Discours de Didier Casas, Président de la FFTélécoms et Secrétaire Général de Bouygues Telecom, à l'occasion des voeux 2016 de la Fédération en présence d'Emmanuel Macron, Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique
Étude économique 2020 | Les Télécoms : premiers acteurs du numérique
Discours des voeux 2016 de Didier Casas, Président de la FFTélécoms
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Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
La Fédération Française des Télécoms, son conseil d’administration, ses adhérents, ses
collaborateurs et moi même, nous sommes très heureux de vous accueillir pour cette
traditionnelle cérémonie de vœux.
Il y a plusieurs raisons à cette joie et à ce plaisir de vous accueillir.
Votre présence d’abord, Monsieur le Ministre, qui nous honore. Notre industrie a trouvé en
vous un interlocuteur attentif, soucieux de rapidité, d’efficacité, de pragmatisme. Vous êtes
manifestement convaincu de l’importance du numérique et du rôle qu’il peut jouer dans le
redressement de l’économie française. Et ce n’est pas qu’une posture. Nous avons eu
l’occasion d’éprouver à de nombreuses reprises, tout au long de l’année, combien il était
simple de vous exposer nos priorités, nos sujets d’inquiétude, nos demandes ou même, à
l’occasion, nos mécontentements. Chacun est ensuite dans son rôle, ce qui est normal, mais
je tenais à vous dire simplement que nous avons apprécié ces relations directes et franches,
toujours tournées vers le résultat.
Si la Fédération est très heureuse de vous accueillir ce soir c’est aussi parce que rien n’était
moins sûr il y a quelques mois encore. Vous le savez : notre secteur est très concurrentiel,
agité de mouvements de fond très puissants, de sorte que, pour utiliser une expression
commode, il s’en est fallu de peu en 2015 que la force centrifuge ne l’emporte sur la force
centripète. Mais, vous le constatez, c’est finalement la seconde qui l’a emporté : la Fédération
a survécu et, si j’osais, je dirais qu’elle est en voie de …consolidation. Je tiens à saluer ceux qui
ont travaillé au maintien de la fédération : mon prédécesseur, Pierre Louette, qui n’a
beaucoup fait en ce sens, je crois que nous lui devons tous beaucoup. D’autres, au sein de la
Fédération, mais aussi chez le régulateur…ou ailleurs, n’y sont pas pour rien. Qu’ils en soient
tous remerciés.
Avec votre permission à tous, je voudrais également saisir l’occasion de cette soirée pour
rendre l’hommage qu’il mérite à notre Directeur général, Yves Le Mouël.
Yves, tu vas prochainement quitter tes fonctions de Directeur général de la Fédération après
avoir loyalement servi la profession depuis presque 10 ans. Tu as largement contribué à créer
la Fédération en 2007 et à la faire vivre depuis. Dans les moments difficiles de cette année,
j’ai pu apprécier ton sens du devoir, ton abnégation, ta précision, ta rigueur. Autant de qualités
qui font de toi un dirigeant professionnel de tout premier ordre. Tu va quitter la Fédération
dans quelques semaines pour voler vers de nouveaux projets dont tu m’as parlé,
particulièrement enthousiasmants. Nous voulons te dire un grand merci et te souhaiter bon
vent !
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Pour notre secteur, 2015 a été une année une fois encore particulièrement riche.
Les opérateurs télécoms poursuivent leurs efforts d’équipement du pays, participant ainsi à
la formidable évolution des usages.
La 4G progresse extrêmement vite. La France a fait plus que rattraper son retard pour être
maintenant dans le peloton de tête des pays européens : Plus de 70% de la population est
désormais couverte.
Dans le fixe, le nombre d’abonnés au très haut débit a progressé de plus de 60% en un an. Nos
concitoyens, c’est une évidence, ont une appétence réelle pour la fibre.
Tout cela se fait dans un marché qui propose les prix parmi plus bas du monde, en tout cas
des grands pays occidentaux. L’étude économique que nous avons réalisée pour la cinquième
année consécutive avec le cabinet Arthur D Little confirme cette idée : les prix français sont
bien plus bas que les prix américains – personne ne l’ignore – mais également très inférieurs
aux prix en vigueur au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne ou en Italie.
Dans ce contexte, pourtant, les opérateurs investissent lourdement. Le montant cumulé de
nos investissements annuels hors achat de fréquences atteint 7 milliards d’euros. C’est une
somme considérable. Je fais souvent la comparaison : 7 milliards d’euros annuels, c’est
comme si nous construisions chaque année 17 viaducs de Millau ou 500 collèges, c’est comme
si nous achetions chaque année 230 rames de TGV !
