4. Introduction :
Sur ordre de Napoléon III, le baron Haussmann
décide une modernisation de l'ensemble de Paris
sous le Second Empire. Il choisit le Préfet
Haussmann pour mener à bien ce projet d‘urbanisme
de grande ampleur qui se déroule entre 1852 et
1870. L’objectif est de donner une grande capitale
moderne à l’Empire, capitale dont on renforcera
l’attractivité à la fois au niveau national et
international.
5. Hausmann intervient sur un tissu urbain déjà constitué. L’intervention type
consiste dans la création de nouveaux boulevards, larges et modernes, comme «
percées » dans le tissu urbain ancien. Expropriations et démolitions précédent
ainsi les travaux publics de nouvelle viabilisation (intégrant également la mise
en place de réseaux techniques modernes d’adduction de l’eau et
d’assainissement). Les parcelles expropriées donnant sur le nouveau boulevard
sont ensuite remembrées et vendues aux promoteurs immobiliers qui s’occupent
de leur édification. L’intervention publique continue dans la création
d’équipements dans des lieux clés de l’espace dégagé : ministères, casernes,
gares ferroviaires, théâtres, musées, monuments commémoratifs, jardins publics,
abattoirs viennent compléter la modernisation et l’embellissement de la grande
capitale.
7. Georges Eugène Haussmann, communément appelé le baron
Haussmann, né le 27 mars 1809 à Paris et mort le 11
janvier 1891 dans la même ville. Le baron Haussmann entre
dans l'administration préfectorale, où il fait toute sa
carrière. Il devient préfet du Var (1849), d'Yonne (1850) puis
de Gironde (1851) où il montre des qualités
d'administrateur et de conseiller. Il gravit les échelons de
l'administration et devient préfet. En juin 1953, l'empereur
Napoléon III lui confie la tâche de moderniser Paris, de
l'agrandir et surtout de l'assainir. Quelques années plus
tard, le Baron Haussmann accède au statut de sénateur
tandis qu'il entre dix ans plus tard à l'Académie des beaux-
arts. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur, grand
officier et grand-croix malgré les nombreuses critiques sur
ses travaux de modernisation de Paris.
8. Le Baron Haussmann et les travaux de Paris :
Napoléon III est devenu empereur des français suite à un
coup d'Etat, confie à Haussmann la mission de moderniser
Paris. A l'époque, la ville étouffe sous le poids de l'exode
rural qui a doublé sa population en moins d'un siècle. Son
développement anarchique depuis la Révolution rend la
ville insalubre et dangereuse. Les rues sont étroites,
sinueuses, surpeuplées et il est difficile de circuler.
Napoléon III, qui a vécu un temps à Londres, trouve que
Paris à tout à envier à la capitale anglaise, métamorphosée
par la Révolution industrielle avec ses grandes avenues, ses
parcs et gares modernes. Le mot d'ordre est : tout doit
circuler ! Le baron Haussmann s'attelle à ces travaux
d'ampleur avec une ferme détermination. Sa mission : aérer,
unifier et embellir la ville
10. Au-delà des ses qualités d'urbaniste, le baron Haussmann est
à l'origine de l'homogénéité esthétique de l'architecture des
immeubles de Paris. Un immeuble de type haussmannien est
construit en pierre de taille, présente une façade richement
décorée et compte six étages. Le rez-de-chaussée est réservé
aux boutiques, le deuxième étage comprend un balcon filant,
les étages intermédiaires n'ont pas de balcon, le cinquième
présente à nouveau un balcon filant tandis que le dernier
étage, sous les combles, est réservé aux domestiques.
Il impose aux propriétaires des normes de construction
très strictes encourageant la construction d'immeubles et
d'hôtels particuliers. De nombreux architectes se trouvent
influencés par ce style unifié, rectiligne et clair, et
plusieurs villes de France comme Angers ou Marseille
sont redessinées sous cette impulsion.
