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C
’est un métier qui remonte aux
origines du monde, attire les
vocations par centaines, s’ins-
crit dans un secteur économique qui ne
connaît pas la crise, et dont on ne sait
rien ou presque: les cueilleurs du monde
végétal sauvage. Non pas ceux de temps
révolus ou de latitudes exotiques mais
d’aujourd’hui, en France. On ne sait pas
ce qu’ils récoltent, où, comment, pour
qui. « Il est même difficile de connaître le
nombre de professionnels de la cueillette
en France », reconnaît Michaël Arnou,
jeune président de la non moins jeune
association française des cueilleurs de
plantes sauvages, créée fin 2011. « C’est
un milieu assez secret, un peu sorcier, de
micro-niches », ajoute Lulu Torrens, qui
travaille plantes et fruits rouges sauvages
dans le Jura.
RÉSISTANCE
C’est que les plantes sauvages ne se lais-
sent pas cerner facilement: alimentaires?
médicinales? cosmétiques? à parfum?
Les ramasseurs non plus, qui choisissent
ce métier par goût de l’indépendance,
voire comme un acte de résistance aux
cadres habituels et normatifs. Les unes
et les autres sont ainsi introuvables dans
les données de FranceAgrimer, l’orga-
nisme comptable du monde agricole qui
renvoie, faute de mieux, à l’association
des cueilleurs… Les enjeux? Il faut les
trouver entre les lignes des séries sta-
tistiques: + 25% de croissance annuelle
pour les cosmétiques bio entre 2005
et 2009, un marché des compléments
alimentaires représentant un milliard
d’euros en France! Les cueilleurs? On
ne peut les évaluer qu’au doigt mouillé:
« Plusieurs dizaines ne vivent que de
cette activité, et ils sont plusieurs cen-
taines pour qui la cueillette représente
une part importante de leur travail et de
leurs revenus », estime Thierry Théve-
nin, porte-parole du syndicat Simples1
qui fédère une centaine de producteurs
Les cueilleurs se multiplient en France et professionnalisent
peu à peu une pratique jusque-là encore un peu secrète.
Mais si les motivations restent pures, n’y a-t-il pas, à terme,
de réels risques pour la biodiversité?
Texte : Sandrine Boucher
++WEB
Retrouvez un
reportage photo sur le
travail de Geneviève
Bossy et Cécile
Aubel sur notre site
www.terrevivante.org,
rubrique 4 saisons +
Profession :
cueilleur
78 | Les 4 Saisons 205
Alternatives
et trois groupements. Les centres de
formation font le plein: l’école lyonnaise
des plantes médicinales, fondée par l’her-
boriste de Lyon Patrice de Bonneval, a
ainsi multiplié par quatre le nombre de
ses élèves en cinq ans. Cathy Skipper,
une des enseignantes, remarque que si
les élèves bâillent parfois en cours de
botanique, « la cueillette “parle” à tout le
monde, comme si elle était inscrite dans
nos gènes. Et la connaissance des plantes
dans leur milieu naturel est la colonne
vertébrale du soin par les plantes ».
À défaut de vue d’ensemble du métier
de cueilleur, il faut réduire la focale, ac-
cepter l’impressionnisme. On abordera
rapidement la polémique des “hordes”
de cueilleurs sauvages, les “pas de chez
nous” qui viennent faire des “razzias”,
Espagnols, Marocains, Roms, ou tout
bêtement ceux venus d’autres départe-
ments. « On en parle beaucoup, cela ali-
mente la rubrique des faits divers, mais
globalement, ce phénomène reste assez
marginal », concèdent la plupart des ob-
servateurs de terrain.
