3. Gestion financière – Marine PORTAL
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CONSEILS GENERAUX
Comme pour chacune de vos matières, trois supports de formation sont mis à votre disposition (fascicule, livre,
module Internet) pour vous assurer une acquisition rapide et efficace puis une maîtrise durable des
connaissances, méthodes et outils propres au domaine.
Le fascicule que vous avez en mains présente les notions fondamentales de gestion et d’analyse financière, au
moyen d’un cours structuré avec des exemples, où chaque chapitre correspond à environ 3 ou 4 heures de
travail personnel ; chacune de ces séquences vous renvoie également au livre de référence qui vous propose
des exercices corrigés à durée très variable. Vous disposez ainsi de plusieurs supports actualisés et didactiques,
dont l’usage méthodique devrait vous amener sans trop de difficulté à une bonne appropriation des outils de
base de l’analyse financière.
Le module Internet doit être consulté lorsque vous désirez revoir rapidement le cours sous forme d’un résumé,
parcouru en mode hypertexte, comme le permet l’informatique, c’est‐à‐dire en choisissant de vous attarder
uniquement sur les notions que vous ne maîtrisez pas encore suffisamment. Le module Internet propose
également des exercices d’entraînement avec leur corrigé, de difficulté progressive, qui viennent compléter
ceux du livre de référence. Un QCM vous aidera à revoir rapidement les points clés à la fin de chaque chapitre.
Nous vous recommandons enfin de réaliser à la date prévue par le calendrier, le devoir à envoyer (par courriel)
à la correction. Celui‐ci vous permettra d’évaluer ponctuellement votre degré de compréhension de la matière
et vous indiquera le niveau d’exigence fixé par les professeurs pour la future épreuve d’examen.
Pour toute observation ou question relative au cours, pensez à utiliser le forum sur Internet. Parmi toutes les
questions posées par les étudiants, vous trouverez peut‐être la réponse à vos propres interrogations.
BON COURAGE dans la lecture et l’apprentissage des notions de ce fascicule, et encore une fois, n’hésitez
surtout pas à utiliser le forum pour toute question.
4.
5. Gestion financière – Marine PORTAL
5
INTRODUCTION
LE DIAGNOSTIC FINANCIER
L’analyse financière objet de ce cours, consiste en un diagnostic financier qui, par analogie au diagnostic
médical, conduit à se prononcer sur l’état de santé de l’entreprise.
Fondée sur l’examen des documents de synthèse de la comptabilité générale, l’analyse financière permet
d’évaluer la viabilité de l’entreprise en termes d’équilibre (développement harmonieux de l’actif et du passif),
de rentabilité (dégagement de bénéfices par rapport aux moyens mis en œuvre), de solvabilité (capacité
théorique à rembourser ses dettes), de liquidité (capacité effective de la trésorerie à faire face aux dépenses).
Toute une batterie de ratios nous permettra de vérifier la bonne santé financière de l’entreprise et d’apprécier
les risques éventuellement encourus : risque de défaillance par rupture de solvabilité, risque de
désinvestissement par manque de rentabilité etc.
L’examen des seuls documents comptables (sur plusieurs exercices) ne suffira pas à un diagnostic approfondi ;
bien d’autres informations viendront compléter l’analyse : l’appartenance de l’entreprise à un groupe,
l’historique de la vie de l’entreprise (succès, échecs, crises), les caractéristiques de son secteur d’activité,
l’accès au marché financier, les données qualitatives sur les ressources humaines, les caractéristiques des
produits et services vendus, des clients, des fournisseurs, des concurrents (cf . le modèle des cinq forces
concurrentielles de Porter) etc.
L’analyse financière est faite pour agir ; elle sert de point de départ à une seconde étape d’ordre prévisionnel,
lors de laquelle se prennent les décisions stratégiques fondées sur le constat des forces et des faiblesses
révélés entre autres par le diagnostic financier mais rapproché d’une quantité d’autres informations non
comptables, qualitatives, externes etc.
La gestion financière et l’analyse financière s’appuient sur l’image que donne la comptabilité générale
principalement au travers du Compte de résultat, du Bilan et des annexes de la liasse fiscale, mais l’analyse
financière crée aussi ses propres représentations sur la base de modèles prévus par le Plan comptable général
ou par la Centrale des bilans de la Banque de France par exemple.
Retenons également que, au contraire de la comptabilité générale, l’analyse financière n’a pas un caractère
obligatoire et formel pour l’entreprise (sauf le tableau des Soldes Intermédiaires de Gestion dans le système
développé) et ne se construit donc pas dans un cadre aussi rigide et normalisé.
Retraiter les
documents
de synthèse
comptables
Calculer des
indicateurs
financiers
Intégrer le
diagnostic
financier dans
un diagnostic
global
Proposer
des
solutions
AGIR
6. Gestion financière – Marine PORTAL
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LES UTILISATEURS DE L’ANALYSE FINANCIERE
Les utilisateurs de l’analyse financière sont nombreux :
‐ Les gestionnaires de l’entreprise
‐ Les actionnaires ou autres apporteurs du capital social (associés)
‐ Les prêteurs de fonds (banques)
‐ Les fournisseurs (qui accordent des crédits commerciaux)
‐ Les salariés de l’entreprise (soucieux de leur emploi)
‐ Les clients (qui sollicitent des crédits commerciaux, qui souhaitent la pérennité de l’entreprise, de ses
produits et services)
‐ Les concurrents
‐ Les organismes et partenaires économiques tels que l’INSEE, la Banque de France, les Chambres de
métiers, de commerce et d’industrie, les collectivités locales etc.
Les attentes de ces différents acteurs ne sont pas les mêmes :
‐ Les dirigeants de l’entreprise ont comme objectif de maximiser leurs revenus, leurs pouvoirs, par la
croissance, la rentabilité économique,
‐ Les actionnaires attendent davantage une amélioration de la situation nette de l’entreprise et une
bonne rentabilité financière,
‐ Les salariés s’intéressent à la croissance pourvoyeuse d’emplois et de revenus (pas de délocalisation
sous prétexte de réduire les coûts),
‐ Les créanciers s’attachent au remboursement de leurs créances, donc à la solvabilité de l’entreprise et
de ses clients.
La défense de tous ces intérêts légitimes, parfois divergents, passe par la pertinence du diagnostic financier.
LA PERTINENCE DE L’ANALYSE
La pertinence de l’analyse tient plus à l’interprétation des résultats qu’à leur simple calcul arithmétique. Cette
interprétation exige du discernement, ainsi :
BILAN comptable
COMPTE DE RESULTAT
ANNEXE
‐ Tableau des immobilisations
‐ Tableau des amortissements
‐ Tableau des provisions
‐ Tableau des échéances de
créances et dettes
‐ Tableau d’affectation du
résultat
‐ Tableau des engagements
hors bilan (effets escomptés
non échus)
BILAN FONCTIONNEL
Tableau des SIG
CAF
RATIOS
reclassements
retraitements
Comptabilité générale Gestion financière
Tableau de FINANCEMENT
Tableau des FLUX DE
TRESORERIE
7. Gestion financière – Marine PORTAL
7
‐ Prise isolément, une donnée en valeur absolue n’aura pas grand sens : que penser d’un Fonds de
roulement de 112 000 € ? Des comparaisons dans le temps et l’espace (inter‐entreprises) apporteront
un éclairage indispensable pour porter un jugement. Ainsi, faut‐il rapprocher ses résultats des valeurs
moyennes et médianes observées sur le même secteur économique ou chez des concurrents. Les sites
internet fournissant des données (le plus souvent payantes) et des analyses financières sont très
nombreux :
o greffes des tribunaux de commerce (www.infogreffe.fr)
o Reuters www.ort.fr,
o Coface www.cofacerating.fr,
o Journal LesEchos www.lesechos.fr
o Journal la Tribune : www.latribune.fr
Chaque année, la Banque de France par exemple, publie des analyses sectorielles. Il en va de
même du SESSI (Service des études et statistiques industrielles).
‐ Les données relatives (par exemple des pourcentages) seront également à manier avec prudence : une
augmentation de 50% sur un poste de 10 000 € peut être beaucoup moins significative qu’une
variation de 5% sur un poste de 200 000 €.
‐ Un chiffre d’affaires peut croître alors que le résultat d’exploitation diminue. Il suffit pour cela que
l’entreprise, contrainte par la concurrence, réduise ses marges pour vendre plus, ce qui correspond à
une stratégie de conquête d’un marché.
‐ Une entreprise qui réalise un bénéfice en fin d’exercice, n’est pas forcément en « bonne santé » ; ce
résultat net peut cacher un mauvais résultat d’exploitation et/ou financier, masqué par un résultat
exceptionnel (donc temporaire) positif (une liquidation des actifs pour faire face à des difficultés
chroniques !).
‐ Une entreprise qui connaît une perte n’est pas forcément en difficulté ; comme dit précédemment, ce
résultat peut être dû à des causes exceptionnelles.
‐ Une entreprise saine sur le plan de son activité (résultat d’exploitation positif) donc très probablement
rentable, peut connaître des difficultés de trésorerie (les flux financiers étant décalés dans le temps
par rapport aux flux réels) qui la conduiront à la défaillance (cessation des paiements). Ainsi la gestion
des crédits clients et fournisseurs attirera toute notre attention. D’autre part, une croissance
commerciale rapide dont l’entreprise pourrait se féliciter, génère un phénomène bien connu des
analystes financiers de dérèglement de la trésorerie, appelé « effet ciseaux » qui peut également
conduire l’entreprise à la cessation de paiement et au rachat par un concurrent.
