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Le webzine des sites de rugby indépendants / @magUpAndUnder / n°13 / JUin-juil 2015
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13 raisons de regarder le XIII / Supporters bâillonnés / A l'envers, à l'endroit / Et si la
CoréeduSud intégrait la Pacific Nations Cup? / Luke Braid / Les femmesdel'ombre / Safi
N'Diaye/LerugbyfémininàXVendanger/Foliedesdatas/Ladécentralisationdurugby
HEmisphEre
nord
hEmisphEre
sud
Rugby
féminin
culture
ovale
Numero 13
Du bonheur sur tous les terrains
AntoineAymond,AntoineDeymier,AudreyRubach,
BenjaminChattey,BorisSelle,CédricBesnard,Cédric
Turlan,CélineOllier,CharlesPecusseau,Christelle
Garcia,DavidArrieta,DavidArrou,EmmanuelFregans,
EricLanuza,FrédéricDelaunay,FrédéricDevaux,
FrédéricSallé,FrédériqueKermorgan,GrégoryGomez-
Robira,GuillaumeBoisson,JBDucastel,Jérémy
Marchandeau,JérémySarda,JessicaPage,Jonathan
Olieu,JulianVicente,JulieCounquet,JulieSegura,Julien
Lepolard,LaurentDion,LaurentNigou,LéonBuchet,
MarcDeJongy,MarcoCasterinho,Maryne,LeGoff,
MélodieMarty,MurrayKinsella,NicolasMenard,
NicolasPoulain,OlivierBernasson,OlivierHenry,
PaulineCarrere,PaulineMaingaud,PhilippeManhes,
PierreAmmiche,PierreSigaud,Pierre-MarieConte,
RaphaëlRibeton,RiwanDemay,RomainIssart,Sabine
Larcher,SandieLacomme,SophieSurrullo,Stéphane
Vuillemenot,SylvainSalomon,ThomasCasteran,
ToussaintCognat,VaninaNicoli,Merci!
2
kick off
3
… notre passion réside en un objet qui à lui seul cristallise un
ensemble de valeurs sportives et humaines telles que le fighting
spirit, la solidarité, les tournées de bières et les chants de
supporters. Du cuir ovoïde ont vu le jour nombre d'anecdotes
et de légendes qui ont fait de la passe arrière une discipline de
guerriers, un sport qui à tous nous fait vibrer.
Quand Up and Under m'a demandé de participer à sa 13e
édition,
j'ai immédiatement été séduite par la perspective d'un numéro
spécial - si tant est que U&U Mag puisse l'être encore plus,
spécial - ce nombre mystérieux m'évoquant tellement à vous
raconter.
Cette occasion qui m'est donnée de vous parler XIII, son histoire
et sa culture si particulières, son évolution depuis toujours
source d'inspiration pour les autres disciplines de la balle
elliptique, m'a permis de prendre l'aubaine de volée
et tenter l'essai.
Mais il ne sera pas question que de Rugby League dans cette
livraison, on vous promet treize fois plus de passion rugbystique,
d'émotion, d'info et tout le talent de vos chroniqueurs préférés
à la puissance 13.
Aussi, si la perspective d'une tablée aux nombre de convives
situé entre douze et quatorze vous inquiète ou que vous n'osez
sortir quand le treize du mois tombe le jour des RTT - que la
triskaïdékaphobie vous guette en somme - rassurez-vous :
le nouvel opus Up and Under n'est pas de mauvais augure,
bien au contraire.
Qu'ilsoitàXV,XIII,7,Nine...Qu'ilsoitpratiquéenchaiseroulante,casqué
ou en débardeur sur la plage... Que l'on soit joueur pro ou amateur,
fan,éducateuroubénévoledebuvette...Quel'onsoitFrançais,Anglais
ou Géorgien – Papou, Néozèd' ou Australien...
Agnés @TehoraDutenu
13 bonnes raisons
d'aimer le 13.
@tehoraDutenu
State against State
Mate against Mate
@tehoraDutenu
05
09
rugby à
XIII
Rappelons comment et surtout
pourquoi une nouvelle fédération de
rugby à vu le jour voici 120 ans. Alors
que la Rugby Football Union n'accéda
pas aux requêtes de clubs du nord de
l'Angleterre de prendre en charge les
frais occasionnés aux joueurs pour la
pratique du rugby, pas moins de vingt
cercles décidèrent de verser 6 Shillings
à leurs athlètes.
Un mois plus tard, 22 clubs se réunirent
à Huddersfield pour y créer la Northern
Rugby Football Union (qui deviendra
l'actuelle Rugby Football League dès
1922).
Il faudra une dizaine d'années pour que,
graduellement, évoluent les codes du
Rugby League afin de mieux protéger la
santé des joueurs et de le rendre plus
attractif au regard des spectateurs.
La mayonnaise prendra vite et bien
puisqu'en moins de 15 ans à partir de
la création de la nouvelle institution,
plus de 200 clubs quitteront la RFU
pour rejoindre la révolution rugbystique.
La France créera sa propre fédération
en 1934 après qu'une démonstration
du « rugby du futur » ait été organisée
à Paris et que nombre de rugbymen
tricolores se trouvaient alors en
délicatesse avec leur propre bureau.
Après un succès foudroyant du rugby
à XIII en France, le régime de Vichy
interdira purement et simplement la
pratique de la discipline, non sans
auparavant spolier la fédération treiziste
de tous ses biens.
De nos jours, les raisons qui ont fait
naître la NRFU voici plus de 100 ans
restent une priorité pour l'ensemble
des clubs de rugby league de
par le monde. La proximité avec
l'environnement social, l'implication
auprès des jeunes et de leur insertion,
l'utilisation des fonds récoltés par le
spectacle à des fins humanitaires sont
autant de priorités que s'imposent les
associations treizistes.
Sans aucun doute, la première
raison qui doit faire aimer le XIII
ce sont l'humanité et la solidarité qui
en dégage naturellement.
1/ Pour son histoire et son implication sociale
5
13 bonnes raisons
d'aimer le Rugby à XIII
Comme son ancêtre quinziste, le
rugby à XIII se veut « de contact ».
C'est sur les terrains du League
que se donnent sans conteste
les plus beaux tampons de la
galaxie. Là où la performance se
fait majeure, c'est qu'au Treize
les joueurs ne contestent pas les
rucks qui sont ici appelés tenus
: l'attaquant doit talonner pour
faire jouer sa balle tandis que les
défenseurs doivent rejoindre une
ligne fictive située à 10 mètres de
l'action. De la sueur et placages
qui claquent, c'est déjà du beau
rugby.
Mais la finesse de la discipline
réside aussi dans le fait qu'il
s'agit d'un sport très rapide.
Avec l'abolition de deux postes
d'un XV classique (les flankers)
des intervalles se sont créés,
permettant un jeu de trois-quarts
plus délié et des essais à la pelle.
Car oui, là où est un des intérêts
majeurs du XIII, c'est le nombre
hallucinant d'essais inscrits lors
d'une rencontre treiziste. Bien sûr,
vous pourrez tomber sur de ces
rencontres cadenassées à souhait
où les défenses sembleront
taillées dans du roc, auquel cas
il y aura peut-être moins d'essais
mais vous êtes assurés de vivre
80 minutes de grand spectacle.
Vous avouerez que peu de sports
peuvent en dire autant dans notre doux
pays. La France, où le rugby à XIII n'est
pas une discipline majeure, est 5e
nation mondiale derrière l'Australie, la
Nouvelle-Zélande, l'Angleterre et les
Samoa.
Il faut dire que la vie du XIII français est
loin d'avoir été un long fleuve tranquille.
Bien souvent victime de la rancœur
quinziste, la Ligue Française de Rugby
à XIII connût bien des déboires dès sa
création puisque le Comité National
des Sports lui refusa l'agrément pour
devenir une fédération à part entière.
Pourtant, le têtu treiziste parviendra à
créer sa propre identité et se verra en
moins de 10 ans pourvu d'environ 160
clubs (dont 13 nationaux).
La Seconde Guerre Mondiale et le
régime de Vichy interdiront toute
légitimité au rugby à XIII en France. Un
communiqué de la LFR XIII en date du
15 octobre 1940 sera d'abord envoyé à
tous les clubs, un appel « conseillant
» aux institutions du XIII de jouer au
Rugby à XV dès le dimanche suivant.
Puis en décembre 41, le Treize sera tout
bonnement interdit par Vichy et dépouillé
au bénéfice de la fédération quinziste.
À la Libération, le XIII reprendra ses
droits et retrouvera peu à peu un
immense succès. Une finale un peu «
voyante » au début des années 80 entre
Villeneuve-Sur-Lot et le XIII Catalan
permettra une fois de plus à de bien
jaloux esprits de faire pression sur les
médias et de provoquer la censure du
spectacle treiziste.
Mais les temps changent et, toujours
en évolution, le Rugby à XIII a compris
que l'explosion des médias sociaux ne
permettrait plus qu'au public de faire
son choix quant au fait de suivre ou non
le « néo-rugby ». Avec l'inclusion des
Dragons Catalans au système franchisé
de la Super League (compétition
d'élite de l'hémisphère nord) en 2006
et le retour prochain du Toulouse
Olympique XIII aux compétitions de la
RFL, l'Angleterre treiziste fait montre
de grands espoirs à l'égard de son
homologue tricolore.
La chaîne BeIN Sports est désormais
l'un des meilleurs vecteurs du Rugby
à XIII sur les écrans gaulois. Depuis sa
création, la chaîne multisports propose
les rencontres de la Super League, de
la NRL (championnat d'élite australien),
les matchs internationaux, les
événements prestigieux (tels que le
State of Origin) et, depuis cette année,
les rencontres finales de la Coupe
d'Angleterre de Rugby à XIII.
La plupart des matchs de rugby à XIII qu'ils
soient joués par des enfants ou aux plus hauts
niveaux mondiaux offrent les émotions du
roller coaster. Si un temps d'appréciation de
l'adversaire est souvent nécessaire après le
coup d'envoi, les événements ont la bonne
habitude de s'accélérer le reste de la partie.
Aussi, il n'est pas rare à XIII de voir la partie
changer de mains plusieurs fois au cours des
80 minutes réglementaires, même lorsque
l'écart de points est déjà grand, et la décision
ne sera définitive qu'à la sirène.
Il s'agit là d'une des plus grandes raisons qui
font du rugby à XIII l'un des sports les plus
attractifs et les plus spectaculaires de tous,
l'un des plus riches en sensations fortes aussi.
2/ Pour
la beauté du jeu
4/ Parce que la France
est la 5e
nation treiziste
3/ Pour le suspense
insoutenable d'une
rencontre à XIII
6
13 bonnes raisons
d'aimer le Rugby à XIII
Ce qu'il faut savoir du XIII outre-Équateur c'est qu'il
est le second sport le plus pratiqué (423 600 licenciés en
2008) en Australie et qu'il y est le premier en matière de
fréquentation des stades et d'audiences télévisuelles.
La seule ville de Sydney renferme près de 10 clubs
professionnels et compte des milliers
de licenciés. D'ailleurs, la Terra Australis joue
inlassablement d'inventivité pour rendre le spectacle et
l'excitation du rugby à XIII plus intenses encore.
Depuis 1980, se joue annuellement une série de trois
matchs entre deux sélections d'élite du Footy australien.
L'événement a été baptisé State of Origin et oppose deux
formations de joueurs issus de deux grandes régions
treizistes.
Si l'occasion vous en est donnée, vous ne pouvez manquer
la série à venir les 27 mai, 17 juin et 8 juillet prochains.
Nombre de pays ont d'ores et déjà été contaminés
par la passion treiziste. De nombreuses
fédérations émergent partout autour du monde,
sur tous les continents. Asie, Amérique, Europe,
Afrique voient le nombre de clubs et d'adhérents
augmenter plus chaque année.
En Europe, l'AERL (Fédération espagnole)
peut se prévaloir d'une multitude de nouveaux
clubs essentiellement basés en Catalogne et
en Pays Valencian. Le but affiché de l'ibère
institution, postuler à la prochaine Coupe du
Monde. En outre, l'AERL serait actuellement en
collaboration avec la FILR (Fédération italienne)
en vue d'échanges pour le développement
commun du League.
Les clubs du Pays-Bas et de la Belgique se sont
associés pour créer un championnat attractif.
On retrouve le XIII en Serbie, Grèce, Danemark,
République Tchèque, Suède... bref, dans une
majorité de pays du Vieux Continent.
5/ Parce que
le spectateur austral
n'est pas une « pipasse »
7/ Parce que le XIII
séduit partout en Europe
La formation française ne cesse d'envoyer ses pousses
les plus prometteuses outre-frontières, dans les nations
majeures de la discipline que sont l'Angleterre et
l'Australie. En plus du contingent impressionnant de
français au sein des Dragons Catalans, on ne retrouve
pas moins 7 athlètes bien de chez nous disséminés dans
les deux principales compétitions de la RFL.
On ne compte plus les bonnes graines que nous avons
envoyées se former en Albion ou dans des clubs
australiens, mais la grande fierté de notre nation réside
désormais, et jusqu'à nouvel ordre, dans le passage d'un
an au sein des Sydney Roosters, légendaire club de NRL,
d'un Rémy Casty redevenu Dragon en 2015.
Non content d'avoir pu évoluer auprès des plus grands
noms du XIII international contemporain, l'Audois a
largement marqué les esprits du côté de Moore Park.
On ne présente plus Jonah Lomu, Sonny Bill Williams, Israel Folau
ou encore Sam Burgess, mais il est important de noter que de
tous temps maints joueurs ont passé le Styx, voire plusieurs fois,
dans un sens ou dans l'autre.
Mais le saviez-vous de Tana Umaga, Jean Dauger, Christian Labit,
Andy Farrell ou bien Lote Tuqiri ?
Il était temps, me direz-vous, que ce sport soit enseigné aux
enfants et étudiants de France. Mais quoi qu'on en pense, il faudra
passer la première décennie des années 2000 pour que meurent
enfin les vieux a-priori au sujet du League et voir des conventions
se ratifier entre l'Éducation Nationale et la FFR XIII.
Bientôt, c'est à parier, la France aura une équipe nationale
universitaire treiziste à proposer en Coupe du Monde.
6/ Parce que
nos « coquelets »
s'exportent bien
8/ Parce que nombre de stars
du XV ont été formées à XIII
9/ Parce que le Rugby à XIII
est désormais enseigné
dans les écoles françaises
7
13 bonnes raisons
d'aimer le Rugby à XIII
… mais juste changer de code, découvrir de
nouvelles règles et une autre culture ovale. Aucun
treiziste qui se respecte ne viendra vous expliquer
que vous devez oublier le sport que vous aimez,
ses rucks et ses mêlées à rallonge. Son idée serait
plutôt de vous proposer une alternative dans le
but de vous procurer deux fois plus de plaisir
elliptique.
Il est loin le temps où Union et League se livraient
une guerre sans merci. À l'image des clubs
de rugby de Perpignan (l'Usap et les Dragons
Catalans), XIII et XV cohabitent sans que de vieilles
querelles ne viennent plus entacher la beauté du
rugby, de tous les rugbys.
Non pas que, du 1 au 3, le rugbyman quinziste manque de
charme, d'humour ou encore de gentillesse mais il est un
parallèle difficile à faire entre le pilar d'Union et son cousin du
League.
Ces dernières années, les travées du Top 14 se sont garnies
de supportrices averties du travail des lignes arrières mais
boudant largement la grâce du talonneur rigolo prêt à se
coucher sous leurs talons aux abords d'une flaque. À ces
chevronnées passionnées, je conseille le XIII où la bouée
ventrale et le fessier rase-mottes sont d'une ultime rareté.
L'avantage ici, les filles, c'est que des gladiateurs il y en a 13
et vous avez plus de chances de les approcher qu'en campant
devant un vestiaire quinziste car l'égo dilaté n'est pas non plus
de mise à ce jeu.
10/ Parce que suivre
le Rugby à XIII n'est pas
changer de religion
12/ Parce que...
(ce paragraphe ne s'adresse qu'à la gent féminine)
Des disciplines en réalité. Extrêmement athlétique, le rugby à
XIII demande une hygiène de vie et un rythme d'entraînement
soutenu.
Plus le degré de jeu est élevé, plus les règles à suivre se font
drastiques. Soins, massages, temps de récupération, régimes
alimentaires, renforcement musculaire... deviennent alors
nécessaires à la pratique de haut-niveau.
Mais il ne s'agit pas à XIII que de discipline physique, la
contestation envers les arbitres ou représentations officielles par
joueurs et staffs est sévèrement réprimandée qu'elle soit directe
ou par presse interposée, tout comme les frasques hors terrain.
De plus, les écarts de conduite de supporters zélés font l'objet
de plaintes judiciaires car l'image et la moralité des clubs et du
sport doivent être un exemple pour la jeunesse.
Sans vouloir vous imposer ma biographie, je
voudrais préciser que je suis moi-même issue de
la culture du Tournoi des V nations et du Challenge
Yves du Manoir, passant grande partie de mon
enfance à user mes jupons de fillette à Aimé
Giral et ignorant cet « autre rugby » qui se jouait
pourtant tout à côté.
Puis un jour j'ai moi aussi passé la frontière
et j'ai été subjuguée par cette ovalie dont
je ne connaissais rien jusque là. Jamais je
n'abandonnerai le XV et ses 12 minutes de temps
de jeu effectif mais je connais désormais une
nouvelle ivresse.
Et puis quoi, vous ne me faites pas confiance ?
Essayer le XIII, c'est forcément l'adopter.
11/ Parce que
pratiquer le XIII demande
de la discipline
13/ Parce que
je vous le conseille
personnellement
8
@tehoraDutenu
Photo : marvel.com
13 bonnes raisons
d'aimer le Rugby à XIII
9
@tehoraDutenu
Photo : batemansbaypost.com.au
Qu'il ait disputé son premier championnat
senior en Queensland ou en Nouvelle-
Galles du Sud, le joueur impliqué dans
tel tournoi sait combien repose sur ses
épaules la fierté de toute une région.
D'ailleurs, le State of Origin est une affaire
d'état qui divise chaque année à même
période l'est australien.
Au Queensland, les guerriers ont été
baptisés Maroons et leur totem est
incarné par le crapaud-buffle. En
Nouvelle-Galles, on a pris l'attitude et les
couleurs de la blatte, on est les Blues.
Entre amphibiens et blattoptères se livrent
des combats sans merci pour l'honneur
de leur pays et pour la beauté du sport.
Il faut dire que certains pensent
fermement que le State of Origin est
au plus haut niveau du rugby à XIII
mondial, au-dessus du championnat de
NRL et de n'importe quelle compétition
internationale.
C'est également le cas de centaines de
milliers de spectateurs et téléspectateurs
qui font de l'événement sportif le plus
populaire en Océanie. Avec une moyenne
de 60 000 entrées sur les trois matchs
de 2014, la fréquentation ne cesse de
s'accroître depuis 1980.
2009 a vu la création du Women's State
of Origin, la version féminine de la
compétition. Depuis 2012, c'est la version
des moins de 20 ans qui se joue chaque
année en un seul match.
La secousse annuelle du State of Origin
déclenche de nombreuses rivalités entre
originaires de l'un ou l'autre région. Huit
ans durant à partir de 2006, les Maroons
de Mal Meninga ont régné en maîtres sur
le State of Origin mais une seule série
(2010) sera entièrement remportée par le
Queensland.
L'édition de 2014 aura vu les Blues du
New South Wales remporter enfin leur
premier SoO depuis 2005, les méthodes
du coach Laurie Daley s'avérant plus
payantes que celles de ses prédécesseurs.
Ainsi donc les 27 mai, 17 juin et 8 juillet
2015 se déroulera un State of Origin plus
indécis que jamais. Vous, bande de petits
veinards, aurez la possibilité de suivre ces
rencontres commentées en français par
Rodolphe Pires et Louis Bonnery.
Ne manquez surtout pas ça.
depuis mai, a lieu l'événement sportif qui décoiffe le monde
treiziste depuis 1980. En une série annuelle de trois rencontres
s'opposent deux sélections formées de la crème australienne.
State against State
Mate against Mate
FRENCH
CONNECTION
l'envie n'a pas suffi
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
supporters baillonnés
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
french bavardages
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
lionel beauxis
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
11
12
13
14
11
L’envie
n’a pas suffi
Ils avaient pourtant fait leur part du
travail, les joueurs bayonnais, en
remportant une victoire bonifiée face à
des Rochelais peut-être pas venus mourir
au combat à Jean-Dauger, mais qui ont
néanmoins joué le jeu.
Les cinq points pris devant les
« maritimes » auraient pu suffire si Brive
n’avait pas fait de même à Amédée-
Domenech contre le Stade Français. Ces
cinq points auraient pu sauver l’Aviron si
Grenoble n’avait pas arraché, difficilement,
le bonus défensif sur le terrain du LOU qui
n’a jamais lâché l’affaire.
L’an prochain, l’Aviron bayonnais disputera
donc le championnat de ProD2, sous
réserve d’une validation de ses comptes
par la DNACG, qui n’est pas acquise.
Cette ProD2 que les ciel-et-bleu avaient
quittée il y a un peu plus de dix ans
et qu’ils avaient déjà failli rejoindre à
plusieurs reprises les saisons passées.
Cette fois, le couperet est tombé. La faute
à un parcours trop irrégulier, à un hiver
insuffisamment riche en points, à des
occasions bêtement gâchées en cours de
route et qui donneront aux joueurs comme
à leurs supporters une belle impression
de gâchis.
On sait combien il est difficile de remonter
dans l’élite, d’autant que la course à
l’armement financier se poursuivra
certainement pendant que l’Aviron
bataillera sur les terrains de la deuxième
division.
Rebâtir une équipe, en espérant trouver
les financements nécessaires, voilà
désormais la misssion des dirigeants
basques. C’est loin d’être gagné…
De l’envie, l’UBB en a démontré sur
la pelouse d’Ernest-Wallon, devant un
Stade toulousain toujours aussi irrégulier
dans ses performances. Réduits à 14 en
première mi-temps après un carton rouge
reçu par Census Johnston, les hommes
de Guy Novès ont bafouillé leur rugby
quand ceux de Raphaël Ibanez ont joué
crânement leur chance. Mais comme
pour les basques, l’envie n’a pas été
suffisante pour permettre à la formation
girondine de remplir son objectif. Sur une
ultime mêlée pénalisée dans les arrêts de
jeu, à quelques encablures des perches
toulousaines, Lionel Beauxis avait la
possibilité de passer les trois points de la
victoire synonyme de qualification pour les
barrages.
Las pour les Bordelo-béglais, le pied
de l’ancien toulousain a manqué
l’immanquable, plongeant ses partenaires
comme lui-même dans l’infinie déception
d’avoir raté une première pour le club.
Après avoir régalé son public et les
spectateurs du Top14, l’UBB a donc
regardé les barrages à la télévision tout
en en préparant un autre, face au club
anglais de Gloucester pour une place en
Champions Cup.
Au final, c’est l’US Oyonnax qui a obtenu
le droit de défier le Stade toulousain
en barrages. De l’envie, l’USO en a fait
preuve tout au long de la saison, avec une
régularité qui lui a permis de décrocher ce
billet amplement mérité.
Antoine @renvoiaux22
Photo : rugbyrama
12
Supporters
bâillonnés
Et les supporters dans tout cela ?
Si les Biarrots semblent se faire
discrets, les Bayonnais ont cherché à
se faire entendre, en organisant des
manifestations et en tentant d’obtenir
via leurs représentants des informations
plus précises sur les intentions réelles
des dirigeants de leur club. Las, loin de
clarifier les choses, tout cela n’a abouti
jusqu’à présent qu’à désorienter un peu
plus les aficionados ciel-et-blancs.
Un moment, il fut même question
d’un divorce entre les dirigeants des
associations de supporters et leurs
membres, au sortir d’une rencontre avec
le président Mérin.
Au-delà de ce qu’elle a de triste pour les
fidèles supporters des deux équipes, cette
situation reflète le peu de considération
dont jouissent celles et ceux qui sont
les vrais dépositaires de la culture des
clubs. Une culture dont les joueurs
sont de moins en moins les vecteurs,
professionnalisation oblige, alors que
les dirigeants sont désormais des chefs
d’entreprises (qu’ils sont le plus souvent
par ailleurs) attachant plus de prix aux
considérations économiques qu’au maillot
qu’ils sont censés défendre.
On rétorquera qu’aujourd’hui les
impératifs financiers l’emportent sur
le sentimentalisme. Plus encore, sans
garanties financières, c’est la disparition
du paysage professionnel qui guette
les clubs basques, que les mécènes
se lassent de maintenir à flot avec leur
chéquier. L’amour rend aveugle, dit-on,
et les réactions des supporters bayonnais
confirment cet adage, eux qui ne voudraient
pas voir que la fusion des deux frères
ennemis représentent la seule solution de
pérenniser l’existence d’une formation du
pays Basque dans l’élite du rugby.
A cet égard, on rappellera l’exemple des
WASPS en Angleterre, partis à Coventry
pour s’installer près d’un investisseur
acceptant de financer une infrastructure
sportive en rapport avec les ambitions du
club.
Il reste qu’on ne gagne rien à se couper
des supporters ou à les prendre pour
quantité négligeable, quand bien même
leurs positions de principe seraient
inconciliables a priori avec les projets des
dirigeants de leur club.
On oublie trop souvent qu’à l’origine ces
clubs sont des associations, montées
par des passionnés pour permettre la
pratique de leur sport de prédilection.
Ces associations qui restent le support
obligatoire des sociétés à objet sportifs
constituant les clubs pros.
