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DEVENIR ET RESTER COMMUNISTE AU 21ième SIECLE
LES COMMUNISTES DOIVENT MANIER CINQ ARMES POUR TRANSFORMER
LEUR CONCEPTION DU MONDE
Ludo Martens dans « Le Parti de la Révolution »i
I. D'abord, un communiste doit s'engager dans une pratique révolutionnaire
et mener la lutte de classe contre le capitalisme et l’impérialisme.
II ne peut pas y avoir de transformation en dehors de la pratique révolutionnaire. C'est
dans la pratique que se révèlent les véritables conceptions d'un homme et c'est à travers la
pratique compte que certaines de ses idées sont erronées et qu'il peut les corriger.
Certains opportunistes dans notre parti s'étaient écartés depuis de longues
années de la pratique révolutionnaire, ne faisant ni propagande pour le parti ni
enquêtes et refusant tout effort pour organiser de nouvelles forces dans le parti.
D'autres, en revanche, étaient de très bons agitateurs, d'excellents militants. Mais ils
développaient une pratique révolutionnaire individualiste, spontanéiste et anarchiste
qui ne faisait nullement progresser le parti.
La pratique doit toujours être jugée sur son contenu politique, idéologique et
organisationnel. Des tendances spontanéistes et activistes existent depuis de
longues années dans le parti. On se contente de constater l'activité débordante de tel
ou tel camarade sans se préoccuper des positions politiques défendues et du travail
organisationnel accompli. Cette attitude libéraliste empêche les camarades con-
cernés de se rendre compte de leurs faiblesses et de se transformer en conséquence.
II. Ensuite, un communiste se transforme en étudiant la ligne du parti
et les œuvres de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Zedong.
La ligne du parti concentre la sagesse collective de ses cadres et de ses membres;
elle est basée sur notre compréhension du marxisme-léninisme et sur notre analyse
des réalités actuelles. Etudier la ligne signifie l'assimiler dans un esprit de critique et
surtout d'autocritique. La sagesse collective permet à chaque membre de corriger
certaines de ses conceptions erronées. On assimile la ligne dans le but de la mettre
en pratique et de la défendra C'est autre chose que de la lire superficiellement pour
savoir (plus ou moins) ce qu'elle contient.
Les ouvrages de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao nous donnent, sous une
forme condensée, l'expérience de centaines de millions d'hommes qui ont mené
depuis plus d'un siècle et demi des combats révolutionnaires sur les cinq continents.
Ils nous apprennent les positions révolutionnaires propres à la classe ouvrière dans
les domaines de l'économie, de la philosophie et de la politique. Ils nous permettent
d'adopter une position de classe dans les conditions les plus compliquées et de
maîtriser la méthode du matérialisme dialectique.
Or, plusieurs opportunistes qui juraient vouloir «appliquer le marxisme-léninisme»
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avaient en fait entrepris très peu d'efforts pour maîtriser les œuvres fondamentales
de la doctrine de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao. Le révisionnisme reconnaît
verbalement le marxisme-léninisme mais refuse de l'étudier comme une science et
de l'appliquer intégralement.
«Je suis débordé de travail», voilà l'argument le plus souvent avancé pour ne pas
prendre en main sa formation marxiste-léniniste. Or, dans l'ensemble des activités
d'un communiste, l'étude doit occuper une place de choix. Ne pas étudier le
marxisme-léninisme exprime une position foncièrement opportuniste, quels que
soient les prétextes invoqués. L'étude du marxisme-léninisme stimule la réflexion,
permet de résoudre des problèmes, ouvre des perspectives, renforce la motivation :
l'étude est nécessaire, justement pour mieux accomplir les nombreuses tâches que
tout communiste doit accomplir. Sans étude, l'activisme devient aveugle et
inefficace.
En outre, une étude du marxisme-léninisme sans aucun lien avec la pratique peut
produire des phraseurs mais pas des révolutionnaires. Cela signifie qu'il faut étudier
le marxisme-léninisme dans le but de se transformer, de prendre pour cible ses
propres conceptions bourgeoises et petites-bourgeoises. Il y a une lutte à mener
avec soi-même, il faut rectifier ses propres idées et habitudes à travers l'étude.
