÉLECTIONS
MUNICIPALES
2020
Alors que Dominique Gros n’avait pas
désigné de successeur, c’est Thomas
Scuderi, adjoint du maire sortant à la
démocratie participative, qui devait
initialement mener sa candidature sous
l’étiquette du Parti Socialiste.
Cependant, son investiture en juillet
dernier s’est vue gelée par le parti qui
avait des soupçons sur la régularité du
scrutin et qui lui a finalement préféré
Jean-Michel Toulouze. Ce dernier a
disparu brutalement en octobre 2019
laissant un PS endeuillé et sans
candidat. Dans ce contexte, Thomas
Scuderi a préféré s’émanciper et n’a
pas attendu sa désignation pour
officialiser sa candidature.
Les Républicains ont, quant à eux,
investi François Grosdidier, sénateur
de la Moselle et ex-maire de Woippy,
qui a réussi à fédérer diverses
composantes de la droite messine au-
delà de son camp ralliant notamment le
Docteur Khalifé Khalifé, (cardiologue,
ex-adjoint au maire de Jean-Marie
Rausch et président de l’Union
Républicaine Lorraine) et le directeur
de l’Institut d’Administration des
Entreprises (IAE) de Metz, Julien
Husson à sa liste.
Pour cette municipale LaREM a
traversé un climat complexe teinté de
divisions. Dans un premier temps, des
rumeurs couraient sur la candidature
de Nathalie Griesbeck (ancienne
députée européenne MoDem) pour
conduire une liste d'union
LaREM/Modem mais celle-ci a
finalement été démentie en octobre.
Mais alors que Richard Lioger, député
de la 3ème circonscription de la Moselle
ancien président de l’université et
premier adjoint au maire de Metz de
2008 à 2017, a obtenu l’investiture
LaREM pour les municipales, Béatrice
Agamennone a maintenu sa
candidature contre celle du candidat
investi. L’ex-référente de la République
en Marche en Moselle a alors été
exclue du parti et est aujourd’hui
candidate sans étiquette.
Le chef de file d’« Agir » (parti politique
d’Edouard Phillipe) et conseiller
municipal d'opposition, Jérémy Aldrin a
quant à lui refusé l’alliance proposée
par Richard Lioger préférant partir seul
.
Françoise Grolet, élue de la région
Lorraine, qui avait créé la surprise en
2011 en arrivant première du second
tour dans le canton de Metz-1, conduira
pour la seconde fois la liste du
Rassemblement National.
Xavier Bouvet, ancien conseiller du
maire de Metz, directeur de l’agence
Inspire Metz conduira la liste du
mouvement Unis. Cet ex-militant
socialiste a réussi à rassembler la
gauche messine et compte aujourd’hui
les soutiens d’Europe Ecologie Les
Verts, Génération.s, des Radicaux de
gauche et du Parti Communiste. Ainsi,
alors que le PS a longtemps refusé
d’apporter son soutien à cette alliance
les discussions en vue d’une union ont
débuté fin décembre.
Ce que disent
les sondages
En novembre 2019, un sondage testant
deux hypothèses (l’absence ou la
présence d’une liste autonome
conduite par Béatrice Agamennone) a
été réalisé par nos confrères
d’OpinionWay :
Le sénateur les Républicains François
Grosdidier arrive en tête du premier
tour avec 26% et 25% d’intentions de
vote selon les hypothèses testées.
Le Rassemblement National se hisse à
la deuxième place à 19% et 18%.
Le parti de Marine Le Pen étant talonné
de près par la liste Esplanade conduite
par Xavier Bouvet et soutenue par
Europe-Ecologie Les Verts,
Génération.s, le Parti communiste et
les Radicaux de la Gauche qui est
créditée de 19% (sans la liste menée
par Béatrice Agamennone) et 16% des
voix.
Enfin, La République en Marche malgré
ses bons scores aux précédentes
élections reste très proche du seul
fatidique des 10% (10% et 11% selon
les hypothèses), un score faible
laissant planer l’incertitude sur sa
présence au second tour du scrutin.
Ces sondages confirment l’incertitude
quant au dénouement du vote avec une
deuxième place et donc un second tour
qui restent ouverts.
Pourquoi
suivre l’élection
municipale à
Metz ?
ꟷ Parce que cette élection municipale
peut signer son rebasculement à
droite à l’issue d’une probable
triangulaire ou quadrangulaire.
ꟷ Parce qu’elle montre les difficultés
qu’a La République en Marche pour
s’implanter localement
ꟷ Parce que le Rassemblement
National y est arrivé second aux
européennes et pourrait confirmer
une nouvelle fois son implantation
locale
ꟷ Et enfin, parce que les écologistes,
unis désormais à Metz avec une
partie de la gauche, pourraient faire
une percée sans précédent comme
dans un certain nombre de villes.
Metz
30 janvier 2020