De toute évidence, le professionnalisme
ne saurait exister sans un soutien
populaire, sauf à considérer que les clubs
sont des entités « hors sols ».
Le rugby français est riche de ses
supporters, qui contribuent pleinement
à rendre le « produit » attrayant, pour
reprendre une terminologie à la mode. Le
chant de la Peña Baiona avant les matchs
de l’aviron, le Pilou-pilou toulonnais ou
les grosses caisses qui tambourinent
à Clermont et Toulouse donnent aux
rencontres ce relief que beaucoup nous
envient à l’étranger. Quel aurait été le
spectacle d’un stade de Twickenham sans
aucun des supporters varois et auvergnat,
qui ont accepté de débourser des sommes
rondelettes pour assister à la dernière
finale de la coupe d’Europe et encourager
leurs couleurs ?
Si les supporters ne sont pas les
principaux apporteurs de fonds au
rugby français qui en a de plus en plus
besoin, ils constituent une richesse
autrement plus précieuse, celle du cœur
et de l’enthousiasme, formant le terreau
sur lequel s’enracinent les ambitions
sportives les plus fructueuses et les plus
durables.
On est convaincu qu’à vouloir les
bâillonner, le rugby se condamnera
lui-même au silence.
Antoine @renvoiaux22
Photo : Iroz Gaizka - AFP
Relégué en ProD2, l’Aviron bayonnais, qui n’avait vraiment pas besoin de ça,
a vu sa fin de saison perturbée par la révélation de tractations entre les
dirigeants de l’aviron et du BO en vue d’une éventuelle fusion. Les démentis
des uns et le silence des autres n’ont fait que renforcer l’impression
de grand flou autour d’un dossier dont on a le sentiment qu’il avance
inexorablement, dans le secret des bureaux de Manu Mérin et Serge Blanco.
13
french
bavardages
Même s’il est aujourd’hui illusoire et, sans
doute, peu pertinent de réclamer que le
rugby professionnel se joue en silence,
force est de constater que le terrain est
devenu une véritable cacophonie.
Il ne s’agit plus seulement pour le demi-
de-mêlée de pousser des cris de vierge
effarouchée en levant les bras au ciel
mais pour chaque corps de métier de
manifester sa désapprobation sur la façon
dont son secteur d’activité est perturbé
par l’adversaire : le pilier proteste car
son vis-à-vis pousse en travers, le
deuxième-ligne parce qu’il est gêné dans
l’alignement, le centre victime d’un écran
ou l’ailier dont l’homologue est parti
devant le coup de pied. Et au milieu se
trouve l’arbitre de plus en plus en peine
pour faire valoir son autorité.
L’exemplarité du rugby en matière
d’arbitrage a pu longtemps, et à bon droit,
être revendiquée comme un des signes
distinctifs, d’aucuns diraient « marqueurs »,
les moins discutables de ce sport. Certes,
le respect de l’arbitre n’a jamais exclu
la perpétration de mauvais gestes ou
les manifestations d’énervement de
joueurs emportés par leur tempérament.
La « sonorisation » des arbitres, dotés
désormais de micros, amplifie également
l’impression de bavardages incessants.
Mais on a aujourd’hui la désagréable
sensation que la décision de l’homme au
sifflet était autrefois bien plus rarement
contestée qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Chaque samedi, il lui faut désormais
parlementer régulièrement, non
seulement avec le capitaine mais aussi le
fautif. Entre la demande d’explication et
la tentative (le plus souvent désespérée)
d’infléchir la décision, la frontière est
poreuse, et comme telle souvent franchie.
On n’en est pas encore, et c’est heureux,
à des scènes d’encerclement de
l’arbitre par toute une équipe voire aux
protestations hurlées à dix centimètres
du visage de l’homme en noir (ou mauve,
ou jaune) comme c’est le cas dans le
football. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Le
rugby prend doucement une inclinaison
fâcheuse. Il n’est qu’à voir les réactions de
certains joueurs sur les réseaux sociaux
après les rencontres, où les tweets sont
moins des gazouillis que des règlements
de compte par clavier interposé.
La faute naturellement à la pression
grandissante du résultat, aux exigences
des dirigeants toujours avides
de rentabiliser rapidement leurs
investissements et jamais avares de
critiques sur le corps arbitral. La faute
également à la vidéo, dont le recours
systématique impose aujourd’hui une
forme d’impératif d’infaillibilité aux
arbitres.
Ce n’est pas là la moindre des ambiguïtés
pour un dispositif censé contribuer à la
régulation du jeu.
Mais il serait trop facile d’exonérer les
joueurs eux-mêmes. Est-ce l’effet du
professionnalisme qui jette sur le terrain
des jeunes trop vite montés en graine,
auxquels les entraîneurs (on n’ose plus
écrire éducateurs) n’ont pas su inculquer
d’autres valeur que celles figurant à
l’article « rémunération » de leur premier
contrat pro ? Sans doute.
Mais c’est aussi, malheureusement,
la conséquence d’une évolution de nos
sociétés contemporaines, promptes
désormais à réclamer le « zéro défaut »
chez autrui et le « zéro devoir » pour soi.
De grâce, messieurs les joueurs, laissez
les bavardages aux supporters et aux
spectateurs de tout poil, dont c’est, finale-
ment, l’apanage. Faites chanter plutôt le
cuir que vos cordes vocales. C’est après
tout dans cet exercice que vous êtes les
plus doués.
Antoine @renvoiaux22
Photo : allomatch.com
Il fut un temps, pas si
lointain, sur les prés de
notre belle ovalie, où
le simple fait de parler
à l’arbitre sans être
capitaine passait pour pire
qu’une faute, un manque
de savoir-vivre. Le capitaine
lui-même, emprunt d’un
sacro-saint respect pour
l’homme au sifflet, hésitait
à s’ouvrir d’une erreur ou
d’un oubli sans y avoir été
préalablement invité.
On exagère ? Certainement.
Mais pas tant que cela.
14
Lionel Beauxis,
responsable mais pas coupable.
Accablé, l’arrière de l’Union Bègles-
Bordeaux a eu droit à quelques accolades
de réconfort de la part de ses coéquipiers
et des joueurs du Stade toulousain,
adversaires du jour avec lesquels il a
partagé le même maillot rouge-et-noir
jusqu’à la saison dernière.
Au micro de Canal+ son coach,
Raphaël Ibanez, a rappelé qu’il savait
personnellement combien le sport est fait
de joies merveilleuses et de déceptions
profondes, et que l’échec fait partie
de la vie du sportif de haut niveau.
Pourtant, le manager bordelais ne pouvait
naturellement s’empêcher d’afficher
la mine sombre de celui qui mesure
également tout ce que l’UBB a perdu avec
ce coup de pied raté, en particulier la
qualification directe pour la Champions
Cup et ses matchs de haut niveau aux
affiches alléchantes pour les supporters…
et le trésorier du club.
Les journalistes de la presse écrite n’ont
évidemment pas manqué de relever la
faillite au pied de Lionel Beauxis, allant
même jusqu’à parler, le mot est fort,
de faute professionnelle. Il n’a pas fallu
attendre longtemps pour voir fleurir sur
les réseaux sociaux les critiques à l’égard
des plumitifs accusés de ne pointer que
la responsabilité de Lionel Beauxis et
d’en faire le bouc émissaire de l’échec
bordelo-béglais.
Ces réactions, qui sont tout à fait
compréhensibles et animées de bons
sentiments, ne doivent pas faire oublier
que le jugement d’une performance est
consubstantielle au journalisme sportif
dont le regard n’est pas celui du supporter
ou même du simple amateur
Et même si le rugby est une discipline
éminemment collective, on sait qu’un
résultat, en particulier au plus haut
niveau, est souvent tributaire d’un fait
de jeu provoqué par une initiative, une
réussite ou un échec individuel. Si Lionel
Beauxis avait réussi son coup de pied, nul
doute que la presse l’aurait relevé pour
saluer « un pied qui n’a pas tremblé » et
son apport décisif.
L’ouvreur ou arrière bordelais est un
buteur reconnu. C’est même l’une de ses
principales qualités de joueurs, qui lui
ont permis d’être recruté par des clubs
prestigieux ou ambitieux. En tant que
joueur professionnel, Lionel Beauxis est
employé pour contribuer avec le plus
d’efficacité possible aux performances
de son club. Il est rémunéré pour cela, et
peut compter sur son encadrement pour
l’aider à travailler ce secteur de jeu.
Il n’est donc pas incongru de la part des
médias de pointer sa défaillance et de
souligner combien elle a pesé sur le
résultat du match. D’évidence, Lionel
Beauxis n’est pas coupable de l’échec de
l’UBB. Outre que le terme sera toujours
impropre à qualifier un sportif (ce n’est
que du sport !), c’est collectivement que
le club a failli, en n’étant pas capable
de décrocher sa qualification avant ce
match. Pourtant, le joueur porte bien
une responsabilité indéniable dans le
résultat de la rencontre face à Toulouse,
condamnant son équipe à regarder les
barrages à la télévision, en ratant une
pénalité facile, qu’il réussit habituellement
sans problème.
Pas coupable, donc, mais responsable.
C’est finalement la marque des joueurs
de haut niveau, dont le talent justifie qu’on
soit exigeant avec leurs performances.
Antoine @renvoiaux22
Photo : 20minutes.fr
C’est l’une des images fortes de la dernière
journée de la saison régulière du Top14.
Lionel Beauxis allongé sur la pelouse
d’Ernest-Wallon, défait par son échec
au pied alors qu’il pouvait donner à son
équipe un avantage définitif, synonyme de
qualification pour les barrages du Top14.
COCORICO
à l'envers, à l'endroit
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
36 + 1
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22
16
18
16
Comme son homologue français,
Lancaster n’a pas été épargné par les
critiques sur les choix qu’il a opérés, en
particulier s’agissant de Steffon Armitage
et Nick Abendanon, désignés « meilleurs
joueurs européens » des deux dernières
saisons et qui ne seront pas de l’aventure
anglaise. Il est cependant un point sur
lequel il sera bien difficile de trouver des
similitudes entre les deux sélectionneurs :
celui de la méthode employée pour
déterminer le groupe des mondialistes.
Alors que la démarche de Saint-André
provoque un sentiment d’hésitation,
voire d’improvisation, celle de Lancaster
apparaît bien plus maîtrisée, reposant – au
moins en apparence – sur des certitudes.
Ainsi, quand PSA présente une liste de 36
joueurs, auxquels s’est ajouté le nom de
Jules Plisson, la faisant passer à « 36+1
» en cours de conférence de presse, le
sélectionneur anglais propose 50 noms,
parmi lesquels il choisira les heureux
élus à l’issue d’une première phase de
préparation. En cela Stuart Lancaster se
conforme aux directives de World Rugby
qui demande que lui soient communiquées
une première liste de 50 joueurs avant
la fin du mois de juin, puis la sélection
définitive des 31 mondialistes en août
prochain.
Cette méthode permet à tous, joueurs
comme observateurs, de savoir à quoi s’en
tenir. Les discussions autour des choix des
sélectionnés se concentrent en amont du
processus de préparation, ce qui permettra
certainement au coach anglais et à son
groupe de travailler dans une relative
sérénité, quand Philippe Saint-André et ses
collègue devront revenir sur la question
mi-juin lorsqu’il leur faudra annoncer leur
liste des « 50 ».
De surcroît, Lancaster maintient ainsi une
émulation qui paraît bien plus saine que la
valse hésitation dont semble faire preuve
son homologue tricolore, même si, dans un
cas comme dans l’autre, il existe un socle
de joueurs qui feront partie de l’aventure de
manière certaine.
Les « non capés » retenus par le
sélectionneur anglais auront ainsi
quelques semaines pour justifier leur
présence dans le groupe définitif, tout en
acquérant des repères bien utiles au sein
du squad élargi.
On l’a dit, le reproche adressé à Lancaster
de ne pas retenir les joueurs expatriés a
refait surface. Mais on ne pourra pas dire
que l’intéressé n’avait pas prévenu de
son intransigeance à faire respecter cette
règle édictée par la RFU. La confiance
accordée à un groupe stable auquel sont
venus s’agréger quelques révélations ces
derniers mois conduit le sélectionneur
anglais à privilégier une certaine forme de
cohésion, voire de cohérence.
Bref, à la différence de Philippe Saint-
André, le sélectionneur anglais semble
faire les choses à l’endroit. Ce n’est pas ce
qui en fera automatiquement un champion
du Monde.
Mais, sans aucun doute, cela pourrait y
contribuer.
A l’envers,
à l’endroit
Au lendemain de la conférence de presse donnée par Philippe Saint-André,
le sélectionneur Stuart Lancaster a dévoilé à son tour sa liste des joueurs
appelés à préparer la coupe du monde qui se déroulera sur le territoire
britannique en septembre prochain.
Stuart L.
17
A l’envers,
à l’endroit
Antoine @renvoiaux22
Photo : Universal/ sportbuzzbusiness.fr
Ashton (Saracens),
Attwood (Bath),
Barritt (Saracens),
Brookes (Newcastle),
Brown (Harlequins),
Burrell (Northampton),
Burgess (Bath),
Care (Harlequins),
Cipriani (Sale),
Clark (Northampton),
Cole (Leicester),
Corbisiero (Northampton),
Cowan-Dickie (Exeter),
Daly (Wasps),
Dickson (Northampton),
Eastmond (Bath),
Easter (Harlequins),
Farrell (Saracens),
Ford (Bath),
Goode (Saracens),
Hartley (Northampton),
Haskell (Wasps),
Itoje (Saracens),
Joseph (Bath),
Lawes (Northampton),
Launchbury (Wasps),
Kruis (Saracens),
Kvesic (Gloucester),
Marler (Harlequins),
May (Gloucester),
Myler (Northampton),
Morgan (Gloucester),
Mullan (Wasps),
Nowell (Exeter),
Parling (Leicester),
Robshaw (Harlequins),
Slade (Exeter),
Slater (Leicester),
Strettle (Saracens),
Twelvetrees (Gloucester),
M. Vunipola (Saracens),
B. Vunipola (Saracens),
Watson (Bath),
Webber (Bath),
Wigglesworth (Saracens),
Wilson (Bath),
Wood (Northampton),
Yarde (Harlequins),
B. Youngs (Leicester),
T. Youngs (Leicester).
la liste des 50 joueurs sélectionnés
par stuart lancaster
18
36 + 1
cocorico !
On attendait des surprises, il y en a eu.
Des grosses et des petites. A ranger dans
la première catégories, les absences de
Camille Lopez, en froid avec le staff depuis
l’épisode de sa blessure au genou avant
Angleterre-France et celle de Maxime
Mermoz, qu’on pensait revenu en grâce lors
du même match et qui affichait une belle
santé jusqu’à sa récente blessure à la main.
Dans la catégorie des « petites » surprises,
la non sélection de Maxime Médard qui
pouvait peut-être prétendre à un strapontin
depuis qu’il est revenu à un excellent
niveau, et la présence de François Trinh-
Duc dans le groupe. Non pas, évidemment,
que le Montpelliérain ne méritait pas de s’y
trouver, mais parce que le staff tricolore
s’était toujours montré réservé jusqu’à
présent sur sa candidature.
A cet égard, la sélection de Frédéric
Michalak, dont Saint-André a clairement
fait son « buteur numéro un », et l’annonce
que la porte restait entrouverte pour Jules
Plisson qui se bat contre la montre pour
soigner son épaule, fait craindre que
François Trinh-Duc ne sorte du groupe
lorsqu’il s’agira de le réduire à 31 joueurs.
En tout état de cause, c’est une liste de 36
+ 1 joueurs qu’a livrée PSA, se réservant
Elle est sortie,
la fameuse liste,
autour de laquelle
se pressent tous les
observateurs du rugby
tricolore comme autour
d’un berceau dont on
ignore s’il abrite un fils
prodige
qui brandira le trophée
William-Webb-Ellis le 18
octobre prochain
ou celui, prodigue, qui
dilapidera le reste de
confiance placé dans
le sélectionneur après
un dernier Tournoi
médiocre.
St. André
* Les 36 appelés
AVANTS : Atonio (La Rochelle), Ben Arous (Racing-Métro), Chiocci (Toulon),
Debaty (Clermont), Mas (Montpellier), Slimani (Stade Français), Guirado (Toulon),
Kayser (Clermont), Szarzewski (Racing-Métro), Flanquart (Stade Français),
Maestri (Toulouse), Vahaamahina (Clermont), Papé (Stade Français),
Dusautoir (Toulouse), Le Roux (Racing-Métro), Nyanga (Toulouse),
Ouedraogo (Montpellier), Chouly (Clermont), Goujon (La Rochelle),
Picamoles (Toulouse)
ARRIERES : Kockott (Castres), Parra (Clermont), Tillous-Borde (Toulon),
Michalak (Toulon), Tales (Castres), Trinh-Duc (Montpellier), Bastareaud (Toulon),
Dumoulin (Racing-Métro), Fickou (Toulouse), Fofana (Clermont),
Lamerat (Castres), Dulin (Racing-Métro), Guitoune (Bordeaux-Bègles),
Huget (Toulouse), Nakaitaci (Clermont), Spedding (Bayonne)
*
19
donc le droit de changer, c’est le cas de le
dire, son fusil d’épaule jusqu’au dernier
moment. Difficile, en tout cas, de ne pas
en conclure que le staff n’a pas vraiment
de certitude sur l’identité de l’ouvreur qui
aura la lourde tâche de conduire l’attaque
tricolore. Rémi Talès, dont on sait combien
le sélectionneur apprécie la solidité
défensive et les qualité de « gestionnaire »
sans surprise mais sans grande faiblesse,
a vraisemblablement conservé toutes ses
chances de faire partie du groupe définitif.
Devant, on note que Xavier Chiocci a été
préféré à son collègue du RCT Alexandre
Menini, tout comme le deuxième-ligne
clermontois Sébastien Vahaamahina l’a
été à un autre Wallisien qu’on pensait
pourtant un peu devant lui, le toulonnais
Romain Taofinenua. Le talonneur Dimitri
Szarzewski fait un retour remarqué et
devrait faire partie de l’aventure, puisque
le staff partira très certainement avec trois
joueurs évoluant à ce poste.
A lui, cependant, de tout faire pour
bousculer une hiérarchie qui le place
actuellement derrière Guilhem Guirado et
Benjamin Kayser.
Pascal Papé, qui en a terminé avec sa
suspension, devra prouver qu’il peut
apporter autre chose que de l’indiscipline
au XV de France.
En troisième-ligne, Louis Picamoles est
également de retour, lui qui a souffert
de gros pépins de santé l’ayant éloigné
un bon moment des terrains. Il aura
à affronter la concurrence de Damien
Chouly, moins perforant mais plus
efficace en touche, et Loann Goujon,
révélation du dernier Tournoi à ce poste.
Côté flankers, pas de surprise même
si on peut s’interroger sur les chances
de Yannick Nyanga, éternel recalé ces
derniers mois.
Chez les trois-quart, l’absence de Maxime
Mermoz, on l’a dit, a fait beaucoup
réagir les Internautes. La présence de
Gaël Fickou et Rémi Lamerat confirme
l’inclination du staff à rester sur des
positions plutôt conservatrice, au risque
d’appeler des joueurs ayant peu joué ces
dernières semaines, à l’image d’Alexandre
Dumoulin et Fickou.
Enfin, on constate que trois ailiers
seulement ont été sélectionnés, qui
devraient donc, sauf blessure, partir pour
Londres en septembre.
Lors de sa conférence de presse, Philippe
Saint-André a indiqué qu’une liste de 50
joueurs serait communiquée à World
rugby d’ici la mi-juin. Sa composition fera
l’objet d’une annonce après la finale du
Top14. C’est dans cette liste élargie que
PSA puisera en cas de blessure au sein du
squad de 31 joueurs qui sera quant à lui
déterminé le 23 août.
Comme on pouvait le penser, le groupe
de 36 joueurs dévoilé par PSA est loin de
faire l’unanimité. L’intéressé s’en moque.
De son propre aveux, il est désormais en
mode « coupe du monde », et bien décidé
à faire un coup avec ses joueurs.
Pour l’heure, les pronostics sont
pessimistes. Mais il ne faut jurer de rien.
Antoine @renvoiaux22
Photo : Paramount Pictures / Patrick Hamilton - AFP
Frédéric Michalak sera
mon « buteur numéro un ».
On attendait des surprises, il y en a eu ...
‘‘
36 + 1
cocorico !
ALL OVAL
THE WORLD
Luke Braid,
le futur flanker de l’UBB
superrugbynews.fr / @superrugbynews
Et si la Corée du Sud
japonrugby.net / @Japonrugbynet
21
23
21
Presque 80 matches de Super Rugby en
5 saisons et demi : Luke Braid fait partie
de ces joueurs qu’on pourrait qualifier de
« valeurs sures » du championnat même
s’il n’a toujours pas connu les joies d’une
sélection chez les Blacks. Portrait d’un
flanker réputé pour son leadership et son
énergie…
Originaire de Tauranga, ville la plus
peuplée de la région de Bay of Plenty en
Nouvelle-Zélande, Luke Braid est, tout
naturellement, allé au Tauranga Boys’
College, école où sont passés pas mal de
All Blacks dont récemment : Sam Cane,
Tanerau Latimer ou encore Jarrad Hoeata.
Une famille
de All Blacks
Même s’il n’a jamais porté le maillot à
la fougère argentée, il peut se vanter
d’avoir deux All Blacks dans sa famille.
Son père, Gary Braid, a revêtu la tunique
noire à deux reprises en 1983 (au poste
de deuxième ligne). Son frère aîné Daniel,
évolue aux Sale Sharks depuis 2012 et,
a aussi eu ce privilège puisqu’il a joué
six matches avec sa sélection nationale
entre 2002 et 2010. Souvent comparés,
les deux frères ont pratiquement le même
physique (environ 1,85 m et 100 kgs) et le
même style de jeu.
A bientôt 27 ans et, n’entrant pas
forcément dans les plans de Steve
Hansen, particulièrement à cause d’une
grosse concurrence (il est derrière
McCaw, Cane ou encore Todd), Luke Braid
a décidé de « sécuriser » son avenir,
notamment financièrement.
L’UBB, une
destination évidente ?
Le club girondin ne cesse de se
développer ces dernières années et, les
hommes du président Laurent Marti
forment l’une des équipes les plus
agréables à regarder dans notre Top 14.
Luke Braid,
le futur flanker de l’UBB
C’est le retour de nos portraits sur ces joueurs sudistes qui
rejoindront notre Top 14 la saison prochaine. Aujourd’hui, gros plan sur
Luke Braid, troisième ligne aile des Blues.
Le 3 ème
ligne néo zélandais s’est engagé avec l’UBB pour 2 saisons
22
L’UBB avait déjà contacté Luke Braid en
2013 pour lui proposer un contrat mais
ce dernier avait décliné car il sentait qu’il
avait encore des choses à accomplir avec
les Blues (et certainement chez les All
Blacks). Cette nouvelle offre en novembre
dernier a suscité l’intérêt du joueur car il
semble avoir fait une croix sur son avenir
chez les Blacks et qu’il ne savait pas si
une telle opportunité se ré-offrirait à lui.
Le bon contact avec le manager Raphael
Ibanez a été un accélérateur dans le
transfert du joueur pour qui, vivre dans le
sud de la France ne devrait pas être une
torture.
Luke Braid,
le futur flanker de l’UBB
De l’ambition…
Le Top 14 est un championnat
qui attire de par son pouvoir
financier, ses nombreuses
stars et ses stades (plus ou
moins) remplis, et Luke Braid
n’a pas hésité à évoquer son
impatience de jouer en Top 14
et l’ambition qu’il a de jouer
la Champions Cup.
…pour un leader
dans l’âme
Plusieurs fois capitaine aussi
bien en Super Rugby avec les
Blues qu’en ITM
Cup avec Bay of Plenty ou
Auckland, il a toujours été
un leader depuis ses débuts.
Malgré ses deux récentes
opérations à l’épaule, il reste
un plaqueur très actif ainsi
qu’un gratteur invétéré, de
plus, il n’est pas maladroit
non plus avec un ballon entre
les mains.
On verra s’il réussira à
s’adapter à ce nouveau
championnat et s’il
parviendra à atteindre les
phases finales avec l’UBB,
l’an prochain…
Jules @superrugbynews - superrugbynews.fr
Photo : Fiona Goodall - Getty Images AsiaPac / Getty Images AsiaPac
23
Suite à son succès contre Hong Kong en
Asia Rugby Championship (33 à 26), la
Corée du Sud vient de monter à la 22ème
place au classement World Rugby. Sa
meilleure position au classement mondial,
en dépassant au passage la Namibie, qui
participera en septembre prochain à la
coupe du monde de rugby en Angleterre!
Alors une question me vient. Et si la Corée
du Sud intégrait dans le futur la Pacific
Nations Cup?
A l'heure où un tournoi des 6 nations
américain va voir le jour l'an prochain et
où la Géorgie et la Roumanie frappent aux
portes d'un futur 8 nations, ne serait-il
pas temps de faire bouger les choses en
Asie?
Bernard Lapasset, le président de World
Rugby, dit que la coupe du monde de
rugby de 2019 au Japon va faire passer un
cap au rugby sur le continent asiatique.
Un argument totalement faux quand on
connait l'état actuel du rugby en Asie.
Car l'argent est indispensable pour faire
développer le rugby sur le continent
asiatique. De l'argent qui fait justement
gravement défaut. Ainsi, depuis le retrait
du sponsor HSBC, les tournois de l'Asia
Rugby Championship survivent grâce
à l'Asian Rugby Football Union avec un
budget total annuel équivalent à celui
d'un club moyen de fédérale 1. Certaines
sélections nationales ne peuvent même
pas participer faute de budget nécessaire
dans leur fédération (Mongolie, etc...).