L’EVOLUTION DE LA GESTION FINANCIERE ET L’ANALYSE FINANCIERE
L’environnement économique actuel est très différent de celui d’il y a vingt ans. En conséquence, et compte
tenu de perfectionnements théoriques, l’analyse financière a connu une évolution récente, ainsi :
‐ le développement des études en termes de flux (analyse dynamique) qui viennent compléter les
études en termes de stocks (analyse statique),
‐ la focalisation actuelle sur les problèmes de rentabilité financière alors que l’analyse financière s’était
autrefois développée, à l’initiative des banques, sur les problèmes de solvabilité des entreprises et au
risque de défaillance,
‐ l’intérêt marqué pour la répartition de la valeur ajoutée (pour les actionnaires, pour les salariés) en
matière de gestion de l’entreprise,
‐ la délicate prise en compte nécessaire des éléments immatériels, importants dans une économie de
services. L’élaboration de nouveaux outils mieux adaptés constitue un axe d’évolution contemporaine
de l’analyse financière.
8. Gestion financière – Marine PORTAL
8
Toutes ces considérations nous amènent à conclure votre appropriation de ce cours… Vous devrez non
seulement vous approprier les outils de l’analyse financière au même titre que ceux de la comptabilité générale
auxquels vous êtes déjà familiarisé(e), mais il vous faudra également apprendre à évaluer globalement une
situation, l’appréhender dans toute sa complexité en évitant tout jugement hâtif ou réducteur.
Le présent fascicule est structuré de façon à présenter simplement les outils d’une analyse financière dite
statique (en termes de stocks) du compte de résultat et du bilan avant d’aborder les outils plus complexes
d’une analyse dynamique (en termes de flux), à savoir le tableau de financement. Le compte de résultat sera
plus axé sur les performances d’exploitation de l’entreprise dans son secteur d’activité. Le bilan ouvrira
l’analyse sur les problématiques d’endettement, de solvabilité et de rentabilité.
Les chapitres s’enchaînent par difficulté croissante, donc prenez bien le temps d’assimiler les deux premiers
avant de poursuivre.
Pour vous entraîner : Extrait du QCM à retrouver sur le site internet
A chaque question, indiquez avec quelles réponses vous êtes d’accord :
1. La finalité de l’analyse financière est de pouvoir se prononcer :
‐ sur la rentabilité des capitaux investis par les actionnaires
‐ sur la solvabilité de l’entreprise compte tenu de ses dettes et de ses créances
‐ sur la capacité de l’entreprise à disposer d’une trésorerie suffisante
‐ sur l’implication de son personnel quant aux objectifs de développement de l’entreprise
‐ sur l’équilibre financier du bilan
2. Les documents de l’analyse financière :
‐ sont pour certains d’entre eux, normalisés
‐ comprennent le tableau des soldes intermédiaires de gestion
‐ ne comprennent que le compte de résultat et le bilan
‐ incluent fréquemment de nombreux ratios
‐ sont facultatifs
3. Les personnes intéressées par la situation financière de l’entreprise sont :
‐ les représentants du personnel, les syndicats
‐ les principaux clients et fournisseurs de l’entreprise
‐ les banques
‐ les organismes sociaux
‐ les actionnaires
4. A propos de pertinence de l’analyse :
‐ il est important de porter son attention aussi bien sur le CA que sur les marges
‐ une entreprise qui possède une activité commerciale en expansion est forcément viable
‐ le résultat net d’une entreprise même bénéficiaire peut cacher une situation difficile
‐ une perte nette peut avoir été provoquée par des charges exceptionnelles
‐ les charges financières n’ont pas d’impact sur le résultat net
5. L’évolution de l’analyse financière :
‐ est figée depuis ces dix dernières années, étant donné une conjoncture maussade
‐ donne de l’importance à l’analyse dynamique, qui s’intéresse aux flux
‐ donne de l’importance à la rentabilité des capitaux investis
‐ s’intéresse à la problématique de la répartition de la valeur ajoutée
‐ délaisse les éléments immatériels
Retrouvez sur le site, ce QCM et les solutions...
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CHAPITRE 1.
ANALYSE FONDEE SUR LE COMPTE DE RESULTAT
« Les affaires ? C’est bien simple, c’est l’agent des autres », Alexandre Dumas fils
Vos objectifs :
‐ ‐Savoir interpréter les différents SIG
‐ ‐Maîtriser leur calcul
‐ ‐Déterminer la Capacité d’autofinancement suivant les deux méthodes
1.1. LES SOLDES INTERMEDIAIRES DE GESTION
Comme vous l’avez vu en cours de Comptabilité générale, le résultat d’un exercice comptable s’obtient par
différence entre les charges et les produits, classés par nature dans le compte de résultat (éléments
d’exploitation, financiers et exceptionnels).
Dépassant son approche patrimoniale, le Plan Comptable Général présente dans le système développé, un outil
d’information pour la gestion : le tableau des Soldes Intermédiaires de Gestion (SIG).
1.1.1. DECOMPOSITION DU RESULTAT
Le résultat se construit au fil de plusieurs étapes :
Marge
commerciale
Production de
l’exercice
Valeur Ajoutée
Excédent Brut
d’exploitation
Résultat
d’exploitation
Résultat
courant
RESULTAT NET
Résultat
exceptionnel
+ ou – value sur cessions
d’actifs
10. Gestion financière – Marine PORTAL
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1.1.2. TABLEAU DES SIG (AVEC NUMEROS DES COMPTES, A SIMPLE TITRE INDICATIF)
Ce tableau peut se présenter en comptes (produits et charges) :
Produits Charges Soldes
Ventes de marchandises
707‐7097
Coût d’achat des march. Vendues
607‐6097+‐6037 + 608
Marge commerciale
Production vendue 70 (sauf 707)‐709
Production stockée 71
Production immobilisée 72‐73
Déstockage de production 71 Production de l’exercice
Production de l’exercice
Marge commerciale
Consommation de l’exercice en
provenance de tiers
601‐606‐6091‐6096 +‐6031 et 6032
61‐62
Valeur ajoutée
Valeur ajoutée
Subvention d’exploitation 74
Impôts, taxes et versements assimilés
63
Charges de personnel 64
Excédent brut d’exploitation
ou Insuffisance brute
d’exploit.
Excédent brut d’exploitation
Reprises sur charges 781
Autres produits 75 (sauf 755)
Insuffisance brute d’exploitation
Dotations aux amortissements. et
provisions 681
Autres charges 65 (sauf 655)
Résultat d’exploitation
(Bénéfice ou Perte)
Bénéfice d’exploitation
Quotes‐parts de résultat sur op. en
commun 755‐655
Produits financiers 76 786 796
Perte d’exploitation
Quotes‐parts de résultat sur op. en
commun
Charges financières 66 686
Résultat courant avant impôts
Produits exceptionnels 77 787 797 Charges exceptionnelles 67 687 Résultat exceptionnel
Résultat courant avant impôts
(Bénéfice)
Résultat exceptionnel (Bénéfice)
Résultat courant avant impôts (Perte)
Résultat exceptionnel (Perte)
Participation des salariés 691
Impôts sur les bénéfices 695 697
Résultat de l’exercice
Produits de cession des éléments d’actif
775
Valeur comptable des éléments cédés
675
Plus ou Moins‐values sur
cessions d’éléments d’actif
Ou, le plus fréquemment, en liste :
Marge commerciale
+ Production de l’exercice
‐ Consommations en provenance de tiers
= Valeur ajoutée
+ subventions d’exploitation
‐ impôts, taxes et versements assimilés
‐ charges de personnel
= Excédent brut d’exploitation
+ reprises et transferts de charges d’exploitation
+ autres produits
‐ DAP d’exploitation
‐ autres charges
= Résultat d’exploitation
+ ‐ Quote‐part de résultat sur opérations en commun
+ produits financiers
‐ charges financières
= Résultat courant avant impôts
+ Résultat exceptionnel
‐ Participation des salariés
‐ Impôts sur les sociétés (IS)
= Résultat de l’exercice
1.1.3. SIGNIFICATION DES SIG
La marge commerciale est calculée pour les entreprises commerciales et les entreprises industrielles ayant une
activité de négoce (revente en l’état). C’est le paramètre essentiel des entreprises de distribution. Elle peut
s’exprimer en % du chiffre d’affaires : (marge commerciale / chiffre d’affaires) * 100. Il est intéressant de suivre
l’évolution dans le temps de ce taux de marge commerciale.
11. Gestion financière – Marine PORTAL
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La production de l’exercice ne concerne que les entreprises ayant une activité de production, de biens ou de
services. Indicateur essentiel du niveau d’activité, il présente toutefois l’inconvénient de mélanger deux modes
de valorisation : la production vendue au prix de vente, la production stockée et la production immobilisée au
coût de production. Il est intéressant de suivre l’évolution du taux de croissance de la production dans le
temps, entre les années n‐1 et n par exemple : (Pn – Pn‐1) / Pn‐1. Il faut également être vigilant au niveau des
stocks : une augmentation sensible de la production stockée (donc mévente) peut dénoter une insuffisante
réactivité de l’entreprise par rapport à l’évolution qualitative de la demande (mévente) ou d’autres facteurs
commerciaux.
