SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  2
Télécharger pour lire hors ligne
Le Soir mai 2013
2 reportage
Trop de freins pour le handicap au travail
discrimination Mentalités et législations sont encore des obstacles à l'intégration.
u Trouver un emploi en
temps de crise est déjà diffi-
cile, mais quand un handicap
vient se rajouter, cela compli-
que encore plus le parcours.
u Il existe de nombreux
freins à l’emploi des tra-
vailleurs handicapés.
u Certaines initiatives iso-
lées montrent toutefois une
évolution (timide) des men-
talités.
YvesVeuilletestparaplégiquedepuis
l'âge de 21 ans suite à un accident
de moto. Son travail l’a aidé à
surmonter son handicap. Aujourd’hui, il
est responsable Diversité chez IBM. Fort
de son expérience personnelle et profes-
sionnelle, il affirme que les travailleurs
handicapés doivent faire face à plusieurs
obstacles. « Des préjugés existent en ce qui
concerne l’insertion de ces travailleurs : le
manque de productivité, la fragilité psycholo-
gique, l’absentéisme et les difficultés à s’inté-
grer au sein d’une équipe. Et ces préjugés se
confirment. »
Beaucoup d’employeurs se demandent
alors quels sont les avantages à engager
un travailleur handicapé. Et la réponse est
aucun, « car l’employeur ne doit pas voir le
handicap, mais un travailleur avec des com-
pétences ».Tant que les employeurs verront
d’abord le handicap, les choses n’évolue-
ront pas vers une meilleure intégration.
Il faut donc commencer par changer les
mentalités.
Certaines entreprises ont pris les
devants. C’est le cas d’IBM dont la politi-
que de diversité est ancrée dans la straté-
gie du groupe. Et cela se ressent déjà dans
le bâtiment : pas de marches inutiles, des
ascenseurs, des couloirs et portiques suf-
fisamment larges pour laisser passer une
chaise roulante…
Pour Yves Veuillet, «  il faut commencer
par améliorer l’accessibilité des lieux de tra-
vail pour espérer un changement des men-
taités ». Grâce aux aménagements mis en
place par IBM, il en oublie presque son
handicap, tout comme ses collègues, avec
lesquels il a une véritable relation d’égal
à égal.
Afin de récompenser l'entreprise IBM
pour ses efforts, Cap 48 lui a attribué le
prix de l’entreprise citoyenne en 2006.
Pour Frédérique Demeuse, responsable
de cette récompense, « c’est en promouvant
des exemples d’insertion réussie qu’on espère
séduire d’autres entreprises et leur donner le
déclic pour suivre le même chemin  ». Mais
dans le milieu professionnel, les actions
de sensibilisation sont encore rares, d’où
l’intérêt d’un prix médiatisé comme celui
de Cap 48.
Trop peu d'handicapés au travail
L’Agence wallonne de l’insertion des
personnes handicapées (AWIPH) estime
que 10 à 15% de la population belge en
âge de travailler est porteuse d’un handi-
cap professionnel. Parmi ceux-ci, près de
la moitié aurait un emploi. Il existe donc
encore un réservoir de travailleurs poten-
tiels à exploiter. Pour le moment, il n’y a
pas encore de politique intégrée concer-
nant la mise au travail de ce public-cible.
Mais on observe déjà des initiatives iso-
lées.
L’agence d’intérim Manpower a lancé
en 2008 son programme « Unlimited » qui
a reçu le prix de Cap 48 en 2009. Depuis
lors, elle permet chaque année l’intégra-
tion de plus de 40 personnes porteuses
d’un handicap.
En 2012, Manpower a proposé des for-
mations, des services d’orientation, des
rencontres entre travailleurs et employeurs
et une grande campagne marketing.« C’est
grâce à une sensibilisation complète qu’on
arrivera à rassurer les employeurs. Ils crai-
gnent surtout de ne pas savoir comment
communiquer avec un travailleur handica-
pé. C’est notre rôle de les rassurer » affirme
Sylvie Buffin, la responsable du projet
« Unlimited ».
Elle-même malentendante et parfai-
tement intégrée dans son équipe profes-
sionnelle, elle peut témoigner auprès des
employeurs. Ses problèmes auditifs ne
l’empêchent pas de tenir une conversation
fluide avec ses collègues ou ses clients,
sans utiliser la langue des signes. Elle
lit sur les lèvres de ses interlocuteurs et
demande parfois de répéter un mot. Elle
a exclu le téléphone de son bureau, mais
pour le reste, elle travaille exactement
comme un autre travailleur.
Cofely Services, active dans le secteur
de l’énergie, confirme la possibilité de sur-
monter un handicap. Cette entreprise a
réussi l’intégration de quatre travailleurs
sourds, ce qui lui a valu de remporter aussi
le prix de Cap 48 en 2010. Les travailleurs
lisent sur les lèvres et communiquent grâ-
ce à des signes ou par écrit.
Karolien Vandersteen, responsable
Diversité, estime qu’il est essentiel que
l’équipe se prépare à accueillir un tra-
vailleur handicapé. «  Un professionnel du
handicap vient nous expliquer ce qu’il faut
dire et comment se comporter. Par exemple,
une personne sourde n’entendra pas si on est
triste ou heureux dans le ton de notre voix. Il
faudra lui expliquer nos émotions. »
Si la personne est bien intégrée, ce sera
positif pour elle, mais également pour
toute l’équipe.« Le responsable a dû appren-
dre à regarder les choses d’une autre manière.
La dynamique de l’équipe s’est améliorée. Au
point même que de sa propre initiative, cha-
que matin, la personne sourde apprend dix
mots en langue des signes à ses collègues. »
Mais l’intégration professionnelle
dépend aussi de la personnalité du tra-
vailleur et de son niveau d’études. Pour les
travailleurs qui n’arrivent pas à s’intégrer
dans le circuit traditionnel du travail, il
existe de nombreuses entreprises de tra-
vail adapté.
Pour Marc Farinelle, accompagnateur
social au Village n°1 à Ophain, «  nous
sommes une entreprise comme les autres, avec
des contraintes économiques et un rythme de
travail à respecter ». Dans les hangars, le
travail est à la chaîne. Au Call Center, les
téléphones n’arrêtent pas de sonner.
Mais d’après Eric Sornin,un agent d’in-
tégration de l’AWIPH, il y a un problè-
me de mobilité professionnelle : « une fois
entrés dans le circuit adapté, les travailleurs
ne retournent pas dans le circuit classique ».
Une législation bancale
Si la sensibilisation est importante, elle
ne suffit pas toujours. La Région wal-
lonne propose des aides à l’emploi tant
pour les employeurs que les travailleurs.
Ces primes améliorent l’employabilité des
travailleurs, aident leur entrée sur le mar-
ché du travail et favorisent le maintien à
l’emploi.
Elles ont de plus en plus
de succès. En 2011, 7437
aides financières ont été
accordées, un nombre qui a
plus que doublé en 10 ans
(voir graphique). Mais tou-
tes les législations ne font
pas autant l’unanimité que
celle-ci.
Un arrêté royal de 2007
impose que 2,5 à 3% du
personnel des services publics soit por-
teur d’un handicap. Selon Eric Sornin
de l’AWIPH, «  l’entrée en vigueur de cet
arrêté a eu un effet positif sur le taux d’em-
ploi des travailleurs handicapés même si,
avec 1,37%, on reste bien en deçà du niveau
fixé ». Contrairement à la France, le non-
respect du quota légal n’est pas sanction-
né. Luc Fohal, directeur formation de
l’AWIPH, se pose la question de sa légi-
timité  : «  les quotas entraînent des effets
pervers. L’employeur se sent obligé d’engager
quelqu’un qui n’a pas nécessairement les com-
pétences. C’est rarement un facteur d’intégra-
tion, car le travailleur va ressentir qu’on ne
voulait pas l’engager. »
La loi du 27 février 1987 est une autre
législation importante pour les person-
nes handicapées. Elle réglemente notam-
ment leurs allocations de remplacement
de revenus. Mais cette loi fait l’objet de
critiques.
Le fait de travailler diminue l’allocation
que reçoit le travailleur handicapé. Et s’il
perd son emploi après trois mois ou plus,il
doit de nouveau introduire une procédure
ordinaire pour avoir ses allocations. Cela
peut durer un an pendant lequel la per-
sonne ne reçoit ni salaire, ni allocation.
Pas étonnant dès lors que l’enquête
Handilab de la KUL estime
à 39% le nombre de per-
sonnes handicapées en des-
sous du seuil de pauvreté,
alors qu’on est à 15% dans
la population globale. De
plus, le montant de ces allo-
cations dépend du revenu
du travailleur ainsi que de
celui du conjoint. Pourtant
le surcoût dû au handicap
ne diminue pas lorsque le
travailleur gagne mieux sa vie. Le secré-
taire d’Etat aux personnes handicapées,
Philippe Courard, s’est attelé à une révi-
sion de cette loi qu’il espère encore faire
passer avant la fin de la législature. ■
Danaé Malengreau
Le Village n°1 offre un travail adapté aux travailleurs handicapés. Ils sont encadrés par des accompagnateurs, mais ils doivent respecter le rythme
de production pour que l'entreprise reste compétitive. © D.M.
Yves Veuillet est responsable diversité chez IBM. Il a aidé l'entreprise à développer une politique
favorable à l'intégration des travailleurs porteurs d'un handicap. © D.M.
Evolution des aides de l’AWIPH pour travailleurs handicapés Répartition des aides de l’AWIPH en 2011
	