Dans ce contexte continental tendu, la
Corée du Sud fait face à une situation
compliquée. Très peu de licenciés (moins
de 3 000), et sur le peu de clubs, le pays
a vu la disparition de l'équipe de rugby
corporative de Samsung SDI après que
l'entreprise sud-coréenne ait annoncé des
pertes.
Malgré cela, les sud-coréens disposent
d'un potentiel clairement non exploité
(surtout physique). L'équipe dispose ainsi
aujourd'hui d'une belle génération (Jegal
Bin, Jang Sung Min, Kim Nam Yung, Kim
Kwangsik,Park Soon Chai) sans oublier
de belles révélations cette année (Lee
Myung Jun, Chang Yong Heung). Plusieurs
joueurs à l'image de son international
Jegal Bin (NTT Shining Arcs), évoluent
comme joueurs professionnels au Japon.
Et si la Corée du Sud
intégrait la Pacific Nations Cup ?
Le jeune ailier Chang Yong Heung fait partie de cette nouvelle belle génération de joueurs de rugby sud-coréens
Suite à son succès contre Hong Kong en Asia Rugby Championship (33 à 26), la Corée du sud vient de monter à la 22ème
place au
classement World Rugby. Sa meilleure position au classement mondial, en dépassant au passage la Namibie, qui partici-pera en
septembre prochain à la coupe du monde de rugby en Angleterre! Alors une question me vient.
Et si la Corée du sud intégrait
dans le futur la Pacific Nations Cup?
24
Historiquement 2ème
meilleure sélection
nationale de rugby en Asie, la Corée du
Sud doit évoluer pour enfin atteindre ce
top 20 mondial, toujours inaccessible
à l'heure aujourd'hui. Mais avec
certainement l'une des fédérations les
plus conservatrices au monde, le pays
va devoir compter sur son ennemi de
la région, le Japon. Alors que la Top
League japonaise va se voir réformer
en profondeur avec l'arrivée de la
franchise nippone en Super Rugby, c'est
l'occasion rêvée pour voir une équipe
professionnelle sud-coréenne intégrer le
championnat nippon (1ère
ou future 2ème
division).
Une intégration à l'image de ce qu'ont
connu par exemple les argentins avec
les Pampas XV dans la Vodacom Cup
sud-africaine pour préparer l'Argentine à
intégrer en 2012 le Rugby Championship.
Dans le même style, une équipe sud-
coréenne en Top League japonaise
permettrait à la Corée du Sud de
progresser et de pouvoir légitimer à
intégrer la Pacific Nations Cup et jouer
des tests matchs internationaux avec des
tournées en Europe par exemple. Car l'un
des grands problèmes de cette nation et
de toutes les autres nations asiatiques
(hormis le Japon évidemment), c'est le
faible nombre de rencontres jouées.
La Corée du Sud ne participera
ainsi cette année qu'à l'Asia Rugby
Championship,soit quatre matchs! Bien
trop insuffisant pour permettre aux
internationaux sud-coréens d'engranger
de l'expérience et de progresser quand on
sait que la moyenne des rencontres
jouées annuellement par les équipes du
TOP 20 mondial est bien supérieure à
douze. Dans le cadre envisagé où la Corée
du sud aurait une équipe professionnelle
basée en Top League japonaise, on
verrait vite des progrès de la sélection en
comptant aussi sur des efforts entrepris
par World Rugby pour permettre à
l'équipe de pouvoir effectuer des tournées
annuelles en novembre en Europe contre
des équipes comme le Portugal, la
Russie, l'Espagne ou encore la Belgique.
Plus de matchs joués, plus d'expériences
engrangées pour les internationaux
sud-coréens. La Corée du Sud entamerait
alors la dernière étape de sa progression
en intégrant une Pacific Nations Cup
à 8 nations avec l'arrivée aussi de la
Russie. Avec la possible création d'un
futur 8 nations en Europe, il serait plus
intéressant d'un point de vue sportif pour
les russes d'intégrer laPacific Nations
Cup avec un tournoi très relevé.
Voir la Russie au passage intégrer un
futur Asia Rugby Championship à quatre
équipes (avec Japon, Corée du Sud et
Hong Kong) serait aussi très bon pour
relever le niveau du tournoi asiatique
et permettre à la Corée du Sud et Hong
Kong de progresser. Dans ce tournoi
étendu, on garderait le système actuel
de 2 poules en passant de trois à quatre
équipes.
Pour permettre aux sud-coréens de ne
pas prendre trop l'eau pour leur débuts,
nous les intègrerions dans la poule
hémisphère sud, ce qui nous donnerait le
tableau suivant:
Avec cette formule, la Corée du sud
débuterait en affrontant le Japon, le
Canada, les Etats-Unis et la Russie.
Un démarrage tout en douceur qui
permettrait aux sud-coréens de jouer
avec les tests matchs de novembre
une douzaine de rencontres annuelles
et de progresser ainsi année après
année et de pouvoir envisager dans le
futur, à l'image de leur voisin japonais,
de se qualifier enfin pour la coupe du
monde de rugby et régulièrement.
Tout ceci n'est que fiction, mais si
Bernard Lapasset veut voir le rugby se
développer en Asie, cela commencera
par la Corée du sud. Car le manque
de rivalité compétitive sur le continent
asiatique nuit grandement à l'heure
actuelle...
Et si la Corée du Sud
intégrait la Pacific Nations Cup ?
Hémisphère Nord
Japon
Canada
Etats-Unis
Russie
Hémisphère sud
Samoa
Fidji
Tonga
Corée du sud
Pacific Nations Cup à 8 nations
Sébastien @japonrugbynet
EUROSTARS
le patron, c'est toulon
renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 26
Antoine @renvoiaux22
26
Défaite pour la deuxième fois consécutive,
l’ASM Clermont-Auvergne semble
condamnée dans la compétition
européenne à un sort qui rappelle celui du
championnat domestique : partir avec la
faveur des pronostics et passer à côté de
sa finale. Après celle perdue à Dublin il y
a deux ans, la formation auvergnate vient
donc d’échouer à Londres. Et, disons-le
tout net, si la défaite irlandaise ressemblait
un peu à un hold-up, on ne peut pas en
dire autant de sa cousine anglaise, tant
les Auvergnats ont été dominés dans la
maîtrise et l’envie par un RCT en mode
champion.
Pourtant, les vingt première minutes ont
été entièrement à l’avantage de Clermont.
Une domination sanctionnée par un essai
de Wesley Fofana après un contre de
Morgan Parra sur Sébastien Tillous-Borde.
Mais l’ASMCA n’a jamais décroché Toulon,
et, plus grave, a permis à son adversaire de
prendre le score juste avant la mi-temps.
Au lieu de trouver la touche, un coup
de pied de Camille Lopez, puis un autre
tout aussi malvenu de Nick Abendanon,
ont permis aux Toulonnais de jouer une
dernière contre-attaque. Payante, ladite
contre-attaque, puisque conclue par un
essai de Mathieu Bastareaud.
Sans être brillants, les hommes de
Bernard Laporte ont été remarquables
dans la gestion de la partie, profitant
notamment de l’énorme déchet défensif
auvergnat, à l’image de l’essai de Drew
Mitchell inscrit en seconde période après
un festival de plaquages manqués.
Au rayon des déceptions clermontoises,
on signalera tout particulièrement
la charnière Parra – Lopez, dont la
responsabilité dans l’échec de l’ASMCA
est largement engagée. Symbole de
l’absence symptomatique de lucidité de
l’ouvreur jaune-et-bleu dans les moments
cruciaux, cette passe au pied dans les bras
de Brian Habana à la sirène, quand le jeu
commandait d’insister à la main.
La déchirure musculaire subie par Brock
James à l’échauffement, suscitant son
remplacement par Lopez, aura joué un
rôle majeur dans le sort de cette finale,
même si la performance mitigée du pack
auvergnat aura aussi eu son importance.
Fritz Lee a été fantomatique, tout comme
Damien Chouly, et l’essai magistral
de Nick Adendanon à l’heure de jeu
ne fera pas oublier ses 60 premières
minutes calamiteuses, très loin de sa
démonstration du quart-de-finale face à
Northampton.
Mais on s’en voudrait d’imputer la
victoire toulonnaise aux seules carences
auvergnates.
Conduite par un Matt Giteau très en
jambes à l’ouverture, l’équipe du RCT a
rappelé qu’on ne gagnait pas à ce niveau
sans une défense de fer. Et la faculté de
l’attaque varoise – avant et trois-quarts
confondus – à se projeter vers l’avant
la rend redoutable dans l’art du contre.
Encore une fois, la troisième ligne Smith
– Armitage – Masoe a été impressionnante
et certainement à créditer d’une de ses
meilleures prestations de la saison.
Bien qu’opposant deux clubs de
l’hexagone, faisant craindre bien moins de
saveurs qu’avec une confrontation franco-
anglaise ou celte, cette finale aura tenu ses
promesses.
Même si la qualité du jeu n’a pas toujours
été au rendez-vous, le suspens a tenu
jusqu’au bout en haleine les supporters
comme les spectateurs plus « neutres ».
Et avec ce nouveau sacre, le RCT a rappelé
cette évidence : aujourd’hui, et sans
conteste, le patron, c’est Toulon.
Antoine @Renvoiaux22
Photo : Getty/ walesonline.co.uk/ PA Photos
Le patron,
c’est Toulon
Au terme d’une finale qu’il est parvenu à contrôler pendant la quasi-
totalité de la rencontre, le Rugby club toulonnais a réussi là où Toulouse,
Leicester et le Leinster avaient jusqu’à présent échoué.
C’est historique.
Pour la première fois
depuis la création
de la coupe d’Europe
de rugby il y a vingt ans,
un club a été sacré champion
trois saisons d’affilée.
LADIES
Photo : Rugbyshop
les femmes de l'ombre
bajadita.com / @obasaan66
tête à tête
safi n'diaye
bajadita.com / @obasaan66
le rugby à xv en danger ?
bajadita.com / @SOSurrullo
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ces femmes
de l'ombre
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LES FEMMES
De l’ombre
Il y a certes, Audrey Zitter, seule femme
entraîneur, s’occupant de l’équipe de
rugby à XIII de Montpellier ; il y a aussi
Pascale Lambrechts, médecin référent du
RCT. Ces femmes restent cependant des
exceptions dans le milieu professionnel.
Il y a aussi bien entendu, et depuis peu,
des femmes journalistes, et Isabelle
Ithurburu, ainsi que Marie-Alice Yahé,
Clémentine Sarlat et Cécile Grès,
symbolisent parfaitement leur fonction,
qui reste cependant une fonction de
prestige.
Certains goguenards, pourraient
ajouter « potiche à la mode », mais leur
professionnalisme, leur connaissance du
milieu du rugby, ainsi que leurs réparties,
ont rapidement fait taire les détracteurs.
Qu’en est-il des autres, les bénévoles,
les étudiantes, les mamans, celles qui
sont là les mercredi et / ou les samedi, à
suivre des hordes de mouflets, celles qui
ont pu entendre que « le rugby féminin, ce
n’est ni du rugby, ni féminin » ou « qu’ils
n’aiment pas le rugby féminin »…
Qu’en est-il de ces femmes de l’ombre
qui oeuvrent pour que des minots
morveux aient leur goûter en fin
d’entrainement, pour qu’ils soient
consolés après un coup ou que tout
simplement leurs lacets soient faits ?
Qu’en est-il surtout de celles qui donnent
de leur temps en tant qu’éducatrices,
pour que des petits garçons et des petites
filles s’épanouissent dans un sport dont
on nous décrit régulièrement les Valeurs ?
Dans un précédent article, «Dessine-
moi un ballon », j’avais évoqué avec des
joueurs, maintenant pour certains en
Top 14 et en Equipe de France, leurs
souvenirs de l’école de rugby.
Aujourd’hui, il est intéressant d’étudier
avec des femmes éducatrices des
catégories M6 à M14, leur parcours, le
parcours assez méconnu et reconnu de
l’univers parfois impitoyable des Ecoles
De Rugby. Tu seras un homme mon fils,
grâce aux valeurs…
Connaissez-vous beaucoup de femmes dans le milieu du rugby, qui soient
entraîneurs, présidentes de club, managers, soigneuses, ou qui aient
une fonction, autre que, « Maman de joueur » ou « Femme de joueur » ?
1/2
30
Quelles catégories de joueurs
entraines-tu, depuis combien de temps
et ou as-tu entraîné à l’EDR ?
Marie Bouchillou (Rugby Club Paris XV) :
Actuellement, j’entraîne les M10 et les
M14. Avant je faisais les M7 et j’ai toujours
été au RCP XV.
Julie Chazarenc (Comité de Paris) :
J’entraîne depuis 10 ans, donc j’ai fait à
peu près toutes les catégories possibles…
L’année dernière, je m’occupais des M13,
des minimettes et des cadettes. Cette
année, je ne m’occupe que des filles.
J’ai commencé à entraîner à l’ACCBB
(Boulogne Billancourt), puis à Clichy,
avant de rejoindre le RCP XV, puis cette
année le Stade Français pour le Comité
de Paris.
Rim Chelhi (Rugby Club Paris XV) :
Je m’occupe des M8 depuis 2 ans.
Christelle Le Duff (Comité du Pays
Catalan) : Je suis passée par toutes les
catégories, allant des M6 au M14. Cela fait
11 ans que je suis éducatrice et je suis
passée par Gennevilliers (92),
Ponteilla (66), l’USAP (66), Bompas
(66) et maintenant toutes les EDR du
département.
Caroline Roy (Rugby Club de l’Aber à
Plouguerneau dans le nord Finistère) :
J’entraîne depuis 4 ans. Avec la nouvelle
réforme de cette saison, je m’occupe des
M6 et des M8.
Il m’arrive de donner aussi un coup
de main le mercredi aux catégories
M10-M12 et M14. Nous faisons alors
un entrainement technique individuel
commun. Nous sommes une petite Ecole
De Rugby avec 70 licenciés.
Anonyme (Sud Ouest) : J’entraîne les M8
et les M14 ; c’est ma 2ème
année en tant
qu’éducatrice.
As-tu toi-même joué au rugby étant
« enfant » et donc avec des garçons ?
MB : Oui après les matchs de l’équipe de
France avec mes frères, à l’école pendant
la récréation, mais jamais en club.
JC : Petite je ne connaissais pas trop le
rugby ; j’ai découvert ce sport vers 16 ans.
Je me suis mise au rugby à 25 ans, grâce
à mon amoureux de l’époque … Ca m’a
donné vraiment envie.
RC : Cela fait 3 saisons que je pratique
le rugby et 1 fois par semaine je fais un
entrainement avec les garçons.
CLD : J’ai effectivement commencé le
rugby avec les garçons quand j’étais
petite.
CR : Comme j’habitais en Normandie, le
premier club était à 50 km… Et à l’époque,
j’étais plus branchée gym Je n’ai joué au
rugby qu’en séniors en Fédérale 2.
A : J’ai commencé tard, vers 18 ans, donc
je n’ai pas connu le rugby avec les garçons
en tant que joueuse.
LES FEMMES
De l’ombre1/2
C’est pourquoi, j’ai demandé à Marie Bouchillou, Julie Chazarenc, Rim Chelhi,
Christelle Le Duff, Caroline Roy et d’autres qui ont préféré rester dans l’ombre
de nous évoquer LEUR rugby avec les enfants. Femme entre 17 et un peu plus
de 50 ans, elles nous font part de leurs expériences, ô combien intéressantes
et différentes. Aujourd’hui celles qui travaillent dans l’ombre vont être mises en
lumière…
31
Quelle différence fais-tu entre le terme
« éducateur(trice) ou « entraîneur » ?
MB : L’éducateur est en premier un
formateur ; l’entraîneur travaille sur le
perfectionnement du joueur.
JC : L’éducateur s’occupe des plus
jeunes, disons jusqu’en M14. On y
parle apprentissage de la discipline et
des valeurs. On est pas encore dans la
compétition à 100%, même si pour les
petits chaque match est important.
Malgré cela, nous avons un rôle
d’intégration pour que tous trouvent une
place au sein de l’équipe.
RC : Pour moi 1 éducateur(trice) a une
réelle influence sur la construction du
joueur, aussi bien sur le terrain qu’à
l’extérieur. Cela comprend aussi bien
le comportement sur et en-dehors
du terrain, le partage, le respect… 1
entraîneur intervient après cela et après
le passage en EDR ; 1 entraîneur enrichit
le rugby d’un joueur.
CLD : Un entraîneur entraîne, un
éducateur éduque ! Un entraîneur gère
son équipe avec de la stratégie et de la
tactique ; il doit avoir des résultats. Un
éducateur a pour mission d’enseigner les
fondamentaux du rugby aux enfants, mais
aussi d’éduquer l’adulte de demain.
CR : Je suis éducatrice et non entraîneur ;
la dimension éducative est essentielle,
transmettre les valeurs du savoir vivre
ensemble, du respect de l’autre avec le
rugby comme base. Un des objectifs du
collectif, est que l’enfant passe sa balle.
Pour autant, je ne mets pas de côté les
objectifs sportifs. C’est aussi dans la
réussite et la compétition que l’éducation
se mène ! Entraîneur, c’est pour les
seniors.
Y ‘a-t-il autant de garçons que de filles
dans les équipes que tu entraînes ?
MB : Chez les M10, nous sommes 2
éducatrices pour 4 entraîneurs en tout.
Dans notre effectif il n’y a qu’une seule
petite fille, inscrite après la coupe du
monde de l’été dernier d’ailleurs, pour 54
garçons.
JC : Dans les équipes que j’ai entraîné,
j’ai eu très peu de filles, sauf à Clichy où il
y avait vraiment la volonté de développer
le rugby féminin. Il y avait donc 8 filles
totalement intégrées à l’équipe.
Ce club m’avait justement recrutée pour
que les filles aient dans leur staff une
éducatrice.Et cette année au Comité de
Paris, on a 27 licenciées cadettes et 6
minimettes.
RC : Il y a 35 joueurs M8 et pas une seule
fille…
CLD : Il y a beaucoup plus de garçons.
Quant aux effectifs, ça dépend des
saisons, ça peut varier, par moment 14 ou
15 par catégorie et par moment, plus de
20. Dans notre petit comité, nous avons
61 joueuses dans nos 23 écoles de rugby
(27 en M14, 13 en M12, 10 en M10 et 11
en M8).
CR : C’est la première année où je n’ai
aucune fille. D’habitude, j’en ai toujours
1 ou 2, mais pas là. En fait, il y a peu de
filles en EDR, 1 en M12 et 1 en M14. Je
pensais que l’effet coupe du monde aurait
un impact, mais non… Pour les effectifs,
j’ai 6 M6 et 10 M8 cette année. Nous
avons eu une baisse des effectifs liés aux
nouveaux rythmes scolaires.
A : Les garçons sont largement
majoritaires en EDR. Il y a cependant
beaucoup de filles qui commencent en
cadettes. En ce qui me concerne, j’ai 86
licenciés en M8 et 94 en M14.
LES FEMMES
De l’ombre1/2
32
Pourquoi as-tu fait ce choix
d’entraîner en EDR ?
MB : J’ai entraîné pendant 8 ans des
séniores féminines ; je voulais retrouver
l’enthousiasme et la joie qui caractérisent
les jeunes joueurs. Je voulais leur faire
découvrir un sport complet que j’adore,
leur apprendre à plaquer aux jambes,
à ne pas avoir peur du contact et leur
faire comprendre qu’avec une bonne
technique, on peut mettre en échec les
plus costauds. Je voulais leur apprendre
que la solidarité est importante.
JC : J’adore le contact avec les enfants et
j’aime l’échange que l’on arrive à créer.
Quand j’étais plus jeune, je voulais être
institutrice. Ma vie professionnelle a
beaucoup évolué depuis, mais du coup, le
fait d’entraîner m’a permis de retrouver
ce contact avec les enfants.
RC : J’ai toujours souhaité encadrer des
jeunes, même dans les autres sports que
j’ai pratiqués avant.
CLD : Je voulais mettre à disposition
mon expérience en tant que joueuse et
apporter mon savoir et mes compétences.
De plus j’adore les enfants et c’est
vraiment un plaisir d’être avec eux et
de voir leur sourire quand on arrive à
l’entraînement.
CR : Je n’ai pas eu le choix ! Il n’y avait
personne pour encadrer les M7. Mon
fils jouait, mon mari donnait un coup
de main…Je ne voulais pas que cette
catégorie disparaisse…
A : Entraîner en EDR fait partie de ma
formation BPJEPS, c’est une formation
en alternance qui demande donc d’être
sur le terrain et comme le rugby est ma
spécialité…
Y a-t-il d’autres filles qui entraînent
avec toi dans ta catégorie ou dans
d’autres catégories ?
MB : Avec les M10 il y a 2 éducatrices et
1 en M8.
JC : Oui 1 des mes anciennes cadettes
puis coéquipière est venue en stage
l’année dernière et cette année elle est
l’une des 3 entraîneurs.
RC : Oui 2 autres filles dans la catégorie
M10.
CLD : Au départ, j’étais la seule fille à
entraîner dans le club, puis par la suite,
d’autres filles sont venues encadrer les
petits.
CR : Non, je suis la seule fille qui entraîne,
même si des mamans donnent parfois
des coups de main. Et quand nous avions
des seniors, la co-entraîneur était une
fille, il y a 2 ans.
A : Oui, il y a énormément de filles en tant
qu’éducatrice ; beaucoup de joueuses
viennent donner un coup de main le
mercredi.
Quelles sont tes relations avec les
entraîneurs masculins ?
MB : Bonnes, car nous avons tous la
même vision du rugby et que l’objectif
est de faire progresser le groupe. Et
comme nous avons instauré un plan
d’apprentissage du joueur à l’EDR, ça
facilite les rapports.
JC : en général je m’entends bien avec les
autres entraîneurs.
RC : Relations plutôt bonnes, même
s’il reste toujours quelques éducateurs
machos qui cherchent à imposer leur
autorité.
CLD : les relations avec les entraîneurs
masculins sont bonnes. Je crois aussi
que le fait d’être sportive de haut niveau
m’aide beaucoup de ce côté-là.
CR : J’estime avoir de bonnes relations au
sein du club, mais aussi à l’extérieur.
Je supporte difficilement les éducateurs
et entraîneurs qui parlent mal aux
enfants. Il m’est arrivé, alors que
j’arbitrais des enfants, d’intervenir et
de calmer certains, qui, par exemple,
rentraient sur le terrain pendant un
match. Ca fonctionne. Je suis persuadée
qu’ils ne réagissent pas du tout de la
même manière, parce que je suis une fille ;
ils ne sont pas dans le rapport de force.
A : Elles sont très bonnes.
Quelles sont tes relations
avec les parents ?
MB : Je suis toujours étonnée quand
les parents viennent me remercier pour
le travail que l’on fait, alors que ça me
semble normal. Certains parents tiquent,
quand ils découvrent que c’est une fille
qui entraîne, mais après quelque temps,
ils réalisent qu’une fille peut avoir autant
de compétences qu’un garçon.
Je pense avoir de bonnes relations avec
les parents, mais j’avoue que je suis plus
intéressée par les progrès de leur enfant
que par leurs discussions…
JC : Les parents apprécient le fait de
voir une femme entraîner leurs enfants.
Certains hommes sont parfois un peu
« bourrins », alors que ce n’est pas du
tout ma manière de faire. Je suis plus
dans l’explication et la répétition, que
dans les hurlements.
Je m’entends donc assez bien avec
les parents, sauf une fois, où un père
était très présent, très envahissant et
se prenait pour le coach. Il m’a hurlé
dessus, parce qu’il trouvait que son fils
ne jouait pas assez. Je lui ai expliqué
que s’il ne jouait pas beaucoup, c’est que
sur ce match, il serait dangereux de le
faire rentrer vu les gabarits en face… Il a
tellement insisté que je l’ai fait rentrer,
que le gamin s’est fait « exploser » et qu’il
a demandé à sortir, en larmes, au bout
d’une minute…
RC : Bonnes en général, les parents
restant ouverts à l’échange.
CLD : Je m’entends très bien avec les
parents ; ils sont ravis que ce soit une
joueuse de l’Equipe de France qui entraîne
leurs petits.
CR : Je pense avoir une relation de
confiance avec les parents ; j’essaie de
les tenir au courant de l’évolution de leur
enfant, qu’elle soit positive ou non. Ca
permet parfois de comprendre pourquoi
des enfants sont à côté de l’activité.
A : Cela dépend des catégories ; Je suis
plus à l’aise avec des M14 qu’avec des M8.
C’est surement mon côté compétitrice qui
prend le dessus…
LES FEMMES
De l’ombre1/2
33
LES FEMMES
De l’ombre2/2
Te vois-tu entraîner en
EDR longtemps ?
Marie Bouchillou (Rugby Club Paris XV) :
Oui, tant que je peux apporter au club et
aux joueurs et que rien ne m’en empêche.
Julie Chazarenc (Comité de Paris) : Oui,
je m’organise car c’est assez compliqué
avec mes boutiques ULTRAPETITA et
RUGBY CORNER, mais je m’organise.
C’est pour moi une véritable passion de
transmettre ce que j’ai appris.
Rim Chelhi (Rugby Club Paris XV) : J’aime
beaucoup ce qu’apporte l’EDR, donc y
rester, oui.
Christelle Le Duff (Comité du Pays
Catalan) : Cela fait déjà pas mal de temps
que je le fais et je pense que je continuerai
encore longtemps.