Certains lisent des thèses marxistes mais elles ne les pénètrent pas. Un
communiste doit lire des ouvrages de base dans le feu de la lutte, lorsqu'il mène
des combats ou lorsqu'il est engagé dans des débats politiques âpres. C'est au
cours de la lutte que le marxisme-léninisme peut le mieux être assimilé et appliqué.
Les cadres doivent s'efforcer de connaître tous les ouvrages fondamentaux qui
couvrent les différents domaines de la doctrine marxiste. Lorsqu'une lutte se
déclenche dans l'un ou l'autre domaine, ils sauront alors se référer à des œuvres
qui s'y rapportent.
III. Troisièmement, pour transformer sa conception du monde, tout
communiste doit entreprendre la critique des courants révisionnistes
les plus importants de l'histoire du mouvement ouvrier.
On ne peut pas assimiler profondément les œuvres de Marx et d'Engels sans
étudier de façon critique les ouvrages de leurs adversaires: Proudhon et
Bakounine, surtout. On ne peut pas comprendre Lénine sans analyser le
révisionnisme de Bernstein, de Vandervelde et de Kautsky. On ne peut connaître
réellement les œuvres de Staline sans avoir réfuté les ouvrages de Trotski et de
Boukharine, de Martov, de Kautsky et de Tito. On ne peut pas acquérir une
connaissance profonde de Mao Zedong sans critiquer Khrouchtchev, Brejnev,
Dubcek et Kadar.
Nous avons vu surgir des opportunistes qui, après plus de dix ans de travail dans le
parti, ont découvert que Khrouchtchev était un léniniste ayant courageusement
critiqué «les erreurs et les crimes» de Staline, que Dubcek avait eu le courage de
«défendre le parti et le marxisme-léninisme» et que Mitterrand n'était pas le
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représentant du capitalisme et de l'impérialisme français. La raison de ce passage
brusque au réformisme est simple : aucun de ces opportunistes n'a jamais
décortiqué un ouvrage de Khrouchtchev, de Dubcek et de Mitterrand pour en saisir
l'essence réactionnaire.
IV. Quatrièmement, un communiste transforme sa conception du
monde en nouant des liens avec les masses dans le but de les
gagner aux idées révolutionnaires.
Dans les années trente, on aimait dire qu'un bolchevik était un homme des masses.
Prendre appui sur les masses travailleuses, les éduquer, concentrer leurs idées
justes et leurs propositions, convaincre les hésitants, a toujours été une méthode fon-
damentale de travail des communistes. Elle leur permet de révolutionnariser les
masses et de se transformer eux-mêmes. Les masses font l'histoire lorsqu'elles
sont dirigées par un parti d'avant-garde authentique. Même s'il arrive à certains
moments que les masses soient submergées par des idées réactionnaires, les
communistes doivent mener un travail constant et prudent en leur sein pour trouver
les idées et les projets qui leur permettent de se libérer progressivement de ce
conditionnement bourgeois.
Les Statuts du Parti du Travail disent : « Pour maîtriser le marxisme-léninisme, les
intellectuels doivent s'unir aux ouvriers et apprendre auprès d'eux les qualités
prolétariennes. Ils doivent acquérir la position et les sentiments de la classe, l'esprit
révolutionnaire et l'expérience pratique des ouvriers et apprendre leur goût de la
pratique, de l'efficacité et de la discipline. (...) Ils combattront (dans la lutte de classe)
les idées stériles et les hésitations dans l'action et apprendront au contact des
ouvriers à lier la théorie à la pratique et à transformer les paroles en actions.»57
Tous les communistes ont été mis à l'épreuve lors de la grande campagne
anticommuniste des années 1989-1991. Chacun peut vérifier s'il a cherché la
discussion avec les masses et s'il a lutté pour les convaincre des buts de la contre-
révolution. Sur ce point, l'opportunisme de droite et le sectarisme se donnent la
main et fusionnent en quelque sorte. Ces deux tendances évitent de se mêler aux
masses et n'argumentent pas de façon convaincante. Certains ont dit que la
campagne anticommuniste « crée un climat peu propice ». C'est le contraire qui est
vrai. Ce n'est que dans la lutte idéologique que nous pouvons gagner des points,
convaincre des progressistes de nous rejoindre. Quand la bourgeoisie exagère
dans ses mensonges anticommunistes, les opportunistes se retirent. Les vrais
communistes y voient des opportunités : c'est dans de telles conditions que les
progressistes peuvent se rendre compte de la perfidie de la bourgeoisie et du bien-
fondé des analyses communistes. Lors des événements de Tien An Men et de
Timisoara, des membres du parti ont fui la lutte sous différents prétextes : «Cela va
nous isoler», «II vaut mieux attendre que la tempête soit passée», «Les gens sont
tellement montés qu'ils ne nous écoutent pas». L'expérience a prouvé le caractère
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opportuniste de ces propos. Maintenant que la réalité terrifiante de la contre-
révolution apparaît à l'Est et en Union soviétique, nombreux sont ceux qui viennent
nous dire: je comprends enfin la position courageuse que vous avez prise, seuls
contre tous, au moment de Tien An Men et de Timisoara...
