(dic.08) Así como en el frío del invierno boreal prevalece la infinita blancura y belleza de la nieve, nada que se vaya lo hace sin que algo prevalezca. Cuando un año termina, siempre hay la promesa de un nuevo comienzo, más pleno y más feliz.
Montaje original con textos en inglés, español y francés: Carlos Rangel
En juillet 2014, la maison culturelle flamando-néerlandaise deBuren organisait pour la troisième année consécutive une résidence de jeunes auteurs à Paris. J’ai eu la chance d’y participer, en compagnie d’une journaliste bruxelloise et de jeunes artistes du nord de la Belgique et des Pays-Bas. Nous étions 21 au total. Le directeur Dorian van der Brempt et ses deux collaboratrices nous ont fort bien installés dans la fondation Biermans-Lapôtre, un énorme bâtiment érigé à l’entrée de la Cité internationale universitaire. Ils nous ont notamment proposé des conférences et des débats. Mais nous étions surtout libres de faire ce qui nous plaisait. Lors d’une de mes flâneries quotidiennes, j’ai retrouvé ma grand-tante pour déjeuner. Thérèse, dite Tes. C’est elle qui m’a inspiré cette nouvelle. Et il va de soi que je la lui dédie :
(dic.08) Así como en el frío del invierno boreal prevalece la infinita blancura y belleza de la nieve, nada que se vaya lo hace sin que algo prevalezca. Cuando un año termina, siempre hay la promesa de un nuevo comienzo, más pleno y más feliz.
Montaje original con textos en inglés, español y francés: Carlos Rangel
En juillet 2014, la maison culturelle flamando-néerlandaise deBuren organisait pour la troisième année consécutive une résidence de jeunes auteurs à Paris. J’ai eu la chance d’y participer, en compagnie d’une journaliste bruxelloise et de jeunes artistes du nord de la Belgique et des Pays-Bas. Nous étions 21 au total. Le directeur Dorian van der Brempt et ses deux collaboratrices nous ont fort bien installés dans la fondation Biermans-Lapôtre, un énorme bâtiment érigé à l’entrée de la Cité internationale universitaire. Ils nous ont notamment proposé des conférences et des débats. Mais nous étions surtout libres de faire ce qui nous plaisait. Lors d’une de mes flâneries quotidiennes, j’ai retrouvé ma grand-tante pour déjeuner. Thérèse, dite Tes. C’est elle qui m’a inspiré cette nouvelle. Et il va de soi que je la lui dédie :
Un monde de 2013, 2014 et 2015 dangereux, explosif raconté à travers des histoires courtes relatant les grands événements de cette période. Un florilège de spasmes, de mots ajoutés à un grain de folie, salés avec une pointe d’humour nommé Spasmotsfolies…
An interesting experiment to bring a poetry workshop in a prison For us who have lived in the mythology of Johnny Cash and San Quentin, and all his songs and work about and in prisons there is nothing strange about that But what happens afterward? The inmates get some satisfaction in their work, writing poetry and singing, slam or whatever it may be, but what’s next after their prison term? No reason to reject the experiment but a follow-up action is necessary to know what these men – and it is only men – have become or will become when they get out of the railings, out of the cage. We are not all Johnny Cash, are we?
Since this operation was sponsored by Alliance Française, it would nice to know what kind of follow-up work this Alliance Française is going to perform. The responsibility cannot be the poet’s. But it is interesting to be confirmed one more time that there are many ways for prison inmates to reform. One element is not taken into account. 98% of the population is Sunni Muslims. What is the impact on such an experiment? What does Islam bring to the experiment that would otherwise not be there. Étienne Russias should try to show us this dimension, since, as far as I know, he is a standard young man educated in the Christian traditions, maybe not the religion, but the traditions definitely like being christened, being buried religiously, being married religiously. How did he deal with a 98 percent Muslim group? How many Muslims were taking part, among the inmates and among the workshop workers?
But that’s the beginning of the intelligent globalization we need, a globalization that is founded on differences and not some westernized homogenization.
1. “Si tu savais”
Robert Desnos
Loin de moi et semblable aux étoiles et à tous les accessoires de la mythologie poétique,
Loin de moi et cependant présente à ton insu,
Loin de moi et plus silencieuse encore parce que je t'imagine sans cesse,
Loin de moi, mon joli mirage et mon rêve éternel, tu ne peux pas savoir.
Si tu savais.
Loin de moi et peut-être davantage encore de m'ignorer et m'ignorer encore.
Loin de moi parce que tu ne m'aimes pas sans doute ou, ce qui revient au même, que j'en doute.
Loin de moi parce que tu ignores sciemment mes désirs passionnés
Loin de moi parce que tu es cruelle.
Si tu savais.
Loin de moi, ô joyeuse comme la fleur qui danse dans la rivière au bout de sa tige aquatique, ô
triste
comme sept heures du soir dans les champignonnières.
Loin de moi silencieuse encore ainsi qu'en ma présence et joyeuse encore comme l'heure en
forme de cigogne qui tombe de haut.
Loin de moi à l'instant où chantent les alambics, l'instant où la mer silencieuse et bruyante se
replie sur les oreillers blancs.
Si tu savais.
Loin de moi, ô mon présent présent tourment, loin de moi au bruit magnifique des coquilles
d'huîtres qui se brisent sous le pas du noctambule, au petit jour, quand il passe devant la porte des
restaurants.
Si tu savais.
Loin de moi, volontaire et matériel mirage.