La valeur ajoutée mesure la richesse économique créée par l’entreprise. Ce solde constitue un indicateur du
poids de l’entreprise dans l’économie nationale (le PIB, Produit Intérieur Brut, est la somme des valeurs
ajoutées des entreprises d’un pays). En micro‐économie, c’est un indicateur d’efficacité de la combinaison
productive (hommes + machines), dont on peut suivre l’évolution avec les ratios :
Productivité apparente du travail = VA / effectif salarié moyen
à ne pas confondre avec les mesures classiques de productivité des machines, qui utilisent un paramètre de
durée ou de vitesse
Rendement apparent du capital = VA / immobilisations brutes d’exploitation
Taux d’investissement = investissements d’exploitation nouveaux / VA
La V.A dépend entre autre du pouvoir de négociation de l’entreprise sur ses fournisseurs. Ne pas s’inquiéter
d’une diminution de la V.A quand une entreprise a recours à l’externalisation d’activités (sous‐traitance) qui
accroît les consommations en provenance de tiers mais a pour finalité d’augmenter l’EBE, voire de donner plus
de flexibilité à l’entreprise, dans une conjoncture très variable. La V.A est répartie entre le personnel, les
prêteurs, les apporteurs de capitaux, l’Etat et elle‐même, d’où quelques ratios intéressants à calculer :
Taux d’intégration (hors sous‐traitance) = VA / production et VA / CA
Répartition :
‐ au personnel : ((charges de personnel + Participation) / VA) *100
‐ aux prêteurs : (charges financières / VA) *100
‐ aux associés : (dividendes / VA) *100
‐ à l’entreprise : (autofinancement / VA) *100
‐ à l’Etat : ((impôts et taxes + IS) / VA) *100
L’excédent brut d’exploitation est la ressource de trésorerie générée par l’exploitation, après paiement des
salaires et des impôts et taxes. L’EBE est destiné à rémunérer les apporteurs de capitaux et à maintenir voire
développer la capacité productive de l’entreprise. Ce solde d’exploitation, qui peut être négatif (insuffisance
brute d’exploitation), est un point de départ du calcul de la Capacité d’autofinancement que nous verrons plus
loin. L ‘EBE est très utilisé dans les comparaisons inter‐entreprises car il fait abstraction des politiques de
financement, d’amortissement, d’imposition et de distribution du bénéfice.
Taux de marge brute d’exploitation (profitabilité) = EBE / CA (généralement > 10%)
A ce stade du tableau des SIG, l’EBE permet de passer d’une logique de marge à une logique de rentabilité,
avec notamment le ratio de rentabilité économique brute = EBE x 100 / Capitaux investis dans l’exploitation.
On appelle « Capitaux investis dans l’exploitation » ou aussi « Capital économique », les immobilisations
d’exploitation prises à leur valeur brute + le Besoin en fonds de roulement d’exploitation, dont nous parlerons
plus loin dans le fascicule.
13. Gestion financière – Marine PORTAL
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Extrait de Balance de l'entreprise EXOTROIS au 31/12/N
Compte Type Intitulé Débit Crédit
601 E Achats de matières premières 363 204,00
6031 E Variation de stocks de mat. 1ères 41 040,00
6037 E Variation de stocks de marchandises 1 620,00
607 E Achats de marchandises 19 836,00
6081 E Frais accessoires sur achats de matières 52 668,00
6087 E Frais accessoires sur achats de march. 5 130,00
6091 E RRR obtenus sur achats de matières 17 784,00
6097 E RRR obtenus sur achats de marchandises 1 026,00
611 E Achats de sous‐traitance 62 586,00
612 E Redevances de crédit‐bail 5 400,00
613 E Locations 8 550,00
615 E Travaux d'entretien et de réparation 5 544,00
616 E Prime d'assurance 5 130,00
617 E Etudes et recherches 684,00
621 E Personnel intérimaire 7 500,00
623 E Publicité, publications.. 6 522,00
625 E Déplacements, missions, réceptions 171,00
626 E Frais postaux 1 197,00
627 E Services bancaires 3 420,00
63 E Impôts, taxes et vers. Assimilés 14 364,00
641 E Rémunérations du personnel 121 752,00
645 E Charges de sécurité sociale 55 404,00
661 F Charges d'intérêts 10 944,00
665 F Escomptes accordés 2 052,00
671 X Charges Excep. Sur op. de gestion 2 496,00
675 X Valeur comptable des éléments .d'actif cédés 5 130,00
681 E Dotation aux amortissements d’exploitation 17 784,00
68173 E Dot. Aux prov. Pour dép. des stocks 1 710,00
68174 E Dot. Aux prov. Pour dép. des créances 7 524,00
6865 F Dot. aux prov. pour risques et charges fin 957,00
687 E Dot. aux amortissements et provisions exceptionnels 649,00
691 Participation des salariés aux résultats 1 368,00
695 Impôts sur les bénéfices 9 918,00
701 E Ventes de produits finis 764 370,00
707 E Ventes de marchandises 31 204,00
708 E Produits des activités annexes 27 360,00
7091 E RRR accordés sur ventes de produits finis 43092,00
7097 E RRR accordés sur ventes de marchandises 1 800,00
7135 E Variation de stock de produits 27 000,00
74 E Subvention d’exploitation 10 000,00
75 E Autres produits de gestion courante 9 152,00
764 F Revenus de valeurs mobilières de placement 8 037,00
765 F Escomptes obtenus 1 100,00
767 F Produits nets sur cessions de VMP 3 249,00
771 X Produits Exceptionnels sur opérations de gestion 273,00
775 X Produits de cession d’éléments d'actif 3 420,00
78174 E Reprises sur prov pour dépréciation des créances 2 490,00
7866 F Reprises sur prov pour dépréciation des éléments fin. 581,00
TOTAUX : 887 146,00 907 046,00
14. Gestion financière – Marine PORTAL
14
Il y a plus de crédit que de débit, ou autrement dit ici plus de produits que de charges, donc le solde sera un
bénéfice : 907 046,00 – 887 146,00 = 19 900 ,00
Compte de résultat (condensé)
Détail des calculs :
‐ Les comptes financiers (66, 686 et 76 et 786) : 13 983 = 10 944 + 2 052 + 957 et 12 967 = 8 037 + 1 100
+ 3 249 + 581
‐ Les comptes exceptionnels (67, 687 et 77, 787) : 8 275 = 2 496 + 5 130 + 649 et 3 693 = 273 + 3 420
‐ Les comptes d’exploitation : ce sont tous les autres comptes, sachant que les RRRO (rabais, remises et
ristournes obtenus) et RRRA (rabais, remises et ristournes accordés) se soustraient respectivement
des charges et des produits d’exploitation.
CHARGES PRODUITS
Exploitation 801 216,00 Exploitation 826 684,00
Financières 13 953,00 Financiers 12 967,00
Exceptionnelles 8 275,00 Exceptionnels 3 693,00
Bénéfice 19 900,00
Totaux 843 344,00 Totaux 843 344,00
Tableau des S.I.G. de l’entreprise EXOTROIS
Produits Charges Soldes
Ventes de marchandises 29 404,00 Coût d’achat des march. vendues 25 560,00 Marge commerciale 3 844,00
Production vendue 748 638,00 Déstockage de production 0,00 Production de l’exercice 775 638,00
Production stockée 27 000,00
Production immobilisée 0,00
Marge commerciale 3 844,00 Consommation de l’exercice en
provenance de tiers
545 832,00 Valeur ajoutée 233 650,00
Production de l'exercice 775 638,00
Valeur ajoutée 233 650,00 Impôts, taxes et versements assimilés 14 364,00 Excédent brut
d’exploitation
52 130,00
Subvention d’exploitation 10 000,00 Charges de personnel 177 156,00 ou Insuffisance brute
Excédent brut d’exploitation 52 130,00 Insuffisance brute d’exploitation Résultat d’exploitation 36 754,00
Reprises sur charges et transferts de
charges
2 490,00 Dotations aux amort. et provisions
d'exploitation
27 018,00 (Bénéfice ou Perte)
Autres produits 9 152,00 Autres charges 0,00
Bénéfice d’exploitation 36 754,00 Perte d’exploitation Résultat courant avant
impôts
35 768,00
Quotes‐parts de résultat sur op. en
commun
Quotes‐parts de résultat sur op. en
commun
Produits financiers 12 967,00 Charges financières 13 953,00
Produits exceptionnels 3 693,00 Charges exceptionnelles 8 275,00 Résultat exceptionnel ‐4 582,00
Résultat courant avant impôts
(Bénéfice)
35 768,00 Résultat courant avant impôts (Perte) Résultat de l’exercice 19 900,00
Résultat exceptionnel (Bénéfice) Résultat exceptionnel (Perte) 4 582,00
Participation des salariés 1 368,00
Impôts sur les bénéfices 9 918,00
Produits de cession des éléments
d’actif
3 420,00 Valeur comptable des éléments cédés 5 130,00 Plus ou moins‐values sur
cessions d’éléments d’actif
‐1 710,00
Détail des calculs :
‐ Ventes : 31 204 ‐ 1 800 (RRR Accordés sur ventes de marchandises) = 29 404
‐ Coût d’achat des marchandises vendues : 19 836 + 5 130 ‐ 1 026 (RRR Obtenus sur achats de
marchandises) + 1 620 = 25 560
‐ Production vendue : 764 370 ‐ 43 092 (RRR Accordés sur ventes de produits finis) + 27 360 = 748 638
‐ Consommations en provenance de tiers : 363 204 – 17 784 (RRR Obtenus sur achats de matière +
52 668 + 41 040 + 106 704 (comptes 61 et 62) = 545 832
‐ Produits financiers : 8 037 + 1 100 + 3 249 + 581 = 12 967
‐ Charges financières : 10 944 + 2 052 + 957 = 13 953
‐ Produits exceptionnels : 273 + 3 420 = 3 693
‐ Charges exceptionnelles : 2 496 + 5 130 + 649 = 8 275
16. Gestion financière – Marine PORTAL
16
‐ Les redevances de crédit‐bail (leasing) sont extraites des consommations en provenance des tiers pour
être ventilées en dotations aux amortissements et charges d’intérêts
‐ Les charges de personnel extérieur (hors contrat de travail) sont extraites des consommations en
provenance des tiers pour être reclassées en charges de personnel
‐ Les réductions financières (escomptes obtenus ou accordés), les intérêts sur dettes commerciales, les
revenus des créances commerciales sont considérés par le CdB comme directement liés aux
opérations commerciales et donc, classés en « Autres produits et charges » pour le calcul du résultat
brut d’exploitation.
