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Recherche de sécurité et recherche de défense : vers des synergies renforcées
- 1. EUROPOLITIQUE Supplément au N° 3862 Mercredi 18 novembre 2009 15
TRIBUNE LIBRE
Recherche de sécurité et recherche de défense :
vers des synergies renforcées
Par Axel Dyèvre la France – qui représente, hors nucléaire, cement d’une base industrielle indispensa-
avec le Royaume Uni, 70 % de la R&T ble pour doter l’UE de systèmes de sécurité,
Dans le domaine des technologies de de défense cumulée des États membres d’équipements militaires et de capacités
sécurité et de défense, l’Union européenne – effectue environ 20 % de ses program- de gestion civile de crises appropriés, en
joue depuis quelques années un rôle cata- mes en coopération dont près de la moitié toute autonomie. Cette mise en réseau des
lyseur de plus en plus important, pour les acteurs contribue aussi à l’amélioration des
États membres, les industriels et les centres capacités dans les différents États membres
de recherche. Cette politique se concré- en donnant l’occasion à leurs industriels de
tise principalement dans les deux espaces travailler pour et avec des « coopétiteurs ».
distincts que sont l’Agence européenne de Le même raisonnement peut être tenu pour
défense (AED) et la thématique sécurité du les autorités publiques qui y trouvent l’occa-
7e Programme cadre (FP7) de la Commis- sion de travailler à une échelle européenne
sion européenne. et de mieux prendre en compte les problé-
Souvent justifiée par la demande de matiques de leurs voisins et partenaires. Aux
sécurité des citoyens vis-à-vis de l’Union, uns et aux autres, les projets européens de
cette coopération accrue des Européens recherche de sécurité et de défense lancés
est surtout insufflée par les États membres, ces dernières années ont permis d’intensifier
toujours à la recherche d’optimisations bud- leurs relations avec les ministères et agen-
gétaires. Malheureusement, cette vision ces concernées, les grands établissements
quelque peu idyllique se heurte à une réa- publics de recherche, les industriels, les uni-
lité simple : l’argent des institutions euro- versités, mais aussi les plus petits laboratoires
Les programmes de recherche ont encore trop peu de
péennes, communautarisé ou non, vient lien avec le marché et les PME, au niveau européen.
des États membres, c’est-à-dire des contri- au sein de l’AED. Dans le même temps, la Mais il reste de nombreuses voies d’amé-
buables. Il n’y a donc pas là de nouvelles Commission européenne investit 1,4 mil- lioration. Et deux axes de progrès semblent
ressources mais tout au plus des ressources liard d’euros dans la recherche en sécurité primordiaux à ce jour.
transférées. Cette réalité est moins sensible sur la période 2007-2013 (hors Espace). - Une meilleure synergie entre la R&D
dans le secteur de la sécurité, le programme En France, en 2009 l’Agence nationale de de défense et celle de sécurité. Le 8e pro-
cadre portant sur une période de sept ans la recherche (ANR) a lancé pour la qua- gramme cadre sera lancé en 2014, c’est donc
et le budget étant voté pour cette période. trième année consécutive le programme dès à présent qu’il faut envisager comment
Elle est davantage sensible à l’AED où les « Concepts, Systèmes et Outils pour la procéder et se poser également la question
budgets sont discutés et votés chaque année. Sécurité Globale », en cohérence avec le des aspects spécifiques qui ne pourront pas
Autre constatation : les programmes com- FP7 sécurité. En Allemagne, cette année, de facto faire l’objet d’un rapprochement.
muns ne sont pas forcément moins chers, le ministère fédéral de la Recherche et de - Les programmes de recherche ont
car les coûts de fonctionnement et les dif- l’Éducation s’est entendu avec l’ANR pour encore trop peu de lien avec le marché,
férences de spécifications peuvent entraîner financer certains projets proposés par des aucune structure ne permettant d’assurer
des lenteurs et des surcoûts importants. Il partenaires français et allemands. Il y a là un le suivi de ces projets et d’assurer que l’ar-
n’est que d’avoir participé à quelques projets signe indéniable de mise en cohérence des gent dépensé en R&D par les contribuables
européens de sécurité ou de défense pour politiques européennes et nationales. européens se transformera en programme
avoir une vision claire de ces difficultés, sans Un autre effet tangible est que ces poli- d’équipement.
parler des lourdeurs administratives inhé- tiques contribuent réellement à la création Recherche de synergies accrues entre
rentes à ces projets. de réseaux européens. Acteurs publics la sécurité et la défense comme entre la
Mais ces critiques sont à relativiser, car et académiques, industriels et centres de recherche et le marché sont des pistes de
la création de l’AED et le lancement du recherche prennent de plus en plus l’ha- réflexion pour les mois à venir. L’adop-
programme de recherche en sécurité de la bitude de travailler ensemble. Sans aller tion du traité de Lisbonne et la fusion des
Commission datent de 2004. Difficile de jusqu’à parler de réseaux d’excellence, on « piliers » devraient tout à la fois être l’occa-
porter des jugements définitifs sur des poli- peut déjà affirmer que les fonds investis par sion et l’accélérateur de ces évolutions.
tiques aussi ambitieuses dans des domaines les institutions européennes ont contribué à
où les sensibilités nationales sont aussi fortes, créer des réseaux de confiance entre acteurs (1) Axel Dyèvre (adyevre@ceis.eu) dirige le
sur une courte période de cinq ans. En de référence. Il ne faut pas perdre de vue Bureau européen de CEIS, à Bruxelles
outre, il ne faut pas oublier l’effet d’entraî- les résultats effectifs des projets financés sur
nement de ces politiques. À titre d’exemple, fonds européens. Ils contribuent au renfor-
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