Caroline Roy (Rugby Club de l’Aber à
Plouguerneau dans le nord Finistère) :
C’est très prenant et ça me prend une
grande partie de mon temps libre… tous
mes samedi, mes mercredi après-midi…
la préparation…mais j’aime ça. Mais c’est
épuisant.
Anonyme (Sud Ouest) : Cela dépend de
quelle catégorie.
Que penses-tu des diplômes demandés
pour entrainer des enfants ?
MB : Ce qui peut poser des problèmes,
ce ne sont pas les diplômes, mais la
formation qui demande des disponibilités
qui ne sont pas forcément compatibles
avec les obligations professionnelles
d’éducateurs bénévoles. C’est une bonne
chose de demander des diplômes, car
il faut des compétences pour que les
enfants jouent en toute sécurité.
Mais il faut que la FFR fasse attention
à ne pas alourdir les obligations des
clubs et des éducateurs ; cela pourrait
constituer un obstacle au recrutement de
gens compétents pour l’encadrement des
enfants et donc nuire à leur formation.
JC : Je trouve cela important d’être cadrés
et formés avant de se retrouver face à des
enfants. C’est quand même
J’en profite pour remercier chaleureusement Isabelle Ithurburu, Marie-Alice
Yahé, Clémentine Sarlat et Cécile Grès pour leur soutien et le partage de la
première partie de cet article. Souhaitons que le second ait autant de succès…
Je ne pensais pas qu’il serait autant lu et partagé. Force est cependant de
constater, que les femmes ont encore un long chemin à faire, non pour
s’imposer (ce n’est pas le but), mais pour se faire admettre et respecter. Et vous,
en tant que femmes journalistes, comment vous considérez-vous et surtout,
comment vous considère t’on ? Cela mérite aussi un article, non ?
Merci aussi, Marie, Julie, Rim, Christelle, Caroline et les autres, de faire ce que
vous faites pour nos enfants. Vous êtes une belle partie de ce maillot bleu qui fait
tant rêver nos petits et que certains porteront un jour …
À droite, Julie Chazarenc
et Marc Lièvremont,
ambassadeur de sa marque
de vètements UltraPetita.
34
LES FEMMES
De l’ombre2/2
un sport de contact. Les formations sont
intéressantes et elles demandent aux
éducateurs un travail personnel assez
important.
RC : Actuellement, je passe le BFEDR
(Brevet Fédéral Ecole De Rugby). Cela
m’éclaire beaucoup sur les nouvelles
choses que l’on peut apporter aux
joueurs.
CLD : Je pense qu’il est normal que
chaque éducateur se forme. Pour
entraîner des enfants en toute sécurité,
il faut avoir une certaine pédagogie et
connaissance de l’enfant, et c’est ce que
nous apprenons dans ces formations.
De plus, la formation, c’est apprendre
à ordonner ses idées pour mieux les
transmettre, admettre qu’il faut écouter
un autre discours pour le confronter
au sien. C’est aussi accepter l’idée que
ses idées ne sont pas forcément les
meilleures et sa propre formation ne
s’arrête jamais.
CR : J’ai mon brevet fédéral EDR. J’ai
trouvé que les attentes de la formation
étaient en grand décalage avec la réalité
des séances. En formation on nous
parle de « mouvement général », «
d’intelligence situationnelle »… et peu de
comment gérer 10 zozos qui ont décidé de
courir partout. Bref, comment d’abord, on
construit une séance pour canaliser leur
attention.
A : Je pense que les diplômes sont
bien, en sachant que pour l’EDR, il y a
beaucoup de parents qui aident et qui ne
sont pas forcément habitués à entraîner.
Les diplômes sont un bon support qui
aident à connaître les thèmes à aborder
selon les catégories.
As-tu envie un jour de quitter l’EDR pour
entrainer des juniors et / ou des seniors
et donc de passer les diplômes requis ?
MB : J’ai le diplôme fédéral sénior et j’ai
déjà entraîné des seniors. Tant que je
m’éclate avec les enfants et que j’arrive
à les faire progresser, la question de
quitter l’EDR ne se pose pas. Un jour, je
serai peut-être tentée de retrouver une
génération de joueurs particulièrement
attachants et doués que j’ai eu petits…
alors là, je franchirai le pas.
JC : Une équipe séniore féminine, oui. Le
reste, non pour le moment. J’ai besoin
de sentir que je suis utile à un groupe et
pour le moment, je ne pense pas avoir
la capacité d’être performante pour des
juniors ou des seniors.
RC : Dans l’avenir, pourquoi pas ? Mais
pour l’instant je suis encore trop jeune
pour entraîner des juniors ou des seniors.
CLD : C’est aussi intéressant de pouvoir
encadrer toutes sortes de catégories ;
j’ai entraîné des cadets, des juniors et
des seniors. J’ai obtenu les diplômes
demandés et je suis actuellement en train
de passer mon DEJEPS (Diplôme d’Etat
de la Jeunesse de l’Education Populaire et
du Sport).
CR : Non, je n’en ai pas envie…et nous
n’avons ni juniors (ils sont en entente), ni
seniors…pour l’instant.
A : Pour l’instant, je ne me sens pas
capable d’entraîner à plus haut niveau
que des M14, ou alors pas seule. J’aime
beaucoup tout ce qui est développement
de techniques individuelles, mais je ne
gère pas tout ce qui est stratégie.
Penses-tu qu’il soit difficile en tant
que femme, d’entrainer dans un
sport, considéré comme « viril »
et « machiste » ?
MB : Ca dépend de qui et qui fait appel
à vous. En général, oui, surtout si les
personnes ne vous ont pas connue en
tant que joueuse. Il vaut mieux avoir
beaucoup de caractère et passer outre les
remarques débiles de certains, avoir des
convictions et savoir les défendre.
Je n’ai pas de problème à l’EDR, mais
lorsque j’entrainais l’équipe féminine
séniore, je sentais bien que certains
entraineurs ne me faisaient pas confiance
et ne tenaient pas compte de mes
35
LES FEMMES
De l’ombre2/2
remarques. C’était rageant et
décourageant, car j’avais l’impression
d’être inutile et de laisser tomber le
groupe, alors que je savais que je pouvais
apporter quelque chose. Cette question
ne se posera plus quand la FFR montrera
l’exemple.
JC : Bonne question. Cette saison,
j’aurais adoré emmener mes M13 de
l’année dernière en M14 et au jeu à 15
que je maitrise. Mais, « on » m’a expliqué
qu’à partir d’un certain âge, les garçons
doivent être entraînés par des hommes…
Tant que certaines personnes auront ce
genre de mentalité, je pense qu’il sera
toujours difficile pour une femme de se
sentir à sa place, malgré ses diplômes et
ses résultats…Le plus drôle se passe sur
les tournois, quand les autres entraîneurs
ne viennent jamais te voir, car ils pensent
que tu es une maman…Mais quand ils
comprennent que tu es l’entraîneur et que
tu arbitres, là ils changent de tête.
Le plus agréable, c’est quand l’équipe va
en finale et gagne. Là tu sens les regards
changer et franchement, c’est une douce
revanche…
RC : Bien qu’il y ait eu une belle évolution
cers dernières années, il reste encore des
personnes qui pensent que le rugby est
une « histoire d’hommes ». Il faut juste
bien savoir ce qu’on veut et s’imposer
dans ces moments là…
CLD : Je ne pense pas qu’il soit difficile en
tant que femme d’entraîner au rugby, à
partir du moment où vous avez du coffre
et un certain savoir sur le rugby, tout est
beaucoup plus simple.
CR : Non, je pense que c’est ce qu’il
se passe sur le terrain qui amène de
la légitimité ; homme ou femme, peu
importe.
A : Bien sur, pourquoi une femme
n’aurait-elle pas sa place ? Je pense
qu’une femme apporte des atouts
différents d’un homme, mais qui sont tout
aussi intéressants.
Connais-tu des femmes dirigeante de
club, soigneuse, encadrante, ou autre ?
MB : Oui.
JC : J’en connais beaucoup qui sont
toutes hyper dévouées, patientes, gentilles
et tellement disponibles que certains en
abusent parfois…Des parents surtout,
jamais contents, qui ne se rendent pas
compte que si chaque parent faisait
comme eux, ce bénévolat occuperait
toutes leurs journées ! Ce qui n’est pas
très loin du compte certaine fois…
RC : Oui, il ya un certain nombre de
femmes dans le club.
CLD : Oui, j’en connais quelques unes,
des femmes soigneuses ou kiné/osthéo
(Anna Boixadera, Laura Parramon,
Marjorie Leroy), des présidentes qui
gèrent des clubs de garçons (Christine
Carreno au club de Pollestres) et aussi
des entraîneurs femme qui encadrent
des équipes de garçons (Aline Sagols,
Nathalie Amiel…)
CR : Il y en a dans tous les clubs depuis
des années, mais on semble le découvrir
maintenant…
A : Oui, la gérante de mon EDR est une
femme, ainsi que l’entraîneur de mon
équipe.
Une petite fille de 8 ans te demande
des conseils pour commencer à jouer
au rugby ; que lui dis-tu ?
MB : Je lui dis super, que si elle écoute
bien ses éducateurs, elle sera plus forte
que les garçons, que parfois on peut se
faire mal, mais que ce n’est pas bien
grave et que c’est comme lorsque l’on se
cogne… Et je la fais me plaquer.
JC : Qu’elle y aille et qu’elle voit si le
sport lui plaît. Qu’elle essaie de venir
avec une copine, car les garçons ne
font pas toujours de cadeaux. Mais je
l’encouragerais bien sur, car c’est un
sport magnifique.
Julie Chazarenc donnant les dernières consignes et
encourageant les enfants du RCP 15
36
LES FEMMES
De l’ombre2/2
RC : Qu’elle est la bienvenue et je lui dirai
la même chose qu’aux garçons : ne pas
avoir peur, se donner à fond et s’amuser.
CLD : Je lui dis que le « rugby c’est l’école
de la vie », qu’il faut prendre plaisir à
jouer sur un terrain.
CR : De foncer et de ne pas avoir peur de
se salir !
A : Je lui dis de tout faire à fond, de ne pas
avoir peur. Bien souvent à cet âge là, les
filles apprennent plus vite que les garçons !
Selon toi, les enfants font-ils une
différence entre un entraineur homme
et un entraineur femme ?
MB : Non, ils ne font pas de différences.
Ils ont bien des maitres et des maitresses
à l’école. Ca ne change rien pour eux. Tant
que vous leur apprenez des choses, qu’ils
jouent et qu’ils marquent des essais, la vie
est belle pour eux.
JC : Oui, bien sûr et c’est normal.
Mais c’est aussi bien quand un staff
d’entraîneur est mixte. Nous devenons
complémentaires, nous ne voyons pas
les mêmes choses et nous n’avons pas
le même ressenti. Il faudrait demander
à mes co-coachs comme ils se sentent
d’entraîner avec une femme ϑ
RC : Ca peut leur arriver, surtout quand
on leur donne l’habitude de ne dire
bonjour qu’au coach homme.
CLD : Oui, je crois qu’au début ils font
la différence, puisqu’ils sont souvent
habitués à ce que ce soit un homme
qui les entraîne. Ils sont un peu surpris
qu’une fille puisse jouer au rugby ; après
ils ne font plus de différence du moment
où on arrive à faire en sorte qu’ils
prennent du plaisir à jouer au rugby et à
s’amuser sur le terrain.
CR : Pas du tout et quelque soit l’âge.
A : Je pense que cela dépend des
catégories. Plus les enfants augmentent
en âge et en niveau, plus ils y prêtent
attention.
S’ils font une différence, vers quel âge
intervient-elle et pourquoi selon toi ?
Que faire pour y remédier ?
MB : Quand leur libido les titille… Ce qu’il
faut, c’est entrainer avec un éducateur
masculin pour montrer les gestes sur lui,
leur expliquer qu’il n’y a pas de différence.
Et il faut leur mettre un bon plaquage
pour leur montrer qu’ils ne sont pas
supérieurs ϑ
JC : Pour moi, ils y font surtout attention
quand ils sont plus grands. Pour y
remédier, il faut plus de femmes
entraîneurs à qui l’on laisse les manettes
d’équipes plus âgées si elles se sentent
de le faire.
JC : Quand tu as un éducateur homme et
femme dans une même catégorie, il faut
apprendre aux enfants à respecter l’un ET
l’autre, pas l’un OU l’autre. Et leur faire
comprendre qu’un homme = une femme !
CLD : C’est surtout entre 8 et 10 ans que
cela intervient.
CR : Pas du tout, quelque soit l’âge.
A : Il faut pouvoir se faire respecter que
ce soit dans la tenue du groupe ou des
séances proposées.
Un homme t’a-t-il déjà dit que tu n’avais
pas ta place dans les vestiaires ?
MB : Non, mais c’est peut être aussi
parce que mon surnom c’est « Bouchon
» et qu’il y a certaines choses que je ne
tolère pas et qu’il vaut mieux ne pas me
dire si on ne veut pas affronter ma colère.
Mais en général, j’évite ces personnes,
car s’ils sont capables de dire des choses
pareilles, c’est qu’ils n’y connaissent rien
au rugby.
JC : Oh oui, malheureusement. Il a
d’abord dit que le rugby féminin ne
l’intéressait pas.
Ensuite je me suis faite « saquée » de
chez les M13, avec comme argument
« politiquement correct », qu’il fallait
que les joueurs voient autre chose…
Mais ce que je trouve gravissime, c’est
qu’il m’a expliqué que toutes façons,
une femme n’avait rien à faire sur un
terrain, ni en tant que joueuse, ni en
tant qu’entraineur…qu’il tolérait cela sur
les petites catégories, car une femme
éducatrice, c’était comme une deuxième
maman…mais pour des M14, il leur fallait
des hommes…que le coach devait pouvoir
aller dans les vestiaires…etc…Ce sont
vraiment des propos très mysogynes que
je trouve intolérable.
Et finalement, il m’a remplacé par des
juniors qui n’avaient jamais entraîné et qui
au bout de 3 mois ne connaissaient pas
le prénom des joueurs ! J’ai vraiment été
très peinée par cette attitude.
RC : Non, heureusement ça ne m’est
encore jamais arrivée.
CLD : Oui, un père de l’un de mes gamins
quand j’étais à l’EDR. Il m’a dit que je ne
devais pas entraîner son fils, car j’étais
une fille. J’ai donc sorti mes diplômes
afin de lui montrer que j’avais les
compétences pour entraîner les jeunes
et bien sur tous les autres parents m’ont
soutenue. Par la suite, ça s’est bien
passé et il m’a demandé d’entraîner son
fils individuellement, ce que j’ai refusé,
puisque le but est d’entraîner l’équipe
ensemble, surtout quand on a 9 ans !
CR : Non, je n’ai pas entendu ça. Mais
apparemment un parent n’a pas inscrit
son fils au club quand il a appris que
c’était une fille qui encadrait son fils !
C’est un état d’esprit qui n’a pas sa place
dans notre club… Finalement c’est bien
qu’il ne soit pas venu.
A : Non cela ne m’est jamais arrivée, bien
heureusement !
En tant qu’entraineur, quel est ton
sentiment lorsque ton équipe gagne un
tournoi ?
MB : De la fierté et de la joie de les voir
heureux.
JC : J’exulte ! Je suis fière d’eux,
tellement fière. Et un peu fière pour moi
aussi d’avoir réussi à les emmener vers
ces victoires.
RC : Je suis très fière de mes joueurs.
J’ai le sentiment du devoir accompli.
37
LES FEMMES
De l’ombre2/2
CLD : C’est une satisfaction lorsque
l’équipe gagne un tournoi ; Je crois que
tous les éducateurs/ entraîneurs ont
cette réaction. Après, pour moi, le plus
important est que les enfants prennent du
plaisir sur le terrain et s’amusent.
CR : Ce n’est pas le résultat qui compte,
mais la manière avec laquelle les enfants
ont gagné. Mais je suis fière de leurs
résultats.
A : On est heureux de voir les joueurs
contents. Ils sont entre copains et
réussir ensemble à faire un résultat c’est
magique. Tout parait tellement plus grand
quand on est jeune.
Pour des enfants, gagner un tournoi
équivaut à remporter le Brennus ou la
coupe du monde ; arrives-tu à retomber
en enfance et à partager leur sentiment
ou es-tu définitivement passé dans le
monde adulte ?
MB : Parfois c’est la coupe du monde et
parfois c’est le championnat de France
; c’est un peu pour cela que j’aime les
entraîner, partager des joies simples,
rirent à leurs blagues de Toto, les faire
rigoler… Par moment, j’ai leur âge.
JC : Complètement. Entraîner, c’est
le retour en enfance assuré. Quand tu
entraînes, tu te prends complètement au
jeu. Quand ça fonctionne, c’est magique.
Tu vis des moments inoubliables à chaque
fois et ils sont tellement contents dans
ces moments là que c’est très émouvant.
RC : Je me sens très, très contente et
pour les gros tournois, je me sens aussi
euphorique qu’eux, même si je ne le
montre pas de la même manière.
CLD : Je partage le sentiment et la joie
des enfants lorsqu’ils gagnent un tournoi.
Ils sont très contents de pouvoir soulever
une coupe et c’est un plaisir de les voir
heureux. Ils ont le droit eux aussi d’avoir
leur petit moment de gloire.
CR : Je suis contente, mais je suis surtout
intéressée par la manière. Maintenant
je peux aussi retomber en enfance. Les
grands clubs raflent tout, ce n’est pas
toujours la victoire qui compte et c’est
ce qu’on tente de leur transmettre.
Maintenant, je partage aussi le plaisir de
la victoire et je suis fière d’eux.
A : Je pense malheureusement être
dans le monde des adultes, ce qui ne
m’empêche pas de comprendre leur
bonheur.
Lorsque tu te déplaces en tournoi ou
en plateaux avec les enfants, comment
réagissent les équipes adverses en
voyant une femme entrainer ?
MB : Ca dépend qui, la plupart des clubs
n’y attachent pas d’importance, les autres
sont surpris surtout quand j’encourage ou
donne des consignes à mes joueurs, mais
ça passe très vite.
JC : Les coaches adverses me prennent
souvent pour une maman, mais
finalement ils comprennent assez vite que
j’entraîne, car je fais du bruit au bord du
terrain pour donner des consignes.
D’ailleurs je trouve que les entraîneurs
femmes devraient avoir le droit d’avoir
un porte voix pour se faire entendre, car
la mienne est toujours couverte par la
grosse voix des hommes ϑ D’ailleurs je
m’arrange toujours pour être du côté où
il y a le moins de monde pour que mes
joueurs m’entendent.
RC : Je n’ai jamais été confrontée à des
réactions déplacées.
CLD : Disons que certains enfants
savent qui je suis, du fait de jouer en
équipe de France. Ils viennent me parler,
prendre des photos ou demander des
autographes. C’est assez marrant et en
même temps un simple autographe ou
une photo peut les rendre heureux.
38
LES FEMMES
De l’ombre2/2
CR : Le regard des gens reste positif.
Quand j’entends les gens dire que les
enfants jouent ou plaquent bien, qu’ils
sont collectifs, c’est ce qui compte, pas le
fait que je sois une fille.
A : Je ne vois pas de différence. Il y a
quand même pas mal de femmes qui
encadrent.
S’il t’arrive d’arbitrer, le public des
parents est-il moins « tendre » avec
toi que s’il s’agit d’un homme ?
MB : Arbitrer n’est pas une question de
sexe, mais la fonction fait que certains
auront toujours quelque chose à redire.
Mais c’est comme tout, si on maîtrise et
si on fait preuve d’autorité, il n’y a pas de
problème.
JC : Sur ce point, je ne trouve pas. Et puis
si certains se permettent des réflexions, je
me fais un plaisir de les remettre en place ;
gentiment, mais fermement.
Lorsque j’arbitre, je regarde avant tout
et surtout la sécurité des joueurs, et je
laisse place au jeu. S’il y a de petites
fautes de mains notamment, j’essaie de
laisser jouer au maximum l’équipe qui a
l’avantage. Après tu ne peux pas toujours
tout voir et donc forcément tu prends des
réflexions, mais c’est le cas que tu sois un
homme ou une femme.
RC : Comme j’entraîne des M8, je discute
plus avec les parents, que je ne le ferai
avec des M14. C’est normal, les enfants
sont encore petits. Au niveau arbitrage, ils
ne sont pas moins tendres…
CLD : En effet, il m’arrive d’arbitrer, mais
ils ne sont pas plus tendres avec moi
qu’ils le sont avec un homme…
CR : Non, c’est la connaissance de la
règle, l’arbitrage qui fait la légitimité…et
évitent les commentaires !
A : J’évite de faire de l’arbitrage ϑ
Que souhaites-tu ajouter ?
MB : Qu’il y a trop de questions ! Faire
partie du RCPXV et d’un comité important
m’a peut-être facilité les choses. Il faut
être passionnée et avoir du caractère
pour entraîner. Etre à l’écoute, analyser
l’évolution des joueurs et des joueuses,
croire en eux, leur proposer des exercices
intéressants et ludiques, les valoriser, les
questionner, leur faire prendre conscience
qu’être à disposition du collectif et le
servir, est la chose la plus importante,
ainsi que leur apprendre le respect ;
tout cela doit être une priorité pour un
éducateur.
JC : Qu’être une femme dans le rugby
n’est pas toujours chose aisée. Parfois on
a l’impression que certains hommes ont
peur qu’on leur prenne leur place et ils
sont très hostiles.
Mais globalement à part certains très
misogynes, je trouve que les femmes
sont de plus en plus acceptées au sein
des structures de club et j’espère que
cela va encore progresser car nous avons
beaucoup de choses à apporter.
RC : Que le rugby est plus qu’un sport.
C’est une façon de vivre merveilleuse. Il
faut que les filles continuent de se « battre
» pour prouver qu’elles font aussi bien
que les garçons.
CLD : Je souhaite dire qu’entraîner
des enfants est vraiment magique et
j’encourage tous les éducateurs et
éducatrices à continuer. Je les félicite
tous pour le travail qu’ils produisent avec
les enfants. Et surtout, il faut faire les
formations proposées pour entraîner les
enfants en toute sécurité.
# Spéciale dédicace au petit Tom
né sous une belle étoile ovale…
Sabine @obaasan66 - bajadita.com
Photo : Anthony Georgis/ Twitter
39
Club formateur ?
Castres Rugby Féminin
Club actuel ?
Montpellier
A quel poste as-tu évolué ?
8
A quel âge as-tu
commencé à jouer au rugby ?
12 ans
Pourquoi avoir choisi ce sport ?
Pour ses valeurs, pour la dimension
physique et le combat.
Qu’est ce qui te plait dans le rugby ?
Pareil.
Donne nous ta définition
d’une bonne 3ème
ligne centre ?
Puissante, agile, et bonne vision du jeu.
As-tu déjà ouvert la « boîte à baffes »
en match ?
Boite à baffes ? Je ne connais pas…
Qu’est ce que tu voulais faire
quand tu étais petite ?
Travailler dans l’humanitaire.
Quel est ton joueur préféré ?
Sergio Parisse.
Quelle est ta joueuse préférée ?
Sandrine Agricole.
Quel est ton équipe préférée dans le jeu
pour les femmes et les hommes (équipe
nationale ou internationale) ?
Les blacks à 7 ou à 15 sont impression-
nantes. Et pour les hommes j’aime
beaucoup le jeu des Crusaders.
Le rugby à VII te tente t’il ?
J’adore le regarder mais je n’ai pas les
qualités requises pour le pratiquer.
Tu es d’origine sénégalaise ; qui
inviterais-tu à un diner sénégalais ?
Tous les gens qui aiment les plats
africains et la convivialité qui va avec.
rugby proust
Safi N’Diaye
Nom : N’Diaye / Prénom : Safi / Surnom : Saf / Age : 26 ans
40
Pourquoi as-tu choisi un métier
d’éducatrice spécialisée ?
Car c’est avec ce public que je me sens
épanouie et utile.
Les enfants sont-ils tes premiers
supporters ?
Oui après ma maman
3ème
à Paris pour la coupe du monde
et des stades à guichets fermés
mi- août, ça t’inspire quoi ?
Une aventure extraordinaire et un bon
en avant pour le rugby féminin.
Le grand Chelem l’année dernière
et 2ème
cette année au tournoi des 6
Nations ; es tu déçue ?
Je suis une compétitrice et bien sur, nous
avions à cœur de conserver le titre mais
au final le bilan est positif nous travaillons
pour la prochaine coupe du monde.
Tu as dit : « La France et l’Angleterre,
on est pas vraiment amies» ; est-ce
de l’humour, et / ou les inviterais-tu à
diner chez toi ?
Bien sur que c’est de l’humour, après le
match ma porte reste grande ouverte.
Battre les anglaises à Twickenam,
l’un des « temples » du rugby,
ça te fait quoi ?
C’est toujours génial de battre les
anglaises surtout qu’elles sont
championnes du monde et à Twickenham
c’est encore plus fort.
Que te vois-tu faire dans 30 ans ?
Gâter mes enfants et mes petits enfants.
Les retransmissions TV du TOP 8
féminin sont-elles une bonne chose ?
Oui, pour le top 8 les medias sont très
importants, les clubs ont besoin de
visibilité, de jouer dans des grands
stades, d’attirer le maximum de public.
Penses-tu que cet engouement et cette
médiatisation pour le rugby féminin
vont et peuvent durer ?
Nous avons vu que les gens nous suivent
toujours, les stades pendant le tournoi
2015 étaient pleins et les médias sont
présents.