  
	
  
	
  
	
  
Stage de découverte
Contrat d'adaptation prof.
Prime au tutorat
Prime à l'intégration
Prime de compensation
Prime aux indépendants
Aménagement du poste de travail
Frais de déplacement au travail0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : AWIPH
Source : AWIPH
« C’est grâce à une sensibilisation
complète qu’on arrivera à rassurer
les employeurs. »
« Le responsable a dû apprendre à
regarder les choses d’une autre maniè-
re. La dynamique de l’équipe s’est
améliorée. »
39%C'est le nombre de personnes
handicapées qui se situent en
dessous du seuil de pauvreté
européen, contre 14% dans la
population belge totale.
Le Soir mai 2013
reportage 2
Des petits bras et une grande gueule
portrait François Marien, ou comment faire d'un handicap un avantage dans la vie.
François Marien est diplômé
en management et travaille
dans le département
communication du Parlement
européen. À 26 ans, ce Rwandais
d’origine se débrouille très bien
au tennis de table et adore cuisi-
ner. Et malgré sa forte person-
nalité, la première chose que l’on
remarque chez lui, ce sont ses
bras. François est une des victi-
mes du Softenon, ce médicament
anti-nauséeux prescrit aux femmes
enceintes. Ses bras ne se sont pas
développés complètement. Mais
loin d’être un frein, cette particula-
rité est un moteur dans sa vie.
François est président de l’as-
sociation «  Pas de bras, pas de
chocolat » qui se bat pour le res-
pect des droits des personnes por-
teuses d’un handicap. Il se décrit
d’ailleurs comme «  le Robin des
Bois des personnes handicapées ». Il
n’a pas peur de la confrontation et
n’hésite pas à porter plainte contre
des entreprises. C’est d’ailleurs de
cette manière qu’il a créé son asso-
ciation en 2010. Après avoir réussi
des tests, il était le dernier can-
didat en liste pour un poste chez
Belgacom. L’entreprise publique
autonome a pourtant estimé que
son handicap n’était pas compati-
ble avec la fonction. C’était sa pre-
mière discrimination à l’embauche
et il a refusé de se taire.Tout à fait
dans ses droits, il voulait tirer pro-
fit de cette histoire. Grâce à son
culot, il a demandé à Belgacom
de lui payer quatre jours de vacan-
ces dans le cadre d’un règlement
amiable. Des vacances qui lui ont
permis de mettre sur pied son
association dont les fonds pro-
viennent de Belgacom. Pari réussi.
Le lancement officiel de son asso-
ciation a eu un grand retentisse-
ment dans les médias. Cela certai-
nement grâce à son caractère bien
trempé. Il n’hésite pas à appeler
personnellement les journalistes et
les politiciens auxquels il ne fait
aucune courbette.
Si l’association « Pas de bras, pas
de chocolat  » a déjà fait bouger
certaines choses en ce qui concer-
ne la non-discrimination à l’em-
ploi et l’accessibilité à la culture,
François reste modeste : « Je n’ai
encore rien fait, tout reste à faire ».
Prochain challenge la politique
Si une association peut chan-
ger les choses à petite échelle, c’est
au niveau politique qu’on peut
vraiment influencer les mentalités.
François n’est pas convaincu par
les partis politiques belges et vise
directement l’Europe. Il voit son
job dans le département commu-
nication du Parlement européen
comme un tremplin et un nid à
rencontres. Il est sûr de lui et a un
bagage de vie intéressant au point
d’avoir déjà été invité trois fois au
restaurant des députés, un hon-
neur que tout le monde ne mérite
pas. « Les portes, je les défonce. Ça
plait, ça plait pas, je m’en fous. »
Si au début, il avait du mal avec
le regard des autres, il a réussi à
l’accepter et même à en jouer. Il
adore provoquer et marquer les
esprits. Ce dragueur invétéré court
les soirées de gala et adore les chal-
lenges. «  J’ai peut-être des petits
bras, mais j’ai une grande gueule. »
Pas de doute qu’il rentrera bien
dans la peau d’un homme politi-
que. Et tout cela ne serait jamais
arrivé sans son handicap, «  c’est
mon plus bel atout ». ■
D.M.
François Marien veut se battre contre les discriminations aux personnes handicapées au nom de ceux qui n'osent pas. Il vit sa fonction dans le département com-
munication du Parlement européen comme l'occasion de faire bouger les choses à grande échelle. © Frédéric Pauwels
Un dialogue de sourd pour se comprendre
ambiance Des handicaps se rencontrent dans l'ASBL Passe-Muraille. Imagination et solutions de rigueur.
Yann et Benjamin parlent
d’une réunion à venir. C’est
loin d’être un dialogue de sourd,
malgré que Benjamin le soit et que
Yann soit aveugle. Le quotidien à
l’ASBL Passe-Muraille est rythmé
par ces scènes un peu surréalistes.