11. Dans l’îlot haussmannien, l’équilibre entre les « pleins » et les « vides » est
savamment pensé. Les vides ne entourent pas les bâtiments comme dans nombre
d’aménagements contemporains mais, constitués de cours et de courettes, ils sont
enserrés par les immeubles
Compacts, les îlots haussmanniens forment ainsi un agrégat d’immeubles mitoyens mais
relativement étroits et peu profonds. Alors que les bâtiments que l’on construit
aujourd’hui ont une épaisseur largement supérieure à 10 mètres, allant jusqu’à 20 mètres
pour certains (comme les tours), l’immeuble haussmannien présente une épaisseur
courante de bâtiment entre 7 mètres et 13 mètres au maximum
13. Formellement, l'haussmannisation de Paris
reprend le langage urbain baroque et
néoclassique, mis-à-jour par l’intégration
des normes modernes de l'hygiénisme et
des transports mécanisés.
La place de l’Etoile (place du Général De Gaulle) est
un exemple emblématique de la configuration de la
place haussmannienne à Paris. Dessinée en forme de
cercle de près de 300 m de diamètre, elle voit la
convergence de douze boulevards, dont 4 à très grand
gabarit (plus de 40 m de large, et jusqu’à 70 m pour
l'avenue de la Grande Armée et celle des Champs
Elysées).
Haussman Développa dans la cité intra-muros les
deux axes du plan romain dont le tracé existait
encore : la voie nord-sud (cardo) avec l’axe des rues
Saint-Martin et Sait-Jacques, et l’est-ouest (
decumanu) avec des rues Saint-Antoine et de Rivoli.
Paris Haussmann :
14. La forme urbaine haussmannienne s’apparente à
une figure qui, au premier abord, ne se lit pas
tel un tissu reproductible – comme pourrait
l’être le block new-yorkais ou la matrice de
Cerdà à Barcelone –, mais décline en réalité des
caractéristiques spécifiques récurrentes dans
chacune de ses parties. Issu d’un maillage par
triangulation, avec l’objectif de mettre en
relation les éléments signifiants majeurs de la
ville, le tissu haussmannien est fait de
l’assemblage de trames relativement génériques
caractérisées, quelle que soit leur taille, par un
coefficient d’emprise au sol égal, une densité
bâtie identique et un taux de porosité constant,
déclinant une série de vides hiérarchisés.
L’idée est de confronter les
caractéristiques intrinsèques du
modèle urbain haussmannien avec
les enjeux et concepts du lexique
contemporain de l’urbanisme qui
constituent les valeurs de la ville
durable : la densité, la résilience,
la connectivité, la lisibilité ou
l’identité, mais également la
sobriété, la mutualisation ou le
partage, l’intensité, l’attractivité,
la mixité.
15. Une ville dense :
Le tissu urbain haussmannien, observé à l’échelle des tracés,
des îlots et de l’immeuble, révèle une capacité à offrir une
réponse relativement équilibrée aux besoins antagonistes en
termes de pleins et de vides. Il s’agit d’une figure structurée
par l’agrégation forte d’éléments fins, qui se caractérise par
une capacité élevée à absorber et à distribuer les ressources
naturelles en profondeur et de façon homogène ; une forme
urbaine qui se situe au juste milieu entre la ville non
planifiée, spontanée et celle constituée d’une addition de
volumes discontinus hérités de la culture moderne. Le maillage
efficient et optimal généré par les tracés, ainsi que
l’occupation maximale du sol, la forte mitoyenneté et la
hauteur constante du bâti fabriquent à Paris une densité
particulièrement élevée. Pour autant, cette forme produit une
densité vécue apparemment ressentie comme positive.
16. Une ville résiliente
La réversibilité de l’immeuble de rapport – du
fait de la rigueur et de la répétitivité de ses
trames constructives, de son hyperstaticité, de
la générosité des hauteurs libres développées,
du caractère sériel des ouvertures, des modes
constructifs et de l’usage de la matière –, mais
aussi la grande flexibilité de l’îlot, ainsi que la
cohérence entre la matrice urbaine et les
réseaux d’infrastructure, de même que le
surdimensionnement initial de ces derniers,
confèrent à la ville haussmannienne une
capacité impressionnante en termes de mutation
et d’évolution, au gré des changements
physiques, sociaux et économiques du milieu.
