The Knowledge ecology: Epistemic Credit and the Technologically Extended Mind
Le Web et son architecture : Pour une critique philosophique de la notion d’usage
1. Le Web et son architecture : Pour
une critique philosophique de la
notion d’usage
Alexandre Monnin
Paris (PHICO, EXeCO)/IRI/CNAM (Dicen)
Ateliers – Dépôt Légal du Web
N°5 : Logiques d’usage et redocumentarisation.
2. Quelques prémisses
(G.Harman v.s B.Latour)
• Usage : forme d’intentionalité.
• L’usage est réducteur : ne retient de l’objet
dont il est fait usage qu’une partie de ses
caractéristiques (ex. du feu qui brûle le coton).
• L’usage (en tant que forme de l’intentionalité)
n’est pas réservé aux seuls humains (concerne
également les non-humains ou les objets au
sens de Harman).
3. 1) Des usages préexistants réduisent
leurs objets à du familier
Usage documentaire :
• le Web comme bibliothèque,
• le Web de documents (papier, qui plus est, un
Web de pages).
… vraiment ?
6. Pas de pages Web, pas de sites non plus… (en dépit
de Sitemap de Google).
• C’est justement parce que cette notion de site fait
défaut (le nom de domaine est quelque chose de
différent), que l’on est obligé d’inventer des
dispositifs techniques et des proto-standards
pour lui donner corps, pour accréditer l’ancrage
documentaire du Web. On ne peut le mettre en
évidence, il faut le produire.
8. Les représentations elles-mêmes sont
composées d’autres représentations
correspondant à des ressources identifiées par
des URIs, qu’elles contiennent.
• Il conviendrait donc de compléter l’approche
topologique par une approche méréologique
= méréotopologie.
9. Les Ressources informationnelles et ce
qu’elles identifient :
les espaces du Web (Nicolas Delaforge)
• Composés de plusieurs couches :
P : Pages accessible via la protocole HTTP
S : Web services accessible via HTTP
D : Donnée disponibles via HTTP
10. Espaces du Web (ND)
* exclusive
Intersection Kind of Resources
P* Web 1.0
S* Web services for composition
D* Open Databases (RDF ou autres, sitemaps, LDAP…)
SP Web 2.0, RIA, collaborative sites, e-commerce, e-banking…
DS Connectors, Data convertors, SPARQL End points, OKKAM…
DP RDFa annotated pages (ex : OGP), Microformats, Microdata
DPS Pages « conneg ready », DBPedia
11. 2) Ecologie et architecture.
Ex.: l’architecture du Web et Google
Google déconseille l’usage de la négociation de
contenu (fonctionnalité du protocole HTTP).
13. La ressource collige ses représentations. Ce qui la
distingue du document. Elle est un contenu pourvu
d’une pluralité indéfinie, illimitée, d’inscriptions, qui
demeure néanmoins stable.
Ce qui demande un effort. L’intelligibilité se paie au
prix de la normativité : il faut qu’1 ressource
identifie 1 URI. La pérennité de la ressource est la
version Web de la stabilité du document.
14. Entre en conflit avec le Pagerank (répartit l’audience sur
plusieurs « pages »/URLs).
La négociation de contenu ne disparaît pas, Google donne
des incitations pour ne pas l’employer et y substitue des
mécanisme ad hoc (suppose un coût dans les deux cas).
En associant une “URL” par “page”, alors que ce sont des
ressources, dôtées de représentations, Google opère une
simplification du Web. D’un autre côté, s’il met à jour son
index, c’est non seulement pour découvrir de nouvelles
“pages” mais aussi pour mettre à jour des contenus déjà
indexés, changeants (les représentations de ressources qui,
elles, ne changent pas). Ce qu’il reconnaît donc d’une côté, il
se garde bien de le faire de l’autre.
15. Parenthèse : URLs et URIs
Adresses ou identifiants ?
Un débat majeur du point
de vue des normes.
Tout le monde traite encore les URIs
(identifiants de ressources, déréférençables)
comme des URLs (adresses de documents).
L’architecture du Web est suffisamment souple
pour le permettre. Alors que cela fait près de
15 ans que l’on parle d’URIs et que les URLs
n’auront été qu’une parenthèse.
17. Pourtant, elle semble bien décrire une
Faux ! Faux !
procédure pour atteindre un fichier !
Faux !
