1. Depuis toujours, l'agriculture est un élément fonda‐
mental du développement de nos civilisations, le reflet
des (R)évolutions de nos sociétés.
Ces dernières décennies, le monde agricole a du re‐
lever de nombreux défis:
‐ nécessité d'augmenter les rendements afin d'assurer
la pérénité des exploitations ;
‐ répondre à des exigences réglementaires de plus en
plus fortes et multiples : déclaration PAC1, traçabilité
sanitaire, traçabilité alimentaire, traçabilité environ‐
nementale ;
‐ gérer la complexification des processus
administratifs et de production ;
‐ la mondialisation : concurrence exacerbée sur les
prix, spéculation forte sur les produits agricoles ;
‐ supporter des pressions économiques importantes
et fluctuantes : prix du pétrole, prix des intrants2, prix
des semences, coûts des investissements ;
‐ gérer des relations complexes avec des fournisseurs
et acheteurs de plus en plus puissants ;
‐ prendre en compte le changement des habitudes
alimentaires : bio, circuits courts, nutriments.
Loin d'être épisodiques, nombres d'entre eux vont
prendre une tout autre ampleur dans les années venir!
L'environnement, le réchauffement climatique et le
développement durable sont au premier rang :
‐ grenelle Environnement au travers du plan Ecophyto
II3, dont l'ambition est de réduit de 50% l'usage des
produits phytopharmaceutiques ;
‐ les effets du réchauffement climatique, par une di‐
minution des surfaces agricoles et des aléas en volume
et périodicité des précipitations et de l’ensoleillement ;
‐ la raréfactions des ressources naturelles qu'il faudra
gérer au plus juste.
Tout ceci s'accompagne d'un accroissement de la
population mondiale de 2 à 3 milliards d'individus en
2050, et d'un triplement de la classe moyenne, qui re‐
présentera à elle‐seule près de la moitié de la popula‐
tion.
L'équation semble triviale : "produire mieux, plus, à
moindre coût, au plus prêt des besoins et des envies des
consommateurs". La solution l'est moins. Comme par le
passé, le numérique dispose d'un certain nombre
d'atouts pour y contribuer.
15 décembre 2015 Édition 1 Numéro 7
euratech trends
Nouveaux défis ...
1 ‐ Politique Agricole Commune, www.pac2015.fr/ .
2 ‐ Produits apportés aux terres et aux cultures (les engrais, les amende‐
ments, les produits phytosanitaires, les activateurs ou retardateurs de crois‐
sance, les semences.
3 ‐ Plan Euphyto II, http://goo.gl/26wKYM .
EuraTechnologies +(33) 320 191 855
1,7% du PIB
1er pays exportateur de
l'agroalimentaire dans l'UE
581 000 chefs d’exploitation
471 000 élèves, étudiants et
apprentis
Agriculture et numérique, mariage de raison ?
12% du PIB
1er région exportatrice de
l'agroalimentaire
16 870 chefs d’exploitation
11 080 élèves, étudiants et
apprentis
2. 70 milliards $, chiffre d'affaires mondial de la robotique
agricole en 2024. (“Agricultural Robots”, Tractica, 2015).
euratech trends
L’agriculture au même titre que l’automobile ou la
défense est un des secteurs d’activité pionner dans
l’utilisation du numérique et ce, bien avant l’avènement
d’Internet. En effet l’un des premiers outils
numériques utilisés par les agriculteurs fût le service
télématique « Guillaume TEL », imaginé en 1982 par
François Solignac‐Lecomte et Jean‐Françoise Hervieu
qui compta quelques milliers de clients dés 1988. Il
permettait déjà de consulter les prévisions météo
localisées, les avertissements du SRPVI, les cours et
marchés agricoles, de saisir et consulter les données de
ses animaux, d’utiliser une messagerie et de procéder à
un certain nombre de calculs en ligne (rations, fumure,
etc …)
Concomitant à l’usage des services minitel,
l’utilisation de l’imagerie satellitaire fait son chemin
avec le lancement du programme SPOT2 et la mise en
orbite du 1er satellite en 1986. Le programme se
perpétue avec le lancement des satellites PLEIADES en
2011 et 2012, puis SPOT‐6 et SPOT‐7 en 2012 et 2014.
Ils servent aux prévisions météorologiques, aux
vérifications des déclarations PAC, au guidage ou auto‐
guidage d’engins agricoles (GPS, GLANOSS, GALILLEO) ,
aux diagnostics des cultures.
Dans les années 90, l’ordinateur individuel va bien
entendu trouver sa place dans la panoplie de
l’exploitant agricole, dans un premier temps pour gérer
son cheptel, puis sa comptabilité, et, avec l’avènement
d’Internet, se substituant petit à petit au Minitel.
Pour répondre à ces nouveaux défis, l’agriculture
n’est plus une et unique, mais se décline au gré des
nécessaires évolutions mais aussi du marketing des
nombreux acteurs de ce secteur!
