Après avoir voté en 1975 pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Espace Economique Européen et après avoir doublé de PIB par habitant en 43 ans, les Britanniques ont ouvert le bal, aujourd’hui, en se prononçant pour la sortie de l’Union Européenne. Quels impacts économiques aurait le Brexit sur les marchés financiers, la Grande Bretagne, l’Europe et la Tunisie ?
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Quels impacts économiques aurait le Brexit sur les marchés financiers, la Grande Bretagne, l’Europe et la Tunisie ?
1. Après avoir voté en 1975 pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Espace Economique
Européen et après avoir doublé de PIB par habitant en 43 ans, les Britanniques ont ouvert le bal,
aujourd’hui, en se prononçant pour la sortie de l’Union Européenne. Quels impacts économiques
aurait le Brexit sur les marchés financiers, la Grande Bretagne, l’Europe et la Tunisie ?
Le Brexit aurait un effet négatif tous azimuts. Il entraînerait une volatilité supplémentaire
des marchés financiers et une longue période d’incertitude, vu l’unicité de l’évènement dans
l’histoire. En outre, les négociations sur le retrait du Royaume-Uni de l'UE devraient se dérouler sur
2016-2018, suivi des négociations commerciales avec l'UE en 2019-2023. Ceci serait susceptible de
contribuer à une incertitude accrue. Les investisseurs, emportés par le sentiment filght to safety,
vont retirer leurs fonds des places boursières à la recherche des valeurs refuges, tel que l’or, les
obligations (américaine, allemande, suisse) ou encore certaines devises (USD, CHF), provoquant un
crash boursier. La livre sterling s’effondrerait face aux principales devises suite à une fuite massive
des capitaux. L’euro pour sa part encaisserait le choc et essuierait une perte minime face au dollar.
Le prix du baril subirait le même sort sous les menaces d’une récession économique et d’un marché
excédentaire.
De plus, l’augmentation de la valeur du dollar combinée avec le ralentissement économique aux
Etats-Unis pousserait la Fed à revoir sa politique monétaire pour 2016 et une nouvelle augmentation
des taux d’intérêts par la Fed ne serait plus à jour. Plusieurs banques centrales (BCE, BOJ, BOE)
pourraient intervenir, en injectant des liquidités, pour rassurer les investisseurs et limiter la volatilité
des marchés. La BCE renforcerait son plan de stimulation monétaire pour soutenir le marché de la
dette européenne et le programme d’achats d’actifs serait prolongé.
En dehors du marché unique, les exportateurs Britanniques (vers l’UE) seraient confrontés à des
coûts supplémentaires, pour se conformer aux règles de l’UE. En effet, les exportations de la GB vers
l’UE représentent 63% des exportations totales. Le secteur le plus touché, suite au Brexit, serait le
secteur industriel qui emploie 20% de la population active. Ceci impliquerait, dans le pire scénario,
une baisse du PIB de la GB de 9%, une augmentation du taux de chômage de 2% et une
augmentation d’inflation de 3%.
Par ailleurs, le Brexit aurait un effet néfaste mais limité sur le reste des pays européens, étant
donné que la majorité des échanges commerciaux de ces derniers vers la GB sont excédentaires et
que 10% des exportations de l’UE se font vers la GB. La chute de la livre sterling envers l’euro serait
donc un handicap important pour les exportations européennes.
Le TND, quant à lui, reprendrait le souffle face à l’euro qui connaitrait des fluctuations ce qui
impacterait les échanges commerciaux entre la Tunisie et l’UE. La baisse de la livre sterling ,touchée
de plein fouet, rendrait les importations tunisiennes vers la GB moins compétitives et risqueraient de
baisser, bien qu’elles ont permis en 2014 de couvrir les importations de la GB et même d’engranger
un excédent commercial de 647 MDT. L’affaiblissement de l’économie britannique va donc
certainement peser sur les IDE en Tunisie, vu qu’en 2014 la GB arrive en tête avec 18% des IDE et
surtout que le marché tunisien ne serait pas prioritaire pour les britanniques. Le Brexit retarderait
également le retour en Tunisie des touristes Britanniques, touchés dans leur pouvoir d’achat, même
dans le cas d’une levée de l’interdiction de voyage.
2. Le «nouveau marché» de la Grande-Bretagne serait un marché autonome beaucoup moins
réglementé et moins restrictif que celui de l’UE ce qui serait une formidable opportunité notamment
pour les produits agricoles tunisiens qui pourraient déjouer le protectionnisme européen. Grâce au
Brexit, il y aurait une augmentation du recours aux sociétés d’IT en offshore dans le but de réduire
les dépenses. La Tunisie avec son plan stratégique « Tunisie digitale 2018 » pourrait être une
plateforme séduisante.
Les répercussions du Brexit, dont la magnitude serait équivalente à la crise européenne de
2012, seraient ressenties à travers le monde. Ainsi, il est fort probable qu'un accord commercial
favorable serait atteint après le Brexit entre l’UE et la GB comme il y aurait des avantages pour les
deux parties dans la poursuite d'un arrangement commercial de proximité. De même, le Brexit
impacterait la Tunisie notamment sur le court terme. En revanche, ça pourrait être une nouvelle
opportunité à saisir sur le long terme.