1. Ch. Chassé
Le culte breton de Sainte-Anne et la vénération des Vierges
noires
In: Annales de Bretagne. Tome 52, numéro 1, 1945. pp. 60-67.
Citer ce document / Cite this document :
Chassé Ch. Le culte breton de Sainte-Anne et la vénération des Vierges noires. In: Annales de Bretagne. Tome 52, numéro 1,
1945. pp. 60-67.
doi : 10.3406/abpo.1945.1833
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1945_num_52_1_1833
2. Charles CHASSE
LE CULTE BRETON DE SAINTE-ANNE
ET LA
VÉNÉRATION DES VIERGES NOIRES
M. Emile Saillens, agrégé de l'Université et ancien boursier de
voyage autour du monde a publié à Paris aux Editions Univers
elles, Boulevard Saint-Germain (175 fr.) un livre bourré d'idées
sur Nos Vierges noires, leurs origines, et on peut dire que ce
problème, si passionnant de l'origine des Vierges noires n'a jamais
encore été traité avec autant de précision, l'auteur s'étant docu
menté de visu (ou par longues correspondances quand le voyage
lui était impossible) sur les statues dont il a dressé un minutieux
répertoire à travers toute la France. Sur l'intérêt que ce livre
offre en particulier à des lecteurs bretons, j'ai fait, en juillet 1945,
une communication à la Société Archéologique du Finistère et
j'espère que ce compte rendu paraîtra dans le bulletin, pour 1944,
de ladite Société, quand les circonstances permettront l'impres
sion fascicule jusqu'à présent retardé par le manque de
d'un
papier. Comme je ne voudrais pas ici répéter des propos que
certains risqueraient de retrouver ailleurs avec lassitude, je vais
m'efforcer de m'en tenir dans ces pages à un point particulier sur
lequel le livre de Saillens me paraît conduire à d'intéressantes
réflexions. Il s'agit du culte de sainte Anne en Bretagne et du
rapport existant entre ce culte et celui des Vierges noires.
Pour cela, je suis pourtant bien obligé de rappeler brièvement
quel est le thème essentiel de Nos Vierges noires. Saillens tend
à y prouver que le culte des Vierges noires est une survivance
de croyances très anciennes ayant pour objet des déesses-mères
gauloises que nos ancêtres représentaient avec ou sans un enfant
3. LE CULTE BRETON DÉ SAINTE-ANNE 61
sur le bras : déesses-mères qui, suivant les- diverses régions et
les diverses époques avaient de grandes ressemblances avec
Gybèle et Isis. Quand une de ces statues anciennes était décou
verte, après l'instauration du christianisme, soit dans un champ,
soit dans les soubassements d'une chapelle, on ne manquait pas
d'ordinaire de saluer en l'œuvre d'art une représentation de la
mère de Jésus.
Ces Vierges noires,, très nombreuses en Auvergne, sont assez
rares en Bretagne pour plusieurs raisons ; mais ce qui est spécial
à la Bretagne, c'est que certaines de ces statues noires y sont
devenues non pas comme ailleurs des statues de la Vierge, mais
bien de la grand'mère du Christ, c'est-à-dire de sainte Anne.
De quand date le culte de sainte Anne en Bretagne? Il semble
que, sous sa forme chrétienne, il y ait été relativement récent,
le prénom d'Anne n'existant guère dans notre province avant
le xve siècle et le prénom de la duchesse Anne lui ayant été,
dit-on, transmis par Anne de Beaujeu. L'abbé Lallemand, Breton
et historien de sainte Anne d'Auray, estime que le culte de sainte
Anne doit remonter en Bretagne au vie siècle. D'après une tradi
tion que rapporte l'abbé Abgrall (Monuments du culte de sainte
Anne au diocèse de Quimper, Vannes, 1902), sainte Anne de la
Palud aurait remplacé au ve siècle une « Mater Casta ». « Cepen
dant, au vie siècle, dit Saillens, l'Occident ignorait encore com
ment s'appelait la mère de la Vierge. Ni les Ecritures, ni les Pères
des trois premiers siècles ne nomment sainte Anne. En 550,
Justinien élève une église à sainte Anne à Constantinople, mais
au vie siècle, dit Moreri, on n'affirmait pas encore, même en
Orient, que la mère de la Vierge s'appelait sainte Anne. Elle n'est
pleinement identifiée qu'au vme siècle. En France, son culte ne
progresse que lentement. C'est seulement en 1382 qu'elle figurera
au calendrier, et sa fête ne fut fixée qu'en 1584; jusqu'au xvie
siècle, même en Bretagne, aucune paroisse ne lui avait été dédiée».