Doit-on parler de « rugby féminin »,
de « rugby au féminin » ou de « rugby
tout court » en ce qui concerne les
filles, alors que les règles sont les
mêmes pour les filles et les garçons ?
De rugby féminin.
Que penses-tu du professionnalisme
dans le rugby féminin ?
Je suis pour un statut de semi
professionnel pour que les joueuses
puissent avoir un double projet,
nous savons toute qu’une carrière
de rugbywomen est courte et que
notre rémunération ne nous permet
pas d’investir dans l’immobilier ou le
commerce.
rugby proust
Safi N’Diaye
41
Quel est selon toi, le meilleur système :
celui des anglaises qui sont passées
pro, ou le français, semi-pro qui assure
un avenir professionnel en dehors du
rugby aux filles ?
Je pense qu’un modèle semi pro pour les
joueuses est le plus intéressant.
Avant une grosse compétition comme
les JO ou une coupe du monde les filles
pourraient ne faire que cela, afin de bien
se préparer et de pouvoir récupérer.
Une petite fille de 8 ans qui veut
commencer à jouer au rugby, que lui
dis-tu ?
Fonce ! Éclates toi !
Pourquoi le Top 8 féminin a-t-il autant
de mal à s’implanter en France ?
Car il est exigeant et a besoin de
sponsors et de clubs structurés pour
les infrastructures, l’encadrement, le
recrutement etc…
Serais-tu prête à passer dans des
Ecoles de Rugby pour rencontrer
des jeunes joueurs et joueuses pour
promouvoir la discipline ?
Oui, depuis la coupe du monde j’ai eu
la chance de rencontrer beaucoup de
jeunes.
Tu es plutôt sac de sport ou sac à main ?
Sac à main.
Y a-t-il un objet dont
tu ne te sépares jamais ?
Oui mon portable.
Y a-t-il quelque chose qui te
fasse stresser et si oui comment
l’arrêtes-tu ?
Les bouchons quand je suis en retard,
j’écoute la musique à fond.
Le monde du rugby (joueurs,
entraineurs, dirigeants, diffuseurs …)
est-il machiste, voire sexiste ?
Ce n’est pas le monde du rugby qui est
machiste, ce sont des individualités à
l’image de notre société.
Le maillot de l’EDF,
tu le préfères bleu ou blanc ?
Bleu ou blanc je l’adore même si le blanc
va bien au teint des blacks.
Y a-t’il un French Flair chez les filles ?
Oui bien sur.
Tu es plutôt
talons plats ou talons hauts ?
Les 2, ça dépend pour quelles occasions.
Avec qui aimerais-tu passer 24 heures ?
Avec ma meilleure pote qui est loin.
Avec qui aimerais-tu faire 1 selfie ?
J’aurais adoré faire un selfie avec Nelson
Mandela.
rugby proust
Safi N’Diaye
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Désignation des arbitres pour la RWC 2015
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Portrait de Petre Metu, l'ancien international roumain atteint de la maladie ...
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Mag Up and Under n°13

  • 1. Le webzine des sites de rugby indépendants / @magUpAndUnder / n°13 / JUin-juil 2015 upandunder.fr 13 raisons de regarder le XIII / Supporters bâillonnés / A l'envers, à l'endroit / Et si la CoréeduSud intégrait la Pacific Nations Cup? / Luke Braid / Les femmesdel'ombre / Safi N'Diaye/LerugbyfémininàXVendanger/Foliedesdatas/Ladécentralisationdurugby HEmisphEre nord hEmisphEre sud Rugby féminin culture ovale Numero 13 Du bonheur sur tous les terrains
  • 2. AntoineAymond,AntoineDeymier,AudreyRubach, BenjaminChattey,BorisSelle,CédricBesnard,Cédric Turlan,CélineOllier,CharlesPecusseau,Christelle Garcia,DavidArrieta,DavidArrou,EmmanuelFregans, EricLanuza,FrédéricDelaunay,FrédéricDevaux, FrédéricSallé,FrédériqueKermorgan,GrégoryGomez- Robira,GuillaumeBoisson,JBDucastel,Jérémy Marchandeau,JérémySarda,JessicaPage,Jonathan Olieu,JulianVicente,JulieCounquet,JulieSegura,Julien Lepolard,LaurentDion,LaurentNigou,LéonBuchet, MarcDeJongy,MarcoCasterinho,Maryne,LeGoff, MélodieMarty,MurrayKinsella,NicolasMenard, NicolasPoulain,OlivierBernasson,OlivierHenry, PaulineCarrere,PaulineMaingaud,PhilippeManhes, PierreAmmiche,PierreSigaud,Pierre-MarieConte, RaphaëlRibeton,RiwanDemay,RomainIssart,Sabine Larcher,SandieLacomme,SophieSurrullo,Stéphane Vuillemenot,SylvainSalomon,ThomasCasteran, ToussaintCognat,VaninaNicoli,Merci! 2
  • 3. kick off 3 … notre passion réside en un objet qui à lui seul cristallise un ensemble de valeurs sportives et humaines telles que le fighting spirit, la solidarité, les tournées de bières et les chants de supporters. Du cuir ovoïde ont vu le jour nombre d'anecdotes et de légendes qui ont fait de la passe arrière une discipline de guerriers, un sport qui à tous nous fait vibrer. Quand Up and Under m'a demandé de participer à sa 13e édition, j'ai immédiatement été séduite par la perspective d'un numéro spécial - si tant est que U&U Mag puisse l'être encore plus, spécial - ce nombre mystérieux m'évoquant tellement à vous raconter. Cette occasion qui m'est donnée de vous parler XIII, son histoire et sa culture si particulières, son évolution depuis toujours source d'inspiration pour les autres disciplines de la balle elliptique, m'a permis de prendre l'aubaine de volée et tenter l'essai. Mais il ne sera pas question que de Rugby League dans cette livraison, on vous promet treize fois plus de passion rugbystique, d'émotion, d'info et tout le talent de vos chroniqueurs préférés à la puissance 13. Aussi, si la perspective d'une tablée aux nombre de convives situé entre douze et quatorze vous inquiète ou que vous n'osez sortir quand le treize du mois tombe le jour des RTT - que la triskaïdékaphobie vous guette en somme - rassurez-vous : le nouvel opus Up and Under n'est pas de mauvais augure, bien au contraire. Qu'ilsoitàXV,XIII,7,Nine...Qu'ilsoitpratiquéenchaiseroulante,casqué ou en débardeur sur la plage... Que l'on soit joueur pro ou amateur, fan,éducateuroubénévoledebuvette...Quel'onsoitFrançais,Anglais ou Géorgien – Papou, Néozèd' ou Australien... Agnés @TehoraDutenu
  • 4. 13 bonnes raisons d'aimer le 13. @tehoraDutenu State against State Mate against Mate @tehoraDutenu 05 09 rugby à XIII
  • 5. Rappelons comment et surtout pourquoi une nouvelle fédération de rugby à vu le jour voici 120 ans. Alors que la Rugby Football Union n'accéda pas aux requêtes de clubs du nord de l'Angleterre de prendre en charge les frais occasionnés aux joueurs pour la pratique du rugby, pas moins de vingt cercles décidèrent de verser 6 Shillings à leurs athlètes. Un mois plus tard, 22 clubs se réunirent à Huddersfield pour y créer la Northern Rugby Football Union (qui deviendra l'actuelle Rugby Football League dès 1922). Il faudra une dizaine d'années pour que, graduellement, évoluent les codes du Rugby League afin de mieux protéger la santé des joueurs et de le rendre plus attractif au regard des spectateurs. La mayonnaise prendra vite et bien puisqu'en moins de 15 ans à partir de la création de la nouvelle institution, plus de 200 clubs quitteront la RFU pour rejoindre la révolution rugbystique. La France créera sa propre fédération en 1934 après qu'une démonstration du « rugby du futur » ait été organisée à Paris et que nombre de rugbymen tricolores se trouvaient alors en délicatesse avec leur propre bureau. Après un succès foudroyant du rugby à XIII en France, le régime de Vichy interdira purement et simplement la pratique de la discipline, non sans auparavant spolier la fédération treiziste de tous ses biens. De nos jours, les raisons qui ont fait naître la NRFU voici plus de 100 ans restent une priorité pour l'ensemble des clubs de rugby league de par le monde. La proximité avec l'environnement social, l'implication auprès des jeunes et de leur insertion, l'utilisation des fonds récoltés par le spectacle à des fins humanitaires sont autant de priorités que s'imposent les associations treizistes. Sans aucun doute, la première raison qui doit faire aimer le XIII ce sont l'humanité et la solidarité qui en dégage naturellement. 1/ Pour son histoire et son implication sociale 5 13 bonnes raisons d'aimer le Rugby à XIII
  • 6. Comme son ancêtre quinziste, le rugby à XIII se veut « de contact ». C'est sur les terrains du League que se donnent sans conteste les plus beaux tampons de la galaxie. Là où la performance se fait majeure, c'est qu'au Treize les joueurs ne contestent pas les rucks qui sont ici appelés tenus : l'attaquant doit talonner pour faire jouer sa balle tandis que les défenseurs doivent rejoindre une ligne fictive située à 10 mètres de l'action. De la sueur et placages qui claquent, c'est déjà du beau rugby. Mais la finesse de la discipline réside aussi dans le fait qu'il s'agit d'un sport très rapide. Avec l'abolition de deux postes d'un XV classique (les flankers) des intervalles se sont créés, permettant un jeu de trois-quarts plus délié et des essais à la pelle. Car oui, là où est un des intérêts majeurs du XIII, c'est le nombre hallucinant d'essais inscrits lors d'une rencontre treiziste. Bien sûr, vous pourrez tomber sur de ces rencontres cadenassées à souhait où les défenses sembleront taillées dans du roc, auquel cas il y aura peut-être moins d'essais mais vous êtes assurés de vivre 80 minutes de grand spectacle. Vous avouerez que peu de sports peuvent en dire autant dans notre doux pays. La France, où le rugby à XIII n'est pas une discipline majeure, est 5e nation mondiale derrière l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Angleterre et les Samoa. Il faut dire que la vie du XIII français est loin d'avoir été un long fleuve tranquille. Bien souvent victime de la rancœur quinziste, la Ligue Française de Rugby à XIII connût bien des déboires dès sa création puisque le Comité National des Sports lui refusa l'agrément pour devenir une fédération à part entière. Pourtant, le têtu treiziste parviendra à créer sa propre identité et se verra en moins de 10 ans pourvu d'environ 160 clubs (dont 13 nationaux). La Seconde Guerre Mondiale et le régime de Vichy interdiront toute légitimité au rugby à XIII en France. Un communiqué de la LFR XIII en date du 15 octobre 1940 sera d'abord envoyé à tous les clubs, un appel « conseillant » aux institutions du XIII de jouer au Rugby à XV dès le dimanche suivant. Puis en décembre 41, le Treize sera tout bonnement interdit par Vichy et dépouillé au bénéfice de la fédération quinziste. À la Libération, le XIII reprendra ses droits et retrouvera peu à peu un immense succès. Une finale un peu « voyante » au début des années 80 entre Villeneuve-Sur-Lot et le XIII Catalan permettra une fois de plus à de bien jaloux esprits de faire pression sur les médias et de provoquer la censure du spectacle treiziste. Mais les temps changent et, toujours en évolution, le Rugby à XIII a compris que l'explosion des médias sociaux ne permettrait plus qu'au public de faire son choix quant au fait de suivre ou non le « néo-rugby ». Avec l'inclusion des Dragons Catalans au système franchisé de la Super League (compétition d'élite de l'hémisphère nord) en 2006 et le retour prochain du Toulouse Olympique XIII aux compétitions de la RFL, l'Angleterre treiziste fait montre de grands espoirs à l'égard de son homologue tricolore. La chaîne BeIN Sports est désormais l'un des meilleurs vecteurs du Rugby à XIII sur les écrans gaulois. Depuis sa création, la chaîne multisports propose les rencontres de la Super League, de la NRL (championnat d'élite australien), les matchs internationaux, les événements prestigieux (tels que le State of Origin) et, depuis cette année, les rencontres finales de la Coupe d'Angleterre de Rugby à XIII. La plupart des matchs de rugby à XIII qu'ils soient joués par des enfants ou aux plus hauts niveaux mondiaux offrent les émotions du roller coaster. Si un temps d'appréciation de l'adversaire est souvent nécessaire après le coup d'envoi, les événements ont la bonne habitude de s'accélérer le reste de la partie. Aussi, il n'est pas rare à XIII de voir la partie changer de mains plusieurs fois au cours des 80 minutes réglementaires, même lorsque l'écart de points est déjà grand, et la décision ne sera définitive qu'à la sirène. Il s'agit là d'une des plus grandes raisons qui font du rugby à XIII l'un des sports les plus attractifs et les plus spectaculaires de tous, l'un des plus riches en sensations fortes aussi. 2/ Pour la beauté du jeu 4/ Parce que la France est la 5e nation treiziste 3/ Pour le suspense insoutenable d'une rencontre à XIII 6 13 bonnes raisons d'aimer le Rugby à XIII
  • 7. Ce qu'il faut savoir du XIII outre-Équateur c'est qu'il est le second sport le plus pratiqué (423 600 licenciés en 2008) en Australie et qu'il y est le premier en matière de fréquentation des stades et d'audiences télévisuelles. La seule ville de Sydney renferme près de 10 clubs professionnels et compte des milliers de licenciés. D'ailleurs, la Terra Australis joue inlassablement d'inventivité pour rendre le spectacle et l'excitation du rugby à XIII plus intenses encore. Depuis 1980, se joue annuellement une série de trois matchs entre deux sélections d'élite du Footy australien. L'événement a été baptisé State of Origin et oppose deux formations de joueurs issus de deux grandes régions treizistes. Si l'occasion vous en est donnée, vous ne pouvez manquer la série à venir les 27 mai, 17 juin et 8 juillet prochains. Nombre de pays ont d'ores et déjà été contaminés par la passion treiziste. De nombreuses fédérations émergent partout autour du monde, sur tous les continents. Asie, Amérique, Europe, Afrique voient le nombre de clubs et d'adhérents augmenter plus chaque année. En Europe, l'AERL (Fédération espagnole) peut se prévaloir d'une multitude de nouveaux clubs essentiellement basés en Catalogne et en Pays Valencian. Le but affiché de l'ibère institution, postuler à la prochaine Coupe du Monde. En outre, l'AERL serait actuellement en collaboration avec la FILR (Fédération italienne) en vue d'échanges pour le développement commun du League. Les clubs du Pays-Bas et de la Belgique se sont associés pour créer un championnat attractif. On retrouve le XIII en Serbie, Grèce, Danemark, République Tchèque, Suède... bref, dans une majorité de pays du Vieux Continent. 5/ Parce que le spectateur austral n'est pas une « pipasse » 7/ Parce que le XIII séduit partout en Europe La formation française ne cesse d'envoyer ses pousses les plus prometteuses outre-frontières, dans les nations majeures de la discipline que sont l'Angleterre et l'Australie. En plus du contingent impressionnant de français au sein des Dragons Catalans, on ne retrouve pas moins 7 athlètes bien de chez nous disséminés dans les deux principales compétitions de la RFL. On ne compte plus les bonnes graines que nous avons envoyées se former en Albion ou dans des clubs australiens, mais la grande fierté de notre nation réside désormais, et jusqu'à nouvel ordre, dans le passage d'un an au sein des Sydney Roosters, légendaire club de NRL, d'un Rémy Casty redevenu Dragon en 2015. Non content d'avoir pu évoluer auprès des plus grands noms du XIII international contemporain, l'Audois a largement marqué les esprits du côté de Moore Park. On ne présente plus Jonah Lomu, Sonny Bill Williams, Israel Folau ou encore Sam Burgess, mais il est important de noter que de tous temps maints joueurs ont passé le Styx, voire plusieurs fois, dans un sens ou dans l'autre. Mais le saviez-vous de Tana Umaga, Jean Dauger, Christian Labit, Andy Farrell ou bien Lote Tuqiri ? Il était temps, me direz-vous, que ce sport soit enseigné aux enfants et étudiants de France. Mais quoi qu'on en pense, il faudra passer la première décennie des années 2000 pour que meurent enfin les vieux a-priori au sujet du League et voir des conventions se ratifier entre l'Éducation Nationale et la FFR XIII. Bientôt, c'est à parier, la France aura une équipe nationale universitaire treiziste à proposer en Coupe du Monde. 6/ Parce que nos « coquelets » s'exportent bien 8/ Parce que nombre de stars du XV ont été formées à XIII 9/ Parce que le Rugby à XIII est désormais enseigné dans les écoles françaises 7 13 bonnes raisons d'aimer le Rugby à XIII
  • 8. … mais juste changer de code, découvrir de nouvelles règles et une autre culture ovale. Aucun treiziste qui se respecte ne viendra vous expliquer que vous devez oublier le sport que vous aimez, ses rucks et ses mêlées à rallonge. Son idée serait plutôt de vous proposer une alternative dans le but de vous procurer deux fois plus de plaisir elliptique. Il est loin le temps où Union et League se livraient une guerre sans merci. À l'image des clubs de rugby de Perpignan (l'Usap et les Dragons Catalans), XIII et XV cohabitent sans que de vieilles querelles ne viennent plus entacher la beauté du rugby, de tous les rugbys. Non pas que, du 1 au 3, le rugbyman quinziste manque de charme, d'humour ou encore de gentillesse mais il est un parallèle difficile à faire entre le pilar d'Union et son cousin du League. Ces dernières années, les travées du Top 14 se sont garnies de supportrices averties du travail des lignes arrières mais boudant largement la grâce du talonneur rigolo prêt à se coucher sous leurs talons aux abords d'une flaque. À ces chevronnées passionnées, je conseille le XIII où la bouée ventrale et le fessier rase-mottes sont d'une ultime rareté. L'avantage ici, les filles, c'est que des gladiateurs il y en a 13 et vous avez plus de chances de les approcher qu'en campant devant un vestiaire quinziste car l'égo dilaté n'est pas non plus de mise à ce jeu. 10/ Parce que suivre le Rugby à XIII n'est pas changer de religion 12/ Parce que... (ce paragraphe ne s'adresse qu'à la gent féminine) Des disciplines en réalité. Extrêmement athlétique, le rugby à XIII demande une hygiène de vie et un rythme d'entraînement soutenu. Plus le degré de jeu est élevé, plus les règles à suivre se font drastiques. Soins, massages, temps de récupération, régimes alimentaires, renforcement musculaire... deviennent alors nécessaires à la pratique de haut-niveau. Mais il ne s'agit pas à XIII que de discipline physique, la contestation envers les arbitres ou représentations officielles par joueurs et staffs est sévèrement réprimandée qu'elle soit directe ou par presse interposée, tout comme les frasques hors terrain. De plus, les écarts de conduite de supporters zélés font l'objet de plaintes judiciaires car l'image et la moralité des clubs et du sport doivent être un exemple pour la jeunesse. Sans vouloir vous imposer ma biographie, je voudrais préciser que je suis moi-même issue de la culture du Tournoi des V nations et du Challenge Yves du Manoir, passant grande partie de mon enfance à user mes jupons de fillette à Aimé Giral et ignorant cet « autre rugby » qui se jouait pourtant tout à côté. Puis un jour j'ai moi aussi passé la frontière et j'ai été subjuguée par cette ovalie dont je ne connaissais rien jusque là. Jamais je n'abandonnerai le XV et ses 12 minutes de temps de jeu effectif mais je connais désormais une nouvelle ivresse. Et puis quoi, vous ne me faites pas confiance ? Essayer le XIII, c'est forcément l'adopter. 11/ Parce que pratiquer le XIII demande de la discipline 13/ Parce que je vous le conseille personnellement 8 @tehoraDutenu Photo : marvel.com 13 bonnes raisons d'aimer le Rugby à XIII
  • 9. 9 @tehoraDutenu Photo : batemansbaypost.com.au Qu'il ait disputé son premier championnat senior en Queensland ou en Nouvelle- Galles du Sud, le joueur impliqué dans tel tournoi sait combien repose sur ses épaules la fierté de toute une région. D'ailleurs, le State of Origin est une affaire d'état qui divise chaque année à même période l'est australien. Au Queensland, les guerriers ont été baptisés Maroons et leur totem est incarné par le crapaud-buffle. En Nouvelle-Galles, on a pris l'attitude et les couleurs de la blatte, on est les Blues. Entre amphibiens et blattoptères se livrent des combats sans merci pour l'honneur de leur pays et pour la beauté du sport. Il faut dire que certains pensent fermement que le State of Origin est au plus haut niveau du rugby à XIII mondial, au-dessus du championnat de NRL et de n'importe quelle compétition internationale. C'est également le cas de centaines de milliers de spectateurs et téléspectateurs qui font de l'événement sportif le plus populaire en Océanie. Avec une moyenne de 60 000 entrées sur les trois matchs de 2014, la fréquentation ne cesse de s'accroître depuis 1980. 2009 a vu la création du Women's State of Origin, la version féminine de la compétition. Depuis 2012, c'est la version des moins de 20 ans qui se joue chaque année en un seul match. La secousse annuelle du State of Origin déclenche de nombreuses rivalités entre originaires de l'un ou l'autre région. Huit ans durant à partir de 2006, les Maroons de Mal Meninga ont régné en maîtres sur le State of Origin mais une seule série (2010) sera entièrement remportée par le Queensland. L'édition de 2014 aura vu les Blues du New South Wales remporter enfin leur premier SoO depuis 2005, les méthodes du coach Laurie Daley s'avérant plus payantes que celles de ses prédécesseurs. Ainsi donc les 27 mai, 17 juin et 8 juillet 2015 se déroulera un State of Origin plus indécis que jamais. Vous, bande de petits veinards, aurez la possibilité de suivre ces rencontres commentées en français par Rodolphe Pires et Louis Bonnery. Ne manquez surtout pas ça. depuis mai, a lieu l'événement sportif qui décoiffe le monde treiziste depuis 1980. En une série annuelle de trois rencontres s'opposent deux sélections formées de la crème australienne. State against State Mate against Mate
  • 10. FRENCH CONNECTION l'envie n'a pas suffi renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 supporters baillonnés renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 french bavardages renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 lionel beauxis renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 11 12 13 14
  • 11. 11 L’envie n’a pas suffi Ils avaient pourtant fait leur part du travail, les joueurs bayonnais, en remportant une victoire bonifiée face à des Rochelais peut-être pas venus mourir au combat à Jean-Dauger, mais qui ont néanmoins joué le jeu. Les cinq points pris devant les « maritimes » auraient pu suffire si Brive n’avait pas fait de même à Amédée- Domenech contre le Stade Français. Ces cinq points auraient pu sauver l’Aviron si Grenoble n’avait pas arraché, difficilement, le bonus défensif sur le terrain du LOU qui n’a jamais lâché l’affaire. L’an prochain, l’Aviron bayonnais disputera donc le championnat de ProD2, sous réserve d’une validation de ses comptes par la DNACG, qui n’est pas acquise. Cette ProD2 que les ciel-et-bleu avaient quittée il y a un peu plus de dix ans et qu’ils avaient déjà failli rejoindre à plusieurs reprises les saisons passées. Cette fois, le couperet est tombé. La faute à un parcours trop irrégulier, à un hiver insuffisamment riche en points, à des occasions bêtement gâchées en cours de route et qui donneront aux joueurs comme à leurs supporters une belle impression de gâchis. On sait combien il est difficile de remonter dans l’élite, d’autant que la course à l’armement financier se poursuivra certainement pendant que l’Aviron bataillera sur les terrains de la deuxième division. Rebâtir une équipe, en espérant trouver les financements nécessaires, voilà désormais la misssion des dirigeants basques. C’est loin d’être gagné… De l’envie, l’UBB en a démontré sur la pelouse d’Ernest-Wallon, devant un Stade toulousain toujours aussi irrégulier dans ses performances. Réduits à 14 en première mi-temps après un carton rouge reçu par Census Johnston, les hommes de Guy Novès ont bafouillé leur rugby quand ceux de Raphaël Ibanez ont joué crânement leur chance. Mais comme pour les basques, l’envie n’a pas été suffisante pour permettre à la formation girondine de remplir son objectif. Sur une ultime mêlée pénalisée dans les arrêts de jeu, à quelques encablures des perches toulousaines, Lionel Beauxis avait la possibilité de passer les trois points de la victoire synonyme de qualification pour les barrages. Las pour les Bordelo-béglais, le pied de l’ancien toulousain a manqué l’immanquable, plongeant ses partenaires comme lui-même dans l’infinie déception d’avoir raté une première pour le club. Après avoir régalé son public et les spectateurs du Top14, l’UBB a donc regardé les barrages à la télévision tout en en préparant un autre, face au club anglais de Gloucester pour une place en Champions Cup. Au final, c’est l’US Oyonnax qui a obtenu le droit de défier le Stade toulousain en barrages. De l’envie, l’USO en a fait preuve tout au long de la saison, avec une régularité qui lui a permis de décrocher ce billet amplement mérité. Antoine @renvoiaux22 Photo : rugbyrama
  • 12. 12 Supporters bâillonnés Et les supporters dans tout cela ? Si les Biarrots semblent se faire discrets, les Bayonnais ont cherché à se faire entendre, en organisant des manifestations et en tentant d’obtenir via leurs représentants des informations plus précises sur les intentions réelles des dirigeants de leur club. Las, loin de clarifier les choses, tout cela n’a abouti jusqu’à présent qu’à désorienter un peu plus les aficionados ciel-et-blancs. Un moment, il fut même question d’un divorce entre les dirigeants des associations de supporters et leurs membres, au sortir d’une rencontre avec le président Mérin. Au-delà de ce qu’elle a de triste pour les fidèles supporters des deux équipes, cette situation reflète le peu de considération dont jouissent celles et ceux qui sont les vrais dépositaires de la culture des clubs. Une culture dont les joueurs sont de moins en moins les vecteurs, professionnalisation oblige, alors que les dirigeants sont désormais des chefs d’entreprises (qu’ils sont le plus souvent par ailleurs) attachant plus de prix aux considérations économiques qu’au maillot qu’ils sont censés défendre. On rétorquera qu’aujourd’hui les impératifs financiers l’emportent sur le sentimentalisme. Plus encore, sans garanties financières, c’est la disparition du paysage professionnel qui guette les clubs basques, que les mécènes se lassent de maintenir à flot avec leur chéquier. L’amour rend aveugle, dit-on, et les réactions des supporters bayonnais confirment cet adage, eux qui ne voudraient pas voir que la fusion des deux frères ennemis représentent la seule solution de pérenniser l’existence d’une formation du pays Basque dans l’élite du rugby. A cet égard, on rappellera l’exemple des WASPS en Angleterre, partis à Coventry pour s’installer près d’un investisseur acceptant de financer une infrastructure sportive en rapport avec les ambitions du club. Il reste qu’on ne gagne rien à se couper des supporters ou à les prendre pour quantité négligeable, quand bien même leurs positions de principe seraient inconciliables a priori avec les projets des dirigeants de leur club. On oublie trop souvent qu’à l’origine ces clubs sont des associations, montées par des passionnés pour permettre la pratique de leur sport de prédilection. Ces associations qui restent le support obligatoire des sociétés à objet sportifs constituant les clubs pros. De toute évidence, le professionnalisme ne saurait exister sans un soutien populaire, sauf à considérer que les clubs sont des entités « hors sols ». Le rugby français est riche de ses supporters, qui contribuent pleinement à rendre le « produit » attrayant, pour reprendre une terminologie à la mode. Le chant de la Peña Baiona avant les matchs de l’aviron, le Pilou-pilou toulonnais ou les grosses caisses qui tambourinent à Clermont et Toulouse donnent aux rencontres ce relief que beaucoup nous envient à l’étranger. Quel aurait été le spectacle d’un stade de Twickenham sans aucun des supporters varois et auvergnat, qui ont accepté de débourser des sommes rondelettes pour assister à la dernière finale de la coupe d’Europe et encourager leurs couleurs ? Si les supporters ne sont pas les principaux apporteurs de fonds au rugby français qui en a de plus en plus besoin, ils constituent une richesse autrement plus précieuse, celle du cœur et de l’enthousiasme, formant le terreau sur lequel s’enracinent les ambitions sportives les plus fructueuses et les plus durables. On est convaincu qu’à vouloir les bâillonner, le rugby se condamnera lui-même au silence. Antoine @renvoiaux22 Photo : Iroz Gaizka - AFP Relégué en ProD2, l’Aviron bayonnais, qui n’avait vraiment pas besoin de ça, a vu sa fin de saison perturbée par la révélation de tractations entre les dirigeants de l’aviron et du BO en vue d’une éventuelle fusion. Les démentis des uns et le silence des autres n’ont fait que renforcer l’impression de grand flou autour d’un dossier dont on a le sentiment qu’il avance inexorablement, dans le secret des bureaux de Manu Mérin et Serge Blanco.