Loin de moi, c'est une île qui se détourne au passage des navires.
Loin de moi un calme troupeau de boeufs se trompe de chemin, s'arrête obstinément au bord d'un
profond précipice, loin de moi, ô cruelle.
Loin de moi, une étoile filante choit dans la bouteille nocturne du poète. Il met vivement le
bouchon et dès lors il guette l'étoile enclose dans le verre, il guette les constellations qui naissent
sur les parois, loin de moi, tu es loin de moi.
Si tu savais.
Loin de moi une maison achève d'être construite.
Un maçon en blouse blanche au sommet de l'échafaudage chante une petite chanson très triste et,
soudain, dans le récipient empli de mortier apparaît le futur de la maison : les baisers des amants
et les suicides à deux et la nudité dans les chambres des belles inconnues et leurs rêves- à minuit,
et les secrets voluptueux surpris par les lames de parquet.
Loin de moi,
Si tu savais.
Si tu savais comme je t'aime et, bien que tu ne m'aimes pas, comme je suis joyeux, comme je
suis robuste et fier de sortir avec ton image en tête, de sortir de l'univers.
Comme je suis joyeux à en mourir.
2. Si tu savais comme le monde m'est soumis.
Et toi, belle insoumise aussi, comme tu es ma prisonnière.
Ô toi, loin de moi, à qui je suis soumis.
Si tu savais.
“If You Knew”
Robert Desnos
Translated by Mackenzie Taylor
Far from me and like the stars and all the tokens of poetic myth,
Far from me and yet present without your knowledge,
Far from me and more quiet still because I imagine you endlessly,
Far from me my lovely mirage, my eternal dream you cannot know.
If you knew.
Far from me and perhaps even more so through ignoring me and ignoring me still,
Far from me because you do not love me, no doubt, or what is the same, I doubt it,
Far from me because you ignore my heartfelt desires knowingly,
Far from me because you are cruel.
If you knew.
Far from me, radiant as a flower dancing on its stem in the river,
Sorrowful like seven in the evening in the mushroom fields.
Far from me still silent as through in my presence and joyful like the hour when the stork falls
from above,
Far from me in the moment when alembics sing, when the quiet, noisy sea folds over like white
pillows.
If you knew.
Far from me in my present, present purgatory, far from me in the glorious crackle of oyster-shells
crushed beneath the night owl’s feel at daybreak, as he passes in front of restaurant doors.
If you knew.
Far from me, a willful material mirage.
Far from me, an island turns away the passage of ships.
Far from me a calm cluster of cows take the wrong path, halt, unrelenting at the edge of a
precipice, far from me, so cruel.
Far from me, a shooting star falls in the poet’s night bottle. He swiftly caps the jar and watches
the star captured by the glass, he watches the constellations born on the walls, far from me, you
are far from me.
If you knew.
Far from me a house to be built, completed
A bricklayer in white stands on scaffolding singing a sad song
Suddenly the house’s future appears in his bucketful of mortar: the kisses of lovers and the
double suicides and the nudity in the rooms of beautiful strangers their dreams at midnight and
the seductive secrets surprised by the floorboards.
3. Far from me,
If you knew.
If you knew how much I love you, and though you don’t love me, how happy I am, how strong
and proud to leave with your image in my mind, stepping out into the universe.
As I am happy to die.
If you knew how the world submits to me,
And you, rebellious beauty too, are my prisoner.
Oh, you, far from me, I submit.
If you knew.
Tr. Mackenzie Taylor
4. L’épitaphe
Robert Desnos
J’ai vécu dans ces temps et depuis mille années
Je suis mort. Je vivais, non déchu mais traqué.
Toute noblesse humaine étant emprisonnée
J’étais libre parmi les esclaves masqués.
J’ai vécu dans ces temps et pourtant j’étais libre.
Je regardais le fleuve et la terre et le ciel.
Tourner autour de moi, garder leur équilibre
Et les saisons fournir leurs oiseaux et leur miel.
Vous qui vivez qu’avez-vous fait de ces fortunes ?
Regrettez-vous les temps où je me débattais ?
Avez-vous cultivé pour des moissons communes ?
Avez-vous enrichi la ville où j’habitais ?
Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps.
Trot: I lived in that time (age) and for a thousand years/I am dead. I lived, not fallen (deposed?)
but hunted./Every (all) human nobility being imprisoned/I was free among the masked slaves.//I
lived in that time (age) yet I was free./ I looked at the river and the earth and the sky/ Turning
round me, keeping their balance/ And the seasons provide (yielded) their birds and their honey.//
You who live what have you made of those treasures (done with those fortunes)?/ Do you regret
(miss) that time (age) in which I struggled?/ Have you worked for the common harvest?/ Have
you enriched the city where I lived?// You living, have no fear of me, because I am dead./
Nothing survives of my (mind) spirit or my (body) corpse. I lived in that time and for a thousand
years
Epitaph
I lived in that time and for a thousand years
I am dead. I live, not fallen but hunted
All human nobility being prisoners
I was free among the masked wanted
I lived in that time yet I was free
I looked at the river, the earth, the sky
Turning around, keeping their stability
And seasons provide the birds and their honey.
5. You, who live, what have you done with those fortunes?
Do you miss that time when I strived?
Have you worked for the everyday man?
Have you improved the city where I lived?
You living have nothing to fear since I am no more.
Nothing remains of my spirit or my corpse.
Tr. Mackenzie Taylor