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Foire de Printemps 2013
Cérémonie d’ouverture du 4 mai 2013
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Discours prononcé par
Etienne Schneider,
Ministre de l’Economie
et du Commerce extérieur
Seule la parole prononcée fait foi
E M B A R G O :
4 mai 2 0 13 - 10. 30 h
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Altesses Royales,
Här President,
Dir Damen an Dir Hären,
Ech si frou, och haut nees op der Ouverture vun der Fréijoersfoire kënnen dobäi ze
sinn. An dat net nëmme well ech hoffen, dass mer mat der Fréijoersfoire och elo
endlëch definitiv e bësse méi Sonn kréien esou wéi et sech fir ee Fréijoer gehéiert.
Här President,
Ech sinn Iech dankbar fir Är Ried an di Dynamik, di se vermëttelt. D’Foire huet
effektiv eng wichteg Roll am wirtschaftlëchen Liewen vum Land ze spillen! Mat der
Ausrichtung, déi der elo annoncéiert huet, wärd d’Foire an dësen bewegten Zäiten di
nei Erausfuerderungen meeschteren.
Monseigneur,
Et ass eis bewosst dat d‘Globaliséierung Ännerunge mat sech bruecht huet. Et kann
een esouguer vun engem Paradigmenweessel schwätzen. Mir kënnen eis deene
Changementer net entzéien. D’europäesch Kommissioun schätzt, dass bis 2015 bis
zu 90% vum globale Wirtschaftswuestum ausserhalb vun Europa wäert stattfannen.
A wa mer also net méi genuch Croissance hei am Land hunn, da musse mer se
siche goe wou se ass. Mir plangen démnächst an d’Tierkei, a China an a Indien ze
fueren. Mee ët ass mer och wichteg an den USA an an Europa Präsenz ze weisen
an och do eis real Wirtschaft ze présentéieren an eisen Betriber ze hëllefen op neie
Marchéen aktiv ze ginn, respektiv hir Präsenz ze intensifiéieren. Ech well dës
Geleeënheet notze fir Iech, Monseigneur, an ärem Fils dem Grand-Duc héritier,
Merci ze soe fir äert Engagement am Déngscht vun eisem Land a vun eiser
Wirtschaft.
Dir Damen, Dir Hären,
Ech hat Geleeënheet, rezent e Virtrag vun engem Här ze lauschteren, den David
Murrin, deen eng éischter ongewéinlech Carrière gemeet huet. Engersäits
renomméierte Finanzanalyst, am Trading an Investment doheem, an op der anerer
Säit passionéierten Historiker.
Dat Bild, wat de gudde Mann gezeechent huet, huet mech nodenklëch gemeet. A
senge Recherchen, déi e publizéiert huet, wéisst en op, dass Gesellschaften,
Zivilisatiounen a Länner Tendenz hunn an engem Zyklus ze liewen. All Gesellschaft
erlieft eng Zäit vun Opschwong. Am Ufank méi lues, da méi schnell, mee kënnt dann
iergendwann ob engem Maximum un. A während der ganzer Zäit gëtt vill Wäert op
Innovationsgeescht, Oppenheet an Toleranz geluet. An da kennt een iergendwann
ob de Punkt vun der Maturitéit. Dono kënnt rëm eng Zäit vu Contractioun, vu
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Réckschrëtt, wou Kreativitéit ofhuelen, sëch net méi adaptéiert gëtt. Eng geféierlech
Period wou ee sat ass a riskéiert liddereg ze ginn.
Mir sinn an Europa an och zu Lëtzebuerg an engem Punkt vun der Stagnatioun an et
ass un eis gemeinsam ze décidéiere wat fir ee Wee mir aschloe wëllen.
Deen aktuellen Immobilismus an deem mer de Moment sinn ass fir e
Wirtschaftsminister net onbedengt ideal, hunn ech mer gesot, a mer d’Fro gestallt,
wat heirop déi richteg Äntwert kéint sinn. En arabescht Spréchwuert ass mer duerch
de Kapp gaangen: « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen; qui ne veut rien
faire trouve une excuse. » Mee dodroper kommen ech elo gläich zréck.
Mesdames, Messieurs,
Après ces quelques réflexions plus philosophiques, permettez-moi de revenir
brièvement à la dure réalité des chiffres et à la situation économique actuelle.
La situation au Luxembourg n’est guère favorable, tout comme celle de la zone
Euro, voire de l’Union européenne, qui sont aujourd’hui au niveau mondial à la
traîne.