‐ Les Impôts et taxes sont considérés comme des consommations en provenance de tiers.
‐ La Participation des salariés est intégrée aux charges de personnel. Pour rappel, cette participation est
obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés est se calcule selon la formule :
Participation = 0,50 (Bénéfice net – 5% Capitaux propres) x (Salaires / Valeur ajoutée)
Voyons sur un exemple l’impact de ces retraitements.
1.2.2. EXEMPLE
Reprenons le cas de l’entreprise EXOTROIS. Nous porterons notre attention sur les éléments suivants :
‐ 62 586 € de charges de sous‐traitance (compte 611)
‐ 5 400 € de redevances de crédit‐bail (compte 612) dont 5 000 € peuvent être considérés comme
amortissement du véhicule loué et 400 € en charges d’intérêts.
‐ 7 500 € de charges de personnel intérimaire (compte 621)
‐ 2 052 € d’escomptes accordés (compte 665)
‐ 1 100 € d’escomptes obtenus (compte 765)
‐ 2 496 € de créances irrécouvrables (compte 671)
‐ 10 000 € de subvention d’exploitation (compte 74) destinée à soutenir les prix de vente
17. Gestion financière – Marine PORTAL
17
SIG selon le PCG SIG selon la CdB
Marge commerciale 3 844,00 Marge commerciale
Production de l’exercice
‐Charges de sous‐traitance
‐Achats de matières premières
‐Variation de stock de matières premières
‐Frais accessoires sur achats de matières
+RRR Obtenus sur achats de matières
=Marge sur production propre
Marge commerciale
3 844,00
775 638,00
‐62 586
‐363 204,00
‐41 040,00
‐52 668,00
+17 784,00
=273 924,00
3 844,00
+ Production de l’exercice +775 638,00 + Marge sur production propre 273 924,00
‐ Consommations en provenance des
tiers
‐545 832,00 = Marge brute d’exploitation 277 768,00
+ Subventions d’exploitation 10 000,00
‐ Achats et charges externes (sauf coût des
matières consommées, sous‐traitance de
fabrication, redevances de crédit‐bail,
personnel extérieur)*
‐ 31 218,00
= Valeur ajoutée PCG =233 650,00 = Valeur ajoutée CdB 256 550,00
+ Subventions d’exploitation +10 000,00 ‐ Impôts et taxes ‐ 14 364,00
‐ Impôts et taxes ‐14 364,00 ‐ Charges de personnel (y compris personnel
extérieur)**
‐ 184 656,00
‐ Charges de personnel ‐177 156,00 + Autres produits et – Autres charges retraités
(dont subventions d’exploitation, escomptes
de règlement accordés et reçus, créances
irrécouvrables)***
5 704,00
= Excédent Brut d’Exploitation =52 130,00 = Résultat brut d’exploitation CdB 63 234,00
+ Reprises et transferts de charges
d’exploitation
+2 490,00
+ Autres produits +9 152,00 ‐ Dotations d’exploitation nettes des reprises
(dont la dotation liée au CB)****
‐ 31 848,00
‐ DAP d’exploitation ‐27 018,00 = Résultat net d’exploitation 31 386,00
‐ Autres charges ‐0
= Résultat d’exploitation =36 754,00
+‐ Quote‐part de résultat sur opérations
faites en commun
+0
+ Produits financiers +12 967,00
‐ Charges financières ‐13 953,00
= Résultat courant avant impôts =43 268,00
+ Résultat exceptionnel +(‐ 4 582,00)
‐ Participation des salariés ‐1 368,00
‐ Impôt sur les bénéfices ‐9 918,00
= Résultat de l’exercice =19 900,00
Détail des calculs :
*Achats et charges externes : 106 704 – 62 586 – 5 400 ‐ 7 500 = 31 218
**Charges de personnel : 177 156 + 7 500 = 184 656
***Autres produits et charges : 9152 + 1 100 – 2 052 – 2 496 = 5 704
****Dotations nettes des reprises : 17 784 + 1 710 + 7 524 + 5 000 (Crédit‐Bail) – 170 = 31 848,00
Correspondances :
‐ Entre Valeur Ajoutée : 256 550 (CdB) – 233 650 (PCG) = 22 900 = 5 400 + 10 000 + 7 500
‐ Entre Excédent Brut d’Exploitation et Résultat Brut d’Exploitation : 63 234 (CdB) – 52 130 (PCG) =
11 104 = 5 400 + 5 704
‐ Entre Résultat d’Exploitation et Résultat Net d’Exploitation : 36 754 (PCG) – 33 706 (CdB) = 3 048 =
2 052 + 2496 – 1 100 ‐ 400
18. Gestion financière – Marine PORTAL
18
1.3. LA CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT (CAF)
Elle représente le flux potentiel de trésorerie dégagé par l’activité propre de l’entreprise sur un exercice,
destiné à son autofinancement. Remarquons que ce flux n’est pas immédiatement disponible (d’où le terme
« potentiel ») car il faudrait tenir compte des délais d’encaissement des produits et de décaissement des
charges.
C’est un indicateur de performance économique déterminé sur l’ensemble des opérations de gestion
(d’exploitation, financières et exceptionnelles). Il y a lieu de bien distinguer les charges décaissables ou non
(dotations aux amortissements et provisions), les produits encaissables ou non (reprises sur amortissements et
provisions).
1.3.1. CALCUL A PARTIR DE L’EBE
La méthode dite « soustractive », préconisée par le PCG, est la plus longue dans son calcul mais rend compte
des opérations à l’origine des flux potentiels de trésorerie. Ce tableau de détermination de la CAF est
obligatoire pour les entreprises tenant leur comptabilité dans le cadre du système développé.
CAF = EBE + Autres produits encaissables – Autres charges décaissables
Éléments Comptes (pour information)
Excédent brut d’exploitation
+ Transfert de charges d’exploitation (n’existe plus depuis 2006) 791
+ Autres produits d’exploitation 75 (sauf 755)
‐ Autres charges d’exploitation 65 (sauf 655)
+‐ quote‐part de résultat sur opérations faites en commun 755‐655
+ Produits financiers 76 et 796
‐ Charges financières 66
+ Produits exceptionnels 771, 778 et 797
‐ Charges exceptionnelles 671 et 678
‐ Participation des salariés aux résultats 691
‐ Impôts sur les bénéfices 695
= Capacité d’autofinancement (CAF)
Ce qui donne avec les données de l’entreprise EXOTROIS :
Excédent brut d’exploitation 52 130,00
+ Autres produits d’exploitation 9 152,00
+ Produits financiers 12 386,00
‐ Charges financières 12 996,00
+ Produits exceptionnels 273,00
‐ Charges exceptionnelles ‐ 2 496,00
‐ Participation des salariés aux résultats ‐ 1 368,00
‐ Impôts sur les bénéfices ‐ 9 918,00
= Capacité d’autofinancement (CAF) 47 163,00
1.3.2. CALCUL A PARTIR DU RESULTAT NET
La méthode dite « additive », est plus rapide mais ne rend pas compte des flux potentiels de trésorerie
engendrés par les opérations de gestion. L’utilisation des deux méthodes simultanément permet de vérifier le
résultat final de la CAF, identique dans les deux cas.