Dans ce petit bâtiment du centre
de Mons, des personnes sourdes
travaillent avec des aveugles ou
malvoyants ainsi qu’avec des tra-
vailleurs « ordinaires ». Impossible
diriez-vous ? Seulement si on ne
prend pas en compte la bonne
volonté et la capacité d’adaptation
de cette équipe.
Yann tape du pied pour appeler
Benjamin grâce à des vibrations
dans le sol.Tellement simple. Pour
discuter, ils usent de ruses, qui
marchent à merveille. Benjamin,
qui est totalement sourd, a appris
à parler, même s’il n’entend rien à
ce qu’il dit. « C’est un vrai sourd
de compétition » selon son collè-
gue. Et Yann va parler avec une
voix posée et un rythme constant
pour permettre à Benjamin de lire
sur ses lèvres.
De temps en temps, ils utili-
sent aussi la langue des signes.
Benjamin apprend un nouveau
mot chaque jour à toute l’équipe.
Une équipe qui a totalement
intégré les différents handicaps
au point de les oublier. Philippe
Harmegnies, le président de l’as-
sociation et lui-même malvoyant,
a par exemple annoncé à travers
l’openspace qu’il changeait l’heure
de la réunion. Sauf que Benjamin
n’a évidemment pas entendu et
s’est pointé dans son bureau… une
heure trop tôt.
À l’heure de midi aussi, le han-
dicap n’est pas présent à table.Tout
le monde papote, rien ne laisse
transparaitre la spécificité de cer-
tains travailleurs et certainement
pas la pitié. Benjamin communi-
que en langue des signes avec une
de ses collègues. S’il veut racon-
ter une histoire, il devra attendre
son tour, comme tout le monde.
Elle le lui fait comprendre clai-
rement lorsqu’elle détourne son
regard. Les signes ne servent dès
lors plus à rien.
Le handicap n’est plus un obsta-
cle dans cette association. Comme
Benjamin ne sait pas téléphoner,
soit il envoie des messages, soit
il demande à un collègue de télé-
phoner pour lui. Si Philippe ne
voit pas bien son écran d’ordina-
teur, il a lui suffit de zoomer sur
l’écran pour savoir répondre à ses
mails de façon autonome. S’il n’ar-
rive pas à lire son courrier, il enfile
des lunettes-loupe. Et pour Yann
qui est aveugle, son ordinateur est
équipé d’un système qui lit à haute
voix tout ce qui est écrit à l’écran.
L’association a même investi dans
une imprimante braille.
Bref, à chaque problème, une
solution. ■
D.M.
L'ASBL Passe-Muraille
L'association montoise Passe-Muraille a quatre missions : la sen-
sibilisation, l’éducation, l’information et la formation autour du
handicap.
L’ASBL a été créée en 1998 par Philippe Harmegnies qui voulait
toucher une population dite « ordinaire », car « le public handi-
capé sait très bien ce dont il a besoin, par contre la société a encore
besoin d’évoluer ».
L’association a engagé cinq travailleurs handicapés pour que
ses actions gagnent en crédibilité.
Benjamin qui est sourd apprend un mot en langue des signes à Yann qui est aveugle pour qu'ils puissent communiquer
(ci-dessus). Les nouvelles technologies facilitent aussi l'intégration des travailleurs handicapés (ci-dessous). © D.M.
« Return To
Work », il est
temps
Quelque 265.000 personnes
bénéficient d’une allocation
d’incapacité de travail. Un chiffre
qui devrait atteindre les 300.000
en 2015. Il est donc urgent d’in-
vestir dans le maintien à l’emploi
et la réinsertion de ce public. En
2011, l’Institut national d’assuran-
ce maladie-invalidité (INAMI) a
lancé le plan « Return To Work ».
Celle plate-forme d’échange ras-
semble tous les acteurs concernés
: mutuelles, partenaires sociaux,
SPF emploi et sécurité sociale. Le
but est de réformer le système et
les mentalités pour mieux accom-
pagner les bénéficiaires d’alloca-
tions qui veulent retourner sur le
marché du travail.
Pour le moment, une infirmière
qui a mal au dos ou un boulanger
devenu allergique à la farine béné-
ficient d’une allocation jusqu’à ce
qu’ils soient de nouveau capables
de travailler. Cela peut être dans
leur domaine ou dans un autre,
après une formation.
Pour Catherine Vermeersch,
conseillère sociale à la Fédération
des entreprises de Belgique, «  il
faut offrir une meilleure informa-
tion à tous les acteurs concernés :
les employeurs, les travailleurs et
les médecins. C’est comme cela qu’on
arrivera à changer les mentalités,
car pour le moment, les personnes en
incapacité de travail ne sont vrai-
ment pas stimulées à retourner tra-
vailler. » Elles ont alors tendance
à rester chez elles. Et plus long-
temps un travailleur est écarté du
travail, plus il aura du mal à y
retourner. C’est donc un cercle
vicieux qu’il faut casser grâce à des
initiatives comme le plan « Return
to work ». ■
D.M.

