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Haïti bombe le torse! Le ministre des Affaires étrangères, Lener Renaud, annonce que
l’État haïtien n’entend pas recevoir les étrangers et/ou Dominicains d’ascendance
haïtienne. Une position soutenue, le mardi 30 juin, devant la communauté
internationale à l’hôtel El Rancho. Un tri devra être opéré. Un protocole de
rapatriement aussi. Manœuvre dilatoire. Les Dominicains restent sur la corde raide et
profitent de nos divergences.
» P. 17
» P. 16
»   P. 7
CULTURE
SOCIÉTÉ
» lire page 4
Kirikou et la sorcière
au Parc de la canne à
sucre
par Schultz Laurent
Junior
Quand nos portables
sont plus intelligents
que nous !
par Stephanie Balmir
» suite page 3
La PNH prête à assumer
ses responsabilités
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION
JEUDI 2 JUILLET 2015 NUMÉRO 30
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Les Dominicains d'ascendance
haïtienne livrés à eux-mêmesPar Lionel Édouard
Godson Orélus, DG PNH. / Photo : J.J. Augustin
A
ntonal Mortimé, directeur
exécutif de la POHDH (Plate-
forme des organisations haï-
tiennes de défense des droits
humains), se questionne sur la pos-
sibilité pour l’État haïtien d’empêcher
le refoulement d’étrangers sur son
territoire, compte tenu des faiblesses
criantes dans la gestion de la ligne
frontalière. En effet, de nombreux
points sont libres d’accès et n’accusent
aucune présence des autorités éta-
tiques.
Ce que l’État haïtien doit faire, pour-
suit Antonal Mortimé, c’est exiger
l’application du protocole de rapatrie-
ment de 1999 ou négocier un amende-
ment de ce protocole pour obtenir que
les rapatriements se fassent à trav-
ers les points frontaliers officiels, et
également maintenir l’unification des
familles. Durant la présentation du
ministre Renaud, à aucun moment il
n’a eu à mentionner le protocole de
1999.
HAÏTI / SÉCURITÉ DES ÉLECTIONS
Six millions
d'électeurs potentiels
par Noclès Débréus
2 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
INSERTION DEMANDÉE
Les dominicains d’ascendance haïtienne sont livrés à eux-mêmes.
La Si l’État haïtien s’oppose
effectivement aux rapatriements
des étrangers et autres domini-
cains d’origine haïtienne, cette
démarche occasionnera la créa-
tion d’une zone neutre, avertit
Antonal Mortimé. Et cet espace
sera créé, prévoit-il, à l’issue des
séances de négociation entre les
deux pays qui paraissent tous les
deux accorder la priorité à la pour-
suite des pourparlers.
En cas d’échec, les nouveaux apat-
rides risquent de se voir éparpiller
un peu partout sur la ligne fron-
talière. Une situation qui occasi-
onnera des violations de droits
humains de part et d’autres de la
frontière, prévoit Antonal Mor-
timé.
« L’État dominicain montre chaque
jour, un peu plus, qu’il est un État
qui viole les droits humains ». La
POHDH estime que l’État haï-
tien n’a pas beaucoup de respon-
sabilité par rapport aux 250 mille
Dominicains d’origine haïtienne
susceptibles d’être expulsés. La
responsabilité incomberait plutôt
à nos voisins.
Les dominicains ne peuvent
nous responsabiliser que sur un
dossier en particulier, soutient
le directeur exécutif de cette
plateforme de défense de droits
humains, celui des haïtiens vivant
en situation irrégulière en terri-
toire voisin. Toutefois, eux égale-
ment, exprime-t-il, ont leur part
de responsabilité en laissant
pénétrer des gens qui n’ont pas de
papier dans leur pays, et surtout
en les embauchant un peu partout
dans leurs entreprises.
Pour une meilleure
communication
Une contre offensive diplomatique
est en cours. Lener Renaud s’y
attache. Une démarche qui pour-
rait porter du fruit, estime-t-on.
Pour la POHDH, la décision nor-
male serait de forcer la Répub-
lique dominicaine à revenir sur
l’arrêt 168-13 de la Cour Consti-
tutionnelle.
Pour cela, l’État haïtien, insiste
Antonal Mortimé doit parler à
l’unisson. Les dominicains exploit-
ent les moindre dérapages de nos
autorités. En effet, fait remarquer
le militant, le président dominic-
ain, Danilo Médina, croit qu’il y a
plusieurs discours au sein de l’État
haïtien. Conséquemment, M. Mor-
timé appelle le gouvernement à
communiquer avec la population,
afin de les sensibiliser autour du
problème. « Nous devons être tous
à l’unisson », déclare-t-il
Alors que le président Michel
Joseph Martelly dit qu’il n’y aura
pas de catastrophe humanitaire,
son Premier ministre, Évans
Paul, croit que la situation qui
prévaut actuellement entre les
deux pays avec l’application de
l’arrêt 168-13 de la Cour con-
stitutionnelle dominicaine, est
susceptible de créer de nouveaux
cas d’apatridie et une catastrophe
humanitaire sur l’île, explique M.
Mortimé.
Avec l’application de cette loi anti-
haïtienne en République dominic-
aine, trois cas de figure se présen-
tent pour les 600 mille personnes
concernées. Certains seront des
déportés, d’autres des rapatriés
et d’autres encore des expulsés.
Cette dernière situation est la
plus grave, soutient Antonal Mor-
timé qui croit que tous les droits
civils et politiques seront violés,
et l’équilibre des familles cruelle-
ment affecté.
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 3
ACTUALITÉ
Haïti n'est pas maudite
C’estuneimpression!
Maiselleserépandavectantdeforceàmesurequelesévénementsseprécipitentque
l’opinionpubliquefinitparêtregagnéeàl’idée,quecen’estpasseulementl’économie
malgéréeetdessituationspolitiquesdistorduesquisontlacausedudramesansnon
etsanstitredenotrepays.
Les anthropologues doivent être appelés à la rescousse. Des psychologues devraient
investiguerauniveaudenosstructuresnerveusespourydéterminerpeut-êtrelevirus
àlabasedelabactérienomméeECNG(Entitéchaotiquenongouvernable).Desartistes
devraientaussisemettredelapartiepourtémoignerdeleurvécusibiensublimédans
leursœuvresquiméritentd’êtredécodéespardessémiologuesetautrespsychiatres.
C’est une impression. Mais, elle est persistante. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Elle
remonteauxannéessoixante-dix.Leshaïtiensn’hésitaientpasàprendrelamerdans
de frêles esquifs, affrontant les dangers les plus extrêmes. Ils disaient, au micro de
KonpèFilodeRadioHaïtiInter,«Danrekenpidouspasegrangou.»Oncomprendque
l’étatdepessimismeactuelremonteautempsoùlesdictaturesfonctionnaientàplein
régime,donnantainsilibrecoursàleurspulsionsdeviolence.C’étaitlemomentnon
pas simplement de la répression étatique, mais aussi l’époque d’une haine sociale,
d’uneanthropophagiequinousdévidaientdenosforces,denoseauxetdenotresang.
C’estuneimpression.Cependant,ellepoussemêmelesplusrationnelsàdireque«le
paysestmaudit».Ilnel’estpas.Nousprenonslaresponsabilitédelediretrèsfort.Notre
paysestsouscontrôledecertainesforcesquineveulentpasunedistributionéquitable
des richesses même dans leur propre intérêt. Pour le faire, une vaste entreprise de
manipulationd’imagepubliqueestmiseenplacepourfairecroireànotre«laideur».
Quandcen’estpasunhommeouunefemmequiestdésignéedudoigt,lacaméraest
fixéesurlestasd’immondicesdanslesrues.
C’étaientlescochonscréolespendantuncertaintemps.Maintenantquecesontles«
kochongrimèl»quifontletravailderabrouerlesravins,ons’étonnequelesmaladies
nesoientpasmoinsrépanduesetquenosavenuesnesoientpasplusproprettes.Nous
sommescertestouscoupablesdenosdérivesetdecertainesmanipulationsmentales
(préjugéshéritésdelacolonisationetautresineptiesépidermiques).Mais,lepaysn’est
pasmaudit.
Sinon,tousceshumanitairesquinousarriventdetouteslesrégionsdumonden’auraient
pas cette frénésie à venir se vautrer dans la malédiction. Ils savent que « la lumière
noire»quedécouvrentaujourd’huilesscientifiquesestsurcetteterre. MerciCésaire!
Quandelleémergera,ceseraletempsd’uneautrecivilisation:LeBeauintègrerales
corpsdeceuxquionttropsouffertdel’ignoranceetdumépris.NotreHaïtiquimontre
déjàsaforceenmatièredecréativitéculturelleauraalorslerayonnementqui,vuson
Histoire,devraitêtrelesien.
Le National
Édito
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
Les Dominicains
d'ascendance haïtienne
sont livrés à eux-mêmes
par Lionel Édouard
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IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
HAÏTI/SÉCURITÉDESÉLECTIONS
L
aPolicenationaled’Haïti(PNH)
est fin prête à garantir le bon
déroulement des élections. La
PNH vient de tester son plan
de sécurité mis en œuvre pour les pro-
chains scrutins dans la matinée du
mardi 1er juillet 2015 dans le Centre
opérationnel de l’institution policière.
C’est en substance ce qu’a annoncé
le directeur général de ladite institu-
tion dans les locaux de l’ambassade
des États-Unis d’Amérique à Tabarre,
suite à une projection partielle du
documentaire intitulé « Yon lòt Polis».
Le numéro un de la PNH informe
avoir réalisé une séance de simu-
lation relative au déroulement de
la première journée électorale.
Sur le plan sécuritaire, précise-t-
il, les préparatifs vont bon train.
Car, le plan est déjà là, soulignant
qu’il est en train de le ficeler en
continu. Il a indiqué que cette
démarche consiste à y apporter
les corrections nécessaires en
vue de contribuer à la réussite de
ces prochaines joutes qui doivent
servir au renouvellement du per-
sonnel politique haïtien.
Quant au matériel, M. Orélus a fait
savoir que l’institution continue
à recevoir des véhicules et des
motocyclettes afin de permettre à
la PNH d’être en mesure de répon-
dre à sa mission. Il a ajouté que
depuis la mise en œuvre du plan
stratégique de développement de
la PNH allant de la période de 2012
à 2016, le processus de renforce-
ment et de professionnalisation
de l’institution policière poursuit
son cours. Informant que cela est
rendu possible grâce à l’appui de
la communauté internationale,
l’État haïtien et la Minustah.
Le patron de la Police a fait remar-
quer que les efforts consentis par
les pays amis d’Haïti, particulière-
ment les États-Unis d’Amérique
permettent d’atteindre les objec-
tifs fixés dans le cadre de ce plan
quinquennal.
Ces efforts, indique-t-il,
contribuent également à
l’amélioration des conditions de
travail des agents de la PNH, à
l’augmentation de l’effectif des
policiers de douze mille à quinze
mille, au renforcement des capaci-
tés opérationnelles des unités
spécialisées de l’institution et
à d’importantes réalisations de
travaux d’infrastructures.
Avec l’appui des États-Unis, pour-
suit-il, la PNH parvient à réaliser
de très bons résultats dans la lutte
contre la criminalité organisée
notamment le kidnapping et le
trafic illicite des stupéfiants. Il a
toutefois déclaré que l’institution
compte encore sur le support
des États-Unis pour affronter les
défis sécuritaires qui se dessinent
à l’occasion des prochaines com-
pétitions électorales et du retrait
progressif des soldats de la mis-
sion onusienne. M. Orélus a, par
ailleurs, profité de l’occasion pour
saluer l’ambassade des États-Unis
dans le cadre de la réalisation
de ce documentaire qui est con-
sacré aux progrès de l’institution
policière, vieille seulement de
vingt ans d’existence. Ce docu-
mentaire, estime-t-il, témoigne
de l’attention bienveillante de ce
partenaire à l’institution policière.
Aussi dit-il espérer que sa diffu-
sion participera du rehaussement
de l’image de la Police nationale
tant en Haïti que sur le plan inter-
national.
De son côté, Pamela White,
ambassadrice des États-Unis en
Haïti, a indiqué que le gouverne-
ment américain a déjà décaissé
près de 4,2 millions de dollars
dans le cadre de la mise en place
des logistiques à l’organisation
des élections. Mais elle promet
que les États-Unis vont adresser
des appels aux donateurs à trav-
ers le monde en vue de recueillir
davantage d’argent permettant de
financer les prochaines élections.
Madame White dit espérer que le
Programme des Nations-Unies
pour le développement (Pnud)
et le Conseil électoral provisoire
(CEP) recevront les fonds néces-
saires à la réalisation des pro-
chains scrutins.
Elle a, par ailleurs, souligné que
ce documentaire fait montre des
progrès importants de la PNH au
cours des trois ans et demi de ce
plan quinquennal. Elle affirme
que son pays est fier d’avoir con-
tribué à la mise en place de ce pro-
gramme en collaboration avec le
Bureau international des Affaires
narcotiques et du renforcement de
la loi (INL). Soulignant que l’État
de droit et la sécurité, compte
tenu des énormes critiques par
rapport à ces sujets, sont les prin-
cipales priorités pour Haïti.
Elle a réitéré l’engagement des
États-Unis envers Haïti, notam-
ment la PNH et y inclus le service
pénitentiaire, et la lutte contre
le trafic des stupéfiants. Pour
lesquels engagements, le pays
qu’il représente a déjà mobilisé
environ 120 millions de dol-
lars américains pendant les six
dernières années. Cette somme,
précise la diplomate, varie con-
sidérablement entre le support
fourni aux entraînements et aux
huit promotions de nouveaux offi-
ciers de Police devant servir près
de deux millions d’habitants de
plus au sein de la population.
Il convient de souligner que le doc-
umentaire « Yon lòt Polis », réalisé
par le cinéaste Richard Sénécal, a
une durée de cinquante minutes.
Son idée centrale est articulée sur
les progrès de la PNH.
4 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
La PNH prête à assumer
ses responsabilitésPar Reynold Aris
La Police nationale d’Haïti (PNH) se prépare dans la perspective du désengagement
de la Minustah. Des séances de simulations ont été organisées pour tester l’efficacité
d’un plan de sécurité élaboré pour la période électorale. Une attention particulière
sera accordée aux départements réputés chauds, dont le Centre et l’Artibonite.
» suite de la première page
L’Affaire opposant l’homme d’affaires Réginald Boulos et le Conseil supérieur des Salaires (CSS) interpelle le
ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST). Comme annoncé, une enquête préliminaire a été diligentée
par le ministre Victor Benoit au niveau de son cabinet. Laquelle enquête a révélé, d’une part, que des comptes en
banque ont bel et bien été ouverts au nom du Conseil. Et, d’autre part, l’actuel ministre n’y aurait joué aucun rôle.
C’est ce qui ressort de la conférence de presse donnée par M. Benoit le mercredi 1er juillet.
À
la lumière de cette enquête,
une correspondance en date
du 8 novembre 2013 montre
que le Conseil supérieur des
salaires, via son directeur administra-
tif,M.HugoPonceley,avaitsollicitédu
ministre des Affaires sociales d’alors,
M. Charles Jean-Jacques, l’ouverture
d’un compte bancaire pour le Con-
seil. Ce, en précisant qu’un montant
de 410 millions de gourdes avait été
octroyé à l’institution tripartite en vue
de lui permettre de répondre à ses
obligations.
Cette demande a été réitérée
auprès de M. Jean-Jacques suite
à une autre correspondance,
datée le 2 avril 2014. Le docu-
ment administratif précise que
la demande adressée au ministre
des Affaires sociales émane d’une
décision prise en Conseil au cours
d’une réunion du CSS tenue le
jeudi 27 mars 2014.
Alors que le motif de la démission
de M. Boulos porte sur l’ouverture
d’un compte en banque pour le
Conseil sans l’approbation de ce
dernier. Le Conseil en a profité,
suivant cette correspondance,
pour désigner les deux signataires
habilités à effectuer les éventu-
elles transactions : Le président
du Conseil, Renand Hédouville, et
le trésorier, Louis Fignolé Saint-
Cyr. En cas d’empêchement de
l’un des deux titulaires, le premier
vice-président Jean-Dany Pierre
aura le droit de signer.
La question de décharge
D’aucuns tentent d’interpréter
la décision de M. Boulos. Pour
certains, ce dernier, n’aurait pas
souhaité être comptable ou ordon-
nateur de deniers publics.
Ce qui l’obligerait à avoir un cer-
tificat de décharge de sa gestion
des deniers de l’État mis à la dis-
position du Conseil supérieur des
salaires.
En effet, dans sa correspondance
adressée au ministre Victor
Benoit, le conseiller précise qu’il
a toujours refusé tous frais relatifs
à sa participation au Conseil qui,
précise-t-il, relève d’un acte volon-
taire. Il rappelle, entre autres, que
depuis sa création, les dépenses
du CSS ont toujours été engagées
par le ministère des Affaires socia-
les et du Travail.
Interrogé sur le sujet, Victor
Benoit dit ignorer si l’arrêté nom-
mant le CSS fait de ses membres
des gestionnaires de fonds pu-
blics. L’ex-dirigeant de la Fusion
des sociaux-démocrates haïtiens
affirme vouloir s’enquérir sur
la légalité de l’ouverture de ces
comptes bancaires pour lesquels
il affirme n’avoir joué aucun rôle.
Toutefois, au regard des docu-
ments administratifs découlant
de l’enquête préliminaire com-
mandité par M. Benoit lui-même,
ces comptes ont été créés en toute
transparence.
Dans une correspondance en date
du 6 avril 2015 adressée au prési-
dent du CSS, M. Renand Hédou-
ville, le ministre de l’Économie et
des Finances, M. Wilson Laleau,
a confirmé la création de ces
comptes.
Les spécimens de signature des
personnes autorisées à signer ont
aussi été acheminés à la Banque
de la République d’Haïti.
Tout en se dédouanant d’une quel-
conque implication dans ce dos-
sier, Victor Benoît invite le CSS à
se réunir en vue de plancher sur
la question du salaire.
De nouvelles propositions rela-
tives au relèvement du salaire
minimum des ouvriers, dit-il,
sont attendues par le gouverne-
ment notamment dans un con-
texte marqué par l’augmentation
du coût de la vie.
Créé par arrêté présidentiel le 13
juin 2013, le Conseil supérieur
des Salaires est composé de neuf
membres issus de trois secteurs :
l’État, le syndicat et le patronat qui
désignent, chacun, trois membres.
HAÏTI/CRISEAUCONSEILDESSALAIRES
Victor Benoit enquête sur le dossierpar Jean Michel Cadet
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 5
ACTUALITÉ
Le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoit (à droite). / Photo : J.J. Augustin
La commission nationale des marchés publics (CNMP) a organisé, le mercredi 1er juillet à l’hôtel Le Plaza, une
journée de réflexions autour de la problématique des marchés publics en Haïti. Cette journée d’échanges avait
pour objectif d’éclairer les lanternes des différents acteurs intéressés par la question, afin d’avoir un système de
passation de marché efficace.
C
ette journée d’infor-
mation et de formation,
a été l’occasion pour la
commission nationale
des marchés publics (CNMP) de
vulgariser l’idée de renforcement
du système de passation des
marchés publics en Haïti.
La CNMP en a également profité
pour faire une diffusion appré-
ciable des informations sur les
marchés publics, par le biais des
exposés autour des thèmes comme
: « Le système haïtien de passation
des marchés publics, Les princi-
pes et les procédures de passation
de marchés publics, Les seuils de
passation de marchés publics et
Les seuils d’intervention de la
CNMP, Les pratiques fraudule-
uses, fautes et sanctions dans les
marchés publics ».
« Le système de passation de marchés
publics haïtien joue un rôle straté-
gique dans l’administration, il devrait
faire partie des politiques du gouver-
nement », a fait savoir Yvon Guirand,
le coordonnateur général de la com-
mission.
La responsabilité de la CNMP est de
former, informer, et d’accompagner
les autorités contractantes, afin qu’ils
soient bien imbus du système. Nous
nous engageons à les soutenir, les
aider à reformer ce système de pas-
sation de marché, pour que les trans-
actions, les contrats, soient effectués,
et signés dans le respect des normes
établies, selon le degré de transpar-
ence souhaité, pour un traitement
juste et équitable de tous les contrac-
tants, a-t-il indiqué.
Lors de son intervention, Edlin
Joseph, secrétaire technique de la
commission, a expliqué que l’État a
souvent besoin de se procurer des
biens et services pour s’acquitter de
ses missions publiques telles, (des
hôpitaux, routes, et autres infra-
structures). Les ressources publiques
étant limitées, les pouvoirs publics
ont fait jouer le jeu de la concurrence,
avec les meilleurs rapports qualité-
prix, par le lancement d’appel d’offre,
nœud central de la question de pas-
sation de marché.
Pour lui, un marché public ne peut
en aucun cas être considéré comme
seulement un espace d’échange amé-
nagé par l’administration publique,
mais c’est également un contrat écrit,
conclu à titre onéreux par une auto-
rité contractante pour répondre à ses
besoins en matière de fournitures,
services, ou travaux. Les marchés
publics sont donc des contrats admi-
nistratifs, a-t-il precisé.
Le système de passation de marchés
publics haïtien existe sur une base
légale. Dix-sept arrêtés, et une loi
d’application régissent l’existence de
ce système. Le non-respect de tout,
ou d’une partie de ce cadre légal est
susceptible de créer des dysfonc-
tionnements dans le système, et peut
porter préjudice à la mise en œuvre
des programmes publics, et à la
bonne exécution du budget national.
Les faiblesses enregistrées au niveau
du système de passation de marchés
publics en Haïti ont été également
évoquées. Il s’agit entre autre des
lacunes d’ordre technique, des
retards dans l’exécution des actions,
de l’absence de campagne et de for-
mation à l’intention du secteur privé
des affaires, des mécanismes de
recours inopérants, et du manque de
publicités.
Comme résultats attendus, les diri-
geants de la CNMP espèrent voir
désormais en Haïti, l’existence d’un
public qui peut asseoir ses jugements
au moment des prises de position sur
une question relative à un marché
public. Les responsables ont encoura-
gé les membres de la société civile, et
les représentants de la presse à bien
faire leur travail.