« LES YEUX TRAVAILLENT,
LES MAINS SUIVENT »
Pour les cueilleurs professionnels, la di-
versité est la règle, tant pour la formation
(autodidactes, enseignements agricoles),
les zones de cueillette (du jardin au ter-
ritoire français), des modes de transfor-
mation (vrac, tisanes en sachet, sirops,
macérats, huiles essentielles…), de com-
mercialisation (grossistes, réseaux bio,
magasins de pays, vente sur place ou par
Internet) que des revenus de complé-
ment (écriture de livres, formations, ac-
cueil à la ferme). « Il existe beaucoup de
manières différentes de pratiquer ce mé-
tier. Tout dépend de qui on est et sur quel
territoire on travaille », observe Thierry
Thévenin. Après des études d’histoire,
il s’est lancé à la fin des années 80, iti-
nérant et équipé léger (« une faucille,
une vieille 204, trois paires de draps
et un séchoir dans le grenier ») avant
de trouver une ferme dans la Creuse et
de diversifier son activité. « La cueillette
est un travail magique, dit-il, [qui] donne
le sentiment d’appartenir à la nature,
dans un lien primitif, primordial et in-
time au monde ». « Les yeux travaillent
les mains suivent. On se sent en relation
avec la terre, la plante, dans une harmo-
nie, une paix intérieure », ajoute Marc
Joubert, qui a bossé à l’usine, puis comme
cueilleur nomade, avant de s’installer à
1200 mètres d’altitude dans le Mezenc,
en Auvergne.
Devenir cueilleur est ainsi une voie d’ac-
Une première étude sur la cueillette
Le Massif central est aujourd’hui, comme hier, LE territoire de
la cueillette des plantes sauvages. Économie du secteur, volumes
récoltés, fragilité de la ressource, un état des lieux inédit a été
présenté début 2013 par le conservatoire botanique national du
Massif central. Il a recensé 257 cueilleurs professionnels sur ce
territoire, une cinquantaine d’entreprises de transformation et de
distribution, et 3 000 à 7 000 emplois indirects pour 370 espèces
sauvages récoltées. Les principales: narcisses (200 Tonnes),
gentiane (121 T), reine des prés (12 T), et arnica (9 T). Malgré
les difficultés du recueil des informations tant auprès des filières
que des cueilleurs, l’étude a révélé que certaines espèces rares
étaient aussi cueillies, par dizaines de kilos. Le chiffre d’affaires
annuel d’un cueilleur, établi à partir d’un échantillon, est en
moyenne de 36 000€.
Les 4 Saisons 205 | 79
cès au monde agricole pour ceux qui
démarrent avec pas ou peu de terres,
d’argent ou de formation. Pour d’autres,
de plus en plus nombreux, la cueillette
est le début d’une nouvelle vie. Geneviève
Bossy, la « crise de la cinquantaine » ve-
nue, a passé un certificat d’herbaliste et
lâché 34 ans de carrière de biologiste
pour s’installer avec sa compagne sur le
plateau du Retord, dans l’Ain, où elles
proposent aussi chambres d’hôtes, miel,
médecine chinoise… « Un mètre carré de
prairie recèle un patrimoine fantastique.
Je ne suis pas riche sur mon compte en
banque, mais dans ma vie », sourit-elle
en ramassant les premières baies d’églan-
tier. « La cueillette est un moment pri-
vilégié, une chance que la nature nous
donne. C’est la beauté des sites qui nous
dirige », confie Fabrice Menc, en Haute-
Provence, commercial dans une autre vie
avant de reprendre, il y a huit ans, la fau-
cille à romarin de son grand-père pour fa-
briquer des sirops à base d’herbes, fleurs
et fruits sauvages de sa région. Quant à
Cécile Aubel, près du lac de Paladru, en
Isère, elle a orienté ses stages vers les
végétaux sauvages dans leur multiples
vertus: cuisine, bien-être, soin, cosmé-
tique, décoration, teintures végétales…
« Je cherche surtout à montrer comment
chacun peut retrouver son autonomie
avec une ressource gratuite, disponible
à portée de main ». « Il y a beaucoup plus
de nutriments dans les plantes sauvages
que cultivées. Les connaître permet de
ne jamais se retrouver seul ou pris au
dépourvu », assure enfin Guy Lalière,
cueilleur depuis vingt ans dans le Puy-de-
Dôme, qui considère la flore spontanée
comme un produit du terroir et forme
des chefs à la cuisine sauvage.