Au-delà des montants eux-mêmes, ces investissements sont pour l’essentiel des
investissements d’infrastructures, c’est-à-dire des investissements sur lesquels l’appareil
productif du pays peut à son tour capitaliser pour améliorer sa productivité et sa
compétitivité.
Concernant le sujet des « zones blanches », la profession a su montrer en 2015 qu’elle était
capable d’effort. Nous avons signé un accord le 21 mai 2015 sous votre égide, Monsieur le
Ministre. Allant au-delà de nos obligations réglementaires, nous nous sommes engagés à
investir 40 millions d’euros par an sur un programme de résorption des zones blanches et la
loi « Croissance et activité » a ensuite officialisé ce dispositif en l’assortissant d’un dispositif
de contrôle par le régulateur.
Bien sûr, j’entends, nous entendons, les demandes de nos concitoyens qui veulent plus de
couverture mobile, plus de fibre…et tout cela sans attendre. J’entends les demandes
pressantes des élus, locaux ou nationaux.
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Je veux dire les choses clairement : nous allons poursuivre nos efforts, mais tout le monde doit
comprendre que nous ne pouvons pas tout faire en même temps parce qu’il y a des limites à
notre capacité économique.
Il n’est pas aisé, pour un secteur économique comme le nôtre, de financer simultanément et
la même année, le très haut débit fixe et mobile, la résorption des zones blanches 2G et 3G,
l’achat pour 2,6 milliards des fréquences 700 mais aussi, une part significative des ressources
du CNC ainsi que les nouveaux projets de la télévision publique, le tout dans un marché qui se
rétracte et qui a perdu 3 milliards de valeur en 4 ans.
Je le dis sans la moindre arrogance, mais, honnêtement, nos réseaux sont absolument vitaux
dans l’économie numérique qui se construit, dans cette économie qui fera la fortune ou
l’infortune des nations dans les prochaines années. Tout l’indique : les services numériques
de nouvelle génération comme la télémédecine ou l’automobile connectée nécessiteront des
réseaux ultra performants, fiables et avec des débits élevés ; l’explosion de la quantité de
données échangées (le trafic pourrait tripler d’ici 2019) exigera une augmentation
considérable de la taille de nos tuyaux et une attention accrue à la sécurité de nos réseaux. Il
est donc primordial de promouvoir un contexte favorable à nos investissements. C’est
pourquoi nous continuerons de plaider sans relâche pour qu’on en finisse avec les vieilles
habitudes qui consistent à regarder les opérateurs, non comme un atout industriel, mais
d’abord comme une base taxable.
Nous savons que tous ceux qui croient vraiment dans le numérique ont compris que les
opérateurs télécoms sont parties prenantes de l’écosystème numérique, ils en sont même le
socle irremplaçable. Sans nos réseaux, les smartphones ne sont pas plus utiles qu’un presse-
papier. Sans la fibre et la 4G, les réseaux sociaux n’existent pas. Sans nos infrastructures, les
start-up, elles qui sont tellement à la mode, n’ont aucun intérêt. Si l’on veut de belles voutes
dans les cathédrales numériques de demain, il faut s’assurer de la solidité des piliers. Et nous
sommes les piliers.
Dans sa dernière étude, la Fédération a fait des propositions en ce sens. Nous les mettons à
votre disposition M. le Ministre, dans la perspective de la future loi sur les nouvelles
opportunités économiques.
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2015 s’achève et nous nous apprêtons à entamer une nouvelle année.
Une chose est certaine : quand on regarde l’année qui vient de s’écouler, en particulier
l’actualité tragique des dernières semaines, on n’a pas envie de s’attarder en 2015. Il faut
passer à autre chose. Vite.
Peut-être avez vous le sentiment que tout ce dont je viens de parler – le numérique, les
réseaux, les investissements, la croissance, les opérateurs… - tout cela est bien dérisoire par
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rapport à ce que s’est joué le 13 novembre et les jours qui ont suivi, si proches dans nos
mémoires.
Mais est-ce si dérisoire ? Non je ne le crois pas. C’est même essentiel.
Après le 13 novembre, la France a offert le visage d’une nation unie derrière ses symboles -
son drapeau, sa devise, son hymne. Une nation déterminée et calme, pleine de fierté et de
fraternité. C’est l’identité profonde de notre pays. Une identité qui n’est ni heureuse ni
malheureuse, et qui se tourne avec confiance vers l’avenir. Les entreprises, notamment celles
de notre secteur, sont une pièce essentielle de cette confiance parce qu’il faut continuer à
vivre, à croître, à bâtir.
Je vous souhaite à tous une très bonne année 2016 !