Agriculture, sylviculture et élevage de précision :
où les échelles de travail se situent au centimètre et au
gramme près sur des exploitations de dizaines
d’hectares …
Agro‐écologie, micro‐agriculture biointensive, AEI ‐
Agriculture Ecologiquement Intensive, CEA ‐ controlled
environment agriculture :
les préoccupations environnementales sont au cœur
des processus sans pour autant oublier le rendement …
Eagriculture, agriculture connectée,
agriculture numérique, Smart farming ou
climat smart farming :
le numérique comme levier d’innovation, de
compétitivité et de productivité …
Si les dernières dénominations ne laissent aucun
doute sur la place que prend le numérique et les
attentes qu’il suscite, il joue également un rôle dans
l’atteinte des objectifs de chacune des autres
catégories.
02
Des Agriculteurs
Connectés
[ 100 % des agriculteurs sont équipés
d’un ordinateur, fixe et/ou portable.
 36 % sont équipés d’un smartphone,
pénétration freinée par une
couverture 3G et 4G des zones rurales
encore trop faible.
Z 14% disposent d’une tablette.
T 80 % des agriculteurs sont connectés à
internet.
48 % considèrent qu’avoir accès à
internet partout sur leur exploitation
peut être utile pour l’exercice de leur
métier.
78% utilisent Internet depuis au moins 8 ans.
85% d’entre eux ont une utilisation
professionnelle journalière d’Internet.
Agriculture et Numérique,
une "vieille" histoire!
Agriculture et Marketing!
3. Le monde de l’agriculture a constitué au
fil du temps un patrimoine numérique
conséquent. Certes, il est disparate,
hétérogène, fragmenté. Pour les données les
plus anciennes, cela demandera un premier
travail d’analyse pour juger de leur
pertinence et de leur intérêt pour une
exploitation à posteriori.
On pressent également, comme dans la
majorité des secteurs d’activités, que le
volume de ces données va croissant et que
leur exploitation est un des leviers pour
répondre aux nombreux enjeux que nous
avons déjà évoqués par ailleurs. Il est donc
naturel que le concept de « data‐driven
agriculture » et que les technologies du Big
Data fassent leur chemin. Aux Etats‐Unis,
FarmLogs affirme qu’une exploitation sur 3
utilise déjà ses services d’analyse
de données.
Ces dernières ne vont pas sans
poser quelques interrogations, lé‐
gitimes, aux agriculteurs sur la
propriété de ces données et de
leur utilisation, renforcées par
l’intérêt non dissimulé de
certaines multinationales! Des
réponses claires et précises seront
un prérequis pour une adoption.
En exemple, citons le
« gentleman agreement », privacy and
security principles for farm data, signé en
janvier 2015 par une trentaine d’acteurs aux
Etats‐Unis. En France, le Cercle de Prospect‐
ive des filières agricoles et alimentaires a
proposé des recommandations dont : « Des
contrats, de gré à gré, devront être
formalisés entre les agriculteurs et les
grands opérateurs des filières, afin de
réguler la propriété, les usages et la
valorisation des données ainsi que le
partage de la valeur ajoutée ainsi créée. »
Autre technologie qui fait son apparition
dans nos champs, le drone. Cet appareil
conçu dans tout d'abord pour des
applications militaires, a ensuite pris le
chemin du grand public (AR.drone de
Parrot) pour revenir sur des applications
professionnelles (inspection des lignes à
haute tension, repérage cadastral).
Dans le monde agricole, les usages du
drone sont la surveillance d’exploitation, de
champs ou de troupeau. Associé à un
capteur optique, il peut compléter ou se
substituer à l’imagerie satellitaire. Pour
exemple, la solution ebee ag de Parrot,
permet de définir un plan de vol du drone
sur une parcelle, de capter des images de
cette parcelle, de les analyser à posteriori,
pour finalement préparer un plan
d’épandage optimisé, permettant
l’utilisation d’intrants au plus près des
besoins réels. Ce plan est alors téléchargé
dans la console de pilotage du tracteur pour
mise en œuvre. L’interaction temps réel
entre le drone et le tracteur
n’est pas encore à l’ordre du
jour : la puissance de calcul à
embarquer sur le drone et
l’accès aux données de
traitement de la parcelle en
temps réel se sont pas
(encore!) disponibles.
L’adoption massive est
encore freinée par les coûts
d’acquisition qui restent
élevés, plusieurs milliers ou
dizaines de milliers d’euros,
et par une réglementation d’utilisation très
stricte sur le sol français.
Dernière technologie en cours de
déploiement, les capteurs intelligents,
connectés, que l’on associe à l’Internet des
Objets. Ces capteurs sont pratiquement
conçus à la demande et doivent répondre à
des contraintes d’utilisation
particulièrement sévères, puisque
disséminés dans les champs, des stèles ou
des bassins d’eau. Leur rôle est de mesurer
AGENDA
Salon Internation-
al de l'agriculture
2016 :
du 27 février au 06
mars 2016 - Paris
www.salon-agriculture.com
Salon
international des
techniques de
productions
végétales :
du 12 au 14 janvier
2016 - Angers
www.sival-angers.com
AGRITECHNICA :
salon mondial du
secteur des
technologies agricoles
du 12 au 18 novembre
2017 - Hannovre
www.agritechnica.com
The second World
Agri-Tech
Investment
Summit :
16 et mars 2016 - San
Franscico
www.worldagritechusa.com
Big Data, Drones & Internet
des Objets, le saint Graal !!!