Leur rôle étant de s’informer par
la consultation sur le cahier des
charges, d’observer le déroulement
du processus de passation depuis
l’ouverture des plis jusqu’à la fer-
meture, de procéder à des investiga-
tions, d’alerter sur les manquements
éventuels, d’interpeller si possible les
concernés, et de dénoncer les irrégu-
larités. Ils doivent jouer ce rôle de
manière efficace, et utile afin d’aider
à rendre plus crédible le système
de passation de marchés publics en
Haïti.
Les responsables on enfin souhaité
que les medias s’impliquent davan-
tage dans le système, de façon à
exercer promptement leur droit de
contrôle citoyen vis-à-vis de la ges-
tion de deniers publics.
HAÏTI-INSÉCURITÉ
Le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoit (à droite). / Photo :
J.J. Augustin
L
a commission épiscopale
Justice et paix (Jilap)
de l’église catholique
romaine se dit préoccu-
pée par les violences sévissant
dans la zone métropolitaine de
Port-au-Prince notamment dans
les quartiers populaires, dans un
entretien à AlterPresse.
Contrôlés généralement par des
gangs souvent à la solde de politici-
ens et des autorités du gouverne-
ment, les quartiers populaires comme
Cité soleil (périphérie nord) sont
la scène de violences meurtrières,
dénonce le coordonnateur national
de l’observation à la Commission,
Rovelson Apollon. Selon son analyse,
un secteur mafieux alimente les vio-
lences dans les quartiers populaires
en distribuant des armes illégales à
des gangs.
Une recrudescence de la violence est
observée à l’approche des élections
de 2015.
Depuis le weekend écoulé, une
vive tension règne à Cité Soleil. Un
affrontement entre gangs armés
rivaux, établis dans cette commune, a
fait 4 morts et plusieurs blessés dans
les quartiers Simon et Pelé.
Un puissant chef de gang de Cité
Soleil, connu sous le pseudonyme
de « Te Quiero « a été tué, le diman-
che 14 juin, lors d’échanges de tirs
avec une patrouille de la Mission des
Nations Unies pour la Stabilisation en
Haïti (Minustah).
Le chef de gang recherché aurait
refusé de se soumettre à une fouille
d’une patrouille, avait fait savoir la
Police nationale d’Haïti (PNH).
En représailles, le commissariat de
Cité Soleil a été attaqué par des indi-
vidus non identifiés. Un véhicule garé
devant le commissariat et un trans-
formateur électrique ont été endom-
magés.
Le contrôle des quartiers populaires
est toujours difficile pour la police
car celle-ci n’a pas les moyens de sa
politique, déplore Apollon condam-
nant l’absence de l’Etat à Cité Soleil,
où des bandits sèment la terreur et
attaquent de paisibles citoyens pour
les rançonner et les dépouiller de
leurs biens.
Louino Robillard, co-fondateur et
volontaire d’un mouvement social
dénommé, Konbit Solèy Leve estime
que la cause de ces violences réside
dans le fait que les actions posi-
tives entreprises par des jeunes des
quartiers populaires ne sont pas valo-
risées par l’Etat haïtien.
6 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Comprendre le système de passation
des marchés publicspar Evens RÉGIS
HAÏTI/CNMP
Jilap préoccupée par les violences à Port-au-Prince
Sources : Alterpresse
À environ un mois du premier tour des élections législatives, les préparatifs vont bon train au niveau du Conseil
électoral provisoire (CEP). La direction du registre électoral s’attelle bien à la tâche. Les matériels non sensibles
sont déjà sur place. Les bulletins de vote sont sous presse. Les centres et les bureaux de vote sont aussi fin
prêts. Le Cap est désormais mis sur le recrutement du personnel vacataire qui va être engagé dans le cadre du
déroulement des joutes électorales, avant de passer au volet concernant la formation du personnel en question.
HAÏTI/DIASPORA
L
a diaspora haïtienne de
plusieurs villes des Etats-
Unis, dont Philadelphie,
marchera simultané-
ment le jeudi 2 juillet, dans la
perspective de protester contre
le « nettoyage ethnique de masse
» et la déportation par la Répub-
lique dominicaine d’Haïtiens et de
Dominicains d’origine haïtienne,
apprend AlterPresse.
CCette initiative survient quelques
jours après l’arrivée massive de
plusieurs milliers d’Haïtiens et de
Dominicains d’ascendance haïtienne
dans le pays, bon nombre d’entre eux
craignant de subir des violences à
l’expiration d’un plan de régularisa-
tion du gouvernement dominicain.
La communauté haïtienne de Phila-
delphie compte rejoindre les com-
munautés haïtiennes de New York,
Miami, Atlanta, entre autres, en vue
d’attirer l’attention sur ces rapatrie-
ments informels qui ont lieu dans des
conditions difficiles.
« La diaspora haïtienne et le monde
sont debout en solidarité avec les
250.000 Haïtiens et Dominicains
d’origine haïtienne qui ont été
dépouillés de leur citoyenneté et qui
sont en danger d’être expulsés », fait
savoir une note des organisateurs de
ces marches parvenue à AlterPresse.
Ils affirment que ces villes se lèveront
pour la justice et pour l’humanité.
La marche débutera à 15 heures à
Philadelphie devant la mairie et se
terminera à 18 heures dans la péri-
phérie de Liberty Bell, un monument
emblématique de la ville.
La communauté internationale ne
doit pas rester les bras croisés face à
la politique migratoire de la Répub-
lique dominicaine semblable à du
nettoyage ethnique, soutiennent les
organisateurs.
Ils exigent que la République domini-
caine renverse la révocation rétroac-
tive de la citoyenneté de ces citoyens
et citoyennes.
Une bonne partie de ces personnes
qui fuient le territoire voisin d’Haïti
y sont nées. Reconnues de nation-
alité dominicaine, elles ont été
dénationalisées par une révision
constitutionnelle, l’arrêt CT 168-13,
appliquée par la suite avec effet rétro-
actif jusqu’en 1929, une période qui
couvre 4 générations.
La semaine dernière, le président
dominicain Danilo Medina s’est défen-
du de procéder à des rapatriements
massifs d’Haïtiens et d’expulser des
Dominicains d’ascendance haïtienne.
Cette semaine, les autorités haïti-
ennes ont eu une rencontre à huis
clos avec quelques membres de la
communauté internationale, dans
l’idée d’obtenir du soutien dans cette
affaire.
Le ministre des affaires étrangères,
Lener Renaud annonce qu’une ren-
contre devrait être organisée entre
les deux pays dans les jours à venir.
Les démarches d’Haïti surviennent
dans un contexte où le gouvernement
dominicain entreprend une vaste
campagne de communication sur la
question de la déportation voilée des
Dominicains d’ascendance haïtienne
dans le pays, parlant de « retour volo-
ntaire » d’Haïtiens dans leur pays.
C
’est un total de 5 838 838
électeurs, répartis dans 1
558 centres de vote et 13
500 bureaux de vote, qui
sont appelés à prendre part aux pro-
chaines élections à tous les niveaux :
législatives, présidentielle ainsi que
les collectivités territoriales, selon
des informations communiquées
par l’ingénieur Philippe Augustin,
directeur du registre électoral au CEP.
La DRE travaille activement
pour rendre effective la date du
9 août. Comme stipulé dans le
décret électoral et le calendrier,
le registre électoral a été fermé
le 11 mai 2015 et l’Office nation-
al d’identification (Oni) avait
acheminé la liste auprès du CEP
après l’avoir épurée. Pas moins
de 6 000 personnes mortes ou
disparues lors du tremblement
de terre du 12 janvier 2010, ont
été retirées de ladite liste. Apres
ce travail d’épuration, près de 6
millions d’électeurs sont habilités
à remplir leur devoir civique lors
des trois tours d’élections tels que
programmés dans le calendrier
électoral, a fait savoir Monsieur
augustin, informant au passage
de la publication des listes élec-
torales pour le 10 juillet prochain.
Avant d’arriver à la publication
de la liste des électeurs, Philippe
Augustin croit que la vérification
des adresses des électeurs con-
stitue une étape importante dans
la préparation des listes élec-
torales. Ainsi, il invite tous les
électeurs, entre le 1er et 8 juillet
en cours, à confirmer leurs adress-
es ou tout changement d’adresse
dans les différents bureaux élec-
toraux communaux (BEC) chargés
d’en faire la notification. Sitôt
terminée, cette étape, le CEP pub-
liera la liste des électeurs par com-
mune au plus tard le 10 juillet,
a informé le directeur du registre
électoral, précisant que seules les
personnes ayant retiré leur carte
d’identification nationale avant le
11 mai 2015, pourront voter lors
de ces élections.
Après avoir mis un terme à la
liste électorale, le gros lot reste le
recrutement du personnel vaca-
taire tel que les agents de sécurité,
les superviseurs, les membres de
bureaux de vote (MBV) et autres.
Pour ce qui concerne les MBV le
processus de recrutement a été
lancée depuis le 9 juin dernier
suivant l’esprit de l’article 139-1
du présent décret-électoral qui
stipule que « Les membres des
Bureaux de vote, dans leurs zones
respectives, sont choisis par les
partis politiques, sur une liste de
citoyens électeurs soumise par les
universités, les écoles, les cultes,
les associations socioprofession-
nelles et culturelles reconnues et
les organisations de femmes, au
moins soixante (60) jours avant
le scrutin ».
Selon les dispositions de l’article
139-1, le choix des MBV doit
avoir lieu en séance publique
par tirage au sort par le BEC en
présence des représentants des
partis, groupements politiques,
des candidats indépendants et des
organismes d’observation électo-
rale accrédités. La notification est
faite aux personnes retenues par
lettre avec accusé de réception.
Obligation est faite aux personnes
retenues de se mettre à la dispo-
sition du CEP en vue de remplir
leurs devoirs civiques.
Faute par elles de se conformer,
elles seront l’objet des mêmes
peines prévues contre les jurés
absentéistes.il est à noter que
le directeur exécutif du CEP, Me
Mosler Georges, avait annoncé
que les membres des bureaux de
vote seront connus aux premières
semaines de juillet.
Deux étapes restent encore à
franchir avant le 9 août selon
Philippe Augustin. Recrutement
et formation.
Si les MBV sont déjà en cours,
quant aux superviseurs et agents
de sécurité, c’est le CEP qui est
chargé d’en faire le recrutement,
dit-il, annonçant que les joutes
auront bel et bien lieu le 9 août,
sauf cas de force majeure.
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 7
ACTUALITÉ
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES9AOÛT
Six millions d'électeurs potentiels
par Noclès Débréus
Le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoit (à droite). / Photo :
J.J. Augustin
Marche contre la politique migratoire dominicaine
Sources : HPN
8 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
MONDE
L
e Premier ministre grec Alexis
Tsipras a maintenu mercredi
son appel à voter « non » lors
du référendum de dimanche
sur les demandes des créanciers de la
Grèce, tout en assurant vouloir négo-
cier avec eux un troisième plan d’aide.
Un vote « non » sera « un pas déter-
minant pour un accord meilleur »
par rapport aux dernières propo-
sitions des créanciers, UE et FMI,
a-t-il expliqué.
Dans un message télévisé à la
nation, Alexis Tsipras a répété qu’il
continuerait les négociations avec
les créanciers après le référendum
de dimanche. « Le « non » ne signifie
pas une rupture avec l’Europe mais
le retour à l’Europe des valeurs, le
« non » signifie une forte pression
» pour continuer les négociations,
a-t-il affirmé.
« On vous fait du chantage en vous
pressant de voter « oui » à toutes
les mesures des institutions sans
aucune solution pour sortir de la
crise », a-t-il dit à l’adresse des
électeurs grecs, dans un message
très vindicatif envers les créanciers.
Mais en Europe, une victoire du «
non » est considérée comme ris-
quant de conduire à la sortie de la
Grèce de la zone euro et à une crise
majeure des institutions europée-
nnes.
Les Européens espéraient claire-
ment un autre message. « Une
percée pourrait intervenir si le
gouvernement grec fait clairement
campagne pour le « oui » au référen-
dum, ou s’il change la question, ou
s’il l’annule », avait twitté dans la
journée le ministre slovaque des
Finances, Peter Kazimir, classé dans
le camp des durs envers Athènes.
La surprise pour les Européens est
d’autant plus grande que le gou-
vernement grec avait évoqué mardi
la possibilité d’une suspension du
référendum, selon plusieurs sourc-
es européennes. Il a en outre fait
parvenir dans la nuit de mardi à
mercredi aux créanciers une lettre
dans laquelle il se dit prêt à accepter
les réformes exigées de lui, mais en
posant de nouvelles conditions et
en demandant des aménagements.
En échange, la Grèce demande
une nouvelle aide financière sur
deux ans permettant de couvrir ses
besoins, soit environ 30 milliards
d’euros, tout en restructurant sa
dette.
Ce serait son troisième plan d’aide,
puisque le deuxième a expiré mardi,
faute d’accord, en même temps que
la Grèce faisait défaut sur un rem-
boursement de 1,5 milliard d’euros
au FMI.
Les dernières demandes grecques
sont en train d’être discutées lors
d’une conférence téléphonique des
ministres des Finances de la zone
euro, qui a débuté vers 15H30 GMT.
Décalage entre Paris et Berlin
Sans masquer son irritation, le min-
istre allemand, Wolfgang Schäuble,
avait appelé Athènes à « clarifier
ses positions » avant d’éventuelles
nouvelles négociations sur un ren-
flouement du pays, estimant qu’il
n’y avait à l’heure actuelle aucune
« base pour discuter de mesures
sérieuses ».
La chancelière Angela Merkel avait
ajouté qu’il n’était pas question de
chercher « un compromis à tout
prix » avec la Grèce, et averti qu’il
ne pourrait y avoir d’issue avant le
référendum.
Le président français François Hol-
lande avait jugé au contraire qu’on
ne pouvait davantage « différer » un
accord avec la Grèce. « Il faut être
clair, l’accord, c’est tout de suite !
», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne
voulait pas « la dislocation de la
zone euro ».
Même dans le cas où les Européens
se montreraient toujours disposés
à étudier les demandes grecques,
les négociations pourraient prendre
plusieurs semaines, estime cepen-
dant une source au fait des négocia-
tions.
Les propositions de réformes et
d’efforts budgétaires faites par la
Grèce « sont plus faibles que celles
proposées par les créanciers », a
indiqué une autre source. Or, pour
une aide de deux ans, les conditions
associées devraient être « plus con-
sistantes » que pour les plans d’aide
accordés en 2010 et en 2012.
Le vice-président de la Commission
européenne chargé de l’Euro, Valdis
Dombrovskis, a estimé qu’il existait
« une possibilité de parvenir à un
accord avant la prochaine échéance
» du 20 juillet, date à laquelle la
Grèce doit rembourser 3,5 milliards
d’euros à la Banque centrale euro-
péenne (BCE).
Désormais, seule la Banque cen-
trale européenne assure la survie
financière du pays en soutenant à
bout de bras ses banques complète-
ment à sec.
Les 25 membres du conseil des
gouverneurs doivent se réunir
mercredi pour examiner la situa-
tion du système bancaire grec, mis
sous cloche par le gouvernement
d’Athènes qui a fermé les banques
pour la semaine.
L’institut de Francfort doit décid-
er de maintenir ou non une ligne
de prêts d’urgence en faveur des
établissements hellènes, à court
d’argent frais et pris d’assaut par
des Grecs inquiets qui veulent
retirer leurs économies.
Si l’institution décidait de couper
le robinet financier à la Grèce, ce
qui semble peu probable, cela plon-
gerait encore plus Athènes dans
l’abysse financière.
La Grèce, en ne versant pas les 1,5
milliard d’euros qu’elle devait mardi
au FMI, est devenu le premier pays
industrialisé à faire défaut vis-à-vis
de l’institution qui essuie là le plus
grand impayé de son histoire.
Tsipras appelle à voter « non » au
référendum, envers et contre toutSources : afp
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras devant le Parlement à Athènes, le 8 février 2015. - / Photo : ARIS MESSINIS / AFP
GRÈCE
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 9
MONDE
A
près un demi-siècle
d’isolement du régime com-
muniste, le président améri-
cain Barack Obama a annon-
cé mercredi le rétablissement des
relations diplomatiques avec Cuba,
saluant « un nouveau chapitre » dans
les relations entre deux pays séparés
seulement par le détroit de Floride.
« Cela a pris du temps mais l’heure
est venue », a lancé M. Obama
dans les jardins de la Maison
Blanche, rappelant - pour mieux
souligner qu’il était temps de
tourner la page - que les relations
diplomatiques avaient été suspen-
dues par Dwight Eisenhower en
1961, année de sa naissance.
Dans une lettre lue presque au
même moment à la télévision
nationale, son homologue cubain
Raul Castro confirmait la réouver-
ture prochaine d’ambassades à La
Havane et Washington, son gou-
vernement évoquant une date à
partir du 20 juillet.
En annonçant cette étape his-
torique, M. Obama consolide,
à 18 mois de son départ de la
Maison Blanche, une des initia-
tives majeures de sa politique
étrangère.
Mettant en avant l’ « enthousiasme
» suscité par cette initiative aux
Etats-Unis et à travers le monde,
depuis l’annonce faite en décem-
bre, M. Obama a annoncé que le
secrétaire d’Etat John Kerry se
rendrait au cours de l’été à La
Havane pour « hisser fièrement
le drapeau américain sur notre
ambassade ».
L’exécutif américain a, à plusieurs
reprises, évoqué la possibilité
d’une visite de M. Obama à Cuba
en 2016 mais aucune date n’a été
annoncée à ce stade.
Depuis 1977, les deux pays sont
chacun représentés par le biais de
Sections d’intérêt, chargées essen-
tiellement de tâches consulaires.
En visite à la Maison Blanche
mardi, la présidente brésilienne
Dilma Rousseff, avait salué ce rap-
prochement avec Cuba, y voyant
« étape cruciale dans les relations
entre les Etats-Unis et l’Amérique
latine » permettant « de mettre fin
aux derniers vestiges de la Guerre
froide ».
« L’avancée d’aujourd’hui démon-
tre une nouvelle fois que nous
ne sommes pas prisonniers du
passé: quand quelque chose ne
fonctionne pas, nous pouvons
changer », a souligné M. Obama.
« Prêts à aller de l’avant »
Promettant de rester vigilant et
exigeant avec La Havane sur la
question des droits de l’homme,
le 44e
président des Etats-Unis a
appelé à poursuivre la normalisa-
tion engagée, demandant au Con-
grès de lever l’embargo, imposé
à Cuba par John F. Kennedy en
1962 et sévèrement renforcé par
la loi Helms-Burton de 1996.
Toujours en vigueur, cet embargo
américain total sur les transac-
tions économiques et financières
avec Cuba est régulièrement
dénoncé par La Havane comme
un obstacle au développement de
l’île.
« Les Américains et les Cubains
sont prêts à aller de l’avant. Je
pense qu’il est temps pour le Con-
grès de faire de même », a sou-
ligné M. Obama, jugeant néces-
saire de lever les restrictions qui
empêchent les Américains de
voyager ou de faire du commerce
avec Cuba.
Les deux chambres du Congrès
étant contrôlées par les adver-
saires républicains de M. Obama,
le processus législatif s’annonce
long et semé d’embuches.
La nomination d’ambassadeurs
permettra d’améliorer les rela-
tions, mais « la normalisation est
un autre sujet », a d’ores et déjà
averti le président cubain Raul
Castro.
« Bonne étape pour les peuples
américain et cubain », a réagi sur
Twitter Hillary Clinton, candidate
démocrate à la Maison Blanche.
Mais cette avancée est loin de
faire l’unanimité aux Etats-Unis
dans le camp républicain.
Le candidat à la Maison Blanche
et ex-gouverneur de Floride Jeb
Bush a estimé qu’une ambassade
américaine à La Havane légi-
timerait « la répression à Cuba » et
ne permettrait pas de promouvoir
« la liberté et la démocratie ».
Marco Rubio, autre républicain
candidat à la présidence, a vive-
ment dénoncé cette nouvelle étape
dans le rapprochement, soulig-
nant qu’il s’opposerait, au Sénat, à
la confirmation d’un ambassadeur
lorsqu’un nom aura été proposé
par M. Obama.
Né à Miami de parents cubains, le
sénateur de Floride, qui est vent
debout contre l’initiative diplo-
matique du président démocrate,
appelle « à mettre un terme aux
concessions unilatérales à ce
régime odieux ».
Depuis 50 ans, des centaines de
milliers de Cubains ont émigré
aux Etats-Unis.
Si les émigrés « politiques » des
débuts de la Révolution restent
farouchement opposés à tout rap-
prochement avec le régime de La
Havane.
Les immigrés plus récents ont
de leur côté conservé de solides
attaches dans l’île et ont accueilli
beaucoup plus favorablement
l’annonce d’un dégel.
Le président américain Barack Obama, le 19 décembre 2012 à la Maison Blanche à Washington DC. - Photo : Mandel Ngan
Washington et La Havane rétablissent
leurs relations diplomatiquesSources : AFP
10 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Quel cadre de surveillance des
établissements bancaires en Haïti ?Par HENRI ALPHONSE
La Banque Centrale a pour mission de s’assurer que les institutions financières respectent les normes minimales
relatives à leur capital, à la concentration des risques de crédit, à la qualité de leurs actifs, à leur position de
change et à leur mode de gestion.
L
es réglementations pru-
dentielles, parallèlement à
l’assurance des dépôts et le
rôle de la Banque de la Répub-
lique d’Haïti (BRH) en tant que prê-
teuse en dernier ressort caractéris-
ent l’intervention publique dans le
domaine bancaire.
Sur le papier. Et dans les faits ?
Au plan de la réglementation et de
la supervision bancaires, ce n’est
pourtant pas la mer à boire. Si on
a le courage de le faire.
La BRH a toute une panoplie
légale pour assumer une telle
responsabilité. Là où le bât
pourrait blesser, c’est lorsque le
courage d’assumer pleinement
cette responsabilité fait défaut.
Le décret du 14 novembre 1980
règlemente le fonctionnement des
banques et des activités bancaires
sur le territoire de la République
d’Haïti.
