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INSTITUTIONS

  LITURGIQUES
                                            PAR




         F.K K. P. DO Aï P R O S P E R                       GUKRANGKK
                              ABBÉ DE SOLESMKS


                                                  Sana* PuniifîdJ Juri-i cl sucra? Litur^ci
                                                      traJi:ionc« laboacentos confovcrc.




                              DEUXIÈME ÉDITION


                        l ' O M K I) K 1" X I KM K




SOCIKTK CKNKUALK 1)K LIBKA1KIK CATHOI.IQUK
         Vicio» 1WLMK, éditeur des Bollandistes^                 DIRECTEUR   GÉNÉRAI.



               PARIS                                       BRUXKIJ.KS
   jO,   rue rft'A Saints-Pires,   yh               2 g,   rue    des   Paroissiens,

                                        I   8 8 0
Biblio!èque Saint Libère

                    http://www.liberius.net
                © Bibliothèque Saint Libère 2008.
Toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
INSTITUTIONS



LITURGIQUES
PRÉFACE




   En donnant enfin au public le second volume de nos           L'auteur justifie
                                                                    le retard
Institutions   Liturgiques,   nous éprouvons le besoin de             ^p'ubHèHe
                                                                b e L 0 I u i   v o I u m e
justifier le retard que nous avons m i s a satisfaire à des                                   -
engagements réitères.
   Certes, nous pouvons nous rendre ce témoignage, que
notre bonne volonté est demeurée entière; mais nos forces
affaiblies par un long malaise n'ont pas servi notre cou-
rage, et nous avons vu les mois, et presque les années,
s'accumuler, sans nous rendre cette vigueur qui pourtant
nous était nécessaire pour achever la rude tâche que nous
nous étions imposée.
   D'un autre côté, les nécessités du plan que nous nous
sommes tracé, exigeant impérieusement         que nous ne
fissions pas trop attendre la dernière partie de cette Intro-
duction historique, il nous a fallu subir les exigences du
sujet, et, partant, donner au présent volume une dimen-
sion presque double de celle à laquelle nous avions cru
devoir étendre le premier.

                                                    a
VI                                     PREFACE

  Ce long délai                £ ) moins, ce long délai, durant lequel nous avons reçu
                                     u
                                                               7            1
  a au moins                                     °                                   *
                       i e s
  à manifester                  instances les plus vives et les plus multipliées pour la
  quel intérêt                      •      •     I   N                  .
  paraît devoir        coniinuation de 1 ouvrage, aura servi a manifester 1 intérêt
 en s'attacher
    France aux         qui désormais parait devoir s'attacher aux études litur-
  lirurpique*.         gjq         U C S   s   j longtemps éclipsées en France. Assurément,
                       lorsque nous prîmes la plume pour écrire sur ces matières,
                       nous étions loin de nous attendre que notre faible travail
                       dût exciter aussi vivement l'attention des catholiques, et
                       que le siècle fut en mesure de témoigner tant de s3'mpathie
                       pour une oeuvre que plusieurs pouvaient croire surannée
                       dans son objet, et que certains symptômes semblaient
                       signaler a l'opinion comme étant tout au moins dépourvue
                       de ce qu'on est convenu d'appeler aujourd'hui actualité.
                               Nous bénissons le Père des lumières qui a bien voulu
                       qu'il en fût autrement; car ce travail a été entrepris dans
                       des intentionspures^ et ce nous est une grande joie de voir se
                       préparer un retour vers l'étude el l'amour des pieuses tra-
                       ditions des âges catholiques. Profès d'un Institut qui place
                       en tete de tous ses devoirs le Service liturgique, il est naturel
                       que nos désirs et nos efforts se tournent vers ce but auquel
                       nous avons voué avec bonheur notre vie tout entière.
 Nécessité d'une         Mais avant d'ouvrir la source des mélodies, avant d'ex-
  introduction
   historique          pliquer les mystères célestes, il nous fallait tracer un
                   r           1                     J
en téte de toute

    l'œuvre.           tableau général des vicissitudes de la Liturgie, raconter sa
                   marche à travers les siècles, son admirable progrès, ses
                       altérations en quelques lieux; arriver ainsi à établir l'as-
                       pect général de cette immense forme du catholicisme. Cet
                   aperçu, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, était indispen-
PREFACE                              Vil

sable, tant pour asseoir sur la base inébranlable des faits
la partie didactique de l'ouvrage tout entier, que pour
subvenir aux besoins des personnes qui ne possèdent point
un ensemble sur la matière des faits liturgiques.
  Et le nombre de ces personnes est plus grand que nous                                     Beaucoup
                                                                                        de personnes,
ne l'aurions pensé. On rencontre des hommes versés dans                                 nième versées
             x
                                                                                       dans les sciences
les sciences ecclésiastiques, récitant chaque jour les heures                           c       L
                                                                                         e p sleL?en t
                                                                                            n       0
                                                                                                                           <   S,



                                        ,   . .                     .                  pas la m o i n d r e
canoniales dans un bréviaire, célébrant la sainte messe                                   noiion sur
                                                                                        la révolution
dans un missel, et avouant avec simplicité ne s'être jamais                                linéique,
                                                       x
                                                                                             opérée
préoccupés de savoir les noms des rédacteurs de ce bré* ^V^e"ïvm*
 . .    *           .   .   .   .   .                                   .    .                          siècles.

viaire, de ce missel, qu ils ont sans cesse entre les mains.
Bien plus, un écrivain exact, .et môme minutieux, l'auteur
des Mémoires pour servir                     à l'Histoire   ecclésiastique   pen-
                e
dant le XVIII           siècle, en est venu jusqu'à oipettre, dans
son livre, le récit d'un si grand fait que le changement de
                                                               0
la Liturgie dans l'Eglise de France au xvni siècle. C'est à
peine si on trouve, dans ses quatre volumes, quelques
mots épars, à l'aide desquels on puisse se douter qu'une
révolution quelconque ait eu lieu chez nous dans les
choses du service divin, tandis qu'il est matériellement in-
contestable que rien d'aussi grave sous ce rapport ne s'était
opéré dans nos églises, depuis l'époque de Charlemagne.
  L'histoire des deux derniers siècles liturgiques devra                               Certains esprits
                                                                                          pou rront
                                                                                       tro                    c    :       ill,ts
donc paraître quelque peu étrange à certains esprits pré- "'p " i "                                     l   n t       s



occupés qui n'aiment pas qu'on les dérange, ou qu'on
trouble leur quiétude. Il est des hommes qui voudraient
qu'on ne parlât jamais des choses auxquelles ils n'ont pas
l'habitude de songer, et qui se trouvent portés à nier de
VIII                                                          PREFACE

                       prime abord ce qu'ils ne rencontrent pas dans leurs sou-
   rds lecteurs         venirs. Quoi qu'il en soit de l'effet que peut produire sur
                                                                                                                    x         x
  sans préjuges                                                                                            *
                       c c s
   justlcc°aùx                      derniers la lecture de cette histoire, nous nous flattons
 efforts que ce          ,                                    I        ,                                        ,                         .       .      .
     travail           du moins que les lecteurs sans préjuges rendront justice
  a nécessités.

                       aux cilorts qu il nous a fallu faire pour en rassembler les
                       matériaux, tout imparfait d'ailleurs que puisse leur sembler
                       le résultat.
    La science                 Mais il est un avertissement que nous croyons devoir
du l'histoire du
   jansénisme          déposer ici pour l'utilité de plusieurs personnes. Il con-
                                                     1
 est nécessaire
                   s         l s t e r a   t o u t
la^timtiondc           "                             simplement                  à     dire que quiconque n'est pas
 de France au      familiarisé avec l'histoire du jansénisme, ne saurait jamais
  xvin« siècle.                                                             . . . .                         ,                         ,       „

                   qu imparfaitement saisir la situation de 1 hghse de France
                   au xvin" siècle. Si donc on avait oublié la                                                          Distinction                          du

                   fait               et     du      droit,            le     Cas          de     conscience,           les                   Réflexions

                   morales,                     le Problème                  ecclésiastique^               VAppel        et le                 Réappel)

                   les lléxaples                         de       la   Constitution,                  le Figurisme,                   le              Secou-

                   risme,                  la     reuue           d'Elie,           etc.    ; si on ne savait plus ce que
                   la secte appelait la                                     Vérité,         VObscurcissement                      ;   si on ne
                   s'était pas familiarisé avec les Huiles                                                          Vineam                        Domini

                   Sabaolh,                      —       TTnigeniius,                 —         Auclorem        Jidei;            si on était
                   porté à confondre les                                        évéques            constitutionnaires                          et les
                   éveques                   constitutionnels,                        etc., etc., il faudrait bien s'at-
                   tendre à trouver quelques étrangetés dans notre histoire
                   liturgique. Depuis bientôt deux siècles, le jansénisme est
                   le grand fait religieux de l'Eglise de France; et ses in-
                   fluences qui, grâces à Dieu, s'en vont s'éteignant de jour
                  en jour, ont été incalculables. Dieu permettra, sans doute,
                  que les derniers restes de cette ivraie maudite disparais-
PREFACE                                  IX

sent bientôt du champ du Père de famille; mais il nous
semble grandement salutaire que les catholiques n'oublient
pas trop vite les artifices de leurs ennemis. Le jansénisme
a été le protestantisme de notre pays, le seul qui ait su se
faire accepter; il importe donc qu'on s'en souvienne.
     Pour en revenir au présent volume, certaines personnes                La conviction
                                                                            seule ayant

remarqueront peut-être qu'il est écrit avec quelque cha-                      0
                                                                            P ^ ^ 1   1 6 1 1
                                                                                                *

leur: nous ne pensons pas cependant qu'elles aillent jus-                  inipissibic de

qu'à s'en plaindre. Dans ce cas, nous leur répondrions                     montrer dans
                                                                           ses paroles.

que la conviction seule nous ayant porté à l'écrire, il nous
devenait tout aussi impossible de ne pas montrer cette
conviction dans nos paroles, que de tracer même une
seule ligne, du moment où il ne nous eût pas semblé évi-
dent que la cause que nous soutenons est la bonne cause.
Certes, s'il y a lieu de s'étonner de quelque chose en ce
monde, c'est de voir la vérité et la justice défendues mol-
lement par les hommes, eux qui sont si ardents au main-
tien de leurs droits et de leurs prétentions personnelles.
Les Livres saints et les écrits des Pères déposent éner-
giquement en faveur du langage sincère et sans ménagement
qui doit être employé par l'homme de foi, dès qu'il s'agit
de Dieu ou de son Église.
     Et, après tout, qui de nous porte donc aujourd'hui un                  Ce zèle d'un
                                                                               auteur
si tendre intérêt au jansénisme et         à   ses œuvres, pour se         catholique ne
                                                         1
                      '                                      *            doit scandaliser
scandaliser du zèle qu'un auteur catholique mettrait aies                   ic^in^smc
,,              s t          .   . ,   T                         .           étant pour
démasquer et a les poursuivre.-' Nous ne sommes plus a                         jamais
                                                                            inauguré au
l'époque où cette secte travaillait à se faire passer pour un             dictionnaire des
     1   1
                                                    i        j                hercsies.
fantôme, et y réussissait dans l'esprit d'un si grand nombre
X                                                     PREFACE

                  de personnes. Aujourd'hui, le jansénisme est pour jamais
                  inauguré au dictionnaire des hérésies, à côté de l'arianisme,
                  du pélagianisme, et du calvinisme son frère.
   La critique                Nous trouverait-on amer contre les nouvelles Liturgies?
                                                                                                      1
 de l'auteur ne
  sera jamais     jtfais si elles sont pour la plupart l'œuvre de mains jansé-
aussi amçrc que                                             t       i   r                             )
  fahe'pa?"^      nistes, pourquoi devrions-nous respecter les fruits, quand
 novateurs, des                                     .   .       .           I-         I   *
     prières      il nous est enjoint de maudire 1 arbre? Parce que le
 séculaires de

la chrétienté,    XVIJJ         0
                                      siècle les a produites pour la plupart, devrons-nous
                  leur sacrifier sans résistance le recueil des chants chré-
                  tiens, centonisé par saint Grégoire, et devenu l'expression
                  de la foi et de la piété depuis mille ans, dans toute la
                  chrétienté occidentale? Et encore quelle critique plus san-
                  glante pourrions-nous faire d'une œuvre tout humaine,
                  entachée d'esprit de parti, de prétention nationale, et sur-
                  tout d'esprit presbytérien, que celle qu'on a osé faire de la
                  Liturgie romaine, lorsqu'on l'a mutilée, parodiée, expulsée
                  enfin de nos églises, comme si elle n'eût pas eu pour elle
                  l'antiquité et l'autorité que donne la tradilion ? S'il a pu
                  être permis de refaire à neuf les prières séculaires de la
                  chrétienté, et de donner cet attentat comme un progrès
                  sublime de la chose religieuse, il nous sera bien permis
                  sans doute d'environner de nôtre amour ces antiques for-
                  mes de la piété de nos pères, qui sont encore celles de la
                  religion de toute l'Église latine, de les défendre sans fai-
                  blesse, et de peser au poids du sanctuaire ce qu'on leur a
                  substitué.
   nu reste,              Au reste, dans cette lutte laborieuse, nous ne paraîtrons
 l'auteur ne
    paraîtra      p   a   s   s c u   |   b   De nobles champions,           à    la tète desquels on verra
PRÉFACE                    XI

                                                                  ilR
briller l'illustre Languet, archevêque de Sens, le marteau r               seul en cette

du jansénisme, entreront avec nous dans la lice, et pas
une parole ne sortira de notre bouche qui ne soit l'écho
des doctrines expresses de ces vaillants antagonistes de
l'hérésie antiliturgiste, au dernier siècle.
    Enfin, si notre accent est quelquefois sévère, c'est encore u     sévérité de
                                                                 l'accent provient

parce que nous ne saurions nous résoudre à contempler                 des^a^ages

de sang-froid les ravages que les changements liturgiques             Tnnowfons?

de ces derniers temps ont faits dans les habitudes de la piété
catholique, en France ; l'altération des offices divins,
l'oubli du symbolisme des cérémonies, la destruction des
chants antiques, le refroidissement de la dévotion à la
sainte Vierge et aux saints; et, ce qui met le comble à
tout, l'intelligence des mystères, si ample et à la fois si
facile par la Liturgie, ravalée pour la plupart des fidèles à
la mesure de ces innombrables petits livres qui inondent
de plus en plus la librairie religieuse.
    Mais, diront quelques-uns, pourquoi révéler au grand
jour une telle situation ? Pourquoi ? afin d'aider à y mettre
un terme; afin d'empêcher, en si faible mesure que ce soit,
qu'elle ne s'aggrave encore. Au reste, dans cette histoire,           r-'auteur s'est
n             D   O                               7
                                                             '           attaché
c est à des morts surtout que nous avons affaire, et si nous     pC
                                                                           C     r
                                                                      r o nnes de cc
                                                                       S
                                                                                     S




avons cru devoir relever quelques faits contemporains,            ^constatei^îcs
                      - .   ,                 .       ,                 indices
nous ne lavons fait qu en écartant soigneusement les noms        consolants d'un
                                                                   r e t o u r aux
des personnes. Toutes les fois aussi que la marche de notre             formes
     r                                    1
                                                                   anciennes.

narration nous a mis à même de raconter le bien qui s'est
fait, et se fait encore, de constater les indices consolants
et déjà si nombreux d'un retour aux anciennes formes de
XII                           PRÉFACE

                      la prière et du culte divin, nous nous sommes étendu
                      avec complaisance sur ces récits, nous en avons fait res-
                      sortir avec joie toute la portée.
  Raisons qui            Mais il était nécessaire que nous entrassions tout d'abord
nécessitaient cet
   evposédes      a   v c c   franchise dans la question des causes de la révolution
                                                1
   véritables
changements de liturgique du siècle dernier, et que nous montrassions la
     i m gît.         véritable raison des changements à laide desquels il se
                  fait que nos églises se présentent aujourd'hui tout aussi
                  modernisées sous Je rapport des prières qu'on y récite et
                  des cantiques qu'on y chante, que sous celui de leur archi-
                  tecture, de leur décoration et de leur ameublement. Il
                  fallait prendre les devants sur les hommes de la science
                  laïque et même profane qui s'apprêtaient à se lancer, au
                  nom de la poésie et des origines nationales, sur le champ
                  de la Liturgie, comme ils ont déjà, au nom de Fart du
                  moyen âge, envahi nos édifices sacrés. Mieux valait donc
                  convenir sincèrement des aberrations d'un siècle que per-
                  sonne n'ose plus défendre, et montrer dès l'abord, que
                  nous, hommes d'Église, n'avons pas besoin d'un secours
                  étranger pour interpréter nos livres, ni des leçons d'au-
                  trui pour reconnaître ce qui reste à faire, en notre temps,
                  quand on voudra aussi restaurer ces livres et y rétablir
                  les droits de l'antiquité, et les glorieux avantages de l'uni-
                  versalité. N'élait-il pas urgent de montrer que cette dévia-
                  tion malheureuse n'est point notre ouvrage; que si nous
                  sommes réduits à en subir les conséquences, la foute en
                  est, pour la plus grande partie, dans les obstacles matériels
                  que nous avons hérités d'un autre âge, et, pour le reste,
PREFACE                        XIU

dans ces préjugés de Liturgie perfectionnée-qui nous ont
bien été imposés avec l'éducation, mais qui s'effacent de
jour en jour, comme tant d'autres, pour faire place à une
appréciation plus large des institutions catholiques. Oui,
nous le disons avec sincérité, nous penserons avoir rendu
un service, si, en nous jetant ainsi dans ces questions de
l'histoire et de la forme liturgiques, nous parvenons à
occuper la place, et à prévenir l'invasion de ces littéra-
teurs, historiens, poètes, artistes, et autres, dont le demi-
savoir et l'incompétence produisent journellement tant
d'inconvénients dans les publications, périodiques ou non,
qu'un zèle, souvent très louable en lui-même, leur fait
entreprendre.