HURLUBERLUS
Si la cueillette permet de survivre, offre-
t-elle les moyens d’en vivre? « Modeste-
ment, mais sans se priver », répond Pau-
line Martin. Après avoir débuté comme
“gentianaire” sur le massif du Sancy,
armée de la fameuse fourche du Diable,
la jeune femme qui se rêvait jardinière
sillonne désormais la France en couple
pour le compte de la Sicarappam, la plus
importante coopérative de cueilleurs
C’EST UN MÉTIER QUI N’A RIEN DE
BUCOLIQUE, IL FAUT SE BOUGER SI
ON VEUT EN VIVRE. […] CERTAINES
PLANTES NOUS SONT PAYÉES
30 CENTIMES DE L’HEURE
espèces et sous-espèces cueillies
en France soit 10% de la flore
nombre de cueilleurs professionnels
dans le Massif central
en moyenne,
le CA annuel d’un cueilleur
25736000
euros 450
80 | Les 4 Saisons 205
Alternatives
professionnels de France. « Au début,
nous étions considérés comme des hur-
luberlus à espérer faire de la cueillette
notre gagne-pain. Nous avons montré que
c’était possible. Depuis vingt-cinq ans,
j’en vis exclusivement et je fais vivre ma
famille », affirme en écho Denis Chaud,
52 ans, président de cette coopérative
créée en 1987, qui se considère comme
un « paysan sans terre ». Il estime
qu’une journée de cueillette rapporte
environ 300€ pour 120 jours de récolte
par an, le reste étant consacré au séchage
et à l’activité, chronophage mais cruciale,
du repérage des sites de récolte. Et puis,
il y a toutes les activités annexes. « Nos
producteurs sont plus sereins depuis
quelques années. Ils se diversifient au-
tour de la plante alors qu’auparavant, ils
devaient se “couper en deux”, travailler
dans un tout autre secteur pour s’en sor-
tir », remarque Christophe Peret-Gentil,
fondateur de l’herboristerie suisse Ariès
en 1979, qui fait appel à une centaine
de cueilleurs français et dit assister au-
jourd’hui au « deuxième ou troisième
renouveau » de ce métier. « Mais c’est un
métier qui n’a rien de bucolique, il faut
se bouger si on veut en vivre. Rapporté
au temps de travail, certaines plantes
nous sont payées 30 centimes de l’heure.
Beaucoup déchantent et abandonnent »,
tempère Lulu Torrens.
DE PLUS EN PLUS
DE CUEILLEURS
Reste que de l’avis de tous les profession-
nels, les cueilleurs se multiplient sur le
terrain sans arriver à répondre à une de-
mande en forte croissance. « Au-delà de
20 ou 30 kg de plantes, même courantes,
nous avons du mal à nous approvision-
ner dans la qualité que nous cherchons »,
observe Christophe Peret-Gentil, qui se
fournit à 95% en France. Or ce n’est un
secret pour personne, les milieux naturels
régressent avec l’urbanisation, la création
de prairies artificielles, la suppression des
haies, l’assèchement des zones humides,
la disparition des “mauvaises herbes” des
champs et des vignes. « Il y a de plus
en plus de cueilleurs pour moins de
plantes », observe Nadine Terpend, de
la coopérative Biotope des Montagnes,
dans les Cévennes, qui a mis en culture
romarin et thym, surexploités dans sa
région. Dans les Vosges, avec l’épandage
de chaux et de fumiers pour engraisser
les prairies de pâture et de fauche, 10 ha
de landes ont été perdus pour l’arnica
sur le plateau du Markstein. Or ce site
fournit 10 des 15 tonnes de la collecte
annuelle d’arnica en France, procure du
travail à une cinquantaine de cueilleurs et
alimente six laboratoires, dont les géants
Boiron et Weleda. « On sous-estime en-
core l’activité que la cueillette génère et
son potentiel », constate Fabrice Dupont,
Et les champignons?