Mais avant la sainte Anne chrétienne, n'aurait-il pas existé
une déesse celtique dont le nom aurait ressemblé à celui d'Anne
et dont le souvenir aurait été ensuite confusément identifié à
l'aïeule du Christ? Que sainte Anne de la Palud ait remplacé au
4. 62 ET LA VÉNÉRATION DES VIERGES NOIRES
ve siècle une « Mater Casta », « il n'y a, dit Saillens, rien d'imposs
iblecela pourvu qu'il s'agisse de la déesse celtique reprenant
à
ses droits sur les Celtes en se christianisant ».
« II existait chez les Celtes, dit Saillens, (appendice B), une
grande déesse nommée Dana ou Danu. Selon Mac Culloch (The
Religion of the ancient Celts, Edinburgh 1911), elle donna son
nom à tout le groupe de divinités celtiques et elle est appelée
leur mère. Elle était parente de la déesse Ana ou Anou, que
Cormac qualifie de Mater deorum hibernensium. Cormac associe
d'ailleurs le nom Anou et le mot Ana (abondance). Deux collines
du Kerry sont appelées the Paps of Anon, « les Tétons d' Anon ».
Impossible de ne pas songer ici à la déesse nourricière des Romains
Anna Perenna qui, elle-même, était l'Anna Pourna du brahman
isme. Si le celtique ana signifie abondance, le sanscrit anna
signifie nourriture. L'Ana ou Dana celtique (dé signifie de la
déesse) est donc une sœur de toutes ces déesses-mères portant
un nom analogue à notre « marna » ; un des noms de Cybèle était
Nanna et, chez les Germains, la belle Nanna était la femme du
dieu Balder. »
Ajoutons aux réflexions de Saillens que, dans les Noms de
lieux, introduction à un ouvrage sur les Saints et l'organisation
chrétienne de VArmorique bretonne, Largillière déclare, à propos
de Tréanna (chapelle et nom de famille) : « II ne s'agit pas de
sainte Anne, mère de la Vierge, dont le culte s'est répandu à la
fin du moyen âge et qui n'a pas de Lok; il s'agit certainement
d'un personnage celtique ».
C'est au xvne siècle que le culte de sainte Anne a repris en
Bretagne une grande extension à la suite de l'apparition de
sainte Anne à Nicolazic en 1623 dans le lieu qui fut, depuis,
nommé Sainte-Anne d'Auray. Je dis : repris, car, si le culte de
sainte Anne a fleuri alors avec une intensité que favorisèrent les
prédications du Père Le Nobletz et du Père Maunoir, c'est que
le nom de sainte Anne réveillait dans les esprits, le souvenir de
manifestations religieuses encore assez récentes en l'honneur de
cette sainte, sans parler des résonnances autrement lointaines
que le nom familier d'Anne suscitait dans les esprits celtes. « D'où
5. LE CULTE BRETON DE SAINTE-ANNE 63
vient la dévotion des Bretons pour la mère de Marie? Il nous est
impossible, disent les abbés Buléon (J.) et Le Garrec (E.) dans
leur Sainte-Anne d'Auray (1924, Vannes. Lafolye, 8°, 3 volumes),
de répondre à cette question ».
En 1622, donc avant l'apparition à Nicolazic, une statue noire
de femme tenant un enfant sur ses genoux avait été découverte
dans la paroisse fmistérienne de Commana, -tandis qu'on creusait
les fondations de l'église et il avait été tout de suite décidé que ce
devait être une image de sainte Anne. « La tradition de Commana,
signale Saillens, insiste sur ce fait que la statuette fut trouvée
dans un coffret de pierre ». Commana signifierait « auge d'Anna ».