La Banque de la République
d’Haïti (BRH), conformément aux
articles 29 à 32 de sa loi organique
et à l’article 43 du décret du 14
novembre 1980 réglementant
le fonctionnement des banques,
a le pouvoir d’enquêter sur
le comportement des entités
bancaires et de les soumettre à un
régime de normes prudentielles.
Le Conseil d’Administration de
la BRH dispose d’un solide cadre
règlementaire pour bien remplir
cette mission. Ce nouveau cadre
de surveillance des établissements
bancaires est entré en vigueur au
cours de l’année fiscale 1997-
1998 dans la perspective du
renforcement du contrôle bancaire.
L’évolution importante du système
bancaire au cours de la dernière
décennie, confirment les analystes
de la situation, constitue la
principale raison ayant justifié la
révision de ce cadre.
« Tout organisme de contrôle
bancaire doit, selon des objectifs
clairs, établir des politiques à
l’égard de la portée et la fréquence
de ses travaux de surveillance en
plus de développer des politiques
et procédés visant à favoriser
des travaux exécutés de façon
constante».
Un questionnement
La BRH procède -t- elle
régulièrement à l’inspection
régulière des banques tant
sur place, que sur pièces, soit
en y dépêchant des missions
d’inspecteurs, soit en exigeant la
communication d’informations
financières à des fréquences qu’elle
juge appropriées ?
Sa direction de supervision,
dans l’exercice de sa mission de
surveillance des établissements
bancaires, se nourrit-elle
régulièrement des principes
de base inspirés par le souci de
bonne régulation des règles du
jeu bancaire, elle-même desservie
par une approche méthodique des
dossiers ?
Ce cadre de surveillance, dans les
termes mêmes adoptés par l’entité
publique bancaire, prévoit :
• l’accomplissement d’activités
de surveillance sur pièces et
d’inspection sur place;
• l’obtention d’informations
financières périodiques fiables de
même que le traitement rapide et
l’analyse adéquate de celles-ci;
• des inspections sur place
générales, trimestrielles
et ponctuelles fondées sur
l’évaluation des risques propres à
chaque établissement bancaire;
• des inspections sur place
générales effectuées suivant
l’approche CAMEL ;
• la révision et l’utilisation
des travaux des vérificateurs
indépendants dans le but d’éviter
le dédoublement des efforts;
• un cycle de surveillance qui est
fonction de la taille et du risque de
chaque établissement;
• une structure organisationnelle
adaptée aux activités (surveillance
sur pièces et inspection sur place);
• des équipes d’inspection et
des analystes responsables
d’un portefeuille bien précis
d’établissements.
Punir les violations
Sans état d’âme. La Direction de
la Supervision a pour mission
de surveiller les établissements
bancaires relevant de sa
compétence.
Qu’elle soit dotée des moyens de sa
mission, aussi bien en ressources
humaines que budgétaires. Au
fait, le dernier séminaire de
perfectionnement des cadres de
cette direction, de quand ça date ?
Ce cadre de surveillance, en effet.
« vise non seulement à ce que
la Direction de la Supervision
s’acquitte de cette mission de
manière efficiente mais également
à ce que les employés de cette
Direction accroissent leurs
compétences, leurs connaissances
et mettent en valeur leur
professionnalisme ».
L’enjeu est donc clair : préserver
la confiance du public dans le
système bancaire haïtien. Et
surtout, détecter rapidement les
violations des lois et règlements et
proposer des moyens de corriger
rapidement les problèmes et
violations observés.
Toute une perspective qui, d’un
point de vue opérationnel, vise à
faciliter la prise en charge véritable
de ce fardeau – de la tache de
contrôle efficient – par le personnel
de la Direction de la Supervision.
Evidemment, il faut un véritable
chef d’orchestre sachant bien
exécuter sa partition, celle
« d’améliorer le suivi de l’évolution
du système bancaire et de ses
composantes, d’en communiquer
rapidement des renseignements
sur son état actuel et son évolution
au Conseil d’Administration de la
BRH.
Ce dernier devrait pouvoir
s’inquiéter toutefois des lacunes
enregistrées à ce niveau et créer
les conditions de détection rapide
« des problèmes de solvabilité
des établissements bancaires, des
violations des lois et règlements”
– surtout – tout en proposant « les
moyens de corriger rapidement les
problèmes et violations observés ».
Le contrôle des banques, affirment
les décideurs, est un élément
essentiel du renforcement du
système financier, « compte tenu
du rôle de premier plan que jouent
les établissements bancaires dans
l’intermédiation financière et le
système des paiements ».
Le contrôle des banques vise à
s’assurer que les établissements
bancaires mènent leurs activités
de manière saine et prudente,
que la conjoncture politique et
économique facilite ou pas la
spéculation occulte – sournoise -
sur le marché des changes.
Serait-ce trop demander ?
CONTRÔLEBANCAIRE
Le contrôle des banques vise à s’assurer que les établissements bancaires mènent leurs activités de manière saine et
prudente / Photo : lepasseurdelacote
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 11
ÉCONOMIE
Stratégies de développement
du secteur productifSource : Gouvernement du Niger
DÉVELOPPEMENTLOCAL
L
e choix des stratégies à dével-
opper pour l’atteinte de cet
objectif global doit tenir
compte du contexte particulier
d’un environnement naturel hostile et
d’une rareté des ressources naturelles
et financières au Niger dans la ges-
tion rationnelle est indispensable.
Ces stratégies doivent également tenir
compte des potentialités existantes
notamment les 15 millions d’hectares
cultivables et 270 000 hectares irriga-
bles mais aussi un cheptel d’environ
4,5 millions d’unités disposant de
près de 60 millions d’hectares de
superficies pâturables.
Le secteur rural et la
sécurité alimentaire
Toutes stratégies de développe-
ment rural à mettre en œuvre doit
d’abord chercher à minimiser,
sinon à rompre la dépendance
des productions rurales (agricoles
et pastorales en particulier) du
cycle pluviométrique à cause de
l’incertitude qui le caractérise.
A moyen et long termes, les straté-
gies devront s’orienter vers le ren-
forcement de la culture irriguée
qui passe nécessairement par une
politique de mobilisation des res-
sources en eau.
Aussi faut-il rappeler les options
stratégiques envisagées et parfois
mises en œuvre par les autorités
à travers notamment :
• les Principes Directeurs d’une
Politique de Développement Rural
pour le Niger en 1992 ;
• le Plan National de
l’Environnement pour un Dével-
oppement Durable (PNEDD) en
1998 ;
• le Programme Cadre de Lutte
Contre la Pauvreté en 1998 ;
• la Stratégie de Croissance Agri-
cole Durable en 1999 ;
• la Stratégie Opérationnelle de
Sécurité Alimentaire pour le Niger
(SOSA) en 2000 ;
• les stratégies de développement
de l’irrigation et de la collecte des
eaux de ruissellement en 2001 ;
• le Document cadre pour la
relance du secteur de l’élevage au
Niger en 2001 ;
• la Stratégie de développement
et de la micro finance en 2001 ;
• la Politique et les stratégies pour
l’Eau et l’Assainissement ;
• le Programme National global
sécurité alimentaire à partir de
2002 ;
• la Stratégie Nationale de Sécu-
rité alimentaire à partir de 2002 ;
• la Stratégie Nationale de Sécu-
rité alimentaire à partir de 2002 ;
• le Programme National intégré
de Recherche et de Vulgarisation ;
• le Plan à long terme de la
Recherche Agronomique, le Plan
d’Action National de Lutte Contre
la Désertification.
En outre, une stratégie de dével-
oppement rural sera élaborée en
2002. A partir des orientations
stratégiques données par ces
documents et sur la base du diag-
nostic posé, les axes stratégiques
suivants sont retenus comme pri-
oritaires :
• le développement de l’agriculture
et de l’élevage;
• la lutte contre la désertifica-
tion et la gestion des ressources
naturelles;
• le développement des produc-
tions connexes à l’économie rurale
(activités génératrices de reve-
nus).
Pour un développement durable
du secteur rural, un accroisse-
ment et une diversification de la
production agricole, pastorale, for-
estière, halieutique, de la conser-
vation de la diversité biologique
seront envisagés selon les zones
agro-écologiques du Niger.
En complément de toutes ces
opportunités, le développement
des activités génératrices de reve-
nus (AGR) en milieu rural, à trav-
ers notamment la transformation
et le commerce des produits agro-
sylvo-pastoraux, sont susceptibles
d’améliorer et d’accroître sensi-
blement le revenu des populations
rurales.
Cependant, pour accompagner et
soutenir ces stratégies, un sys-
tème de financement adapté au
monde rural est indispensable au
Niger.
Dans le contexte actuel de notre
pays, les systèmes financiers
décentralisés (SFD) qui octroient
des crédits et l’épargne locale doi-
vent être complétés par des sys-
tèmes financiers qui s’intéressent
à l’équipement rural, y compris
l’agro-industrie.
Les transports routiers, les
mines et l’énergie
Les transports routiers contribuent
à réduire la pauvreté en servant
d’appui à la croissance économique
et en accompagnant l’essentiel des
activités cibles sur la pauvreté. Ils
jouent aussi un rôle important
dans la sécurité alimentaire et
l’accès aux services de base.
Pour la mise en œuvre de ces
objectifs, les stratégies retenues
visent :
• l’amélioration de la programma-
tion et des méthodes d’exécution
d’entretien routier;
• l’assurance dans la régularité de
l’exécution;
• la construction des routes rura-
les et les routes nationales dont la
mise en œuvre a un impact positif
sur les conditions de vie des popu-
lations;
• l’implication des populations
bénéficiaires dans la réalisation
des projets;
• l’élaboration et la mise en œuvre
d’un plan national des transports;
• la libéralisation du secteur par
l’élimination des entraves insti-
tutionnelles et l’amélioration de
la chaîne logistique de transport;
• l’amélioration du contrôle tech-
nique du matériel;
• l’amélioration du système
d’information, l’éducation et la
sensibilisation du public;
• la promotion des transports
intermédiaires non motorisés et
des transports collectifs.
En ce qui concerne le secteurs
des mines et de l’énergie, ils dis-
posent de potentialités capables
d’apporter des transformations
qualitatives dans l’économie au
point de servir de levier à la réduc-
tion de la pauvreté, en particu-
lier, à travers le développement
et la promotion des énergies nou-
velles et renouvelables (solaire,
éolienne,etc.) et le potentiel en
intrants que renferment les mines.
Aussi les stratégies suivantes ont-
elles été retenues à savoir :
• la réforme du secteur de
l’énergie;
• la promotion des combustibles
de substitution au bois;
• la création des conditions de
compétitivité de la filière ura-
nium;
• l’exploitation des substances
pouvant constituer des intrants
au secteur agricole.
Le secteur privé, le tourisme
et l’artisanat
Le secteur privé, l’artisanat et le
tourisme sont des secteurs qui
disposent d’une grande capacité
de création d’emplois et de généra-
tion de revenus, ils constituent de
ce fait, un levier non négligeable
dans la relance de la croissance
économique.
Les stratégies du programme
seront concentrées sur les axes
d’intervention suivants :
• la création d’un environnement
institutionnel et juridique incitatif;
• le renforcement de l’autonomie
organisationnelle du secteur
privé;
• l’appui à la création et au dével-
oppement des entreprises privées;
• la valorisation des ressources
locales;
• la promotion et le développe-
ment des opportunités provenant
de l’intégration régionale;
• l’assainissement du secteur ban-
caire et financier;
• l’accélération du processus de
privatisation des entreprises pub-
liques;
• la création des bases de
développement d’un tourisme
d’agrément et de l’éco-tourisme;
• l’introduction du Niger sur le
marché grand public par le recours
à l’expertise des opérateurs privés
du tourisme;
• la promotion de l’artisanat à
travers la demande et l’offre des
secteurs utilisateurs;
• la promotion des produits arti-
sanaux auprès des nigériens;
• enfin, des manifestations spéci-
fique sous forme de conférence,
forum, etc. seront organisées con-
jointement avec les partenaires du
secteur privé pour faire connaître
les opportunités, les atouts et pos-
sibilités d’investissements dont
dispose le Niger dans les domaines
du tourisme, de l’artisanat, de
l’agro-alimentaire, des infrastruc-
tures.
Face à tous les défis à relever dans le domaine du développement rural et de la sécurité alimentaire, l’objectif
global est de contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations.
12 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Il faut l'innovation pour aider les fermes
familiales à prospérer
Par Jomo Kwame Sundaram
Les exploitations familiales contribuent à la sécurité alimentaire et la nutrition depuis des siècles, voire des
millénaires. Mais avec l’évolution de la demande pour la nourriture ainsi que les ressources naturelles de plus en
plus rares et des pressions démographiques croissantes, les fermes familiales devront innover rapidement afin
de prospérer.
DÉVELOPPEMENTRURALDURABLE
E
n attendant, le développement
rural durable dépend essenti-
ellement de la viabilité et du
succès de l’agriculture famil-
iale. Avec les fermes familiales qui
diminuentdetailleparl’appropriation
et souvent en exploitation également,
l’amélioration du niveau de vie à la
campagne est devenue de plus en
plus difficile au fil des décennies.
L’utilisation des terres agricoles
est de plus en plus limitée par
la disponibilité de terres arables
pour l’exploitation puisque les
demandes d’utilisation d’autres
terres augmentent. Aborder le
développement rural durable
implique des considérations
économiques et sociales ainsi que
des contraintes écologiques et de
ressources.
Plus d’un demi-milliard de
fermes familiales à travers le
monde forment l’épine dorsale
de l’agriculture dans la plupart
des pays. Bien que les exploita-
tions familiales représentent plus
de neuf des 10 fermes dans le
monde, elles ont considérable-
ment moins de terres agricoles.
Elles constituent les gardiens
des ressources agricoles dans le
monde et la source de plus de
quatre cinquièmes de la produc-
tion alimentaire dans le monde,
mais la plupart sont pauvres et
en insécurité alimentaire elles-
mêmes.
Le défi en matière
d’innovation
Les fermes familiales sont
très diverses, et les systèmes
d’innovation doivent prendre en
compte cette diversité. Alors que
certaines grandes fermes sont
gérées comme des entreprises
familiales, le principal défi pour
l’innovation est d’atteindre les
petites fermes familiales. Les
stratégies d’innovation doivent,
bien sûr, tenir compte des condi-
tions agro-écologiques et socio-
économiques des fermes famili-
ales.
Les efforts publics visant à pro-
mouvoir l’innovation agricole
pour les petites et moyennes
exploitations familiales devraient
veiller à ce que la recherche agri-
cole, les services consultatifs,
les institutions du marché et les
infrastructures soient inclus. La
recherche agricole appliquée pour
les cultures, les espèces animales
et les pratiques de gestion doit
tenir compte des défis rencon-
trés par les fermes familiales. Un
environnement favorable pour le
producteur et d’autres organisa-
tions communautaires rurales
peut donc aider à promouvoir
l’innovation.
Les défis auxquels est confrontée
l’agriculture et l’environnement
institutionnel pour l’innovation
agricole sont plus que jamais
complexes. Des systèmes et ini-
tiatives d’innovation efficaces
doivent reconnaître et régler
cette complexité. Les stratégies
d’innovation agricole devraient
se concentrer non seulement sur
l’accroissement des rendements et
des revenus nets réels, mais aussi
sur la conservation des ressources
naturelles, et d’autres objectifs.
Un système d’innovation doit
considérer tous les acteurs. Par
conséquent, il doit tenir compte
de la politique contemporaine
complexe et de l’environnement
institutionnel pour l’agriculture
et la gamme d’acteurs engagés
dans la prise de décisions, sou-
vent avec des intérêts et des
priorités divergents, nécessitant
ainsi l’implication approprié du
gouvernement.
Les investissements publics
dans la R&D agricole, ainsi que
les services de vulgarisation et
de conseil devraient être aug-
mentés pour mettre l’accent
sur l’intensification durable,
l’augmentation des rendements
et la réduction des écarts de pro-
ductivité de la main-d’œuvre. Les
services de recherche et de conseil
agricoles devraient donc chercher
à accroître la productivité, amélio-
rer la durabilité, baisser les prix
des aliments, réduire la pauvreté,
etc.
La R&D devrait se concentrer
sur l’intensification durable, con-
tinuant d’élargir les limites de la
production de manière durable,
travaillant de manière systémique
et intégrant les connaissances tra-
ditionnelles et d’autres connais-
sances informelles. Les services
de vulgarisation et de conseil
devraient se focaliser sur la réduc-
tion des écarts de rendements et
l’accroissement de la productivité
de la main-d’œuvre des petits et
moyens fermiers. Nouer des parte-
nariats avec des organisations de
producteurs peut aider à s’assurer
que les services de R&D et de vul-
garisation sont à la fois inclusifs
et répondent aux besoins des agri-
culteurs.
Innovation institutionnelle
Tous les agriculteurs familiaux
ont besoin d’un environnement
propice à l’innovation, y compris
la gouvernance de développement,
des conditions macroéconomiques
axées sur la croissance, les régimes
juridiques et réglementaires favor-
ables aux exploitations familiales,
des outils abordables de gestion
des risques et des infrastructures
de marché améliorées.
Un accès amélioré aux marchés
locaux ou plus larges pour les
intrants et récoltes, y compris à
travers les marchés publics auprès
des agriculteurs familiaux, peut
fournir de fortes incitations à
l’innovation, mais les fermiers des
zones reculées et d’autres groupes
marginalisés sont souvent con-
frontés à de grands obstacles.
En outre, les pratiques agricoles
durables ont souvent des coûts
de démarrage élevés et de longues
périodes de remboursement. Par
conséquent, les agriculteurs ont
besoin d’incitations appropriées
pour fournir des services envi-
ronnementaux nécessaires. Des
institutions locales efficaces,
y compris les organisations
d’agriculteurs, combinées avec
des programmes de protection
sociale, peuvent aider à surmonter
ces obstacles.
La capacité à innover dans
l’agriculture familiale doit être
soutenue à différents niveaux
et dans différents domaines.
La capacité et les capacités
d’innovation de chacun doi-
vent être développées à travers
l’éducation, la formation et la
vulgarisation. Les incitations
peuvent créer les réseaux et liens
nécessaires pour permettre aux
agriculteurs, chercheurs et aux
autres de partager des informa-
tions et de travailler vers des
objectifs communs.
Des organisations de producteurs
efficaces et inclusives, telles que
les coopératives, peuvent être cru-
ciales pour soutenir l’innovation
de leurs membres. Les organisa-
tions de producteurs peuvent
aider leurs membres à mieux
accéder aux marchés et à innover
et à assurer également une voix
pour les exploitations familiales
dans l’élaboration des politiques.
L’innovation n’est pas seulement
technique ou économique, mais
nécessite souvent des dimensions
institutionnelles, systémiques et
sociales. Un tel point de vue holis-
tique et une approche par rapport
à l’innovation peuvent être essen-
tiels pour l’inclusion, l’efficacité
et le succès.
Aborder le développement rural durable implique des considérations économiques et sociales. / Photo : www.
rbu2000plus.org
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
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30 JEUDI 2 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
P
arlons du tourisme! Sujet sérieux. Faisons donc l’effort de garder
le ton ironique et sarcastique pour une autre fois. Après tout, nous
ne voudrions tout de même pas diminuer les précieux revenus de
l’État ! De quel droit oserions-nous ? De plus, nos bons étrang-
ers en ont toujours pour leur argent : un bronzage de homard (malgré la
crème solaire), quelques kilos de plus (ce n’est pas tous les jours qu’ils ont
droit à quelque chose de mieux que les fast foods) et des photos originales
de lieux inoubliables comme Labadie (un morceau du Paradis déchu au
nord du pays). Et hop ! Six dollars verts (par tête) versés à l’État haïtien.
Hum… Labadie, la nouvelle perle des Antilles séparée du fiel des Antilles
par une simple clôture hautement sécurisée. L’exemple même des deux
visages d’Haïti : une partie suffocante de beauté à la porte d’une écœurante
misère… Pourtant personne n’ose demander : « Vous voulez voir l’Haïti pile
ou l’Haïti face ? ». On a simplement présumé qu’ils voulaient tous voir les
palmistes, nos touristes.
Il n’est pas interdit d’être soi-même un touriste dans son propre
pays. Vous êtes chanceux car aujourd’hui vous avez droit à une visite
guidée « gratis ti cheri » pour le prix de deux (pile et face d’Haïti)
! À votre gauche, un magnifique château de fatras surmonté d’une
charogne et à votre droite la Citadelle Laferrière. Plus loin se trouve
juste une rigole d’eau nauséabonde tandis que tout près c’est la chute
de Bassin Bleu. Cette majestueuse architecture derrière vous ? Eh
bien c’est Cité Soleil : la Capitale de La Boule, juste devant vous. S’il
vous faut avoir une meilleure idée du soleil, vous vous brûlerez sans
doute! En poursuivant, vous réaliserez qu’en haut est localisé un grand
établissement privé. Cette chaumière en bas, c’est une école « bòlèt
»… quelle maladresse !… je voulais dire, c’est une école publique. Là,
au milieu, ce n’est pas un fou mais un officier (ne faites pas attention
à son accoutrement) qui garantit la bonne circulation des voitures car
les feux de signalisation ne sont là que pour faire le beau ».
Ici, rien ne joue à cache-cache « liben, sere liben ». L’insécurité est
un des mouchoirs brodés de la MINUSTAH. Nous avons d’ailleurs des
enfants de huit ans, armés qui font un travail de pro dans les rues
de Port-au-Prince. Personne n’a pensé à les intégrer dans les forces
policières, ces talentueux bonhommes ? Voyons le bon côté des choses
: avec tous les morts qu’ils causent, ils contribuent à résoudre le
problème de la surpopulation ! Que faut-il de plus ? Arrêtons donc de
faire l’autruche et apprenons à pleinement savourer les petites choses
de la vie. N’est-ce pas pour cela que nos plats sont si bien épicés ?...
Ce sera tout pour aujourd’hui. Je vais vous héler un taxi pour vous
reconduire où vous logez. Oh non ! Ne vous faites pas d’illusion : cette
Mercedes 2015 est l’auto de l’évêque. C’est cette « kabwèt » qui arrive
là-bas, votre taxi. Ce fut un plaisir de vous faire visiter la perle des
anguilles …
Pile ou face?
par Edna Blaise
C
e programme de développe-
ment pour l’après-2015
abordera de nombreuses
problématiques : mettre fin à
la pauvreté et à la faim, améliorer la
santé et l’éducation, bâtir des villes
plus durables, combattre les change-
ments climatiques et protéger les
océans et les forêts.