Nouveau code forestier qui prévoit jusqu’à 45 000€ d’amende,
arrêtés préfectoraux, contrôles de gendarmerie… la récolte de
champignons sauvages devient une activité à haut risque. En
Haute-Loire, la “Mecque du champignon” (marché de la Chaise-
Dieu, cuisine de Régis Marcon…), Laurent* tirait environ 6 000€
par an de la vente de morilles, cèpes, girolles ou trompettes aux
restaurateurs et négociants locaux. Il a décidé d’arrêter. « C’est
devenu trop stressant. Sous prétexte que quelques Roumains sont
venus ramasser en 2012, on se fait agresser par les propriétaires. La
forêt était l’un des derniers espaces de liberté où aller quand on avait
besoin d’un petit billet ou envie d’un bon repas. Au delà de l’argent,
c’était surtout un art de vivre. » Il a constaté que beaucoup de
ramasseurs, jeunes ou retraités, ont aussi raccroché couteaux
et paniers. *Prénom d’emprunt
Les 4 Saisons 205 | 81
chargé de mission du parc des Vosges,
co-initiateur d’une convention, signée en
2007, qui permet désormais de sauvegar-
der 150 ha de prairies maigres et acides
qu’aime la plante des contusions. « Cette
démarche reste ponctuelle et volontaire »,
regrette cependant Denis Graeffy, res-
ponsable process-qualité chez Weleda,
qui appelle de ses vœux une règle com-
mune à portée nationale.
MENACES À L’HORIZON
Les territoires de cueilleurs commencent
à se chevaucher, en particulier dans le
Massif central. Des plantes pourtant ba-
nales viennent à manquer. Au moins 450
espèces et sous-espèces seraient cueillies
en France, estime Jean-Paul Lescure,
« soit près de 10% de la flore française, ce
qui est énorme! », souligne cet ethnobo-
taniste, fraîchement retraité de l’Institut
de recherche pour le développement, qui
a suivi le syndicat Simples depuis 15 ans.
Les commandes augmentent et la gamme
s’élargit. « Chaque année, on nous de-
mande des plantes nouvelles », confirme
Denis Chaud, dont la coopérative repré-
sente plus de 1 M€ de CA et propose six
cents références: feuilles, fruits, bour-
geons, racines, écorces, branchages, que
se soit pour l’herboristerie, la pharmacie,
la cosmétique ou même les décorations
de Noël. L’intérêt des laboratoires s’ai-
guise pour des espèces peu connues,
susceptibles de receler des molécules
nouvelles, quand ce n’est pas pire. « Des
cueilleurs ont été approchés pour récolter
des plantes protégées », affirme Jean-Paul
Lescure. « Peu d’espèces sont directement
menacées par la cueillette, mais cette me-
nace s’ajoute aux autres. L’engouement
actuel pour les produits naturels est un
non-sens s’il se traduit par un péril sur
la ressource », observe Stéphane Perera,
chargé de mission du conservatoire bo-
tanique national du Massif central. Il y a
urgence: pour de multiples raisons (aléas
géopolitiques dans les pays du Sud, vigi-
lance des ONG, conventions sur la biodi-
versité), l’industrie se replie vers la flore
sauvage européenne. Avec, à la clé, « un
risque de pillage si rien n’est fait pour
penser la gestion de la ressource sauvage
en amont, ce qui se fait pourtant pour
la forêt. Malheureusement, la cueillette
paraît encore trop anecdotique aux yeux
des instances officielles pour les pousser à
agir », analyse Claire Julliand, doctorante
à l’Institut de Géographie et Durabilité
de l’université de Lausanne, qui prépare
une thèse sur la valorisation de la biodi-
versité sauvage en lien avec l’association
française des cueilleurs. Celle-ci vient de
lancer une réflexion associant coopéra-
tives, indépendants, gestionnaires d’es-
paces naturels, pour conduire à terme à la
création d’un statut professionnel et d’un
label qui permette aux cueilleurs de vivre
de leur métier, à la flore sauvage d’être
préservée, et au consommateur d’être
mieux informé.