Mais le village avait porté ce nom avant la découverte du coffret.
Nous n'examinerons pas ce point d'étymologie. Contentons-nous
de noter que ce coffret (cf. Pradelles, Manosque, etc.) semble
annoncer une statuette funéraire (1).
« Entre les dévotions de Bretagne — constatait le père Hugues
en 1634 (Histoire de la célèbre et miraculeuse dévotion de sainte
Anne de Bretagne, Paris) — celle de la glorieuse sainte Anne,
ayeule de Jésus-Christ, me semble des plus anciennes. Et à la
vérité, cela est remarquable qu'en toutes les paroisses il y aye
des marques d'un autel ou chapelle dédiées en son honneur ».
Or cette popularité ne pourrait être due à l'amour des Bretons
pour leur bonne duchesse car celle-ci mourut en 1514 et, quelque
temps déjà avant le temps où écrivait le père Hugues, « les autels
de sainte Anne étaient détruits, les chapelles ruinées, les images
sans vénération ». « En un siècle à peine, le culte de sainte Anne —
dit Saillens — n'avait pas eu le temps de conquérir la province
et de disparaître ».
Un fait bien curieux dont peuvent témoigner tous les Bretons
est l'étrange tradition si enracinée chez les paysans de Bretagne
et d'après laquelle sainte Anne, née en Armorique, y aurait habité
avant d'aller vivre et mourir en Palestine. Ne faut-il pas discerner
dans cette légende un moyen de concilier une obscure vénération
pour une divinité ancienne avec les enseignements reçus à l'église?
(1) Saillens, Nos Vierges noires (p. 182).
6. 64 ET LA VÉNÉRATION DES VIERGES NOIRES
Une autre anecdote très troublante au même point de vue est
celle que je cueille dans l'ouvrage en trois volumes que j'ai déjà
eu l'occasion de citer et où deux prêtres, Buléon et Le Garrec,
ont relaté en détail l'histoire de leur village de Sainte-Anne d'Au-
ray. Des marins ayant échappé à la mort au cours d'une tempête
avaient fait vœu d'aller remettre une offrande sur l'autel de
sainte Anne. Le prêtçe les voyant arriver pieds-nus, les félicite
de leur piété et se réjouit de ce qu'ils surviennent juste à temps
pour le commencement de la messe. Mais le capitaine et ses
hommes répondent, tout surpris, qu'ils n'ont pas promis d'en
tendre la messe mais seulement de présenter une offrande. Pour
eux, donc, il ne paraissait exister aucun lien entre le christi
anismeet leur respect pré-chrétien pour l'être divin auquel ils
ils exprimaient leur reconnaissance.
Dans ce livre de Buléon et Le Garrec, notoirement écrit dans
un but d'édification, j'ai d'ailleurs rencontré plusieurs autres
notations qui ont, à mes yeux, d'autant plus de valeur que n'étant
pas enregistrées comme les observations de Saillens avec l'inten
tion démontrer la continuité d'un même sentiment religieux
de
à travers les âges, elles aboutissent cependant à confirmer les
théories énoncées par l'auteur du livre sur Nos Vierges noires.
De même que Commana s'appelait Commana avant que la
statue n'y fut exhumée, le village morbihannais qui allait prendre
le nom de Sainte-Anne d'Auray se nommait « Ker-anna », avant
l'invention de la statue. C'est que, nous disent Buléon et Le Garr
ec, la conviction générale des habitants était qu'une chapelle
consacrée à sainte Anne se dressait bien longtemps auparavent
sur le champ où l'image miraculeuse allait être découverte.