Les gouvernements sont actuel-
lement en pleines négociations
et la société civile, les jeunes,
l’industrie et tous les autres pren-
nent part à la conversation mon-
diale. Les dirigeants mondiaux
devraient adopter le programme
lors du Sommet spécial sur le
développement durable à New
York en septembre 2015.
Des progrès considérables ont
été enregistrés pour atteindre la
réalisation des Objectifs du Mil-
lénaire pour le Développement
(OMD). La pauvreté continue de
diminuer à travers le monde, les
enfants scolarisés en primaire
n’ont jamais été aussi nombreux,
les décès d’enfants ont diminué
de façon spectaculaire, l’accès à
l’eau potable a été très élargi et les
investissements axés sur la lutte
contre le paludisme, le sida et la
tuberculose ont sauvé des millions
de vies.
Les OMD font une vraie différence
dans la vie des gens et avec une
responsabilisation et un leader-
ship massifs, ces progrès peuvent
être étendus dans la plupart des
pays du monde d’ici à l’échéance
de 2015. Au-delà de 2015, les
efforts engagés pour atteindre un
monde de prospérité, d’équité,
de liberté, de dignité et de paix
seront poursuivis sans relâche.
La conversation mondiale
Pour favoriser une conversation
mondiale inclusive, le Groupe
de développement des Nations
Unies a coordonné des consul-
tations nationales, globales et
thématiques. À ce jour, plus de
100 consultations, impliquant
de multiples parties prenantes, y
compris les gouvernements, les
entreprises et les groupes de la
société civile, ont été soutenues
par l’ONU et de nombreuses autres
sont prévues. Des organisations
de la société civile continuent à
s’engager dans le processus de
l’après-2015, tandis que des uni-
versités et autres institutions de
recherche, y compris les groupes
de réflexion, restent particulière-
ment actifs.
Grâce à l’enquête mondiale « MY
World », 2 millions de personnes
ont déjà voté pour communiquer
aux Nations Unies les sujets les
plus importants qu’ils aimeraient
voir figurer sur l’agenda de
l’après-2015 et le nombre de
participants ne cesse de croître.
En complément de l’enquête
« MY World », a été mise en place
une plateforme en ligne « 2015 :
le monde que nous voulons » où
les citoyens peuvent participer,
à travers des consultations, au
programme de développement
pour l’après-2015.
Le monde que
nous voulons !Source : Nations Unies
OMD:L’APRÈS-2015?
Avec la conclusion des OMD à la fin de l’année 2015, les
dirigeants du monde ont appelé à la mise en place d’un
programme ambitieux et de long-terme pour améliorer
la vie des populations et protéger la planète pour les
générations futures.
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 15
SOCIÉTÉ
P
réfac, mise à niveau, remise à
niveau ou si l’on veut prépa-
fac. On l’appelle différem-
ment d’un endroit à l’autre.
En fonction des intérêts des organ-
isateurs, dirait-on. Certains disent
qu’une mise à niveau ou remise
à niveau est gratuite. La préfac est
payante. On laisse prépa-fac pour
les amoureux du français de France.
Palabres quoi ! Quelle que soit sa
dénomination, définitivement, cette
activité est une voie presque incon-
tournable pour quiconque veut inté-
grer l’Université d’État d’Haïti (UEH).
Et l’on voit combien de bacheliers ont
recours à cela. À la faculté des sci-
ences humaines, par exemple, chaque
association d’étudiants (Continuum,
Sek Gramsci, GESTE, AHECS) orga-
nise une préfac. Cependant, à chaque
mise à niveau, il y a un grand nombre
de postulants. Sans compter ceux-là
qui n’ont pas été admis aux concours
d’admission que chacun de ces
groupes organise. C’est dire que la
demande est très grande.
GRETAS (Groupe de Réflexion,
d’Etude et d’Action Sociale), est
un groupe réunissant des étudiants
de l’UEH venant particulièrement
de Petit-Goâve. C’est une initiative
citoyenne qui vise à faire des études
et de la réflexion, les moteurs de
tout développement économique,
social, technologique. Depuis la
création de ce groupe, les étudiants
organisent le dernier samedi
chaque mois, un café littéraire à
Petit-Goâve. En ce qui a trait à la
préfac, ils se préparent à la troisième
édition de GRETAS-préfac pour les
jeunes de la cite soulouquoise. Ils
estiment que le niveau de notre
système éducatif est très faible,
empêche les fils des plus pauvres
d’avoir accès à une profession après
les études classiques. Aujourd’hui,
les jeunes sont très satisfaits.
« Bon nombre de nos postulants ont
pu réussir avec brio les concours
d’admission à l’UEH », nous
déclare Nixon Saturné. « L’année
dernière, le lauréat du concours de
la faculté de droits et des sciences
économiques de Port-au-Prince
(sciences juridiques) était l’un
des bénéficiaires de la formation
que nous offrons. C’est notre plus
grande satisfaction », ajoute le
directeur de communication du
groupe.
L’Association haïtienne des
Etudiants en Communication
sociale (AHECS), sise à la faculté
des sciences humaines, organise
elle aussi des mises à niveau. C’est
pour elle une façon d’aider les
jeunes, qui n’ont pas les moyens
de s’inscrire aux préfacs payantes,
à trouver de l’aide pour préparer
leurs concours. À entendre le
coordonnateur adjoint du groupe,
Grégory Jacquet, une préfac ne
serait pas seulement une initiative
pour aider les jeunes à réussir
des concours. « La vraie fonction
d’une préfac consiste à donner
aux postulants non seulement les
formations de base leur permettant
de passer le concours, mais aussi
des formations qui vont leur servir
toute leur vie », avance le C.A. de
l’AHECS.
Les étudiants, semble-t-il,
retournent désormais chaque été
dans leurs communes respectives
pour aider les leurs à intégrer l’UEH.
Les gonaïviens organisent gona-
prefac. À Saint-Marc le Nisa-club,
regroupant les étudiants de cette
commune, organise nisa-préfac.
Avant d’organiser la préfac, le
nisa-club organise des séminaires
d’orientation professionnelle, nous
informe Wadson Sainvilus. Ils ont
un seul objectif. « Nous voulons
grossir le nombre de saint-marcois
dans les différentes entités de
l’UEH», déclare Wadson.
Les étudiants ne trouvent, malgré
tout, aucun accompagnement du
rectorat de l’Université dans ce
travail. Et pourtant, ils essayent
de concrétiser une fonction de
celle-ci qui n’existe que sur papier
parmi tant d’autres : le service à
la communauté. Si nombreux
organisent les préfacs pour gagner
de l’argent, d’autres ne veulent
qu’aider. Ils essaient de compenser
les faiblesses, oh combien trop
grandes, de notre système éducatif.
L’université pourrait, peut-être,
les assister dans ce travail. Un
étudiant de l’institut d’études et de
recherches africaines et haïtiennes
(IERAH), qui était postulant
à gretas-prefac nous donne sa
définition de préfac.
« Une préfac est une institution
qui aide à préparer un concours
à l’université, en conformité avec
les exigences de ce concours »,
témoigne Jonas R. Desroches.
Il est très reconnaissant envers
tous ces étudiants qui l’ont aidé
et se dit prêt à contribuer lui
aussi aujourd’hui à ce travail tout
en invitant les responsables de
l’Université à apporter eux aussi
leur soutien.
Quand des étudiants rendent
service à la communautépar Ritzamarum ZETRENNE
HAÏTISOCIÉTÉ/PRÉFAC
Chaque année, en Haïti, de juillet à septembre, les étudiants de l’université d’État d’Haïti (UEH) organisent
des cours de préfac. Si certains le font dans un but lucratif, d’autres par contre le font pour accomplir l’une des
missions de l’université: servir la communauté. Peu importe les motifs que se donnent ces étudiants, cette
activité semble d’une grande importance pour les jeunes qui veulent intégrer l’une des facultés de l’université
d’Etat d’Haïti.
L’Université d’Etat d’Haïti en route vers la science ouverte. / Photo: masterhmp.org
16 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
E
Dans les transports en
commun, dans les restau-
rants ou même en pleine rue,
les téléphones portables sont
toujours à portée de main. Normal.
Ce sont des portables. Depuis que
nous sommes à l’ère smartphone et
internet facile, rien n’est plus comme
avant. Ces téléphones ne servent plus
uniquement à briser une certaine dis-
tance entre les membres d’une même
famille ou entre amis.
Il n’est plus étonnant de constater
que même en chaire, un pasteur
utilise son smartphone. Les fidèles,
n’en parlons pas. En plus des
applications de la bible et de chants
d’espérance qu’ils utilisent durant
les services de prière, ils envoient
de temps à autres des messages.
Un post sur Facebook : #atchurch.
Un texto sur WhatsApp et une
vérification rapide des profils de
certains amis.
S’il facilite « la communication »
entre guillemets, le téléphone por-
table empêche une communication
véritable au sein des familles. Tout
le monde se concentre sur son por-
table. Le monde et l’affection vir-
tuels suffisent sans doute. Ce déficit
de communication véritable engen-
dre d’autres problèmes. Surtout
concernant les adolescents sur qui
les parents n’ont plus de contrôle.
Et l’on connaît tous les problèmes
liés à cette période de la vie et du
développement des enfants.
Un adolescent fait le témoignage de
certains désavantages engendrés
par ces objets qui deviennent
notre passion quotidienne:
« mon téléphone m’empêche de
dormir parfois. Quand je suis sur
Facebook, je ne vois pas passer le
temps. ». Selon lui, si l’on ne se
contrôle pas, les portables peuvent
devenir des objets de perversion.
« Les portables peuvent dérouter les
jeunes. Lorsque j’ai découvert des
images indécentes pour la première
fois, c’était sur le web. J’essaie de
ne pas me laisser prendre au piège,
mais d’autres ne peuvent pas y
résister».
Pour ce jeune homme de 24 ans,
les smartphones empêchent de
créer des liens et de se familiariser.
« Quand tu entres dans une salle où
il y a des jeunes, ils ne se parlent
pas, parce que tout le monde se
concentre sur son smartphone. »
De plus, ils empêchent d’apprécier
les autres. « Tu n’as plus envie
de voir des amis. Il suffit de leur
demander de t’envoyer une photo. »
Autre aspect important du manque
de communication vient du fait que
nous n’avons plus envie, ni aucun
intérêt à résoudre nos différends. «
Lè moun nan nan kont ak on lòt, li
annik monte sou profil li li ekri on
bagay et cela se termine là.
Les téléphones nous facilitent la
vie à un certain niveau. En plus de
nous servir à réduire la distance
entre nous et nos parents, nos
amis éparpillés à travers le monde,
nous avons tout un attirail à
notre portée. Nous les consultons
pour nos problèmes de grammaire,
de traduction pour ne citer que
ces deux-là. Mais les smartphones
nous imprègnent tellement qu’ils
finiront par être plus intelligents
que nous…
S
uite à la levée de la grève du
mardi 4 février 2015 dernier
par la négociation entre le
ministre de l’économie et des
finances monsieur Wilson Laleau et
les syndicats des chauffeurs, un mou-
vement de protestation a été organisé
dans plusieurs rues de la zone mét-
ropolitaine par les étudiants en vue
d’exprimer leur mécontentement.
En effet, des barricades enflammées
ont obstrué les voies de circulation,
et paralysé complètement le fonc-
tionnement de certaines institutions
publiques et privées. Les forces de
la PNH sont intervenues, ont tiré
des balles en caotchouc, lancé du
gaz lacrymogène pour réprimer les
protestataires. Mais, cette répression
policière, loin de neutraliser le mou-
vement, a suscité la colère des étudi-
ants qui ont incendié plusieurs véhi-
cules de services publics en circula-
tion. Nombreux ont été les témoins
qui condamnaient les étudiants,
les accusant de pyromanie et de
destructeurs de biens publics. La
violence ne devrait pas être la solu-
tion à un problème surtout lorsqu’il
s’agit d’étudiants. Ceux-ci auraient
plutôt intérêt à faire preuve de leur
responsabilité citoyenne. Paradox-
alement, ils ont justifié leur com-
portement au cours d’une interview
qu’ils ont accordée à un journaliste
indépendant.
En effet, selon eux, un citoyen
peut refuser de légitimiser une
décision gouvernementale jugée
incompatible aux intérets du
peuple. Comme la légitimité d’un
gouverment, ses revendications
doivent être toujours prises
en compte. Mais, la différence
essentielle entre l’Etat et les
gouvernements invite à une
considération fondamentale quant
aux rapports entre les citoyens et le
pouvoir en place. C’est pourquoi
une décision gouvernementale
non approuvée par le peuple, ne
saurait, en aucune façon être un
impératif. Selon l’explication des
étudiants, la violence ne vise pas à
détruire le bien public en soi.
Mais, à attaquer le symbolisme du
pouvoir politique exprimé dans
ce bien. L’acteur de cette violence
veut remettre en question les
décisions du gouvernement qui ,
le plus souvent, sont dictées par
l’extérieur.
Le citoyen doit veiller sur les
dérives du gouvernement qui tend
toujours à se démarquer de son
devoir envers la majorité souffrante
qu’il cherche souvent à gagner à sa
cause. C’est pourquoi la rupture par
la violence ou d’autres moyens est
une nécessité pour qu’il reéfinisse
politique son mode de gouvernance.
En réalisant la violence execée
par le gouvernement face aux
légitimes protestations populaires,
la désobéissance civile n’est- elle
pas nécessaire ? Enfin, il faut
voir dans les actes de violences
perpétrés lors de ce mouvement
de protestation contre la réticence
du gouvernement à réduire le
prix du pétrole, deux expressions
manifestes des rapports avec le
pouvoir. D’abord, une action du
citoyen qui ne reconnait aucune
légitimité à une décision politique
qui engage ses intérets.
En second lieu, il s’agirait d’une
expression des rapports pervertis
du micro pouvoir, exprimé dans le
jeu de relation décision-contrôle-
obéissance-désobéissance. A la
question finale de l’entretien « que
faut-il dire de la responsabilité
du citoyen vis-à-vis des biens de
l’Etat dont il est aussi une source
de souveraineté ? », un étudiant a
articulé que « entre citoyenneté et
violence, on doit toujours redéfinir
les frontières ».
Quand nos portables sont plus
intelligents que nous !par Stephanie Balmir
Redéfinir les frontières ?par CHERISCLER Evens BOUKMAN Exilé du monde
HAÏTISOCIÉTÉ/TECHNOLOGIEETRAPPORTSHUMAINS
HAITISOCTÉTÉ/CITOYENNETÉETVIOLENCE
À l’ère de la technologie, ce ne sont pas les gadgets et les marques qui manquent. Des smartphones aux appareils
de musique, tablettes (tablette de lecture et tablette électronique), chacun en trouve son petit bijou. Mais au-
delà des avantages que tous ces gadgets peuvent offrir, leurs inconvénients entachent les relations humaines.
Les portables peuvent dérouter les jeunes. / Photo: phantom.glass
SOCIÉTÉ
JEUDI 2 JUILLET 2015 N0
30 | 17
CULTURE
Le National :- Qu’est ce qui est
prévu dans le spectacle Kirikou
et la sorcière ?
Jean René Delsoin : - Tout le
monde ici connait l’histoire de
ce fameux conte africain. Kirikou
et la sorcière conte la légende
d’un petit garçon né dans village
africain. Lequel est confronté aux
pouvoirs d’une méchante sorcière
Karaba. Cette dernière mange tous
les hommes qui partent la combat-
tre et qui pillent régulièrement les
ressources du village. Cette une
histoire passionnante qui tient en
haleine petits et grands. L’année
dernière, on avait présenté « Haïti
en couleurs », cette année on a
décidé de faire une adaptation
chorégraphique de ce conte afri-
cain pour clôturer l’année scolaire
du Centre de danse Jean René
Delsoin.
Le National : - A quoi le public
doit-il s’attendre en venant à ce
spectacle tant attendu ?
JRD : _ Je préfère que les gens
viennent pour qu’ils en découvrent
eux-mêmes le contenu. Je n’aime
pas trop en parler à l’avance. C’est
une chorégraphique du film. En
tant que créateur cependant j’y
ai mis aussi un peu de moi-même
tout en respectant le personnage
et le scenario.
Le National :- Combien de dan-
seurs y’aura-t-il sur scène et cela
vous a pris combien de temps
pour préparer Kirikou et la sor-
cière ?
JRD : - Plus de 50 danseurs
seront sur scène. Concernant le
deuxième volet de votre question,
c’est l’école et la compagnie qui
présentent le spectacle. Pour moi
personnellement, je ne prépare
pas uniquement mes danseurs
pour un spectacle comme cela se
fait peut être ailleurs. Les enfants
viennent pour apprendre à danser.
Ce qui nous intéresse le plus
c’est la technique. C’est éduquer
l’enfant. Lui inculquer toutes les
notions essentielles relatives à la
danse et à son bienêtre dans la
vie et dans la société. Cependant
à l’approche d’un spectacle, on
met des bouchées doubles chacun
apporte du sien pour le réaliser.
Le National :-M Delsoin en
tant qu’artiste et créateur que
représente Kirikou pour vous ?
JRD : - Je pense que c’est une his-
toire amusante écrite par un fran-
çais ayant séjourné en Afrique. Le
dessin animé fait la joie de plus
d’un. A l’occasion des fêtes de
noël, un ami écrivain m’a offert la
comédie musicale en cadeau.
J’y ai fait comme je l’ai dit tantôt
une adaptation chorégraphique
comme je le disais tantôt. L’histoire
nous ressemble un peu. C’est pour
moi une occasion de rehausser la
danse haïtienne en utilisant les
danses traditionnelles, les percus-
sions entres autres pour la célé-
bration du retour de Kirikou et
Kariba dans le village.
Le National :- Comment voyez-
vous l’avenir de la danse en Haïti.
Pourquoi il n’y a pas aujourd’hui
une fédération regroupant toutes
les écoles de danse en Haïti ?
JRD : - Il y’a eu dans le passé une
association d’écoles de danse.
J’ai eu la chance d’assister à un
spectacle au Rex Théâtre organisé
conjointement par the American
Haitian Academy of Ballet and Art,
l’Ecole de danse de Rachel Jean
Louis et celle de kettelie Jean
François Durand. De nos jours,
on nous reproche le fait que les
écoles de danse ne se mettent
pas en association, parce que les
responsables de ces écoles font
séparément leur beurre, ils n’ont
aucun intérêt à se mettre ensem-
ble. Cependant je crois que même
les gens qui n’ont pas la même
idéologie travaillent ensemble.
Mais en Haïti, le plus grand défaut:
« c’est ôte toi que je m’y mette. »
Les gens ont tendance à piétiner
les autres. Très souvent ils le font
par jalousie. La personne qui est
humble c’est celle qui connait
vraiment ce qu’elle fait. Elle n’a
pas à se soucier de l’autre ni se
renseigner sur ce qu’elle fait. Ma
grande préoccupation c’est de voir
Haïti briller dans le domaine de la
danse. Ma volonté de danser est
mon refuge. Mon sponsor officiel.
Le National :- M Delsoin combien
coute l’organisation d’un spec-
tacle de danse ?
JRD : Un spectacle de danse
coute beaucoup. Kirikou et la
sorcière a un budget prévisionnel
de 20 mille dollars américains. Il
faut aussi ajouter la subvention
des parents qui achètent des cos-
tumes pour leurs enfants. Souvent
certaines gens disent que les bil-
lets d’entrée pour participer à un
spectacle de danse sont trop exor-
bitants. Ils ignorent sans doute
le prix des billboards, d’une pub-
licité dans un journal dans une
station de radio. Ils ignorent aussi
le prix des salles de spectacles, le
son, le décor l’éclairage. Souvent
ce sont des amis, des parents qui
vous aident à faire face à ces mul-
tiples défis sans oublier la Fokal
qui nous supporte dans certaines
de nos initiatives. L’avenir de la
danse en Haïti est sombre. Depuis
la mort de mon père Renel Del-
soin ( Azibé),j’ai décidé de ne pas
baisser les bras malgré vents et
marées. Je ne suis pas en train
de décourager celui qui veut
s’aventurer dans cette discipline
artistique mais il faut que l’on se
mette ensemble pour sortir du
tunnel de l’égoïsme, du mépris et
de l’indifférence.
Kirikou et la sorcière
au Parc de la canne à sucrepar Schultz Laurent Junior
kirikou et la sorciere.
Jean-Rene Delsoin
Le Centre de danse Jean René Delsoin présente ce samedi 4 juillet au Parc Historique de la canne à sucre
kirikou et la sorcière. Le National a rencontré le chorégraphe jean René Delsoin qui nous parle de son prochain
spectacle. « Ce sera bien fait et bien dansé pendant 90 minutes » nous a-t-il confié tout en répondant à certaines
questions relatives à cette discipline artistique en Haïti.
18 | N0
30 JEUDI 2 JUILLET 2015
CULTURE
Les 7 ans de Havana guitar
night et ses activitéspar Walcam
L
a maison du comédien Maria
Casarès est à Alloue. Une ville
de 512 habitants située au
Sud-ouest de la France. Alloue
est une ville timide. La plupart des
habitants ont plus de 60 ans, on ne
voit pas grand monde dans la rue.
Les maisons respirent lentement. On
le sent. Et les rues sont remplies de
silence et de sérénité.
En ce début de juillet, la France est
au bord de la canicule. Mais le cadre
boisé, pittoresque et enchanteur
de la maison du comédien propose
un climat charmant et paisible. Le
lieu se prête à tous les assauts de
l’imaginaire.
En cette période, la maison Maria
Casarès reçoit en résidence les
élèves du conservatoire national
supérieur d’art dramatique de
Paris. L’auteure et metteuse en
scène Catherine Anne proposera
aux étudiants une approche du jeu
théâtral par l’improvisation.
Ce stage permettra aux étudiants
d’interpréter des rôles avec
vivacité et invention. Il permettra
aussi aux étudiants de fouiller le
texte de théâtre, les situations, les
personnages, ainsi ils pourront
atteindre la profondeur, l’acuité,
l’engagement, le surgissement.
