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II Le Parisien
MERCREDI 2 DÉCEMBRE 2020
autrement dit aux mères de
famille qui sont bien souvent
despiliersdanslescitésetqui
se retrouvent au sein d’asso-
ciations ultra-locales. « Je
crois beaucoup aux ateliers
d’auto-réparation, aux régies
de quartier comme à Stains
(93)ouàl’implicationdesfem-
mesduFranc-Moisin,àSaint-
Denis », explique Julie. Leur
donner la parole et écouter
leursremarquesvadepair.
« Les femmes ont une ap-
proche pragmatique et il faut
qu’elles aient leur mot à dire
dans la prescription d’infras-
tructures adaptées. Ce sont
parexempleellesquiontaler-
tésurlanécessitédesécuriser
les accès à la voie Georges-
Pompidou, à Paris (NDLR : le
long des berges sur la rive
droite de la Seine). Grâce à
leurs remarques, les aména-
gementsontétéfaits(en2018)
etçaapermisd’enélargirl’uti-
lisation à tous, pas qu’aux cy-
closportifs. C’est aujourd’hui
l’une des pistes les plus em-
pruntées.»
L’égalitéàvélosegagneaus-
si par l’autonomie. Qui passe
par la maîtrise de l’entretien.
Julie suggère ainsi la mise en
placed’ateliers100%féminins,
commeceluiqu’elleacoanimé
àParis,finseptembre. C.G.
«Ellesdoiventavoir
leurmotàdire»
aJULIE
MÉCANICIENNE À PARIS
C’EST UN CONSEIL, un slogan
ou un mot d’ordre. Au choix.
«Occupezl’espace!»s’excla-
me Julie, à l’adresse des fem-
mes.Cettecyclisteengagéede
Pierrefitte(Seine-Saint-Denis)
constate des changements
marquantsencesens.«Dans
certainesruesàParis,c’estdé-
jà le cas, c’est la foire aux ma-
mans qui roulent à vélo, avec
les enfants devant ! » sourit-
elle. Et même si, dans le 93,
c’est plus « dur », comme elle
le reconnaît, Julie compte sur
laforceducollectifféminin.
Mécaniciennedansunma-
gasin de cycles de la capitale,
elle va au travail et fait ses
courses à vélo. Un moyen de
déplacement qui est aussi un
modedeviepourelle.
Pour changer la ville et les
quartierspopulaires,l’unedes
pistes pourrait être d’en con-
fier les clés aux « daronnes »,
SEINE-SAINT-DENIS
PARCLAIREGUÉDON
« J’AI ÉPROUVÉ unsentiment
deliberté,encoreplusfortque
lorsquej’aiapprisàconduireà
19ans…Onsedit:waaououh,
on en est capable ! » Ce mé-
lange de joie et de surprise,
c’est ce qu’a ressenti Zeineb
quand elle a su pour la pre-
mièrefoisfaireduvélo,àl’âge
de 48 ans. La mère de famille
de Saint-Denis (Seine-Saint-
Denis)vientdes’ymettregrâ-
ceàl’Associationdesfemmes
de Franc-Moisin. Dépasser
soncancer,seremettreenfor-
me, vaincre ses peurs, éviter
les transports en commun
bondés et se déplacer dans le
quartierenpédalantest«une
échappatoire»,résume-t-elle.
«Miroirdesinégalités»
Le témoignage de Zeineb fait
écho au colloqueen ligne que
laSeine-Saint-Denisaorgani-
sé, lundi, sur « les femmes
danslesespacespublics,àtra-
verslapratiqueduvélo».«Un
usage plébiscité pour ses
nombreuses qualités mais
nousconstatonsqu’ilestaussi
un miroir des inégalités entre
les femmes et les hommes »,
rappelle Stéphane Troussel,
présidentsocialistedudépar-
tement. La réflexion intéresse
au-delà du territoire comme
l’attestent les connexions de
participants issus de toute la
Francelorsducolloque.
«Cerclevicieux»
Deux chiffres posent les dé-
bats. « On a 60 % d’hommes
qui pratiquent le vélo en Ile-
de-France»,préciseEliseMi-
chaud, chargée de mission
Egalité au sein du départe-
ment. Une deuxième donnée
indiquequelesfemmesnere-
présentent que 38 % des cy-
clistes, selon une étude réali-
sée par des chercheurs du
CNRS en 2018 à Bordeaux
(Gironde).«L’écartsecreusela
nuit et par temps de pluie :
78 % des cyclistes sont alors
deshommes»,noteYvesRai-
baud,l’undesauteursdel’ana-
lysedontlerésumé,misenli-
gnelorsdudéconfinement,est
l’un des dix sujets les plus lus
surlesiteduCNRS.