Dans son Itinéraire de Bretagne, en 1636, Dubuisson-Aubenay
raconte qu'il a séjourné à deux reprises au village de Keranna
et « qu'on y est persuadé qu'autrefois il y avait eu là une église
de Sainte Anne et un chasteau dont on trouve encore en terre
les fondements qui sont de briques ». Nicolazic, lui, dit avoir
trouvé à Bocenno sur l'emplacement futur de la basilique de belles
tuiles de plusieurs couleurs « luisantes et fraîches à voir », Ces
tuiles paraissent avoir appartenu à des mosaïques de villas romai-
7. LE CULTE BRETON DE SAINTE-ANNE 65
nés. Car, lorsqu'en 1869, on pratiqua des fouilles avant de cons
truire une nouvelle église, Lallemand signale (Annuaire du Morb
ihan, 1870) que les ouvriers y découvrirent des bronzes gallo-
romains. En tous les lieux bretons dits Bocenno, il est remarquab
le ait ainsi trouvé des traces de civilisation romaine et
qu'on
Buléon et Le Garrec rappellent à ce propos que, presque dans
tous ces Bocennos, les statuettes exhumées représentent la nais
sance de Vénus et la Déesse-mère. (Voir A. de la Borderie, Hist
oire de la Bretagne (I. 183-184). « Nulle part — poursuivent ces
deux auteurs — dans aucun pays, on n'a signalé une telle abon
dance de statuettes, en l'honneur de ces divinités, comme si,
dans le domaine prédestiné à la Vierge Marie et à sainte Anne,
le démon avait voulu esquisser à l'avance une contrefaçon de
leur culte ». Ajoutons que, près de l'ancien temple de Keranna,
comme, d'ordinaire, auprès des lieux voués à un culte, il existait
une source et c'est à côté de cette source qu'eut lieu l'apparition
de sainte Anne à Nicolazic.
Suivant la déposition de Nicolazic, sainte Anne, quand elle
a surgi devant lui, lui a déclaré : « Dans cette pièce de terre que
vous avez appelée le Bocenno, il y a eu une chapelle dédiée en
mon nom. Il y a 924 ans et 6 mois qu'elle a été renversée ». A s'en
tenir aux assertions de sainte Anne, ce serait donc en l'an 700 que
le temple aurait disparu. Quel aurait pu être ce temple encore
debout au vme siècle et y vénérait-on une forme chrétienne de
la Déesse-mère, à la fois Anna celtique et déjà sainte Anne?
Voilà qui n'est pas sans troubler l'esprit, d'autant que beaucoup
de chapelles bretonnes dédiées à sainte Anne sont, à ce que nous
disent Buléon et Le Garrec, bâties sur des ruines romaines et
nos deux auteurs, traitant de ce sujet, nous renvoient à un article
publié en 1912 par Marcille dans la Revue Morbihannaise sur
les Goh-iliz (goh-iliz ou goh-liz, ancienne église ou ancienne
ville?)
Dans son livre sur les Grandeurs de sainte Anne, le P. Hugues
écrit (p. 178) : « J'ay entendu moy-même de damoiselle Marie
de Rohello, pour lors âgée de soixante ans, qu'estant fort petite,
une ancienne gouvernante de la maison du Quennon la condui-
8. 66 J ET LA VÉNÉRATION DES VIERGES- NOIRES
sant avec une autre sœur en cet endroit du Bocenno ; elle lui
disait qu'il y avait eu autrefois là une chapelle de Sainte-Anne,
suivant la commune tradition et qu'elle luy faisait prier Dieu;
chose à mon avis très remarquable ». C'est à l'emplacement de
cette chapelle que, à en croire Nicolazic, ses bœufs s'effarou
chaient, chaque fois que sa charrue passait sur le lieu sacré.
D'après le témoignage de Nicolazic, sainte Anne lui a révélé que
l'ancienne chapelle existait avant qu'il y eût un village sur ce
point. Rien, dans cette révélation, ne contredit la vraisemblance
et Keranna, probablement, tout comme Commana a dû proba
blement son nom à la présence d'un temple voué à une ancienne
divinité, peut-être l'Ana celtique. Sur ce fait, les deux abbés
apportent, un peu malgré eux, un argument nouveau quand ils
disent : « Si le village n'avait été créé qu'après le onzième siècle,
on l'eût appelé, non pas Ker-Anna mais plutôt Ker-Santez Anna
ou simplement Santez-Anna. C'est en effet au xve siècle que
l'on commence à instaurer d'une façon juridique les procès de
canonisation et à réserver au mot Saint une signification spé
ciale. A l'origine, ce qualificatif n'était pas accolé au nom du
personnage pour désigner les noms de lieux. On disait « Plo-Ermel,
Castel-Pol ».