- Il est prévu que le PIB devrait connaître une croissance de 1% cette année,
après une légère croissance de 0,3% seulement l’année passée. La zone
Euro resterait même en légère récession de -0,4% en 2013.
- Le taux de chômage se situe à 6,6% pour le mois de mars 2013, un record
négatif, plus de 16.500 personnes cherchent aujourd’hui un emploi.
- Seul le taux d’inflation, qui est tombé en-dessous la barre des 2%, a de quoi
se calmer.
Ces chiffres ne sont certes pas brillants, cela coule de source. Mais, comme j’ai pu
l’évoquer lors d’un récent discours devant les membres de la Fédération des
industriels : « Tout n’est pas noir, même si le ciel est sombre ».
S’il est vrai que l’industrie est en perte de vitesse et que les demandes de chômage
partiel sont reparties à la hausse depuis un certain temps, nous sommes loin de la
situation de crise que nous avons connu fin 2008 et 2009.
Par ailleurs, si certaines sociétés continuent à se restructurer, j’ai aussi pu constater
au cours des derniers mois des annonces positives de la part d’entreprises qui
croient au Luxembourg et qui y investissent : Ampacet à Dudelange, près de 110
emplois supplémentaires projetés ou encore l’investissement dans une nouvelle
forge chez Kihn à Rumelange. Voilà deux exemples d’entreprises à haute
technologies et forte valeur ajoutée. Nous négocions actuellement aussi d’autres
projets, et notamment avec un industriel allemand qui planifie un investissement
majeur au Luxembourg, un projet toujours en discussion que j’espère pouvoir
finaliser prochainement.
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Il n’empêche que nos entreprises agissent aujourd’hui dans le cadre d’une situation
économique internationale morose. Dans ce contexte, le dialogue social est très
conflictuel. Au cours des derniers mois et semaines, de plus en plus de négociations
de convention collectives ont fini devant le conciliateur. Les négociations dans le
secteur de la construction semblent difficiles, les conventions collectives du secteur
de l’aviation ont été dénoncées. Je crains que d’autres industries vont engager des
négociations en exigeant des concessions de leurs salariés, souvent aussi sous
l’injonction des maisons-mères. Il est certain que ces tensions vont soumettre le
dialogue social dans les entreprises à rude épreuve.
Je me permets donc de profiter de cette tribune pour lancer un appel aux partenaires
sociaux. Nous sommes pleinement conscients que les mois et années à venir vont
pâtir d’une croissance faible et de coûts de production soumis à une pression à la
baisse. Le dialogue social au niveau des entreprises a toujours été l’une des bases
du succès du modèle luxembourgeois. C’est maintenant, lorsque les effets de la
crise se font sentir, que j’espère que nous allons pouvoir trouver des solutions, quitte
à parfois devoir reculer pour mieux rebondir.
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais souligner une fois de plus que le Luxembourg continue toujours à
investir.
L’Etat investit dans les infrastructures de base, les écoles, les lycées, le réseau
ferroviaire, les routes, etc. L’investissement de l’Etat est budgétisé à hauteur de 1,7
milliards EUR pour la seule année 2013, ce qui équivaut à 3,7% du PIB, c’est un
effort extrêmement élevé dans la comparaison européenne. S’y ajoutent les
investissements des villes et communes.
Il faut aussi relever l’un des bras forts de l’Etat, les entreprises publiques ou les
entreprises à participation étatique, qui investissent dans les infrastructures
d’avenir. Par entreprises publiques, j’entends les P&T, LuxConnect, Enovos, Creos,
SEO ou encore notre joint-venture avec Sogaris pour développer de nouvelles
activités sur le site de l’ancienne WSA, pour ne citer que celles-là. Elles investissent
aussi par ce que nous demandons à ces entreprises de fournir des efforts
conséquent dans l’intérêt général. Je suis satisfait que nous n’avons pas cédé aux
sirènes néolibérales de la privatisation des services publics, ce qui nous permet
aujourd’hui d’activer directement des leviers puissants.
Pour illustrer cet effort, j’ai demandé à ces entreprises de présenter mercredi
prochain ensemble les projets d’investissement que chacune d’elles prévoit
d’effectuer. Il s’agira d’investissements de quelque 2,5 millards EUR sur les cinq
prochaines années.
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Mais il ne suffira pas de créer les conditions d’une croissance plus forte au
Luxembourg, petite économie ouverte qui dépend de la conjoncture de la zone euro.
Il faudra miser résolument sur une stratégie de croissance économique européenne
en marquant une pause dans les politiques d’austérité forcenée, surtout dans les
pays du sud et de la périphérie de la zone euro. Je me réjouis aussi du fait que la
BCE a abaissé son taux d’intérêt jeudi passé. C’est un signal positif que beaucoup
attendaient.