« Est-ce que les pouvoirs
publics et les associations ne
sont pas obligés d’intégrer le
genresionveutavoirunepra-
tique égalitaire du vélo et la
développer?»interrogeElise
Michaud.«Legenresedistin-
gue du sexe, c’est une cons-
tructionsociale,unrapportde
pouvoir»,rappelleChrisBla-
che, de l’association Genre et
ville.
Une construction qui com-
mencedèsl’enfanceetseren-
force à l’adolescence concer-
nant la pratique du vélo,
commel’expliqueDavidSaya-
gh, chercheur au Cerema, un
établissement public chargé
d’expertisesauprèsdescollec-
tivités.«Dèsleplusjeuneâge,
les filles sont moins incitées
quelesgarçonsàinvestirl’es-
pace extérieur, à fournir des
efforts physiques et à prendre
desrisques»,détaille-t-il.
« A l’adolescence, elles se
voientplusfréquemmentdis-
suadées par les parents de se
déplacer seule, de sortir
du quartier de résidence, dé-
crit encore David Sayagh. Au
fildutemps,ellesaccumulent
moins de compétences, no-
tamment pour réparer leur
vélo ou rouler dans le trafic.
C’est un cercle vicieux. Elles
sont incitées à moins prati-
quer et elles deviennent
moinscompétentes.»
Aquestiontechnique,
réponsesexiste
L’Association des femmes de
Franc-Moisin(AFFM),àSaint-
Denis, y apporte une réponse
en proposant des séances
d’apprentissagehebdomadai-
resàdouzestagiairesâgéesde
22à71ans.«Lesréactionsont
été enthousiastes. Nous don-
nonsaussidescoursdeCode
delarouteetderéparationde
vélo », précise Gwladys
Guillaume,animatriceausein
del’AFFM.
D’autres approches ont vu
lejourenIle-de-Franceetdes
groupesinformelssesontor-
ganisés,àl’imagedes«Gow»,
les Girls On Wheels qui, de-
puis plus de quatre ans, se
donnent rendez-vous chaque
mercredi soir pour des « ri-
des » nocturnes féminins de
25à45kmdansParis,ouverts
àtouslesniveaux.
«Onattend toujourstoutes
les filles, qu’elles soient victi-
mesd’unecrevaisonouqu’el-
les soient plus lentes, raconte
Vicky Carbonneau, cofonda-
trice du collectif. Et on les en-
courageàprogresseretàaller
de plus en plus loin. Les filles
se sentent très à l’aise pour y
poserdesquestions,ajoute-t-
elle, parce que dans d’autres
groupes mixtes et masculins,
toutseditmaissansrespect.»
Autrement dit, des deman-
des techniques partagées par
desfemmesontdéclenchéde
violentesréactionssexisteset
deharcèlement.
Illustration. Les femmes
ne représentent que 40 %
des cyclistes en Ile-de-France.
Pourquoilesfemmesrenoncentauvélo
Les cyclistes sont majoritairement des hommes. Un constat qui s’explique par de nombreuses
raisons présentées dans un colloque organisé par le département de la Seine-Saint-Denis.
a«Dèsleplusjeune
âge,lesfillessont
moinsincitées
quelesgarçons
àinvestirl’espace
extérieur,à
fournirdesefforts
physiques
etàprendre
desrisques»
DAVIDSAYAGH,CHERCHEUR

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Qui passe par la maîtrise de l’entretien. Julie suggère ainsi la mise en placed’ateliers100%féminins, commeceluiqu’elleacoanimé àParis,finseptembre. C.G. «Ellesdoiventavoir leurmotàdire» aJULIE MÉCANICIENNE À PARIS C’EST UN CONSEIL, un slogan ou un mot d’ordre. Au choix. «Occupezl’espace!»s’excla- me Julie, à l’adresse des fem- mes.Cettecyclisteengagéede Pierrefitte(Seine-Saint-Denis) constate des changements marquantsencesens.«Dans certainesruesàParis,c’estdé- jà le cas, c’est la foire aux ma- mans qui roulent à vélo, avec les enfants devant ! » sourit- elle. Et même si, dans le 93, c’est plus « dur », comme elle le reconnaît, Julie compte sur laforceducollectifféminin. Mécaniciennedansunma- gasin de cycles de la capitale, elle va au travail et fait ses courses à vélo. Un moyen de déplacement qui est aussi un modedeviepourelle. Pour changer la ville et les quartierspopulaires,l’unedes pistes pourrait être d’en con- fier les clés aux « daronnes », SEINE-SAINT-DENIS PARCLAIREGUÉDON « J’AI ÉPROUVÉ unsentiment deliberté,encoreplusfortque lorsquej’aiapprisàconduireà 19ans…Onsedit:waaououh, on en est capable ! » Ce mé- lange de joie et de surprise, c’est ce qu’a ressenti Zeineb quand elle a su pour la pre- mièrefoisfaireduvélo,àl’âge de 48 ans. La mère de famille de Saint-Denis (Seine-Saint- Denis)vientdes’ymettregrâ- ceàl’Associationdesfemmes de Franc-Moisin. Dépasser soncancer,seremettreenfor- me, vaincre ses peurs, éviter les transports en commun bondés et se déplacer dans le quartierenpédalantest«une échappatoire»,résume-t-elle. «Miroirdesinégalités» Le témoignage de Zeineb fait écho au colloqueen ligne que laSeine-Saint-Denisaorgani- sé, lundi, sur « les femmes danslesespacespublics,àtra- verslapratiqueduvélo».