L’école sera en résidence jusqu’au
12 juillet.
La maison Maria Casarès reçoit
aussi la compagnie Le Sablier.
La compagnie fait une résidence
en vue de mettre en scène « Oh
! Les beaux jours » de Samuel
Beckett. « Oh les beaux jours »,
cette pièce pour deux… Winnie et
Willie… cette pièce qui permet de
voir le monde de Willie qui finit
lentement, imperceptiblement.
Winnie, elle, continue son rituel
quotidien et parle… elle parle de
sa vie, de ce qu’elle a été, mais peu
de ce qui sera…La compagnie Le
Sablier sera en résidence jusqu’au
17 octobre 2015.
10 heures 20 PM, il fait clair dans
le ciel, les étoiles hésitent à investir
la voute azurée, les traits du jour
jouent gros contre la nuit qui étend
un peu plus ses tentacules. La
maison du comédien fait dans le
calme et la déférence. L’été sera
peut-être eternel.
H
avana guitar night, est un
espace ou chaque jeudi,
on a rendez-vous avec la
musique pour découvrir de
nouveaux talents. C’est son objectif
premier. C’est aussi un espace pour
honorer les personnalités qui se sont
fait remarquer et qui ont œuvré pour
la société.
Le jeudi 2 juillet, pour le septième
anniversaire de Havana guitar
night, Monsieur Havana (Berthony
Raphaël) et ses associés feront la
fête à l’hôtel Royal Oasis.
Dans le line up, on aura la
chanteuse Guadeloupéenne Tanya
Saint-Val, le guitariste haïtien
Dadou Pasquet, BIC, Rutshuelle
Guillaume, Queen-B, Mandela,
Charline et d’autres invités.
Pour revenir sur l’objectif principal
de Havana guitar night qui est
de faire découvrir de nouveaux
talents dans la musique, on
observe depuis plus d’une année
une réelle difficulté à respecter cet
objectif. Où se trouve le problème,
pourquoi il n’y a plus de spectacles
de ce genre ?
La mission reste la même, estime
Berthony Raphaël qui reconnait
que les soirées sont devenues rares
à cause des moyens économiques
difficiles. « Mettre les jeunes au
devant de la scène, honorer des
personnalités qui ont fait un travail
positif dans le temps ou avec le
temps, reste notre priorité »,
maintient M. Havana.
C’est à Havana guitar night que le
public a écouté pour la première
fois Rutshelle Guillaume chanter
« kitem kriye » qui allait devenir
un opus très prisé, mais d’autres
n’ont pas eu cette chance comme
Henock Bordes, Charline, Daphnis,
Chedlin, etc.
Il y a un ralentissement sérieux
dans les activités de Havana guitar
night qui s’explique par un manque
de fonds. Selon Berthony, Le
problème économique que connait
le pays, handicape les soirées. Dans
un spectacle la plupart des gens ne
paient pas et il faut couvrir toutes
sortes de dépenses pour préparer
une fête.
Il y a des espaces, des night-clubs
qui veulent nous accueillir mais
ces propriétaires ou responsables
y voient aussi leur avantage
financier. Ils sont les premiers
bénéficiaires en tirant profit des
ventes de boissons en général.
Mais ça se comprend, explique
Berthony qui affirme et reconnait
que ces propriétaires doivent payer
le loyer, les employés, l’électricité,
etc. Il croit que le problème est
partout, c’est le problème du pays,
estime le promoteur.
Mais où sont passés
les sponsors ?
Ils sont là et s’intéressent à des
spectacles qui attirent la grande
foule, comme une fête avec des
Dj’s, ou un concert avec plusieurs
groupes musicaux, regrette
Berthony Raphaël.
Il a soulevé un autre problème,
l’État haïtien qui se prend
maintenant pour un promoteur
de spectacles. Les sponsors sont
le plus souvent sous la pression
de l’État qui au lieu d’aider et de
protéger, organise lui-même, des
spectacles.
Havana guitar night, qui en deux
(2) occasions a écrit au ministère
de la Culture pour une subvention
de son activité, n’a jamais reçu
de réponse a dit Berthony. Cette
année il a envoyé une lettre
directement au titulaire restée sans
réponse à nos jours. « La priorité
de l’État n’est pas la culture, nous
investissons dans tout, sauf dans la
culture et le sport, deux activités
qui pourraient donner de l’argent
à l’État. »
Il en a profité pour remercier la
Brana, la Digicel, Next light teen,
la Promix de Gary Saint-Joie
et la presse en général qui ont
contribué à faire de Havana huitar
night ce qu’il est aujourd’hui.
Berthony Raphaël pense qu’il va
continuer avec les activités afin
de faire découvrir au public les
nouveaux talents et d’honorer les
personnalités pour la mémoire,
mais pas au même rythme.
Soleil à 9 heures du soir !par Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe)
Ceci n’est pas un titre accrocheur. Vous savez un peu de ces titres de journalistes qui n’existent que pour créer
de la sensation forte, attirer l’attention, aiguiser la curiosité. Non ! Du soleil à 9 heures du soir et du théâtre
improvisé tout autour de ce soleil noir n’est pas un titre émanant d’un esprit tortueux, beckettien. Ce n’est pas
non plus une gymnastique de langage. Nous sommes de préférence dans une belle vérité, celle de la France, celle
de la maison du comédien Maria Casarès.
Berthony Raphaël
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  • 1. Haïti bombe le torse! Le ministre des Affaires étrangères, Lener Renaud, annonce que l’État haïtien n’entend pas recevoir les étrangers et/ou Dominicains d’ascendance haïtienne. Une position soutenue, le mardi 30 juin, devant la communauté internationale à l’hôtel El Rancho. Un tri devra être opéré. Un protocole de rapatriement aussi. Manœuvre dilatoire. Les Dominicains restent sur la corde raide et profitent de nos divergences. » P. 17 » P. 16 »   P. 7 CULTURE SOCIÉTÉ » lire page 4 Kirikou et la sorcière au Parc de la canne à sucre par Schultz Laurent Junior Quand nos portables sont plus intelligents que nous ! par Stephanie Balmir » suite page 3 La PNH prête à assumer ses responsabilités HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION JEUDI 2 JUILLET 2015 NUMÉRO 30 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Les Dominicains d'ascendance haïtienne livrés à eux-mêmesPar Lionel Édouard Godson Orélus, DG PNH. / Photo : J.J. Augustin A ntonal Mortimé, directeur exécutif de la POHDH (Plate- forme des organisations haï- tiennes de défense des droits humains), se questionne sur la pos- sibilité pour l’État haïtien d’empêcher le refoulement d’étrangers sur son territoire, compte tenu des faiblesses criantes dans la gestion de la ligne frontalière. En effet, de nombreux points sont libres d’accès et n’accusent aucune présence des autorités éta- tiques. Ce que l’État haïtien doit faire, pour- suit Antonal Mortimé, c’est exiger l’application du protocole de rapatrie- ment de 1999 ou négocier un amende- ment de ce protocole pour obtenir que les rapatriements se fassent à trav- ers les points frontaliers officiels, et également maintenir l’unification des familles. Durant la présentation du ministre Renaud, à aucun moment il n’a eu à mentionner le protocole de 1999. HAÏTI / SÉCURITÉ DES ÉLECTIONS Six millions d'électeurs potentiels par Noclès Débréus
  • 2. 2 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 INSERTION DEMANDÉE
  • 3. Les dominicains d’ascendance haïtienne sont livrés à eux-mêmes. La Si l’État haïtien s’oppose effectivement aux rapatriements des étrangers et autres domini- cains d’origine haïtienne, cette démarche occasionnera la créa- tion d’une zone neutre, avertit Antonal Mortimé. Et cet espace sera créé, prévoit-il, à l’issue des séances de négociation entre les deux pays qui paraissent tous les deux accorder la priorité à la pour- suite des pourparlers. En cas d’échec, les nouveaux apat- rides risquent de se voir éparpiller un peu partout sur la ligne fron- talière. Une situation qui occasi- onnera des violations de droits humains de part et d’autres de la frontière, prévoit Antonal Mor- timé. « L’État dominicain montre chaque jour, un peu plus, qu’il est un État qui viole les droits humains ». La POHDH estime que l’État haï- tien n’a pas beaucoup de respon- sabilité par rapport aux 250 mille Dominicains d’origine haïtienne susceptibles d’être expulsés. La responsabilité incomberait plutôt à nos voisins. Les dominicains ne peuvent nous responsabiliser que sur un dossier en particulier, soutient le directeur exécutif de cette plateforme de défense de droits humains, celui des haïtiens vivant en situation irrégulière en terri- toire voisin. Toutefois, eux égale- ment, exprime-t-il, ont leur part de responsabilité en laissant pénétrer des gens qui n’ont pas de papier dans leur pays, et surtout en les embauchant un peu partout dans leurs entreprises. Pour une meilleure communication Une contre offensive diplomatique est en cours. Lener Renaud s’y attache. Une démarche qui pour- rait porter du fruit, estime-t-on. Pour la POHDH, la décision nor- male serait de forcer la Répub- lique dominicaine à revenir sur l’arrêt 168-13 de la Cour Consti- tutionnelle. Pour cela, l’État haïtien, insiste Antonal Mortimé doit parler à l’unisson. Les dominicains exploit- ent les moindre dérapages de nos autorités. En effet, fait remarquer le militant, le président dominic- ain, Danilo Médina, croit qu’il y a plusieurs discours au sein de l’État haïtien. Conséquemment, M. Mor- timé appelle le gouvernement à communiquer avec la population, afin de les sensibiliser autour du problème. « Nous devons être tous à l’unisson », déclare-t-il Alors que le président Michel Joseph Martelly dit qu’il n’y aura pas de catastrophe humanitaire, son Premier ministre, Évans Paul, croit que la situation qui prévaut actuellement entre les deux pays avec l’application de l’arrêt 168-13 de la Cour con- stitutionnelle dominicaine, est susceptible de créer de nouveaux cas d’apatridie et une catastrophe humanitaire sur l’île, explique M. Mortimé. Avec l’application de cette loi anti- haïtienne en République dominic- aine, trois cas de figure se présen- tent pour les 600 mille personnes concernées. Certains seront des déportés, d’autres des rapatriés et d’autres encore des expulsés. Cette dernière situation est la plus grave, soutient Antonal Mor- timé qui croit que tous les droits civils et politiques seront violés, et l’équilibre des familles cruelle- ment affecté. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 3 ACTUALITÉ Haïti n'est pas maudite C’estuneimpression! Maiselleserépandavectantdeforceàmesurequelesévénementsseprécipitentque l’opinionpubliquefinitparêtregagnéeàl’idée,quecen’estpasseulementl’économie malgéréeetdessituationspolitiquesdistorduesquisontlacausedudramesansnon etsanstitredenotrepays. Les anthropologues doivent être appelés à la rescousse. Des psychologues devraient investiguerauniveaudenosstructuresnerveusespourydéterminerpeut-êtrelevirus àlabasedelabactérienomméeECNG(Entitéchaotiquenongouvernable).Desartistes devraientaussisemettredelapartiepourtémoignerdeleurvécusibiensublimédans leursœuvresquiméritentd’êtredécodéespardessémiologuesetautrespsychiatres. C’est une impression. Mais, elle est persistante. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonteauxannéessoixante-dix.Leshaïtiensn’hésitaientpasàprendrelamerdans de frêles esquifs, affrontant les dangers les plus extrêmes. Ils disaient, au micro de KonpèFilodeRadioHaïtiInter,«Danrekenpidouspasegrangou.»Oncomprendque l’étatdepessimismeactuelremonteautempsoùlesdictaturesfonctionnaientàplein régime,donnantainsilibrecoursàleurspulsionsdeviolence.C’étaitlemomentnon pas simplement de la répression étatique, mais aussi l’époque d’une haine sociale, d’uneanthropophagiequinousdévidaientdenosforces,denoseauxetdenotresang. C’estuneimpression.Cependant,ellepoussemêmelesplusrationnelsàdireque«le paysestmaudit».Ilnel’estpas.Nousprenonslaresponsabilitédelediretrèsfort.Notre paysestsouscontrôledecertainesforcesquineveulentpasunedistributionéquitable des richesses même dans leur propre intérêt. Pour le faire, une vaste entreprise de manipulationd’imagepubliqueestmiseenplacepourfairecroireànotre«laideur». Quandcen’estpasunhommeouunefemmequiestdésignéedudoigt,lacaméraest fixéesurlestasd’immondicesdanslesrues. C’étaientlescochonscréolespendantuncertaintemps.Maintenantquecesontles« kochongrimèl»quifontletravailderabrouerlesravins,ons’étonnequelesmaladies nesoientpasmoinsrépanduesetquenosavenuesnesoientpasplusproprettes.Nous sommescertestouscoupablesdenosdérivesetdecertainesmanipulationsmentales (préjugéshéritésdelacolonisationetautresineptiesépidermiques).Mais,lepaysn’est pasmaudit. Sinon,tousceshumanitairesquinousarriventdetouteslesrégionsdumonden’auraient pas cette frénésie à venir se vautrer dans la malédiction. Ils savent que « la lumière noire»quedécouvrentaujourd’huilesscientifiquesestsurcetteterre. MerciCésaire! Quandelleémergera,ceseraletempsd’uneautrecivilisation:LeBeauintègrerales corpsdeceuxquionttropsouffertdel’ignoranceetdumépris.NotreHaïtiquimontre déjàsaforceenmatièredecréativitéculturelleauraalorslerayonnementqui,vuson Histoire,devraitêtrelesien. Le National Édito HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION Les Dominicains d'ascendance haïtienne sont livrés à eux-mêmes par Lionel Édouard » suite de la première page
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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La PNH vient de tester son plan de sécurité mis en œuvre pour les pro- chains scrutins dans la matinée du mardi 1er juillet 2015 dans le Centre opérationnel de l’institution policière. C’est en substance ce qu’a annoncé le directeur général de ladite institu- tion dans les locaux de l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Tabarre, suite à une projection partielle du documentaire intitulé « Yon lòt Polis». Le numéro un de la PNH informe avoir réalisé une séance de simu- lation relative au déroulement de la première journée électorale. Sur le plan sécuritaire, précise-t- il, les préparatifs vont bon train. Car, le plan est déjà là, soulignant qu’il est en train de le ficeler en continu. Il a indiqué que cette démarche consiste à y apporter les corrections nécessaires en vue de contribuer à la réussite de ces prochaines joutes qui doivent servir au renouvellement du per- sonnel politique haïtien. Quant au matériel, M. Orélus a fait savoir que l’institution continue à recevoir des véhicules et des motocyclettes afin de permettre à la PNH d’être en mesure de répon- dre à sa mission. Il a ajouté que depuis la mise en œuvre du plan stratégique de développement de la PNH allant de la période de 2012 à 2016, le processus de renforce- ment et de professionnalisation de l’institution policière poursuit son cours. Informant que cela est rendu possible grâce à l’appui de la communauté internationale, l’État haïtien et la Minustah. Le patron de la Police a fait remar- quer que les efforts consentis par les pays amis d’Haïti, particulière- ment les États-Unis d’Amérique permettent d’atteindre les objec- tifs fixés dans le cadre de ce plan quinquennal. Ces efforts, indique-t-il, contribuent également à l’amélioration des conditions de travail des agents de la PNH, à l’augmentation de l’effectif des policiers de douze mille à quinze mille, au renforcement des capaci- tés opérationnelles des unités spécialisées de l’institution et à d’importantes réalisations de travaux d’infrastructures. Avec l’appui des États-Unis, pour- suit-il, la PNH parvient à réaliser de très bons résultats dans la lutte contre la criminalité organisée notamment le kidnapping et le trafic illicite des stupéfiants. Il a toutefois déclaré que l’institution compte encore sur le support des États-Unis pour affronter les défis sécuritaires qui se dessinent à l’occasion des prochaines com- pétitions électorales et du retrait progressif des soldats de la mis- sion onusienne. M. Orélus a, par ailleurs, profité de l’occasion pour saluer l’ambassade des États-Unis dans le cadre de la réalisation de ce documentaire qui est con- sacré aux progrès de l’institution policière, vieille seulement de vingt ans d’existence. Ce docu- mentaire, estime-t-il, témoigne de l’attention bienveillante de ce partenaire à l’institution policière. Aussi dit-il espérer que sa diffu- sion participera du rehaussement de l’image de la Police nationale tant en Haïti que sur le plan inter- national. De son côté, Pamela White, ambassadrice des États-Unis en Haïti, a indiqué que le gouverne- ment américain a déjà décaissé près de 4,2 millions de dollars dans le cadre de la mise en place des logistiques à l’organisation des élections. Mais elle promet que les États-Unis vont adresser des appels aux donateurs à trav- ers le monde en vue de recueillir davantage d’argent permettant de financer les prochaines élections. Madame White dit espérer que le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) et le Conseil électoral provisoire (CEP) recevront les fonds néces- saires à la réalisation des pro- chains scrutins. Elle a, par ailleurs, souligné que ce documentaire fait montre des progrès importants de la PNH au cours des trois ans et demi de ce plan quinquennal. Elle affirme que son pays est fier d’avoir con- tribué à la mise en place de ce pro- gramme en collaboration avec le Bureau international des Affaires narcotiques et du renforcement de la loi (INL). Soulignant que l’État de droit et la sécurité, compte tenu des énormes critiques par rapport à ces sujets, sont les prin- cipales priorités pour Haïti. Elle a réitéré l’engagement des États-Unis envers Haïti, notam- ment la PNH et y inclus le service pénitentiaire, et la lutte contre le trafic des stupéfiants. Pour lesquels engagements, le pays qu’il représente a déjà mobilisé environ 120 millions de dol- lars américains pendant les six dernières années. Cette somme, précise la diplomate, varie con- sidérablement entre le support fourni aux entraînements et aux huit promotions de nouveaux offi- ciers de Police devant servir près de deux millions d’habitants de plus au sein de la population. Il convient de souligner que le doc- umentaire « Yon lòt Polis », réalisé par le cinéaste Richard Sénécal, a une durée de cinquante minutes. Son idée centrale est articulée sur les progrès de la PNH. 4 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 ACTUALITÉ La PNH prête à assumer ses responsabilitésPar Reynold Aris La Police nationale d’Haïti (PNH) se prépare dans la perspective du désengagement de la Minustah. Des séances de simulations ont été organisées pour tester l’efficacité d’un plan de sécurité élaboré pour la période électorale. Une attention particulière sera accordée aux départements réputés chauds, dont le Centre et l’Artibonite. » suite de la première page
  • 5. L’Affaire opposant l’homme d’affaires Réginald Boulos et le Conseil supérieur des Salaires (CSS) interpelle le ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST). Comme annoncé, une enquête préliminaire a été diligentée par le ministre Victor Benoit au niveau de son cabinet. Laquelle enquête a révélé, d’une part, que des comptes en banque ont bel et bien été ouverts au nom du Conseil. Et, d’autre part, l’actuel ministre n’y aurait joué aucun rôle. C’est ce qui ressort de la conférence de presse donnée par M. Benoit le mercredi 1er juillet. À la lumière de cette enquête, une correspondance en date du 8 novembre 2013 montre que le Conseil supérieur des salaires, via son directeur administra- tif,M.HugoPonceley,avaitsollicitédu ministre des Affaires sociales d’alors, M. Charles Jean-Jacques, l’ouverture d’un compte bancaire pour le Con- seil. Ce, en précisant qu’un montant de 410 millions de gourdes avait été octroyé à l’institution tripartite en vue de lui permettre de répondre à ses obligations. Cette demande a été réitérée auprès de M. Jean-Jacques suite à une autre correspondance, datée le 2 avril 2014. Le docu- ment administratif précise que la demande adressée au ministre des Affaires sociales émane d’une décision prise en Conseil au cours d’une réunion du CSS tenue le jeudi 27 mars 2014. Alors que le motif de la démission de M. Boulos porte sur l’ouverture d’un compte en banque pour le Conseil sans l’approbation de ce dernier. Le Conseil en a profité, suivant cette correspondance, pour désigner les deux signataires habilités à effectuer les éventu- elles transactions : Le président du Conseil, Renand Hédouville, et le trésorier, Louis Fignolé Saint- Cyr. En cas d’empêchement de l’un des deux titulaires, le premier vice-président Jean-Dany Pierre aura le droit de signer. La question de décharge D’aucuns tentent d’interpréter la décision de M. Boulos. Pour certains, ce dernier, n’aurait pas souhaité être comptable ou ordon- nateur de deniers publics. Ce qui l’obligerait à avoir un cer- tificat de décharge de sa gestion des deniers de l’État mis à la dis- position du Conseil supérieur des salaires. En effet, dans sa correspondance adressée au ministre Victor Benoit, le conseiller précise qu’il a toujours refusé tous frais relatifs à sa participation au Conseil qui, précise-t-il, relève d’un acte volon- taire. Il rappelle, entre autres, que depuis sa création, les dépenses du CSS ont toujours été engagées par le ministère des Affaires socia- les et du Travail. Interrogé sur le sujet, Victor Benoit dit ignorer si l’arrêté nom- mant le CSS fait de ses membres des gestionnaires de fonds pu- blics. L’ex-dirigeant de la Fusion des sociaux-démocrates haïtiens affirme vouloir s’enquérir sur la légalité de l’ouverture de ces comptes bancaires pour lesquels il affirme n’avoir joué aucun rôle. Toutefois, au regard des docu- ments administratifs découlant de l’enquête préliminaire com- mandité par M. Benoit lui-même, ces comptes ont été créés en toute transparence. Dans une correspondance en date du 6 avril 2015 adressée au prési- dent du CSS, M. Renand Hédou- ville, le ministre de l’Économie et des Finances, M. Wilson Laleau, a confirmé la création de ces comptes. Les spécimens de signature des personnes autorisées à signer ont aussi été acheminés à la Banque de la République d’Haïti. Tout en se dédouanant d’une quel- conque implication dans ce dos- sier, Victor Benoît invite le CSS à se réunir en vue de plancher sur la question du salaire. De nouvelles propositions rela- tives au relèvement du salaire minimum des ouvriers, dit-il, sont attendues par le gouverne- ment notamment dans un con- texte marqué par l’augmentation du coût de la vie. Créé par arrêté présidentiel le 13 juin 2013, le Conseil supérieur des Salaires est composé de neuf membres issus de trois secteurs : l’État, le syndicat et le patronat qui désignent, chacun, trois membres. HAÏTI/CRISEAUCONSEILDESSALAIRES Victor Benoit enquête sur le dossierpar Jean Michel Cadet JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 5 ACTUALITÉ Le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoit (à droite). / Photo : J.J. Augustin