CAF = Résultat net + DAP – RAP + VNEA ‐ PCEA
avec :
‐ DAP : dotations aux amortissements et provisions
19. Gestion financière – Marine PORTAL
19
‐ RAP : reprises sur amortissements et provisions
‐ VNEA : valeur nette des éléments actifs cédés
‐ PCEA : prix de cession des éléments d’actif cédés
Éléments Comptes
Résultat net de l’exercice
+ Dotations aux amortissements et provisions 681, 686 et 687
‐ Reprises sur amortissements et provisions 781, 786 et 787
+ Valeur comptable des éléments d’actif cédés 675
‐ Produit de cession d’éléments d’actif 775
‐ Quote‐part des subventions d’investissement virée au résultat 777
= Capacité d’autofinancement (CAF)
Les subventions d’investissement, c’est à dire sur opérations en capital (présentes dans les capitaux propres, au
passif du bilan), sont à distinguer des subventions d’exploitation vues précédemment dans le calcul de la valeur
ajoutée. Soit, en reprenant les données de l’entreprise EXOTROIS :
Éléments
Résultat net de l’exercice 19 900,00
+ Dotations aux amortissements et provisions 28 624,00
‐ Reprises sur amortissements et provisions ‐ 3 071,00
+ Valeur comptable des éléments d’actif cédés 5 130,00
‐ Produit de cession d’éléments d’actif ‐ 3 420,00
‐ Quote‐part des subventions d’investissement virée au résultat 0,00
= Capacité d’autofinancement (CAF) 47 163,00
On retiendra un ratio important faisant intervenir la CAF, qui permet d’apprécier la capacité de l’entreprise à
rembourser ses dettes financières :
Capacité de remboursement = Dettes financières / Capacité d’autofinancement (normalement < 4)
Une valeur < 4 indique que les dettes financières représentent moins de 4 années de CAF de l’entreprise
1.3.3. DE LA CAF A L’AUTOFINANCEMENT
La CAF a essentiellement trois utilisations possibles :
‐ ‐le versement de dividendes aux actionnaires
‐ ‐le remboursement des emprunts
‐ ‐le financement de l’investissement (au moins en partie)
L’autofinancement qui représente la richesse que l’entreprise conserve pour elle‐même afin de financer ses
emplois (investissements, fonds de roulement, remboursement des emprunts), est ce qui reste de la CAF, une
fois les dividendes versés aux actionnaires.
Autofinancement = CAF – Dividendes versés en N
On distingue l’autofinancement de maintien assuré par les amortissements et provisions et l’autofinancement
d’expansion. Les entreprises poursuivent généralement une politique d’autofinancement pour plusieurs
raisons :
‐ rester indépendantes financièrement
‐ limiter les charges financières
‐ augmenter leur capacité à rembourser les dettes
‐ améliorer la situation nette et donc la valeur boursière de l’action
Par contre une politique d’autofinancement présente aussi des inconvénients, ou tout au moins des limites :
20. Gestion financière – Marine PORTAL
20
‐ l’autofinancement nécessite des bénéfices importants, donc une pression sur les charges (salariales),
voire sur les prix (effet inflationniste).
‐ l’autofinancement amoindrit pour l’entreprise un possible effet de levier constaté sur la rentabilité
financière de l’entreprise, et qui est obtenu grâce à l’endettement, lorsque le taux des emprunts est
inférieur à la rentabilité économique du capital propre (évoqué plus loin dans le fascicule).
1.4. POUR VOUS ENTRAINER
Chapitre du livre de référence : « Analyse de l’activité et de la performance » :
Exercice 1 Le compte de résultat Sujets 1, 2, 3
Exercice 2 Les SIG Sujets 1, 2, 3
Exercice 3 La CAF Sujets 1, 2, 3
Pensez aussi aux exercices proposés sur le site internet de cet enseignement.
Extrait du QCM à retrouver sur le site Web
A chaque question, indiquez avec quelles réponses vous êtes d’accord :
1. Le compte de résultat établi en comptabilité générale, regroupe :
‐ les comptes des biens durables possédés par l’entreprise
‐ le montant des frais occasionnés par des opérations financières
‐ les charges de l’année en cours
‐ en les distinguant, les éléments d’exploitation, financiers et exceptionnels
‐ les prévisions d’activité de l’entreprise
2. Le résultat déterminé et présenté dans le compte de résultat :
‐ apparaît du côté des produits lorsqu’il correspond à une perte
‐ résulte de la différence entre produits et charges de l’année en cours
‐ ne se retrouve pas dans le bilan annuel de l’entreprise
‐ figure en bas du document et permet de présenter un document équilibré
apparaît du côté des produits lorsqu’il correspond à un bénéfice
3. Le tableau des soldes intermédiaires de gestion :
‐ est un document normalisé
‐ peut aboutir à un résultat net légèrement différent de celui du compte de résultat
‐ présente le résultat exceptionnel réalisé par l’entreprise
‐ ne présente pas le calcul de la capacité d’autofinancement
donne tous les éléments nécessaires au calcul de la CAF
4. La production de l’exercice d’une entreprise industrielle :
‐ comprend la production stockée de l’année précédente
‐ comprend la production stockée de l’année analysée
‐ tient compte des immobilisations que l’entreprise a produites pour elle‐même
‐ comprend les produits financiers
est plus élevée que la valeur ajoutée calculée ensuite
5. La valeur ajoutée :
‐ sert de base au calcul de la TVA
‐ sert à rémunérer le travail et le capital qui l’ont générée
‐ augmente lorsque l’activité est plus intégrée (moins de sous‐traitance)
‐ inclut les éléments financiers
‐ la somme des VA des entreprises d’un pays, constitue le PIB (produit intérieur brut)
Retrouvez sur le site, ce QCM et les solutions...
21. Gestion financière – Marine PORTAL
21
CHAPITRE 2.
ANALYSE FONDEE SUR LE BILAN
«Moi aussi je mets de l’argent de côté, mais pas du bon côté », Jules Renard
Objectifs :
‐ ‐Distinguer les différents types de bilan
‐ ‐Construire un bilan fonctionnel
‐ ‐Comprendre les notions de Fonds de roulement et de Besoin en Fonds de Roulement
‐ ‐Savoir choisir, calculer et interpréter les ratios de structure, liquidité, endettement, de rotation
2.1. L’OPTIQUE PATRIMONIALE DU BILAN COMPTABLE
Comme vous l’avez vu lors de votre cours de Comptabilité générale, l’administration fiscale oblige (cf. Code du
commerce) toute entreprise française à fournir annuellement une présentation normalisée de son patrimoine,
dans le but de protéger les tiers qui travaillent avec l’entreprise. Sont repris dans ce document les comptes des
classes 1 à 5 du Plan Comptable Général.
(Petit rappel des classes de comptes en comptabilité générale:
‐ Classe 1 = Comptes de capitaux
‐ Classe 2 = Comptes d’immobilisations
‐ Classe 3 = Comptes de stocks
‐ Classe 4 = Comptes de tiers
‐ Classe 5 = Comptes financiers)
A l’actif de ce bilan comptable, dont l’approche est juridique, figurent dans un ordre de liquidité croissant, les
droits (de propriété et de créances) de l’entreprise. Au passif sont classées par ordre d’exigibilité croissant les
obligations de l’entreprise envers les tiers (actionnaires, Etat, salariés, prêteurs de fonds, fournisseurs etc.).
Prenons un exemple : Soit un extrait de la balance des comptes de la société EXOMOD au 31/12/N, à partir de
laquelle nous construirons le bilan comptable.
22. Gestion financière – Marine PORTAL
22
N° Intitulé du compte Solde débiteur Solde créditeur
101 Capital 100 000,00
106 Réserves 16 500,00
109 Capital souscrit non appelé 25 000,00
110 Report à nouveau 1 200,00
120 Résultat de l’exercice 3 850,00
151 Provisions pour risques 4 000,00
157 Provisions pour charges à répartir 5 340,00
164 Emprunts auprès d’établissements de crédit (1) 114 350,00
201 Frais d’établissement 18 500,00
207 Fonds commercial 25 000;00
211 Terrains 18 000,00
213 Constructions 32 900,00
215 Installations techniques 65 000,00
2182 Matériel de transport 29 000,00
2183 Matériel de bureau et informatique 14 125,00
261 Titres de participation 17 150,00
2801 Amortissement des frais d’établissement 14 800,00
2813 Amortissement des constructions 8 400,00
2815 Amortissement des installations techniques 31 875,00
28182 Amortissement du matériel de transport 3 900,00
28183 Amortissement du mat. de bureau et inf. 2 475,00
31 Stock de matières premières 12 600,00
35 Stock de produits finis 27 000,00
371 Stock de marchandises 29 500,00
401 Fournisseurs 42 080,00
404 Fournisseurs d’immobilisations 14 500,00
4091 Fournisseurs, avances et acomptes versés 7 268,00
411 Clients 39 010,00
419 Clients, avances et acomptes reçus 8 715,00
431 Sécurité sociale 7 400,00
437 Autres organismes sociaux 5 020,00
465 Créances sur cessions de valeurs mob. de placement 12 430,00
486 Charges constatées d’avance 180,00
487 Produits constatés d’avance 1 100,00
491 Provisions pour dépréciation des comptes clients 4 500,00
506 Obligations 2 500,00
512 Banques 14 100,00
53 Caisse 742,00
TOTAUX 390 005,00 390 005,00
23. Gestion financière – Marine PORTAL
23
Présentation du bilan comptable de la société EXOMOD :
Bilan – Actif Brut Amortissements et
provisions
Net
Actif immobilisé
Capital souscrit non appelé 25 000,00 25 000,00
Immobilisations incorporelles
Frais d’établissement 18 500,00 14 800,00 3 700,00
Fonds commercial 25 000,00 25 000,00
Immobilisations corporelles
Terrains 18 000,00 18 000,00
Constructions 32 900 ,00 8 400,00 24 500,00
Installations techniques 65 000,00 31 875,00 33 125,00
Autres immobilisations corporelles 43 125,00 6 375,00 36 750,00
Immobilisations financières
Titres de participation 17 150,00 17 150,00
TOTAL I 244 675,00 61 450,00 183 225,00
Stock de matières premières 12 600,00 12 600,00
Stock de produits finis 27 000,00 27 000,00
Stock de marchandises 29 500,00 29 500,00
Créances 39 010,00 4 500,00 34 510,00
Autres créances 12 430,00 12 430,00
Valeurs mobilières de placement 2 500,00 2 500,00
Disponibilités 14 842,00 14 842,00
Charges constatées d’avance 180,00 180,00
TOTAL II 138 062,00 4 500,00 133 562,00
TOTAL III 382 737,00 65 950,00 316 787,00
Bilan – Passif Net
Capitaux propres
Capital (dont versé 75 000,00) 100 000,00
Réserves 16 500,00
Report à nouveau 1 200,00
Résultat de l’exercice 3 850,00
TOTAL I 121 550,00
Provisions pour risques et charges
Provisions pour risques 4 000,00
Provisions pour charges 5 340,00
TOTAL II 9 340,00
Dettes
Emprunts auprès d’établissements de crédit* 114 350,00
Avances et acomptes reçus 8 715,00
Dettes fournisseurs 34 812,00
Dettes fiscales et sociales 12 420,00
Dettes sur immobilisations et comptes rattachés 14 500,00
Produits constatés d’avance 1 100,00
TOTAL III 185 897,00
TOTAL GENERAL 316 787,00
* dont concours bancaires : 3000,00
Cette approche patrimoniale permet de constater immédiatement au passif l’importance des dettes (185 897 +
9 340) comparées aux fonds propres (121 550) et de porter ainsi un jugement rapide sur l’indépendance
financière de l’entreprise. Vous remarquerez que les provisions pour risques et charges au passif ont été
assimilées ici à des dettes (pouvant être à court ou moyen terme).
