VTM citée par le Figaro "Un capitalisme responsable" 24 novembre 2014
LeTemps_ManagementdeTransition_07.04.15
1. Economie&FinancePage 11
Mardi7avril2015
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Banques
Le mois de mai sera décisif pour
l’avenir de Deutsche Bank Page 15
REUTERS
Internet
Fort de 100 millions d’utilisateurs,
Evernote s’étend depuis Zurich Page 13
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ABerne,lelobbydesmatièrespremières
faitfrontcommunavecuneallianced’ONG
> Parlement La STSA a soutenu une motion rejetée par l’ensemble des milieux économiques
Certains parlent d’une «alliance
contre-nature». Le 10 mars, via un
courrier envoyé aux élus à Berne, le
secrétaire général du lobby des né-
gociants en matières premières Sté-
phaneGraberasoutenuunemotion
dont les origines se trouvent du côté
de l’association Droits sans frontiè-
res.Dontl’undesbutsestde«tenirles
multinationalesenlaisse».
«Quand nous avons vu que Sté-
phane Graber signait la lettre, nous
avons été surpris», reconnaît Michel
Egger, d’Alliance Sud. En ajoutant ne
pas savoir «si c’est lui, à titre person-
nel,ousic’esttoutelabranchequiest
derrière cette signature…» Un éton-
nementpartagépartouslesobserva-
teurs contactés par Le Temps. Y com-
pris dans le milieu du négoce où,
sous couvert d’anonymat, des repré-
sentants de l’industrie s’interrogent
surlechoixdeleurreprésentant.
Car la motion 14.3671 – visant à
renforcer les devoirs des multinatio-
nales sur des questions de droits de
l’homme et d’environnement – «fait
partie d’un ensemble de tentatives
visant à moraliser, à mieux régle-
menter le secteur du négoce pour
éviter que l’on se retrouve avec les
traders dans la même situation que
l’on a vécue avec les banquiers», ré-
sume Liliane Maury Pasquier (PS/
GE). «Comme l’autorégulation ne
fonctionne de loin pas toujours, il
s’agissait de renforcer les disposi-
tionslégislatives»,renchéritDomini-
queBiedermann,d’Ethos.
«Pasdepolitique»àlaSTSA
La STSA – Swiss Trading and Ship-
ping Association – «a effectivement
soutenucettemotion»,confirmeSté-
phaneGraberpare-mail.«Il nes’agit
pas d’inventer de nouveaux proces-
sus et procédures, mais de mesures
quifontdéjàpartiedelagestionnor-
maledesrisquesdesentreprisescon-
cernées de STSA», explique-t-il. En
outre, cette proposition est jugée
«très raisonnable et cohérente avec
l’engagementdenotreassociation».
L’alliance du lobby des matières
premières avec les ONG n’était-elle
pas contre nature? «STSA ne fait pas
de politique et privilégie une appro-
che pragmatique et raisonnable de
la défense de notre secteur et de
l’économiesuisse»,répondStéphane
Graber. Cette position est d’ailleurs
«enligneaveccellesdenosmembres
exprimées à différentes reprises […]
récemment encore lors du discours
du président de STSA [ndlr: David
Fransen, patron suisse du négociant
Vitol]lorsduTradingForum».
Le Conseil fédéral appelait à reje-
ter cette motion, jugeant notam-
ment qu’elle allait plus loin que ce
qu’avait déjà décidé Bruxelles. «En
l’acceptant, la Suisse ferait cavalier
seul», avertissaient pour leur part les
milieux économiques (Economie-
Suisse, l’Union patronale Suisse ou
SwissHoldings) dans leur propre
courrier.Pourcertainsdeleursrepré-
sentants,lamotioncomportaitenef-
fetunephrasepouvantouvrirlavoie
à une réglementation dispropor-
tionnée: «Cette obligation [de dili-
gence] doit s’étendre à l’ensemble
des activités que la société déploie
directement ou indirectement […]»
Tout l’enjeu résiderait dans la portée
qu’on attribuerait alors à cet «indi-
rectement» (impliquant par exem-
plelessous-traitants).
Le 11 mars, le vote a été très serré.
«Au terme d’un débat animé, le Con-
seilnationalad’abordadoptélamo-
tion pour davantage de responsabi-
lité des multinationales [91 voix
pour;90 contre].Pendantprèsd’une
heure et demie, la Suisse était pion-
nière en matière de responsabilité
des entreprises», résume-t-on sur le
siteInternetdeDroitssansfrontières.
Maislevoten’apasrésistéàlapropo-
sition d’un nouvel examen: «La moi-
tiédroitedel’hémicycleetleslobbies
économiques se sont concertés […]
etunnouveauvotes’estsoldéparun
refus.»
Initiativeàvenir
Stéphane Graber n’était pas seul à
signercettelettre.Asescôtéssetrou-
vaitledirecteurduWWFSuisse,l’an-
cien conseiller aux Etats Dick Marty
ou le directeur de la fondation gene-
voise pour le développement dura-
ble Ethos, Dominique Biedermann.