  • 6. La commission nationale des marchés publics (CNMP) a organisé, le mercredi 1er juillet à l’hôtel Le Plaza, une journée de réflexions autour de la problématique des marchés publics en Haïti. Cette journée d’échanges avait pour objectif d’éclairer les lanternes des différents acteurs intéressés par la question, afin d’avoir un système de passation de marché efficace. C ette journée d’infor- mation et de formation, a été l’occasion pour la commission nationale des marchés publics (CNMP) de vulgariser l’idée de renforcement du système de passation des marchés publics en Haïti. La CNMP en a également profité pour faire une diffusion appré- ciable des informations sur les marchés publics, par le biais des exposés autour des thèmes comme : « Le système haïtien de passation des marchés publics, Les princi- pes et les procédures de passation de marchés publics, Les seuils de passation de marchés publics et Les seuils d’intervention de la CNMP, Les pratiques fraudule- uses, fautes et sanctions dans les marchés publics ». « Le système de passation de marchés publics haïtien joue un rôle straté- gique dans l’administration, il devrait faire partie des politiques du gouver- nement », a fait savoir Yvon Guirand, le coordonnateur général de la com- mission. La responsabilité de la CNMP est de former, informer, et d’accompagner les autorités contractantes, afin qu’ils soient bien imbus du système. Nous nous engageons à les soutenir, les aider à reformer ce système de pas- sation de marché, pour que les trans- actions, les contrats, soient effectués, et signés dans le respect des normes établies, selon le degré de transpar- ence souhaité, pour un traitement juste et équitable de tous les contrac- tants, a-t-il indiqué. Lors de son intervention, Edlin Joseph, secrétaire technique de la commission, a expliqué que l’État a souvent besoin de se procurer des biens et services pour s’acquitter de ses missions publiques telles, (des hôpitaux, routes, et autres infra- structures). Les ressources publiques étant limitées, les pouvoirs publics ont fait jouer le jeu de la concurrence, avec les meilleurs rapports qualité- prix, par le lancement d’appel d’offre, nœud central de la question de pas- sation de marché. Pour lui, un marché public ne peut en aucun cas être considéré comme seulement un espace d’échange amé- nagé par l’administration publique, mais c’est également un contrat écrit, conclu à titre onéreux par une auto- rité contractante pour répondre à ses besoins en matière de fournitures, services, ou travaux. Les marchés publics sont donc des contrats admi- nistratifs, a-t-il precisé. Le système de passation de marchés publics haïtien existe sur une base légale. Dix-sept arrêtés, et une loi d’application régissent l’existence de ce système. Le non-respect de tout, ou d’une partie de ce cadre légal est susceptible de créer des dysfonc- tionnements dans le système, et peut porter préjudice à la mise en œuvre des programmes publics, et à la bonne exécution du budget national. Les faiblesses enregistrées au niveau du système de passation de marchés publics en Haïti ont été également évoquées. Il s’agit entre autre des lacunes d’ordre technique, des retards dans l’exécution des actions, de l’absence de campagne et de for- mation à l’intention du secteur privé des affaires, des mécanismes de recours inopérants, et du manque de publicités. Comme résultats attendus, les diri- geants de la CNMP espèrent voir désormais en Haïti, l’existence d’un public qui peut asseoir ses jugements au moment des prises de position sur une question relative à un marché public. Les responsables ont encoura- gé les membres de la société civile, et les représentants de la presse à bien faire leur travail. Leur rôle étant de s’informer par la consultation sur le cahier des charges, d’observer le déroulement du processus de passation depuis l’ouverture des plis jusqu’à la fer- meture, de procéder à des investiga- tions, d’alerter sur les manquements éventuels, d’interpeller si possible les concernés, et de dénoncer les irrégu- larités. Ils doivent jouer ce rôle de manière efficace, et utile afin d’aider à rendre plus crédible le système de passation de marchés publics en Haïti. Les responsables on enfin souhaité que les medias s’impliquent davan- tage dans le système, de façon à exercer promptement leur droit de contrôle citoyen vis-à-vis de la ges- tion de deniers publics. HAÏTI-INSÉCURITÉ Le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoit (à droite). / Photo : J.J. Augustin L a commission épiscopale Justice et paix (Jilap) de l’église catholique romaine se dit préoccu- pée par les violences sévissant dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince notamment dans les quartiers populaires, dans un entretien à AlterPresse. Contrôlés généralement par des gangs souvent à la solde de politici- ens et des autorités du gouverne- ment, les quartiers populaires comme Cité soleil (périphérie nord) sont la scène de violences meurtrières, dénonce le coordonnateur national de l’observation à la Commission, Rovelson Apollon. Selon son analyse, un secteur mafieux alimente les vio- lences dans les quartiers populaires en distribuant des armes illégales à des gangs. Une recrudescence de la violence est observée à l’approche des élections de 2015. Depuis le weekend écoulé, une vive tension règne à Cité Soleil. Un affrontement entre gangs armés rivaux, établis dans cette commune, a fait 4 morts et plusieurs blessés dans les quartiers Simon et Pelé. Un puissant chef de gang de Cité Soleil, connu sous le pseudonyme de « Te Quiero « a été tué, le diman- che 14 juin, lors d’échanges de tirs avec une patrouille de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah). Le chef de gang recherché aurait refusé de se soumettre à une fouille d’une patrouille, avait fait savoir la Police nationale d’Haïti (PNH). En représailles, le commissariat de Cité Soleil a été attaqué par des indi- vidus non identifiés. Un véhicule garé devant le commissariat et un trans- formateur électrique ont été endom- magés. Le contrôle des quartiers populaires est toujours difficile pour la police car celle-ci n’a pas les moyens de sa politique, déplore Apollon condam- nant l’absence de l’Etat à Cité Soleil, où des bandits sèment la terreur et attaquent de paisibles citoyens pour les rançonner et les dépouiller de leurs biens. Louino Robillard, co-fondateur et volontaire d’un mouvement social dénommé, Konbit Solèy Leve estime que la cause de ces violences réside dans le fait que les actions posi- tives entreprises par des jeunes des quartiers populaires ne sont pas valo- risées par l’Etat haïtien. 6 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 ACTUALITÉ Comprendre le système de passation des marchés publicspar Evens RÉGIS HAÏTI/CNMP Jilap préoccupée par les violences à Port-au-Prince Sources : Alterpresse
  • 7. À environ un mois du premier tour des élections législatives, les préparatifs vont bon train au niveau du Conseil électoral provisoire (CEP). La direction du registre électoral s’attelle bien à la tâche. Les matériels non sensibles sont déjà sur place. Les bulletins de vote sont sous presse. Les centres et les bureaux de vote sont aussi fin prêts. Le Cap est désormais mis sur le recrutement du personnel vacataire qui va être engagé dans le cadre du déroulement des joutes électorales, avant de passer au volet concernant la formation du personnel en question. HAÏTI/DIASPORA L a diaspora haïtienne de plusieurs villes des Etats- Unis, dont Philadelphie, marchera simultané- ment le jeudi 2 juillet, dans la perspective de protester contre le « nettoyage ethnique de masse » et la déportation par la Répub- lique dominicaine d’Haïtiens et de Dominicains d’origine haïtienne, apprend AlterPresse. CCette initiative survient quelques jours après l’arrivée massive de plusieurs milliers d’Haïtiens et de Dominicains d’ascendance haïtienne dans le pays, bon nombre d’entre eux craignant de subir des violences à l’expiration d’un plan de régularisa- tion du gouvernement dominicain. La communauté haïtienne de Phila- delphie compte rejoindre les com- munautés haïtiennes de New York, Miami, Atlanta, entre autres, en vue d’attirer l’attention sur ces rapatrie- ments informels qui ont lieu dans des conditions difficiles. « La diaspora haïtienne et le monde sont debout en solidarité avec les 250.000 Haïtiens et Dominicains d’origine haïtienne qui ont été dépouillés de leur citoyenneté et qui sont en danger d’être expulsés », fait savoir une note des organisateurs de ces marches parvenue à AlterPresse. Ils affirment que ces villes se lèveront pour la justice et pour l’humanité. La marche débutera à 15 heures à Philadelphie devant la mairie et se terminera à 18 heures dans la péri- phérie de Liberty Bell, un monument emblématique de la ville. La communauté internationale ne doit pas rester les bras croisés face à la politique migratoire de la Répub- lique dominicaine semblable à du nettoyage ethnique, soutiennent les organisateurs. Ils exigent que la République domini- caine renverse la révocation rétroac- tive de la citoyenneté de ces citoyens et citoyennes. Une bonne partie de ces personnes qui fuient le territoire voisin d’Haïti y sont nées. Reconnues de nation- alité dominicaine, elles ont été dénationalisées par une révision constitutionnelle, l’arrêt CT 168-13, appliquée par la suite avec effet rétro- actif jusqu’en 1929, une période qui couvre 4 générations. La semaine dernière, le président dominicain Danilo Medina s’est défen- du de procéder à des rapatriements massifs d’Haïtiens et d’expulser des Dominicains d’ascendance haïtienne. Cette semaine, les autorités haïti- ennes ont eu une rencontre à huis clos avec quelques membres de la communauté internationale, dans l’idée d’obtenir du soutien dans cette affaire. Le ministre des affaires étrangères, Lener Renaud annonce qu’une ren- contre devrait être organisée entre les deux pays dans les jours à venir. Les démarches d’Haïti surviennent dans un contexte où le gouvernement dominicain entreprend une vaste campagne de communication sur la question de la déportation voilée des Dominicains d’ascendance haïtienne dans le pays, parlant de « retour volo- ntaire » d’Haïtiens dans leur pays. C ’est un total de 5 838 838 électeurs, répartis dans 1 558 centres de vote et 13 500 bureaux de vote, qui sont appelés à prendre part aux pro- chaines élections à tous les niveaux : législatives, présidentielle ainsi que les collectivités territoriales, selon des informations communiquées par l’ingénieur Philippe Augustin, directeur du registre électoral au CEP. La DRE travaille activement pour rendre effective la date du 9 août. Comme stipulé dans le décret électoral et le calendrier, le registre électoral a été fermé le 11 mai 2015 et l’Office nation- al d’identification (Oni) avait acheminé la liste auprès du CEP après l’avoir épurée. Pas moins de 6 000 personnes mortes ou disparues lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont été retirées de ladite liste. Apres ce travail d’épuration, près de 6 millions d’électeurs sont habilités à remplir leur devoir civique lors des trois tours d’élections tels que programmés dans le calendrier électoral, a fait savoir Monsieur augustin, informant au passage de la publication des listes élec- torales pour le 10 juillet prochain. Avant d’arriver à la publication de la liste des électeurs, Philippe Augustin croit que la vérification des adresses des électeurs con- stitue une étape importante dans la préparation des listes élec- torales. Ainsi, il invite tous les électeurs, entre le 1er et 8 juillet en cours, à confirmer leurs adress- es ou tout changement d’adresse dans les différents bureaux élec- toraux communaux (BEC) chargés d’en faire la notification. Sitôt terminée, cette étape, le CEP pub- liera la liste des électeurs par com- mune au plus tard le 10 juillet, a informé le directeur du registre électoral, précisant que seules les personnes ayant retiré leur carte d’identification nationale avant le 11 mai 2015, pourront voter lors de ces élections. Après avoir mis un terme à la liste électorale, le gros lot reste le recrutement du personnel vaca- taire tel que les agents de sécurité, les superviseurs, les membres de bureaux de vote (MBV) et autres. Pour ce qui concerne les MBV le processus de recrutement a été lancée depuis le 9 juin dernier suivant l’esprit de l’article 139-1 du présent décret-électoral qui stipule que « Les membres des Bureaux de vote, dans leurs zones respectives, sont choisis par les partis politiques, sur une liste de citoyens électeurs soumise par les universités, les écoles, les cultes, les associations socioprofession- nelles et culturelles reconnues et les organisations de femmes, au moins soixante (60) jours avant le scrutin ». Selon les dispositions de l’article 139-1, le choix des MBV doit avoir lieu en séance publique par tirage au sort par le BEC en présence des représentants des partis, groupements politiques, des candidats indépendants et des organismes d’observation électo- rale accrédités. La notification est faite aux personnes retenues par lettre avec accusé de réception. Obligation est faite aux personnes retenues de se mettre à la dispo- sition du CEP en vue de remplir leurs devoirs civiques. Faute par elles de se conformer, elles seront l’objet des mêmes peines prévues contre les jurés absentéistes.il est à noter que le directeur exécutif du CEP, Me Mosler Georges, avait annoncé que les membres des bureaux de vote seront connus aux premières semaines de juillet. Deux étapes restent encore à franchir avant le 9 août selon Philippe Augustin. Recrutement et formation. Si les MBV sont déjà en cours, quant aux superviseurs et agents de sécurité, c’est le CEP qui est chargé d’en faire le recrutement, dit-il, annonçant que les joutes auront bel et bien lieu le 9 août, sauf cas de force majeure. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 7 ACTUALITÉ HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES9AOÛT Six millions d'électeurs potentiels par Noclès Débréus Le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoit (à droite). / Photo : J.J. Augustin Marche contre la politique migratoire dominicaine Sources : HPN
  • 8. 8 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 MONDE L e Premier ministre grec Alexis Tsipras a maintenu mercredi son appel à voter « non » lors du référendum de dimanche sur les demandes des créanciers de la Grèce, tout en assurant vouloir négo- cier avec eux un troisième plan d’aide. Un vote « non » sera « un pas déter- minant pour un accord meilleur » par rapport aux dernières propo- sitions des créanciers, UE et FMI, a-t-il expliqué. Dans un message télévisé à la nation, Alexis Tsipras a répété qu’il continuerait les négociations avec les créanciers après le référendum de dimanche. « Le « non » ne signifie pas une rupture avec l’Europe mais le retour à l’Europe des valeurs, le « non » signifie une forte pression » pour continuer les négociations, a-t-il affirmé. « On vous fait du chantage en vous pressant de voter « oui » à toutes les mesures des institutions sans aucune solution pour sortir de la crise », a-t-il dit à l’adresse des électeurs grecs, dans un message très vindicatif envers les créanciers. Mais en Europe, une victoire du « non » est considérée comme ris- quant de conduire à la sortie de la Grèce de la zone euro et à une crise majeure des institutions europée- nnes. Les Européens espéraient claire- ment un autre message. « Une percée pourrait intervenir si le gouvernement grec fait clairement campagne pour le « oui » au référen- dum, ou s’il change la question, ou s’il l’annule », avait twitté dans la journée le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir, classé dans le camp des durs envers Athènes. La surprise pour les Européens est d’autant plus grande que le gou- vernement grec avait évoqué mardi la possibilité d’une suspension du référendum, selon plusieurs sourc- es européennes. Il a en outre fait parvenir dans la nuit de mardi à mercredi aux créanciers une lettre dans laquelle il se dit prêt à accepter les réformes exigées de lui, mais en posant de nouvelles conditions et en demandant des aménagements. En échange, la Grèce demande une nouvelle aide financière sur deux ans permettant de couvrir ses besoins, soit environ 30 milliards d’euros, tout en restructurant sa dette. Ce serait son troisième plan d’aide, puisque le deuxième a expiré mardi, faute d’accord, en même temps que la Grèce faisait défaut sur un rem- boursement de 1,5 milliard d’euros au FMI. Les dernières demandes grecques sont en train d’être discutées lors d’une conférence téléphonique des ministres des Finances de la zone euro, qui a débuté vers 15H30 GMT. Décalage entre Paris et Berlin Sans masquer son irritation, le min- istre allemand, Wolfgang Schäuble, avait appelé Athènes à « clarifier ses positions » avant d’éventuelles nouvelles négociations sur un ren- flouement du pays, estimant qu’il n’y avait à l’heure actuelle aucune « base pour discuter de mesures sérieuses ». La chancelière Angela Merkel avait ajouté qu’il n’était pas question de chercher « un compromis à tout prix » avec la Grèce, et averti qu’il ne pourrait y avoir d’issue avant le référendum. Le président français François Hol- lande avait jugé au contraire qu’on ne pouvait davantage « différer » un accord avec la Grèce. « Il faut être clair, l’accord, c’est tout de suite ! », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne voulait pas « la dislocation de la zone euro ». Même dans le cas où les Européens se montreraient toujours disposés à étudier les demandes grecques, les négociations pourraient prendre plusieurs semaines, estime cepen- dant une source au fait des négocia- tions. Les propositions de réformes et d’efforts budgétaires faites par la Grèce « sont plus faibles que celles proposées par les créanciers », a indiqué une autre source. Or, pour une aide de deux ans, les conditions associées devraient être « plus con- sistantes » que pour les plans d’aide accordés en 2010 et en 2012. Le vice-président de la Commission européenne chargé de l’Euro, Valdis Dombrovskis, a estimé qu’il existait « une possibilité de parvenir à un accord avant la prochaine échéance » du 20 juillet, date à laquelle la Grèce doit rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale euro- péenne (BCE). Désormais, seule la Banque cen- trale européenne assure la survie financière du pays en soutenant à bout de bras ses banques complète- ment à sec. Les 25 membres du conseil des gouverneurs doivent se réunir mercredi pour examiner la situa- tion du système bancaire grec, mis sous cloche par le gouvernement d’Athènes qui a fermé les banques pour la semaine. L’institut de Francfort doit décid- er de maintenir ou non une ligne de prêts d’urgence en faveur des établissements hellènes, à court d’argent frais et pris d’assaut par des Grecs inquiets qui veulent retirer leurs économies. Si l’institution décidait de couper le robinet financier à la Grèce, ce qui semble peu probable, cela plon- gerait encore plus Athènes dans l’abysse financière. La Grèce, en ne versant pas les 1,5 milliard d’euros qu’elle devait mardi au FMI, est devenu le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis de l’institution qui essuie là le plus grand impayé de son histoire. Tsipras appelle à voter « non » au référendum, envers et contre toutSources : afp Le Premier ministre grec Alexis Tsipras devant le Parlement à Athènes, le 8 février 2015. - / Photo : ARIS MESSINIS / AFP GRÈCE
  • 9. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 9 MONDE A près un demi-siècle d’isolement du régime com- muniste, le président améri- cain Barack Obama a annon- cé mercredi le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, saluant « un nouveau chapitre » dans les relations entre deux pays séparés seulement par le détroit de Floride. « Cela a pris du temps mais l’heure est venue », a lancé M. Obama dans les jardins de la Maison Blanche, rappelant - pour mieux souligner qu’il était temps de tourner la page - que les relations diplomatiques avaient été suspen- dues par Dwight Eisenhower en 1961, année de sa naissance. Dans une lettre lue presque au même moment à la télévision nationale, son homologue cubain Raul Castro confirmait la réouver- ture prochaine d’ambassades à La Havane et Washington, son gou- vernement évoquant une date à partir du 20 juillet. En annonçant cette étape his- torique, M. Obama consolide, à 18 mois de son départ de la Maison Blanche, une des initia- tives majeures de sa politique étrangère. Mettant en avant l’ « enthousiasme » suscité par cette initiative aux Etats-Unis et à travers le monde, depuis l’annonce faite en décem- bre, M. Obama a annoncé que le secrétaire d’Etat John Kerry se rendrait au cours de l’été à La Havane pour « hisser fièrement le drapeau américain sur notre ambassade ». L’exécutif américain a, à plusieurs reprises, évoqué la possibilité d’une visite de M. Obama à Cuba en 2016 mais aucune date n’a été annoncée à ce stade. Depuis 1977, les deux pays sont chacun représentés par le biais de Sections d’intérêt, chargées essen- tiellement de tâches consulaires. En visite à la Maison Blanche mardi, la présidente brésilienne Dilma Rousseff, avait salué ce rap- prochement avec Cuba, y voyant « étape cruciale dans les relations entre les Etats-Unis et l’Amérique latine » permettant « de mettre fin aux derniers vestiges de la Guerre froide ». « L’avancée d’aujourd’hui démon- tre une nouvelle fois que nous ne sommes pas prisonniers du passé: quand quelque chose ne fonctionne pas, nous pouvons changer », a souligné M. Obama. « Prêts à aller de l’avant » Promettant de rester vigilant et exigeant avec La Havane sur la question des droits de l’homme, le 44e président des Etats-Unis a appelé à poursuivre la normalisa- tion engagée, demandant au Con- grès de lever l’embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996. Toujours en vigueur, cet embargo américain total sur les transac- tions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l’île. « Les Américains et les Cubains sont prêts à aller de l’avant. Je pense qu’il est temps pour le Con- grès de faire de même », a sou- ligné M. Obama, jugeant néces- saire de lever les restrictions qui empêchent les Américains de voyager ou de faire du commerce avec Cuba. Les deux chambres du Congrès étant contrôlées par les adver- saires républicains de M. Obama, le processus législatif s’annonce long et semé d’embuches. La nomination d’ambassadeurs permettra d’améliorer les rela- tions, mais « la normalisation est un autre sujet », a d’ores et déjà averti le président cubain Raul Castro. « Bonne étape pour les peuples américain et cubain », a réagi sur Twitter Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison Blanche. Mais cette avancée est loin de faire l’unanimité aux Etats-Unis dans le camp républicain. Le candidat à la Maison Blanche et ex-gouverneur de Floride Jeb Bush a estimé qu’une ambassade américaine à La Havane légi- timerait « la répression à Cuba » et ne permettrait pas de promouvoir « la liberté et la démocratie ». Marco Rubio, autre républicain candidat à la présidence, a vive- ment dénoncé cette nouvelle étape dans le rapprochement, soulig- nant qu’il s’opposerait, au Sénat, à la confirmation d’un ambassadeur lorsqu’un nom aura été proposé par M. Obama. Né à Miami de parents cubains, le sénateur de Floride, qui est vent debout contre l’initiative diplo- matique du président démocrate, appelle « à mettre un terme aux concessions unilatérales à ce régime odieux ». Depuis 50 ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré aux Etats-Unis. Si les émigrés « politiques » des débuts de la Révolution restent farouchement opposés à tout rap- prochement avec le régime de La Havane. Les immigrés plus récents ont de leur côté conservé de solides attaches dans l’île et ont accueilli beaucoup plus favorablement l’annonce d’un dégel. Le président américain Barack Obama, le 19 décembre 2012 à la Maison Blanche à Washington DC. - Photo : Mandel Ngan Washington et La Havane rétablissent leurs relations diplomatiquesSources : AFP