On obtient en calculant le rapport : Capitaux propres / Dettes, une valeur de 0,62 (= 121 550 /(9340 + 185 897).
Nous ne pouvons rien en déduire de définitif, si ce n’est que cette entreprise se finance davantage par des
24. Gestion financière – Marine PORTAL
24
dettes que par des fonds qui lui sont propres (et donc qu’elle ne devra jamais rembourser). Ce résultat sera à
rapprocher des moyennes du secteur d’activité par exemple.
L’analyse s’affine en comparant les dettes de court terme à l’ensemble des dettes : (9340 + 8715 + 34 812 +
12 420 + 14 500 + 1 100) / 185 897 = 0,44. On considère ici que toutes les provisions du passif sont à échéance
à moins d’un an.
Cela signifie que l’entreprise est susceptible de devoir décaisser l’équivalent e 44% de l’ensemble de ses dettes
avant un délai d’un an, ce qui est à comparer avec ses possibilités de décaissement dans ce délai (valeurs
mobilières de placement et disponibilités, encaissements de créances).
2.2. LE BILAN FINANCIER OU BILAN « LIQUIDITE »
Il peut être intéressant d’évaluer les fonds qui reviendraient aux propriétaires du capital (les associés pour une
SARL, les actionnaires pour une S.A) si l’entreprise placée dans la situation extrême, dite de liquidation, avait
de manière urgente à vendre toutes ses immobilisations, à récupérer toutes ses créances et à honorer toutes
ses dettes.
La classification comptable du bilan (après répartition du résultat) côté Actif et côté Passif, se prête assez bien
à cette évaluation de la situation nette (ou Actif net) de l’entreprise. Cette première transformation va nous
conduire à un bilan financier également nommé bilan liquidité.
Reprenons notre exemple EXOMOD. Partant des données de l’exercice précédent et des précisions ci‐dessous,
nous allons calculer la valeur de l’actif net de l’entreprise EXOMOD comme si elle devait cesser son activité.
‐ Les postes Capital souscrit non appelé, les frais d’établissement, les primes de remboursement des
emprunts, correspondent à de l’actif fictif dont la valeur en terme de liquidité est nulle (aucune
rentrée de fonds n’en étant attendue).
‐ Les éléments d’actif doivent être repris à leur valeur vénale (ou nette, c'est‐à‐dire diminuée de leurs
amortissements ou provisions), d’après le tableau ci‐dessous.
‐ Les plus ou moins‐values résultant de l’évaluation des actifs seront portées en augmentation ou
diminution des capitaux propres.
‐ Les provisions pour risques et charges sont reclassées selon leur échéance, en dettes à plus d’un an ou
moins d’un an.
‐ Les charges et les produits constatés d’avance sont également reclassés selon leur échéance (le plus
souvent, à moins d’un an, étant des charges ou produits d’exploitation)
‐ Les effets escomptés non échus (EENE) pouvant figurer dans les engagements hors bilan comptable,
sont réintégrés au bilan avec en contrepartie un accroissement de la trésorerie de passif. Ces effets
sont ceux vendus par l’entreprise à sa banque pour pallier un manque de liquidité.
‐ Les éventuels écarts de conversion (dû aux opérations de change) de passif s’ajoutent aux capitaux
propres, les écarts de conversion d’actif se soustraient des provisions pour risques et charges au
passif.
‐ Le résultat doit être affecté en réserves pour sa partie non distribuée, en dettes à moins d’un an pour
la fraction distribuée sous forme de dividendes.
25. Gestion financière – Marine PORTAL
25
Tableau des plus et moins‐values d’actif pour EXOMOD :
Postes du bilan comptable Valeur nette
comptable
Estimation
financière
Plus‐value Moins‐value
Frais d’établissement 3 700,00 0 3 700,00
Fonds commercial 25 000,00 10 000,00 15 000,00
Terrains 18 000,00 25 000,00 7 000,00
Constructions 24 500,00 29 000,00 4 500,00
Installations techniques 33 125,00 40 000,00 6 875,00
Autres immobilisations corpor. 36 750,00 30 000,00 6 750,00
Titres de participation 17 150,00 16 500,00 650,00
Stocks 69 100,00 50 000,00 19 100,00
Créances 46 940,00 45 000,00 1 940,00
VMP 2 500,00 2 600,00 100,00
Plus et moins‐values 18 475,00 47 140,00
Moins‐value globale 28 665,00
L’entreprise EXOMOD nous indique par ailleurs que :
‐ le stock des matières premières est immobilisé à hauteur de 8 000 (partie appelée « stock‐outil », et
en‐deçà de laquelle l’entreprise ne souhaite pas descendre)
‐ la provision pour risques concerne un procès devant se tenir dans 18 mois environ
‐ la provision pour charges est également à plus d’un an
‐ le report à nouveau sera affecté en réserves
‐ le résultat de l’exercice est entièrement mis en réserves
‐ les emprunts remboursables dans l’année s’élèvent à 25 000,00
On construit ainsi le Bilan financier d’EXOMOD :
ACTIF PASSIF
Actif réel net à plus d’un an 158 500,00 Passif réel à plus d‘un an 166 575,00
Fonds commercial 10 000,00 Capitaux propres : 58 885,00
Terrains 25 000,00 Capital 75 000,00
Constructions 29 000,00 Réserves 21 550,00
Installations techniques 40 000,00 Moins‐value globale ‐28 665,00
Autres immob. corporelles 30 000,00 Dettes à plus d’un an : 98 690,00
Titres de participation 16 500,00 Provision pour risque 4 000,00
Stock outil 8 000,00 Provisions pour charges 5 340,00
Emprunts 89 350,00
Actif réel net à moins d’un an 104 622,00 Passif réel à moins d’un an 96 547,00
Stocks 42 000,00 Emprunts à moins d’un an* 25 000,00
Créances 45 000,00 Avances et acomptes reçus 8 715,00
VMP 2 600,00 Dettes fournisseurs 34 812,00
Disponibilités 14 842,00 Dettes fiscales et sociales 12 420,00
Charges constatées d’avance 180,00 Dettes sur immobilisations et comptes
rattachés
14 500,00
Produits constatés d’avance 1 100,00
Total Actif 263 122,00 Total Passif 263 122,00
*dont concours bancaires : 3000 ,00
Nous pouvons immédiatement constater d’importantes différences par rapport au bilan comptable. Ainsi les
capitaux propres sont passés de 121 500 à une valeur estimée à 58 885. Les actifs immobilisés sont passés de
leur valeur nette de 183 225 à leur valeur financière de 158 500.
Présentation condensée du Bilan financier d’EXOMOD:
26. Gestion financière – Marine PORTAL
26
Actif Passif
Actif réel à plus d’un an 158 500,00 Passif réel à plus d’un an 166 575,00
Actif réel à moins d’un an 104 622,00 Passif réel à moins d’un an 96 547,00
Total 263 122,00 Total 263 122,00
Cette dernière présentation permet de mettre immédiatement en évidence une notion importante qui sera
développée plus loin dans le cours : le Fonds de roulement, égal à la différence entre le Passif réel à plus d’un
an et l’Actif réel à plus d’un an, soit ici : 166 575 – 158 500 = 8 075. Ce résultat est a priori faible, comparé aux
emplois à moins d’un an, pouvant laisser craindre des difficultés de trésorerie…
Nous reviendrons sur cette notion dans le cadre de l’analyse fonctionnelle ci‐après.
2.3. L’ANALYSE FONCTIONNELLE DU BILAN
Contrairement au bilan liquidité, l’analyse fonctionnelle va permettre de porter une appréciation sur la
situation financière de l’entreprise dans le cadre de son fonctionnement habituel, sous hypothèse de
continuité de l’activité (et non pas de cessation).