  Toutefois, nous éprouvons le besoin de protester contre     L'auteur
                                                            désavoue à
un abus dans lequel, malaxé nous, la lecture de notre '         ]    a v a n c c
                                                                   toutes
                      7               7
                  *         °                             démonstrations
livre pourrait peut-être entraîner quelques personnes. Il           i m
                                                              propres     t
                                                                              P    S



                        ...            .     . , .        à scandaliser le
ne serait pas impossible que certains ecclésiastiques,              peuple tidèie,

apprenant par nos récits l'origine peu honorable de tel ou
tel livre liturgique en usage dans leur diocèse depuis un
siècle, crussent faire une œuvre agréable à Dieu en renon-
çant avec éclat à l'usage de ces livres. Notre but n'est cer-
tainement pas d'encourager de pareils actes, qui n'auraient
guère d'autre résultat final que de scandaliser le peuple
fidèle, et d'énerver le lien sacré de la subordination cléri-
cale. Pour produire un bien médiocre, on s'exposerait à
opérer un mal considérable.      Nous désavouons donc à
l'avance toutes démonstrations imprudentes et téméraires,
propres seulement à compromettre une cause qui n'est
XTV                                      PREFACE

  Le retour aux                                  p   a s       mûre encore. Sans doute, notre intention est d'aider
                                                 r
  • traditions
              CI
pcut 5t re oplrc   n       C
                                                 ^ l'instruction de cette cause, et nous la voudrions voir
         4
du tenips et°par       a
                                                 jugée déjà et gagnée par la tradition contre la nouveauté ;
  la main des                                              t                                      ,                   .       .           .

             évêques.                            mais une si grande révolution ne s'accomplira qu'à l'aide
                                                 du temps, et la main de nos évoques devra intervenir, afin
                                                 que toutes choses soient comme elles doivent être dans
                                                 cette Eglise de Dieu qu'il leur appartient de régir.
 En sa q u a l i t é                                   Tel est notre avis que nous déposons ici pour la décharge
                                                                                     1                J           A                   u
de m e m b r e du
                                                           n o t r c
 c i c
         ^aut^u                r
                                   l i c r
                                             '   de                        conscience, nous souvenant de notre qualité de
   auadiemern                                    membre indigne du clergé régulier, lequel a dans tous les
     inviolable                                                        f

      à Tordre                                   temps témoigné de son attachement inviolable à Tordre
   hiérarchique
q u e les docteurs                               hiérarchique, sans' croire par là porter atteinte aux privi-
                                                                           1   1              1           r               r
11 u p re s b y t e r i a -
 c<»nivmlhi°dans                                 'êges dont la discipline générale de l'Kglisc l'a investi;
    une m ê m e                                                                                                                   .
  aversion avec                                  tandis qu on a vu constamment les docteurs du presbyte-
  les privilèges
 des réguliers, rianismc, guidés par un secret instinct, confondre dans
                                                 une même aersion la prérogative divine de l'épiscopat et
                                                 les droits concédés aux corps privilégiés. Nous en appe-
                                                 lons, sur ce point, à l'histoire des controverses qui s'agi-
                                                                                          R
                                                 tèrent, en France, aux xvu et xvm° siècles, sur la hiérarchie
                                                 et ses applications. Ce qui nous perd aujourd'hui, c'est
                                                 l'ignorance de ce passé, sans lequel, pourtant, on espérerait
                                                 en vain comprendre et terminer les questions présentes.
  L'auteur ne                                         II ne sera peut-être pas inutile de répéter ici ce que
pourra motiver
  son opinion                                    nous avons déjà dit ailleurs, savoir que, dans cette Intro-
 s u r un grand

    de q°uesti"ons                               duction historique, nous touchons un grand nombre de
                                   Ia
   ^"part'io                                     questions, sur lesquelles nous sommes amené à prendre
  didactique de                                                        _                                      .

             l'ouvrage.
                                                 nous arrêter assez pourmarche du récit nous permette de
                                                 imparti, sans que la motiver notre avis. Si quelquefois
PREFACE                             XV


    le lecteur avait peine à se rendre compte des raisons qui
    nous déterminent pour telle ou telle conclusion, nous le
    prierions d'attendre le développement même de l'ouvrage;
    il n'est pas une seule des questions soulevées dans l'Intro-
duction, qui ne doive être discutée dans la partie didac-
tique de notre travail. On peut revoir le plan de l'ouvrage
entier dans la préface du premier volume.
      On nous a prié de caractériser la nature et l'étendue de         p ur      0


                                                                caractériser la
la réaction liturgique du xvin e siècle: c'était déjà notre          réaction
                    0   1
                                                                liturgique du
intention, et nous croyons même que rien ne sera plus rie^n^est^pius
   .,        i n                   ' •                j      v      utile que
utile, quand, d une manière précise, nous en viendrons a de rapprocher
                                                                 les f o r m u l e s
l'explication détaillée des offices divins, que de placer jour antiques des
                                                               pièces nouvelles
par jour, en reeard des formules de l'antiquité, les innom- qu'on leur a
1           7
      '          »                           i   ?                substituées.

brables pièces nouvelles qu'on y a substituées, en France.
La science liturgique, comme toute science de faits, avance
principalement par la réunion et la comparaison des
données positives; c'est ce qui nous a porté à ne rien
négliger pour procurer à notre ouvrage les compléments
dont il a besoin pour être, autant que nos forces nous le
permettront, une Somme        liturgique.    Ainsi nous n'inter-
rogerons point seulement les            anciennes Liturgies de
TOrient et de l'Occident; mais nous étudierons, dans le                Les Liturgies
                                                                        anciennes
plus grand détail, les produits de notre fécondité nationale            c s
                                                                       " ,Liturgies
                                                                         récentes.

en ce genre, à partir du Bréviaire de Cluny, de 1 6 8 6 , jus-
qu'aux récents bréviaires que notre siècle a vus paraître.
     Nous avons déjà dit et nous répétons ici volontiers que                  L'auteur

nous nous ferons un devoir de répondre franchement aux                ^^varimis
                                                                    qui lui seraient
observations ou réclamations qui nous seraient adressées;              adressées.
XVÏ                                                       PRÉFACE

                     la préface du volume suivant contiendrait nos éclaircis-
                     sements sur les points contestés, ou même, s'il y avait
                     lieu, les rectifications qu'une plus ample instruction de la
                     matière nous mettrait à même de fournir.
    Jusqu'ici                Jusqu'ici du moins, nous le disons en toute simplicité,
 il n'a recueilli
         que des     n   o   n   s   n'avons recueilli que des sulfrases                          bienveillants.
                                                                           1
         sullrages                                                                          °

   bienveillants.    p       o u r   n e   p i
                                            a r   c r   q   U C   c   -( . France, les encouragements
                                                                       c       d



                     directs que nous ont transmis plusieurs de nos arche-
                     vêques et de nos évêques, la sympathie que d'autres prélats
                     nous ont fait témoigner, l'assentiment d'un nombre très
                     considérable des membres les plus éclairés du clergé du
                     second ordre, toutes ces choses sont pour nous le motif
                     d'une consolation d'autant plus grande, que nous n'avons
                     fait aucune démarche pour nous attirer ces honorables
                     témoignages de satisfaction. Nous ne formons maintenant
                     d'autre vœu que celui de nous en rendre digne de plus
                         en plus.
   Unanimité                     Le public laïque a accueilli les Institutions                         Liturgiques
  de la presse
catholique dans          avec un empressement, sur lequel, nous le répetons, nous
 l'appréciation
C 1 C
        ///M'V^;^        étions loin de compter. La presse catholique s'est exprimée
                         avec la plus précieuse et la plus rare unanimité en faveur
                         du retour aux anciennes et véritables traditions du service
                         divin, et nos faibles ellbrts vers ce but ont été récompensés
                         à l'excès, par les articles qu'ont bien voulu consacrer à
                         notre livre les Annales                           de Philosophie   chrétienne,      Y Uni-
                     versité catholique,                      Y Ami de la religion,             Y Univers,    etc.
                              Mais ce qui nous a semblé encore plus digne de re-
                         marque, a été de voir notre livre et ses doctrines devenir,
PRÉFACE                               XVII

dans un journal anglican, l'objet non seulement d'une
attention sérieuse, mais d'une sympathie presque catho-
lique. Le British          Critic,     organe solennel et véritable-
ment grave du clergé de YÉglise-établie,                dans le N° d'oc-
tobre 1 8 4 1 , après avoir développé les plus hautes consi-
dérations sur Timportance de la forme religieuse, conclut
ainsi le long et bienveillant article qu'il a consacré à notre
premier volume :
  « Toutes formes donc, autant qu'elles sont religieuses,                       Sympathie
                                                                                 presque

« étant des symboles des choses spirituelles, l'uniformité,                              q
                                                                              ^YiÎA cr/f/c

« comme nous le rappelle l'Abbé, en doit être la condi-                        d ° j^!dc
                                                                                 U   c




« tion, et par la même le gage de limite                 de lLspnt     (1).     d'Angleterre
                                                                              (octobre 1841).

« En effet, pour employer les propres paroles de l'archi-
« diacre Manning, ri est-il pas certain que V uniformité                est
« le langage     symbolique          et silencieux   de limité   ? Y a-t-il
« quelque loi dans l'œuvre de Dieu qui n'ait sa propre
« forme invariable? Qu'est-ce que la variété de la nature,
« sinon l'expression uniforme d'une variété de lois, et
« non pas l'expression variée d'une seule loi ? Là où il riy
« a qiCun cœur,            il riy aura       aussi   qu'une voie,    a dit
« Jérémie(2). En conséquence, l'Abbé condamne la variété
v des rites dans l'Église; il la poursuit comme un m an-
« que d'appréciation de Timportance de l'unité chrétienne,
« et il propose de surmonter la difficulté en prenant
  Rome pour centre. Ici, il ouvre une question dans
« laquelle nos lecteurs nous pardonneront certainement

  {•1) Jerem., xxxn, Ju.
XVIII                              PRÉFACE

 « de ne pas nous engager, à la fin d'un long article. Nous
 « nous bornerons donc, pour le présent, à dire que,
 « quant aux vues de l'Abbé sur l'importance de l'unité
 « religieuse, et sur la futilité de tous les eiforts dépensés
 « à procurer cette unité sans l'uniformité, il peut, si cela
 « lui est de quelque consolation, être assuré de la franche
 « sympathie de plus d'un cœur anglais.
    « Certes, il n'est pas un cœur catholique (i) qui ne sou-
 « pire ardemment vers une règle plus forte, vers une plus
 « grande unité d'action, et non seulement en Angleterre,
 « mais par toute la chrétienté. Nous sympathisons du fond
 « de nos cœurs avec l'auteur dont nous venons d'examiner
 « l'ouvrage, en ce qu'il dit contre l'esprit de nationalité en
 « religion. Nous ne pouvons ressentir le moindre attrait
« pour le parti gallican, en tant qu'il s'oppose à l'école
« ultramontaine. Les théories nationales, y compris même
« la théorie gallicane, qui, par le fait, est plus ou moins
« la théorie actuelle des divers pays de la communion
« romaine, nous paraissent receler un subtil érastianisme,
« et témoigner en même temps d'une véritable insouciance
« pour la plénitude et pour la liberté de l'Évangile, C'est
« en émettant cette profession de sympathie que nous
« prenons congé de l'Abbé, lui souhaitant de cœur la
v santé et une longue vie, pour mener à terme l'ouvrage
« de si haute importance et de si ardue difficulté dont ce
« volume n'est que le premier gage ( 2 ) . »

   ) Le m o l catholique esl pris ici dans le t.ens de l'anglicanisme, tjui
l'étend à ses propres m e m b r e s ,
   (z) British Critic. N u m b e r LX. October M OCCC X L 1 , pag. 4 6 4 et 4O5.
PREFACE                         XIX

  Et nous, nous demandons au Père des lumières qu'il lui        Puisse le Père
                                                                des lumières
plaise de se révéler de plus en plus à ces frères séparés,      de pUis^el^pius
                                                                 a
auxquels il a déjà donné de comprendre la nécessité de               séparés.^

l'unité dans la doctrine et dans la forme; afin que leur
coeur acceptant, par le secours de la divine grâce, la vérité
déjà manifestée à l'intelligence, la confession publique de
la vraie foi, la participation aux divins sacrements, la sou-
mission filiale à la seule vraie hiérarchie, consomment
bientôt dans l'unité de l'amour ceux qu'un lamentable
isolement en avait arrachés.
INSTITUTIONS

    LITURGIQUE S


                     PREMIÈRE                        PARTIE

                                       (Suite.)




                             CHAPITRE                 XVII

                                                                                E
DE LA LITURGIE DURANT LA                  SECONDE        MOITIE DU X V I I          SIECLE.

  C O M M E N C E M E N T D E L A D E V I A T I O N L I T U R G I Q U E EN F R A N C E .   —

  A F F A I R E DU P O N T I F I C A L R O M A I N . —    TRADUCTION          FRANÇAISE

  DU    MISSEL. —•        RITUEL      D'ALET. —           BREVIAIRE        P A R I S I E N DE

  HARLAY. —          BRÉVIAIRE DE CLUNY. —               HYMNES D E S A N T E U I L .      —

  C A R A C T È R E DES C H A N T S    NOUVEAUX. —            TRAVAUX         DES    PAPES

  SUR L E S L I V R E S R O M A I N S . —     A U T E U R S LITURGIQUE.S DE C E T T E

  ÉPOQUE.



  Nous entrons dans la partie la plus pénible et la                                                 Durant la
plus délicate du récit que nous nous sommes imposé. Pen-                                        S
                                                                                                du°xvn™bc



                                                                                                    de France.
vœu du concile de Trente, confirmé par les divers con
cilcs provinciaux qui l'ont suivi, une révolution se pré
           T.   II
2                                 13E LA LITURGIE

      INSTITUTIONS                   pare dans l'Église de France. En moins d'un siècle, nous
                   G1<   UES|
"'"™* *                              allons voir les plus graves changements s'introduire dans
                                     la lettre des offices divins, et l'unité romaine, que procla-
                                     mait si nettement encore l'Assemblée de t(5o5, disparaître
                                     en peu d'années.
            L'histoiic                  Pour mettre dans tout leur jour les causes de ce chan-
                             J c
    l 1 c
             Frmicc                  Sèment, il serait nécessaire de faire en détail l'histoire de
                                                                            1
  au xvnf siècle                     p ance pendant le xvu ' siècle. Peu de gens aujourd'hui la
                                          r
                                                  r
   renferme lu                                                                                      z>              r
   clef de tous                       connaissent, et pourtant elle renferme seule la clef de
 les événements                               .       ,   ,                     ,- .                        ,           ,                   ,
     religieux                        tous les événements religieux accomplis dans le cours des
 accomplis dans                                                                  *                  ,
!es deux siècles                      deux siècles suivanis. L e s t a cette époque qui montre
     suiants.                                        ,               ...              jM   •   i
                                      encore de si magnifiques débris des anciennes mœurs
                                      catholiques, et qui vit s'élever tant de pieuses institutions,
 Les germes du                        que les germes du protestantisme, sourdement implantés
p                             I1C
    ^ni^ttaîS                         dans les mœurs françaises, percèrent la terre et produi-
tlai           l         c    lclc
     ^.,n .?;l .                      sirent ces doctrines d'isolement dont les unes, formellement
y produisent je                       hétérodoxes, furent honteusement flétries du nom de jan-                                      }
janseuisme et le                                              '                  <                                                      t



    gallicanisme,                     sénisme, les autres, moins hardies, moins caractérisées,
                                      plus difficiles à démêler dans leur portée, se groupèrent
                                      successivement en forme de système national du christia-
                                     n i s m e , et ont été dans la suite comprises sous la déno-
                                      mination plus ou moins juste de gallicanisme.
       Lu rupture                         La Liturgie devait ressentir le contre-coup de ce mou-
     lïuirgique,                      vement. On peut dire qu'elle est l'expression de l'Église;
    conséquence                       .                           ,         *          .                .       .   .       .   .   .
    inévitable de                    du moment donc que des variations s introduisaient dans
^^rimUes"*                           la chose religieuse en France, on ne pouvait plus espérer
                                     que l'unité liturgique pût dès lors exister entre Rome et
                                     la France. S'il est une assertion d'une rigueur mathéma-
                                     tique, c'est assurément celle que nous énonçons en ce
                                     moment.— Mais, dira-t-on, voulez-vous nous faire croire
                                     que les changements introduits au bréviaire et au missel
                                     sont le résultat de principes hétérodoxes et suspects, ou
                                     encore qu'ils ont eu pour auteurs et promoteurs des
                                     hommes qui n'étaient pas purs dans la foi ? A cela nous
                                     répondons simplement: Lisez notre récit, et jugez; prou-
DURANT LA SECONDE MOITIE DU
                                                        fl
                                                XVH JsiÈCLE          3
                                                                                       1
vez que les faits que nous racontons ne sont pas exacts,                        PARTIE
                                                             R
      ^               ^                                                  '   CHAPITRE XVJL
que les principes que nous soutenons ne sont pas sûrs. ~
Nous n'entendons pas, certes, envelopper, en masse, dans
une odieuse conspiration contre l'orthodoxie les généra-
tions qui nous ont précédés; mais on ne saurait non plus
nier l'histoire et les monuments.
   Semblable en beaucoup de choses aux sectes gnostiqucs Semblable aux
                                                                     c
et manichéennes que nous avons signalées au chapitre xiv , manichéennes,
                                                                              L                         1
essentiellement antiliturgique comme elles, le jansénisme     '^Stn?™"
eut pour caractère de s'infiltrer au sein du peuple fidèle, niéna^canUa
en pénétrant de son esprit, à des degrés divers, la société p ? s o ^ v e c  m   0


