Kantar et onepoint s'associent pour offrir une vision exhaustive des études électorales consacrées aux élections municipales, et pour analyser leur contenu et les éclairages qu'elles offrent sur les tendances nationales et les enjeux locaux.
1. MAIRE SORTANT
(étiquette)
POPULATION
RÉSULTATS À LA
PRÉSIDENTIELLE 2017
(5 premiers candidats)
CANDIDATS DÉCLARÉS
(étiquettes)
ÉLECTIONS
MUNICIPALES
2020 Bordeaux
Contexte et
enjeux
En l’absence d’Alain Juppé qui a laissé
en mars 2019, son siège de Premier
magistrat de la ville pour le Conseil
Constitutionnel, les Bordelais auront
peut-être la possibilité de se rendre
dans les urnes pour un second tour.
Une première depuis la Libération !
Ville tenue par la droite, depuis 1946,
Alain Juppé (avec 22 ans de mandat)
comme Jacques Chaban-Delmas (et
ses 48 ans de mandat) avant lui aura
marqué la ville de son empreinte,
laissant derrière lui un bilan jugé
excellent ou bon par plus des ¾ des
habitants (77%). Son départ a toutefois
rebattu les cartes et donne désormais
lieu à une lutte acharnée pour parvenir
à pousser les portes du palais Rohan.
L’issue du scrutin est ouverte :
A droite et au centre, l’enjeu sera
d’arriver à capter un électorat bordelais
largement acquis sur le papier au
macronisme. Emmanuel Macron a en
effet recueilli 31% des suffrages au 1er
tour de l’élection présidentielle soit 6
points de plus qu’au niveau national et
son parti est arrivé nettement en tête
des élections européennes deux ans
plus tard avec 29,5% des voix.
Du coté des Républicains, c’est Nicolas
Florian, le successeur de l’ancien édile
depuis 2019 qui mènera la liste avec le
soutien de partenaires de la
majorité présidentielle : le MoDem et
Agir (Parti politique fondé par des
anciens députés LR soutenant
désormais LaREM).
Cela ne l’empêchera toutefois pas
d’avoir face à lui un candidat de La
République en Marche, Thomas
Cazenave. Une candidature très
critiquée à son annonce par des
proches d’Alain Juppé ayant peu
appréciés qu’un maire « macron-
compatible » ne soit pas soutenu par le
Parti de la majorité présidentielle.
A gauche, le rassemblement sera
autour d’un écologiste et non pas d’un
ancien socialiste.
Vincent Feltesse, ancien membre du
Parti socialiste, président de la
communauté urbaine de Bordeaux de
2007 à 2014, ex-conseiller de François
Hollande et déjà candidat aux élections
municipales de 2014 a en effet jeté
l’éponge fin décembre.
ꟷ Liste Bordeaux debout !
soutenue par la France
insoumise conduite par P.
Poutou
ꟷ Liste Europe Ecologie Les
Verts conduite par P. Hurmic
ꟷ Liste LREM conduite par T.
Cazenave
ꟷ Liste Les Républicains – PR
– MoDem – Agir conduite par
Nicolas Florian
ꟷ Liste Union Populaire
Républicaine conduite par
Gilles Garçon
ꟷ Liste RN conduite par B.
Paluteau
ꟷ E. Macron (31,26%)
ꟷ J-L. Mélenchon (23,43%)
ꟷ F. Fillon (21,80%)
ꟷ B. Hamon (10,06%)
ꟷ M. Le Pen (7,39%)
249 712 hab. (2015)
N. Florian (LR) (démission d’A.
Juppé en mars 2019)
30 janvier 2020
2. ÉLECTIONS
MUNICIPALES
2020
C’est donc Pierre Hurmic, avocat et
membre d’EELV qui aura réussi à
constituer une large liste d’union de la
Gauche soutenue par EELV, le Parti
socialiste (PS), le Parti communiste
français (PCF), le Parti radical de
gauche (PRG), ainsi que Génération.s,
Nouvelle Donne et Place publique.
Une union de la gauche teintée de vert
dans une ville qui a vu la liste Europe
Ecologie Les Verts arriver en deuxième
position lors du dernier scrutin
européen avec 21,55% des voix et dont
les habitants font de l’environnement et
de la lutte contre la pollution leur
deuxième sujet de préoccupation pour
la future mandature (42% derrière la
circulation et le stationnement).
Une liste sans étiquette sera également
présente et menée par Pascal Jarty,
directeur du Cija (Centre d'information
jeunesse Aquitaine) pendant 30 ans,
ancien conseiller municipal sous
Jacques Chaban-Delmas ayant
participé à la campagne des
municipales de 2008 à Bordeaux, sur la
liste d’Alain Rousset (PS).
A l’extrême-gauche, Philippe Poutou a
annoncé qu’il mènerait une liste
"anticapitaliste" rassemblant le NPA
(Nouveau Parti Anticapitaliste), LFI (La
France Insoumise), des associatifs et
des "gilets jaunes", excluant tout futur
accord avec les écologistes et la
gauche.
Enfin, à l’extrême-droite, la liste
Rassemblement national sera conduite
par Bruno Paluteau, dentiste, conseiller
municipal frontiste élu à Bègles en
2014 et ancien militant RPR adhérent
du FN puis du RN depuis 2010.
Ce que disent
les sondages
Nos confrères d’Ipsos ont réalisé fin
décembre (soit après le retrait de
Vincent Feltesse) un sondage
d’intentions de vote. Il en ressort que
l’issue du scrutin est ouverte et que
l’hypothèse d’une triangulaire LR /
LaREM / EELV n’est pas à exclure.
La liste LR menée Nicolas Florian,
arrive en tête 33 % des suffrages
(contre 61% pour celle menée par Alain
Juppé en 2014)
Elle fait toutefois quasiment jeu égal
avec la liste d’union de la gauche
menée par Pierre Hurmic à 30%.
Dans ce contexte, la liste de LaREM
peine à s’imposer et est bien derrière
avec 16% des intentions de vote quand
aucune des autres listes ne dépasse
les 10%.
Ainsi si ce rapport de force se confirme,
de l’attitude de la tête de liste de
LaREM (et de ses électeurs) dépendra
l’issue du second tour et donc du
scrutin.
Pourquoi
suivre l’élection
municipale à
Bordeaux :
ꟷ Parce qu’après 22 ans de mandat, la
succession d’Alain Juppé semble
ouverte et surtout incertaine
ꟷ Parce que ce duel à droite et au
centre pour capter l’électorat
macroniste pourrait bien profiter à la
liste d’Union de la gauche menée par
un écologiste
ꟷ Une issue symbolique qui pourrait
faire basculer Bordeaux à gauche,
soit une première depuis la
Libération…
ꟷ Parce que Bordeaux aurait pu être
sur le papier un territoire de conquête
pour LaREM. Une ambition toutefois
contrariée par l’absence d’un
ancrage territorial fort
Bordeaux
30 janvier 2020