03euratech trends
« Les exploitants déclarent que l'Internet à haut débit est devenu indispensable dans le cadre
de leur profession, et l'utilisent en moyenne plus de quatre heures par jour », FNSEA,
Nordnet et Orange, expérimentation "Agriculture connectée", Bretagne, 2014‐2015 .
Une utilisation de
capteurs fixes ou mobiles
encore assez faible
Caméra (27%)
Station météo (7%),
Sonde hydrique (5%),
Détecteur de niveau de
stock (4%)
Puce RFID (5%)
Bolus (3%)
4. des valeurs pertinentes pour l’optimisation de processus
: humidité, température du sol, température ambiante,
température d’un animal, PH du sol, PH gastrique, taux
de nitrate, taux de potassium, longueur de racine,
position d’un animal, etc. …
Les mesures sont effectuées à un rythme
programmable. Elles sont ensuite, soit transmises en
temps réel par réseau mobile aux serveurs de
prestataires de services pour être traitées en temps
réel, soit récoltées en différer pour un traitement à
posteriori en locale par l’usager.
Weenat, start‐up d’EuraTechnologies, propose des
capteurs et des services d’analyses agronomiques pour
les cultures de la betterave sucrière, de la chicorée, de
la pomme de terre ou du lin. La liste n’est pas limitative
puisque la solution est adaptable!
Autre exemple, le matelas intelligent et connecté
pour vache, Smart Mat, développé par Bioret Agri. Les
capteurs présents dans ce matelas permettent
d’analyser l’ambiance du bâtiment, déterminer les
zones de couchage, les périodes et fréquences des
phases de repos. Les informations sont disponibles en
temps réel notamment sur smartphone. La détection
avancée d’un comportement anormal permet de
diagnostiquer rapidement une blessure ou une maladie.
Le potentiel de ses différentes technologies dans le
monde agricole a donné naissance à un nouveau secteur
d'activités dans le numérique : les AgTech ou AgriTech.
Leur développement est fortement porté par les acteurs
de la Silicon Valley à la recherche de nouvelles oppor‐
tunités comme le sont les FinTech ou les CleanTech.
La France, dans un contexte particulièrement difficile
pour les filières agricoles agrioles, s'y est intéressée not‐
amment dans le cadre de la mission agroéquipements (
http://goo.gl/nsQfU5 ).
Reste que l’adoption et le diffusion se feront d’autant
plus facilement que les usagers agricoles seront
accompagnés dans leur compréhension de ces nouvelles
technologies, que le partage des connaissances et
richesses développées sera équitable et qu’il n’y aura
pas de risque de créer un déséquilibre et une
dépendance forte vis‐à‐vis des offreurs de solutions.
Simple question de bon sens …paysan!
Le marché des AgTech « numériques » est un marché
encore jeune. Sa spécification et son dimensionnement
sont encore difficiles, d’autant plus que les chiffres
proposés intègrent souvent les biotechnologies, la
biochimie, les bio énergies, le traitement de l’eau ou,
comme dans le rapport de la mission sur les
agroéquipements, les machines agricoles.
Si l’on se réfère à ce dernier, le marché mondial des
agroéquipements était estimé en 2013 à 118 Md € pour
atteindre 173 Md € en 2018. Si l’on s’en tient au marché
des machines agricoles, l’Union européenne détient la
1ère place devant les États‐Unis et la Chine. La France se
classe au 3ème rang européen. Cette filière représentait
en 2013, 540 entreprises de fabrication et de 2 000 en
distribution, soient plus de 40 000 emplois et un CA de
4,4 Md €. Le rapport fait état d’entreprises récentes,
pour la plupart des start‐up innovantes dans le secteur
des TIC pour l’agriculture, fournissant les capteurs et les
outils d’aide à la décision (OAD) et d’observation pour
l’agriculture de précision, et de quelques éditeurs de
logiciels agricoles (2 se partageant la majorité du
marché), sans plus de précision.
Le niveau d’investissement dans les entreprises, qui
étant donné la jeunesse du secteur sont en grande
partie des start‐up est un bon indicateur de son
évolution. AgFunder , plateforme d’equity
crowdfunding créée en 2013 est, spécialisé dans les
AgTech. Cette plateforme publie régulièrement des
chiffres sur le financement des entreprises de ce sec‐
teur. Les chiffres à mi‐2015, avec un montant de plus de
2 milliards de $ investis par 280 sociétés, confirment
l’intérêt grandissant des investisseurs pour les AgTech.
A mi‐parcours, le montant est presque au niveau de
l’ensemble de l’année 2014.
04 euratech trends
Retrouvez‐nous sur le Web! www.euratechnologies.com
EuraTechnologies
165 avenue de Bretagne
59000 Lille
Equipe Développement économique : 03.20.19.18.55
Accueil EuraTechnologies : 03.59.08.32.30
contact@euratechnologies.com
Les AgTech
un marché en devenir