#MARTIN_FOURCADE #FUTUR ⛷️ Un portrait de Martin Fourcade qui revient sur sa carrière, ses "atouts" dont tout particulièrement le mental.  Puis, la suite... quelle suite ? 磊 A court-terme, une "mission" en vue des JOP de Paris 2024 et la continuité de ses actions discrètes.  Conscient que son "identité est à reconstruire", il ne se voit pas en politique, comme un professionnel. Il a surtout à coeur de "bien faire les choses. C'est un état d'esprit". ️ Il est fort probable qu'il endosse, comme Antoine Dénériaz (www.deneriaz-ski.com), un rôle d'entrepreneur ayant une forte dimension environnementale.

1. Libération Lundi 30 Novembre 2020
Nouvelles cibles
Martin Fourcade Le multiple champion olympique
de biathlon range skis et fusil et s’imagine un avenir dans
l’organisation olympique, l’événementiel ou les affaires.
Par FABRICE DROUZY
Photo ÉDOUARD CAUPEIL
que son endurance et sa volonté d’acier lui offrent les pre-
mières places.
Unerecetted’ailleurspourexpliquerquedeuxfrèresseretrou-
vent ainsi à un tel niveau?«Le mental! Parce qu’on est physi-
quement très différents. Il est en puissance là où je suis en car-
diaque. Maintenant, on n’a pas non plus les mêmes ressorts.»
Unerelationaujourd’huiapaiséemaisquifutuntempscom-
pliquéeàgérer.Sonprécédentlivre,unebiographietitréeMon
Rêve d’or et de neige s’ouvre d’ailleurs sur cette scène mar-
quante. Jeux olympiques 2010 à Vancouver. Martin, 21 ans,
vientderemporterlamédailled’argent.Momentdebonheur
intense,ilchercheduregardsesprochesetdécouvresonfrère,
compétiteurmalheureuxalorsqu’ilétaitleleaderdugroupe,
caché en larmes derrière le drapeau tricolore…
Lacoursevictorieusevacontinuerainsidurantunedécennie
etlesglobesdecristalsesuccéderaurythmedesMarseillaise.
Jusqu’à la consécration aux JO de Pyeongchang en 2018 où,
en remportant trois nouvelles médailles d’or, il entre dans
la légende en devenant le sportif français le plus titré de
tous les temps.
JT de 20 heures, adrénaline, rage de vaincre, couvertures
desmagazines…Alorsqu’ilaquittélespodiums,onmultiplie
les questions pour essayer de trouver une faille, des doutes,
un regret… «Non, non, le
voyage était terminé.» Et de
citer tous les petits plaisirs
interdits durant ces dix an-
nées d’entraînement spar-
tiate: le sport avec les amis,
les journées en famille aux
côtésd’Hélène,sacompagne
de toujours, et de leurs
deux filles, Inès, 3 ans, et
Manon,5ans.«C’esttoutbête
maisquandvousêtesencom-
pétition vous ne pouvez pas
les porter parce que cela fati-
guelesépaules.»Letempsre-
trouvé,enfin,danssamaison
des Vosges à l’heure où le
confinement de printemps
mettait la France à l’arrêt.
«C’était vraiment un senti-
ment de sérénité. La sensation d’avoir pris la bonne décision
au bon moment.» Une attitude que comprend bien son frère
aîné:«Ilauraitévidemmentpucontinuerjusqu’auxprochains
JO. Mais quand on a, comme lui, autant donné à un sport,
si on n’a plus l’envie…»
Ce qui n’empêche pas Martin Fourcade, lucide, de s’interro-
ger: «Cen’est pasparcequejesorsunlivrequejepeux medire
auteur. Ce n’est pas parce que je vais travailler sur les Jeux
olympiques que je me sens organisateur. J’ai été champion
olympiquemaisaujourd’hui,monidentitéestàreconstruire.»
«Martinestquelqu’unquidoutebeaucoup,confirmelejourna-
liste Jean Issartel qui l’a accompagné dans l’écriture de ses
deuxlivres.Dansl’action,c’estunanimal,maissinon,ilsepose
tout le temps des questions.»