  • 10. 10 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Quel cadre de surveillance des établissements bancaires en Haïti ?Par HENRI ALPHONSE La Banque Centrale a pour mission de s’assurer que les institutions financières respectent les normes minimales relatives à leur capital, à la concentration des risques de crédit, à la qualité de leurs actifs, à leur position de change et à leur mode de gestion. L es réglementations pru- dentielles, parallèlement à l’assurance des dépôts et le rôle de la Banque de la Répub- lique d’Haïti (BRH) en tant que prê- teuse en dernier ressort caractéris- ent l’intervention publique dans le domaine bancaire. Sur le papier. Et dans les faits ? Au plan de la réglementation et de la supervision bancaires, ce n’est pourtant pas la mer à boire. Si on a le courage de le faire. La BRH a toute une panoplie légale pour assumer une telle responsabilité. Là où le bât pourrait blesser, c’est lorsque le courage d’assumer pleinement cette responsabilité fait défaut. Le décret du 14 novembre 1980 règlemente le fonctionnement des banques et des activités bancaires sur le territoire de la République d’Haïti. La Banque de la République d’Haïti (BRH), conformément aux articles 29 à 32 de sa loi organique et à l’article 43 du décret du 14 novembre 1980 réglementant le fonctionnement des banques, a le pouvoir d’enquêter sur le comportement des entités bancaires et de les soumettre à un régime de normes prudentielles. Le Conseil d’Administration de la BRH dispose d’un solide cadre règlementaire pour bien remplir cette mission. Ce nouveau cadre de surveillance des établissements bancaires est entré en vigueur au cours de l’année fiscale 1997- 1998 dans la perspective du renforcement du contrôle bancaire. L’évolution importante du système bancaire au cours de la dernière décennie, confirment les analystes de la situation, constitue la principale raison ayant justifié la révision de ce cadre. « Tout organisme de contrôle bancaire doit, selon des objectifs clairs, établir des politiques à l’égard de la portée et la fréquence de ses travaux de surveillance en plus de développer des politiques et procédés visant à favoriser des travaux exécutés de façon constante». Un questionnement La BRH procède -t- elle régulièrement à l’inspection régulière des banques tant sur place, que sur pièces, soit en y dépêchant des missions d’inspecteurs, soit en exigeant la communication d’informations financières à des fréquences qu’elle juge appropriées ? Sa direction de supervision, dans l’exercice de sa mission de surveillance des établissements bancaires, se nourrit-elle régulièrement des principes de base inspirés par le souci de bonne régulation des règles du jeu bancaire, elle-même desservie par une approche méthodique des dossiers ? Ce cadre de surveillance, dans les termes mêmes adoptés par l’entité publique bancaire, prévoit : • l’accomplissement d’activités de surveillance sur pièces et d’inspection sur place; • l’obtention d’informations financières périodiques fiables de même que le traitement rapide et l’analyse adéquate de celles-ci; • des inspections sur place générales, trimestrielles et ponctuelles fondées sur l’évaluation des risques propres à chaque établissement bancaire; • des inspections sur place générales effectuées suivant l’approche CAMEL ; • la révision et l’utilisation des travaux des vérificateurs indépendants dans le but d’éviter le dédoublement des efforts; • un cycle de surveillance qui est fonction de la taille et du risque de chaque établissement; • une structure organisationnelle adaptée aux activités (surveillance sur pièces et inspection sur place); • des équipes d’inspection et des analystes responsables d’un portefeuille bien précis d’établissements. Punir les violations Sans état d’âme. La Direction de la Supervision a pour mission de surveiller les établissements bancaires relevant de sa compétence. Qu’elle soit dotée des moyens de sa mission, aussi bien en ressources humaines que budgétaires. Au fait, le dernier séminaire de perfectionnement des cadres de cette direction, de quand ça date ? Ce cadre de surveillance, en effet. « vise non seulement à ce que la Direction de la Supervision s’acquitte de cette mission de manière efficiente mais également à ce que les employés de cette Direction accroissent leurs compétences, leurs connaissances et mettent en valeur leur professionnalisme ». L’enjeu est donc clair : préserver la confiance du public dans le système bancaire haïtien. Et surtout, détecter rapidement les violations des lois et règlements et proposer des moyens de corriger rapidement les problèmes et violations observés. Toute une perspective qui, d’un point de vue opérationnel, vise à faciliter la prise en charge véritable de ce fardeau – de la tache de contrôle efficient – par le personnel de la Direction de la Supervision. Evidemment, il faut un véritable chef d’orchestre sachant bien exécuter sa partition, celle « d’améliorer le suivi de l’évolution du système bancaire et de ses composantes, d’en communiquer rapidement des renseignements sur son état actuel et son évolution au Conseil d’Administration de la BRH. Ce dernier devrait pouvoir s’inquiéter toutefois des lacunes enregistrées à ce niveau et créer les conditions de détection rapide « des problèmes de solvabilité des établissements bancaires, des violations des lois et règlements” – surtout – tout en proposant « les moyens de corriger rapidement les problèmes et violations observés ». Le contrôle des banques, affirment les décideurs, est un élément essentiel du renforcement du système financier, « compte tenu du rôle de premier plan que jouent les établissements bancaires dans l’intermédiation financière et le système des paiements ». Le contrôle des banques vise à s’assurer que les établissements bancaires mènent leurs activités de manière saine et prudente, que la conjoncture politique et économique facilite ou pas la spéculation occulte – sournoise - sur le marché des changes. Serait-ce trop demander ? CONTRÔLEBANCAIRE Le contrôle des banques vise à s’assurer que les établissements bancaires mènent leurs activités de manière saine et prudente / Photo : lepasseurdelacote
  • 11. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 11 ÉCONOMIE Stratégies de développement du secteur productifSource : Gouvernement du Niger DÉVELOPPEMENTLOCAL L e choix des stratégies à dével- opper pour l’atteinte de cet objectif global doit tenir compte du contexte particulier d’un environnement naturel hostile et d’une rareté des ressources naturelles et financières au Niger dans la ges- tion rationnelle est indispensable. Ces stratégies doivent également tenir compte des potentialités existantes notamment les 15 millions d’hectares cultivables et 270 000 hectares irriga- bles mais aussi un cheptel d’environ 4,5 millions d’unités disposant de près de 60 millions d’hectares de superficies pâturables. Le secteur rural et la sécurité alimentaire Toutes stratégies de développe- ment rural à mettre en œuvre doit d’abord chercher à minimiser, sinon à rompre la dépendance des productions rurales (agricoles et pastorales en particulier) du cycle pluviométrique à cause de l’incertitude qui le caractérise. A moyen et long termes, les straté- gies devront s’orienter vers le ren- forcement de la culture irriguée qui passe nécessairement par une politique de mobilisation des res- sources en eau. Aussi faut-il rappeler les options stratégiques envisagées et parfois mises en œuvre par les autorités à travers notamment : • les Principes Directeurs d’une Politique de Développement Rural pour le Niger en 1992 ; • le Plan National de l’Environnement pour un Dével- oppement Durable (PNEDD) en 1998 ; • le Programme Cadre de Lutte Contre la Pauvreté en 1998 ; • la Stratégie de Croissance Agri- cole Durable en 1999 ; • la Stratégie Opérationnelle de Sécurité Alimentaire pour le Niger (SOSA) en 2000 ; • les stratégies de développement de l’irrigation et de la collecte des eaux de ruissellement en 2001 ; • le Document cadre pour la relance du secteur de l’élevage au Niger en 2001 ; • la Stratégie de développement et de la micro finance en 2001 ; • la Politique et les stratégies pour l’Eau et l’Assainissement ; • le Programme National global sécurité alimentaire à partir de 2002 ; • la Stratégie Nationale de Sécu- rité alimentaire à partir de 2002 ; • la Stratégie Nationale de Sécu- rité alimentaire à partir de 2002 ; • le Programme National intégré de Recherche et de Vulgarisation ; • le Plan à long terme de la Recherche Agronomique, le Plan d’Action National de Lutte Contre la Désertification. En outre, une stratégie de dével- oppement rural sera élaborée en 2002. A partir des orientations stratégiques données par ces documents et sur la base du diag- nostic posé, les axes stratégiques suivants sont retenus comme pri- oritaires : • le développement de l’agriculture et de l’élevage; • la lutte contre la désertifica- tion et la gestion des ressources naturelles; • le développement des produc- tions connexes à l’économie rurale (activités génératrices de reve- nus). Pour un développement durable du secteur rural, un accroisse- ment et une diversification de la production agricole, pastorale, for- estière, halieutique, de la conser- vation de la diversité biologique seront envisagés selon les zones agro-écologiques du Niger. En complément de toutes ces opportunités, le développement des activités génératrices de reve- nus (AGR) en milieu rural, à trav- ers notamment la transformation et le commerce des produits agro- sylvo-pastoraux, sont susceptibles d’améliorer et d’accroître sensi- blement le revenu des populations rurales. Cependant, pour accompagner et soutenir ces stratégies, un sys- tème de financement adapté au monde rural est indispensable au Niger. Dans le contexte actuel de notre pays, les systèmes financiers décentralisés (SFD) qui octroient des crédits et l’épargne locale doi- vent être complétés par des sys- tèmes financiers qui s’intéressent à l’équipement rural, y compris l’agro-industrie. Les transports routiers, les mines et l’énergie Les transports routiers contribuent à réduire la pauvreté en servant d’appui à la croissance économique et en accompagnant l’essentiel des activités cibles sur la pauvreté. Ils jouent aussi un rôle important dans la sécurité alimentaire et l’accès aux services de base. Pour la mise en œuvre de ces objectifs, les stratégies retenues visent : • l’amélioration de la programma- tion et des méthodes d’exécution d’entretien routier; • l’assurance dans la régularité de l’exécution; • la construction des routes rura- les et les routes nationales dont la mise en œuvre a un impact positif sur les conditions de vie des popu- lations; • l’implication des populations bénéficiaires dans la réalisation des projets; • l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan national des transports; • la libéralisation du secteur par l’élimination des entraves insti- tutionnelles et l’amélioration de la chaîne logistique de transport; • l’amélioration du contrôle tech- nique du matériel; • l’amélioration du système d’information, l’éducation et la sensibilisation du public; • la promotion des transports intermédiaires non motorisés et des transports collectifs. En ce qui concerne le secteurs des mines et de l’énergie, ils dis- posent de potentialités capables d’apporter des transformations qualitatives dans l’économie au point de servir de levier à la réduc- tion de la pauvreté, en particu- lier, à travers le développement et la promotion des énergies nou- velles et renouvelables (solaire, éolienne,etc.) et le potentiel en intrants que renferment les mines. Aussi les stratégies suivantes ont- elles été retenues à savoir : • la réforme du secteur de l’énergie; • la promotion des combustibles de substitution au bois; • la création des conditions de compétitivité de la filière ura- nium; • l’exploitation des substances pouvant constituer des intrants au secteur agricole. Le secteur privé, le tourisme et l’artisanat Le secteur privé, l’artisanat et le tourisme sont des secteurs qui disposent d’une grande capacité de création d’emplois et de généra- tion de revenus, ils constituent de ce fait, un levier non négligeable dans la relance de la croissance économique. Les stratégies du programme seront concentrées sur les axes d’intervention suivants : • la création d’un environnement institutionnel et juridique incitatif; • le renforcement de l’autonomie organisationnelle du secteur privé; • l’appui à la création et au dével- oppement des entreprises privées; • la valorisation des ressources locales; • la promotion et le développe- ment des opportunités provenant de l’intégration régionale; • l’assainissement du secteur ban- caire et financier; • l’accélération du processus de privatisation des entreprises pub- liques; • la création des bases de développement d’un tourisme d’agrément et de l’éco-tourisme; • l’introduction du Niger sur le marché grand public par le recours à l’expertise des opérateurs privés du tourisme; • la promotion de l’artisanat à travers la demande et l’offre des secteurs utilisateurs; • la promotion des produits arti- sanaux auprès des nigériens; • enfin, des manifestations spéci- fique sous forme de conférence, forum, etc. seront organisées con- jointement avec les partenaires du secteur privé pour faire connaître les opportunités, les atouts et pos- sibilités d’investissements dont dispose le Niger dans les domaines du tourisme, de l’artisanat, de l’agro-alimentaire, des infrastruc- tures. Face à tous les défis à relever dans le domaine du développement rural et de la sécurité alimentaire, l’objectif global est de contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations.
  • 12. 12 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Il faut l'innovation pour aider les fermes familiales à prospérer Par Jomo Kwame Sundaram Les exploitations familiales contribuent à la sécurité alimentaire et la nutrition depuis des siècles, voire des millénaires. Mais avec l’évolution de la demande pour la nourriture ainsi que les ressources naturelles de plus en plus rares et des pressions démographiques croissantes, les fermes familiales devront innover rapidement afin de prospérer. DÉVELOPPEMENTRURALDURABLE E n attendant, le développement rural durable dépend essenti- ellement de la viabilité et du succès de l’agriculture famil- iale. Avec les fermes familiales qui diminuentdetailleparl’appropriation et souvent en exploitation également, l’amélioration du niveau de vie à la campagne est devenue de plus en plus difficile au fil des décennies. L’utilisation des terres agricoles est de plus en plus limitée par la disponibilité de terres arables pour l’exploitation puisque les demandes d’utilisation d’autres terres augmentent. Aborder le développement rural durable implique des considérations économiques et sociales ainsi que des contraintes écologiques et de ressources. Plus d’un demi-milliard de fermes familiales à travers le monde forment l’épine dorsale de l’agriculture dans la plupart des pays. Bien que les exploita- tions familiales représentent plus de neuf des 10 fermes dans le monde, elles ont considérable- ment moins de terres agricoles. Elles constituent les gardiens des ressources agricoles dans le monde et la source de plus de quatre cinquièmes de la produc- tion alimentaire dans le monde, mais la plupart sont pauvres et en insécurité alimentaire elles- mêmes. Le défi en matière d’innovation Les fermes familiales sont très diverses, et les systèmes d’innovation doivent prendre en compte cette diversité. Alors que certaines grandes fermes sont gérées comme des entreprises familiales, le principal défi pour l’innovation est d’atteindre les petites fermes familiales. Les stratégies d’innovation doivent, bien sûr, tenir compte des condi- tions agro-écologiques et socio- économiques des fermes famili- ales. Les efforts publics visant à pro- mouvoir l’innovation agricole pour les petites et moyennes exploitations familiales devraient veiller à ce que la recherche agri- cole, les services consultatifs, les institutions du marché et les infrastructures soient inclus. La recherche agricole appliquée pour les cultures, les espèces animales et les pratiques de gestion doit tenir compte des défis rencon- trés par les fermes familiales. Un environnement favorable pour le producteur et d’autres organisa- tions communautaires rurales peut donc aider à promouvoir l’innovation. Les défis auxquels est confrontée l’agriculture et l’environnement institutionnel pour l’innovation agricole sont plus que jamais complexes. Des systèmes et ini- tiatives d’innovation efficaces doivent reconnaître et régler cette complexité. Les stratégies d’innovation agricole devraient se concentrer non seulement sur l’accroissement des rendements et des revenus nets réels, mais aussi sur la conservation des ressources naturelles, et d’autres objectifs. Un système d’innovation doit considérer tous les acteurs. Par conséquent, il doit tenir compte de la politique contemporaine complexe et de l’environnement institutionnel pour l’agriculture et la gamme d’acteurs engagés dans la prise de décisions, sou- vent avec des intérêts et des priorités divergents, nécessitant ainsi l’implication approprié du gouvernement. Les investissements publics dans la R&D agricole, ainsi que les services de vulgarisation et de conseil devraient être aug- mentés pour mettre l’accent sur l’intensification durable, l’augmentation des rendements et la réduction des écarts de pro- ductivité de la main-d’œuvre. Les services de recherche et de conseil agricoles devraient donc chercher à accroître la productivité, amélio- rer la durabilité, baisser les prix des aliments, réduire la pauvreté, etc. La R&D devrait se concentrer sur l’intensification durable, con- tinuant d’élargir les limites de la production de manière durable, travaillant de manière systémique et intégrant les connaissances tra- ditionnelles et d’autres connais- sances informelles. Les services de vulgarisation et de conseil devraient se focaliser sur la réduc- tion des écarts de rendements et l’accroissement de la productivité de la main-d’œuvre des petits et moyens fermiers. Nouer des parte- nariats avec des organisations de producteurs peut aider à s’assurer que les services de R&D et de vul- garisation sont à la fois inclusifs et répondent aux besoins des agri- culteurs. Innovation institutionnelle Tous les agriculteurs familiaux ont besoin d’un environnement propice à l’innovation, y compris la gouvernance de développement, des conditions macroéconomiques axées sur la croissance, les régimes juridiques et réglementaires favor- ables aux exploitations familiales, des outils abordables de gestion des risques et des infrastructures de marché améliorées. Un accès amélioré aux marchés locaux ou plus larges pour les intrants et récoltes, y compris à travers les marchés publics auprès des agriculteurs familiaux, peut fournir de fortes incitations à l’innovation, mais les fermiers des zones reculées et d’autres groupes marginalisés sont souvent con- frontés à de grands obstacles. En outre, les pratiques agricoles durables ont souvent des coûts de démarrage élevés et de longues périodes de remboursement. Par conséquent, les agriculteurs ont besoin d’incitations appropriées pour fournir des services envi- ronnementaux nécessaires. Des institutions locales efficaces, y compris les organisations d’agriculteurs, combinées avec des programmes de protection sociale, peuvent aider à surmonter ces obstacles. La capacité à innover dans l’agriculture familiale doit être soutenue à différents niveaux et dans différents domaines. La capacité et les capacités d’innovation de chacun doi- vent être développées à travers l’éducation, la formation et la vulgarisation. Les incitations peuvent créer les réseaux et liens nécessaires pour permettre aux agriculteurs, chercheurs et aux autres de partager des informa- tions et de travailler vers des objectifs communs. Des organisations de producteurs efficaces et inclusives, telles que les coopératives, peuvent être cru- ciales pour soutenir l’innovation de leurs membres. Les organisa- tions de producteurs peuvent aider leurs membres à mieux accéder aux marchés et à innover et à assurer également une voix pour les exploitations familiales dans l’élaboration des politiques. L’innovation n’est pas seulement technique ou économique, mais nécessite souvent des dimensions institutionnelles, systémiques et sociales. Un tel point de vue holis- tique et une approche par rapport à l’innovation peuvent être essen- tiels pour l’inclusion, l’efficacité et le succès. Aborder le développement rural durable implique des considérations économiques et sociales. / Photo : www. rbu2000plus.org
  • 13. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 13
  • 14. 14 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ P arlons du tourisme! Sujet sérieux. Faisons donc l’effort de garder le ton ironique et sarcastique pour une autre fois. Après tout, nous ne voudrions tout de même pas diminuer les précieux revenus de l’État ! De quel droit oserions-nous ? De plus, nos bons étrang- ers en ont toujours pour leur argent : un bronzage de homard (malgré la crème solaire), quelques kilos de plus (ce n’est pas tous les jours qu’ils ont droit à quelque chose de mieux que les fast foods) et des photos originales de lieux inoubliables comme Labadie (un morceau du Paradis déchu au nord du pays). Et hop ! Six dollars verts (par tête) versés à l’État haïtien. Hum… Labadie, la nouvelle perle des Antilles séparée du fiel des Antilles par une simple clôture hautement sécurisée. L’exemple même des deux visages d’Haïti : une partie suffocante de beauté à la porte d’une écœurante misère… Pourtant personne n’ose demander : « Vous voulez voir l’Haïti pile ou l’Haïti face ? ». On a simplement présumé qu’ils voulaient tous voir les palmistes, nos touristes. Il n’est pas interdit d’être soi-même un touriste dans son propre pays. Vous êtes chanceux car aujourd’hui vous avez droit à une visite guidée « gratis ti cheri » pour le prix de deux (pile et face d’Haïti) ! À votre gauche, un magnifique château de fatras surmonté d’une charogne et à votre droite la Citadelle Laferrière. Plus loin se trouve juste une rigole d’eau nauséabonde tandis que tout près c’est la chute de Bassin Bleu. Cette majestueuse architecture derrière vous ? Eh bien c’est Cité Soleil : la Capitale de La Boule, juste devant vous. S’il vous faut avoir une meilleure idée du soleil, vous vous brûlerez sans doute! En poursuivant, vous réaliserez qu’en haut est localisé un grand établissement privé. Cette chaumière en bas, c’est une école « bòlèt »… quelle maladresse !… je voulais dire, c’est une école publique. Là, au milieu, ce n’est pas un fou mais un officier (ne faites pas attention à son accoutrement) qui garantit la bonne circulation des voitures car les feux de signalisation ne sont là que pour faire le beau ». Ici, rien ne joue à cache-cache « liben, sere liben ». L’insécurité est un des mouchoirs brodés de la MINUSTAH. Nous avons d’ailleurs des enfants de huit ans, armés qui font un travail de pro dans les rues de Port-au-Prince. Personne n’a pensé à les intégrer dans les forces policières, ces talentueux bonhommes ? Voyons le bon côté des choses : avec tous les morts qu’ils causent, ils contribuent à résoudre le problème de la surpopulation ! Que faut-il de plus ? Arrêtons donc de faire l’autruche et apprenons à pleinement savourer les petites choses de la vie. N’est-ce pas pour cela que nos plats sont si bien épicés ?... Ce sera tout pour aujourd’hui. Je vais vous héler un taxi pour vous reconduire où vous logez. Oh non ! Ne vous faites pas d’illusion : cette Mercedes 2015 est l’auto de l’évêque. C’est cette « kabwèt » qui arrive là-bas, votre taxi. Ce fut un plaisir de vous faire visiter la perle des anguilles … Pile ou face? par Edna Blaise C e programme de développe- ment pour l’après-2015 abordera de nombreuses problématiques : mettre fin à la pauvreté et à la faim, améliorer la santé et l’éducation, bâtir des villes plus durables, combattre les change- ments climatiques et protéger les océans et les forêts. Les gouvernements sont actuel- lement en pleines négociations et la société civile, les jeunes, l’industrie et tous les autres pren- nent part à la conversation mon- diale. Les dirigeants mondiaux devraient adopter le programme lors du Sommet spécial sur le développement durable à New York en septembre 2015. Des progrès considérables ont été enregistrés pour atteindre la réalisation des Objectifs du Mil- lénaire pour le Développement (OMD). La pauvreté continue de diminuer à travers le monde, les enfants scolarisés en primaire n’ont jamais été aussi nombreux, les décès d’enfants ont diminué de façon spectaculaire, l’accès à l’eau potable a été très élargi et les investissements axés sur la lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose ont sauvé des millions de vies. Les OMD font une vraie différence dans la vie des gens et avec une responsabilisation et un leader- ship massifs, ces progrès peuvent être étendus dans la plupart des pays du monde d’ici à l’échéance de 2015. Au-delà de 2015, les efforts engagés pour atteindre un monde de prospérité, d’équité, de liberté, de dignité et de paix seront poursuivis sans relâche. La conversation mondiale Pour favoriser une conversation mondiale inclusive, le Groupe de développement des Nations Unies a coordonné des consul- tations nationales, globales et thématiques. À ce jour, plus de 100 consultations, impliquant de multiples parties prenantes, y compris les gouvernements, les entreprises et les groupes de la société civile, ont été soutenues par l’ONU et de nombreuses autres sont prévues. Des organisations de la société civile continuent à s’engager dans le processus de l’après-2015, tandis que des uni- versités et autres institutions de recherche, y compris les groupes de réflexion, restent particulière- ment actifs. Grâce à l’enquête mondiale « MY World », 2 millions de personnes ont déjà voté pour communiquer aux Nations Unies les sujets les plus importants qu’ils aimeraient voir figurer sur l’agenda de l’après-2015 et le nombre de participants ne cesse de croître. En complément de l’enquête « MY World », a été mise en place une plateforme en ligne « 2015 : le monde que nous voulons » où les citoyens peuvent participer, à travers des consultations, au programme de développement pour l’après-2015. Le monde que nous voulons !Source : Nations Unies OMD:L’APRÈS-2015? Avec la conclusion des OMD à la fin de l’année 2015, les dirigeants du monde ont appelé à la mise en place d’un programme ambitieux et de long-terme pour améliorer la vie des populations et protéger la planète pour les générations futures.