  • 13. 13 french bavardages Même s’il est aujourd’hui illusoire et, sans doute, peu pertinent de réclamer que le rugby professionnel se joue en silence, force est de constater que le terrain est devenu une véritable cacophonie. Il ne s’agit plus seulement pour le demi- de-mêlée de pousser des cris de vierge effarouchée en levant les bras au ciel mais pour chaque corps de métier de manifester sa désapprobation sur la façon dont son secteur d’activité est perturbé par l’adversaire : le pilier proteste car son vis-à-vis pousse en travers, le deuxième-ligne parce qu’il est gêné dans l’alignement, le centre victime d’un écran ou l’ailier dont l’homologue est parti devant le coup de pied. Et au milieu se trouve l’arbitre de plus en plus en peine pour faire valoir son autorité. L’exemplarité du rugby en matière d’arbitrage a pu longtemps, et à bon droit, être revendiquée comme un des signes distinctifs, d’aucuns diraient « marqueurs », les moins discutables de ce sport. Certes, le respect de l’arbitre n’a jamais exclu la perpétration de mauvais gestes ou les manifestations d’énervement de joueurs emportés par leur tempérament. La « sonorisation » des arbitres, dotés désormais de micros, amplifie également l’impression de bavardages incessants. Mais on a aujourd’hui la désagréable sensation que la décision de l’homme au sifflet était autrefois bien plus rarement contestée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Chaque samedi, il lui faut désormais parlementer régulièrement, non seulement avec le capitaine mais aussi le fautif. Entre la demande d’explication et la tentative (le plus souvent désespérée) d’infléchir la décision, la frontière est poreuse, et comme telle souvent franchie. On n’en est pas encore, et c’est heureux, à des scènes d’encerclement de l’arbitre par toute une équipe voire aux protestations hurlées à dix centimètres du visage de l’homme en noir (ou mauve, ou jaune) comme c’est le cas dans le football. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Le rugby prend doucement une inclinaison fâcheuse. Il n’est qu’à voir les réactions de certains joueurs sur les réseaux sociaux après les rencontres, où les tweets sont moins des gazouillis que des règlements de compte par clavier interposé. La faute naturellement à la pression grandissante du résultat, aux exigences des dirigeants toujours avides de rentabiliser rapidement leurs investissements et jamais avares de critiques sur le corps arbitral. La faute également à la vidéo, dont le recours systématique impose aujourd’hui une forme d’impératif d’infaillibilité aux arbitres. Ce n’est pas là la moindre des ambiguïtés pour un dispositif censé contribuer à la régulation du jeu. Mais il serait trop facile d’exonérer les joueurs eux-mêmes. Est-ce l’effet du professionnalisme qui jette sur le terrain des jeunes trop vite montés en graine, auxquels les entraîneurs (on n’ose plus écrire éducateurs) n’ont pas su inculquer d’autres valeur que celles figurant à l’article « rémunération » de leur premier contrat pro ? Sans doute. Mais c’est aussi, malheureusement, la conséquence d’une évolution de nos sociétés contemporaines, promptes désormais à réclamer le « zéro défaut » chez autrui et le « zéro devoir » pour soi. De grâce, messieurs les joueurs, laissez les bavardages aux supporters et aux spectateurs de tout poil, dont c’est, finale- ment, l’apanage. Faites chanter plutôt le cuir que vos cordes vocales. C’est après tout dans cet exercice que vous êtes les plus doués. Antoine @renvoiaux22 Photo : allomatch.com Il fut un temps, pas si lointain, sur les prés de notre belle ovalie, où le simple fait de parler à l’arbitre sans être capitaine passait pour pire qu’une faute, un manque de savoir-vivre. Le capitaine lui-même, emprunt d’un sacro-saint respect pour l’homme au sifflet, hésitait à s’ouvrir d’une erreur ou d’un oubli sans y avoir été préalablement invité. On exagère ? Certainement. Mais pas tant que cela.
  • 14. 14 Lionel Beauxis, responsable mais pas coupable. Accablé, l’arrière de l’Union Bègles- Bordeaux a eu droit à quelques accolades de réconfort de la part de ses coéquipiers et des joueurs du Stade toulousain, adversaires du jour avec lesquels il a partagé le même maillot rouge-et-noir jusqu’à la saison dernière. Au micro de Canal+ son coach, Raphaël Ibanez, a rappelé qu’il savait personnellement combien le sport est fait de joies merveilleuses et de déceptions profondes, et que l’échec fait partie de la vie du sportif de haut niveau. Pourtant, le manager bordelais ne pouvait naturellement s’empêcher d’afficher la mine sombre de celui qui mesure également tout ce que l’UBB a perdu avec ce coup de pied raté, en particulier la qualification directe pour la Champions Cup et ses matchs de haut niveau aux affiches alléchantes pour les supporters… et le trésorier du club. Les journalistes de la presse écrite n’ont évidemment pas manqué de relever la faillite au pied de Lionel Beauxis, allant même jusqu’à parler, le mot est fort, de faute professionnelle. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir fleurir sur les réseaux sociaux les critiques à l’égard des plumitifs accusés de ne pointer que la responsabilité de Lionel Beauxis et d’en faire le bouc émissaire de l’échec bordelo-béglais. Ces réactions, qui sont tout à fait compréhensibles et animées de bons sentiments, ne doivent pas faire oublier que le jugement d’une performance est consubstantielle au journalisme sportif dont le regard n’est pas celui du supporter ou même du simple amateur Et même si le rugby est une discipline éminemment collective, on sait qu’un résultat, en particulier au plus haut niveau, est souvent tributaire d’un fait de jeu provoqué par une initiative, une réussite ou un échec individuel. Si Lionel Beauxis avait réussi son coup de pied, nul doute que la presse l’aurait relevé pour saluer « un pied qui n’a pas tremblé » et son apport décisif. L’ouvreur ou arrière bordelais est un buteur reconnu. C’est même l’une de ses principales qualités de joueurs, qui lui ont permis d’être recruté par des clubs prestigieux ou ambitieux. En tant que joueur professionnel, Lionel Beauxis est employé pour contribuer avec le plus d’efficacité possible aux performances de son club. Il est rémunéré pour cela, et peut compter sur son encadrement pour l’aider à travailler ce secteur de jeu. Il n’est donc pas incongru de la part des médias de pointer sa défaillance et de souligner combien elle a pesé sur le résultat du match. D’évidence, Lionel Beauxis n’est pas coupable de l’échec de l’UBB. Outre que le terme sera toujours impropre à qualifier un sportif (ce n’est que du sport !), c’est collectivement que le club a failli, en n’étant pas capable de décrocher sa qualification avant ce match. Pourtant, le joueur porte bien une responsabilité indéniable dans le résultat de la rencontre face à Toulouse, condamnant son équipe à regarder les barrages à la télévision, en ratant une pénalité facile, qu’il réussit habituellement sans problème. Pas coupable, donc, mais responsable. C’est finalement la marque des joueurs de haut niveau, dont le talent justifie qu’on soit exigeant avec leurs performances. Antoine @renvoiaux22 Photo : 20minutes.fr C’est l’une des images fortes de la dernière journée de la saison régulière du Top14. Lionel Beauxis allongé sur la pelouse d’Ernest-Wallon, défait par son échec au pied alors qu’il pouvait donner à son équipe un avantage définitif, synonyme de qualification pour les barrages du Top14.
  • 15. COCORICO à l'envers, à l'endroit renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 36 + 1 renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 16 18
  • 16. 16 Comme son homologue français, Lancaster n’a pas été épargné par les critiques sur les choix qu’il a opérés, en particulier s’agissant de Steffon Armitage et Nick Abendanon, désignés « meilleurs joueurs européens » des deux dernières saisons et qui ne seront pas de l’aventure anglaise. Il est cependant un point sur lequel il sera bien difficile de trouver des similitudes entre les deux sélectionneurs : celui de la méthode employée pour déterminer le groupe des mondialistes. Alors que la démarche de Saint-André provoque un sentiment d’hésitation, voire d’improvisation, celle de Lancaster apparaît bien plus maîtrisée, reposant – au moins en apparence – sur des certitudes. Ainsi, quand PSA présente une liste de 36 joueurs, auxquels s’est ajouté le nom de Jules Plisson, la faisant passer à « 36+1 » en cours de conférence de presse, le sélectionneur anglais propose 50 noms, parmi lesquels il choisira les heureux élus à l’issue d’une première phase de préparation. En cela Stuart Lancaster se conforme aux directives de World Rugby qui demande que lui soient communiquées une première liste de 50 joueurs avant la fin du mois de juin, puis la sélection définitive des 31 mondialistes en août prochain. Cette méthode permet à tous, joueurs comme observateurs, de savoir à quoi s’en tenir. Les discussions autour des choix des sélectionnés se concentrent en amont du processus de préparation, ce qui permettra certainement au coach anglais et à son groupe de travailler dans une relative sérénité, quand Philippe Saint-André et ses collègue devront revenir sur la question mi-juin lorsqu’il leur faudra annoncer leur liste des « 50 ». De surcroît, Lancaster maintient ainsi une émulation qui paraît bien plus saine que la valse hésitation dont semble faire preuve son homologue tricolore, même si, dans un cas comme dans l’autre, il existe un socle de joueurs qui feront partie de l’aventure de manière certaine. Les « non capés » retenus par le sélectionneur anglais auront ainsi quelques semaines pour justifier leur présence dans le groupe définitif, tout en acquérant des repères bien utiles au sein du squad élargi. On l’a dit, le reproche adressé à Lancaster de ne pas retenir les joueurs expatriés a refait surface. Mais on ne pourra pas dire que l’intéressé n’avait pas prévenu de son intransigeance à faire respecter cette règle édictée par la RFU. La confiance accordée à un groupe stable auquel sont venus s’agréger quelques révélations ces derniers mois conduit le sélectionneur anglais à privilégier une certaine forme de cohésion, voire de cohérence. Bref, à la différence de Philippe Saint- André, le sélectionneur anglais semble faire les choses à l’endroit. Ce n’est pas ce qui en fera automatiquement un champion du Monde. Mais, sans aucun doute, cela pourrait y contribuer. A l’envers, à l’endroit Au lendemain de la conférence de presse donnée par Philippe Saint-André, le sélectionneur Stuart Lancaster a dévoilé à son tour sa liste des joueurs appelés à préparer la coupe du monde qui se déroulera sur le territoire britannique en septembre prochain. Stuart L.
  • 17. 17 A l’envers, à l’endroit Antoine @renvoiaux22 Photo : Universal/ sportbuzzbusiness.fr Ashton (Saracens), Attwood (Bath), Barritt (Saracens), Brookes (Newcastle), Brown (Harlequins), Burrell (Northampton), Burgess (Bath), Care (Harlequins), Cipriani (Sale), Clark (Northampton), Cole (Leicester), Corbisiero (Northampton), Cowan-Dickie (Exeter), Daly (Wasps), Dickson (Northampton), Eastmond (Bath), Easter (Harlequins), Farrell (Saracens), Ford (Bath), Goode (Saracens), Hartley (Northampton), Haskell (Wasps), Itoje (Saracens), Joseph (Bath), Lawes (Northampton), Launchbury (Wasps), Kruis (Saracens), Kvesic (Gloucester), Marler (Harlequins), May (Gloucester), Myler (Northampton), Morgan (Gloucester), Mullan (Wasps), Nowell (Exeter), Parling (Leicester), Robshaw (Harlequins), Slade (Exeter), Slater (Leicester), Strettle (Saracens), Twelvetrees (Gloucester), M. Vunipola (Saracens), B. Vunipola (Saracens), Watson (Bath), Webber (Bath), Wigglesworth (Saracens), Wilson (Bath), Wood (Northampton), Yarde (Harlequins), B. Youngs (Leicester), T. Youngs (Leicester). la liste des 50 joueurs sélectionnés par stuart lancaster
  • 18. 18 36 + 1 cocorico ! On attendait des surprises, il y en a eu. Des grosses et des petites. A ranger dans la première catégories, les absences de Camille Lopez, en froid avec le staff depuis l’épisode de sa blessure au genou avant Angleterre-France et celle de Maxime Mermoz, qu’on pensait revenu en grâce lors du même match et qui affichait une belle santé jusqu’à sa récente blessure à la main. Dans la catégorie des « petites » surprises, la non sélection de Maxime Médard qui pouvait peut-être prétendre à un strapontin depuis qu’il est revenu à un excellent niveau, et la présence de François Trinh- Duc dans le groupe. Non pas, évidemment, que le Montpelliérain ne méritait pas de s’y trouver, mais parce que le staff tricolore s’était toujours montré réservé jusqu’à présent sur sa candidature. A cet égard, la sélection de Frédéric Michalak, dont Saint-André a clairement fait son « buteur numéro un », et l’annonce que la porte restait entrouverte pour Jules Plisson qui se bat contre la montre pour soigner son épaule, fait craindre que François Trinh-Duc ne sorte du groupe lorsqu’il s’agira de le réduire à 31 joueurs. En tout état de cause, c’est une liste de 36 + 1 joueurs qu’a livrée PSA, se réservant Elle est sortie, la fameuse liste, autour de laquelle se pressent tous les observateurs du rugby tricolore comme autour d’un berceau dont on ignore s’il abrite un fils prodige qui brandira le trophée William-Webb-Ellis le 18 octobre prochain ou celui, prodigue, qui dilapidera le reste de confiance placé dans le sélectionneur après un dernier Tournoi médiocre. St. André * Les 36 appelés AVANTS : Atonio (La Rochelle), Ben Arous (Racing-Métro), Chiocci (Toulon), Debaty (Clermont), Mas (Montpellier), Slimani (Stade Français), Guirado (Toulon), Kayser (Clermont), Szarzewski (Racing-Métro), Flanquart (Stade Français), Maestri (Toulouse), Vahaamahina (Clermont), Papé (Stade Français), Dusautoir (Toulouse), Le Roux (Racing-Métro), Nyanga (Toulouse), Ouedraogo (Montpellier), Chouly (Clermont), Goujon (La Rochelle), Picamoles (Toulouse) ARRIERES : Kockott (Castres), Parra (Clermont), Tillous-Borde (Toulon), Michalak (Toulon), Tales (Castres), Trinh-Duc (Montpellier), Bastareaud (Toulon), Dumoulin (Racing-Métro), Fickou (Toulouse), Fofana (Clermont), Lamerat (Castres), Dulin (Racing-Métro), Guitoune (Bordeaux-Bègles), Huget (Toulouse), Nakaitaci (Clermont), Spedding (Bayonne) *
  • 19. 19 donc le droit de changer, c’est le cas de le dire, son fusil d’épaule jusqu’au dernier moment. Difficile, en tout cas, de ne pas en conclure que le staff n’a pas vraiment de certitude sur l’identité de l’ouvreur qui aura la lourde tâche de conduire l’attaque tricolore. Rémi Talès, dont on sait combien le sélectionneur apprécie la solidité défensive et les qualité de « gestionnaire » sans surprise mais sans grande faiblesse, a vraisemblablement conservé toutes ses chances de faire partie du groupe définitif. Devant, on note que Xavier Chiocci a été préféré à son collègue du RCT Alexandre Menini, tout comme le deuxième-ligne clermontois Sébastien Vahaamahina l’a été à un autre Wallisien qu’on pensait pourtant un peu devant lui, le toulonnais Romain Taofinenua. Le talonneur Dimitri Szarzewski fait un retour remarqué et devrait faire partie de l’aventure, puisque le staff partira très certainement avec trois joueurs évoluant à ce poste. A lui, cependant, de tout faire pour bousculer une hiérarchie qui le place actuellement derrière Guilhem Guirado et Benjamin Kayser. Pascal Papé, qui en a terminé avec sa suspension, devra prouver qu’il peut apporter autre chose que de l’indiscipline au XV de France. En troisième-ligne, Louis Picamoles est également de retour, lui qui a souffert de gros pépins de santé l’ayant éloigné un bon moment des terrains. Il aura à affronter la concurrence de Damien Chouly, moins perforant mais plus efficace en touche, et Loann Goujon, révélation du dernier Tournoi à ce poste. Côté flankers, pas de surprise même si on peut s’interroger sur les chances de Yannick Nyanga, éternel recalé ces derniers mois. Chez les trois-quart, l’absence de Maxime Mermoz, on l’a dit, a fait beaucoup réagir les Internautes. La présence de Gaël Fickou et Rémi Lamerat confirme l’inclination du staff à rester sur des positions plutôt conservatrice, au risque d’appeler des joueurs ayant peu joué ces dernières semaines, à l’image d’Alexandre Dumoulin et Fickou. Enfin, on constate que trois ailiers seulement ont été sélectionnés, qui devraient donc, sauf blessure, partir pour Londres en septembre. Lors de sa conférence de presse, Philippe Saint-André a indiqué qu’une liste de 50 joueurs serait communiquée à World rugby d’ici la mi-juin. Sa composition fera l’objet d’une annonce après la finale du Top14. C’est dans cette liste élargie que PSA puisera en cas de blessure au sein du squad de 31 joueurs qui sera quant à lui déterminé le 23 août. Comme on pouvait le penser, le groupe de 36 joueurs dévoilé par PSA est loin de faire l’unanimité. L’intéressé s’en moque. De son propre aveux, il est désormais en mode « coupe du monde », et bien décidé à faire un coup avec ses joueurs. Pour l’heure, les pronostics sont pessimistes. Mais il ne faut jurer de rien. Antoine @renvoiaux22 Photo : Paramount Pictures / Patrick Hamilton - AFP Frédéric Michalak sera mon « buteur numéro un ». On attendait des surprises, il y en a eu ... ‘‘ 36 + 1 cocorico !
  • 20. ALL OVAL THE WORLD Luke Braid, le futur flanker de l’UBB superrugbynews.fr / @superrugbynews Et si la Corée du Sud japonrugby.net / @Japonrugbynet 21 23
  • 21. 21 Presque 80 matches de Super Rugby en 5 saisons et demi : Luke Braid fait partie de ces joueurs qu’on pourrait qualifier de « valeurs sures » du championnat même s’il n’a toujours pas connu les joies d’une sélection chez les Blacks. Portrait d’un flanker réputé pour son leadership et son énergie… Originaire de Tauranga, ville la plus peuplée de la région de Bay of Plenty en Nouvelle-Zélande, Luke Braid est, tout naturellement, allé au Tauranga Boys’ College, école où sont passés pas mal de All Blacks dont récemment : Sam Cane, Tanerau Latimer ou encore Jarrad Hoeata. Une famille de All Blacks Même s’il n’a jamais porté le maillot à la fougère argentée, il peut se vanter d’avoir deux All Blacks dans sa famille. Son père, Gary Braid, a revêtu la tunique noire à deux reprises en 1983 (au poste de deuxième ligne). Son frère aîné Daniel, évolue aux Sale Sharks depuis 2012 et, a aussi eu ce privilège puisqu’il a joué six matches avec sa sélection nationale entre 2002 et 2010. Souvent comparés, les deux frères ont pratiquement le même physique (environ 1,85 m et 100 kgs) et le même style de jeu. A bientôt 27 ans et, n’entrant pas forcément dans les plans de Steve Hansen, particulièrement à cause d’une grosse concurrence (il est derrière McCaw, Cane ou encore Todd), Luke Braid a décidé de « sécuriser » son avenir, notamment financièrement. L’UBB, une destination évidente ? Le club girondin ne cesse de se développer ces dernières années et, les hommes du président Laurent Marti forment l’une des équipes les plus agréables à regarder dans notre Top 14. Luke Braid, le futur flanker de l’UBB C’est le retour de nos portraits sur ces joueurs sudistes qui rejoindront notre Top 14 la saison prochaine. Aujourd’hui, gros plan sur Luke Braid, troisième ligne aile des Blues. Le 3 ème ligne néo zélandais s’est engagé avec l’UBB pour 2 saisons
  • 22. 22 L’UBB avait déjà contacté Luke Braid en 2013 pour lui proposer un contrat mais ce dernier avait décliné car il sentait qu’il avait encore des choses à accomplir avec les Blues (et certainement chez les All Blacks). Cette nouvelle offre en novembre dernier a suscité l’intérêt du joueur car il semble avoir fait une croix sur son avenir chez les Blacks et qu’il ne savait pas si une telle opportunité se ré-offrirait à lui. Le bon contact avec le manager Raphael Ibanez a été un accélérateur dans le transfert du joueur pour qui, vivre dans le sud de la France ne devrait pas être une torture. Luke Braid, le futur flanker de l’UBB De l’ambition… Le Top 14 est un championnat qui attire de par son pouvoir financier, ses nombreuses stars et ses stades (plus ou moins) remplis, et Luke Braid n’a pas hésité à évoquer son impatience de jouer en Top 14 et l’ambition qu’il a de jouer la Champions Cup. …pour un leader dans l’âme Plusieurs fois capitaine aussi bien en Super Rugby avec les Blues qu’en ITM Cup avec Bay of Plenty ou Auckland, il a toujours été un leader depuis ses débuts. Malgré ses deux récentes opérations à l’épaule, il reste un plaqueur très actif ainsi qu’un gratteur invétéré, de plus, il n’est pas maladroit non plus avec un ballon entre les mains. On verra s’il réussira à s’adapter à ce nouveau championnat et s’il parviendra à atteindre les phases finales avec l’UBB, l’an prochain… Jules @superrugbynews - superrugbynews.fr Photo : Fiona Goodall - Getty Images AsiaPac / Getty Images AsiaPac
  • 23. 23 Suite à son succès contre Hong Kong en Asia Rugby Championship (33 à 26), la Corée du Sud vient de monter à la 22ème place au classement World Rugby. Sa meilleure position au classement mondial, en dépassant au passage la Namibie, qui participera en septembre prochain à la coupe du monde de rugby en Angleterre! Alors une question me vient. Et si la Corée du Sud intégrait dans le futur la Pacific Nations Cup? A l'heure où un tournoi des 6 nations américain va voir le jour l'an prochain et où la Géorgie et la Roumanie frappent aux portes d'un futur 8 nations, ne serait-il pas temps de faire bouger les choses en Asie? Bernard Lapasset, le président de World Rugby, dit que la coupe du monde de rugby de 2019 au Japon va faire passer un cap au rugby sur le continent asiatique. Un argument totalement faux quand on connait l'état actuel du rugby en Asie. Car l'argent est indispensable pour faire développer le rugby sur le continent asiatique. De l'argent qui fait justement gravement défaut. Ainsi, depuis le retrait du sponsor HSBC, les tournois de l'Asia Rugby Championship survivent grâce à l'Asian Rugby Football Union avec un budget total annuel équivalent à celui d'un club moyen de fédérale 1. Certaines sélections nationales ne peuvent même pas participer faute de budget nécessaire dans leur fédération (Mongolie, etc...). Dans ce contexte continental tendu, la Corée du Sud fait face à une situation compliquée. Très peu de licenciés (moins de 3 000), et sur le peu de clubs, le pays a vu la disparition de l'équipe de rugby corporative de Samsung SDI après que l'entreprise sud-coréenne ait annoncé des pertes. Malgré cela, les sud-coréens disposent d'un potentiel clairement non exploité (surtout physique). L'équipe dispose ainsi aujourd'hui d'une belle génération (Jegal Bin, Jang Sung Min, Kim Nam Yung, Kim Kwangsik,Park Soon Chai) sans oublier de belles révélations cette année (Lee Myung Jun, Chang Yong Heung). Plusieurs joueurs à l'image de son international Jegal Bin (NTT Shining Arcs), évoluent comme joueurs professionnels au Japon. Et si la Corée du Sud intégrait la Pacific Nations Cup ? Le jeune ailier Chang Yong Heung fait partie de cette nouvelle belle génération de joueurs de rugby sud-coréens Suite à son succès contre Hong Kong en Asia Rugby Championship (33 à 26), la Corée du sud vient de monter à la 22ème place au classement World Rugby. Sa meilleure position au classement mondial, en dépassant au passage la Namibie, qui partici-pera en septembre prochain à la coupe du monde de rugby en Angleterre! Alors une question me vient. Et si la Corée du sud intégrait dans le futur la Pacific Nations Cup?