                                                                              a n
qu'il venait corrompre. A ceux qui étaient assez forts, il       infernal,
                                                              0
prêcha un calvinisme véritable qui, au xvni siècle, se
transforma en le gnosticisme le plus honteux, par les con-
vulsions et le secourisme, en attendant qu'à la fin du même
siècle, on vît ses adeptes passer, de plain-pied, de la doc-
trine de Saint-Cyran et de Montgeron, à l'athéisme et au
                                                                              A u x             u u s       il
culte de la raison. A ceux au contraire qu'un attachement
                                                    ,                           prêche
énergique à l'ensemble des dogmes, un éloignemcnt pro-                       un calvinisme
          /                ,   ,       ,   ,, . •            , . ,   .         véritable;
nonce pour une révolte contre les décisions évidentes de                     aux autres il
                                                                                                                 11
l'Église,garantissait de pareils excès, le jansénisme chercha                         "inspirer
. •                j >£•           *           M •                           du mépris pour
a inspirer une défiance, un mépris, un eloignement même         i Formes                   cs


pour les formes extérieures du catholicisme, pour les            tll^Yw%m^.
                                                                                                                      8
croyances qui paraissent ne tenir au symbole que d'une P° d^rÉg"^ "
manière éloignée. S'il n'osa révéler à ces derniers que de leur temps.
r Église avait cessé d'être visible, il se plut du moins à la
leur montrer comme déchue de la perfection des premiers
siècles, encombrée de superfétations que l'ignorance des
bas siècles avait entassées autour d'elle, et surtout moins
pure à Rome et dans les pays de la vieille catholicité qu'en
France, où la science de l'antiquité, la critique, et surtout
un zèle éclairé pour de saintes et précieuses libertés, avaient
ménagé d'efficaces moyens de retour à la pureté primitive.
Dans cette doctrine, le lecteur reconnaît sans doute, non-
seulement Jansénius, Saint-Cyran et Arnauld, mais Letour-
COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE

       INSTITUTIONS          neux, Ellies Dupin, Tillemont, Launoy, Thiers, Baillet,
       LITURGIQUES           ^ Vert, Fleury, Duguet, Mésenguy, Coffin, Rondet, etc.;
     L<» principaux or           ce qui nous reste à faire voir, c'est que ces législateurs
                                         1
      auteurs de ces                                                                i,        >r
    doctrines ruitété du         dogme et de la discipline en rrance, ces reformateurs
     les promoteurs .                                     »       / •         * /        ••        • _I«
    ilu changement des mœurs chrétiennes, ont ele, directement ou îndirec-
       luuri*K|IK.              f promoteurs des énormes changements intro-
                         t o m c n t î             cs


                      duits dans la Liturgie de nos églises.
       LIKIDENT          Avant d'offrir au lecteur le tableau de leurs opérations
 oui nmriuie le            .    ,        »   ,. .             .
                                                              n   n       , .
 ciiiiitiieiiL-uineiu sur le culte et 1 ofucc divin, nous ouvrirons notre récit par
                         u   n
J
 °iUur gK^ L
                            incident liturgique qui signala le commencement
                      de la période dont nous traçons l'histoire dans ce chapitre.
   Urbain v i H ,        En iiLp, Urbain VIII ayant, ainsi que nous l'avons
      i>oniifkui      dit, donné une nouvelle édition du Pontifical romain, dans
proinuigtiu'une laquelle il avait, d'autorité apostolique, introduit plusieurs
   spéciaVè'de        modifications et additions, il se trouva qu'une de ces mo-
  d oïi^ISSÎMITX dilîcations avait rapport à la promesse d'obéissance à
pour LES prêtres pjvcquc que doivent émettre les prêtres dans la cérémonie
                                                   1
réguliers, après                  *                                     . ,              ,
                             C   c u r       o r        n a       o n
L C
               ^ '
      " KCHOUT- "    0
                          ^ * ^ ' Le Siège apostolique avait jugé à pro-
               pos de prescrire que Icvcque, conférant l'ordination, exi-
               gerait cette promesse de la part des réguliers, non pour
               lui-même, mais pour leur supérieur, en ces termes : Pro-
               mittis pnvlalo ordinario lito pro lempore existenti      révè-
               rent iam et obedieniiam?    En effet, du moment que l'exis-
               tence des corporations régulières est admise par l'Église,
               il n'est nullement extraordinaire que cette partie du droit
               reçoive aussi ses applications dans les formes ecclésias-
               tiques : c'est le contraire qui devrait surprendre. Clé-
               ment VIII, il est vrai, dans la première édition du Ponti-
               fical, avait omis cette particularité; mais l'autorité de son
               successeur Urbain VIII, qui répara cette omission, était
               égale à la sienne, et le motif qui faisait agir ce dernier
 Convenante de pontife ne pouvait être plus rationnel. Le but de la pro»
 cette mesure.            ,           . , ,            .    ,
               messe d obéissance exigée des prêtres dans leur ordination,
               est, sans doute, de les lier â un centre ecclésiastique quel-
               conque. Ce centre naturel est Tévêque pour ceux qui
A.FFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN                    5
                                                                                1
doivent exercer le sacerdoce dans un diocèse en particulier;               PARTIE
                                                    *          ,        CHAPITRE XVH

mais, comme il est évident que les individus faisant partie                                     •
des corps réguliers doivent se transporter non-seulement
d'un diocèse à l'autre, mais d'un royaume, ou même d'une
partie du monde à l'autre, il suit de là que la promesse
d'obéissance émise par l'ordinand régulier à Tévèque qui
célèbre l'ordination deviendrait le plus souvent illusoire,
et que, par conséquent, la véritable dépendance à consta-
ter, en ce moment, est celle qu'il doit avoir à l'égard de
son supérieur de droit et de fait.
   L'Assemblée du clergé de it>5o témoigna néanmoins son               L'assembicc^du
déplaisir sur l'addition faite au Pontifical. « Le 1 7 août,               témoigne
     n*   A   1          •          '   -   » n 4       il'            son déplaisir ite
« 1 eveque de Lomminges représenta a 1 Assemblée que,                   c c l t c     addition
« dans l'édition du Pontifical imprimé à Rome, en 164b,                 a   u       Ponttikal
« l'ox avait ajouté un formulaire de serment particulier                    i^fo^fon
                                                                                           6
« pour les prêtres réguliers, lequel n'était point dans les                 'l^"^*"/
« autres pontificaux, dans lesquels il n'y a qu'un même
« formulaire, tant pour les réguliers que pour les sécu-
« liers, lorsqu'ils sont promus à Tordre de prêtrise; que
« le formulaire de serment des religieux, ajouté dans ledit
K Pontifical nouveau, porte : Proniittis prœlalo       ordinario
« tuo obedientiam,- au lieu qu'à celui qui est  >ur les
« prêtres, il y a : Promit tis pontifia  ordinario tuo obé-
itdieniiam, quand il n'est point son diocésain ; que parce
« mot de prcelato mis dans le serment des réguliers, ils
« prétendent n'être entendu que la personne de leur supé-
« rieur, qu'ils qualifient du nom de prélat; et, ce faisant,
« qu'ils ne se soumettent point à I'évêque ; qu'il croyait
« à propos d'en écrire au Pape, POI'R L ' E N A V I - R H R , et à
« Messeigneurs les Prélats ni- xi- P A S s'i-x SLRVIR. Ce qui
« ayant été trouvé raisonnable, Monseigneur de Corn-
« minges a été prié de faire les deux lettres.
  « Le 2 0 septembre, Monseigneur de Comminges se mit
« au bureau et fit lecture des deux dites lettres qu'il avait
« été chargé de faire. Ayant été trouvées dans le sens de
6                                COMMENCEMENT DE L A DEVIATION EN                                            FRANCE

    i n s t i t u t i o n s        «     l'Assemblée*                                  l ' o n ordonna de les envoyer, et les sieurs
     LITURGIQUES                                                                                     ,                              .   ,   

•                     « Agents furent charges d e n prendre soin (i). »
  Ktranjretcdc           Rien, sans doute, ne nous oblige à croire que l'Assein-
a u p r è s p a p e bléc de iG5o ne fut pas d'une parfaite bonne foi quand elle
  innocent         . î i ;    c   p p pc r    l'avertir des changements qu'oN
                                              v a       t       a u       a        e         0 U r


                     avait faits au Pontifical; bien qu'on doive trouver un peu
                     extraordinaire la lettre écrite en même temps aux évêques
                     du royaume pour leur donner avis de ne pas se servir de
                     ce Pontifical ainsi modifié. Quoi qu'il en soit, comme
                     l'édition du Pontifical de 1 Ô 4 5 avait été publiée à Rome
                     par autorité apostolique, et accompagnée d'un bref solen-
                     nel d'Urbain VIII, qui déclarait ce livre, dans sa nou-
                     velle forme, obligatoire par toute l'Eglise, il était difficile
                     à croire que les changements ou additions q u ' o x y avait
                     introduits n'eussent pas été introduits par le souverain Pon-
                     tife lui-même. Innocent X, qui tenait alors la chaire de
                     saint Pierre, reçut donc la lettre de TAsscmblécde i65o ;
                     mais, ou il ne jugea pas à propos d'y répondre, ou il y fit
                     telle réponse que le clergé n'eut pas lieu d'en être pleine-
                     ment satisfait.
    Kn u ï i î o ,      En ellet, dix ans après, l'Assemblée de T(3(>O s'occupa
    à l'occasion                                                                                                 .                                  ^       ^
       d'une                   encore de cette allai rc, mais on ne saurait s empêcher d être
    réimpression                                    ,            .        ..                . .                      . .,   -                   r           K


 d u Pontifical,              cl 1 raye des dispositions qu elle fit paraître. « Le  i août,
    nomm e Jes !   l
                              « Monseigneur l'évêque de Tulle dit que ceux qui doivent
                                       r e v 0              r         c
pour^^crïux                   *       ' ' Pontifical qu'une compagnie d'imprimeurs de
     moyens                   <( p j veulent faire imprimer, le sont venus trouver et
                                             a r    s
                                                                                                             r
    «empêcher
l'impression des               « lui en ont donné quelques épreuves, dans lesquelles ils
                                                                                                 1       1              1
      tonnulcs                                                                                                                  .                       
  favorables                  • lui ont fait remarquer qu'à l'endroit où les prêtres font
                              «
à l'exemption                           .                                      ,        ,    A               .          ,   .
 des réguliers.                «   le serment a I eveque lors de leur ordination, on y avait
                               « distingué celui que doivent faire les réguliers, comme
                              -« (t) Procès-verbaux des Assembléesle générales du qu'à leur supérieur
                                  s'ils ne devaient prêter serment Clergé, tom.III, p a g . (>io
                              cl ' m i. D a n s la m ê m e s é a n c e , l'cvêque de C o m m i n g c s se p l a i g n i t a u s s i d e
                              In f o r m u l e du s e r m e n t q u e doivent prêter, d'après le Pontifical d e rfi-p,
                              l e s a b b e s s c s e x e m p t e s , d a n s la c é r é m o n i e d e l e u r b é n é d i c t i o n .
AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN                                                             7

«    de religion, et non pas aux évêques qui les ordonnent;                                                                Œi   [ J£J™
                                                                                                                                p              .
«    et que, comme l'Assemblée de i65o en avait fait plainte
«    au pape Innocent X , et ai>aii même envoyé une lettre
«    circulaire à tous les évêques de France, pour les prier
«    de ne pas vouloir se servir de ce Pontifical ainsi rccor-
«    rîgé, I L I M P O R T A I T X P R E S E N T I ) ' E . M P Ê C H E R L ' I M P R E S S I O N ILE
«    C E L U I - C I , s'il riëtait conforme à celui que le pape Clé-
«    ment VIII aidait fait imprimer à Rome, et dont on s'est
«    toujours servi depuis. L'Assemblée a prié Monseigneur
<c   de Tulle et M. l'abbé de Colbert de voir lesdites épreuves
«    et de mander ceux qui doivent les revoir, afin de voir par
«    quel moyen on pourra empêcher cette impression, pour,
«    après en avoir fait leur rapport à la compagnie, y être
«    pris telle délibération qu'elle jugera nécessaire (i)« »
     Ainsi le prélat rapporteur jugeait que, du moment qu'on                                                                Les maximes,
             ,        ,       ,        .                                                                   .               mises en avant
avait adresse des plaintes au Pape sur un acte de sa juri-                                                                  par le clergé
 . . .                    ,                  /    .   *          ,           >                   I   T-I                     dans cette
diction, et qu on avait écrit a tous les eveques de France                                                                          affaire,
                                  /   j *             ^      /       -       ^   J   -   ^   J                             destructives de
de n avoir pas égard a cet acte, on était en droit de passer                                                                toute société,
outre, sans avoir reçu décharge d'obéissance de la part
du pouvoir auquel on s'était adressé. Avec de pareilles
maximes quelle société pourrait subsister ? Quel moyen
restait dès lors au clergé de parer les coups de la puissance
séculière, quand lui-même, dans son propre sein, don-
nait l'exemple fatal d'un refus de subordination ?
  Tout fut consommé en l'Assemblée de 1 6 7 0 . Voici les                                                             Mesures prises
                 j                         I_ 1       R                  A       TUT                               1 par l'Assemblée
termes du proces-verbal : « Le 4 août, Monseigneur de                                                                           de 1C70
« Tréguier a pris le bureau et a rapporté que, dans le                                                                 p
                                                                                                                           ? m adTiïion" '     C1




« Pontifical romain qui a été imprimé en 1 6 4 5 et 1 6 6 4 , il                                                            ponJIficaUn
« se trouve des additions et des restrictions qui ne sont pas                                                                   fayeurde*
                                                                                                               "                réguliers
« aux anciens pontificaux : et en ayant fait remarquer les                                                                      exempts.
« endroits à la compagnie, l'Assemblée, après y avoir fait
« ses réflexions, a cru l'affaire d'assez grande importance
« (1) Procès-verbaux du Clergé, t odesI V commissaires, et pour cet
   pour être examinée par m . , pag. 7 9 3 .
8            COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE

INSTITUTIONS   « effet, Monseigneur le président a nommé Messeigneurs
LITURGIQUES             ,   A



1       1
    •          « les eveques de Montauban, de Treguier et de La R o -
               « chelle, et Messieurs les abbés de Chavigny, de Valbelle
               < et de Fromenticrcs.
                 *
                    « Le 2 4 septembre, Monseigneur l'évêque deMontau-
               « ban a dit qu'il avait rendu compte à la compagnie d'une
               (
                c commission qu'elle lui avait donnée, concernant le P o n -
               te tifical romain, où, dans les nouvelles éditions, il a été
               « changé quelques endroits; ce qui semble avoir été fait
               « dessein, afin que les réguliers paraissent être seulement
               « soumis à leur supérieur dans les temps de l'ordination,
               * et non pas ;i Tévêquc ; ce qui étant d'une                dangereuse
               « conséquence,     porta l'Assemblée de iG5o d'en écrire au
               « Pape ; mais       comme    depuis  O N n'y    a pas  remédié,      il
               a   estime  qu'il serait  à propos  de le faire,   en faisant réim-
               « primer la Messe pontificale        dont il n'y a plus d'exem-
               « plaircs à vendre, et que l'impression fut conforme à
               « l'ancienne manière de parler ; et en faire une lettre à
               « tous Messeigneurs archevêques et évêques du royaume,
               « pour leur en donner avis. Sur quoi Monseigneur le
               « président a dit que ces expédients sont très-judicieux, et
               « qu'il faudrait joindre à l'édition de la messe la cérémonie
               « de la bénédiction des abbesses, conformément à l'ancien
               « usage; mais comme la compagnie n'était pas complète,
               « elle a remis à y délibérer quand elle sera plus nombreuse.
                   « Le 1 4 octobre de relevée, Monseigneur de Mon-
               « tauban a dit qu'il avait examiné, avec Messeigneurs les
               « commissaires, les articles qu'on avait insérés dans les
               « nouvelles éditions du Pontifical romain, oh ils ont           trouvé
               « D E S N O U V E A U T É S préjudiciables   à l'autorité   des   évêques;
               «                              serait de faire imprimer de nou-
                   Q U E L E M E I L L E U R REMÈnu

               «   veau la Messe pontijicale,    selon les exemplaires anciens.
               «   Ce qui a été ordonné en même temps au sieur Vitré,
               «   suivant les mémoires qui lui seront donnés par Messei-
               «   gneurs les commissaires. »
AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN                                                   9

     a   Le    12   novembre, Monseigneur de Trégîiier a dit que le                                                      PARTIE*
                                                                                                                     CHAPITRE XVII

 « sieur Vitré, qui avait été chargé d'imprimer les Messes -                                                                                                 •
 « pontificales, & dit qu'ayant été chez les libraires pourvoir
 « s'il en trouverait assez pour en fournir tous les diocèses
 « du royaume, en cas qu'on en eût besoin, il avait trouvé
 « qu'il y en avait suffisamment, et qu'il faudra        seulement
« en imprimer                 quelques       feuilles        pour        les mettre         dans      Vêiat
 « que                désire qu'elles soient mises, par sa dé-
             VAssemblée
« libération; que cela serait d'une grande épargne pour
a le Clergé, et ferait même qu'il ne resterait plus de ces
« messes pontificales   imprimées qui ne fussent corrigées.
« L'Assemblée                  a approuvé             cet   expédient,              et a prié         Mon-
« seigneur          de        Tréguier           de     tenir       la       main     à   ce que       cela
« s'exécute         ainsi        (i).    »
  Ainsi fut décrétée l'altération d'un livre liturgique reçu                                                      Gravite de
                                                                                                                c e t t c          co
 ,         IN'-I I-      1 •       • • 1          •       • I- '                                                       »duite
dans toute I h g l i s e latine ; ainsi le souverain pouvoir litur-                                             de l'Assemblée
                         .                                                      _     . ^    -       1> *        qui, après avoir
gique qui avait deja reçu une première atteinte dans 1 As-                                                                     consulté
semblée de 1 6 0 6 , par l'irrégulièrc insertion du nom du «                                                                   sanïteni?
roi au canon de la messe, en reçut une seconde bien plus j                                                            e    S   a°r^ponsc
                                                                                                                n,        tferc            n   l i v r e
violente dans les Assemblées de i 6 5 o , 1 6 6 0 et 1 6 7 0 , Du .                                                                    v
                                                                         1
                                                                                                 *                   liturgique et
                                                                                                                     01            a              n t c 11
moins, en 1 6 0 6 , on n'avait pas pris la peine de consulter le P * ^ "*j|                                                                      l l


Siège apostolique avant de formuler un refus positif de discipline
     1   .                                   .                                                                             genérnlc,
d'obéissance à ses prescriptions. On n'avait pas dit et inséré
au procès-verbal des délibérations, qu'une mesure prise par
l'autorité apostolique était d'une dangereuse              conséquence;
qu'un des livres les plus vénérables, les plus sacrés qui soient
dans l'Église, un livre garanti par le Saint-Siège, renfer-
mait des nouveautés     préjudiciables    à         Vautoritêdesévêques;
comme si l'Église romaine n'avait pas, dans tous les
siècles, maintenu, pour le bien de la chrétienté, l'autorité
inviolable de l'Épiscopat. Il est vrai que, depuis bien des
siècles, de concert avec les évêques eux-mêmes, Rome
avaitProcès-verbaux des Assemblées du des privilèges pag. bi et i5.'i.
  (1)
       cru devoir assurer par clergé, tom. V, spéciaux les
IO                              COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE

