1. Cercle de Coopération des ONG de Pour un monde solidaire
développement du Luxembourg et responsable
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Luxembourg, le 25 mars 2013
Lettre ouverte à M Jean-Claude Juncker, premier-ministre,
M Luc Frieden, ministre des Finances
M Laurent Mosar, président de la Chambre des Députés
Le Cercle de Coopération asbl appelle
le Gouvernement et la Chambre des députés
à interdire les fonds spéculatifs sur les matières agricoles domiciliés au Luxembourg !
Et ceci, afin que le Gouvernement demeure cohérent dans sa volonté infaillible de lutter
efficacement contre la pauvreté et la faim.
Monsieur le premier-ministre,
Monsieur le ministre des Finances,
Monsieur le président de la Chambre des députés,
Les associations membres du Cercle de Coopération des ONG de développement au Luxembourg,
réunis en leur Assemblée Générale ordinaire le 19 mars 2013, appellent le Gouvernement et la
Chambre des députés à
Interdire les fonds spéculatifs sur les matières agricoles
domiciliés au Luxembourg.
Le 17 septembre 2012, le Cercle des ONG et trois de ses membres (Caritas Luxembourg, ASTM et SOS
Faim) adressaient une lettre ouverte au Ministre des Finances lui demandant de préciser les mesures
qu’il pourrait prendre (sur les plans national et européen) en vue de limiter la spéculation financière
sur les matières premières agricoles qui aggrave la pauvreté et la faim dans le monde.
Deux semaines plus tard, le Cercle des ONG publiait la première édition du « baromètre sur la
cohérence des politiques luxembourgeoises pour le développement » (www.fairpolitics.lu). Sept
exemples d’incohérence y étaient mentionnés, dont celui relatif à la spéculation financière sur les
matières premières agricoles.
Peu auparavant, le 11 septembre 2012, Monsieur le Député Henri Kox adressait une question
parlementaire (n° 2289) au Ministre des Finances afin de savoir si des Fonds d’Investissement dans les
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2. matières premières agricoles étaient émis au Luxembourg. Si tel était le cas, quels seraient-ils, quel
volume représenteraient-ils et par qui ils seraient émis. Enfin, Monsieur Kox demandait, si le
Gouvernement partageait l’idée d’une plus grande régulation de tels fonds.
Dans sa réponse écrite du 20 novembre 2012, Monsieur le Ministre a précisé que de tels fonds, émis
par différents groupes d’origine étrangère, ne représentaient – au 31 août 2012 -, que 0,04% du
patrimoine global des fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg. Soit environ 900 millions
d’EUR d’actifs nets. S’agissant de la nécessité d’une plus grande régulation, Monsieur le Ministre
estimait que la régulation actuelle – tant nationale que communautaire – était déjà particulièrement
développée.
Il semble acquis que de tels fonds domiciliés au Luxembourg sont marginaux, tant par leur nombre que
par le total de leurs actifs, même si d’autres compartiments de fonds et de sous-fonds devraient
augmenter quelque peu les montants avancés par le Ministre. Il est également communément accepté
que ces fonds d’investissement favorisent la spéculation sur les matières premières agricoles et
qu’elles contribuent ainsi à une plus grande volatilité des marchés. Cette spéculation a des
conséquences désastreuses pour les petits producteurs agricoles en particulier et pour les populations
vulnérables en général.
Si ces fonds d’investissements sont marginaux en les comparant au total des actifs des fonds
d’investissement luxembourgeois, ils représentent tout de même trois fois l’APD 2011 du Luxembourg.
De tels fonds spéculatifs sur les matières agricoles pourraient être totalement interdits sans causer
préjudice à la Place financière.
Notre Premier Ministre a rappelé dans la préface du livre de Jean Feyder, « La faim tue » (pp. 10 et
11) : « (…) Nous avons accepté que les jongleurs des marchés financiers avec leurs opérations de
spéculations perverses fassent exploser aujourd’hui les prix alimentaires, mus par leur seule cupidité, et
que, demain, ils fassent chuter ceux des produits alimentaires des pays en développement sans les
moindres scrupules. (…) Accepter cela comme ‘dommages collatéraux’ est le contraire d’une économie
de marché fondée sur des principes éthiques. Cela, il ne faut pas seulement le rejeter, ceci est tout
simplement criminel. »
Nous sommes bien sûr à votre disposition pour toute information supplémentaire. N'hésitez pas de
nous contacter.
En vous remerciant pour votre attention, veuillez agréer, chers Messieurs, l'expression de notre haute
considération.
Christine Dahm
Secrétaire générale
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