  • 24. 24 Historiquement 2ème meilleure sélection nationale de rugby en Asie, la Corée du Sud doit évoluer pour enfin atteindre ce top 20 mondial, toujours inaccessible à l'heure aujourd'hui. Mais avec certainement l'une des fédérations les plus conservatrices au monde, le pays va devoir compter sur son ennemi de la région, le Japon. Alors que la Top League japonaise va se voir réformer en profondeur avec l'arrivée de la franchise nippone en Super Rugby, c'est l'occasion rêvée pour voir une équipe professionnelle sud-coréenne intégrer le championnat nippon (1ère ou future 2ème division). Une intégration à l'image de ce qu'ont connu par exemple les argentins avec les Pampas XV dans la Vodacom Cup sud-africaine pour préparer l'Argentine à intégrer en 2012 le Rugby Championship. Dans le même style, une équipe sud- coréenne en Top League japonaise permettrait à la Corée du Sud de progresser et de pouvoir légitimer à intégrer la Pacific Nations Cup et jouer des tests matchs internationaux avec des tournées en Europe par exemple. Car l'un des grands problèmes de cette nation et de toutes les autres nations asiatiques (hormis le Japon évidemment), c'est le faible nombre de rencontres jouées. La Corée du Sud ne participera ainsi cette année qu'à l'Asia Rugby Championship,soit quatre matchs! Bien trop insuffisant pour permettre aux internationaux sud-coréens d'engranger de l'expérience et de progresser quand on sait que la moyenne des rencontres jouées annuellement par les équipes du TOP 20 mondial est bien supérieure à douze. Dans le cadre envisagé où la Corée du sud aurait une équipe professionnelle basée en Top League japonaise, on verrait vite des progrès de la sélection en comptant aussi sur des efforts entrepris par World Rugby pour permettre à l'équipe de pouvoir effectuer des tournées annuelles en novembre en Europe contre des équipes comme le Portugal, la Russie, l'Espagne ou encore la Belgique. Plus de matchs joués, plus d'expériences engrangées pour les internationaux sud-coréens. La Corée du Sud entamerait alors la dernière étape de sa progression en intégrant une Pacific Nations Cup à 8 nations avec l'arrivée aussi de la Russie. Avec la possible création d'un futur 8 nations en Europe, il serait plus intéressant d'un point de vue sportif pour les russes d'intégrer laPacific Nations Cup avec un tournoi très relevé. Voir la Russie au passage intégrer un futur Asia Rugby Championship à quatre équipes (avec Japon, Corée du Sud et Hong Kong) serait aussi très bon pour relever le niveau du tournoi asiatique et permettre à la Corée du Sud et Hong Kong de progresser. Dans ce tournoi étendu, on garderait le système actuel de 2 poules en passant de trois à quatre équipes. Pour permettre aux sud-coréens de ne pas prendre trop l'eau pour leur débuts, nous les intègrerions dans la poule hémisphère sud, ce qui nous donnerait le tableau suivant: Avec cette formule, la Corée du sud débuterait en affrontant le Japon, le Canada, les Etats-Unis et la Russie. Un démarrage tout en douceur qui permettrait aux sud-coréens de jouer avec les tests matchs de novembre une douzaine de rencontres annuelles et de progresser ainsi année après année et de pouvoir envisager dans le futur, à l'image de leur voisin japonais, de se qualifier enfin pour la coupe du monde de rugby et régulièrement. Tout ceci n'est que fiction, mais si Bernard Lapasset veut voir le rugby se développer en Asie, cela commencera par la Corée du sud. Car le manque de rivalité compétitive sur le continent asiatique nuit grandement à l'heure actuelle... Et si la Corée du Sud intégrait la Pacific Nations Cup ? Hémisphère Nord Japon Canada Etats-Unis Russie Hémisphère sud Samoa Fidji Tonga Corée du sud Pacific Nations Cup à 8 nations Sébastien @japonrugbynet
  • 25. EUROSTARS le patron, c'est toulon renvoiaux22.fr / @Renvoiaux22 26 Antoine @renvoiaux22
  • 26. 26 Défaite pour la deuxième fois consécutive, l’ASM Clermont-Auvergne semble condamnée dans la compétition européenne à un sort qui rappelle celui du championnat domestique : partir avec la faveur des pronostics et passer à côté de sa finale. Après celle perdue à Dublin il y a deux ans, la formation auvergnate vient donc d’échouer à Londres. Et, disons-le tout net, si la défaite irlandaise ressemblait un peu à un hold-up, on ne peut pas en dire autant de sa cousine anglaise, tant les Auvergnats ont été dominés dans la maîtrise et l’envie par un RCT en mode champion. Pourtant, les vingt première minutes ont été entièrement à l’avantage de Clermont. Une domination sanctionnée par un essai de Wesley Fofana après un contre de Morgan Parra sur Sébastien Tillous-Borde. Mais l’ASMCA n’a jamais décroché Toulon, et, plus grave, a permis à son adversaire de prendre le score juste avant la mi-temps. Au lieu de trouver la touche, un coup de pied de Camille Lopez, puis un autre tout aussi malvenu de Nick Abendanon, ont permis aux Toulonnais de jouer une dernière contre-attaque. Payante, ladite contre-attaque, puisque conclue par un essai de Mathieu Bastareaud. Sans être brillants, les hommes de Bernard Laporte ont été remarquables dans la gestion de la partie, profitant notamment de l’énorme déchet défensif auvergnat, à l’image de l’essai de Drew Mitchell inscrit en seconde période après un festival de plaquages manqués. Au rayon des déceptions clermontoises, on signalera tout particulièrement la charnière Parra – Lopez, dont la responsabilité dans l’échec de l’ASMCA est largement engagée. Symbole de l’absence symptomatique de lucidité de l’ouvreur jaune-et-bleu dans les moments cruciaux, cette passe au pied dans les bras de Brian Habana à la sirène, quand le jeu commandait d’insister à la main. La déchirure musculaire subie par Brock James à l’échauffement, suscitant son remplacement par Lopez, aura joué un rôle majeur dans le sort de cette finale, même si la performance mitigée du pack auvergnat aura aussi eu son importance. Fritz Lee a été fantomatique, tout comme Damien Chouly, et l’essai magistral de Nick Adendanon à l’heure de jeu ne fera pas oublier ses 60 premières minutes calamiteuses, très loin de sa démonstration du quart-de-finale face à Northampton. Mais on s’en voudrait d’imputer la victoire toulonnaise aux seules carences auvergnates. Conduite par un Matt Giteau très en jambes à l’ouverture, l’équipe du RCT a rappelé qu’on ne gagnait pas à ce niveau sans une défense de fer. Et la faculté de l’attaque varoise – avant et trois-quarts confondus – à se projeter vers l’avant la rend redoutable dans l’art du contre. Encore une fois, la troisième ligne Smith – Armitage – Masoe a été impressionnante et certainement à créditer d’une de ses meilleures prestations de la saison. Bien qu’opposant deux clubs de l’hexagone, faisant craindre bien moins de saveurs qu’avec une confrontation franco- anglaise ou celte, cette finale aura tenu ses promesses. Même si la qualité du jeu n’a pas toujours été au rendez-vous, le suspens a tenu jusqu’au bout en haleine les supporters comme les spectateurs plus « neutres ». Et avec ce nouveau sacre, le RCT a rappelé cette évidence : aujourd’hui, et sans conteste, le patron, c’est Toulon. Antoine @Renvoiaux22 Photo : Getty/ walesonline.co.uk/ PA Photos Le patron, c’est Toulon Au terme d’une finale qu’il est parvenu à contrôler pendant la quasi- totalité de la rencontre, le Rugby club toulonnais a réussi là où Toulouse, Leicester et le Leinster avaient jusqu’à présent échoué. C’est historique. Pour la première fois depuis la création de la coupe d’Europe de rugby il y a vingt ans, un club a été sacré champion trois saisons d’affilée.
  • 27. LADIES Photo : Rugbyshop les femmes de l'ombre bajadita.com / @obasaan66 tête à tête safi n'diaye bajadita.com / @obasaan66 le rugby à xv en danger ? bajadita.com / @SOSurrullo 28 39 43
  • 29. 29 LES FEMMES De l’ombre Il y a certes, Audrey Zitter, seule femme entraîneur, s’occupant de l’équipe de rugby à XIII de Montpellier ; il y a aussi Pascale Lambrechts, médecin référent du RCT. Ces femmes restent cependant des exceptions dans le milieu professionnel. Il y a aussi bien entendu, et depuis peu, des femmes journalistes, et Isabelle Ithurburu, ainsi que Marie-Alice Yahé, Clémentine Sarlat et Cécile Grès, symbolisent parfaitement leur fonction, qui reste cependant une fonction de prestige. Certains goguenards, pourraient ajouter « potiche à la mode », mais leur professionnalisme, leur connaissance du milieu du rugby, ainsi que leurs réparties, ont rapidement fait taire les détracteurs. Qu’en est-il des autres, les bénévoles, les étudiantes, les mamans, celles qui sont là les mercredi et / ou les samedi, à suivre des hordes de mouflets, celles qui ont pu entendre que « le rugby féminin, ce n’est ni du rugby, ni féminin » ou « qu’ils n’aiment pas le rugby féminin »… Qu’en est-il de ces femmes de l’ombre qui oeuvrent pour que des minots morveux aient leur goûter en fin d’entrainement, pour qu’ils soient consolés après un coup ou que tout simplement leurs lacets soient faits ? Qu’en est-il surtout de celles qui donnent de leur temps en tant qu’éducatrices, pour que des petits garçons et des petites filles s’épanouissent dans un sport dont on nous décrit régulièrement les Valeurs ? Dans un précédent article, «Dessine- moi un ballon », j’avais évoqué avec des joueurs, maintenant pour certains en Top 14 et en Equipe de France, leurs souvenirs de l’école de rugby. Aujourd’hui, il est intéressant d’étudier avec des femmes éducatrices des catégories M6 à M14, leur parcours, le parcours assez méconnu et reconnu de l’univers parfois impitoyable des Ecoles De Rugby. Tu seras un homme mon fils, grâce aux valeurs… Connaissez-vous beaucoup de femmes dans le milieu du rugby, qui soient entraîneurs, présidentes de club, managers, soigneuses, ou qui aient une fonction, autre que, « Maman de joueur » ou « Femme de joueur » ? 1/2
  • 30. 30 Quelles catégories de joueurs entraines-tu, depuis combien de temps et ou as-tu entraîné à l’EDR ? Marie Bouchillou (Rugby Club Paris XV) : Actuellement, j’entraîne les M10 et les M14. Avant je faisais les M7 et j’ai toujours été au RCP XV. Julie Chazarenc (Comité de Paris) : J’entraîne depuis 10 ans, donc j’ai fait à peu près toutes les catégories possibles… L’année dernière, je m’occupais des M13, des minimettes et des cadettes. Cette année, je ne m’occupe que des filles. J’ai commencé à entraîner à l’ACCBB (Boulogne Billancourt), puis à Clichy, avant de rejoindre le RCP XV, puis cette année le Stade Français pour le Comité de Paris. Rim Chelhi (Rugby Club Paris XV) : Je m’occupe des M8 depuis 2 ans. Christelle Le Duff (Comité du Pays Catalan) : Je suis passée par toutes les catégories, allant des M6 au M14. Cela fait 11 ans que je suis éducatrice et je suis passée par Gennevilliers (92), Ponteilla (66), l’USAP (66), Bompas (66) et maintenant toutes les EDR du département. Caroline Roy (Rugby Club de l’Aber à Plouguerneau dans le nord Finistère) : J’entraîne depuis 4 ans. Avec la nouvelle réforme de cette saison, je m’occupe des M6 et des M8. Il m’arrive de donner aussi un coup de main le mercredi aux catégories M10-M12 et M14. Nous faisons alors un entrainement technique individuel commun. Nous sommes une petite Ecole De Rugby avec 70 licenciés. Anonyme (Sud Ouest) : J’entraîne les M8 et les M14 ; c’est ma 2ème année en tant qu’éducatrice. As-tu toi-même joué au rugby étant « enfant » et donc avec des garçons ? MB : Oui après les matchs de l’équipe de France avec mes frères, à l’école pendant la récréation, mais jamais en club. JC : Petite je ne connaissais pas trop le rugby ; j’ai découvert ce sport vers 16 ans. Je me suis mise au rugby à 25 ans, grâce à mon amoureux de l’époque … Ca m’a donné vraiment envie. RC : Cela fait 3 saisons que je pratique le rugby et 1 fois par semaine je fais un entrainement avec les garçons. CLD : J’ai effectivement commencé le rugby avec les garçons quand j’étais petite. CR : Comme j’habitais en Normandie, le premier club était à 50 km… Et à l’époque, j’étais plus branchée gym Je n’ai joué au rugby qu’en séniors en Fédérale 2. A : J’ai commencé tard, vers 18 ans, donc je n’ai pas connu le rugby avec les garçons en tant que joueuse. LES FEMMES De l’ombre1/2 C’est pourquoi, j’ai demandé à Marie Bouchillou, Julie Chazarenc, Rim Chelhi, Christelle Le Duff, Caroline Roy et d’autres qui ont préféré rester dans l’ombre de nous évoquer LEUR rugby avec les enfants. Femme entre 17 et un peu plus de 50 ans, elles nous font part de leurs expériences, ô combien intéressantes et différentes. Aujourd’hui celles qui travaillent dans l’ombre vont être mises en lumière…
  • 31. 31 Quelle différence fais-tu entre le terme « éducateur(trice) ou « entraîneur » ? MB : L’éducateur est en premier un formateur ; l’entraîneur travaille sur le perfectionnement du joueur. JC : L’éducateur s’occupe des plus jeunes, disons jusqu’en M14. On y parle apprentissage de la discipline et des valeurs. On est pas encore dans la compétition à 100%, même si pour les petits chaque match est important. Malgré cela, nous avons un rôle d’intégration pour que tous trouvent une place au sein de l’équipe. RC : Pour moi 1 éducateur(trice) a une réelle influence sur la construction du joueur, aussi bien sur le terrain qu’à l’extérieur. Cela comprend aussi bien le comportement sur et en-dehors du terrain, le partage, le respect… 1 entraîneur intervient après cela et après le passage en EDR ; 1 entraîneur enrichit le rugby d’un joueur. CLD : Un entraîneur entraîne, un éducateur éduque ! Un entraîneur gère son équipe avec de la stratégie et de la tactique ; il doit avoir des résultats. Un éducateur a pour mission d’enseigner les fondamentaux du rugby aux enfants, mais aussi d’éduquer l’adulte de demain. CR : Je suis éducatrice et non entraîneur ; la dimension éducative est essentielle, transmettre les valeurs du savoir vivre ensemble, du respect de l’autre avec le rugby comme base. Un des objectifs du collectif, est que l’enfant passe sa balle. Pour autant, je ne mets pas de côté les objectifs sportifs. C’est aussi dans la réussite et la compétition que l’éducation se mène ! Entraîneur, c’est pour les seniors. Y ‘a-t-il autant de garçons que de filles dans les équipes que tu entraînes ? MB : Chez les M10, nous sommes 2 éducatrices pour 4 entraîneurs en tout. Dans notre effectif il n’y a qu’une seule petite fille, inscrite après la coupe du monde de l’été dernier d’ailleurs, pour 54 garçons. JC : Dans les équipes que j’ai entraîné, j’ai eu très peu de filles, sauf à Clichy où il y avait vraiment la volonté de développer le rugby féminin. Il y avait donc 8 filles totalement intégrées à l’équipe. Ce club m’avait justement recrutée pour que les filles aient dans leur staff une éducatrice.Et cette année au Comité de Paris, on a 27 licenciées cadettes et 6 minimettes. RC : Il y a 35 joueurs M8 et pas une seule fille… CLD : Il y a beaucoup plus de garçons. Quant aux effectifs, ça dépend des saisons, ça peut varier, par moment 14 ou 15 par catégorie et par moment, plus de 20. Dans notre petit comité, nous avons 61 joueuses dans nos 23 écoles de rugby (27 en M14, 13 en M12, 10 en M10 et 11 en M8). CR : C’est la première année où je n’ai aucune fille. D’habitude, j’en ai toujours 1 ou 2, mais pas là. En fait, il y a peu de filles en EDR, 1 en M12 et 1 en M14. Je pensais que l’effet coupe du monde aurait un impact, mais non… Pour les effectifs, j’ai 6 M6 et 10 M8 cette année. Nous avons eu une baisse des effectifs liés aux nouveaux rythmes scolaires. A : Les garçons sont largement majoritaires en EDR. Il y a cependant beaucoup de filles qui commencent en cadettes. En ce qui me concerne, j’ai 86 licenciés en M8 et 94 en M14. LES FEMMES De l’ombre1/2
  • 32. 32 Pourquoi as-tu fait ce choix d’entraîner en EDR ? MB : J’ai entraîné pendant 8 ans des séniores féminines ; je voulais retrouver l’enthousiasme et la joie qui caractérisent les jeunes joueurs. Je voulais leur faire découvrir un sport complet que j’adore, leur apprendre à plaquer aux jambes, à ne pas avoir peur du contact et leur faire comprendre qu’avec une bonne technique, on peut mettre en échec les plus costauds. Je voulais leur apprendre que la solidarité est importante. JC : J’adore le contact avec les enfants et j’aime l’échange que l’on arrive à créer. Quand j’étais plus jeune, je voulais être institutrice. Ma vie professionnelle a beaucoup évolué depuis, mais du coup, le fait d’entraîner m’a permis de retrouver ce contact avec les enfants. RC : J’ai toujours souhaité encadrer des jeunes, même dans les autres sports que j’ai pratiqués avant. CLD : Je voulais mettre à disposition mon expérience en tant que joueuse et apporter mon savoir et mes compétences. De plus j’adore les enfants et c’est vraiment un plaisir d’être avec eux et de voir leur sourire quand on arrive à l’entraînement. CR : Je n’ai pas eu le choix ! Il n’y avait personne pour encadrer les M7. Mon fils jouait, mon mari donnait un coup de main…Je ne voulais pas que cette catégorie disparaisse… A : Entraîner en EDR fait partie de ma formation BPJEPS, c’est une formation en alternance qui demande donc d’être sur le terrain et comme le rugby est ma spécialité… Y a-t-il d’autres filles qui entraînent avec toi dans ta catégorie ou dans d’autres catégories ? MB : Avec les M10 il y a 2 éducatrices et 1 en M8. JC : Oui 1 des mes anciennes cadettes puis coéquipière est venue en stage l’année dernière et cette année elle est l’une des 3 entraîneurs. RC : Oui 2 autres filles dans la catégorie M10. CLD : Au départ, j’étais la seule fille à entraîner dans le club, puis par la suite, d’autres filles sont venues encadrer les petits. CR : Non, je suis la seule fille qui entraîne, même si des mamans donnent parfois des coups de main. Et quand nous avions des seniors, la co-entraîneur était une fille, il y a 2 ans. A : Oui, il y a énormément de filles en tant qu’éducatrice ; beaucoup de joueuses viennent donner un coup de main le mercredi. Quelles sont tes relations avec les entraîneurs masculins ? MB : Bonnes, car nous avons tous la même vision du rugby et que l’objectif est de faire progresser le groupe. Et comme nous avons instauré un plan d’apprentissage du joueur à l’EDR, ça facilite les rapports. JC : en général je m’entends bien avec les autres entraîneurs. RC : Relations plutôt bonnes, même s’il reste toujours quelques éducateurs machos qui cherchent à imposer leur autorité. CLD : les relations avec les entraîneurs masculins sont bonnes. Je crois aussi que le fait d’être sportive de haut niveau m’aide beaucoup de ce côté-là. CR : J’estime avoir de bonnes relations au sein du club, mais aussi à l’extérieur. Je supporte difficilement les éducateurs et entraîneurs qui parlent mal aux enfants. Il m’est arrivé, alors que j’arbitrais des enfants, d’intervenir et de calmer certains, qui, par exemple, rentraient sur le terrain pendant un match. Ca fonctionne. Je suis persuadée qu’ils ne réagissent pas du tout de la même manière, parce que je suis une fille ; ils ne sont pas dans le rapport de force. A : Elles sont très bonnes. Quelles sont tes relations avec les parents ? MB : Je suis toujours étonnée quand les parents viennent me remercier pour le travail que l’on fait, alors que ça me semble normal. Certains parents tiquent, quand ils découvrent que c’est une fille qui entraîne, mais après quelque temps, ils réalisent qu’une fille peut avoir autant de compétences qu’un garçon. Je pense avoir de bonnes relations avec les parents, mais j’avoue que je suis plus intéressée par les progrès de leur enfant que par leurs discussions… JC : Les parents apprécient le fait de voir une femme entraîner leurs enfants. Certains hommes sont parfois un peu « bourrins », alors que ce n’est pas du tout ma manière de faire. Je suis plus dans l’explication et la répétition, que dans les hurlements. Je m’entends donc assez bien avec les parents, sauf une fois, où un père était très présent, très envahissant et se prenait pour le coach. Il m’a hurlé dessus, parce qu’il trouvait que son fils ne jouait pas assez. Je lui ai expliqué que s’il ne jouait pas beaucoup, c’est que sur ce match, il serait dangereux de le faire rentrer vu les gabarits en face… Il a tellement insisté que je l’ai fait rentrer, que le gamin s’est fait « exploser » et qu’il a demandé à sortir, en larmes, au bout d’une minute… RC : Bonnes en général, les parents restant ouverts à l’échange. CLD : Je m’entends très bien avec les parents ; ils sont ravis que ce soit une joueuse de l’Equipe de France qui entraîne leurs petits. CR : Je pense avoir une relation de confiance avec les parents ; j’essaie de les tenir au courant de l’évolution de leur enfant, qu’elle soit positive ou non. Ca permet parfois de comprendre pourquoi des enfants sont à côté de l’activité. A : Cela dépend des catégories ; Je suis plus à l’aise avec des M14 qu’avec des M8. C’est surement mon côté compétitrice qui prend le dessus… LES FEMMES De l’ombre1/2
  • 33. 33 LES FEMMES De l’ombre2/2 Te vois-tu entraîner en EDR longtemps ? Marie Bouchillou (Rugby Club Paris XV) : Oui, tant que je peux apporter au club et aux joueurs et que rien ne m’en empêche. Julie Chazarenc (Comité de Paris) : Oui, je m’organise car c’est assez compliqué avec mes boutiques ULTRAPETITA et RUGBY CORNER, mais je m’organise. C’est pour moi une véritable passion de transmettre ce que j’ai appris. Rim Chelhi (Rugby Club Paris XV) : J’aime beaucoup ce qu’apporte l’EDR, donc y rester, oui. Christelle Le Duff (Comité du Pays Catalan) : Cela fait déjà pas mal de temps que je le fais et je pense que je continuerai encore longtemps. Caroline Roy (Rugby Club de l’Aber à Plouguerneau dans le nord Finistère) : C’est très prenant et ça me prend une grande partie de mon temps libre… tous mes samedi, mes mercredi après-midi… la préparation…mais j’aime ça. Mais c’est épuisant. Anonyme (Sud Ouest) : Cela dépend de quelle catégorie. Que penses-tu des diplômes demandés pour entrainer des enfants ? MB : Ce qui peut poser des problèmes, ce ne sont pas les diplômes, mais la formation qui demande des disponibilités qui ne sont pas forcément compatibles avec les obligations professionnelles d’éducateurs bénévoles. C’est une bonne chose de demander des diplômes, car il faut des compétences pour que les enfants jouent en toute sécurité. Mais il faut que la FFR fasse attention à ne pas alourdir les obligations des clubs et des éducateurs ; cela pourrait constituer un obstacle au recrutement de gens compétents pour l’encadrement des enfants et donc nuire à leur formation. JC : Je trouve cela important d’être cadrés et formés avant de se retrouver face à des enfants. C’est quand même J’en profite pour remercier chaleureusement Isabelle Ithurburu, Marie-Alice Yahé, Clémentine Sarlat et Cécile Grès pour leur soutien et le partage de la première partie de cet article. Souhaitons que le second ait autant de succès… Je ne pensais pas qu’il serait autant lu et partagé. Force est cependant de constater, que les femmes ont encore un long chemin à faire, non pour s’imposer (ce n’est pas le but), mais pour se faire admettre et respecter. Et vous, en tant que femmes journalistes, comment vous considérez-vous et surtout, comment vous considère t’on ? Cela mérite aussi un article, non ? Merci aussi, Marie, Julie, Rim, Christelle, Caroline et les autres, de faire ce que vous faites pour nos enfants. Vous êtes une belle partie de ce maillot bleu qui fait tant rêver nos petits et que certains porteront un jour … À droite, Julie Chazarenc et Marc Lièvremont, ambassadeur de sa marque de vètements UltraPetita.