Alors, les projets? Il y aura donc Paris 2024 (il préside la com-
mission des athlètes), de nouvelles éditions du Martin Four-
cade Nordic Festival à Annecy (un grand show dédié au bi-
athlon), quelques actions discrètes pour des associations…
«Je lui vois un destin à la Killy, confirme Jean Issartel. Que
ce soit dans le sport ou les affaires. Il est extrêmement intelli-
gent, travailleur, ambitieux.» Et la politique? En bon cham-
pion ayant sur le dos (au propre comme au figuré) une demi-
douzaine de sponsors, il élude un peu. Mais le sportif, fier
de payer ses impôts en France, reconnaît venir d’une famille
«plutôt de gauche» et être «évidemment» sensible à la ques-
tion environnementale (mais beaucoup moins aux maires
écolos après leurs sorties sur le sport). Un sujet sur lequel il
compte travailler dans le cadre de sa mission aux Jeux olym-
piques.
Etensuite,undestindeministre?«Lapolitiqueausensprofes-
sionnelduterme,c’estquelquechosequejen’envisagepasparce
quec’esttroploindemescodes.Bon,onverradansvingtans…»
Pour l’heure, il a surtout à cœur «de bien faire les choses. C’est
un état d’esprit. Quel que soit le travail. Et je vais continuer».
Toujours calme. Concentré. Pour être certain de ne pas rater
sa prochaine cible.•
1988 Naissance.
2011-2020 Cinq fois
champion olympique,
sept fois vainqueur du
classement général de
la coupe du monde.
2015 et 2017
Naissance de ses filles.
19 février 2020
11e titre mondial
individuel.
14 mars Dernière
course.
Octobre Un dernier
tour de piste
(Marabout).
I
l arrive vêtu d’un tee-shirt bleu, blanc, rouge siglé du coq
gaulois. Barbe de deux jours comme il se doit, beau gosse
des Pyrénées au sourire affable, avec cette tranquillité et
ce calme olympien qui lui permettait d’atteindre, en pleine
bourrasque de neige, des cibles de 45 millimètres à quelque
50 mètres de distance. Ce printemps, le biathlète, quintuple
champion olympique, sept fois vainqueur du classement
général de la Coupe du monde et treize fois champion du
monde a mis fin à sa carrière sur une
ultimevictoireaprèsunedécenniedesuc-
cèsquasiininterrompue.Retraitéà32ans,
quand la France voit chaque année l’âge
légal reculer… Mais Martin Fourcade est le sportif français le
plustitrédesJeuxolympiques,étéethiverconfondus.Unsta-
tutàpart.Oncommencelaséancephoto.«Çavaaller?»Sou-
rire. «Oui, je connais un peu…»
Il vient de sortir Un dernier tour de piste, carnet de bord inti-
mistedel’annéesportiveécoulée.Une«saisonextraordinaire,
un peu folle, avec l’annulation de la dernière course, la situa-
tion sanitaire mondiale», et un suspense jusqu’à l’ultime
sprint à Kontiolahti en Finlande. «Au classement général,
après21courses,ona2pointsd’écartavecJohannesBoe,c’est-
à-direquechaqueplace,gagnéeouperdue,chaqueballetirée,
aurait pu faire la différence.»
De quoi le rendre fou en pensant à ces quelques centimètres
qui auraient pu le voir sacré, une fois encore, champion du
monde? «Non, parce que second, c’est ma place à ce mo-
ment-là.Parcequ’ilfautaussiavoirl’honnêtetédesesouvenir
que Johannes avait loupé plusieurs courses en janvier pour
assister à la naissance de son enfant.»Et de conclure:«On ne
peut pas tout avoir. Je suis déjà l’homme
lepluschanceuxdumondedefinirparune
victoire, dix ans jour pour jour après ma
première course sur le même site.»
Etdefait,lacarrièredeMartinFourcadenedevraitluilaisser
que peu de frustrations… Une enfance heureuse et libre
danslesPyrénéesoùsonpère,accompagnateurdemoyenne
montagne, et sa mère, orthophoniste, tiennent un gîte isolé
à quelques kilomètres de Font-Romeu dans une immense
bâtisseperduedanslanature.Deschevaux,beaucoupdesport
etdeuxfrères,BriceetSimon,pourfaireles400coups.Simon,
de quatre ans son aîné, le modèle et«l’idole», qui va rapide-
ment intégrer l’équipe de France junior de biathlon. Simon
le «champion» que Martin rejoindra et rêvera d’égaler avant
LE PORTRAIT