Contenu connexe

Tendances

20 minutes dossier handicap seph 2014
20 minutes dossier handicap seph 201420 minutes dossier handicap seph 2014
20 minutes dossier handicap seph 2014AVIE
 
Conférence Uniformation du 4 décembre 2014
Conférence Uniformation du 4 décembre 2014Conférence Uniformation du 4 décembre 2014
Conférence Uniformation du 4 décembre 2014Uniformation
 
Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015
Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015
Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015Jeremy ABDILLA
 
Les services se conjuguent-ils au féminin ?
Les services se conjuguent-ils au féminin ?Les services se conjuguent-ils au féminin ?
Les services se conjuguent-ils au féminin ?Académie du Service
 
personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'Agefiph
personnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'Agefiphpersonnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'Agefiph
personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'AgefiphChristophe Lemesre
 
Contribution agefiph et fiphfp
Contribution agefiph et fiphfpContribution agefiph et fiphfp
Contribution agefiph et fiphfpcoligney88
 
Les actus de cap emploi 05.pub
Les actus de cap emploi 05.pubLes actus de cap emploi 05.pub
Les actus de cap emploi 05.pubHandirect 05
 
Rapport d'activité du Fiphfp #2013
Rapport d'activité du Fiphfp #2013Rapport d'activité du Fiphfp #2013
Rapport d'activité du Fiphfp #2013AVIE
 
Le dif cest maintenant
Le dif cest maintenantLe dif cest maintenant
Le dif cest maintenantdidier cozin
 
Agefiph Rapport d'activité 2015
Agefiph Rapport d'activité 2015Agefiph Rapport d'activité 2015
Agefiph Rapport d'activité 2015AVIE
 
Cheops livre blanc
Cheops  livre blancCheops  livre blanc
Cheops livre blancAVIE
 
Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire
 Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire
Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaireAVIE
 
Fiphfp : nouveaux modes de travail
Fiphfp : nouveaux modes de travailFiphfp : nouveaux modes de travail
Fiphfp : nouveaux modes de travailAVIE
 
Convention agefiph anact - Communiqué de presse
Convention agefiph anact - Communiqué de presse Convention agefiph anact - Communiqué de presse
Convention agefiph anact - Communiqué de presse AVIE
 
Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...
Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...
Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...Nawsheen Hosenally
 
Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95
Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95
Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95Carole CHAUVIN
 
IDCC 2128 Accord de branche sur le handicap
IDCC 2128 Accord de branche sur le handicapIDCC 2128 Accord de branche sur le handicap
IDCC 2128 Accord de branche sur le handicapSociété Tripalio
 
Livret (Handi)Cap Entrepreneuriat
Livret (Handi)Cap EntrepreneuriatLivret (Handi)Cap Entrepreneuriat
Livret (Handi)Cap EntrepreneuriatJean-Pierre Levayer
 
Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017
Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017
Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017LADAPT
 
Linsertion professionnelle des personnes en situation de handicap
Linsertion professionnelle des personnes en situation de handicapLinsertion professionnelle des personnes en situation de handicap
Linsertion professionnelle des personnes en situation de handicapElodieBriot2
 

Tendances (20)

20 minutes dossier handicap seph 2014
20 minutes dossier handicap seph 201420 minutes dossier handicap seph 2014
20 minutes dossier handicap seph 2014
 
Conférence Uniformation du 4 décembre 2014
Conférence Uniformation du 4 décembre 2014Conférence Uniformation du 4 décembre 2014
Conférence Uniformation du 4 décembre 2014
 
Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015
Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015
Dossier presse Rencontres Emploi Handicap 2015
 
Les services se conjuguent-ils au féminin ?
Les services se conjuguent-ils au féminin ?Les services se conjuguent-ils au féminin ?
Les services se conjuguent-ils au féminin ?
 
personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'Agefiph
personnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'Agefiphpersonnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'Agefiph
personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'Agefiph
 
Contribution agefiph et fiphfp
Contribution agefiph et fiphfpContribution agefiph et fiphfp
Contribution agefiph et fiphfp
 
Les actus de cap emploi 05.pub
Les actus de cap emploi 05.pubLes actus de cap emploi 05.pub
Les actus de cap emploi 05.pub
 
Rapport d'activité du Fiphfp #2013
Rapport d'activité du Fiphfp #2013Rapport d'activité du Fiphfp #2013
Rapport d'activité du Fiphfp #2013
 
Le dif cest maintenant
Le dif cest maintenantLe dif cest maintenant
Le dif cest maintenant
 
Agefiph Rapport d'activité 2015
Agefiph Rapport d'activité 2015Agefiph Rapport d'activité 2015
Agefiph Rapport d'activité 2015
 
Cheops livre blanc
Cheops  livre blancCheops  livre blanc
Cheops livre blanc
 
Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire
 Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire
Dynamiser l’emploi des personnes handicapees en milieu ordinaire
 
Fiphfp : nouveaux modes de travail
Fiphfp : nouveaux modes de travailFiphfp : nouveaux modes de travail
Fiphfp : nouveaux modes de travail
 
Convention agefiph anact - Communiqué de presse
Convention agefiph anact - Communiqué de presse Convention agefiph anact - Communiqué de presse
Convention agefiph anact - Communiqué de presse
 
Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...
Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...
Employment, economic challenges and opportunities for young in youth in rural...
 
Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95
Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95
Handichat du 13 decembre 2018 Cap emploi 95
 
IDCC 2128 Accord de branche sur le handicap
IDCC 2128 Accord de branche sur le handicapIDCC 2128 Accord de branche sur le handicap
IDCC 2128 Accord de branche sur le handicap
 
Livret (Handi)Cap Entrepreneuriat
Livret (Handi)Cap EntrepreneuriatLivret (Handi)Cap Entrepreneuriat
Livret (Handi)Cap Entrepreneuriat
 
Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017
Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017
Donnez du sens à votre Taxe d'Apprentissage 2017
 
Linsertion professionnelle des personnes en situation de handicap
Linsertion professionnelle des personnes en situation de handicapLinsertion professionnelle des personnes en situation de handicap
Linsertion professionnelle des personnes en situation de handicap
 

Similaire à Malengreau Danaé Masterblog

Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018
Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018
Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018Anthony Turchi
 
Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015
Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015
Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015AVIE
 
CPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdf
CPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdfCPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdf
CPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdfAVIE
 
Charte handicap overblog
Charte handicap overblogCharte handicap overblog
Charte handicap overblogHandirect 05
 
Rapport d'activité AVIE 2014
Rapport d'activité AVIE 2014Rapport d'activité AVIE 2014
Rapport d'activité AVIE 2014AVIE
 
IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé
IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé
IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé Société Tripalio
 
« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...
« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...
« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...Julia Lemarchand
 
Ra maquette v3 2020
Ra maquette v3 2020Ra maquette v3 2020
Ra maquette v3 2020Handirect 05
 
Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph
Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph
Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph Cheops Paca
 
Var mag 211 Dossier insertion
Var mag 211 Dossier insertionVar mag 211 Dossier insertion
Var mag 211 Dossier insertionAVIE
 
Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...
Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...
Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...AVIE
 
Rapport d'activité AVIE 2013
Rapport d'activité AVIE 2013Rapport d'activité AVIE 2013
Rapport d'activité AVIE 2013AVIE
 
Les personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'Agefiph
Les personnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'AgefiphLes personnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'Agefiph
Les personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'AgefiphChristophe Lemesre
 
Les cahiers de CHEOPS
Les cahiers de  CHEOPSLes cahiers de  CHEOPS
Les cahiers de CHEOPSAVIE
 
Alerte presse janvier 2012
Alerte presse   janvier 2012Alerte presse   janvier 2012
Alerte presse janvier 2012aurelienortola
 
Témoignage Matmut - Utilisation de Motiva
Témoignage Matmut - Utilisation de MotivaTémoignage Matmut - Utilisation de Motiva
Témoignage Matmut - Utilisation de MotivaProf. Zwi Segal
 
Guide pratique emploi et handicap
Guide pratique emploi et handicapGuide pratique emploi et handicap
Guide pratique emploi et handicapDominique Gross
 
Actualités unsa hebdo - 12 mars 2012
Actualités   unsa hebdo - 12 mars 2012Actualités   unsa hebdo - 12 mars 2012
Actualités unsa hebdo - 12 mars 2012Miguel Iglesias
 
Bilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et ConcienceBilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et ConcienceEric LEGER
 
Revue de presse job academy bd
Revue de presse job academy  bdRevue de presse job academy  bd
Revue de presse job academy bdClarisse GORCE
 

Similaire à Malengreau Danaé Masterblog (20)

Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018
Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018
Guide pratique handicap emploi - Handy Job 06 - mars 2018
 
Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015
Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015
Saphir dans "Var mag n°211" Mars 2015
 
CPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdf
CPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdfCPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdf
CPNSST-GUIDE-AGIR-TH.pdf
 
Charte handicap overblog
Charte handicap overblogCharte handicap overblog
Charte handicap overblog
 
Rapport d'activité AVIE 2014
Rapport d'activité AVIE 2014Rapport d'activité AVIE 2014
Rapport d'activité AVIE 2014
 
IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé
IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé
IDCC 1801 Accord de branche sur les personnes handicapées signé
 
« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...
« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...
« Job, où es-tu ? », le dossier des Echos START consacré à l’emploi des jeune...
 
Ra maquette v3 2020
Ra maquette v3 2020Ra maquette v3 2020
Ra maquette v3 2020
 
Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph
Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph
Orientations stratégiques 2016 2018 de l'agefiph
 
Var mag 211 Dossier insertion
Var mag 211 Dossier insertionVar mag 211 Dossier insertion
Var mag 211 Dossier insertion
 
Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...
Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...
Baromètre Agefiph-IFOP : perception de l’emploi des personnes en situation de...
 
Rapport d'activité AVIE 2013
Rapport d'activité AVIE 2013Rapport d'activité AVIE 2013
Rapport d'activité AVIE 2013
 
Les personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'Agefiph
Les personnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'AgefiphLes personnes handicapées et l'emploi  : le bilan 2010 de l'Agefiph
Les personnes handicapées et l'emploi : le bilan 2010 de l'Agefiph
 
Les cahiers de CHEOPS
Les cahiers de  CHEOPSLes cahiers de  CHEOPS
Les cahiers de CHEOPS
 
Alerte presse janvier 2012
Alerte presse   janvier 2012Alerte presse   janvier 2012
Alerte presse janvier 2012
 
Témoignage Matmut - Utilisation de Motiva
Témoignage Matmut - Utilisation de MotivaTémoignage Matmut - Utilisation de Motiva
Témoignage Matmut - Utilisation de Motiva
 
Guide pratique emploi et handicap
Guide pratique emploi et handicapGuide pratique emploi et handicap
Guide pratique emploi et handicap
 
Actualités unsa hebdo - 12 mars 2012
Actualités   unsa hebdo - 12 mars 2012Actualités   unsa hebdo - 12 mars 2012
Actualités unsa hebdo - 12 mars 2012
 
Bilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et ConcienceBilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
Bilan de Compétences - Entre Orientation et Concience
 