L’analyse fonctionnelle n’a pas pour finalité de présenter le patrimoine de l’entreprise, mais de regrouper les
postes du bilan comptable (avant répartition du résultat) en trois grandes fonctions (ou cycles)
caractéristiques de la vie de l’entreprise.
2.3.1. LES TROIS FONCTIONS
Ces trois fonctions sont : le financement, l’investissement et l’exploitation courante. On peut les résumer
dans le schéma suivant :
Les besoins de financement sont induits par la nécessité d’investir (haut de l’actif du bilan) et aussi d’assurer
l’exploitation courante de l’entreprise (bas du bilan) ; ils sont couverts par différentes ressources, stables
(capitaux propres, emprunts à long terme) ou de court terme (crédits des fournisseurs, concours bancaires
courants). La trésorerie est la variable d’ajustement de ces trois cycles.
2.3.2. LE PRINCIPE DU BILAN FONCTIONNEL
Le bilan fonctionnel consiste en un retraitement du bilan comptable avant répartition du résultat. Le but est
d’obtenir une image pertinente des besoins de financement et de la façon dont l’entreprise y fait face.
27. Gestion financière – Marine PORTAL
27
Sa structure en quatre grandes masses est la suivante :
ACTIF PASSIF
Emplois durables Actif brut immobilisé Ressources stables Capitaux propres
Amortissements et Provisions
Dettes financières
Actif circulant A. circulant d’exploitation
A. circulant hors exploitation
Trésorerie d’Actif
Passif circulant P. circulant d’exploitation
P. circulant hors exploitation
Trésorerie de Passif
En résumé :
‐ Les emplois durables correspondent au cycle d’investissement
‐ Les ressources stables correspondent au cycle long de financement
‐ L‘actif circulant correspond aux besoins de financement liés à l’exploitation
‐ Le passif circulant correspond aux moyens de financement de court terme
A l’ACTIF :
‐ Emplois durables : Immobilisations brutes (incorporelles, corporelles, financières) sauf capital souscrit
non appelé, primes de remboursement des obligations.
‐ Nous reviendrons plus loin sur les immobilisations en crédit‐bail, dont l’entreprise n’est pas
propriétaire mais qui sont bien des immobilisations participant à l’activité dont il faut tenir compte.
‐ Actif circulant d’exploitation en valeurs brutes : stocks + avances et acomptes + Clients et comptes
rattachés + Effets escomptés non échus + Charges constatées d’avance liées à l’exploitation
‐ Actif circulant hors exploitation en valeurs brutes : Autres créances + Charges constatées d’avance
non liées à l’exploitation
‐ Trésorerie d’Actif : Disponibilités + Valeurs Mobilières de Placement (la majorité des analystes
reclassent les VMP en trésorerie d’actif car avec l’électronisation des opérations boursières elles sont
immédiatement disponibles sous forme liquide)
Au PASSIF :
Ressources stables
‐ Ressources propres : capitaux propres + comptes courants d’associés bloqués + dotations aux
amortissements et provisions pour dépréciation + provisions pour risques et charges – actif fictif
(capital souscrit non appelé)
‐ Les dotations aux amortissements et provisions pour dépréciation constituent un fonds permettant à
l’entreprise d’autofinancer le renouvellement de ses immobilisations.
‐ Dettes financières stables : emprunts obligataires + emprunts et dettes auprès des établissements de
crédit (à l’exception des concours bancaires courants) + Crédit‐bail (emprunt fictif) ‐ primes de
remboursement des obligations
Dettes d’exploitation : Avances et acomptes reçus + dettes fournisseurs et comptes rattachés + dettes sociales
et fiscales (à l’exception de l’IS) + Produits d’exploitation constatés d’avance + autres dettes d’exploitation
Dettes hors exploitation : Dettes sur immobilisations et comptes rattachés + autres dettes hors exploitation +
produits hors exploitation constatés d’avance + impôt sur les sociétés + dividendes à verser
Trésorerie de Passif : Concours bancaires courants et soldes créditeurs de banque + effets escomptés non
échus
Prenons les données comptables de l’exemple précédent pour illustrer son élaboration.
28. Gestion financière – Marine PORTAL
28
Rappel du bilan comptable de la société EXOMOD
Bilan – Actif Brut
Amort. &
Prov.
Net
Bilan – Passif
Actif immobilisé Capitaux propres
Capital souscrit non appelé 25 000,00 25 000,00 Capital (dont versé 75 000,00) 100 000,00
Immobilisations incorporelles Réserves 16 500,00
Frais d’établissement 18 500,00 14 800,00 3 700,00 Report à nouveau 1 200,00
Fonds commercial 25 000,00 25 000,00 Résultat de l’exercice 3 850,00
Immobilisations corporelles TOTAL I 121 550,00
Terrains 18 000,00 18 000,00
Constructions 32 900,00 8 400,00 24 500,00
Installations techniques 65 000,00 31 875,00 33 125,00 Provisions pour risques et ch
Autres immobilisations corporelles 43 125,00 6 375,00 36 750,00 Provisions pour risques 4 000,00
Immobilisations financières Provisions pour charges 5 340,00
Titres de participation 17 150,00 17 150,00 TOTAL II 9 340,00
TOTAL I 244 675,00 61 450,00 183 225,00
Stock de matières premières 12 600,00 12 600,00 Dettes
Stock de produits finis 27 000,00 27 000,00
Emprunts auprès d’établissements
de crédit* 114 350,00
Stock de marchandises 29 500,00 29 500,00 Avances et acomptes reçus 8 715,00
Créances 39 010,00 4 500,00 34 510,00 Dettes fournisseurs 34 812,00
Autres créances 12 430,00 12 430,00 Dettes fiscales et sociales 12 420,00
Valeurs mobilières de placement 2 500,00 2 500,00
Dettes sur immobilisations et
comptes rattachés 14 500,00
Disponibilités 14 842,00 14 842,00 Produits constatés d’avance 1 100,00
Charges constatées d’avance** 180,00 180,00 TOTAL III 185 897,00
TOTAL II 138 062,00 4 500,00 133 562,00
TOTAL Général 382 737,00 65 950,00 316 787,00 TOTAL Général 316 787,00
* dont concours bancaires courants : 3000,00
** toutes liées à l’exploitation
Transformation du bilan comptable en Bilan fonctionnel :
Les corrections apportées au bilan comptable sont de trois types :
‐ des reclassements
‐ des retraitements (nouvelle évaluation)
‐ la prise en compte d’éléments hors bilan
(1)Les éléments d’actif sont pris à leur valeur brute, les amortissements et provisions étant reportés du côté du
passif (les amortissements et provisions sont bien des ressources stables finançant le remplacement des
emplois stables). Ne sont pas pris en compte, le capital souscrit non appelé et les primes de remboursement
des obligations.
(2)Selon les recommandations de l’ordre des experts comptables, les VMP peuvent être considérées comme
des quasi‐disponibilités et feront partie de la trésorerie d’actif.
(3)Nous retrancherons des capitaux propres le capital souscrit non appelé.
(4)Réserves 21 500 = 16 500 +1 200 +3 850
(5)Amortissements et provisions (75 290 = 65 950 + 9 340) correspondent à la somme de la colonne du bilan
comptable + provisions pour risques et charges au passif
(6)Dettes financières 89 350 = 114 350 – 25 000 (emprunts à moins d’un an)
29. Gestion financière – Marine PORTAL
29
ACTIF (1) PASSIF
Emplois durables 219 675,00 Ressources stables 261 190,00
Frais d’établissement 18 500,00 Capitaux propres : (3) 171 840,00
Fonds commercial 25 000,00 Capital (versé) 75 000,00
Terrains 18 000,00 Réserves (4) 21 550,00
Constructions 32 900,00 Amortissements et provisions (5) 75 290,00
Installations techniques 65 000,00
Autres immob. corporelles 43 125,00 Dettes financières (6) 89 350,00
Titres de participation 17 150,00
Passif circulant d’exploitation 93 547,00
Actif circulant d’exploitation 120 720,00 Emprunts à moins d’un an 22 000,00
Stocks 69 100,00 Avances et acomptes reçus 8 715,00
Créances 51 440,00 Dettes fournisseurs 34 812,60
Charges constatées d’avance 180,00 Dettes fiscales et sociales 12 420,00
Actif circulant hors exploit. 0,00 Produits constatés d’avance 1 100,00
Trésorerie d’actif 17 342,00 Passif circulant hors exploit. 1 100,00
VMP (2) 2 500,00 Dettes sur immo. et comptes rattachés 14 500,00
Disponibilités 14 842,00 Trésorerie de passif 3 000,00
Total Actif 357 737,00 Total Passif 357 737,00
Soit en présentation condensée pour EXOMOD:
ACTIF PASSIF
Emplois durables 219 675,00 Ressources stables 261 190,00
Actif circulant d’exploitation 120 720,00 Passif circulant d’exploitation 79 047,00
Actif circulant hors exploitation 0,00 Passif circulant hors exploitation 14 500,00
Trésorerie d’actif 17 342,00 Trésorerie de passif 3 000,00
Total Actif 357 737,00 Total Passif 357 737,00
2.3.3. DIFFICULTES D’ELABORATION DU BILAN FONCTIONNEL
Signalons ici que le bilan fonctionnel peut subir des retraitements différents selon les points de vue du Plan
Comptable Général (PCG), de l’Ordre des Experts Comptables (OEC) et de la Centrale des bilans (CDB) de la
Banque de France. Nous n’aborderons pas ces divergences et nous tiendrons le plus souvent à l’approche du
PCG.