«Un usage plébiscité pour ses nombreuses qualités mais nousconstatonsqu’ilestaussi un miroir des inégalités entre les femmes et les hommes », rappelle Stéphane Troussel, présidentsocialistedudépar- tement. La réflexion intéresse au-delà du territoire comme l’attestent les connexions de participants issus de toute la Francelorsducolloque. «Cerclevicieux» Deux chiffres posent les dé- bats. « On a 60 % d’hommes qui pratiquent le vélo en Ile- de-France»,préciseEliseMi- chaud, chargée de mission Egalité au sein du départe- ment. Une deuxième donnée indiquequelesfemmesnere- présentent que 38 % des cy- clistes, selon une étude réali- sée par des chercheurs du CNRS en 2018 à Bordeaux (Gironde).«L’écartsecreusela nuit et par temps de pluie : 78 % des cyclistes sont alors deshommes»,noteYvesRai- baud,l’undesauteursdel’ana- lysedontlerésumé,misenli- gnelorsdudéconfinement,est l’un des dix sujets les plus lus surlesiteduCNRS. « Est-ce que les pouvoirs publics et les associations ne sont pas obligés d’intégrer le genresionveutavoirunepra- tique égalitaire du vélo et la développer?»interrogeElise Michaud.«Legenresedistin- gue du sexe, c’est une cons- tructionsociale,unrapportde pouvoir»,rappelleChrisBla- che, de l’association Genre et ville. Une construction qui com- mencedèsl’enfanceetseren- force à l’adolescence concer- nant la pratique du vélo, commel’expliqueDavidSaya- gh, chercheur au Cerema, un établissement public chargé d’expertisesauprèsdescollec- tivités.«Dèsleplusjeuneâge, les filles sont moins incitées quelesgarçonsàinvestirl’es- pace extérieur, à fournir des efforts physiques et à prendre desrisques»,détaille-t-il. « A l’adolescence, elles se voientplusfréquemmentdis- suadées par les parents de se déplacer seule, de sortir du quartier de résidence, dé- crit encore David Sayagh. Au fildutemps,ellesaccumulent moins de compétences, no- tamment pour réparer leur vélo ou rouler dans le trafic. C’est un cercle vicieux. Elles sont incitées à moins prati- quer et elles deviennent moinscompétentes.» Aquestiontechnique, réponsesexiste L’Association des femmes de Franc-Moisin(AFFM),àSaint- Denis, y apporte une réponse en proposant des séances d’apprentissagehebdomadai- resàdouzestagiairesâgéesde 22à71ans.«Lesréactionsont été enthousiastes. Nous don- nonsaussidescoursdeCode delarouteetderéparationde vélo », précise Gwladys Guillaume,animatriceausein del’AFFM. D’autres approches ont vu lejourenIle-de-Franceetdes groupesinformelssesontor- ganisés,àl’imagedes«Gow», les Girls On Wheels qui, de- puis plus de quatre ans, se donnent rendez-vous chaque mercredi soir pour des « ri- des » nocturnes féminins de 25à45kmdansParis,ouverts àtouslesniveaux. «Onattend toujourstoutes les filles, qu’elles soient victi- mesd’unecrevaisonouqu’el- les soient plus lentes, raconte Vicky Carbonneau, cofonda- trice du collectif. Et on les en- courageàprogresseretàaller de plus en plus loin. Les filles se sentent très à l’aise pour y poserdesquestions,ajoute-t- elle, parce que dans d’autres groupes mixtes et masculins, toutseditmaissansrespect.» Autrement dit, des deman- des techniques partagées par desfemmesontdéclenchéde violentesréactionssexisteset deharcèlement. Illustration. Les femmes ne représentent que 40 % des cyclistes en Ile-de-France. Pourquoilesfemmesrenoncentauvélo Les cyclistes sont majoritairement des hommes. Un constat qui s’explique par de nombreuses raisons présentées dans un colloque organisé par le département de la Seine-Saint-Denis. a«Dèsleplusjeune âge,lesfillessont moinsincitées quelesgarçons àinvestirl’espace extérieur,à fournirdesefforts physiques etàprendre desrisques» DAVIDSAYAGH,CHERCHEUR