Revue de presse job academy bd
Revue de presse job academy  bdRevue de presse job academy  bd
Revue de presse job academy bd
 

Malengreau Danaé Masterblog

  • 1. Le Soir mai 2013 2 reportage Trop de freins pour le handicap au travail discrimination Mentalités et législations sont encore des obstacles à l'intégration. u Trouver un emploi en temps de crise est déjà diffi- cile, mais quand un handicap vient se rajouter, cela compli- que encore plus le parcours. u Il existe de nombreux freins à l’emploi des tra- vailleurs handicapés. u Certaines initiatives iso- lées montrent toutefois une évolution (timide) des men- talités. YvesVeuilletestparaplégiquedepuis l'âge de 21 ans suite à un accident de moto. Son travail l’a aidé à surmonter son handicap. Aujourd’hui, il est responsable Diversité chez IBM. Fort de son expérience personnelle et profes- sionnelle, il affirme que les travailleurs handicapés doivent faire face à plusieurs obstacles. « Des préjugés existent en ce qui concerne l’insertion de ces travailleurs : le manque de productivité, la fragilité psycholo- gique, l’absentéisme et les difficultés à s’inté- grer au sein d’une équipe. Et ces préjugés se confirment. » Beaucoup d’employeurs se demandent alors quels sont les avantages à engager un travailleur handicapé. Et la réponse est aucun, « car l’employeur ne doit pas voir le handicap, mais un travailleur avec des com- pétences ».Tant que les employeurs verront d’abord le handicap, les choses n’évolue- ront pas vers une meilleure intégration. Il faut donc commencer par changer les mentalités. Certaines entreprises ont pris les devants. C’est le cas d’IBM dont la politi- que de diversité est ancrée dans la straté- gie du groupe. Et cela se ressent déjà dans le bâtiment : pas de marches inutiles, des ascenseurs, des couloirs et portiques suf- fisamment larges pour laisser passer une chaise roulante… Pour Yves Veuillet, «  il faut commencer par améliorer l’accessibilité des lieux de tra- vail pour espérer un changement des men- taités ». Grâce aux aménagements mis en place par IBM, il en oublie presque son handicap, tout comme ses collègues, avec lesquels il a une véritable relation d’égal à égal. Afin de récompenser l'entreprise IBM pour ses efforts, Cap 48 lui a attribué le prix de l’entreprise citoyenne en 2006. Pour Frédérique Demeuse, responsable de cette récompense, « c’est en promouvant des exemples d’insertion réussie qu’on espère séduire d’autres entreprises et leur donner le déclic pour suivre le même chemin  ». Mais dans le milieu professionnel, les actions de sensibilisation sont encore rares, d’où l’intérêt d’un prix médiatisé comme celui de Cap 48. Trop peu d'handicapés au travail L’Agence wallonne de l’insertion des personnes handicapées (AWIPH) estime que 10 à 15% de la population belge en âge de travailler est porteuse d’un handi- cap professionnel. Parmi ceux-ci, près de la moitié aurait un emploi. Il existe donc encore un réservoir de travailleurs poten- tiels à exploiter. Pour le moment, il n’y a pas encore de politique intégrée concer- nant la mise au travail de ce public-cible. Mais on observe déjà des initiatives iso- lées. L’agence d’intérim Manpower a lancé en 2008 son programme « Unlimited » qui a reçu le prix de Cap 48 en 2009. Depuis lors, elle permet chaque année l’intégra- tion de plus de 40 personnes porteuses d’un handicap. En 2012, Manpower a proposé des for- mations, des services d’orientation, des rencontres entre travailleurs et employeurs et une grande campagne marketing.« C’est grâce à une sensibilisation complète qu’on arrivera à rassurer les employeurs. Ils crai- gnent surtout de ne pas savoir comment communiquer avec un travailleur handica- pé. C’est notre rôle de les rassurer » affirme Sylvie Buffin, la responsable du projet « Unlimited ». Elle-même malentendante et parfai- tement intégrée dans son équipe profes- sionnelle, elle peut témoigner auprès des employeurs. Ses problèmes auditifs ne l’empêchent pas de tenir une conversation fluide avec ses collègues ou ses clients, sans utiliser la langue des signes. Elle lit sur les lèvres de ses interlocuteurs et demande parfois de répéter un mot. Elle a exclu le téléphone de son bureau, mais pour le reste, elle travaille exactement comme un autre travailleur. Cofely Services, active dans le secteur de l’énergie, confirme la possibilité de sur- monter un handicap. Cette entreprise a réussi l’intégration de quatre travailleurs sourds, ce qui lui a valu de remporter aussi le prix de Cap 48 en 2010. Les travailleurs lisent sur les lèvres et communiquent grâ- ce à des signes ou par écrit. Karolien Vandersteen, responsable Diversité, estime qu’il est essentiel que l’équipe se prépare à accueillir un tra- vailleur handicapé. «  Un professionnel du handicap vient nous expliquer ce qu’il faut dire et comment se comporter. Par exemple, une personne sourde n’entendra pas si on est triste ou heureux dans le ton de notre voix. Il faudra lui expliquer nos émotions. » Si la personne est bien intégrée, ce sera positif pour elle, mais également pour toute l’équipe.« Le responsable a dû appren- dre à regarder les choses d’une autre manière. La dynamique de l’équipe s’est améliorée. Au point même que de sa propre initiative, cha- que matin, la personne sourde apprend dix mots en langue des signes à ses collègues. » Mais l’intégration professionnelle dépend aussi de la personnalité du tra- vailleur et de son niveau d’études. Pour les travailleurs qui n’arrivent pas à s’intégrer dans le circuit traditionnel du travail, il existe de nombreuses entreprises de tra- vail adapté. Pour Marc Farinelle, accompagnateur social au Village n°1 à Ophain, «  nous sommes une entreprise comme les autres, avec des contraintes économiques et un rythme de travail à respecter ». Dans les hangars, le travail est à la chaîne. Au Call Center, les téléphones n’arrêtent pas de sonner. Mais d’après Eric Sornin,un agent d’in- tégration de l’AWIPH, il y a un problè- me de mobilité professionnelle : « une fois entrés