Face à la situation inédite que nous traversons avec le Covid-19, de nouveaux comportements et attentes émergent.
Pour mieux appréhender cette situation et voir se dessiner le monde d’après, notre planning stratégique publie chaque semaine un cahier d'insights.
2. SEMAINE 9
Neuvième semaine, depuis la mise en place du confinement.
Les personnages d’Edward Hopper sont de sortie, enfin pas vraiment…
Avec le déconfinement, on pensait encore il y a quelques semaines que ce serait la
première semaine de la liberté… en fait c’est la neuvième semaine de semi-liberté.
C’est l’heure du premier bilan du confinement et des interrogations sur le retour à la vie
qu’on souhaiterait la plus normale possible… à l’école, au bureau, dans les transports, aux
terrasses, sur les plages ou dans les parcs,…
Mais peut-elle vraiment l’être dans ces conditions ?
Partout dans le monde le savant et le politique incarnent les deux visages d’une autorité
contestée parce qu’elle limite nos libertés. Est-ce à Edouard Philippe ou au Professeur
Raoult de nous dire si nous avons le droit de partir en vacances cet été ou de fêter la fin du
confinement ?
4. 4 542 910
Le nombre de cas de
Covid 19 dans le monde
(Statista 15 mail)
307 696
Morts dans le monde
(Statista 14 mai)
15/197
Pays n’ont fait état d’aucun
cas (Turkmenistan, Corée
du Nord, Lesotho et une
douzaine d’îles du
Pacifique)
1 443 188
Cas répertoriés aux
États-Unis
-4,8%
Chute du PIB Américain
estimé au 1er trimestre
77%
Des français craignent
contracter le Covid
(selon BVA)
21%
Des français vivent mal le
déconfinement
(selon BVA)
179 630
Cas répertoriés en France
27 532
Décès en France
au 15 mai
87 559
Morts aux États-Unis
90%
Des entreprises
n’anticipent qu’à 15 mois
le retour à leur pleine
capacités (Xerfi)
-27%
Chute du l’activité en
France en Avril (Banque
de France).
1 588 858
Personnes guéries
dans le monde
(Statista 15 avril)
65%
Des américains critiquent
la gestion de la crise par
leur président
72%
Des français considèrent
un reconfinement
plausible
18 MDS €
Annoncés pour soutenir le
tourisme, la restauration
et la culture.
10 000
Emplois menacés chez
Airbus
1/4
Des fumeurs français ont
augmenté leur
consommation.
13 000
Détenus en moins dans
les prisons françaises
LA SEMAINE
EN 19
CHIFFRES
7. LA CRAINTE DE L’EXPLOSION SOCIALE
Parce qu’elle creuse les inégalités,
parce qu’elle donne des perspectives
bien sombres à des populations
fragilisées, parce qu’elle révèle la
faiblesse des politiques en place,
parce qu’elle a laissé le champ libre
aux réseaux sociaux et aux thèses
plus ou moins complotistes… la crise
fait craindre une explosion sociale et
une expression violente des
revendications. En France bien sûr
mais aussi en Europe et en Amérique
du Nord, et sans doute aussi ailleurs
dans le monde.
8. LES TENSIONS MONTENT AUX ÉTATS-UNIS
Les États-Unis sont de loin le pays le
plus touché par la pandémie. Ce triste
bilan rapproche dangereusement
Donald Trump des 100 000 morts
qu’il s’était fixés et au delà desquels il
considérait qu’il aurait échoué… et
cette perspective ne fait que tendre
encore plus les relations avec les
alliés historiques et les rivaux. Le
président s’en prend aussi aux
journalistes surtout si elles sont
d’origine chinoise et à son
prédécesseur dont l’ombre plane sur
la prochaine échéance électorale.
Avec un taux de chômage qui est
passé de moins de 4% à plus 15% en
quelques semaines, la relance de la
machine économique et les
relocalisations sont plus que jamais
urgentes.
9. Le retour à la normale n’est pas si
simple en Chine et certaines zones
restent sous contrôle pour éviter que
le propagation ne reprenne. Mais on
sent surtout que rien ne doit venir se
mettre en travers des objectifs à long
terme de la Chine. Les conquêtes
technologiques et diplomatiques
doivent à tout prix reprendre, et
qu’importe si le ciel des villes
chinoises s’assombrit à nouveau ou si
Hong-Kong cherche à desserrer
l’étau.
LA CHINE NE PERD PAS DE VUE SES OBJECTIFS
10. Même si la quasi-totalité des pays
africains a désormais enregistré des
morts du Covid, force est de
constater que la pandémie n’y fait pas
les ravages annoncés.