1- Auteur d’un Plaidoyer pour l’herboristerie
publié en 2013 chez Actes Sud
L’ENGOUEMENT ACTUEL POUR
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Cueilleurs de plantes sauvages

  • 1. C ’est un métier qui remonte aux origines du monde, attire les vocations par centaines, s’ins- crit dans un secteur économique qui ne connaît pas la crise, et dont on ne sait rien ou presque: les cueilleurs du monde végétal sauvage. Non pas ceux de temps révolus ou de latitudes exotiques mais d’aujourd’hui, en France. On ne sait pas ce qu’ils récoltent, où, comment, pour qui. « Il est même difficile de connaître le nombre de professionnels de la cueillette en France », reconnaît Michaël Arnou, jeune président de la non moins jeune association française des cueilleurs de plantes sauvages, créée fin 2011. « C’est un milieu assez secret, un peu sorcier, de micro-niches », ajoute Lulu Torrens, qui travaille plantes et fruits rouges sauvages dans le Jura. RÉSISTANCE C’est que les plantes sauvages ne se lais- sent pas cerner facilement: alimentaires? médicinales? cosmétiques? à parfum? Les ramasseurs non plus, qui choisissent ce métier par goût de l’indépendance, voire comme un acte de résistance aux cadres habituels et normatifs. Les unes et les autres sont ainsi introuvables dans les données de FranceAgrimer, l’orga- nisme comptable du monde agricole qui renvoie, faute de mieux, à l’association des cueilleurs… Les enjeux? Il faut les trouver entre les lignes des séries sta- tistiques: + 25% de croissance annuelle pour les cosmétiques bio entre 2005 et 2009, un marché des compléments alimentaires représentant un milliard d’euros en France! Les cueilleurs? On ne peut les évaluer qu’au doigt mouillé: « Plusieurs dizaines ne vivent que de cette activité, et ils sont plusieurs cen- taines pour qui la cueillette représente une part importante de leur travail et de leurs revenus », estime Thierry Théve- nin, porte-parole du syndicat Simples1 qui fédère une centaine de producteurs Les cueilleurs se multiplient en France et professionnalisent peu à peu une pratique jusque-là encore un peu secrète. Mais si les motivations restent pures, n’y a-t-il pas, à terme, de réels risques pour la biodiversité? Texte : Sandrine Boucher ++WEB Retrouvez un reportage photo sur le travail de Geneviève Bossy et Cécile Aubel sur notre site www.terrevivante.org, rubrique 4 saisons + Profession : cueilleur 78 | Les 4 Saisons 205 Alternatives
  • 2. et trois groupements. Les centres de formation font le plein: l’école lyonnaise des plantes médicinales, fondée par l’her- boriste de Lyon Patrice de Bonneval, a ainsi multiplié par quatre le nombre de ses élèves en cinq ans. Cathy Skipper, une des enseignantes, remarque que si les élèves bâillent parfois en cours de botanique, « la cueillette “parle” à tout le monde, comme si elle était inscrite dans nos gènes. Et la connaissance des plantes dans leur milieu naturel est la colonne vertébrale du soin par les plantes ». À défaut de vue d’ensemble du métier de cueilleur, il faut réduire la focale, ac- cepter l’impressionnisme. On abordera rapidement la polémique des “hordes” de cueilleurs sauvages, les “pas de chez nous” qui viennent faire des “razzias”, Espagnols, Marocains, Roms, ou tout bêtement ceux venus d’autres départe- ments. « On en parle beaucoup, cela ali- mente la rubrique des faits divers, mais globalement, ce phénomène reste assez marginal », concèdent la plupart des ob- servateurs de terrain. « LES YEUX TRAVAILLENT, LES MAINS SUIVENT » Pour les cueilleurs professionnels, la di- versité est la règle, tant pour la formation (autodidactes, enseignements agricoles), les zones de cueillette (du jardin au ter- ritoire français), des modes de transfor- mation (vrac, tisanes en sachet, sirops, macérats, huiles essentielles…), de com- mercialisation (grossistes, réseaux bio, magasins de pays, vente sur place ou par Internet) que des revenus de complé- ment (écriture de livres, formations, ac- cueil à la ferme). « Il existe beaucoup de manières différentes de pratiquer ce mé- tier. Tout dépend de qui on est et sur quel territoire on travaille », observe Thierry Thévenin. Après des études d’histoire, il s’est lancé à la fin des années 80, iti- nérant et équipé léger (« une faucille, une vieille 204, trois paires de draps et un séchoir dans le grenier ») avant de trouver une ferme dans la Creuse et de diversifier son activité. « La cueillette est un travail magique, dit-il, [qui] donne le sentiment d’appartenir à la nature, dans un lien primitif, primordial et in- time au monde ». « Les yeux travaillent les mains suivent. On se sent en relation avec la terre, la plante, dans une harmo- nie, une paix intérieure », ajoute Marc Joubert, qui a bossé à l’usine, puis comme cueilleur nomade, avant de s’installer à 1200 mètres d’altitude dans le Mezenc, en Auvergne. Devenir cueilleur est ainsi une voie d’ac- Une première étude sur la cueillette Le Massif central est aujourd’hui, comme hier, LE territoire de la cueillette des plantes sauvages. Économie du secteur, volumes récoltés, fragilité de la ressource, un état des lieux inédit a été présenté début 2013 par le conservatoire botanique national du Massif central. Il a recensé 257 cueilleurs professionnels sur ce territoire, une cinquantaine d’entreprises de transformation et de distribution, et 3 000 à 7 000 emplois indirects pour 370 espèces sauvages récoltées. Les principales: narcisses (200 Tonnes), gentiane (121 T), reine des prés (12 T), et arnica (9 T). Malgré les difficultés du recueil des informations tant auprès des filières que des cueilleurs, l’étude a révélé que certaines espèces rares étaient aussi cueillies, par dizaines de kilos. Le chiffre d’affaires annuel d’un cueilleur, établi à partir d’un échantillon, est en moyenne de 36 000€. Les 4 Saisons 205 | 79
  • 3. cès au monde agricole pour ceux qui démarrent avec pas ou peu de terres, d’argent ou de formation. Pour d’autres, de plus en plus nombreux, la cueillette est le début d’une nouvelle vie. Geneviève Bossy, la « crise de la cinquantaine » ve- nue, a passé un certificat d’herbaliste et lâché 34 ans de carrière de biologiste pour s’installer avec sa compagne sur le plateau du Retord, dans l’Ain, où elles proposent aussi chambres d’hôtes, miel, médecine chinoise… « Un mètre carré de prairie recèle un patrimoine fantastique. Je ne suis pas riche sur mon compte en banque, mais dans ma vie », sourit-elle en ramassant les premières baies d’églan- tier. « La cueillette est un moment pri- vilégié, une chance que la nature nous donne. C’est la beauté des sites qui nous dirige », confie Fabrice Menc, en Haute- Provence, commercial dans une autre vie avant de reprendre, il y a huit ans, la fau- cille à romarin de son grand-père pour fa- briquer des sirops à base d’herbes, fleurs et fruits sauvages de sa région. Quant à Cécile Aubel, près du lac de Paladru, en Isère, elle a orienté ses stages vers les végétaux sauvages dans leur multiples vertus: cuisine, bien-être, soin, cosmé- tique, décoration, teintures végétales… « Je cherche surtout à montrer comment chacun peut retrouver son autonomie avec une ressource gratuite, disponible à portée de main ». « Il y a beaucoup plus de nutriments dans les plantes sauvages que cultivées. Les connaître permet de ne jamais se retrouver seul ou pris au dépourvu », assure enfin Guy Lalière, cueilleur depuis vingt ans dans le Puy-de- Dôme, qui considère la flore spontanée comme