dans le circuit adapté, les travailleurs ne retournent pas dans le circuit classique ». Une législation bancale Si la sensibilisation est importante, elle ne suffit pas toujours. La Région wal- lonne propose des aides à l’emploi tant pour les employeurs que les travailleurs. Ces primes améliorent l’employabilité des travailleurs, aident leur entrée sur le mar- ché du travail et favorisent le maintien à l’emploi. Elles ont de plus en plus de succès. En 2011, 7437 aides financières ont été accordées, un nombre qui a plus que doublé en 10 ans (voir graphique). Mais tou- tes les législations ne font pas autant l’unanimité que celle-ci. Un arrêté royal de 2007 impose que 2,5 à 3% du personnel des services publics soit por- teur d’un handicap. Selon Eric Sornin de l’AWIPH, «  l’entrée en vigueur de cet arrêté a eu un effet positif sur le taux d’em- ploi des travailleurs handicapés même si, avec 1,37%, on reste bien en deçà du niveau fixé ». Contrairement à la France, le non- respect du quota légal n’est pas sanction- né. Luc Fohal, directeur formation de l’AWIPH, se pose la question de sa légi- timité  : «  les quotas entraînent des effets pervers. L’employeur se sent obligé d’engager quelqu’un qui n’a pas nécessairement les com- pétences. C’est rarement un facteur d’intégra- tion, car le travailleur va ressentir qu’on ne voulait pas l’engager. » La loi du 27 février 1987 est une autre législation importante pour les person- nes handicapées. Elle réglemente notam- ment leurs allocations de remplacement de revenus. Mais cette loi fait l’objet de critiques. Le fait de travailler diminue l’allocation que reçoit le travailleur handicapé. Et s’il perd son emploi après trois mois ou plus,il doit de nouveau introduire une procédure ordinaire pour avoir ses allocations. Cela peut durer un an pendant lequel la per- sonne ne reçoit ni salaire, ni allocation. Pas étonnant dès lors que l’enquête Handilab de la KUL estime à 39% le nombre de per- sonnes handicapées en des- sous du seuil de pauvreté, alors qu’on est à 15% dans la population globale. De plus, le montant de ces allo- cations dépend du revenu du travailleur ainsi que de celui du conjoint. Pourtant le surcoût dû au handicap ne diminue pas lorsque le travailleur gagne mieux sa vie. Le secré- taire d’Etat aux personnes handicapées, Philippe Courard, s’est attelé à une révi- sion de cette loi qu’il espère encore faire passer avant la fin de la législature. ■ Danaé Malengreau Le Village n°1 offre un travail adapté aux travailleurs handicapés. Ils sont encadrés par des accompagnateurs, mais ils doivent respecter le rythme de production pour que l'entreprise reste compétitive. © D.M. Yves Veuillet est responsable diversité chez IBM. Il a aidé l'entreprise à développer une politique favorable à l'intégration des travailleurs porteurs d'un handicap. © D.M. Evolution des aides de l’AWIPH pour travailleurs handicapés Répartition des aides de l’AWIPH en 2011         Stage de découverte Contrat d'adaptation prof. Prime au tutorat Prime à l'intégration Prime de compensation Prime aux indépendants Aménagement du poste de travail Frais de déplacement au travail0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Source : AWIPH Source : AWIPH « C’est grâce à une sensibilisation complète qu’on arrivera à rassurer les employeurs. » « Le responsable a dû apprendre à regarder les choses d’une autre maniè- re. La dynamique de l’équipe s’est améliorée. » 39%C'est le nombre de personnes handicapées qui se situent en dessous du seuil de pauvreté européen, contre 14% dans la population belge totale.
  • 2. Le Soir mai 2013 reportage 2 Des petits bras et une grande gueule portrait François Marien, ou comment faire d'un handicap un avantage dans la vie. François Marien est diplômé en management et travaille dans le département communication du Parlement européen. À 26 ans, ce Rwandais d’origine se débrouille très bien au tennis de table et adore cuisi- ner. Et malgré sa forte person- nalité, la première chose que l’on remarque chez lui, ce sont ses bras. François est une des victi- mes du Softenon, ce médicament anti-nauséeux prescrit aux femmes enceintes. Ses bras ne se sont pas développés complètement. Mais loin d’être un frein, cette particula- rité est un moteur dans sa vie. François est président de l’as- sociation «  Pas de bras, pas de chocolat » qui se bat pour le res- pect des droits des personnes por- teuses d’un handicap. Il se décrit d’ailleurs comme «  le Robin des Bois des personnes handicapées ». Il n’a pas peur de la confrontation et n’hésite pas à porter plainte contre des entreprises. C’est d’ailleurs de cette manière qu’il a créé son asso- ciation en 2010. Après avoir réussi des tests, il était le dernier can- didat en liste pour un poste chez Belgacom. L’entreprise publique autonome a pourtant estimé que son handicap n’était pas compati- ble avec la fonction. C’était sa pre- mière discrimination à l’embauche et il a refusé de se taire.Tout à fait dans ses droits, il voulait tirer pro- fit de cette histoire. Grâce à son culot, il a demandé à Belgacom de lui payer quatre jours de vacan- ces dans le cadre d’un règlement amiable. Des vacances qui lui ont permis de mettre sur pied son association dont les fonds pro- viennent de Belgacom. Pari réussi. Le lancement officiel de son asso- ciation a eu un grand retentisse- ment dans les médias. Cela certai- nement grâce à son caractère bien trempé. Il n’hésite pas à appeler personnellement les journalistes et les politiciens auxquels il ne fait aucune courbette. Si l’association « Pas de bras, pas de chocolat  » a déjà fait bouger certaines choses en ce qui concer- ne la non-discrimination à l’em- ploi et l’accessibilité à la culture, François reste modeste : « Je n’ai encore rien fait, tout reste à faire ». Prochain challenge la politique Si une association peut chan- ger les choses à petite échelle, c’est au niveau politique qu’on peut vraiment influencer les mentalités. François n’est pas convaincu par les partis politiques