Retenons pour information quelques exemples :
Postes de l’actif Problème Solution
Les effets escomptés
non échus (EENE)
N’apparaissent pas au bilan mais
dans les engagements hors bilan
On réintègre dans l’actif circulant les EENE figurant dans les
engagements hors bilan. En contrepartie, il convient
d’augmenter la trésorerie de passif du même montant
Les redevances de
crédit‐bail (CB)
Les immobilisations en CB
n’apparaissent pas dans le bilan,
faussant ainsi les comparaisons
interentreprises
Les immobilisations détenues en CB sont assimilées à des
immobilisations acquises et apparaissent pour leur valeur
d’origine dans les emplois stables. En contrepartie un
emprunt fictif est inscrit dans les dettes financières. Le
système d’amortissement est pratiqué annuellement et
l’emprunt fictif est ajusté !
Les intérêts courus non
échus (ICNE)
Sont inclus dans les dettes
financières mais sont à moins
d’un an
Les ICNE sur emprunts doivent être soustraits des dettes
financières et inscrits dans le passif circulant hors
exploitation
30. Gestion financière – Marine PORTAL
30
A titre d’illustration, élaborons le bilan fonctionnel de la société EXOPLUS, à partir des données suivantes :
Bilan ‐ Actif Brut
Amort. et
provisions
Net
Actif immobilisé
Fonds commercial 29 184,00 29 184,00
Immobilisations corporelles 0,00
Terrains 102 912,00 102 912,00
Constructions 206 457,60 41 291,52 165 166,08
Installations techniques 172 876,42 89 895,74 82 980,67
Total I 511 430,02 131 187,26 380 242,75
Actif circulant
Stock de marchandises 269 180,93 6 067,20 263 113,73
Créances 495 083,71 10 348,80 484 734,91
Autres créances 62 594,69 62 594,69
Valeurs mobilières de placement 5 018,88 210,43 4 808,45
Disponibilités 13 100,35 13 100,35
Charges constatées d’avance 16 969,92 16 969,92
Total II 861 948,48 16 626,43 845 322,05
Total actif 1 373 378, 50 147 813,70 1 225 564,80
Bilan – Passif Net
Capitaux propres
Capital 124 800,00
Réserves 32 962,37
Report à nouveau 6 230,40
Résultat de l’exercice 7 987,20
Total I 171 979,97
Provisions pour risques et charges
Provisions pour risques 30 785,47
Provisions pour charges 22 716,29
Total II 53 501,76
Dettes
Emprunts auprès d’établ de crédit 520 772,93
Dettes fournisseurs 353 812,60
Dettes fiscales et sociales 97 690,18
Autres dettes 12 640,51
Produits constatés d’avance 15 166,85
Total III 1 000 083,07
Total général 1 225 564,80
Autres renseignements :
(1) Un véhicule de transport d’une valeur d’origine de 100 000 est loué en crédit‐bail (redevance annuelle de
26 000). Si la société EXOPLUS en était propriétaire, elle l’amortirait sur une durée d’utilisation de 4 ans.
Concernent l’exploitation :
(2) les « Autres créances » pour 25 037,95
(3) les « Autres dettes » pour 5 688,19
(4) les Charges et Produits constatés d’avance
(5) les valeurs mobilières de placement (VMP) étant facilement mobilisables, seront assimilées à la trésorerie
d’actif.
(6) les emprunts auprès des établissements de crédit comprennent 270 654,53 de concours bancaires et
1 228,80 d’intérêts courus non échus (éléments « hors exploitation »)
(7) les effets escomptés non échus s’élèvent à 69 970,75. A réintégrer au bilan.
31. Gestion financière – Marine PORTAL
31
Bilan fonctionnel détaillé d’EXOPLUS
Bilan ‐ Actif Bilan – Passif
Emplois durables 611 430,02 Ressources stables 722 185,02
Immobilisations (1) 611 430,02* Capitaux propres 171 979,97
Provisions pour risques et ch. 53 501,76
Amortissements et Provisions 172 813,70
Dettes financières *** 323 889,60
Actif circulant d'exploitation 876 243,26 Passif circulant d'exploitation 472 357,83
Stock de marchandises 269 180,93 Dettes fournisseurs 353 812,61
Créances 495 083,71 Dettes fiscales et sociales 97 690,18
Effets escomptés non échus 69 970,75 Autres dettes (3) 5 688,19
Autres créances d'exploitation 25 037,95 Produits constatés d'avance 15 166,85
Charges constatées d’avance 16 969,92 Passif circulant hors exploit 8 181,12
Actif circulant hors exploitation 37 556,74 Autres dettes hors exploit. (4) 6 952,32****
Autres créances hors exploitation (2) 37 556,74** Intérêts courus non échus (6) 1 228,80
Trésorerie d’actif 18 119,23 Trésorerie de passif 340 625,28
Valeurs mobilières de placement (5) 5 018,88 Concours bancaires courants (6) 270 654,53
Disponibilités 13 100,35 Effets escomptés non échus (7) 69 970,75
TOTAL GENERAL 1 543 349,25 TOTAL GENERAL 1 543 349,25
Détail des calculs :
* Pour l’immobilisation en crédit‐bail, il convient de rajouter 100 000 € en immobilisations, 25 000 € en
amortissement de la première année et un emprunt fictif de 100 000 € – 25 000 € = 75 000 €.
** Autres créances hors exploitation = 37 56,74 = 62 594,69 – 25 037,95
*** Dettes financières = 520 772,93 + 75 000 (emprunt fictif du Crédit‐bail diminué des 25000 €
d’amortissement) – 270 654,53 – 1 228,80
**** Autres dettes hors exploitation = 6 952,32 = 12 640,51 ‐ 5 688,19
Bilan condensé EXOPLUS
Actif Passif
Emplois stables 611 430,02 Ressources durables 722 185,02
Actif circulant d'exploitation 876 243,26 Passif circulant d'exploitation 472 357,83
Actif circulant hors exploitation 37 556,74 Passif circulant hors exploit 8 181,12
Trésorerie d'actif 18 119,23 Trésorerie de passif 340 625,28
Total 1 543 349,25 Total 1 543 349,25
Dans le cadre des devoirs et examens, l’énoncé des cas sera suffisamment explicite pour que vous
sachiez quels traitements opérer pour la construction du bilan fonctionnel.
2.4. LES INDICATEURS DE L’EQUILIBRE FONCTIONNEL
2.4.1. LE FONDS DE ROULEMENT NET GLOBAL
Le fonds de roulement net global (FRNG) ou Fonds de roulement (FR) représente l’excédent des ressources
stables sur les emplois durables, contribuant alors au financement de l’exploitation.
FRNG = Ressources stables – Emplois durables
On peut également dire, en considérant le bas du bilan (trésorerie comprise), que :
FRNG = (Actif circulant + Trésorerie Actif) – (Passif circulant + Trésorerie Passif)
Ce qui donne schématiquement en considérant les grandes masses du bilan :
32. Gestion financière – Marine PORTAL
32
C’est une valeur relativement stable dans l’entreprise. Il est essentiel que le FRNG soit positif, sauf pour les
entreprises où le cycle d’exploitation est court, où les clients payent comptant et où les fournisseurs accordent
des délais de règlement importants comme c’est le cas dans le secteur de la grande distribution. Pour affirmer
que l’équilibre fonctionnel est obtenu, il faut comparer le Fonds de roulement au Besoin en fonds de
roulement.
Dans le cas du premier exemple (société EXOMOD) :
ACTIF PASSIF
Emplois durables 219 675,00 Ressources stables 261 190,00
Actif circulant d’exploitation 120 720,00 Passif circulant d’exploitation 79 047,00
Actif circulant hors exploitation 0,00 Passif circulant hors exploitation 14 500,00
Trésorerie d’actif 17 342,00 Trésorerie de passif 3 000,00
Total Actif 357 737,00 Total Passif 357 737,00
on obtient les résultats : FRNG = 261 190,00 ‐ 219 675,00 = 41 515,00
ou FRNG = (120 720,00 + 17 342,00) – (79 047 + 14 500 + 3 000,00) = 41 515,00
Dans le cas du second exemple (société EXOPLUS) :
Actif Passif
Emplois stables 611 430,02 Ressources durables 722 185,02
Actif circulant d'exploitation 876 243,26 Passif circulant d'exploitation 472 357,83
Actif circulant hors exploitation 37 556,74 Passif circulant hors exploit 8 181,12
Trésorerie d'actif 18 119,23 Trésorerie de passif 340 625,28
Total 1 543 349,25 Total 1 543 349,25
on obtient les résultats : FRNG = 722 185,02 ‐ 611 430,02 = 110 755,00
ou FRNG = (876 243,26 + 37 556,74 + 18 119,23) – (472 357,83 + 8 181,12 + 340 625,28) = 931 919,23 –
821 164,23 = 110 755,00
RESSOURCES STABLES
EMPLOIS DURABLES
FONDS DE ROULEMENT
ACTIF CIRCULANT PASSIF CIRCULANT
BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT
TRESORERIE d’ACTIF
TRESORERIE de PASSIF
TRESORERIE NETTE
FR
BFR
TN