    INSTITUTIONS    grands biens produits par les réguliers ; mais-cette disci-
                                                                    r       r
    LlTUftGIQUES    °                             ,                     .                    t   s

•                  • pune étant universelle et promulguée par les canons des
                    conciles oecuméniques et par les bulles des papes, deux
                    choses devaient nécessairement être considérées avant tout
                     par ceux auxquels elle aurait déplu. La première, qu'une
                     discipline revêtue d'une sanction aussi sacrée ne pouvait,
                     en aucune façon, être contraire à la constitution essentielle
                                          1
                     de l Eglise; autrement, il faudrait dire que l'Eglise aurait
                     erré sur la discipline générale, ce qui est hérétique. La
                     seconde, que l'exemption des réguliers étant une loi géné-
                     rale de l'Église, toutes les atteintes qui lui seraient portées
                     par un pouvoir autre que le pouvoir universel du con-
                     cile œcuménique ou du souverain pontife, seraient illicites
                     et nulles de plein droit.
         Les            II y a donc contradiction de principes toutes les fois que,
gouvernements               I                               / T.                    -I                   <   * n
      ennemis           dans une église particulière, il est porte atteinte a 1 exemp-
                    t           o n               c s   c o r   s
toujours'^oussé         *                     ^
                                   P réguliers, et voilà pourquoi les gouverne-
                    m       c   n     t       s
      co^b^tre                ennemis de l'Église ont toujours poussé le clergé
rexemption des          qui leur est soumis à annuler, par des règlements spé-
                        l
   réfluhers.  .                                                                .   n    j       *   r
                     ciaux, 1 existence exceptionnelle des réguliers, et ont même
                      décrété, comme loi de l'État, la soumission des réguliers
                      aux ordinaires.- Rappelons-nous Joseph II en Allemagne,
                      Léopold en Toscane, Ferdinand IV à Naplcs, les arche-
                      vêques électeurs à Ems, les Cortès de 1 8 2 2 en Espagne,
                                                           41
                      Nicolas I 'en Pologne, les articles de Baden, en 1 8 3 4 ,
                    • pour la Suisse, etc. Ceci demande une histoire à part, et
                      nous n'avons ici à traiter cette question que dans ses seuls
                      rapports avec l'incident liturgique qui nous occupe. Nous
                      dirons seulement que cette altération du Pontifical coïncida
                      avec la fameuse déclaration de l'Assemblée de 164b sur
                   ' les réguliers, déclaration dont Tellet avait été préparé dans
                      l'opinion par laPelms     Aurelius, par le livre de Hallier,
                      sur la hiérarchie, etc., et qui fut bientôt suivie de la cen-
                      sure du livre deJacques Vcrnant par la Sorbonne, censure
                      censurée elle-même par Alexandre VII, dans une bulle
TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL                            II

doctrinale qui fut reietée en France. Mais, sans entrer                               »
                                                                                      PARTIE
 .                          .           .                          .             CHAPITRFI XVII

dans toutes ces questions qui sont a un autre sujet, nous
avons à noter ici un acte solennel par lequel les prélats
français déclarent qu'ils ne sont point tellement obligés à
suivre les livres liturgiques de Rome reçus par eux, qu'ils
n'en puissent à l'occasion juger et modifier le texte, et ce,
sans avoir besoin de l'autorisation apostolique.
   Pendant que les Assemblées du clergé, si zélées d'ail-      La secte
leurs contre les nouveautés, donnaient ainsi le fatal c o m m u ^ s o n
exemple d'une atteinte portée à la Liturgie universelle, la îcrprîïcfpe^ïe
                                                                                      1   s u r   l a
secte janséniste poursuivait, avec une audace toujours - ^ s ' ^
        1               r           7
                                                                       '       Liturgie par la
croissante, ses plans ténébreux. Elle marchait à son                       but     traduction
                    A
                                            *                                     française du
en attaquant les principes de "Eglise sur la Liturgie. Son Missel romain,
coup d'essai public, en ce genre, fut la publication d'une
 traduction française du Missel.romain.
                                                        e
    Nous avons, dans notre chapitre xiv , assigné comme Les jansénistes,
le huitième caractère de l'hérésie antiliturgiste, la haine i prôîêstants,       cs


pour tout ce qui est mjr térieux dans le culte, et spéciale- ^ b a n n ^ t o u t
                                S


ment pour l'emploi d'une langue sacrée inconnue au de ffîîuurgie.
peuple. Les réformateurs du xvi° siècle, ancêtres naturels
des jansénistes, avaient inauguré les traductions de l'Écri-
tUre sainte en langue vulgaire, comme le plus puissant
moyen d'en finir avec la tradition, et d'affranchir l'intelli-
gence des peuples du joug de Rome  en même temps, ils
réclamèrent l'emploi exclusif de la même langue vulgaire
dans la Liturgie. Par là le culte se trouvait purgé de toute
tendance mystique, et le dernier des fidèles devenait à
même de juger de sa croyance, et conséquemment de sa
pratique. Les novateurs français du xvn° siècle n'avaient
garde de s'écarter d'une ligne de conduite si éprouvée, et,
en attendant le Nouveau Testament de Mons, que Port-
Royal publia en 1 6 6 6 , et qui excita de si grands troubles
,    1 ) T   Î,                                 T   1       1 TT . .              Le docteur
dans 1 Eglise, des 1 6 6 0 , le sieur Joseph de Voisin, doc- de Voisin .
teur de Sorbonnc, faisait paraître, avec l'approbation des ïnc'traduction
vicaires généraux de Paris, un ouvrage en cinq volumes, M?s^f romam.
12                          COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
                                                              L   e
 MÏÏROÎOÎUES              I   N   T   I
                                       Missel romain, selon le règlement du concile
                                          T   U   I   É   :




~~"                       de Trente, traduit en français,     avec l'explication    de
                          toutes les messes, etc. Dans leur permission, les vicaires
                          généraux s'étayaient d'une approbation de la Sorbonne
                          qui se trouva être supposée, ainsi qu'il conste d'une décla-
                          ration donnée l'année suivante par la même Faculté, et
                          dans laquelle les docteurs attestent d'abord qu'ils n'ont
                          point donné la prétendue approbation; qu'il la vérité on
                           les avait consultés sur un ouvrage, mais qu'on ne leur
 La Sorbonne               avait parlé que d'une explication  des messes de l'année,
proteste contre                                                   n           j   .
      cette     et                            non d une traduction                    du Missel         en langue           française;
publicationque                                                                                                                *
   l'tm disait  qu                            elle ne pourrait donc s empêcher d improuver 1 appro-
  appromée      .                                                                         , ,   ,         ,                    .
      par elle.               bation qui, dit-on, aurait ete donnée par quelques
                              membres de son corps, puisque déjà elle s'est vue dans
                              le cas, en i(>55, de refuser 5 0 1 1 autorisation à une traduc-
                              tion française du Bréviaire romain, et en 1 6 4 9 , à une
                              crsion du Nouveau Testament en langue vulgaire. La
                              Sorbonne rappelle ensuite sa fameuse censure de 1 0 2 7 ,
                              contre les propositions d'Érasme, dont une, entre autres,
                              exprimait le désir de voir les saintes Écritures traduites en
                              toutes les langues ( 1 ) .
 1
     mnjàmnië         n
                                 L'Assemblée du clergé de Mïlïo, se montra fidèle, dans
par l'Assemblée c c t t c           occasion, à ces vénérables traditions qui n'auraient
                                                                          1                                       1
   du cierge                                                                                                                       .
     en IF)))»   jamais                                       dû périr chez nous. Elle condamna la traduction
                                                                      1
 et pur un bref '         *                                                           ,             ,         *       • •
d'Alexandre   vu duMisscl en langue vulgaire par le sieur de  oisin,et pour
      L n         :
            "    qu'il ne manquât rien à la solennelle réprobation de l'at-
                 tentat qui venait d'être commis contre le mystère sacré de
                 la Liturgie, un bref d'Alexandre VII, du 1 2 janvier 1 6 6 1 ,
                 vint joindre son autoritéirrétragablcàlasentcncequ'avaient,
                 en première instance, rendue les évêques de l'Assemblée.
                 Le Pontife s'exprime ainsi. « Il est venu à nos oreilles et
                 « nous avons appris avec une grande douleur que, dans
                 « (1) D'Argcntrc. CoUectio Judicioritm, tom. III, pag. 81.
                    le royaume de France, certains lils de perdition, curieux
TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL                              l3
                                                                                             1
« de nouveautés pour la perte des âmes, au mépris des                                          p a r t i e
                                                             '                             CHAPITRE XVII

« règlements et de la pratique de l'Eglise, en sont venus
« à ce point d'audace que de traduire en langue française
« le Missel romain, écrit jusqu'ici en langue latine, sui-
« vant l'usage approuvé dans l'Église depuis tant de
« siècles ; qu'après l'avoir traduit, ils ont osé le publier
« par la presse, le mettant ainsi à la portée des personnes
« de tout rang et de tout sexe, et, par là, qu'ils ont tenté,
« par un téméraire effort, de dégrader les rites les plus
A sacrés, en abaissant la majesté que leur donne la
A langue latine, et exposant aux yeux du vulgaire la di-
TE gnité des mystères divins. Nous qui, quoique indigne,
« avons reçu le soin de la vigne du Seigneur des armées,
« plantée par le Christ notre Sauveur, et arrosée de son
« précieux sang, voulant ôter les épines qui la couvri-
« raient si on les laissait croître, et même en couper jus-
« qu'aux racines, autant que Nous le pouvons par le
« secours de Dieu, détestant et abhorrant cette nouveauté
A qui déformerait l'éternelle beauté de l'Église et qui en-
TE gendrerait facilement la désobéissance, la témérité,                                N


 « l'audace, la sédition, le schisme, et plusieurs autres
 « malheurs; de .notre propre mouvement, de notre
 « science certaine et mure délibération, Nous condam-
 « nons et réprouvons le susdit Missel traduit en français.,
 « défendant à tous les fidèles du Christ de l'imprimer,
 « lire ou retenir, sous peine d'excommunication, mandant
 « à iceux de remettre aux ordinaires ou aux inquisiteurs
 « les exemplaires qu'ils ont ou pourraient avoir dans la
 « suite, afin que ceux-ci les fassent immédiatement jeter
 « au feu (i). »
    Tout catholique verra, sans doute, à la gravité du lan-                                D'après le droit,
           .   -,      .   r           .   ...   .       .       .    .           .        toute traduction
gage du Pontilc romain, qu il s agissait dans cette occasion                                du canon de la
 JI            ce •            „   *                 I           J>       J   I             messe, comme
d u n e affaire majeure; mais plus d un de nos lecteurs                                     de l'Écriture,
                                                                                               doit être
                                                                                           accompagnée de
      (i) Vid. la Note A.                                                                   commentaires.
14      COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
  INSTITUTIONS   s'étonnera, peut-êtfre, après ce que nous venons de rap-
  LITURGIQUES.
                 porter, de l'insensibilité avec laquelle on considère au-
                 jourd'hui un abus qui excitait à un si haut degré le zèle
                 d'Alexandre VII. Aujourd'hui, tous les fidèles de France,
                 pour peu qu'ils sachent lire, sont à même de scruter ce
                 qu'il y a de plus mystérieux dans le canon de la messe,
                 grâce aux innombrables traductions qui en sont répandues
                 en tous lieux ; la Bible, en langue vulgaire est, de toutes
                 parts, mise à leur disposition : que doit-on penser de cet
                 état de choses ? Certes, ce n'est pas à Rome que nous le
                 demanderons : bien des fois, depuis Alexandre VII, elle
                 s'est exprimée de manière à ne nous laisser aucun doute;
                 mais nous dirons avec tous les conciles des trois derniers
                 siècles, que l'usage des traductions de l'Ecriture sainte,
                 tant qu'elles ne sont pas accompagnées d'une glose ou de
                 notes tirées des saints Pères et des enseignements de la
                 tradition, sont illicites, et, avec l'autorité du Saint-Siège
                 et du clergé de France, nous assimilerons aux versions de
                 l'Écriture prohibées, toute traduction du canon de la
                 messe qui ne serait pas accompagnée d'un commentaire
                 qui prévienne les difficultés. D'autre part, nous confessons
                 avec tous les catholiques qu'il y a un pouvoir de dispense
                 dans l'Église, et il n'est pas le moins du monde dans notre
                 sujet d'en rechercher les règles d'application. Nous pour-
                 suivrons donc notre récij.

  ]/Assemblée        L'Assemblée du clergé de France de 1 6 6 0 sentit si par-
    du clergé
   de France      faitement la portée que pouvait avoir la traduction du
  blâme cette
 traduction en    Missel, comme fait liturgique, et le rapport intime qui
       K)<Ï0,     règne entre l'Écriture sainte et la Liturgie, qu'elle décréta
   mais le bref
d'Alexandre VII qu'il serait publié au nom du clergé une collection de tous
n'est pas exécuté
 et le travail du les passages des auteurs graves qui ont traité, soit ex
     docteur
    de Voisin     professo, soit en passant, de l'inconvénient des traductions
  est répandu
   à profusion de l'Écriture et de la Liturgie en langue vulgaire. Cette
      parmi                                                  0

 les protestants collection parut en 1 C 6 1 , chez Vitré, in-4 . Malheureuse-
    convertis.    ment, une de ces inconséquences dont l'histoire ecclésias-
TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL                            l 5

tique de France présente un grand nombre d'exemples au
                            r
                                                                                        * p a r t i e
 ^                                               "    ,                              CHAPITRE XVII
       e
xvii siècle,, vient encore se presenjer sous notre plume.
LouisXIV, ayant jugéà propos de révoquer l'Édit de Nantes
et un grand nombre d'abjurations ayant suivi cet acte fa-
meux, on jugea nécessaire de prévenir les nouveaux conver-
tis contre le retour de leurs anciens préjugés, et pour cela,
on leur mit en main des traductions de la messe. C'est ce
que nous apprend assez familièrement Bossuet dans sa
correspondance, si importante à consulter pour quiconque
tient à connaître l'histoire de l'Eglise de France à cette
époque. « Le bref contre le Missel de Voisin, donné par
« Alexandre VII, dit Bossuet, n'a jamais été porté au
« parlement, ni les lettres patentes vues. On n'a eu, en
« France, aucun égard à ce bref, et l'on fut obligé, pour
« l'instruction des nouveaux catholiques, de répandre des
« milliers d'exemplaires d e l à messe en français (i). »
   Voilà, certes, beaucoup de chemin fait en peu de temps. Déplorable^
En 1 6 6 0 , une Assemblée du clergé défère un livre au inconséquences.
Saint-Siège, après l'avoir elle-même censuré ; le souverain
pontife répond à la consultation du clergé par un bref
dans le sens de l'Assemblée : la cause paraît finie,'et trente
ans après un évêque d'un si grand poids nous révèle que
ce bref n'a été jugé d'aucune valeur, par le motif qu'il n'a
jamais été porté au parlement, et que les évêques ont cru
pouvoir, nonobstant un jugement si solennel, enfreindre
les plus formelles défenses qu'ils avaient eux-mêmes pro-
voquées. Il est vrai que les évêques de l'Assemblée de
 t66o avaient pris l'alarme, voyant la Liturgie ébranlée
dans ses bases, et devinant le vœu secret des novateurs
qui, par leur prétention d'initier les fidèles à l'intelligence
des mystères sacrés, au moyen des traductions en langue
vulgaire, ne faisaient autre chose que continuer le plan de
leurs prédécesseurs ; tandis que les évêques des quinze

 (1)       Correspondance       de Bossuet,   loin.   XLII,   pag.   4 7 4 .
l6    COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE

  INSTITUTIONS    dernières années du xvn° siècle n'avaient en vue que de
  LITURGIQUES
                  dissiper les préjugés des protestants nouvellement conver-
                  tis. Mais n'y avait-il pas d'autre mesure qu'une traduction
                  pure et simple du canon de la messe ? fallait-il compter
                  pour rien les prescriptions du Saint-Siège, du concile de
                  Trente, lorsqu'on avait le moyen si facile et mis en usage
                  en tous lieux, excepté en France, de joindre au texte un
                  commentaire qui arrête les objections, une glose qui ne
                  permet pas que l'œil du lecteur profane et illettré perce des
                  ombres qui garantissent les mystères contre sa curiosité.
                   Du moment que le peuple peut lire en sa langue, mot
                  pour mot, ce que le prêtre récite à l'autel, pourquoi ce
                  dernier use-t-il d'une langue étrangère qui dès lors ne
                  cache plus rien ? pourquoi récitc-t-il à voix basse ce que
                  la dernière servante, le plus grossier manœuvre suivent
                  de l'œil et peuvent connaître aussi bien que lui ? Deux
                  conséquences terribles que nos docteurs antiliturgistes ne
                  manqueront pas de tirer avec toute leur audace, ainsi
                 qu'on le verra dans la suite de ce récit.
  La Sorbonne        A peine les foudres de l'Église avaient cessé de retentir
    conclatn ne
    un recueil   contre la traduction du Missel, que la Sorbonne, encore
    ite prières,
 publié par un fidèle à une orthodoxie dont elle devait plus tard se dé-
 sieur de Laval,
comme donnant partir honteusement, signalait une nouvelle entreprise de
des traductions l'esprit de secte, voilée sous des formes liturgiques. Cette
  infidèles des
       prières   fois encore, le piége était dirigé contre les simples fidèles.
   de l'Église
    et sentant    Un sieur de Laval avait publié, à Paris, un livre intitulé :
     l'hérésie.
                 Prières pour faire en commun, le malin et le soir, dans
                 une famille    chrétienne, tirées des prières de VEglise; et
                 ce livre était arrivé jusqu'à la cinquième édition. La
                 Faculté qui avait pris l'éveil à l'occasion du Missel de
                 Voisin, examina ce livre en même temps, et le signala,
                 dans la déclaration de I G Ù I , que nous avons déjà citée,
                 ' comme renfermant d'infidèles traductions des prières de
                 <
                 « l'Église, des choses fausses, ambiguës, sentant l'hérésie
                 « et y induisant, sur la matière des sacrements, et renou-
RITUEL D ALET                              17
« vêlant les opinions récemment condamnées sur la grâce, C H A M T M ^ X V U
« le libre arbitre et les actes humains (1). »                              ~'
                                                                                    p
   Mais quelque chose de bien autrement grave se prépa- £ÎjJkf d'Aiet          du


rait dans les arsenaux de la secte qui avait formé l'odieux par î'éveque
                                                               Nicolas
projet d'atteindre le dogme et la morale chrétienne par Pavillon en
                                                                1667.
la Liturgie. On avait eu en vue les simples fidèles dans la
traduction du Missel et dans les Heures du sieur de Laval;
on songea à atteindre le clergé dans un livre qui fut spé-
cialement à son usage. Il n'y avait pas moyen encore de
songer au bréviaire et au Missel : le Rituel parut être un
véhicule favorable aux doctrines qu'on voulait faire pré-
valoir. Ce livre, qu'un usage déjà ancien en France avait
rendu le répertoire de l'instruction pratique du saint mi-
nistère, aussi bien que le recueil des formules de l'admi-
nistration des sacrements, parut le plus propre à servir
les desseins du parti. U n de ses chefs les plus zélés, Pavil-
lon, évèque d'Alet, osa insérer, dans le Rituel qu'il publia
en 1667 pour son diocèse, plusieurs des maximes de Saint-
Cyran et d'Arnauld, sur la pratique des sacrements. Le
travail fut même revu par Arnauld lui-même, qui avait
succédé à Saint-Cyran dans la dictature du parti.
  Ceux qui savent l'histoire et la tactique du jansénisme,                          Tactique
                                                                                 du jansénisme
connaissent l'art avec lequel ses adeptes étaient parvenus à                     qui, sans nier
                                                                                    la vertu
recouvrir leurs dogmes monstrueux du vernis menteur                             des sacrements,
                               ,   ,                              ^   ,   M     les anéantissait
d une morale plus severc que celle de rhglise, dont ils                                 quant   à l'effet
proclamaient le relâchement. Ils voulaient, disaient-ils,                               inaccessibles,
ramener les institutions des premiers siècles, qui seuls
avaient connu la vraie doctrine. Sans nier encore la vertu
des sacrements, ils venaient à bout de les anéantir quant
à l'usage, en enseignant que VEucharistie     est la récom-
pense d'une piété avancée et non d'une vertu     commençante;
que les confessions fréquentes     nuisent d'ordinaire    puis-
qu'elles ne servent; que Vabsolution ne doit     régulièrement