belges et vise directement l’Europe. Il voit son job dans le département commu- nication du Parlement européen comme un tremplin et un nid à rencontres. Il est sûr de lui et a un bagage de vie intéressant au point d’avoir déjà été invité trois fois au restaurant des députés, un hon- neur que tout le monde ne mérite pas. « Les portes, je les défonce. Ça plait, ça plait pas, je m’en fous. » Si au début, il avait du mal avec le regard des autres, il a réussi à l’accepter et même à en jouer. Il adore provoquer et marquer les esprits. Ce dragueur invétéré court les soirées de gala et adore les chal- lenges. «  J’ai peut-être des petits bras, mais j’ai une grande gueule. » Pas de doute qu’il rentrera bien dans la peau d’un homme politi- que. Et tout cela ne serait jamais arrivé sans son handicap, «  c’est mon plus bel atout ». ■ D.M. François Marien veut se battre contre les discriminations aux personnes handicapées au nom de ceux qui n'osent pas. Il vit sa fonction dans le département com- munication du Parlement européen comme l'occasion de faire bouger les choses à grande échelle. © Frédéric Pauwels Un dialogue de sourd pour se comprendre ambiance Des handicaps se rencontrent dans l'ASBL Passe-Muraille. Imagination et solutions de rigueur. Yann et Benjamin parlent d’une réunion à venir. C’est loin d’être un dialogue de sourd, malgré que Benjamin le soit et que Yann soit aveugle. Le quotidien à l’ASBL Passe-Muraille est rythmé par ces scènes un peu surréalistes. Dans ce petit bâtiment du centre de Mons, des personnes sourdes travaillent avec des aveugles ou malvoyants ainsi qu’avec des tra- vailleurs « ordinaires ». Impossible diriez-vous ? Seulement si on ne prend pas en compte la bonne volonté et la capacité d’adaptation de cette équipe. Yann tape du pied pour appeler Benjamin grâce à des vibrations dans le sol.Tellement simple. Pour discuter, ils usent de ruses, qui marchent à merveille. Benjamin, qui est totalement sourd, a appris à parler, même s’il n’entend rien à ce qu’il dit. « C’est un vrai sourd de compétition » selon son collè- gue. Et Yann va parler avec une voix posée et un rythme constant pour permettre à Benjamin de lire sur ses lèvres. De temps en temps, ils utili- sent aussi la langue des signes. Benjamin apprend un nouveau mot chaque jour à toute l’équipe. Une équipe qui a totalement intégré les différents handicaps au point de les oublier. Philippe Harmegnies, le président de l’as- sociation et lui-même malvoyant, a par exemple annoncé à travers l’openspace qu’il changeait l’heure de la réunion. Sauf que Benjamin n’a évidemment pas entendu et s’est pointé dans son bureau… une heure trop tôt. À l’heure de midi aussi, le han- dicap n’est pas présent à table.Tout le monde papote, rien ne laisse transparaitre la spécificité de cer- tains travailleurs et certainement pas la pitié. Benjamin communi- que en langue des signes avec une de ses collègues. S’il veut racon- ter une histoire, il devra attendre son tour, comme tout le monde. Elle le lui fait comprendre clai- rement lorsqu’elle détourne son regard. Les signes ne servent dès lors plus à rien. Le handicap n’est plus un obsta- cle dans cette association. Comme Benjamin ne sait pas téléphoner, soit il envoie des messages, soit il demande à un collègue de télé- phoner pour lui. Si Philippe ne voit pas bien son écran d’ordina- teur, il a lui suffit de zoomer sur l’écran pour savoir répondre à ses mails de façon autonome. S’il n’ar- rive pas à lire son courrier, il enfile des lunettes-loupe. Et pour Yann qui est aveugle, son ordinateur est équipé d’un système qui lit à haute voix tout ce qui est écrit à l’écran. L’association a même investi dans une imprimante braille. Bref, à chaque problème, une solution. ■ D.M. L'ASBL Passe-Muraille L'association montoise Passe-Muraille a quatre missions : la sen- sibilisation, l’éducation, l’information et la formation autour du handicap. L’ASBL a été créée en 1998 par Philippe Harmegnies qui voulait toucher une population dite « ordinaire », car « le public handi- capé sait très bien ce dont il a besoin, par contre la société a encore besoin d’évoluer ». L’association a engagé cinq travailleurs handicapés pour que ses actions gagnent en crédibilité. Benjamin qui est sourd apprend un mot en langue des signes à Yann qui est aveugle pour qu'ils puissent communiquer (ci-dessus). Les nouvelles technologies facilitent aussi l'intégration des travailleurs handicapés (ci-dessous). © D.M. « Return To Work », il est temps Quelque 265.000 personnes bénéficient d’une allocation d’incapacité de travail. Un chiffre qui devrait atteindre les 300.000 en 2015. Il est donc urgent d’in- vestir dans le maintien à l’emploi et la réinsertion de ce public. En 2011, l’Institut national d’assuran- ce maladie-invalidité (INAMI) a lancé le plan « Return To Work ». Celle plate-forme d’échange ras- semble tous les acteurs concernés : mutuelles, partenaires sociaux, SPF emploi et sécurité sociale. Le but est de réformer le système et les mentalités pour mieux accom- pagner les bénéficiaires d’alloca- tions qui veulent retourner sur le marché du travail. Pour le moment, une infirmière qui a mal au dos ou un boulanger devenu allergique à la farine béné- ficient d’une allocation jusqu’à ce qu’ils soient de nouveau capables de travailler. Cela peut être dans leur domaine ou dans un autre, après une formation. Pour Catherine Vermeersch, conseillère sociale à la Fédération des entreprises de Belgique, «  il faut offrir une meilleure informa- tion à tous les acteurs concernés : les employeurs, les travailleurs et les médecins. C’est comme cela qu’on arrivera à changer les mentalités, car pour le moment, les personnes en incapacité de travail ne sont vrai- ment pas stimulées à retourner tra- vailler. » Elles ont alors tendance à rester chez elles. Et plus long- temps un travailleur est écarté du travail, plus il aura du mal à y retourner. C’est donc un cercle vicieux qu’il faut casser grâce à des initiatives comme le plan « Return to work ». ■ D.M.