un produit du terroir et forme des chefs à la cuisine sauvage. HURLUBERLUS Si la cueillette permet de survivre, offre- t-elle les moyens d’en vivre? « Modeste- ment, mais sans se priver », répond Pau- line Martin. Après avoir débuté comme “gentianaire” sur le massif du Sancy, armée de la fameuse fourche du Diable, la jeune femme qui se rêvait jardinière sillonne désormais la France en couple pour le compte de la Sicarappam, la plus importante coopérative de cueilleurs C’EST UN MÉTIER QUI N’A RIEN DE BUCOLIQUE, IL FAUT SE BOUGER SI ON VEUT EN VIVRE. […] CERTAINES PLANTES NOUS SONT PAYÉES 30 CENTIMES DE L’HEURE espèces et sous-espèces cueillies en France soit 10% de la flore nombre de cueilleurs professionnels dans le Massif central en moyenne, le CA annuel d’un cueilleur 25736000 euros 450 80 | Les 4 Saisons 205 Alternatives
  • 4. professionnels de France. « Au début, nous étions considérés comme des hur- luberlus à espérer faire de la cueillette notre gagne-pain. Nous avons montré que c’était possible. Depuis vingt-cinq ans, j’en vis exclusivement et je fais vivre ma famille », affirme en écho Denis Chaud, 52 ans, président de cette coopérative créée en 1987, qui se considère comme un « paysan sans terre ». Il estime qu’une journée de cueillette rapporte environ 300€ pour 120 jours de récolte par an, le reste étant consacré au séchage et à l’activité, chronophage mais cruciale, du repérage des sites de récolte. Et puis, il y a toutes les activités annexes. « Nos producteurs sont plus sereins depuis quelques années. Ils se diversifient au- tour de la plante alors qu’auparavant, ils devaient se “couper en deux”, travailler dans un tout autre secteur pour s’en sor- tir », remarque Christophe Peret-Gentil, fondateur de l’herboristerie suisse Ariès en 1979, qui fait appel à une centaine de cueilleurs français et dit assister au- jourd’hui au « deuxième ou troisième renouveau » de ce métier. « Mais c’est un métier qui n’a rien de bucolique, il faut se bouger si on veut en vivre. Rapporté au temps de travail, certaines plantes nous sont payées 30 centimes de l’heure. Beaucoup déchantent et abandonnent », tempère Lulu Torrens. DE PLUS EN PLUS DE CUEILLEURS Reste que de l’avis de tous les profession- nels, les cueilleurs se multiplient sur le terrain sans arriver à répondre à une de- mande en forte croissance. « Au-delà de 20 ou 30 kg de plantes, même courantes, nous avons du mal à nous approvision- ner dans la qualité que nous cherchons », observe Christophe Peret-Gentil, qui se fournit à 95% en France. Or ce n’est un secret pour personne, les milieux naturels régressent avec l’urbanisation, la création de prairies artificielles, la suppression des haies, l’assèchement des zones humides, la disparition des “mauvaises herbes” des champs et des vignes. « Il y a de plus en plus de cueilleurs pour moins de plantes », observe Nadine Terpend, de la coopérative Biotope des Montagnes, dans les Cévennes, qui a mis en culture romarin et thym, surexploités dans sa région. Dans les Vosges, avec l’épandage de chaux et de fumiers pour engraisser les prairies de pâture et de fauche, 10 ha de landes ont été perdus pour l’arnica sur le plateau du Markstein. Or ce site fournit 10 des 15 tonnes de la collecte annuelle d’arnica en France, procure du travail à une cinquantaine de cueilleurs et alimente six laboratoires, dont les géants Boiron et Weleda. « On sous-estime en- core l’activité que la cueillette génère et son potentiel », constate Fabrice Dupont, Et les champignons? Nouveau code forestier qui prévoit jusqu’à 45 000€ d’amende, arrêtés préfectoraux, contrôles de gendarmerie… la récolte de champignons sauvages devient une activité à haut risque. En Haute-Loire, la “Mecque du