«Une constellation assez inhabi-
tuelle», faisait remarquer un obser-
vateur. Le lobby des négociants en
matières premières a-t-il durable-
ment choisi ce camp? Une piste de
réponse arrivera certainement le
21avril,dateàlaquelleuneinitiative
populairepourdes«multinationales
responsables» sera lancée. Avec ou
sans lesoutiendelaSTSA.
ValèreGogniat
PCCW n’estplus intéressé
parDailymotion
> Internet Emmanuel Macron s’était opposé
à la démarche du groupe hongkongais
Le groupe hongkongais PCCW
a annoncé lundi sa décision de
«mettre un terme» aux discus-
sions sur l’acquisition de 49% de
Dailymotion du fait de l’opposi-
tion du gouvernement français à
des négociations exclusives avec
l’opérateur Orange, propriétaire
de la plateforme de vidéos.
«La volonté exprimée du gou-
vernement français de favoriser la
recherche d’une solution euro-
péenne décourage la participa-
tion d’entreprises internationales.
Nousavonsdoncdécidédemettre
un terme à nos discussions avec
Dailymotion et ses propriétaires
actuels», explique PCCW dans un
communiqué.
Le ministre de l’Economie et de
l’Industrie, Emmanuel Macron,
s’était opposé mercredi à la dé-
marche du groupe hongkongais,
pour laisser le temps à un parte-
naire européen de se manifester.
L’idée serait de chercher à créer
un acteur européen face au leader
mondial YouTube.
Selon le journal Le Monde, le
groupe français Fimalac serait
intéressé par Dailymotion. Les
groupes allemands Axel Springer
et Bertelsmann sont aussi men-
tionnés.
Déjà en 2013
L’Etat détient 24,9% du capital
d’Orange, lequel contrôle Daily-
motion depuis 2012 et cherche
activement un partenaire en me-
sure de financer la croissance de
cette plateforme de vidéos en li-
gne, rivale de YouTube, et d’assu-
rer son développement hors d’Eu-
rope.
PCCW cherchait «à nouer avec
Dailymotion un partenariat de
nature à rapidement donner à sa
plateforme de vidéos une enver-
gure mondiale suffisante, sur un
marché où la taille critique est vi-
tale pour se développer», précise
le communiqué publié lundi.
En 2013, le prédécesseur d’Em-
manuel Macron, Arnaud Monte-
bourg,alorsministreduRedresse-
ment productif, avait mis son veto
à un projet de rachat de Daily-
motion par le groupe américain
Yahoo!. AFP
Lefrancfort pousseles
entreprises àlouerdes
dirigeants detransition
> Crise La levée du
taux plancher stimule
l’embauche de
patrons provisoires
> Opérationnels sur-
le-champ, des cadres
ont fait de la gestion
de projets délicats
leur spécialité
Dejan Nikolic
Leur métier est de gérer des si-
tuations exceptionnelles. Souvent
dans l’urgence. Les managers de
transition sont appelés à prendre
provisoirement les rênes d’une en-
treprise,d’unefilialeoud’undépar-
tement.Letempsquelacrise(burn-
out ou démission d’un directeur,
redressement d’une société, plan
social, etc.) ou que le cap stratégi-
que fixé (conduite de projet sensi-
ble, congé sabbatique d’un admi-
nistrateur ou d’un dirigeant, etc.)
soitatteint.
Relativement méconnus en
Suisseromande,lescadresderelais,
opérationnels sur-le-champ et
pouruneduréegénéralementlimi-
tée,ontvuleursattraitsbondiravec
lefrancfort.«Nousavonsenregistré
un enchaînement de six missions,
rien que ces quinze derniers jours»,
résume Olivier Taburet, associé
chez Procadres International, un
cabinetspécialisédanslamiseàdis-
position de dirigeants «sacs à dos».
Du jamais vu, pour cette société
d’origine française, implantée à Ge-
nèvedepuisunpeuplusd’unan.
Depuis octobre dernier, l’activité
liée au management de transition
en Suisse romande a déjà com-
mencé à monter en flèche. Signe
que le marché était sousexploité,
l’essentiel des managers de transi-
tion du pays étant jusqu’ici actifs
outre-Sarine. Mais, depuis la levée
dutauxplancherenjanvierdernier,
Procadress’attendàgagnerdespics
successifs de notoriété. Et vise le
chiffre de plus de 300 mandats par
an, soit plus d’un cinquième de son
potentiel actuel pour toute la
France. «Plusieurs multinationales,
notammentàGenèveoùsiègentles
centres décisionnels mondiaux de
nombreux groupes, me contactent
àprésentpourdémarrerdesprojets
d’expansion géographique à
l’étranger ou pour mettre en place
un programme de réduction des
coûts ou d’efficience», indique Oli-
vierTaburet.
Le responsable, lui-même prati-
quant ce genre d’interventions, en-
trevoit deux raisons à cet engoue-
ment: ces derniers mois
correspondent à la traditionnelle
saison d’approbation des budgets,
et vu le niveau d’incertitude am-
biant (franc fort, taux d’intérêt né-
gatifs, etc.), les entreprises rechi-
gnent à recruter des managers en
direct. Elles préfèrent avoir recours
àdesleadersintérimaires,mobilisa-
blesdesuiteetpouruneduréefixe.