  • 34. 34 LES FEMMES De l’ombre2/2 un sport de contact. Les formations sont intéressantes et elles demandent aux éducateurs un travail personnel assez important. RC : Actuellement, je passe le BFEDR (Brevet Fédéral Ecole De Rugby). Cela m’éclaire beaucoup sur les nouvelles choses que l’on peut apporter aux joueurs. CLD : Je pense qu’il est normal que chaque éducateur se forme. Pour entraîner des enfants en toute sécurité, il faut avoir une certaine pédagogie et connaissance de l’enfant, et c’est ce que nous apprenons dans ces formations. De plus, la formation, c’est apprendre à ordonner ses idées pour mieux les transmettre, admettre qu’il faut écouter un autre discours pour le confronter au sien. C’est aussi accepter l’idée que ses idées ne sont pas forcément les meilleures et sa propre formation ne s’arrête jamais. CR : J’ai mon brevet fédéral EDR. J’ai trouvé que les attentes de la formation étaient en grand décalage avec la réalité des séances. En formation on nous parle de « mouvement général », « d’intelligence situationnelle »… et peu de comment gérer 10 zozos qui ont décidé de courir partout. Bref, comment d’abord, on construit une séance pour canaliser leur attention. A : Je pense que les diplômes sont bien, en sachant que pour l’EDR, il y a beaucoup de parents qui aident et qui ne sont pas forcément habitués à entraîner. Les diplômes sont un bon support qui aident à connaître les thèmes à aborder selon les catégories. As-tu envie un jour de quitter l’EDR pour entrainer des juniors et / ou des seniors et donc de passer les diplômes requis ? MB : J’ai le diplôme fédéral sénior et j’ai déjà entraîné des seniors. Tant que je m’éclate avec les enfants et que j’arrive à les faire progresser, la question de quitter l’EDR ne se pose pas. Un jour, je serai peut-être tentée de retrouver une génération de joueurs particulièrement attachants et doués que j’ai eu petits… alors là, je franchirai le pas. JC : Une équipe séniore féminine, oui. Le reste, non pour le moment. J’ai besoin de sentir que je suis utile à un groupe et pour le moment, je ne pense pas avoir la capacité d’être performante pour des juniors ou des seniors. RC : Dans l’avenir, pourquoi pas ? Mais pour l’instant je suis encore trop jeune pour entraîner des juniors ou des seniors. CLD : C’est aussi intéressant de pouvoir encadrer toutes sortes de catégories ; j’ai entraîné des cadets, des juniors et des seniors. J’ai obtenu les diplômes demandés et je suis actuellement en train de passer mon DEJEPS (Diplôme d’Etat de la Jeunesse de l’Education Populaire et du Sport). CR : Non, je n’en ai pas envie…et nous n’avons ni juniors (ils sont en entente), ni seniors…pour l’instant. A : Pour l’instant, je ne me sens pas capable d’entraîner à plus haut niveau que des M14, ou alors pas seule. J’aime beaucoup tout ce qui est développement de techniques individuelles, mais je ne gère pas tout ce qui est stratégie. Penses-tu qu’il soit difficile en tant que femme, d’entrainer dans un sport, considéré comme « viril » et « machiste » ? MB : Ca dépend de qui et qui fait appel à vous. En général, oui, surtout si les personnes ne vous ont pas connue en tant que joueuse. Il vaut mieux avoir beaucoup de caractère et passer outre les remarques débiles de certains, avoir des convictions et savoir les défendre. Je n’ai pas de problème à l’EDR, mais lorsque j’entrainais l’équipe féminine séniore, je sentais bien que certains entraineurs ne me faisaient pas confiance et ne tenaient pas compte de mes
  • 35. 35 LES FEMMES De l’ombre2/2 remarques. C’était rageant et décourageant, car j’avais l’impression d’être inutile et de laisser tomber le groupe, alors que je savais que je pouvais apporter quelque chose. Cette question ne se posera plus quand la FFR montrera l’exemple. JC : Bonne question. Cette saison, j’aurais adoré emmener mes M13 de l’année dernière en M14 et au jeu à 15 que je maitrise. Mais, « on » m’a expliqué qu’à partir d’un certain âge, les garçons doivent être entraînés par des hommes… Tant que certaines personnes auront ce genre de mentalité, je pense qu’il sera toujours difficile pour une femme de se sentir à sa place, malgré ses diplômes et ses résultats…Le plus drôle se passe sur les tournois, quand les autres entraîneurs ne viennent jamais te voir, car ils pensent que tu es une maman…Mais quand ils comprennent que tu es l’entraîneur et que tu arbitres, là ils changent de tête. Le plus agréable, c’est quand l’équipe va en finale et gagne. Là tu sens les regards changer et franchement, c’est une douce revanche… RC : Bien qu’il y ait eu une belle évolution cers dernières années, il reste encore des personnes qui pensent que le rugby est une « histoire d’hommes ». Il faut juste bien savoir ce qu’on veut et s’imposer dans ces moments là… CLD : Je ne pense pas qu’il soit difficile en tant que femme d’entraîner au rugby, à partir du moment où vous avez du coffre et un certain savoir sur le rugby, tout est beaucoup plus simple. CR : Non, je pense que c’est ce qu’il se passe sur le terrain qui amène de la légitimité ; homme ou femme, peu importe. A : Bien sur, pourquoi une femme n’aurait-elle pas sa place ? Je pense qu’une femme apporte des atouts différents d’un homme, mais qui sont tout aussi intéressants. Connais-tu des femmes dirigeante de club, soigneuse, encadrante, ou autre ? MB : Oui. JC : J’en connais beaucoup qui sont toutes hyper dévouées, patientes, gentilles et tellement disponibles que certains en abusent parfois…Des parents surtout, jamais contents, qui ne se rendent pas compte que si chaque parent faisait comme eux, ce bénévolat occuperait toutes leurs journées ! Ce qui n’est pas très loin du compte certaine fois… RC : Oui, il ya un certain nombre de femmes dans le club. CLD : Oui, j’en connais quelques unes, des femmes soigneuses ou kiné/osthéo (Anna Boixadera, Laura Parramon, Marjorie Leroy), des présidentes qui gèrent des clubs de garçons (Christine Carreno au club de Pollestres) et aussi des entraîneurs femme qui encadrent des équipes de garçons (Aline Sagols, Nathalie Amiel…) CR : Il y en a dans tous les clubs depuis des années, mais on semble le découvrir maintenant… A : Oui, la gérante de mon EDR est une femme, ainsi que l’entraîneur de mon équipe. Une petite fille de 8 ans te demande des conseils pour commencer à jouer au rugby ; que lui dis-tu ? MB : Je lui dis super, que si elle écoute bien ses éducateurs, elle sera plus forte que les garçons, que parfois on peut se faire mal, mais que ce n’est pas bien grave et que c’est comme lorsque l’on se cogne… Et je la fais me plaquer. JC : Qu’elle y aille et qu’elle voit si le sport lui plaît. Qu’elle essaie de venir avec une copine, car les garçons ne font pas toujours de cadeaux. Mais je l’encouragerais bien sur, car c’est un sport magnifique. Julie Chazarenc donnant les dernières consignes et encourageant les enfants du RCP 15
  • 36. 36 LES FEMMES De l’ombre2/2 RC : Qu’elle est la bienvenue et je lui dirai la même chose qu’aux garçons : ne pas avoir peur, se donner à fond et s’amuser. CLD : Je lui dis que le « rugby c’est l’école de la vie », qu’il faut prendre plaisir à jouer sur un terrain. CR : De foncer et de ne pas avoir peur de se salir ! A : Je lui dis de tout faire à fond, de ne pas avoir peur. Bien souvent à cet âge là, les filles apprennent plus vite que les garçons ! Selon toi, les enfants font-ils une différence entre un entraineur homme et un entraineur femme ? MB : Non, ils ne font pas de différences. Ils ont bien des maitres et des maitresses à l’école. Ca ne change rien pour eux. Tant que vous leur apprenez des choses, qu’ils jouent et qu’ils marquent des essais, la vie est belle pour eux. JC : Oui, bien sûr et c’est normal. Mais c’est aussi bien quand un staff d’entraîneur est mixte. Nous devenons complémentaires, nous ne voyons pas les mêmes choses et nous n’avons pas le même ressenti. Il faudrait demander à mes co-coachs comme ils se sentent d’entraîner avec une femme ϑ RC : Ca peut leur arriver, surtout quand on leur donne l’habitude de ne dire bonjour qu’au coach homme. CLD : Oui, je crois qu’au début ils font la différence, puisqu’ils sont souvent habitués à ce que ce soit un homme qui les entraîne. Ils sont un peu surpris qu’une fille puisse jouer au rugby ; après ils ne font plus de différence du moment où on arrive à faire en sorte qu’ils prennent du plaisir à jouer au rugby et à s’amuser sur le terrain. CR : Pas du tout et quelque soit l’âge. A : Je pense que cela dépend des catégories. Plus les enfants augmentent en âge et en niveau, plus ils y prêtent attention. S’ils font une différence, vers quel âge intervient-elle et pourquoi selon toi ? Que faire pour y remédier ? MB : Quand leur libido les titille… Ce qu’il faut, c’est entrainer avec un éducateur masculin pour montrer les gestes sur lui, leur expliquer qu’il n’y a pas de différence. Et il faut leur mettre un bon plaquage pour leur montrer qu’ils ne sont pas supérieurs ϑ JC : Pour moi, ils y font surtout attention quand ils sont plus grands. Pour y remédier, il faut plus de femmes entraîneurs à qui l’on laisse les manettes d’équipes plus âgées si elles se sentent de le faire. JC : Quand tu as un éducateur homme et femme dans une même catégorie, il faut apprendre aux enfants à respecter l’un ET l’autre, pas l’un OU l’autre. Et leur faire comprendre qu’un homme = une femme ! CLD : C’est surtout entre 8 et 10 ans que cela intervient. CR : Pas du tout, quelque soit l’âge. A : Il faut pouvoir se faire respecter que ce soit dans la tenue du groupe ou des séances proposées. Un homme t’a-t-il déjà dit que tu n’avais pas ta place dans les vestiaires ? MB : Non, mais c’est peut être aussi parce que mon surnom c’est « Bouchon » et qu’il y a certaines choses que je ne tolère pas et qu’il vaut mieux ne pas me dire si on ne veut pas affronter ma colère. Mais en général, j’évite ces personnes, car s’ils sont capables de dire des choses pareilles, c’est qu’ils n’y connaissent rien au rugby. JC : Oh oui, malheureusement. Il a d’abord dit que le rugby féminin ne l’intéressait pas. Ensuite je me suis faite « saquée » de chez les M13, avec comme argument « politiquement correct », qu’il fallait que les joueurs voient autre chose… Mais ce que je trouve gravissime, c’est qu’il m’a expliqué que toutes façons, une femme n’avait rien à faire sur un terrain, ni en tant que joueuse, ni en tant qu’entraineur…qu’il tolérait cela sur les petites catégories, car une femme éducatrice, c’était comme une deuxième maman…mais pour des M14, il leur fallait des hommes…que le coach devait pouvoir aller dans les vestiaires…etc…Ce sont vraiment des propos très mysogynes que je trouve intolérable. Et finalement, il m’a remplacé par des juniors qui n’avaient jamais entraîné et qui au bout de 3 mois ne connaissaient pas le prénom des joueurs ! J’ai vraiment été très peinée par cette attitude. RC : Non, heureusement ça ne m’est encore jamais arrivée. CLD : Oui, un père de l’un de mes gamins quand j’étais à l’EDR. Il m’a dit que je ne devais pas entraîner son fils, car j’étais une fille. J’ai donc sorti mes diplômes afin de lui montrer que j’avais les compétences pour entraîner les jeunes et bien sur tous les autres parents m’ont soutenue. Par la suite, ça s’est bien passé et il m’a demandé d’entraîner son fils individuellement, ce que j’ai refusé, puisque le but est d’entraîner l’équipe ensemble, surtout quand on a 9 ans ! CR : Non, je n’ai pas entendu ça. Mais apparemment un parent n’a pas inscrit son fils au club quand il a appris que c’était une fille qui encadrait son fils ! C’est un état d’esprit qui n’a pas sa place dans notre club… Finalement c’est bien qu’il ne soit pas venu. A : Non cela ne m’est jamais arrivée, bien heureusement ! En tant qu’entraineur, quel est ton sentiment lorsque ton équipe gagne un tournoi ? MB : De la fierté et de la joie de les voir heureux. JC : J’exulte ! Je suis fière d’eux, tellement fière. Et un peu fière pour moi aussi d’avoir réussi à les emmener vers ces victoires. RC : Je suis très fière de mes joueurs. J’ai le sentiment du devoir accompli.
  • 37. 37 LES FEMMES De l’ombre2/2 CLD : C’est une satisfaction lorsque l’équipe gagne un tournoi ; Je crois que tous les éducateurs/ entraîneurs ont cette réaction. Après, pour moi, le plus important est que les enfants prennent du plaisir sur le terrain et s’amusent. CR : Ce n’est pas le résultat qui compte, mais la manière avec laquelle les enfants ont gagné. Mais je suis fière de leurs résultats. A : On est heureux de voir les joueurs contents. Ils sont entre copains et réussir ensemble à faire un résultat c’est magique. Tout parait tellement plus grand quand on est jeune. Pour des enfants, gagner un tournoi équivaut à remporter le Brennus ou la coupe du monde ; arrives-tu à retomber en enfance et à partager leur sentiment ou es-tu définitivement passé dans le monde adulte ? MB : Parfois c’est la coupe du monde et parfois c’est le championnat de France ; c’est un peu pour cela que j’aime les entraîner, partager des joies simples, rirent à leurs blagues de Toto, les faire rigoler… Par moment, j’ai leur âge. JC : Complètement. Entraîner, c’est le retour en enfance assuré. Quand tu entraînes, tu te prends complètement au jeu. Quand ça fonctionne, c’est magique. Tu vis des moments inoubliables à chaque fois et ils sont tellement contents dans ces moments là que c’est très émouvant. RC : Je me sens très, très contente et pour les gros tournois, je me sens aussi euphorique qu’eux, même si je ne le montre pas de la même manière. CLD : Je partage le sentiment et la joie des enfants lorsqu’ils gagnent un tournoi. Ils sont très contents de pouvoir soulever une coupe et c’est un plaisir de les voir heureux. Ils ont le droit eux aussi d’avoir leur petit moment de gloire. CR : Je suis contente, mais je suis surtout intéressée par la manière. Maintenant je peux aussi retomber en enfance. Les grands clubs raflent tout, ce n’est pas toujours la victoire qui compte et c’est ce qu’on tente de leur transmettre. Maintenant, je partage aussi le plaisir de la victoire et je suis fière d’eux. A : Je pense malheureusement être dans le monde des adultes, ce qui ne m’empêche pas de comprendre leur bonheur. Lorsque tu te déplaces en tournoi ou en plateaux avec les enfants, comment réagissent les équipes adverses en voyant une femme entrainer ? MB : Ca dépend qui, la plupart des clubs n’y attachent pas d’importance, les autres sont surpris surtout quand j’encourage ou donne des consignes à mes joueurs, mais ça passe très vite. JC : Les coaches adverses me prennent souvent pour une maman, mais finalement ils comprennent assez vite que j’entraîne, car je fais du bruit au bord du terrain pour donner des consignes. D’ailleurs je trouve que les entraîneurs femmes devraient avoir le droit d’avoir un porte voix pour se faire entendre, car la mienne est toujours couverte par la grosse voix des hommes ϑ D’ailleurs je m’arrange toujours pour être du côté où il y a le moins de monde pour que mes joueurs m’entendent. RC : Je n’ai jamais été confrontée à des réactions déplacées. CLD : Disons que certains enfants savent qui je suis, du fait de jouer en équipe de France. Ils viennent me parler, prendre des photos ou demander des autographes. C’est assez marrant et en même temps un simple autographe ou une photo peut les rendre heureux.
  • 38. 38 LES FEMMES De l’ombre2/2 CR : Le regard des gens reste positif. Quand j’entends les gens dire que les enfants jouent ou plaquent bien, qu’ils sont collectifs, c’est ce qui compte, pas le fait que je sois une fille. A : Je ne vois pas de différence. Il y a quand même pas mal de femmes qui encadrent. S’il t’arrive d’arbitrer, le public des parents est-il moins « tendre » avec toi que s’il s’agit d’un homme ? MB : Arbitrer n’est pas une question de sexe, mais la fonction fait que certains auront toujours quelque chose à redire. Mais c’est comme tout, si on maîtrise et si on fait preuve d’autorité, il n’y a pas de problème. JC : Sur ce point, je ne trouve pas. Et puis si certains se permettent des réflexions, je me fais un plaisir de les remettre en place ; gentiment, mais fermement. Lorsque j’arbitre, je regarde avant tout et surtout la sécurité des joueurs, et je laisse place au jeu. S’il y a de petites fautes de mains notamment, j’essaie de laisser jouer au maximum l’équipe qui a l’avantage. Après tu ne peux pas toujours tout voir et donc forcément tu prends des réflexions, mais c’est le cas que tu sois un homme ou une femme. RC : Comme j’entraîne des M8, je discute plus avec les parents, que je ne le ferai avec des M14. C’est normal, les enfants sont encore petits. Au niveau arbitrage, ils ne sont pas moins tendres… CLD : En effet, il m’arrive d’arbitrer, mais ils ne sont pas plus tendres avec moi qu’ils le sont avec un homme… CR : Non, c’est la connaissance de la règle, l’arbitrage qui fait la légitimité…et évitent les commentaires ! A : J’évite de faire de l’arbitrage ϑ Que souhaites-tu ajouter ? MB : Qu’il y a trop de questions ! Faire partie du RCPXV et d’un comité important m’a peut-être facilité les choses. Il faut être passionnée et avoir du caractère pour entraîner. Etre à l’écoute, analyser l’évolution des joueurs et des joueuses, croire en eux, leur proposer des exercices intéressants et ludiques, les valoriser, les questionner, leur faire prendre conscience qu’être à disposition du collectif et le servir, est la chose la plus importante, ainsi que leur apprendre le respect ; tout cela doit être une priorité pour un éducateur. JC : Qu’être une femme dans le rugby n’est pas toujours chose aisée. Parfois on a l’impression que certains hommes ont peur qu’on leur prenne leur place et ils sont très hostiles. Mais globalement à part certains très misogynes, je trouve que les femmes sont de plus en plus acceptées au sein des structures de club et j’espère que cela va encore progresser car nous avons beaucoup de choses à apporter. RC : Que le rugby est plus qu’un sport. C’est une façon de vivre merveilleuse. Il faut que les filles continuent de se « battre » pour prouver qu’elles font aussi bien que les garçons. CLD : Je souhaite dire qu’entraîner des enfants est vraiment magique et j’encourage tous les éducateurs et éducatrices à continuer. Je les félicite tous pour le travail qu’ils produisent avec les enfants. Et surtout, il faut faire les formations proposées pour entraîner les enfants en toute sécurité. # Spéciale dédicace au petit Tom né sous une belle étoile ovale… Sabine @obaasan66 - bajadita.com Photo : Anthony Georgis/ Twitter
  • 39. 39 Club formateur ? Castres Rugby Féminin Club actuel ? Montpellier A quel poste as-tu évolué ? 8 A quel âge as-tu commencé à jouer au rugby ? 12 ans Pourquoi avoir choisi ce sport ? Pour ses valeurs, pour la dimension physique et le combat. Qu’est ce qui te plait dans le rugby ? Pareil. Donne nous ta définition d’une bonne 3ème ligne centre ? Puissante, agile, et bonne vision du jeu. As-tu déjà ouvert la « boîte à baffes » en match ? Boite à baffes ? Je ne connais pas… Qu’est ce que tu voulais faire quand tu étais petite ? Travailler dans l’humanitaire. Quel est ton joueur préféré ? Sergio Parisse. Quelle est ta joueuse préférée ? Sandrine Agricole. Quel est ton équipe préférée dans le jeu pour les femmes et les hommes (équipe nationale ou internationale) ? Les blacks à 7 ou à 15 sont impression- nantes. Et pour les hommes j’aime beaucoup le jeu des Crusaders. Le rugby à VII te tente t’il ? J’adore le regarder mais je n’ai pas les qualités requises pour le pratiquer. Tu es d’origine sénégalaise ; qui inviterais-tu à un diner sénégalais ? Tous les gens qui aiment les plats africains et la convivialité qui va avec. rugby proust Safi N’Diaye Nom : N’Diaye / Prénom : Safi / Surnom : Saf / Age : 26 ans
  • 40. 40 Pourquoi as-tu choisi un métier d’éducatrice spécialisée ? Car c’est avec ce public que je me sens épanouie et utile. Les enfants sont-ils tes premiers supporters ? Oui après ma maman 3ème à Paris pour la coupe du monde et des stades à guichets fermés mi- août, ça t’inspire quoi ? Une aventure extraordinaire et un bon en avant pour le rugby féminin. Le grand Chelem l’année dernière et 2ème cette année au tournoi des 6 Nations ; es tu déçue ? Je suis une compétitrice et bien sur, nous avions à cœur de conserver le titre mais au final le bilan est positif nous travaillons pour la prochaine coupe du monde. Tu as dit : « La France et l’Angleterre, on est pas vraiment amies» ; est-ce de l’humour, et / ou les inviterais-tu à diner chez toi ? Bien sur que c’est de l’humour, après le match ma porte reste grande ouverte. Battre les anglaises à Twickenam, l’un des « temples » du rugby, ça te fait quoi ? C’est toujours génial de battre les anglaises surtout qu’elles sont championnes du monde et à Twickenham c’est encore plus fort. Que te vois-tu faire dans 30 ans ? Gâter mes enfants et mes petits enfants. Les retransmissions TV du TOP 8 féminin sont-elles une bonne chose ? Oui, pour le top 8 les medias sont très importants, les clubs ont besoin de visibilité, de jouer dans des grands stades, d’attirer le maximum de public. Penses-tu que cet engouement et cette médiatisation pour le rugby féminin vont et peuvent durer ? Nous avons vu que les gens nous suivent toujours, les stades pendant le tournoi 2015 étaient pleins et les médias sont présents. Doit-on parler de « rugby féminin », de « rugby au féminin » ou de « rugby tout court » en ce qui concerne les filles, alors que les règles sont les mêmes pour les filles et les garçons ? De rugby féminin. Que penses-tu du professionnalisme dans le rugby féminin ? Je suis pour un statut de semi professionnel pour que les joueuses puissent avoir un double projet, nous savons toute qu’une carrière de rugbywomen est courte et que notre rémunération ne nous permet pas d’investir dans l’immobilier ou le commerce. rugby proust Safi N’Diaye
  • 41. 41 Quel est selon toi, le meilleur système : celui des anglaises qui sont passées pro, ou le français, semi-pro qui assure un avenir professionnel en dehors du rugby aux filles ? Je pense qu’un modèle semi pro pour les joueuses est le plus intéressant. Avant une grosse compétition comme les JO ou une coupe du monde les filles pourraient ne faire que cela, afin de bien se préparer et de pouvoir récupérer. Une petite fille de 8 ans qui veut commencer à jouer au rugby, que lui dis-tu ? Fonce ! Éclates toi ! Pourquoi le Top 8 féminin a-t-il autant de mal à s’implanter en France ? Car il est exigeant et a besoin de sponsors et de clubs structurés pour les infrastructures, l’encadrement, le recrutement etc… Serais-tu prête à passer dans des Ecoles de Rugby pour rencontrer des jeunes joueurs et joueuses pour promouvoir la discipline ? Oui, depuis la coupe du monde j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de jeunes. Tu es plutôt sac de sport ou sac à main ? Sac à main. Y a-t-il un objet dont tu ne te sépares jamais ? Oui mon portable. Y a-t-il quelque chose qui te fasse stresser et si oui comment l’arrêtes-tu ? Les bouchons quand je suis en retard, j’écoute la musique à fond. Le monde du rugby (joueurs, entraineurs, dirigeants, diffuseurs …) est-il machiste, voire sexiste ? Ce n’est pas le monde du rugby qui est machiste, ce sont des individualités à l’image de notre société. Le maillot de l’EDF, tu le préfères bleu ou blanc ? Bleu ou blanc je l’adore même si le blanc va bien au teint des blacks. Y a-t’il un French Flair chez les filles ? Oui bien sur. Tu es plutôt talons plats ou talons hauts ? Les 2, ça dépend pour quelles occasions. Avec qui aimerais-tu passer 24 heures ? Avec ma meilleure pote qui est loin. Avec qui aimerais-tu faire 1 selfie ? J’aurais adoré faire un selfie avec Nelson Mandela. rugby proust Safi N’Diaye