champignon” (marché de la Chaise- Dieu, cuisine de Régis Marcon…), Laurent* tirait environ 6 000€ par an de la vente de morilles, cèpes, girolles ou trompettes aux restaurateurs et négociants locaux. Il a décidé d’arrêter. « C’est devenu trop stressant. Sous prétexte que quelques Roumains sont venus ramasser en 2012, on se fait agresser par les propriétaires. La forêt était l’un des derniers espaces de liberté où aller quand on avait besoin d’un petit billet ou envie d’un bon repas. Au delà de l’argent, c’était surtout un art de vivre. » Il a constaté que beaucoup de ramasseurs, jeunes ou retraités, ont aussi raccroché couteaux et paniers. *Prénom d’emprunt Les 4 Saisons 205 | 81
  • 5. chargé de mission du parc des Vosges, co-initiateur d’une convention, signée en 2007, qui permet désormais de sauvegar- der 150 ha de prairies maigres et acides qu’aime la plante des contusions. « Cette démarche reste ponctuelle et volontaire », regrette cependant Denis Graeffy, res- ponsable process-qualité chez Weleda, qui appelle de ses vœux une règle com- mune à portée nationale. MENACES À L’HORIZON Les territoires de cueilleurs commencent à se chevaucher, en particulier dans le Massif central. Des plantes pourtant ba- nales viennent à manquer. Au moins 450 espèces et sous-espèces seraient cueillies en France, estime Jean-Paul Lescure, « soit près de 10% de la flore française, ce qui est énorme! », souligne cet ethnobo- taniste, fraîchement retraité de l’Institut de recherche pour le développement, qui a suivi le syndicat Simples depuis 15 ans. Les commandes augmentent et la gamme s’élargit. « Chaque année, on nous de- mande des plantes nouvelles », confirme Denis Chaud, dont la coopérative repré- sente plus de 1 M€ de CA et propose six cents références: feuilles, fruits, bour- geons, racines, écorces, branchages, que se soit pour l’herboristerie, la pharmacie, la cosmétique ou même les décorations de Noël. L’intérêt des laboratoires s’ai- guise pour des espèces peu connues, susceptibles de receler des molécules nouvelles, quand ce n’est pas pire. « Des cueilleurs ont été approchés pour récolter des plantes protégées », affirme Jean-Paul Lescure. « Peu d’espèces sont directement menacées par la cueillette, mais cette me- nace s’ajoute aux autres. L’engouement actuel pour les produits naturels est un non-sens s’il se traduit par un péril sur la ressource », observe Stéphane Perera, chargé de mission du conservatoire bo- tanique national du Massif central. Il y a urgence: pour de multiples raisons (aléas géopolitiques dans les pays du Sud, vigi- lance des ONG, conventions sur la biodi- versité), l’industrie se replie vers la flore sauvage européenne. Avec, à la clé, « un risque de pillage si rien n’est fait pour penser la gestion de la ressource sauvage en amont, ce qui se fait pourtant pour la forêt. Malheureusement, la cueillette paraît encore trop anecdotique aux yeux des instances officielles pour les pousser à agir », analyse Claire Julliand, doctorante à l’Institut de Géographie et Durabilité de l’université de Lausanne, qui prépare une thèse sur la valorisation de la biodi- versité sauvage en lien avec l’association française des cueilleurs. Celle-ci vient de lancer une réflexion associant coopéra- tives, indépendants, gestionnaires d’es- paces naturels, pour conduire à terme à la création d’un statut professionnel et d’un label qui permette aux cueilleurs de vivre de leur métier, à la flore sauvage d’être préservée, et au consommateur d’être mieux informé. 1- Auteur d’un Plaidoyer pour l’herboristerie publié en 2013 chez Actes Sud L’ENGOUEMENT ACTUEL POUR LES PRODUITS NATURELS EST UN NON-SENS S’IL SE TRADUIT PAR UN PÉRIL SUR LA RESSOURCE 82 | Les 4 Saisons 205 Alternatives