Seul hic: la perle rare coûte, en
moyenne, 30% à 50% plus cher
qu’un haut cadre maison. «En ter-
mes bruts, l’opération semble para-
doxale,maisleretoursurinvestisse-
ment est payant. L’entreprise
engage moins de frais que pour un
recrutement traditionnel et peut se
séparer plus facilement, et en toute
transparence, de sa nouvelle re-
crue», nuance Sylvain Tessier, tréso-
rier genevois et manager de transi-
tionàrépétition.
ActuellementenmissionenAlle-
magne, ce familier de la parade qui
consiste à s’offrir un manager de
transition par conjoncture dou-
teuse précise: «J’interviens surtout
dans le cadre de fusions et acquisi-
tions de sociétés par des fonds d’in-
vestissements. Vu le rendement né-
gatif du franc, cette activité est en
pleinessoractuellement.»
Dans le détail, Sylvain Tessier est
entrainderemodelerleséquipeset
demettreenplacedenouvellespro-
cédures dans le cas du rachat d’un
fabricant scandinave d’appareils
médicaux par un fonds britanni-
que.«Mesclientssontquasiexclusi-
vement des sièges décisionnels qui
visentàsanscesses’allégerenexter-
nalisant certaines fonctions,
comme la gestion d’une transition
délicate»,précise-t-il.
Etlespécialistedelarestructura-
tion au pied levé d’ajouter: «Les
groupes pour lesquels je travaille
recherchent les plus hauts niveaux
de compétences, voire des profils
surdimensionnés par rapport au
posteenraisondel’urgenced’inter-
vention,disponiblesdujouraulen-
demain – même si l’appel est lancé
undimanche–etselondesmodali-
tésprédéfinies.»
Quel intérêt à devenir manager
detransition?«Jefaiscemétier,car
je tiens à rester libre et autonome
dans mon travail. Cela, même si le
prix de ce confort est de vivre avec
un sentiment d’insécurité perma-
nent», explique Sylvain Tessier.
Certains de ses homologues en-
chaînent, par choix ou par chance,
les missions. D’autres préfèrent
s’aménager des temps creux – des
vacances de plusieurs semaines
voire de plusieurs mois – afin de
récupérer d’un mandat souvent
exigeant.
Autre signe de l’essor du mana-
gement de transition en Suisse ro-
mande: la signature par Procadres,
voilàunesemaine,d’unpartenariat
avec le réseau international TMG
(pour Transition Magagement
Group), présidé par son homolo-
guezurichoisAIM.«Lescinqacteurs
historiques de la branche outre-
Sarine n’ont jusqu’ici jamais mis les
pieds en Suisse occidentale», si-
Vu le rendement
négatif du franc, s’offrir
un manager de
transition est en plein
essor actuellement
gnale Olivier Taburet. Dorénavant,
les deux régions linguistiques du
pays pourront puiser dans les vi-
viersrespectifsdeleurnouveaupar-
tenaire helvétique. «Ce qui va amé-
liorer considérablement l’agilité
entre les parties francophone et
germanophonedupays»,conclutle
spécialiste francophone, qui dis-
posedéjàd’unpanierromandd’en-
viron 250 managers ambulants,
soitplusdudoublequ’ilavaitprévu
ens’installantàGenève.
Les cadres de relais, opérationnels sur-le-champ et pour une durée généralement limitée. ARCHIVES
DR
Le management de transition est un métier qui s’apprend sur le tas
D’après une étude publiée fin 2014
par le groupement international de
management intérimaire TMG,
60% des dirigeants itinérants en
Suisse interviennent dans le sec-
teur industriel, dans des contextes
de crise aiguë (18%), dans la
gestion de projets (34%) ou lors
de remplacements (28%). Ces
hommes (90% des profils) ont
appris leur métier sur le tas, sans
formation spécifique préalable.
«Mon carnet d’adresses est consti-
tué à 50% de frontaliers et à 50%
d’experts établis en Suisse», relève
Olivier Taburet, associé chez
Procadres International à Genève.
Généralement âgés de plus de
45 ans, voire approchant de l’âge
de la retraite, ils exercent leur
activité par choix de vie ou dans
une optique de repositionnement
de carrière, donc dans l’espoir
d’être titularisés à l’issue d’un
mandat.
«Un manager de transition est plus
courageux qu’un dirigeant interne,
car il apporte un œil externe pré-
cieux tout en n’ayant aucune
incitation à maintenir son statut au
sein de l’entreprise, où il n’a en
principe ni passé ni avenir», ré-
sume Olivier Taburet, qui se dit
étonné par le nombre de postu-
lants issus de l’EPFL ou de l’EPFZ,
ne trouvant pas d’emploi fixe.
Autre surprise: l’attrait de la Suisse,
même pour ceux qui n’ont pas de
connaissances de ce marché.D.N.