17. Une ville connectée
Le tissu urbain parisien haussmannien se caractérise
par un réseau hiérarchisé et ramifié, un maillage fin
et fortement interconnecté. Perméable, aisé à
traverser, il offre une bonne accessibilité et un
potentiel élevé de mobilité. Superposant des tracés
rapides rectilignes largement dimensionnés et des
tracés lents et sinueux de moindre capacité,
l’organisation urbaine fait coexister des connexions
de longues et de courtes distances, chacune propice
à des modes de déplacement spécifiques, des
transports motorisés à la marche. La connectivité du
modèle urbain haussmannien est aussi celle du
réseau infrastructurel exceptionnel qui accompagne
dès l’origine le renouveau urbain et entretient
depuis de façon continue des relations très étroites
avec la ville du dessus.
18. Une ville sobre :
❖ La sobriété du tissu parisien haussmannien réside dans l’efficacité de la desserte,
doublement mesurée : premièrement, par un linéaire de voirie parmi les plus
faibles sur le panel des secteurs de villes étudiés et, secondement, par un rapport
entre le linéaire de voirie et la part d’emprise accessible extrêmement faible
(deux fois inférieur à la plupart des cas étudiés et jusqu’à quatre fois inférieur
pour le cas de Moscou, du fait de l’emprise au sol densément construite à Paris).
❖ En d’autres termes, dans le tissu haussmannien, l’accès à de nombreuses parcelles
bâties nécessite peu de linéaire de voirie
❖ La sobriété du tissu haussmannien concerne également la grammaire formelle et
compositionnelle des éléments qui le constituent, des tracés jusqu’au langage et
à l’écriture des éléments d’ordonnancement et d’ornement des immeubles.
19. Une ville intense
L’exceptionnelle densité générée par le tissu haussmannien
d’une part, le potentiel d’usages extrêmement variés des
rez-de-chaussée des immeubles de rapport qui le composent
d’autre part, ainsi que la très bonne connectivité du tissu
haussmannien, apparaissent comme des critères forts,
explicatifs de l’exceptionnelle activité de la ville.
Indépendants, reproductibles et transposables, ces critères
typo-morphologiques contribuent à faire de Paris un
exemple particulièrement réussi d’intensité urbaine. D’un
point de vue quantitatif, le tissu parisien se caractérise par
un nombre très élevé de commerces et de services de tous
types, ainsi que par une distribution homogène de ceux-ci,
révélant la diversité et la cohérence de l’unité de
voisinage. D’une certaine manière, on peut dire que Paris se
caractérise par une intensité homogène et diffuse qui se
traduit par une forme de polycentrisme.
20. Paris Haussmann, modèle de ville ?
Le tissu parisien haussmannien se révèle, aux différentes échelles et dans chacune
de ses composantes, porteur d’un ensemble de caractéristiques qui garantissent
plusieurs équilibres fondamentaux : entre densité et viabilité, entre permanence et
résilience, entre sobriété et diversité, entre connectivité de longues et de courtes
distances, entre identité et universalité, entre intensité et urbanisme d’accueil,
entre attractivité et caractère inclusif. À l’heure où la métropole s’interroge sur son
identité territoriale et son efficacité spatiale, l’exemple du Paris haussmannien fait
ainsi figure de modèle possible. Ce modèle, issu d’un dessin et d’une planification,
est à l’origine d’une œuvre multiple, embrassant plusieurs grandes divisions qui se
réunissent pour former un ensemble, un tout complet et harmonieux
22. Conclusion et critique :
Avec ses travaux, qui modifient en un temps record le paysage de la ville, le baron
Haussmann ne va pas se faire que des amis : il va notamment se mettre à dos les
défenseurs du patrimoine, qui lui reprochent de faire disparaître des monuments ou
sites historiques de Paris, dont plusieurs églises et de nombreuses chapelles. Autre
reproche qui lui est fait : le coût dithyrambique des travaux. En 17 ans, le baron
Haussmann entreprit en effet pour 2,5 milliards de francs de travaux, soit le double de
son budget prévisionnel…
Il laissa ainsi derrière lui une dette considérable pour les parisiens. Pour ces raisons
et d’autres encore, le baron Haussmann sera désavoué par Napoléon III en 1870, ce qui
lui fera perdre son poste. Néanmoins, la vision révolutionnaire que le baron Haussmann
a apporté au paysage parisien constitue aujourd’hui un précieux héritage.