Certes les statistiques et les
diagnostics n’y sont pas toujours
fiables, mais la raison principale est
sans doute à chercher dans la
démographie du continent lui-même.
Les plus de 65 ans ne représentent
que 3% de la population totale en
Afrique contre 21% dans un pays
comme la France.
L’AFRIQUE SAUVÉE PAR SA DÉMOGRAPHIE ?
11. RELANCE EUROPÉENNE
L’Allemagne est elle aussi entrée
officiellement dans une récession
historique. Mais ce qu’il faut retenir
c’est que la décision de la cour
constitutionnelle allemande n’a
visiblement ébranlé ni Angela Merkel
ni Christine Lagarde. La BCE continue
de soutenir les marchés financiers et
l’Union Européenne envisage d’aider
directement des entreprises
stratégiques, sous conditions. Face à
la violence de la crise, les patrons
européens sont évidemment
favorables à un plan de relance sans
précédent. Les traités européens
suivront et la question de la dette sera
remise à plus tard.
13. C’EST PAS LA FÊTE !
Entre ceux qui sont confinés
confortablement dans une maison
avec jardin, ceux qui ne travaillent
plus et se consacrent à leur famille,
leur jardin ou au bricolage, ceux qui
travaillent tout le temps et n’ont plus
le temps de mettre le nez dehors
entre deux visio, et ceux qui n’osent
plus quitter leur domicile par peur
d’être contaminés,… c’est une
évidence qui nous avait peut être
échappée : on ne sort pas si
facilement de deux mois confinés !
14. DÉCONFINEMENT EN SEMI LIBERTÉ
C’est pas la fête, et ceux qui la font
sont vite rappelés à l’ordre. Le Canal
Saint-Martin n’a jamais autant fait
parlé de lui et de son atmosphère.
Expression joyeuse du déconfinement
pour les uns, inconscience complète
pour les autres… on sent bien que le
retour à la normale n’est pas là, sauf
peut-être pour l’envie de reprendre sa
voiture dès que possible.
15. C’EST LA RENTRÉE ?
1,4 million d’enfants ont repris l’école
cette semaine et 150 000 collégiens
de zone verte devraient leur emboiter
le pas la semaine prochaine. Il y a de
l’impatience de part et d’autre. Les
maires s’inquiètent de leur
responsabilité, les parents ont peur
pour leurs enfants, le ministre craint
un décrochage scolaire généralisé
notamment pour des enfants confinés
sans aucune aide ou incitation à
travailler.
16. OÙ SONT PASSÉES LES VACANCES ?
Les français s’impatientaient, ils
respirent enfin !
Oui, ils pourront partir en vacances
cet été. En France bien sûr. Pour des
raisons de patriotisme économique et
aussi pour des raisons liées au
rétablissement très progressif de la
liberté de circulation. Mais il reste
encore pas mal d’incertitudes : les
vacances pour beaucoup c’est la
famille, ce sont les grands parents qui
accueillent enfants et petits-enfants.
Cette année, on ne sait pas si ce sera
possible… Une deuxième vague, et
adieu les vacances chez Mamie à
Palavas-les-flots !
17. LE POISON DE LA DÉFIANCE
La pandémie aura accentué la
défiance dans notre pays. Avec
toutes les craintes qui s’accumulent
cette défiance n’est certainement pas
un élément moteur pour le rebond
nécessaire dans les semaines et mois
qui viennent. Sur l’écart qui existe
entre la Grande-Bretagne et la France
en la matière, Theodore Zeldin a une
explication : Emmanuel Macron est un
philosophe qui argumente, cherche à
avoir raison et incarne la fierté des
élites, Boris Johnson est un comédien
qui, bien que sorti d’Oxford, a le ton
juste pour paraitre simple et
accessible même si son discours est
complètement flou.
18. LES TECHNOLOGIES POUR LE MEILLEUR OU
POUR LE PIRE ?
Intelligences artificielles, drones,
caméras thermiques, traçage des
déplacements,… les technologies
sont une ressources inépuisable pour
surveiller, contrôler, mesurer,
anticiper,… leurs avancées rassurent
les uns, elles inquiètent les autres.
Prochain sujet pour le bac de philo en
contrôle continu : faut-il opposer
liberté et sécurité ?
20. TOUT PEUT S’ARRÊTER EN UN INSTANT
Comme toute expérience de mort, la
crise du Covid nous apprend que tout
peut s’arrêter d’un instant à l’autre.
Ceux qui ont perdu des proches
pendant cette période l’auront
ressentie de façon cruelle.
Mais c’est aussi vrai de notre
économie-monde qui occupe des
milliards d’individus qui produisent et
consomment. Avec la moitié du
monde confiné, des pans entiers de
l’économie ont été stoppés nets en
quelques heures ou quelques jours…
Ce qui paraissait solide s’est révélé
fragile au delà de tout ce que nous
pouvions imaginé.
