1. Perpignan - Toulon
PERPIGNAN LES SANG ET OR VONT DISPUTER LA FINALE DE LEUR SAISON
EN ESPAGNE FACE AU CHAMPION D’EUROPE TOULONNAIS.
CONVALESCENTS, LES CATALANS MISENT SUR L’EFFET BARCELONAIS
POUR SE SAUVER.
FLAMME OLYMPIQUE
Par Vincent BISSONNET, envoyé spécial
vincent.bissonnet@midi-olympique.fr
Pour survivre heureux, vivons cachés. Mardi matin, allées
du stade, Aimé-Giral. Au sortir d’une séance de
musculation pour les avants et de jeu au pied pour les
trois-quarts, les joueurs défilent, dans le calme et
l’intimité. Les regards, déterminés, parlent. Les bouches, cousues, se taisent. « Ce n’est pas dans
nos habitudes de contrôler la communication mais il a été demandé aux joueurs de ne pas
s’exprimer dans le courant de la semaine, explique Sylvain Derœux. Tout le monde doit être
focalisé sur un objectif : Barcelone. À un moment, si tu n’es pas capable de réunir ton groupe
autour d’un but commun et de créer une bulle pour qu’elle aille vers le meilleur, tu es dans l’échec.
» La gravité de la situation et l’ampleur de la mission rendent le hasard : « Quand tu t’approches
de la fin, tu dois faire attention à tout. »
L’Usap est définitivement passée en mode commando pour accomplir son opération survie. Mieux
vaut tard que jamais. « Il y a quelques semaines, je leur ai dit : « Soyez des joueurs de rugby.
Soyez des rugbymen avec ce que ça implique dans l’investissement, le respect du jeu et la défense
du maillot. » Il manquait toujours quelque chose jusque-là. Ils n’étaient plus des joueurs de rugby.
Depuis le stage de Barcelone, j’ai l’impression que nous avons de nouveau des joueurs du rugby.
Qui plus est de l’Usap… J’ai l’impression que cette équipe est davantage en phase avec ce qui lui
est demandé. » Le repositionnement de James Hook à l’ouverture et les choix tactiques dans le
paquet d’avants ont contribué à rendre ce mini-déclic possible.
DER ŒUX : « À MONTJUIC, TOUT LE MONDE SE SENT CATALAN »
Le convaincant succès face à Oyonnax, samedi dernier, a validé les prémices de cette
renaissance, relative, instable : « J’ai senti sur ce match une réelle prise de conscience, avec un
2. juste mélange de lucidité et de colère, de sérénité et d’envie. C’est un équilibre très précaire qu’il
faut conserver. » Attention fragile : cette Usap peut-elle effectuer le déplacement en terres
espagnoles, sans risque de bris ? Oui, à en croire Sylvain Derœux, porteur de la flamme olympique
: « La magie de Montjuic n’est pas usurpée. Elle est même évidente. Dès le stage du mois de mars,
ça s’était vu : tu sentais tout le monde très concentré. Ce stade remue les tripes de ceux qui y sont
allés et les nouveaux seront emportés par le cadre et tout ce qu’il représente. Une fois dans ce
stade, tout le monde, même les joueurs qui viennent de loin, se sent catalan. » Le public, aussi,
même si l’affluence devrait péniblement dépasser les 20 000 personnes, « une bonne jauge »,
estime le directeur général. Au printemps 2011, les supporters sang et or avaient vécu une journée
de rêve. Trois ans après, ils craignent de voir devenir réalité leur pire cauchemar. Sylvain Derœux,
pragmatique, refuse de verser dans la dramaturgie. « C’est notre finale à nous. Et c’est toujours
beau de disputer une finale. Les joueurs doivent savourer ce genre de moments et on fera les
comptes après. Le principal est qu’à 16 h 58, ce samedi, quand les gars se demanderont : «
Avons-nous tout fait pour préparer au mieux ce match ? », la réponse, soit oui. Si c’est le cas, tout
se passera bien… »