« De la chapelle primitive — affirment Buléon et Le Garrec —
il ne reste d'intact que la statue de sainte Anne enfouie sous les
décombres ». Quelle était exactement l'apparence de cette statue?
Il nous est difficile de le préciser. Car, suivant Dubuisson dans
son Itinéraire : « tous ceux qui ont vu cette image auxquels j'ai
parlé disent qu'elle estoit fort mutilée et gastée et toutefois
reconnaissable. Elle avait trois pieds de haut et elle estoit de
bois très dur ». Il n'est pas stipulé, comme pour la statue de
Commana, qu'elle fût de couleur noire; mais le fait qu'elle était
de bois semble la rapprocher des autres Vierges noires. C'était,
dit en 1691 le Père de la Compagnie de Jésus qui publia à Vannes
la Gloire de sainte Anne d'Auray « une pièce de bois si défigurée
par la pourriture qu'ils (les excavateurs) ne purent juger sur
l'heure ce que c'était et, ainsi, l'ayant appuyée contre le prochain
fossé, ils l'y laissèrent cette nuit... Sitôt qu'il fit jour, retournant
la voir avec d'autres, ils n'y aperçurent que quelques ombres de
9. LE CULTE BRETON DE SAINTE-ANNE 67
couleurs et quelques traits grossiers pour marque de ce qu'elle
avait été assez formé toutefois pour juger que c'était une an
cienne statue de sainte Anne. A raison de quoi, les pères capucins
la firent, quelque temps après, retailler et peindre. Mais cela ne
fut fait que grossièrement ; le père Hugues de Saint-François,
premier prieur des Carmes en ce lieu, la fit tailler derechef, si
bien que, de trois pieds de hauteur à l'origine, elle se trouva
réduite à deux ».
« Même si la statue n'avait pas été anéantie en 1790, nous ne
saurions donc nullement — dit Saillens — quel pouvait être
l'aspect de la « pièce de bois » exhumée en 1625. Pourquoi fallait-
il que ce fût une sainte Anne? Pour trois raisons puissantes mais
dont aucune n'était fournie par l'image elle-même puisqu'il
fallut la retailler deux fois avant qu'elle répondit à sa destina
tion. Une de ces raisons était que le village de Nicolazic semblait
voué à sainte Anne. Une autre fut la rivalité régionale : Nicolazic
eut sa première vision un an après la découverte de la statue de
Gommana. Pour la raison enfin que le nom de sainte Anne éveil
lait chez les Bretons des souvenirs bien plus anciens et, par consé
quent, plus puissants que celui de Marie ». Dans les récits concer
nant Nicolazic, on ne peut manquer d'ailleurs d'être frappé par
cette circonstance que le clergé séculier accueillit d'abord avec assez
de mauvaise humeur la découverte de la statue et ne se résigna
à honorer la relique que sous l'impulsion de la population laïque
laquelle avait subconsciemment reconnu en la statuette exhumée
l'image d'une divinité depuis longtemps vénérée dans le pays.
J'avoue ne pas être assez profondément documenté sur
l'histoire du culte de sainte Anne en Bretagne pour pouvoir
présentement pousser plus loin cette étude, mais la confrontation
entre les recherches de Saillens et celles effectuées par Buléon et
Le Garrec me semblent en elles-mêmes assez suggestives pour que
des érudits de notre province mènent plus avant ces investiga
tions d'en tirer des déductions plus précises. Je n'ai voulu
afin
indiquer qu'une piste prometteuse et qui, sans doute, aboutira
à d'assez curieux résultats.
Charles Chassé.