   1; D'ARGENTRÉ.   Collectif) Judiciorum.   LOIN. IIJ.   Ibid.
       T.   RR
l8       COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE
                          t r e
   muRoiQUEs             ^     donnée qu'après l'accomplissement      de la pénitence;
                         qu'i/ est à propos de rétablir les pénitences publiques, etc.
                         Chacun sait qu'avec de pareilles maximes, les religieuses
                         de Port-Royal, le fameux diacre Paris, et mille autres, en
                         étaient venus à conclure que la communion pascale, sup-
                         posant une familiarité par trop grande avec Dieu, la per-
                         fection était de l'omettre entièrement. Dans la suite, on
                         alla plus loin, et on passa de l'isolement à l'égard des
                        choses saintes au blasphème et à l'apostasie. Quant aux
                         effets que produisit sur les catholiques de France ce rigo-
                         risme, qui se glissa, du moins en grande partie, dans les
                         livres et l'enseignement de plusieurs théologiens ortho-
                        doxes d'ailleurs, on peut dire qu'il porta un coup funeste
                        aux mœurs chrétiennes, en rendant plus rare l'usage des
                        sacrements, devenus, pour ainsi dire, inabordables. On
                        sait que le parti n'épargna rien pour décréditer et oppri-
                        mer le clergé régulier et la Compagnie des Jésuites sur-
                        tout, parce qu'il savait et la popularité dont jouissaient les
                        membres de ces corporations, et leur éloignement éner-
                        gique pour une morale aussi opposée à celle de Jésus-
                        Christ.
 ces maximes           Or les maximes que nous venons de citer se trouvaient
   P r
  etapV^K]uJes professées etappliquées danscent endroits du Rituel d'Alet :
  RiLucïVAieL       quoiqu'on eut cherché avec un soin extrême à ne pas em-
                    ployer des termes trop forts, pour ne pas donner d'om-
                    brage au Siège apostolique, qui déjà avait foudroyé le
                    livre de la fréquente Communion du docteur Arnauld, et
                    plusieurs autres productions analogues du parti. Rome
                    n'en vit pas moins tout le venin dont les ennemis de la
                    vraie foi avaient su empoisonner une des sources les plus
                    sacrées de la Liturgie.
   C l é m e n t IX    Clément IX, pontife dont la secte a plus d'une fois
le RitucV3"iet vanté la tolérance, mais qui fut seulement un fidèle et
  par un b r e f              *    . . .          ,              I   r» •       /-M '
LUIO     avrii I(io«.   prudent administrateur du troupeau du beigneur, Clé-
                        ment IX, dès l'apparition du Rituel d'Alet, signala son zèle
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  • 1. INSTITUTIONS LITURGIQUES PAR F.K K. P. DO Aï P R O S P E R GUKRANGKK ABBÉ DE SOLESMKS Sana* PuniifîdJ Juri-i cl sucra? Litur^ci traJi:ionc« laboacentos confovcrc. DEUXIÈME ÉDITION l ' O M K I) K 1" X I KM K SOCIKTK CKNKUALK 1)K LIBKA1KIK CATHOI.IQUK Vicio» 1WLMK, éditeur des Bollandistes^ DIRECTEUR GÉNÉRAI. PARIS BRUXKIJ.KS jO, rue rft'A Saints-Pires, yh 2 g, rue des Paroissiens, I 8 8 0
  • 2.
  • 3. Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2008. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
  • 4.
  • 6.
  • 7. PRÉFACE En donnant enfin au public le second volume de nos L'auteur justifie le retard Institutions Liturgiques, nous éprouvons le besoin de ^p'ubHèHe b e L 0 I u i v o I u m e justifier le retard que nous avons m i s a satisfaire à des - engagements réitères. Certes, nous pouvons nous rendre ce témoignage, que notre bonne volonté est demeurée entière; mais nos forces affaiblies par un long malaise n'ont pas servi notre cou- rage, et nous avons vu les mois, et presque les années, s'accumuler, sans nous rendre cette vigueur qui pourtant nous était nécessaire pour achever la rude tâche que nous nous étions imposée. D'un autre côté, les nécessités du plan que nous nous sommes tracé, exigeant impérieusement que nous ne fissions pas trop attendre la dernière partie de cette Intro- duction historique, il nous a fallu subir les exigences du sujet, et, partant, donner au présent volume une dimen- sion presque double de celle à laquelle nous avions cru devoir étendre le premier. a
  • 8. VI PREFACE Ce long délai £ ) moins, ce long délai, durant lequel nous avons reçu u 7 1 a au moins ° * i e s à manifester instances les plus vives et les plus multipliées pour la quel intérêt • • I N . paraît devoir coniinuation de 1 ouvrage, aura servi a manifester 1 intérêt en s'attacher France aux qui désormais parait devoir s'attacher aux études litur- lirurpique*. gjq U C S s j longtemps éclipsées en France. Assurément, lorsque nous prîmes la plume pour écrire sur ces matières, nous étions loin de nous attendre que notre faible travail dût exciter aussi vivement l'attention des catholiques, et que le siècle fut en mesure de témoigner tant de s3'mpathie pour une oeuvre que plusieurs pouvaient croire surannée dans son objet, et que certains symptômes semblaient signaler a l'opinion comme étant tout au moins dépourvue de ce qu'on est convenu d'appeler aujourd'hui actualité. Nous bénissons le Père des lumières qui a bien voulu qu'il en fût autrement; car ce travail a été entrepris dans des intentionspures^ et ce nous est une grande joie de voir se préparer un retour vers l'étude el l'amour des pieuses tra- ditions des âges catholiques. Profès d'un Institut qui place en tete de tous ses devoirs le Service liturgique, il est naturel que nos désirs et nos efforts se tournent vers ce but auquel nous avons voué avec bonheur notre vie tout entière. Nécessité d'une Mais avant d'ouvrir la source des mélodies, avant d'ex- introduction historique pliquer les mystères célestes, il nous fallait tracer un r 1 J en téte de toute l'œuvre. tableau général des vicissitudes de la Liturgie, raconter sa marche à travers les siècles, son admirable progrès, ses altérations en quelques lieux; arriver ainsi à établir l'as- pect général de cette immense forme du catholicisme. Cet aperçu, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, était indispen-
  • 9. PREFACE Vil sable, tant pour asseoir sur la base inébranlable des faits la partie didactique de l'ouvrage tout entier, que pour subvenir aux besoins des personnes qui ne possèdent point un ensemble sur la matière des faits liturgiques. Et le nombre de ces personnes est plus grand que nous Beaucoup de personnes, ne l'aurions pensé. On rencontre des hommes versés dans nième versées x dans les sciences les sciences ecclésiastiques, récitant chaque jour les heures c L e p sleL?en t n 0 < S, , . . . pas la m o i n d r e canoniales dans un bréviaire, célébrant la sainte messe noiion sur la révolution dans un missel, et avouant avec simplicité ne s'être jamais linéique, x opérée préoccupés de savoir les noms des rédacteurs de ce bré* ^V^e"ïvm* . . * . . . . . . . siècles. viaire, de ce missel, qu ils ont sans cesse entre les mains. Bien plus, un écrivain exact, .et môme minutieux, l'auteur des Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique pen- e dant le XVIII siècle, en est venu jusqu'à oipettre, dans son livre, le récit d'un si grand fait que le changement de 0 la Liturgie dans l'Eglise de France au xvni siècle. C'est à peine si on trouve, dans ses quatre volumes, quelques mots épars, à l'aide desquels on puisse se douter qu'une révolution quelconque ait eu lieu chez nous dans les choses du service divin, tandis qu'il est matériellement in- contestable que rien d'aussi grave sous ce rapport ne s'était opéré dans nos églises, depuis l'époque de Charlemagne. L'histoire des deux derniers siècles liturgiques devra Certains esprits pou rront tro c : ill,ts donc paraître quelque peu étrange à certains esprits pré- "'p " i " l n t s occupés qui n'aiment pas qu'on les dérange, ou qu'on trouble leur quiétude. Il est des hommes qui voudraient qu'on ne parlât jamais des choses auxquelles ils n'ont pas l'habitude de songer, et qui se trouvent portés à nier de
  • 10. VIII PREFACE prime abord ce qu'ils ne rencontrent pas dans leurs sou- rds lecteurs venirs. Quoi qu'il en soit de l'effet que peut produire sur x x sans préjuges * c c s justlcc°aùx derniers la lecture de cette histoire, nous nous flattons efforts que ce , I , , . . . travail du moins que les lecteurs sans préjuges rendront justice a nécessités. aux cilorts qu il nous a fallu faire pour en rassembler les matériaux, tout imparfait d'ailleurs que puisse leur sembler le résultat. La science Mais il est un avertissement que nous croyons devoir du l'histoire du jansénisme déposer ici pour l'utilité de plusieurs personnes. Il con- 1 est nécessaire s l s t e r a t o u t la^timtiondc " simplement à dire que quiconque n'est pas de France au familiarisé avec l'histoire du jansénisme, ne saurait jamais xvin« siècle. . . . . , , „ qu imparfaitement saisir la situation de 1 hghse de France au xvin" siècle. Si donc on avait oublié la Distinction du fait et du droit, le Cas de conscience, les Réflexions morales, le Problème ecclésiastique^ VAppel et le Réappel) les lléxaples de la Constitution, le Figurisme, le Secou- risme, la reuue d'Elie, etc. ; si on ne savait plus ce que la secte appelait la Vérité, VObscurcissement ; si on ne s'était pas familiarisé avec les Huiles Vineam Domini Sabaolh, — TTnigeniius, — Auclorem Jidei; si on était porté à confondre les évéques constitutionnaires et les éveques constitutionnels, etc., etc., il faudrait bien s'at- tendre à trouver quelques étrangetés dans notre histoire liturgique. Depuis bientôt deux siècles, le jansénisme est le grand fait religieux de l'Eglise de France; et ses in- fluences qui, grâces à Dieu, s'en vont s'éteignant de jour en jour, ont été incalculables. Dieu permettra, sans doute, que les derniers restes de cette ivraie maudite disparais-
  • 11. PREFACE IX sent bientôt du champ du Père de famille; mais il nous semble grandement salutaire que les catholiques n'oublient pas trop vite les artifices de leurs ennemis. Le jansénisme a été le protestantisme de notre pays, le seul qui ait su se faire accepter; il importe donc qu'on s'en souvienne. Pour en revenir au présent volume, certaines personnes La conviction seule ayant remarqueront peut-être qu'il est écrit avec quelque cha- 0 P ^ ^ 1 1 6 1 1 * leur: nous ne pensons pas cependant qu'elles aillent jus- inipissibic de qu'à s'en plaindre. Dans ce cas, nous leur répondrions montrer dans ses paroles. que la conviction seule nous ayant porté à l'écrire, il nous devenait tout aussi impossible de ne pas montrer cette conviction dans nos paroles, que de tracer même une seule ligne, du moment où il ne nous eût pas semblé évi- dent que la cause que nous soutenons est la bonne cause. Certes, s'il y a lieu de s'étonner de quelque chose en ce monde, c'est de voir la vérité et la justice défendues mol- lement par les hommes, eux qui sont si ardents au main- tien de leurs droits et de leurs prétentions personnelles. Les Livres saints et les écrits des Pères déposent éner- giquement en faveur du langage sincère et sans ménagement qui doit être employé par l'homme de foi, dès qu'il s'agit de Dieu ou de son Église. Et, après tout, qui de nous porte donc aujourd'hui un Ce zèle d'un auteur si tendre intérêt au jansénisme et à ses œuvres, pour se catholique ne 1 ' * doit scandaliser scandaliser du zèle qu'un auteur catholique mettrait aies ic^in^smc ,, s t . . , T . étant pour démasquer et a les poursuivre.-' Nous ne sommes plus a jamais inauguré au l'époque où cette secte travaillait à se faire passer pour un dictionnaire des 1 1 i j hercsies. fantôme, et y réussissait dans l'esprit d'un si grand nombre
  • 12. X PREFACE de personnes. Aujourd'hui, le jansénisme est pour jamais inauguré au dictionnaire des hérésies, à côté de l'arianisme, du pélagianisme, et du calvinisme son frère. La critique Nous trouverait-on amer contre les nouvelles Liturgies? 1 de l'auteur ne sera jamais jtfais si elles sont pour la plupart l'œuvre de mains jansé- aussi amçrc que t i r ) fahe'pa?"^ nistes, pourquoi devrions-nous respecter les fruits, quand novateurs, des . . . I- I * prières il nous est enjoint de maudire 1 arbre? Parce que le séculaires de la chrétienté, XVIJJ 0 siècle les a produites pour la plupart, devrons-nous leur sacrifier sans résistance le recueil des chants chré- tiens, centonisé par saint Grégoire, et devenu l'expression de la foi et de la piété depuis mille ans, dans toute la chrétienté occidentale? Et encore quelle critique plus san- glante pourrions-nous faire d'une œuvre tout humaine, entachée d'esprit de parti, de prétention nationale, et sur- tout d'esprit presbytérien, que celle qu'on a osé faire de la Liturgie romaine, lorsqu'on l'a mutilée, parodiée, expulsée enfin de nos églises, comme si elle n'eût pas eu pour elle l'antiquité et l'autorité que donne la tradilion ? S'il a pu être permis de refaire à neuf les prières séculaires de la chrétienté, et de donner cet attentat comme un progrès sublime de la chose religieuse, il nous sera bien permis sans doute d'environner de nôtre amour ces antiques for- mes de la piété de nos pères, qui sont encore celles de la religion de toute l'Église latine, de les défendre sans fai- blesse, et de peser au poids du sanctuaire ce qu'on leur a substitué. nu reste, Au reste, dans cette lutte laborieuse, nous ne paraîtrons l'auteur ne paraîtra p a s s c u | b De nobles champions, à la tète desquels on verra
  • 13. PRÉFACE XI ilR briller l'illustre Languet, archevêque de Sens, le marteau r seul en cette du jansénisme, entreront avec nous dans la lice, et pas une parole ne sortira de notre bouche qui ne soit l'écho des doctrines expresses de ces vaillants antagonistes de l'hérésie antiliturgiste, au dernier siècle. Enfin, si notre accent est quelquefois sévère, c'est encore u sévérité de l'accent provient parce que nous ne saurions nous résoudre à contempler des^a^ages de sang-froid les ravages que les changements liturgiques Tnnowfons? de ces derniers temps ont faits dans les habitudes de la piété catholique, en France ; l'altération des offices divins, l'oubli du symbolisme des cérémonies, la destruction des chants antiques, le refroidissement de la dévotion à la sainte Vierge et aux saints; et, ce qui met le comble à tout, l'intelligence des mystères, si ample et à la fois si facile par la Liturgie, ravalée pour la plupart des fidèles à la mesure de ces innombrables petits livres qui inondent de plus en plus la librairie religieuse. Mais, diront quelques-uns, pourquoi révéler au grand jour une telle situation ? Pourquoi ? afin d'aider à y mettre un terme; afin d'empêcher, en si faible mesure que ce soit, qu'elle ne s'aggrave encore. Au reste, dans cette histoire, r-'auteur s'est n D O 7 ' attaché c est à des morts surtout que nous avons affaire, et si nous pC C r r o nnes de cc S S avons cru devoir relever quelques faits contemporains, ^constatei^îcs - . , . , indices nous ne lavons fait qu en écartant soigneusement les noms consolants d'un r e t o u r aux des personnes. Toutes les fois aussi que la marche de notre formes r 1 anciennes. narration nous a mis à même de raconter le bien qui s'est fait, et se fait encore, de constater les indices consolants et déjà si nombreux d'un retour aux anciennes formes de
  • 14. XII PRÉFACE la prière et du culte divin, nous nous sommes étendu avec complaisance sur ces récits, nous en avons fait res- sortir avec joie toute la portée. Raisons qui Mais il était nécessaire que nous entrassions tout d'abord nécessitaient cet evposédes a v c c franchise dans la question des causes de la révolution 1 véritables changements de liturgique du siècle dernier, et que nous montrassions la i m gît. véritable raison des changements à laide desquels il se fait que nos églises se présentent aujourd'hui tout aussi modernisées sous Je rapport des prières qu'on y récite et des cantiques qu'on y chante, que sous celui de leur archi- tecture, de leur décoration et de leur ameublement. Il fallait prendre les devants sur les hommes de la science laïque et même profane qui s'apprêtaient à se lancer, au nom de la poésie et des origines nationales, sur le champ de la Liturgie, comme ils ont déjà, au nom de Fart du moyen âge, envahi nos édifices sacrés. Mieux valait donc convenir sincèrement des aberrations d'un siècle que per- sonne n'ose plus défendre, et montrer dès l'abord, que nous, hommes d'Église, n'avons pas besoin d'un secours étranger pour interpréter nos livres, ni des leçons d'au- trui pour reconnaître ce qui reste à faire, en notre temps, quand on voudra aussi restaurer ces livres et y rétablir les droits de l'antiquité, et les glorieux avantages de l'uni- versalité. N'élait-il pas urgent de montrer que cette dévia- tion malheureuse n'est point notre ouvrage; que si nous sommes réduits à en subir les conséquences, la foute en est, pour la plus grande partie, dans les obstacles matériels que nous avons hérités d'un autre âge, et, pour le reste,
  • 15. PREFACE XIU dans ces préjugés de Liturgie perfectionnée-qui nous ont bien été imposés avec l'éducation, mais qui s'effacent de jour en jour, comme tant d'autres, pour faire place à une appréciation plus large des institutions catholiques. Oui, nous le disons avec sincérité, nous penserons avoir rendu un service, si, en nous jetant ainsi dans ces questions de l'histoire et de la forme liturgiques, nous parvenons à occuper la place, et à prévenir l'invasion de ces littéra- teurs, historiens, poètes, artistes, et autres, dont le demi- savoir et l'incompétence produisent journellement tant d'inconvénients dans les publications, périodiques ou non, qu'un zèle, souvent très louable en lui-même, leur fait entreprendre. Toutefois, nous éprouvons le besoin de protester contre L'auteur désavoue à un abus dans lequel, malaxé nous, la lecture de notre ' ] a v a n c c toutes 7 7 * ° démonstrations livre pourrait peut-être entraîner quelques personnes. Il i m propres t P S ... . . , . à scandaliser le ne serait pas impossible que certains ecclésiastiques, peuple tidèie, apprenant par nos récits l'origine peu honorable de tel ou tel livre liturgique en usage dans leur diocèse depuis un siècle, crussent faire une œuvre agréable à Dieu en renon- çant avec éclat à l'usage de ces livres. Notre but n'est cer- tainement pas d'encourager de pareils actes, qui n'auraient guère d'autre résultat final que de scandaliser le peuple fidèle, et d'énerver le lien sacré de la subordination cléri- cale. Pour produire un bien médiocre, on s'exposerait à opérer un mal considérable. Nous désavouons donc à l'avance toutes démonstrations imprudentes et téméraires, propres seulement à compromettre une cause qui n'est
  • 16. XTV PREFACE Le retour aux p a s mûre encore. Sans doute, notre intention est d'aider r • traditions CI pcut 5t re oplrc n C ^ l'instruction de cette cause, et nous la voudrions voir 4 du tenips et°par a jugée déjà et gagnée par la tradition contre la nouveauté ; la main des t , . . . évêques. mais une si grande révolution ne s'accomplira qu'à l'aide du temps, et la main de nos évoques devra intervenir, afin que toutes choses soient comme elles doivent être dans cette Eglise de Dieu qu'il leur appartient de régir. En sa q u a l i t é Tel est notre avis que nous déposons ici pour la décharge 1 J A u de m e m b r e du n o t r c c i c ^aut^u r l i c r ' de conscience, nous souvenant de notre qualité de auadiemern membre indigne du clergé régulier, lequel a dans tous les inviolable f à Tordre temps témoigné de son attachement inviolable à Tordre hiérarchique q u e les docteurs hiérarchique, sans' croire par là porter atteinte aux privi- 1 1 1 r r 11 u p re s b y t e r i a - c<»nivmlhi°dans 'êges dont la discipline générale de l'Kglisc l'a investi; une m ê m e . aversion avec tandis qu on a vu constamment les docteurs du presbyte- les privilèges des réguliers, rianismc, guidés par un secret instinct, confondre dans une même aersion la prérogative divine de l'épiscopat et les droits concédés aux corps privilégiés. Nous en appe- lons, sur ce point, à l'histoire des controverses qui s'agi- R tèrent, en France, aux xvu et xvm° siècles, sur la hiérarchie et ses applications. Ce qui nous perd aujourd'hui, c'est l'ignorance de ce passé, sans lequel, pourtant, on espérerait en vain comprendre et terminer les questions présentes. L'auteur ne II ne sera peut-être pas inutile de répéter ici ce que pourra motiver son opinion nous avons déjà dit ailleurs, savoir que, dans cette Intro- s u r un grand de q°uesti"ons duction historique, nous touchons un grand nombre de Ia ^"part'io questions, sur lesquelles nous sommes amené à prendre didactique de _ . l'ouvrage. nous arrêter assez pourmarche du récit nous permette de imparti, sans que la motiver notre avis. Si quelquefois
  • 17. PREFACE XV le lecteur avait peine à se rendre compte des raisons qui nous déterminent pour telle ou telle conclusion, nous le prierions d'attendre le développement même de l'ouvrage; il n'est pas une seule des questions soulevées dans l'Intro- duction, qui ne doive être discutée dans la partie didac- tique de notre travail. On peut revoir le plan de l'ouvrage entier dans la préface du premier volume. On nous a prié de caractériser la nature et l'étendue de p ur 0 caractériser la la réaction liturgique du xvin e siècle: c'était déjà notre réaction 0 1 liturgique du intention, et nous croyons même que rien ne sera plus rie^n^est^pius ., i n ' • j v utile que utile, quand, d une manière précise, nous en viendrons a de rapprocher les f o r m u l e s l'explication détaillée des offices divins, que de placer jour antiques des pièces nouvelles par jour, en reeard des formules de l'antiquité, les innom- qu'on leur a 1 7 ' » i ? substituées. brables pièces nouvelles qu'on y a substituées, en France. La science liturgique, comme toute science de faits, avance principalement par la réunion et la comparaison des données positives; c'est ce qui nous a porté à ne rien négliger pour procurer à notre ouvrage les compléments dont il a besoin pour être, autant que nos forces nous le permettront, une Somme liturgique. Ainsi nous n'inter- rogerons point seulement les anciennes Liturgies de TOrient et de l'Occident; mais nous étudierons, dans le Les Liturgies anciennes plus grand détail, les produits de notre fécondité nationale c s " ,Liturgies récentes. en ce genre, à partir du Bréviaire de Cluny, de 1 6 8 6 , jus- qu'aux récents bréviaires que notre siècle a vus paraître. Nous avons déjà dit et nous répétons ici volontiers que L'auteur nous nous ferons un devoir de répondre franchement aux ^^varimis qui lui seraient observations ou réclamations qui nous seraient adressées; adressées.