Mesdames, Messieurs,
Cette baisse devrait permettre à baisser le cours de l’Euro par rapport au dollar et
ainsi faciliter les exportations des entreprises européennes. Sachant que
l’Allemagne exporte 60% de sa production industrielle et que l’Allemagne est un
marché de première importance pour le Luxembourg, j’espère qu’une certaine
dévaluation de l’Euro puisse aussi, par ricochet, avoir un effet positif sur notre
économie.
Il faudra maintenant veiller à ce que cette baisse soit transmise aux consommateurs,
en particulier dans le cadre des crédits hypothécaires, et bénéficier ainsi au pouvoir
d’achat de ces consommateurs. J’espère aussi que l’accès au crédit des petites et
moyennes entreprises puisse se retrouver amélioré. Financer l’économie réelle est
une priorité absolue pour relancer la croissance. Il faudra surveiller étroitement
l’évolution de l’accès au crédit et trouver les moyens pour agir en cas de difficultés.
Nous avons aussi besoin d’une stratégie industrielle et commerciale européenne.
C’est une revendication que j’ai martelée à plusieurs reprises au Conseil
compétitivité à Bruxelles. Je me réjouis que la Commission européenne commence
enfin à réagir et vouloir mettre en place une politique industrielle européenne, et en
se fixant un objectif ambitieux: porter de 16% à 20% la part de l’industrie dans le PIB
au niveau communautaire.
Nous avons également décidé une politique de soutien de l’industrie sidérurgique.
Nous avons discuté des moyens financiers et des programmes à mettre en œuvre
en termes de recherche et d’innovation, comment stimuler la demande dans le
domaine de la construction et de l’automobile, comment réagir au niveau
international par rapport à des importations à prix de dumping, etc.
J’ai la nette impression que sur certains sujets « Bruxelles » est en train de bouger.
Récemment la Commission européenne a annoncé vouloir appliquer de nouvelles
restrictions à l’encontre des partenaires commerciaux qui ont recours à des
subventions plus ou moins cachées et autres pratiques de dumping. A l’avenir la
Commission européenne a l’intention d’appliquer plus systématiquement des
mesures visant à sauvegarder la compétitivité des entreprises européennes. J’ai
plaidé à plusieurs reprises au Conseil de l’Union européenne que si les Etats-Unis
n’hésitent pas à appliquer des taxes à l’importation pour protéger son industrie,
l’Europe ne pouvait pas rester inactive et voir disparaître son industrie.
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Pour être clair : je ne plaide pas pour une politique protectionniste, mais je souhaite
que nos industries européennes puissent être concurrentes à un pied d’égalité avec
des pays tiers. Si nous ne voulons pas alléger nos standards sociaux et
environnementaux imposés aux entreprises, ce que je peux parfaitement
comprendre, nous devrions au moins penser à demander aux importateurs, aux
entreprises qui importent vers l’Union européenne, de respecter des standards
minimaux et donner ainsi une chance de survie à notre industrie dans un marché
globalisé.
Mesdames, Messieurs,
Je suis optimiste. Je suis convaincu que nous passerons ce mauvais cap tant que
nous resterons soudés et solidaires. Je suis convaincu que nous pouvons agir etpas
seulement subir, car nous disposons de nombreux atouts, talents et compétences
que nous devons mettre à l’œuvre.
Pour revenir à mes propos d’introduction, je ne souhaite pas que le Luxembourg
fasse partie d’une de ces civilisations qui a dépassé l’âge d’or et s’engage
maintenant dans une voie descendante. Je crois, bien au contraire, que notre pays
dispose toujours d’atouts solides. Pourtant, il est temps de réagir sur bien des sujets
et d’anticiper les défis futurs.
Ainsi, j’ai demandé au gouvernement, ensemble avec mon collègue Luc Frieden, de
saisir la Chambre des Députés pour un débat de consultation sur la croissance
économique et la compétitivité. Je suis sûr que nous pouvons aller de l’avant, mais il
faut agir maintenant.
Au cours de ce débat de consultation je souhaite tout d’abord insister sur
l’importance vitale de la croissance pour une économie telle que celle du
Luxembourg.
Il n’y a pas de miracle. Sans croissance nous ne pourrons pas financer à terme le
système social. Or, nous sommes aujourd’hui à un niveau qui commence seulement
à égaliser le PIB de l’année 2008 ! Il faut donc qu’on agisse ! Permettez-moi de
rappeler que ce n’est pas seulement le ministre de l’Economie qui doit bouger pour
donner un nouvel envol à la croissance. Chaque membre du gouvernement devra
bouger afin d’améliorer les vecteurs nécessaires à la croissance.
