1. From Gutenberg to Zuckerberg
Synthèse de la présentation de Jean-Louis Constanza lors de la rencontre du 9 juillet 2013
Les technologies recodent notre « OS », notre façon de penser et d’agir en société avant que l’on y
consente. Lorsque l’on s‘en aperçoit viennent le jugement de valeur, la peur et le rejet.
A l’époque de l’invention de l’alphabet (-1500 av J.C.), le monde est statique et religieux centré sur le
conteur d’histoires. Ainsi, avant 1450 la mémoire est fondamentale puisqu’il faut lire a haute voix
pour apprendre la bible par cœur. L’expression « j’entends bien » qui signifie « je comprends bien »
renvoie à cette pratique.
L’invention de Gutenberg, entrepreneur par excellence, rend le monde séquentiel, causal et
analytique et l’auteur en devient la figure centrale.
En 1565, les associés de Gutenberg sont rejetés à la Sorbonne (peur de perdre la mémoire) car
l’invention est vue comme un manuscrit pas cher, plus lisible qui permettra d’imprimer de
nombreuses bibles et est susceptible de freiner la production de manuscrits. Luther a réalisé grâce à
l’imprimerie 7 millions de copies de ses écrits et pamphlets entre 1516 et 1546 (à l’échelle de ceux
qui savent lire aujourd’hui il s’agirait de 350 millions de personnes).
Aussi, « nous ne pouvons pas voir au travers des révolutions qui recodent notre monde ». Et, les
visionnaires n’échappent pas à cette règle. Ainsi Gutenberg en concevant une presse pour répandre
« la lumière et la religion » n’avait pas vu venir la place que les auteurs allaient prendre dans la
société. Il n’avait pas non plus prévu qu’imprimer permettrait de faire des choses en séries (2 bibles
similaires). Et donc, fabriquer des choses impensables dans le système précédent et qui allaient
entrainer une réorganisation de la société que nous appelons maintenant la société industrielle.
En 2008, Steve Jobs, typographe tout comme Gutenberg a eu la même folie et le même
perfectionnisme. Aujourd’hui le savoir faire social n’est plus la mémoire et nous avons créé dans
notre cerveau des fonctions d’indexation qui permettent d’accéder à des livres. Nous évoluons vers
un mode simultané, en temps réel et non causal. La figure centrale est dorénavant celle du codeur et
le mode de diffusion le net cast. Nous sommes en train de commencer à transférer notre analyse au
réseau. La vidéo devient obligatoire et la faute d’orthographe n’est pas grave.
A l’époque de l’invention de l’imprimerie le rêve était de « soigner mes enfants » aujourd’hui c’est
davantage de « sélectionner leur santé » et demain ce sera de « ne plus mourir ».
Depuis Jules Vernes, nous rêvions de parler a distance. Ensuite Motorola a sorti le téléphone mobile,
utilisé à 80 % à la maison ou au bureau. Son caractère distinctif est le temps réel : le contraire de la
frustration. Ce n’est pas un téléphone mobile c’est un « device » temps réel.
Actuellement sur Internet cohabitent deux médias qui nous « codent » très différemment : la vidéo
et le texte. Dans ce contexte trois futurs possibles apparaissent : la vidéo devient le méga code, le
texte se renouvelle ou un 3e média émerge.
Pour conclure sur la révolution que nous sommes en train de vivre, Jean-Louis Constanza nous invite
à apprendre le développement logiciel aux enfants, protéger les subversifs car ils ont peut être une
partie de la réponse et continuer à débattre sur les évolutions pour mieux les observer.