  • 18. XVÏ PRÉFACE la préface du volume suivant contiendrait nos éclaircis- sements sur les points contestés, ou même, s'il y avait lieu, les rectifications qu'une plus ample instruction de la matière nous mettrait à même de fournir. Jusqu'ici Jusqu'ici du moins, nous le disons en toute simplicité, il n'a recueilli que des n o n s n'avons recueilli que des sulfrases bienveillants. 1 sullrages ° bienveillants. p o u r n e p i a r c r q U C c -( . France, les encouragements c d directs que nous ont transmis plusieurs de nos arche- vêques et de nos évêques, la sympathie que d'autres prélats nous ont fait témoigner, l'assentiment d'un nombre très considérable des membres les plus éclairés du clergé du second ordre, toutes ces choses sont pour nous le motif d'une consolation d'autant plus grande, que nous n'avons fait aucune démarche pour nous attirer ces honorables témoignages de satisfaction. Nous ne formons maintenant d'autre vœu que celui de nous en rendre digne de plus en plus. Unanimité Le public laïque a accueilli les Institutions Liturgiques de la presse catholique dans avec un empressement, sur lequel, nous le répetons, nous l'appréciation C 1 C ///M'V^;^ étions loin de compter. La presse catholique s'est exprimée avec la plus précieuse et la plus rare unanimité en faveur du retour aux anciennes et véritables traditions du service divin, et nos faibles ellbrts vers ce but ont été récompensés à l'excès, par les articles qu'ont bien voulu consacrer à notre livre les Annales de Philosophie chrétienne, Y Uni- versité catholique, Y Ami de la religion, Y Univers, etc. Mais ce qui nous a semblé encore plus digne de re- marque, a été de voir notre livre et ses doctrines devenir,
  • 19. PRÉFACE XVII dans un journal anglican, l'objet non seulement d'une attention sérieuse, mais d'une sympathie presque catho- lique. Le British Critic, organe solennel et véritable- ment grave du clergé de YÉglise-établie, dans le N° d'oc- tobre 1 8 4 1 , après avoir développé les plus hautes consi- dérations sur Timportance de la forme religieuse, conclut ainsi le long et bienveillant article qu'il a consacré à notre premier volume : « Toutes formes donc, autant qu'elles sont religieuses, Sympathie presque « étant des symboles des choses spirituelles, l'uniformité, q ^YiÎA cr/f/c « comme nous le rappelle l'Abbé, en doit être la condi- d ° j^!dc U c « tion, et par la même le gage de limite de lLspnt (1). d'Angleterre (octobre 1841). « En effet, pour employer les propres paroles de l'archi- « diacre Manning, ri est-il pas certain que V uniformité est « le langage symbolique et silencieux de limité ? Y a-t-il « quelque loi dans l'œuvre de Dieu qui n'ait sa propre « forme invariable? Qu'est-ce que la variété de la nature, « sinon l'expression uniforme d'une variété de lois, et « non pas l'expression variée d'une seule loi ? Là où il riy « a qiCun cœur, il riy aura aussi qu'une voie, a dit « Jérémie(2). En conséquence, l'Abbé condamne la variété v des rites dans l'Église; il la poursuit comme un m an- « que d'appréciation de Timportance de l'unité chrétienne, « et il propose de surmonter la difficulté en prenant Rome pour centre. Ici, il ouvre une question dans « laquelle nos lecteurs nous pardonneront certainement {•1) Jerem., xxxn, Ju.
  • 20. XVIII PRÉFACE « de ne pas nous engager, à la fin d'un long article. Nous « nous bornerons donc, pour le présent, à dire que, « quant aux vues de l'Abbé sur l'importance de l'unité « religieuse, et sur la futilité de tous les eiforts dépensés « à procurer cette unité sans l'uniformité, il peut, si cela « lui est de quelque consolation, être assuré de la franche « sympathie de plus d'un cœur anglais. « Certes, il n'est pas un cœur catholique (i) qui ne sou- « pire ardemment vers une règle plus forte, vers une plus « grande unité d'action, et non seulement en Angleterre, « mais par toute la chrétienté. Nous sympathisons du fond « de nos cœurs avec l'auteur dont nous venons d'examiner « l'ouvrage, en ce qu'il dit contre l'esprit de nationalité en « religion. Nous ne pouvons ressentir le moindre attrait « pour le parti gallican, en tant qu'il s'oppose à l'école « ultramontaine. Les théories nationales, y compris même « la théorie gallicane, qui, par le fait, est plus ou moins « la théorie actuelle des divers pays de la communion « romaine, nous paraissent receler un subtil érastianisme, « et témoigner en même temps d'une véritable insouciance « pour la plénitude et pour la liberté de l'Évangile, C'est « en émettant cette profession de sympathie que nous « prenons congé de l'Abbé, lui souhaitant de cœur la v santé et une longue vie, pour mener à terme l'ouvrage « de si haute importance et de si ardue difficulté dont ce « volume n'est que le premier gage ( 2 ) . » ) Le m o l catholique esl pris ici dans le t.ens de l'anglicanisme, tjui l'étend à ses propres m e m b r e s , (z) British Critic. N u m b e r LX. October M OCCC X L 1 , pag. 4 6 4 et 4O5.
  • 21. PREFACE XIX Et nous, nous demandons au Père des lumières qu'il lui Puisse le Père des lumières plaise de se révéler de plus en plus à ces frères séparés, de pUis^el^pius a auxquels il a déjà donné de comprendre la nécessité de séparés.^ l'unité dans la doctrine et dans la forme; afin que leur coeur acceptant, par le secours de la divine grâce, la vérité déjà manifestée à l'intelligence, la confession publique de la vraie foi, la participation aux divins sacrements, la sou- mission filiale à la seule vraie hiérarchie, consomment bientôt dans l'unité de l'amour ceux qu'un lamentable isolement en avait arrachés.
  • 22.
  • 23. INSTITUTIONS LITURGIQUE S PREMIÈRE PARTIE (Suite.) CHAPITRE XVII E DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU X V I I SIECLE. C O M M E N C E M E N T D E L A D E V I A T I O N L I T U R G I Q U E EN F R A N C E . — A F F A I R E DU P O N T I F I C A L R O M A I N . — TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL. —• RITUEL D'ALET. — BREVIAIRE P A R I S I E N DE HARLAY. — BRÉVIAIRE DE CLUNY. — HYMNES D E S A N T E U I L . — C A R A C T È R E DES C H A N T S NOUVEAUX. — TRAVAUX DES PAPES SUR L E S L I V R E S R O M A I N S . — A U T E U R S LITURGIQUE.S DE C E T T E ÉPOQUE. Nous entrons dans la partie la plus pénible et la Durant la plus délicate du récit que nous nous sommes imposé. Pen- S du°xvn™bc de France. vœu du concile de Trente, confirmé par les divers con cilcs provinciaux qui l'ont suivi, une révolution se pré T. II
  • 24. 2 13E LA LITURGIE INSTITUTIONS pare dans l'Église de France. En moins d'un siècle, nous G1< UES| "'"™* * allons voir les plus graves changements s'introduire dans la lettre des offices divins, et l'unité romaine, que procla- mait si nettement encore l'Assemblée de t(5o5, disparaître en peu d'années. L'histoiic Pour mettre dans tout leur jour les causes de ce chan- J c l 1 c Frmicc Sèment, il serait nécessaire de faire en détail l'histoire de 1 au xvnf siècle p ance pendant le xvu ' siècle. Peu de gens aujourd'hui la r r renferme lu z> r clef de tous connaissent, et pourtant elle renferme seule la clef de les événements . , , ,- . , , , religieux tous les événements religieux accomplis dans le cours des accomplis dans * , !es deux siècles deux siècles suivanis. L e s t a cette époque qui montre suiants. , ... jM • i encore de si magnifiques débris des anciennes mœurs catholiques, et qui vit s'élever tant de pieuses institutions, Les germes du que les germes du protestantisme, sourdement implantés p I1C ^ni^ttaîS dans les mœurs françaises, percèrent la terre et produi- tlai l c lclc ^.,n .?;l . sirent ces doctrines d'isolement dont les unes, formellement y produisent je hétérodoxes, furent honteusement flétries du nom de jan- } janseuisme et le ' < t gallicanisme, sénisme, les autres, moins hardies, moins caractérisées, plus difficiles à démêler dans leur portée, se groupèrent successivement en forme de système national du christia- n i s m e , et ont été dans la suite comprises sous la déno- mination plus ou moins juste de gallicanisme. Lu rupture La Liturgie devait ressentir le contre-coup de ce mou- lïuirgique, vement. On peut dire qu'elle est l'expression de l'Église; conséquence . , * . . . . . . . inévitable de du moment donc que des variations s introduisaient dans ^^rimUes"* la chose religieuse en France, on ne pouvait plus espérer que l'unité liturgique pût dès lors exister entre Rome et la France. S'il est une assertion d'une rigueur mathéma- tique, c'est assurément celle que nous énonçons en ce moment.— Mais, dira-t-on, voulez-vous nous faire croire que les changements introduits au bréviaire et au missel sont le résultat de principes hétérodoxes et suspects, ou encore qu'ils ont eu pour auteurs et promoteurs des hommes qui n'étaient pas purs dans la foi ? A cela nous répondons simplement: Lisez notre récit, et jugez; prou-
  • 25. DURANT LA SECONDE MOITIE DU fl XVH JsiÈCLE 3 1 vez que les faits que nous racontons ne sont pas exacts, PARTIE R ^ ^ ' CHAPITRE XVJL que les principes que nous soutenons ne sont pas sûrs. ~ Nous n'entendons pas, certes, envelopper, en masse, dans une odieuse conspiration contre l'orthodoxie les généra- tions qui nous ont précédés; mais on ne saurait non plus nier l'histoire et les monuments. Semblable en beaucoup de choses aux sectes gnostiqucs Semblable aux c et manichéennes que nous avons signalées au chapitre xiv , manichéennes, L 1 essentiellement antiliturgique comme elles, le jansénisme '^Stn?™" eut pour caractère de s'infiltrer au sein du peuple fidèle, niéna^canUa en pénétrant de son esprit, à des degrés divers, la société p ? s o ^ v e c m 0 a n qu'il venait corrompre. A ceux qui étaient assez forts, il infernal, 0 prêcha un calvinisme véritable qui, au xvni siècle, se transforma en le gnosticisme le plus honteux, par les con- vulsions et le secourisme, en attendant qu'à la fin du même siècle, on vît ses adeptes passer, de plain-pied, de la doc- trine de Saint-Cyran et de Montgeron, à l'athéisme et au A u x u u s il culte de la raison. A ceux au contraire qu'un attachement , prêche énergique à l'ensemble des dogmes, un éloignemcnt pro- un calvinisme / , , , ,, . • , . , . véritable; nonce pour une révolte contre les décisions évidentes de aux autres il 11 l'Église,garantissait de pareils excès, le jansénisme chercha "inspirer . • j >£• * M • du mépris pour a inspirer une défiance, un mépris, un eloignement même i Formes cs pour les formes extérieures du catholicisme, pour les tll^Yw%m^. 8 croyances qui paraissent ne tenir au symbole que d'une P° d^rÉg"^ " manière éloignée. S'il n'osa révéler à ces derniers que de leur temps. r Église avait cessé d'être visible, il se plut du moins à la leur montrer comme déchue de la perfection des premiers siècles, encombrée de superfétations que l'ignorance des bas siècles avait entassées autour d'elle, et surtout moins pure à Rome et dans les pays de la vieille catholicité qu'en France, où la science de l'antiquité, la critique, et surtout un zèle éclairé pour de saintes et précieuses libertés, avaient ménagé d'efficaces moyens de retour à la pureté primitive. Dans cette doctrine, le lecteur reconnaît sans doute, non- seulement Jansénius, Saint-Cyran et Arnauld, mais Letour-
  • 26. COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE INSTITUTIONS neux, Ellies Dupin, Tillemont, Launoy, Thiers, Baillet, LITURGIQUES ^ Vert, Fleury, Duguet, Mésenguy, Coffin, Rondet, etc.; L<» principaux or ce qui nous reste à faire voir, c'est que ces législateurs 1 auteurs de ces i, >r doctrines ruitété du dogme et de la discipline en rrance, ces reformateurs les promoteurs . » / • * / •• • _I« ilu changement des mœurs chrétiennes, ont ele, directement ou îndirec- luuri*K|IK. f promoteurs des énormes changements intro- t o m c n t î cs duits dans la Liturgie de nos églises. LIKIDENT Avant d'offrir au lecteur le tableau de leurs opérations oui nmriuie le . , » ,. . . n n , . ciiiiitiieiiL-uineiu sur le culte et 1 ofucc divin, nous ouvrirons notre récit par u n J °iUur gK^ L incident liturgique qui signala le commencement de la période dont nous traçons l'histoire dans ce chapitre. Urbain v i H , En iiLp, Urbain VIII ayant, ainsi que nous l'avons i>oniifkui dit, donné une nouvelle édition du Pontifical romain, dans proinuigtiu'une laquelle il avait, d'autorité apostolique, introduit plusieurs spéciaVè'de modifications et additions, il se trouva qu'une de ces mo- d oïi^ISSÎMITX dilîcations avait rapport à la promesse d'obéissance à pour LES prêtres pjvcquc que doivent émettre les prêtres dans la cérémonie 1 réguliers, après * . , , C c u r o r n a o n L C ^ ' " KCHOUT- " 0 ^ * ^ ' Le Siège apostolique avait jugé à pro- pos de prescrire que Icvcque, conférant l'ordination, exi- gerait cette promesse de la part des réguliers, non pour lui-même, mais pour leur supérieur, en ces termes : Pro- mittis pnvlalo ordinario lito pro lempore existenti révè- rent iam et obedieniiam? En effet, du moment que l'exis- tence des corporations régulières est admise par l'Église, il n'est nullement extraordinaire que cette partie du droit reçoive aussi ses applications dans les formes ecclésias- tiques : c'est le contraire qui devrait surprendre. Clé- ment VIII, il est vrai, dans la première édition du Ponti- fical, avait omis cette particularité; mais l'autorité de son successeur Urbain VIII, qui répara cette omission, était égale à la sienne, et le motif qui faisait agir ce dernier Convenante de pontife ne pouvait être plus rationnel. Le but de la pro» cette mesure. , . , , . , messe d obéissance exigée des prêtres dans leur ordination, est, sans doute, de les lier â un centre ecclésiastique quel- conque. Ce centre naturel est Tévêque pour ceux qui
  • 27. A.FFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN 5 1 doivent exercer le sacerdoce dans un diocèse en particulier; PARTIE * , CHAPITRE XVH mais, comme il est évident que les individus faisant partie • des corps réguliers doivent se transporter non-seulement d'un diocèse à l'autre, mais d'un royaume, ou même d'une partie du monde à l'autre, il suit de là que la promesse d'obéissance émise par l'ordinand régulier à Tévèque qui célèbre l'ordination deviendrait le plus souvent illusoire, et que, par conséquent, la véritable dépendance à consta- ter, en ce moment, est celle qu'il doit avoir à l'égard de son supérieur de droit et de fait. L'Assemblée du clergé de it>5o témoigna néanmoins son L'assembicc^du déplaisir sur l'addition faite au Pontifical. « Le 1 7 août, témoigne n* A 1 • ' - » n 4 il' son déplaisir ite « 1 eveque de Lomminges représenta a 1 Assemblée que, c c l t c addition « dans l'édition du Pontifical imprimé à Rome, en 164b, a u Ponttikal « l'ox avait ajouté un formulaire de serment particulier i^fo^fon 6 « pour les prêtres réguliers, lequel n'était point dans les 'l^"^*"/ « autres pontificaux, dans lesquels il n'y a qu'un même « formulaire, tant pour les réguliers que pour les sécu- « liers, lorsqu'ils sont promus à Tordre de prêtrise; que « le formulaire de serment des religieux, ajouté dans ledit K Pontifical nouveau, porte : Proniittis prœlalo ordinario « tuo obedientiam,- au lieu qu'à celui qui est >ur les « prêtres, il y a : Promit tis pontifia ordinario tuo obé- itdieniiam, quand il n'est point son diocésain ; que parce « mot de prcelato mis dans le serment des réguliers, ils « prétendent n'être entendu que la personne de leur supé- « rieur, qu'ils qualifient du nom de prélat; et, ce faisant, « qu'ils ne se soumettent point à I'évêque ; qu'il croyait « à propos d'en écrire au Pape, POI'R L ' E N A V I - R H R , et à « Messeigneurs les Prélats ni- xi- P A S s'i-x SLRVIR. Ce qui « ayant été trouvé raisonnable, Monseigneur de Corn- « minges a été prié de faire les deux lettres. « Le 2 0 septembre, Monseigneur de Comminges se mit « au bureau et fit lecture des deux dites lettres qu'il avait « été chargé de faire. Ayant été trouvées dans le sens de
  • 28. 6 COMMENCEMENT DE L A DEVIATION EN FRANCE i n s t i t u t i o n s « l'Assemblée* l ' o n ordonna de les envoyer, et les sieurs LITURGIQUES , . , • « Agents furent charges d e n prendre soin (i). » Ktranjretcdc Rien, sans doute, ne nous oblige à croire que l'Assein- a u p r è s p a p e bléc de iG5o ne fut pas d'une parfaite bonne foi quand elle innocent . î i ; c p p pc r l'avertir des changements qu'oN v a t a u a e 0 U r avait faits au Pontifical; bien qu'on doive trouver un peu extraordinaire la lettre écrite en même temps aux évêques du royaume pour leur donner avis de ne pas se servir de ce Pontifical ainsi modifié. Quoi qu'il en soit, comme l'édition du Pontifical de 1 Ô 4 5 avait été publiée à Rome par autorité apostolique, et accompagnée d'un bref solen- nel d'Urbain VIII, qui déclarait ce livre, dans sa nou- velle forme, obligatoire par toute l'Eglise, il était difficile à croire que les changements ou additions q u ' o x y avait introduits n'eussent pas été introduits par le souverain Pon- tife lui-même. Innocent X, qui tenait alors la chaire de saint Pierre, reçut donc la lettre de TAsscmblécde i65o ; mais, ou il ne jugea pas à propos d'y répondre, ou il y fit telle réponse que le clergé n'eut pas lieu d'en être pleine- ment satisfait. Kn u ï i î o , En ellet, dix ans après, l'Assemblée de T(3(>O s'occupa à l'occasion . ^ ^ d'une encore de cette allai rc, mais on ne saurait s empêcher d être réimpression , . .. . . . ., - r K d u Pontifical, cl 1 raye des dispositions qu elle fit paraître. « Le i août, nomm e Jes ! l « Monseigneur l'évêque de Tulle dit que ceux qui doivent r e v 0 r c pour^^crïux * ' ' Pontifical qu'une compagnie d'imprimeurs de moyens <( p j veulent faire imprimer, le sont venus trouver et a r s r «empêcher l'impression des « lui en ont donné quelques épreuves, dans lesquelles ils 1 1 1 tonnulcs . favorables • lui ont fait remarquer qu'à l'endroit où les prêtres font « à l'exemption . , , A . , . des réguliers. « le serment a I eveque lors de leur ordination, on y avait « distingué celui que doivent faire les réguliers, comme -« (t) Procès-verbaux des Assembléesle générales du qu'à leur supérieur s'ils ne devaient prêter serment Clergé, tom.III, p a g . (>io cl ' m i. D a n s la m ê m e s é a n c e , l'cvêque de C o m m i n g c s se p l a i g n i t a u s s i d e In f o r m u l e du s e r m e n t q u e doivent prêter, d'après le Pontifical d e rfi-p, l e s a b b e s s c s e x e m p t e s , d a n s la c é r é m o n i e d e l e u r b é n é d i c t i o n .
  • 29. AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN 7 « de religion, et non pas aux évêques qui les ordonnent; Œi [ J£J™ p . « et que, comme l'Assemblée de i65o en avait fait plainte « au pape Innocent X , et ai>aii même envoyé une lettre « circulaire à tous les évêques de France, pour les prier « de ne pas vouloir se servir de ce Pontifical ainsi rccor- « rîgé, I L I M P O R T A I T X P R E S E N T I ) ' E . M P Ê C H E R L ' I M P R E S S I O N ILE « C E L U I - C I , s'il riëtait conforme à celui que le pape Clé- « ment VIII aidait fait imprimer à Rome, et dont on s'est « toujours servi depuis. L'Assemblée a prié Monseigneur <c de Tulle et M. l'abbé de Colbert de voir lesdites épreuves « et de mander ceux qui doivent les revoir, afin de voir par « quel moyen on pourra empêcher cette impression, pour, « après en avoir fait leur rapport à la compagnie, y être « pris telle délibération qu'elle jugera nécessaire (i)« » Ainsi le prélat rapporteur jugeait que, du moment qu'on Les maximes, , , , . . mises en avant avait adresse des plaintes au Pape sur un acte de sa juri- par le clergé . . . , / . * , > I T-I dans cette diction, et qu on avait écrit a tous les eveques de France affaire, / j * ^ / - ^ J - ^ J destructives de de n avoir pas égard a cet acte, on était en droit de passer toute société, outre, sans avoir reçu décharge d'obéissance de la part du pouvoir auquel on s'était adressé. Avec de pareilles maximes quelle société pourrait subsister ? Quel moyen restait dès lors au clergé de parer les coups de la puissance séculière, quand lui-même, dans son propre sein, don- nait l'exemple fatal d'un refus de subordination ? Tout fut consommé en l'Assemblée de 1 6 7 0 . Voici les Mesures prises j I_ 1 R A TUT 1 par l'Assemblée termes du proces-verbal : « Le 4 août, Monseigneur de de 1C70 « Tréguier a pris le bureau et a rapporté que, dans le p ? m adTiïion" ' C1 « Pontifical romain qui a été imprimé en 1 6 4 5 et 1 6 6 4 , il ponJIficaUn « se trouve des additions et des restrictions qui ne sont pas fayeurde* " réguliers « aux anciens pontificaux : et en ayant fait remarquer les exempts. « endroits à la compagnie, l'Assemblée, après y avoir fait « ses réflexions, a cru l'affaire d'assez grande importance « (1) Procès-verbaux du Clergé, t odesI V commissaires, et pour cet pour être examinée par m . , pag. 7 9 3 .
  • 30. 8 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE INSTITUTIONS « effet, Monseigneur le président a nommé Messeigneurs LITURGIQUES , A 1 1 • « les eveques de Montauban, de Treguier et de La R o - « chelle, et Messieurs les abbés de Chavigny, de Valbelle < et de Fromenticrcs. * « Le 2 4 septembre, Monseigneur l'évêque deMontau- « ban a dit qu'il avait rendu compte à la compagnie d'une ( c commission qu'elle lui avait donnée, concernant le P o n - te tifical romain, où, dans les nouvelles éditions, il a été « changé quelques endroits; ce qui semble avoir été fait « dessein, afin que les réguliers paraissent être seulement « soumis à leur supérieur dans les temps de l'ordination, * et non pas ;i Tévêquc ; ce qui étant d'une dangereuse « conséquence, porta l'Assemblée de iG5o d'en écrire au « Pape ; mais comme depuis O N n'y a pas remédié, il a estime qu'il serait à propos de le faire, en faisant réim- « primer la Messe pontificale dont il n'y a plus d'exem- « plaircs à vendre, et que l'impression fut conforme à « l'ancienne manière de parler ; et en faire une lettre à « tous Messeigneurs archevêques et évêques du royaume, « pour leur en donner avis. Sur quoi Monseigneur le « président a dit que ces expédients sont très-judicieux, et « qu'il faudrait joindre à l'édition de la messe la cérémonie « de la bénédiction des abbesses, conformément à l'ancien « usage; mais comme la compagnie n'était pas complète, « elle a remis à y délibérer quand elle sera plus nombreuse. « Le 1 4 octobre de relevée, Monseigneur de Mon- « tauban a dit qu'il avait examiné, avec Messeigneurs les « commissaires, les articles qu'on avait insérés dans les « nouvelles éditions du Pontifical romain, oh ils ont trouvé « D E S N O U V E A U T É S préjudiciables à l'autorité des évêques; « serait de faire imprimer de nou- Q U E L E M E I L L E U R REMÈnu « veau la Messe pontijicale, selon les exemplaires anciens. « Ce qui a été ordonné en même temps au sieur Vitré, « suivant les mémoires qui lui seront donnés par Messei- « gneurs les commissaires. »