Faux !
Faux !
Faux !
18. Lorsqu’on ne respecte pas ces contraintes, le
système est suffisamment souple pour que cela
n’ait pas toujours d’impact. Néanmoins, il se
produit parfois des catastrophes…
19. Exemple du site de
France Culture
• Changement de 2008
charte graphique :
OK
• Modification de
l’organisation des
répertoires sur le
serveur :
OK
• Changement d’URL
(URI) :
KO
2011
(plaintes,
lettres d’insultes,
etc.).
20. • Axiome d’opacité :
http://www.w3.org/DesignIssues/Axioms.html
• URL rewriting :
module des serveur Apache permettant de
réécrire des URLs (URIs)
Journée d'étude PraTIC : Spatialités et
Temporalités du Web.
21. 3) Les standards
Les standards eux même font un usage
réducteur les uns des autres.
Ex. : RDF et les URIs.
22. RDF et les URIs
RDF (standard hors architecture) traite les URIs
comme de simple noms propres logiques.
Or une URI est également déférençable !
Pat Hayes propose une nouvelle logique (Blogic
= Web logic) qui prendrait pleinement en
compte cet aspect et, par conséquent, le
contexte technique du Web.
23. De la même manière qu’il laisse de côté des
caractéristiques essentielles des URIs, RDF
n’appréhende la ressource qu’à la manière d’un
objet logique (ou le nœud d’un graphe).
Ascèse logique qui pour être valide au plan de
l’inférence logique, élimine en partie la composante
ontologique (le contenu de la ressource, la
description proprement ontologique, contentuelle,
que l’on peut en donner).
24. RDF manipule des objets logiques (par défaut,
des individus, appartenant à des classes, elles-
mêmes sous-classe d’autres classes).
Or une telle vision extensionnaliste, bien que
confiné à l’appareillage logique de la
modélisation, peut directement entrer en conflit
avec les objets traités : les espèce naturelles par
exemple.
25. Conclusion : Comment étudier le Web
en tant qu’objet technique, sans le
réduire à ses usages* ?
Comment dégager une authentique discours de
la technique ? (une techno-logie)
Philosophie du Web : s’inspire de l’ingénierie
philosophique (T.Berners-Lee).
27. Quelques Pistes…
Penser la modélisation sous son versant créateur : les standards ;
permet d’éviter l’écueil de la modélisation ontologique qui est de présupposer les
objets modélisés (des individus déjà donnés, dont il faut seulement découvrir les
propriétés (Cf. (Bachimont 1996) : L’ontologie primitive est souvent présupposée
sans être réellement posée ; son défaut jamais analysé) ;
cf. (Bachimont 1996) et (Bénel et Calabretto 2004) : la modélisation et la
standardisation ressortissent en effet à des régime de connaissances différents, les
ingénieurs construisant leurs objets – ce qui pose d’ailleurs problème lorsqu’un tel
processus sert de paradigme à la modélisation de domaines préexistants mais
demande, à l’inverse, que l’on cerne la spécificité de l’activité de standardisation
(lorsque celle-ci pose son objet et que le standard, par conséquent, dénote son
domaine - précisément en ceci qu’il a contribué très largement sa création. C’est
qui est largement le cas du point de vue de l’architecture du Web) ;
cela nous amène à prendre pour objet d’étude l’activité de standardisation du W3C
touchant à l’architecture du Web (ne vaut pas pour tous les standards !) : c’est
l’ingénierie philosophique. Elle invente de la nécessité en dégageant un domaine
porteur de règles et de contraintes qu’il est possible de rapporter à la notion
d’« expérience possible » - autant qu’elle en découvre petit à petit les arcanes. Ce
qui permet de répondre aux objections très forte de Bruno Latour contre Vico ;
ceci nous amène enfin à reprendre à nouveaux frais la question husserlienne du
synthétique a priori, du rapport entre ontologies matérielles, domaines, systèmes
techniques, axiomatiques matérielles (J.Vuillemin), etc.
28. Rendez-vous pour parler de tout ceci et de bien
d’autres choses encore
à Chambéry, le 16 mai prochain, pour l’atelier
« Philosophie et Ingénierie »,
en marge de la conférence IC 2011.
http://ic2011.liris.cnrs.fr/
http://web-and-philosophy.org/atelier-philosophie-
et-ingenierie-ic-2011/