21. ET TOUT NE REDÉMARRE PAS SI FACILEMENT
L’INSEE il y a quelques semaines
parlait de deux scénarios : courbe en
V (simple trou d’air) ou courbe en L
(gros coup de frein avec des
dommages importants sur l’économie
avec redémarrage plus lent).
Le scénario du trou d’air passager
semble aujourd’hui moins probable. A
la fois parce qu’on ne remet pas en
marche l’économie-monde en
rallumant l’interrupteur. Mais aussi
parce que les dommages sur le tissu
économique ne seront pas réparés en
quelques semaines. Enfin et peut être
surtout parce que le Covid a révélé
les fragilités d’un modèle en crise.
22. ON PEUT DÉSORMAIS TOUT FAIRE SANS
BOUGER DE CHEZ SOI…
Le confinement aura été une
expérience collective, mais surtout
une expérience individuelle qui nous
aura montré qu’avec une connexion
internet on n’avait plus besoin de
sortir de notre terrier. Pourvu que
quelques uns continuent de s’activer
à l’extérieur pour qu’arrivent chez
nous tout ce dont nous avons besoin.
23. …MAIS IL NOUS MANQUE PEUT-ÊTRE
L’ESSENTIEL
Tout le monde n’a pas la « chance »
d’être connecté, mais ceux qui le sont
ont compris aussi qu’il manquait
quelque chose malgré tout.
Difficile de dire quoi quand tous les
besoins peuvent être satisfaits…
mais l’ambiance d’une terrasse, le
parfum d’un sous-bois, le regard
échangé sans écran interposé, le
contact physique, le nez au vent, une
main posée,… chacun de nous est
capable de citer quelques sensations
que la technologie ne peut reproduire
et qui nous rendent vraiment vivants.
24. LE CHAMP DES POSSIBLES S’EST OUVERT
Deux mois pour constater qu’on
pouvait vivre autrement, deux mois
pour penser le monde d’après, deux
mois pour imaginer comment nous
souhaitons vivre demain, deux mois
pour réfléchir à ce qui nous
encombre, à ce qui nous coûte, à ce
qui nous manque, deux mois pour
savoir ce qui doit changer… cette
retraite aura été suffisamment longue
pour interroger notre rapport aux
autres, aux choses, au temps et à
l’espace. Suffisamment longue aussi
pour donner à chacun quelques
convictions sur son monde d’après.
25. MAIS L’URGENCE DE LA REPRISE RISQUE DE
REFERMER LA BOITE À IDÉES
L’aspiration à ralentir, l’envie de
consommer autrement, le besoin
d’espace,… sont confrontés à
l’urgence du redémarrage. Il faut se
remettre en route sans oublier nos
rêves. Si le retour à la normale
n’apporte pas un mieux quelque part,
c’est le sens même de cette épreuve
qui s’effondrera pour nous renvoyer à
nos frustrations.
Beaucoup d’idées ont été agitées, si
aucune ne voit le jour parce qu’il est
plus urgent de relancer la machine
c’est l’optimisme qui en fera les frais.
26. L’EXPLOSION DU TÉLÉTRAVAIL AUJOURD’HUI
Les spécialistes du bureau le savent
depuis longtemps : on peut travailler
partout. Les aéroports, les cafés, les
hôtels, les jardins,… peuvent devenir
des bureaux. Mais quand ils sont tous
fermés, c’est à la maison que le
bureau se téléporte. En 2019, déjà
29% des salariés pratiquaient le
télétravail occasionnellement ou
régulièrement quelques jours par
mois. Mais avec le Covid c’est 24%
des salariés qui ont été contraints de
s’y mettre à 100% : télétravail forcé et
dégradé. De nombreux secteurs de
l’économie ont survécu uniquement
grâce au télétravail.
27. VILLES ET BUREAUX À RÉINVENTER DEMAIN
Demain, salariés et entreprises
auront-ils envie de revenir au métro-
boulot-dodo ? Le bureau et la ville
elle-même sont face à une
interrogation existentielle : Pourquoi y
aurait-il encore des bureaux si on
peut travailler n’importe où ?
Pourquoi des entreprises loueraient
elles encore des bureaux pour tous
leurs salariés si ils peuvent travailler
en plateforme tous connectés
ensemble à travers le monde ?
Pourquoi habiter en ville si on peut
vivre et travailler loin des centres
urbains ? La réponse tient peut-être
dans un chiffre : un couple sur trois se
forme au bureau. Le lieu de travail
comme la ville sont des accélérateurs
relationnels. Alors on aura encore du
mal à s’en passer.