  • 31. AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN 9 a Le 12 novembre, Monseigneur de Trégîiier a dit que le PARTIE* CHAPITRE XVII « sieur Vitré, qui avait été chargé d'imprimer les Messes - • « pontificales, & dit qu'ayant été chez les libraires pourvoir « s'il en trouverait assez pour en fournir tous les diocèses « du royaume, en cas qu'on en eût besoin, il avait trouvé « qu'il y en avait suffisamment, et qu'il faudra seulement « en imprimer quelques feuilles pour les mettre dans Vêiat « que désire qu'elles soient mises, par sa dé- VAssemblée « libération; que cela serait d'une grande épargne pour a le Clergé, et ferait même qu'il ne resterait plus de ces « messes pontificales imprimées qui ne fussent corrigées. « L'Assemblée a approuvé cet expédient, et a prié Mon- « seigneur de Tréguier de tenir la main à ce que cela « s'exécute ainsi (i). » Ainsi fut décrétée l'altération d'un livre liturgique reçu Gravite de c e t t c co , IN'-I I- 1 • • • 1 • • I- ' »duite dans toute I h g l i s e latine ; ainsi le souverain pouvoir litur- de l'Assemblée . _ . ^ - 1> * qui, après avoir gique qui avait deja reçu une première atteinte dans 1 As- consulté semblée de 1 6 0 6 , par l'irrégulièrc insertion du nom du « sanïteni? roi au canon de la messe, en reçut une seconde bien plus j e S a°r^ponsc n, tferc n l i v r e violente dans les Assemblées de i 6 5 o , 1 6 6 0 et 1 6 7 0 , Du . v 1 * liturgique et 01 a n t c 11 moins, en 1 6 0 6 , on n'avait pas pris la peine de consulter le P * ^ "*j| l l Siège apostolique avant de formuler un refus positif de discipline 1 . . genérnlc, d'obéissance à ses prescriptions. On n'avait pas dit et inséré au procès-verbal des délibérations, qu'une mesure prise par l'autorité apostolique était d'une dangereuse conséquence; qu'un des livres les plus vénérables, les plus sacrés qui soient dans l'Église, un livre garanti par le Saint-Siège, renfer- mait des nouveautés préjudiciables à Vautoritêdesévêques; comme si l'Église romaine n'avait pas, dans tous les siècles, maintenu, pour le bien de la chrétienté, l'autorité inviolable de l'Épiscopat. Il est vrai que, depuis bien des siècles, de concert avec les évêques eux-mêmes, Rome avaitProcès-verbaux des Assemblées du des privilèges pag. bi et i5.'i. (1) cru devoir assurer par clergé, tom. V, spéciaux les
  • 32. IO COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE INSTITUTIONS grands biens produits par les réguliers ; mais-cette disci- r r LlTUftGIQUES ° , . t s • • pune étant universelle et promulguée par les canons des conciles oecuméniques et par les bulles des papes, deux choses devaient nécessairement être considérées avant tout par ceux auxquels elle aurait déplu. La première, qu'une discipline revêtue d'une sanction aussi sacrée ne pouvait, en aucune façon, être contraire à la constitution essentielle 1 de l Eglise; autrement, il faudrait dire que l'Eglise aurait erré sur la discipline générale, ce qui est hérétique. La seconde, que l'exemption des réguliers étant une loi géné- rale de l'Église, toutes les atteintes qui lui seraient portées par un pouvoir autre que le pouvoir universel du con- cile œcuménique ou du souverain pontife, seraient illicites et nulles de plein droit. Les II y a donc contradiction de principes toutes les fois que, gouvernements I / T. -I < * n ennemis dans une église particulière, il est porte atteinte a 1 exemp- t o n c s c o r s toujours'^oussé * ^ P réguliers, et voilà pourquoi les gouverne- m c n t s co^b^tre ennemis de l'Église ont toujours poussé le clergé rexemption des qui leur est soumis à annuler, par des règlements spé- l réfluhers. . . n j * r ciaux, 1 existence exceptionnelle des réguliers, et ont même décrété, comme loi de l'État, la soumission des réguliers aux ordinaires.- Rappelons-nous Joseph II en Allemagne, Léopold en Toscane, Ferdinand IV à Naplcs, les arche- vêques électeurs à Ems, les Cortès de 1 8 2 2 en Espagne, 41 Nicolas I 'en Pologne, les articles de Baden, en 1 8 3 4 , • pour la Suisse, etc. Ceci demande une histoire à part, et nous n'avons ici à traiter cette question que dans ses seuls rapports avec l'incident liturgique qui nous occupe. Nous dirons seulement que cette altération du Pontifical coïncida avec la fameuse déclaration de l'Assemblée de 164b sur ' les réguliers, déclaration dont Tellet avait été préparé dans l'opinion par laPelms Aurelius, par le livre de Hallier, sur la hiérarchie, etc., et qui fut bientôt suivie de la cen- sure du livre deJacques Vcrnant par la Sorbonne, censure censurée elle-même par Alexandre VII, dans une bulle
  • 33. TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL II doctrinale qui fut reietée en France. Mais, sans entrer » PARTIE . . . . CHAPITRFI XVII dans toutes ces questions qui sont a un autre sujet, nous avons à noter ici un acte solennel par lequel les prélats français déclarent qu'ils ne sont point tellement obligés à suivre les livres liturgiques de Rome reçus par eux, qu'ils n'en puissent à l'occasion juger et modifier le texte, et ce, sans avoir besoin de l'autorisation apostolique. Pendant que les Assemblées du clergé, si zélées d'ail- La secte leurs contre les nouveautés, donnaient ainsi le fatal c o m m u ^ s o n exemple d'une atteinte portée à la Liturgie universelle, la îcrprîïcfpe^ïe 1 s u r l a secte janséniste poursuivait, avec une audace toujours - ^ s ' ^ 1 r 7 ' Liturgie par la croissante, ses plans ténébreux. Elle marchait à son but traduction A * française du en attaquant les principes de "Eglise sur la Liturgie. Son Missel romain, coup d'essai public, en ce genre, fut la publication d'une traduction française du Missel.romain. e Nous avons, dans notre chapitre xiv , assigné comme Les jansénistes, le huitième caractère de l'hérésie antiliturgiste, la haine i prôîêstants, cs pour tout ce qui est mjr térieux dans le culte, et spéciale- ^ b a n n ^ t o u t S ment pour l'emploi d'une langue sacrée inconnue au de ffîîuurgie. peuple. Les réformateurs du xvi° siècle, ancêtres naturels des jansénistes, avaient inauguré les traductions de l'Écri- tUre sainte en langue vulgaire, comme le plus puissant moyen d'en finir avec la tradition, et d'affranchir l'intelli- gence des peuples du joug de Rome en même temps, ils réclamèrent l'emploi exclusif de la même langue vulgaire dans la Liturgie. Par là le culte se trouvait purgé de toute tendance mystique, et le dernier des fidèles devenait à même de juger de sa croyance, et conséquemment de sa pratique. Les novateurs français du xvn° siècle n'avaient garde de s'écarter d'une ligne de conduite si éprouvée, et, en attendant le Nouveau Testament de Mons, que Port- Royal publia en 1 6 6 6 , et qui excita de si grands troubles , 1 ) T Î, T 1 1 TT . . Le docteur dans 1 Eglise, des 1 6 6 0 , le sieur Joseph de Voisin, doc- de Voisin . teur de Sorbonnc, faisait paraître, avec l'approbation des ïnc'traduction vicaires généraux de Paris, un ouvrage en cinq volumes, M?s^f romam.
  • 34. 12 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE L e MÏÏROÎOÎUES I N T I Missel romain, selon le règlement du concile T U I É : ~~" de Trente, traduit en français, avec l'explication de toutes les messes, etc. Dans leur permission, les vicaires généraux s'étayaient d'une approbation de la Sorbonne qui se trouva être supposée, ainsi qu'il conste d'une décla- ration donnée l'année suivante par la même Faculté, et dans laquelle les docteurs attestent d'abord qu'ils n'ont point donné la prétendue approbation; qu'il la vérité on les avait consultés sur un ouvrage, mais qu'on ne leur La Sorbonne avait parlé que d'une explication des messes de l'année, proteste contre n j . cette et non d une traduction du Missel en langue française; publicationque * l'tm disait qu elle ne pourrait donc s empêcher d improuver 1 appro- appromée . , , , , . par elle. bation qui, dit-on, aurait ete donnée par quelques membres de son corps, puisque déjà elle s'est vue dans le cas, en i(>55, de refuser 5 0 1 1 autorisation à une traduc- tion française du Bréviaire romain, et en 1 6 4 9 , à une crsion du Nouveau Testament en langue vulgaire. La Sorbonne rappelle ensuite sa fameuse censure de 1 0 2 7 , contre les propositions d'Érasme, dont une, entre autres, exprimait le désir de voir les saintes Écritures traduites en toutes les langues ( 1 ) . 1 mnjàmnië n L'Assemblée du clergé de Mïlïo, se montra fidèle, dans par l'Assemblée c c t t c occasion, à ces vénérables traditions qui n'auraient 1 1 du cierge . en IF)))» jamais dû périr chez nous. Elle condamna la traduction 1 et pur un bref ' * , , * • • d'Alexandre vu duMisscl en langue vulgaire par le sieur de oisin,et pour L n : " qu'il ne manquât rien à la solennelle réprobation de l'at- tentat qui venait d'être commis contre le mystère sacré de la Liturgie, un bref d'Alexandre VII, du 1 2 janvier 1 6 6 1 , vint joindre son autoritéirrétragablcàlasentcncequ'avaient, en première instance, rendue les évêques de l'Assemblée. Le Pontife s'exprime ainsi. « Il est venu à nos oreilles et « nous avons appris avec une grande douleur que, dans « (1) D'Argcntrc. CoUectio Judicioritm, tom. III, pag. 81. le royaume de France, certains lils de perdition, curieux
  • 35. TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL l3 1 « de nouveautés pour la perte des âmes, au mépris des p a r t i e ' CHAPITRE XVII « règlements et de la pratique de l'Eglise, en sont venus « à ce point d'audace que de traduire en langue française « le Missel romain, écrit jusqu'ici en langue latine, sui- « vant l'usage approuvé dans l'Église depuis tant de « siècles ; qu'après l'avoir traduit, ils ont osé le publier « par la presse, le mettant ainsi à la portée des personnes « de tout rang et de tout sexe, et, par là, qu'ils ont tenté, « par un téméraire effort, de dégrader les rites les plus A sacrés, en abaissant la majesté que leur donne la A langue latine, et exposant aux yeux du vulgaire la di- TE gnité des mystères divins. Nous qui, quoique indigne, « avons reçu le soin de la vigne du Seigneur des armées, « plantée par le Christ notre Sauveur, et arrosée de son « précieux sang, voulant ôter les épines qui la couvri- « raient si on les laissait croître, et même en couper jus- « qu'aux racines, autant que Nous le pouvons par le « secours de Dieu, détestant et abhorrant cette nouveauté A qui déformerait l'éternelle beauté de l'Église et qui en- TE gendrerait facilement la désobéissance, la témérité, N « l'audace, la sédition, le schisme, et plusieurs autres « malheurs; de .notre propre mouvement, de notre « science certaine et mure délibération, Nous condam- « nons et réprouvons le susdit Missel traduit en français., « défendant à tous les fidèles du Christ de l'imprimer, « lire ou retenir, sous peine d'excommunication, mandant « à iceux de remettre aux ordinaires ou aux inquisiteurs « les exemplaires qu'ils ont ou pourraient avoir dans la « suite, afin que ceux-ci les fassent immédiatement jeter « au feu (i). » Tout catholique verra, sans doute, à la gravité du lan- D'après le droit, . -, . r . ... . . . . . toute traduction gage du Pontilc romain, qu il s agissait dans cette occasion du canon de la JI ce • „ * I J> J I messe, comme d u n e affaire majeure; mais plus d un de nos lecteurs de l'Écriture, doit être accompagnée de (i) Vid. la Note A. commentaires.
  • 36. 14 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE INSTITUTIONS s'étonnera, peut-êtfre, après ce que nous venons de rap- LITURGIQUES. porter, de l'insensibilité avec laquelle on considère au- jourd'hui un abus qui excitait à un si haut degré le zèle d'Alexandre VII. Aujourd'hui, tous les fidèles de France, pour peu qu'ils sachent lire, sont à même de scruter ce qu'il y a de plus mystérieux dans le canon de la messe, grâce aux innombrables traductions qui en sont répandues en tous lieux ; la Bible, en langue vulgaire est, de toutes parts, mise à leur disposition : que doit-on penser de cet état de choses ? Certes, ce n'est pas à Rome que nous le demanderons : bien des fois, depuis Alexandre VII, elle s'est exprimée de manière à ne nous laisser aucun doute; mais nous dirons avec tous les conciles des trois derniers siècles, que l'usage des traductions de l'Ecriture sainte, tant qu'elles ne sont pas accompagnées d'une glose ou de notes tirées des saints Pères et des enseignements de la tradition, sont illicites, et, avec l'autorité du Saint-Siège et du clergé de France, nous assimilerons aux versions de l'Écriture prohibées, toute traduction du canon de la messe qui ne serait pas accompagnée d'un commentaire qui prévienne les difficultés. D'autre part, nous confessons avec tous les catholiques qu'il y a un pouvoir de dispense dans l'Église, et il n'est pas le moins du monde dans notre sujet d'en rechercher les règles d'application. Nous pour- suivrons donc notre récij. ]/Assemblée L'Assemblée du clergé de France de 1 6 6 0 sentit si par- du clergé de France faitement la portée que pouvait avoir la traduction du blâme cette traduction en Missel, comme fait liturgique, et le rapport intime qui K)<Ï0, règne entre l'Écriture sainte et la Liturgie, qu'elle décréta mais le bref d'Alexandre VII qu'il serait publié au nom du clergé une collection de tous n'est pas exécuté et le travail du les passages des auteurs graves qui ont traité, soit ex docteur de Voisin professo, soit en passant, de l'inconvénient des traductions est répandu à profusion de l'Écriture et de la Liturgie en langue vulgaire. Cette parmi 0 les protestants collection parut en 1 C 6 1 , chez Vitré, in-4 . Malheureuse- convertis. ment, une de ces inconséquences dont l'histoire ecclésias-
  • 37. TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL l 5 tique de France présente un grand nombre d'exemples au r * p a r t i e ^ " , CHAPITRE XVII e xvii siècle,, vient encore se presenjer sous notre plume. LouisXIV, ayant jugéà propos de révoquer l'Édit de Nantes et un grand nombre d'abjurations ayant suivi cet acte fa- meux, on jugea nécessaire de prévenir les nouveaux conver- tis contre le retour de leurs anciens préjugés, et pour cela, on leur mit en main des traductions de la messe. C'est ce que nous apprend assez familièrement Bossuet dans sa correspondance, si importante à consulter pour quiconque tient à connaître l'histoire de l'Eglise de France à cette époque. « Le bref contre le Missel de Voisin, donné par « Alexandre VII, dit Bossuet, n'a jamais été porté au « parlement, ni les lettres patentes vues. On n'a eu, en « France, aucun égard à ce bref, et l'on fut obligé, pour « l'instruction des nouveaux catholiques, de répandre des « milliers d'exemplaires d e l à messe en français (i). » Voilà, certes, beaucoup de chemin fait en peu de temps. Déplorable^ En 1 6 6 0 , une Assemblée du clergé défère un livre au inconséquences. Saint-Siège, après l'avoir elle-même censuré ; le souverain pontife répond à la consultation du clergé par un bref dans le sens de l'Assemblée : la cause paraît finie,'et trente ans après un évêque d'un si grand poids nous révèle que ce bref n'a été jugé d'aucune valeur, par le motif qu'il n'a jamais été porté au parlement, et que les évêques ont cru pouvoir, nonobstant un jugement si solennel, enfreindre les plus formelles défenses qu'ils avaient eux-mêmes pro- voquées. Il est vrai que les évêques de l'Assemblée de t66o avaient pris l'alarme, voyant la Liturgie ébranlée dans ses bases, et devinant le vœu secret des novateurs qui, par leur prétention d'initier les fidèles à l'intelligence des mystères sacrés, au moyen des traductions en langue vulgaire, ne faisaient autre chose que continuer le plan de leurs prédécesseurs ; tandis que les évêques des quinze (1) Correspondance de Bossuet, loin. XLII, pag. 4 7 4 .
  • 38. l6 COMMENCEMENT DE LA DÉVIATION EN FRANCE INSTITUTIONS dernières années du xvn° siècle n'avaient en vue que de LITURGIQUES dissiper les préjugés des protestants nouvellement conver- tis. Mais n'y avait-il pas d'autre mesure qu'une traduction pure et simple du canon de la messe ? fallait-il compter pour rien les prescriptions du Saint-Siège, du concile de Trente, lorsqu'on avait le moyen si facile et mis en usage en tous lieux, excepté en France, de joindre au texte un commentaire qui arrête les objections, une glose qui ne permet pas que l'œil du lecteur profane et illettré perce des ombres qui garantissent les mystères contre sa curiosité. Du moment que le peuple peut lire en sa langue, mot pour mot, ce que le prêtre récite à l'autel, pourquoi ce dernier use-t-il d'une langue étrangère qui dès lors ne cache plus rien ? pourquoi récitc-t-il à voix basse ce que la dernière servante, le plus grossier manœuvre suivent de l'œil et peuvent connaître aussi bien que lui ? Deux conséquences terribles que nos docteurs antiliturgistes ne manqueront pas de tirer avec toute leur audace, ainsi qu'on le verra dans la suite de ce récit. La Sorbonne A peine les foudres de l'Église avaient cessé de retentir conclatn ne un recueil contre la traduction du Missel, que la Sorbonne, encore ite prières, publié par un fidèle à une orthodoxie dont elle devait plus tard se dé- sieur de Laval, comme donnant partir honteusement, signalait une nouvelle entreprise de des traductions l'esprit de secte, voilée sous des formes liturgiques. Cette infidèles des prières fois encore, le piége était dirigé contre les simples fidèles. de l'Église et sentant Un sieur de Laval avait publié, à Paris, un livre intitulé : l'hérésie. Prières pour faire en commun, le malin et le soir, dans une famille chrétienne, tirées des prières de VEglise; et ce livre était arrivé jusqu'à la cinquième édition. La Faculté qui avait pris l'éveil à l'occasion du Missel de Voisin, examina ce livre en même temps, et le signala, dans la déclaration de I G Ù I , que nous avons déjà citée, ' comme renfermant d'infidèles traductions des prières de < « l'Église, des choses fausses, ambiguës, sentant l'hérésie « et y induisant, sur la matière des sacrements, et renou-
  • 39. RITUEL D ALET 17 « vêlant les opinions récemment condamnées sur la grâce, C H A M T M ^ X V U « le libre arbitre et les actes humains (1). » ~' p Mais quelque chose de bien autrement grave se prépa- £ÎjJkf d'Aiet du rait dans les arsenaux de la secte qui avait formé l'odieux par î'éveque Nicolas projet d'atteindre le dogme et la morale chrétienne par Pavillon en 1667. la Liturgie. On avait eu en vue les simples fidèles dans la traduction du Missel et dans les Heures du sieur de Laval; on songea à atteindre le clergé dans un livre qui fut spé- cialement à son usage. Il n'y avait pas moyen encore de songer au bréviaire et au Missel : le Rituel parut être un véhicule favorable aux doctrines qu'on voulait faire pré- valoir. Ce livre, qu'un usage déjà ancien en France avait rendu le répertoire de l'instruction pratique du saint mi- nistère, aussi bien que le recueil des formules de l'admi- nistration des sacrements, parut le plus propre à servir les desseins du parti. U n de ses chefs les plus zélés, Pavil- lon, évèque d'Alet, osa insérer, dans le Rituel qu'il publia en 1667 pour son diocèse, plusieurs des maximes de Saint- Cyran et d'Arnauld, sur la pratique des sacrements. Le travail fut même revu par Arnauld lui-même, qui avait succédé à Saint-Cyran dans la dictature du parti. Ceux qui savent l'histoire et la tactique du jansénisme, Tactique du jansénisme connaissent l'art avec lequel ses adeptes étaient parvenus à qui, sans nier la vertu recouvrir leurs dogmes monstrueux du vernis menteur des sacrements, , , ^ , M les anéantissait d une morale plus severc que celle de rhglise, dont ils quant à l'effet proclamaient le relâchement. Ils voulaient, disaient-ils, inaccessibles, ramener les institutions des premiers siècles, qui seuls avaient connu la vraie doctrine. Sans nier encore la vertu des sacrements, ils venaient à bout de les anéantir quant à l'usage, en enseignant que VEucharistie est la récom- pense d'une piété avancée et non d'une vertu commençante; que les confessions fréquentes nuisent d'ordinaire puis- qu'elles ne servent; que Vabsolution ne doit régulièrement 1; D'ARGENTRÉ. Collectif) Judiciorum. LOIN. IIJ. Ibid. T. RR
  • 40. l8 COMMENCEMENT DE LA DEVIATION EN FRANCE t r e muRoiQUEs ^ donnée qu'après l'accomplissement de la pénitence; qu'i/ est à propos de rétablir les pénitences publiques, etc. Chacun sait qu'avec de pareilles maximes, les religieuses de Port-Royal, le fameux diacre Paris, et mille autres, en étaient venus à conclure que la communion pascale, sup- posant une familiarité par trop grande avec Dieu, la per- fection était de l'omettre entièrement. Dans la suite, on alla plus loin, et on passa de l'isolement à l'égard des choses saintes au blasphème et à l'apostasie. Quant aux effets que produisit sur les catholiques de France ce rigo- risme, qui se glissa, du moins en grande partie, dans les livres et l'enseignement de plusieurs théologiens ortho- doxes d'ailleurs, on peut dire qu'il porta un coup funeste aux mœurs chrétiennes, en rendant plus rare l'usage des sacrements, devenus, pour ainsi dire, inabordables. On sait que le parti n'épargna rien pour décréditer et oppri- mer le clergé régulier et la Compagnie des Jésuites sur- tout, parce qu'il savait et la popularité dont jouissaient les membres de ces corporations, et leur éloignement éner- gique pour une morale aussi opposée à celle de Jésus- Christ. ces maximes Or les maximes que nous venons de citer se trouvaient P r etapV^K]uJes professées etappliquées danscent endroits du Rituel d'Alet : RiLucïVAieL quoiqu'on eut cherché avec un soin extrême à ne pas em- ployer des termes trop forts, pour ne pas donner d'om- brage au Siège apostolique, qui déjà avait foudroyé le livre de la fréquente Communion du docteur Arnauld, et plusieurs autres productions analogues du parti. Rome n'en vit pas moins tout le venin dont les ennemis de la vraie foi avaient su empoisonner une des sources les plus sacrées de la Liturgie. C l é m e n t IX Clément IX, pontife dont la secte a plus d'une fois le RitucV3"iet vanté la tolérance, mais qui fut seulement un fidèle et par un b r e f * . . . , I r» • /-M ' LUIO avrii I(io«. prudent administrateur du troupeau du beigneur, Clé- ment IX, dès l'apparition du Rituel d'Alet, signala son zèle