C’est la raison pour laquelle je souhaite aborder au cours du débat une panoplie de
mesures qui à mon avis pourraient nous permettre de redonner les impulsions que
l’économie attend.
Je pense tout d’abord qu’il faudra trouver des moyens pour débloquer les grands
projets d’investissement immobiliers qui pourraient faire redémarrer les activités de
construction. Les statistiques concernant l’activité de la construction montrent
clairement un fléchissement. Les carnets de commande sont en net recul, le nombre
d’autorisations de construction est en régression.
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J’espère que la nouvelle cellule de facilitation relative aux autorisations dans les
domaines de l’environnement et de l’urbanisme mise en place récemment par le
Premier ministre pourra s’activer rapidement pour des projets d’envergure.
Au-delà de la cellule de facilitation, je souhaite aussi débattre des modifications
concrètes pour moderniser et accélérer les procédures. Comment peut-on
standardiser davantage le traitement des demandes soumises de façon récurrente
en matière de commodo-incommodo par exemple, comment ré-agencer les
procédures pour éviter des doublons au niveau des analyses ?
Il faudra aussi aborder le coût de l’énergie qui est devenu un facteur important pour
le « Standort » du Luxembourg. Je soumettrai prochainement mes idées y relatives.
Mesdames, Messieurs,
Le Luxembourg a toujours été un pays particulièrement ouvert aux investisseurs
étrangers. En fait, le Luxembourg doit son succès aux investisseurs étrangers, que
ce soit des entreprises venues s’installer pour produire et diffuser à partir du
Luxembourg ou que ce soit des investisseurs financiers.
Comment pourra-t-on encore davantage faciliter l’accueil au Luxembourg ?
Encore faut-il que les experts, chercheurs et autres managers de haut vol que nous
souhaitons attirer au Luxembourg connaissent le pays. C’est la raison pour laquelle
nous avons demandé à Luxembourg for Business de diffuser sur certaines chaînes
internationales des spots télé pour montrer une image différente, mais surtout une
image complète du pays et de la qualité de vie exemplaire offerte au Luxembourg.
Deux autres spots suivront prochainement. Une fois cette première campagne
réalisée, il faudra analyser les effets et surtout décider comment poursuivre ces
efforts.
La croissance ne pourra cependant pas être générée par les seuls investissements
étrangers. Il devra aussi être généré par des entrepreneurs locaux. Et pour cela il
faut relancer l’esprit d’entreprendre et donner envie de créer un nouveau projet ou
une nouvelle entreprise.
Je voudrais aussi relancer la question autour des problèmes de la reprise
d’entreprises. C’est un volet particulièrement important pour l’artisanat. Je pense,
d’ailleurs, qu’il faudra améliorer nos efforts pour promouvoir l’apprentissage et la
formation d’artisans pour pouvoir assurer une main d’œuvre qualifiée pour les
entreprises, mais aussi pour disposer du vivier de femmes et d’hommes
indispensables pour permettre la reprise d’entreprises artisanales.
Il ne faut évidemment pas se faire d’illusions non plus. Créer une entreprise n’est
pas toujours alléchant, et trouver le bon financement peut s’avérer parfois
particulièrement difficile. Nous disposons au Luxembourg d’un certain nombre
d’instruments de financement. Mais je constate souvent qu’il manque d’investisseurs
privés, ce que l’on appelle en anglais le « private equity ». Je voudrais donc que l’on
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discute des moyens à mettre en œuvre pour favoriser les « business angels » et
autres investisseurs prêts à s’engager dans des « start ups ».
Monseigneur, Mesdames, Messieurs,
La liste des thèmes à débattre n’est pas complète. La compétitivité passe aussi par
des réflexions en matière d’organisation du travail, de fiscalité, etc.
Je veux aujourd’hui en rester là. Je vous donne rendez-vous le 16 mai prochain pour
le débat de consultation.
J’espère d’ailleurs que ce débat de consultation puisse dépasser le clivage
traditionnel entre partis au pouvoir et partis de l’opposition. Je pense qu’il faudra agir
tous ensemble pour le bien du pays.
Mon message est donc clair : nous devons nous ressaisir pour une nouvelle
dynamique. Et je voudrais conclure par cette citation de Winston Churchill pour bien
montrer que nous n’avons d’autre choix que d’agir :
« Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il nous prenne par la
gorge! ».
Merci pour votre attention.