Une des raisons de la dégénérescence de certains opportunistes que nous avons
connus est le peu d'intérêt qu'ils portaient à l'exploitation et à l'oppression que
subissent les masses travailleuses. Or, un communiste doit non seulement bien
connaître la misère et l'injustice, mais il doit prendre conscience de l'impossibilité d'y
remédier sous la dictature du capital. Ceux qui rompent avec les masses
travailleuses et adoptent le point de vue des couches petites-bourgeoises les
mieux loties tombent facilement dans l'apologie de la « démocratie» et du «
pluralisme». :
V. Finalement, les communistes transforment leur conception du
monde en étudiant les réalités présentes et en formulant sur cette
base une ligne politique, des mesures et des propositions
révolutionnaires.
C'est essentiellement dans un combat politique, mené selon une ligne marxiste-
léniniste, que l'on peut transformer le monde et, au cours de la lutte, se transformer
soi-même. Un jeune communiste doit avoir de grandes ambitions, il doit avoir la vo-
lonté de s'engager dans la pratique, d'étudier le marxisme-léninisme, d'analyser un
problème sous tous ses aspects dans le but de le résoudre à fond, de faire une
expérience d'avant-garde. En luttant pour sa propre transformation, il contribue au
progrès politique et organisationnel du parti. Les cadres du parti doivent avoir de
grandes ambitions en tant que communistes, ce qui est à l'extrême opposé des
ambitions carriéristes que poursuivent les bourgeois. Ces derniers cherchent la
reconnaissance de leurs talents et la compensation financière par un système
capitaliste caractérisé par l'hypocrisie, la cruauté et la pourriture.
Conclusion
Tous les partis communistes ont connu des déserteurs qui sont devenus des
carriéristes bourgeois. Transformer sa conception du monde, c'est vouloir
conquérir, en tant que communiste, des positions nouvelles dans tous les
domaines de la vie politique, sociale et culturelle. En développant de façon
créatrice la ligne du parti, le cadre cherche la reconnaissance des travailleurs et
leur soutien est sa plus grande récompense.
Le but de la transformation de la conception du monde est que tous les cadres
acquièrent une pensée révolutionnaire indépendante et un esprit révolutionnaire
inébranlable.
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La bourgeoisie dénigre le parti communiste en disant qu'« un seul homme pense,
les autres suivent ». La transformation de la conception du monde vise à rendre
chaque cadre apte à résoudre en toute indépendance les problèmes les plus
compliqués de la révolution. Sous Staline, les grandes batailles de masse que
furent la collectivisation, l'industrialisation et la guerre antifasciste n'auraient
jamais été gagnées si les cadres n'avaient pas fait preuve d'un maximum
d'initiative, de compétence révolutionnaire et d'esprit révolutionnaire
indépendant. L'installation de la routine et du bureaucratisme dans un parti,
c'est-à-dire la stagnation intellectuelle parmi les cadres, constitue un danger
mortel et est une source de révisionnisme. Ce danger se présente lorsque les
cinq armes de la transformation de la conception du mo ne sont plus utilisées.
i 1996, PTB, Bruxelles – pages: 82-86