  • 15. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 15 SOCIÉTÉ P réfac, mise à niveau, remise à niveau ou si l’on veut prépa- fac. On l’appelle différem- ment d’un endroit à l’autre. En fonction des intérêts des organ- isateurs, dirait-on. Certains disent qu’une mise à niveau ou remise à niveau est gratuite. La préfac est payante. On laisse prépa-fac pour les amoureux du français de France. Palabres quoi ! Quelle que soit sa dénomination, définitivement, cette activité est une voie presque incon- tournable pour quiconque veut inté- grer l’Université d’État d’Haïti (UEH). Et l’on voit combien de bacheliers ont recours à cela. À la faculté des sci- ences humaines, par exemple, chaque association d’étudiants (Continuum, Sek Gramsci, GESTE, AHECS) orga- nise une préfac. Cependant, à chaque mise à niveau, il y a un grand nombre de postulants. Sans compter ceux-là qui n’ont pas été admis aux concours d’admission que chacun de ces groupes organise. C’est dire que la demande est très grande. GRETAS (Groupe de Réflexion, d’Etude et d’Action Sociale), est un groupe réunissant des étudiants de l’UEH venant particulièrement de Petit-Goâve. C’est une initiative citoyenne qui vise à faire des études et de la réflexion, les moteurs de tout développement économique, social, technologique. Depuis la création de ce groupe, les étudiants organisent le dernier samedi chaque mois, un café littéraire à Petit-Goâve. En ce qui a trait à la préfac, ils se préparent à la troisième édition de GRETAS-préfac pour les jeunes de la cite soulouquoise. Ils estiment que le niveau de notre système éducatif est très faible, empêche les fils des plus pauvres d’avoir accès à une profession après les études classiques. Aujourd’hui, les jeunes sont très satisfaits. « Bon nombre de nos postulants ont pu réussir avec brio les concours d’admission à l’UEH », nous déclare Nixon Saturné. « L’année dernière, le lauréat du concours de la faculté de droits et des sciences économiques de Port-au-Prince (sciences juridiques) était l’un des bénéficiaires de la formation que nous offrons. C’est notre plus grande satisfaction », ajoute le directeur de communication du groupe. L’Association haïtienne des Etudiants en Communication sociale (AHECS), sise à la faculté des sciences humaines, organise elle aussi des mises à niveau. C’est pour elle une façon d’aider les jeunes, qui n’ont pas les moyens de s’inscrire aux préfacs payantes, à trouver de l’aide pour préparer leurs concours. À entendre le coordonnateur adjoint du groupe, Grégory Jacquet, une préfac ne serait pas seulement une initiative pour aider les jeunes à réussir des concours. « La vraie fonction d’une préfac consiste à donner aux postulants non seulement les formations de base leur permettant de passer le concours, mais aussi des formations qui vont leur servir toute leur vie », avance le C.A. de l’AHECS. Les étudiants, semble-t-il, retournent désormais chaque été dans leurs communes respectives pour aider les leurs à intégrer l’UEH. Les gonaïviens organisent gona- prefac. À Saint-Marc le Nisa-club, regroupant les étudiants de cette commune, organise nisa-préfac. Avant d’organiser la préfac, le nisa-club organise des séminaires d’orientation professionnelle, nous informe Wadson Sainvilus. Ils ont un seul objectif. « Nous voulons grossir le nombre de saint-marcois dans les différentes entités de l’UEH», déclare Wadson. Les étudiants ne trouvent, malgré tout, aucun accompagnement du rectorat de l’Université dans ce travail. Et pourtant, ils essayent de concrétiser une fonction de celle-ci qui n’existe que sur papier parmi tant d’autres : le service à la communauté. Si nombreux organisent les préfacs pour gagner de l’argent, d’autres ne veulent qu’aider. Ils essaient de compenser les faiblesses, oh combien trop grandes, de notre système éducatif. L’université pourrait, peut-être, les assister dans ce travail. Un étudiant de l’institut d’études et de recherches africaines et haïtiennes (IERAH), qui était postulant à gretas-prefac nous donne sa définition de préfac. « Une préfac est une institution qui aide à préparer un concours à l’université, en conformité avec les exigences de ce concours », témoigne Jonas R. Desroches. Il est très reconnaissant envers tous ces étudiants qui l’ont aidé et se dit prêt à contribuer lui aussi aujourd’hui à ce travail tout en invitant les responsables de l’Université à apporter eux aussi leur soutien. Quand des étudiants rendent service à la communautépar Ritzamarum ZETRENNE HAÏTISOCIÉTÉ/PRÉFAC Chaque année, en Haïti, de juillet à septembre, les étudiants de l’université d’État d’Haïti (UEH) organisent des cours de préfac. Si certains le font dans un but lucratif, d’autres par contre le font pour accomplir l’une des missions de l’université: servir la communauté. Peu importe les motifs que se donnent ces étudiants, cette activité semble d’une grande importance pour les jeunes qui veulent intégrer l’une des facultés de l’université d’Etat d’Haïti. L’Université d’Etat d’Haïti en route vers la science ouverte. / Photo: masterhmp.org
  • 16. 16 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 E Dans les transports en commun, dans les restau- rants ou même en pleine rue, les téléphones portables sont toujours à portée de main. Normal. Ce sont des portables. Depuis que nous sommes à l’ère smartphone et internet facile, rien n’est plus comme avant. Ces téléphones ne servent plus uniquement à briser une certaine dis- tance entre les membres d’une même famille ou entre amis. Il n’est plus étonnant de constater que même en chaire, un pasteur utilise son smartphone. Les fidèles, n’en parlons pas. En plus des applications de la bible et de chants d’espérance qu’ils utilisent durant les services de prière, ils envoient de temps à autres des messages. Un post sur Facebook : #atchurch. Un texto sur WhatsApp et une vérification rapide des profils de certains amis. S’il facilite « la communication » entre guillemets, le téléphone por- table empêche une communication véritable au sein des familles. Tout le monde se concentre sur son por- table. Le monde et l’affection vir- tuels suffisent sans doute. Ce déficit de communication véritable engen- dre d’autres problèmes. Surtout concernant les adolescents sur qui les parents n’ont plus de contrôle. Et l’on connaît tous les problèmes liés à cette période de la vie et du développement des enfants. Un adolescent fait le témoignage de certains désavantages engendrés par ces objets qui deviennent notre passion quotidienne: « mon téléphone m’empêche de dormir parfois. Quand je suis sur Facebook, je ne vois pas passer le temps. ». Selon lui, si l’on ne se contrôle pas, les portables peuvent devenir des objets de perversion. « Les portables peuvent dérouter les jeunes. Lorsque j’ai découvert des images indécentes pour la première fois, c’était sur le web. J’essaie de ne pas me laisser prendre au piège, mais d’autres ne peuvent pas y résister». Pour ce jeune homme de 24 ans, les smartphones empêchent de créer des liens et de se familiariser. « Quand tu entres dans une salle où il y a des jeunes, ils ne se parlent pas, parce que tout le monde se concentre sur son smartphone. » De plus, ils empêchent d’apprécier les autres. « Tu n’as plus envie de voir des amis. Il suffit de leur demander de t’envoyer une photo. » Autre aspect important du manque de communication vient du fait que nous n’avons plus envie, ni aucun intérêt à résoudre nos différends. « Lè moun nan nan kont ak on lòt, li annik monte sou profil li li ekri on bagay et cela se termine là. Les téléphones nous facilitent la vie à un certain niveau. En plus de nous servir à réduire la distance entre nous et nos parents, nos amis éparpillés à travers le monde, nous avons tout un attirail à notre portée. Nous les consultons pour nos problèmes de grammaire, de traduction pour ne citer que ces deux-là. Mais les smartphones nous imprègnent tellement qu’ils finiront par être plus intelligents que nous… S uite à la levée de la grève du mardi 4 février 2015 dernier par la négociation entre le ministre de l’économie et des finances monsieur Wilson Laleau et les syndicats des chauffeurs, un mou- vement de protestation a été organisé dans plusieurs rues de la zone mét- ropolitaine par les étudiants en vue d’exprimer leur mécontentement. En effet, des barricades enflammées ont obstrué les voies de circulation, et paralysé complètement le fonc- tionnement de certaines institutions publiques et privées. Les forces de la PNH sont intervenues, ont tiré des balles en caotchouc, lancé du gaz lacrymogène pour réprimer les protestataires. Mais, cette répression policière, loin de neutraliser le mou- vement, a suscité la colère des étudi- ants qui ont incendié plusieurs véhi- cules de services publics en circula- tion. Nombreux ont été les témoins qui condamnaient les étudiants, les accusant de pyromanie et de destructeurs de biens publics. La violence ne devrait pas être la solu- tion à un problème surtout lorsqu’il s’agit d’étudiants. Ceux-ci auraient plutôt intérêt à faire preuve de leur responsabilité citoyenne. Paradox- alement, ils ont justifié leur com- portement au cours d’une interview qu’ils ont accordée à un journaliste indépendant. En effet, selon eux, un citoyen peut refuser de légitimiser une décision gouvernementale jugée incompatible aux intérets du peuple. Comme la légitimité d’un gouverment, ses revendications doivent être toujours prises en compte. Mais, la différence essentielle entre l’Etat et les gouvernements invite à une considération fondamentale quant aux rapports entre les citoyens et le pouvoir en place. C’est pourquoi une décision gouvernementale non approuvée par le peuple, ne saurait, en aucune façon être un impératif. Selon l’explication des étudiants, la violence ne vise pas à détruire le bien public en soi. Mais, à attaquer le symbolisme du pouvoir politique exprimé dans ce bien. L’acteur de cette violence veut remettre en question les décisions du gouvernement qui , le plus souvent, sont dictées par l’extérieur. Le citoyen doit veiller sur les dérives du gouvernement qui tend toujours à se démarquer de son devoir envers la majorité souffrante qu’il cherche souvent à gagner à sa cause. C’est pourquoi la rupture par la violence ou d’autres moyens est une nécessité pour qu’il reéfinisse politique son mode de gouvernance. En réalisant la violence execée par le gouvernement face aux légitimes protestations populaires, la désobéissance civile n’est- elle pas nécessaire ? Enfin, il faut voir dans les actes de violences perpétrés lors de ce mouvement de protestation contre la réticence du gouvernement à réduire le prix du pétrole, deux expressions manifestes des rapports avec le pouvoir. D’abord, une action du citoyen qui ne reconnait aucune légitimité à une décision politique qui engage ses intérets. En second lieu, il s’agirait d’une expression des rapports pervertis du micro pouvoir, exprimé dans le jeu de relation décision-contrôle- obéissance-désobéissance. A la question finale de l’entretien « que faut-il dire de la responsabilité du citoyen vis-à-vis des biens de l’Etat dont il est aussi une source de souveraineté ? », un étudiant a articulé que « entre citoyenneté et violence, on doit toujours redéfinir les frontières ». Quand nos portables sont plus intelligents que nous !par Stephanie Balmir Redéfinir les frontières ?par CHERISCLER Evens BOUKMAN Exilé du monde HAÏTISOCIÉTÉ/TECHNOLOGIEETRAPPORTSHUMAINS HAITISOCTÉTÉ/CITOYENNETÉETVIOLENCE À l’ère de la technologie, ce ne sont pas les gadgets et les marques qui manquent. Des smartphones aux appareils de musique, tablettes (tablette de lecture et tablette électronique), chacun en trouve son petit bijou. Mais au- delà des avantages que tous ces gadgets peuvent offrir, leurs inconvénients entachent les relations humaines. Les portables peuvent dérouter les jeunes. / Photo: phantom.glass SOCIÉTÉ
  • 17. JEUDI 2 JUILLET 2015 N0 30 | 17 CULTURE Le National :- Qu’est ce qui est prévu dans le spectacle Kirikou et la sorcière ? Jean René Delsoin : - Tout le monde ici connait l’histoire de ce fameux conte africain. Kirikou et la sorcière conte la légende d’un petit garçon né dans village africain. Lequel est confronté aux pouvoirs d’une méchante sorcière Karaba. Cette dernière mange tous les hommes qui partent la combat- tre et qui pillent régulièrement les ressources du village. Cette une histoire passionnante qui tient en haleine petits et grands. L’année dernière, on avait présenté « Haïti en couleurs », cette année on a décidé de faire une adaptation chorégraphique de ce conte afri- cain pour clôturer l’année scolaire du Centre de danse Jean René Delsoin. Le National : - A quoi le public doit-il s’attendre en venant à ce spectacle tant attendu ? JRD : _ Je préfère que les gens viennent pour qu’ils en découvrent eux-mêmes le contenu. Je n’aime pas trop en parler à l’avance. C’est une chorégraphique du film. En tant que créateur cependant j’y ai mis aussi un peu de moi-même tout en respectant le personnage et le scenario. Le National :- Combien de dan- seurs y’aura-t-il sur scène et cela vous a pris combien de temps pour préparer Kirikou et la sor- cière ? JRD : - Plus de 50 danseurs seront sur scène. Concernant le deuxième volet de votre question, c’est l’école et la compagnie qui présentent le spectacle. Pour moi personnellement, je ne prépare pas uniquement mes danseurs pour un spectacle comme cela se fait peut être ailleurs. Les enfants viennent pour apprendre à danser. Ce qui nous intéresse le plus c’est la technique. C’est éduquer l’enfant. Lui inculquer toutes les notions essentielles relatives à la danse et à son bienêtre dans la vie et dans la société. Cependant à l’approche d’un spectacle, on met des bouchées doubles chacun apporte du sien pour le réaliser. Le National :-M Delsoin en tant qu’artiste et créateur que représente Kirikou pour vous ? JRD : - Je pense que c’est une his- toire amusante écrite par un fran- çais ayant séjourné en Afrique. Le dessin animé fait la joie de plus d’un. A l’occasion des fêtes de noël, un ami écrivain m’a offert la comédie musicale en cadeau. J’y ai fait comme je l’ai dit tantôt une adaptation chorégraphique comme je le disais tantôt. L’histoire nous ressemble un peu. C’est pour moi une occasion de rehausser la danse haïtienne en utilisant les danses traditionnelles, les percus- sions entres autres pour la célé- bration du retour de Kirikou et Kariba dans le village. Le National :- Comment voyez- vous l’avenir de la danse en Haïti. Pourquoi il n’y a pas aujourd’hui une fédération regroupant toutes les écoles de danse en Haïti ? JRD : - Il y’a eu dans le passé une association d’écoles de danse. J’ai eu la chance d’assister à un spectacle au Rex Théâtre organisé conjointement par the American Haitian Academy of Ballet and Art, l’Ecole de danse de Rachel Jean Louis et celle de kettelie Jean François Durand. De nos jours, on nous reproche le fait que les écoles de danse ne se mettent pas en association, parce que les responsables de ces écoles font séparément leur beurre, ils n’ont aucun intérêt à se mettre ensem- ble. Cependant je crois que même les gens qui n’ont pas la même idéologie travaillent ensemble. Mais en Haïti, le plus grand défaut: « c’est ôte toi que je m’y mette. » Les gens ont tendance à piétiner les autres. Très souvent ils le font par jalousie. La personne qui est humble c’est celle qui connait vraiment ce qu’elle fait. Elle n’a pas à se soucier de l’autre ni se renseigner sur ce qu’elle fait. Ma grande préoccupation c’est de voir Haïti briller dans le domaine de la danse. Ma volonté de danser est mon refuge. Mon sponsor officiel. Le National :- M Delsoin combien coute l’organisation d’un spec- tacle de danse ? JRD : Un spectacle de danse coute beaucoup. Kirikou et la sorcière a un budget prévisionnel de 20 mille dollars américains. Il faut aussi ajouter la subvention des parents qui achètent des cos- tumes pour leurs enfants. Souvent certaines gens disent que les bil- lets d’entrée pour participer à un spectacle de danse sont trop exor- bitants. Ils ignorent sans doute le prix des billboards, d’une pub- licité dans un journal dans une station de radio. Ils ignorent aussi le prix des salles de spectacles, le son, le décor l’éclairage. Souvent ce sont des amis, des parents qui vous aident à faire face à ces mul- tiples défis sans oublier la Fokal qui nous supporte dans certaines de nos initiatives. L’avenir de la danse en Haïti est sombre. Depuis la mort de mon père Renel Del- soin ( Azibé),j’ai décidé de ne pas baisser les bras malgré vents et marées. Je ne suis pas en train de décourager celui qui veut s’aventurer dans cette discipline artistique mais il faut que l’on se mette ensemble pour sortir du tunnel de l’égoïsme, du mépris et de l’indifférence. Kirikou et la sorcière au Parc de la canne à sucrepar Schultz Laurent Junior kirikou et la sorciere. Jean-Rene Delsoin Le Centre de danse Jean René Delsoin présente ce samedi 4 juillet au Parc Historique de la canne à sucre kirikou et la sorcière. Le National a rencontré le chorégraphe jean René Delsoin qui nous parle de son prochain spectacle. « Ce sera bien fait et bien dansé pendant 90 minutes » nous a-t-il confié tout en répondant à certaines questions relatives à cette discipline artistique en Haïti.
  • 18. 18 | N0 30 JEUDI 2 JUILLET 2015 CULTURE Les 7 ans de Havana guitar night et ses activitéspar Walcam L a maison du comédien Maria Casarès est à Alloue. Une ville de 512 habitants située au Sud-ouest de la France. Alloue est une ville timide. La plupart des habitants ont plus de 60 ans, on ne voit pas grand monde dans la rue. Les maisons respirent lentement. On le sent. Et les rues sont remplies de silence et de sérénité. En ce début de juillet, la France est au bord de la canicule. Mais le cadre boisé, pittoresque et enchanteur de la maison du comédien propose un climat charmant et paisible. Le lieu se prête à tous les assauts de l’imaginaire. En cette période, la maison Maria Casarès reçoit en résidence les élèves du conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. L’auteure et metteuse en scène Catherine Anne proposera aux étudiants une approche du jeu théâtral par l’improvisation. Ce stage permettra aux étudiants d’interpréter des rôles avec vivacité et invention. Il permettra aussi aux étudiants de fouiller le texte de théâtre, les situations, les personnages, ainsi ils pourront atteindre la profondeur, l’acuité, l’engagement, le surgissement. L’école sera en résidence jusqu’au 12 juillet. La maison Maria Casarès reçoit aussi la compagnie Le Sablier. La compagnie fait une résidence en vue de mettre en scène « Oh ! Les beaux jours » de Samuel Beckett. « Oh les beaux jours », cette pièce pour deux… Winnie et Willie… cette pièce qui permet de voir le monde de Willie qui finit lentement, imperceptiblement. Winnie, elle, continue son rituel quotidien et parle… elle parle de sa vie, de ce qu’elle a été, mais peu de ce qui sera…La compagnie Le Sablier sera en résidence jusqu’au 17 octobre 2015. 10 heures 20 PM, il fait clair dans le ciel, les étoiles hésitent à investir la voute azurée, les traits du jour jouent gros contre la nuit qui étend un peu plus ses tentacules. La maison du comédien fait dans le calme et la déférence. L’été sera peut-être eternel. H avana guitar night, est un espace ou chaque jeudi, on a rendez-vous avec la musique pour découvrir de nouveaux talents. C’est son objectif premier. C’est aussi un espace pour honorer les personnalités qui se sont fait remarquer et qui ont œuvré pour la société. Le jeudi 2 juillet, pour le septième anniversaire de Havana guitar night, Monsieur Havana (Berthony Raphaël) et ses associés feront la fête à l’hôtel Royal Oasis. Dans le line up, on aura la chanteuse Guadeloupéenne Tanya Saint-Val, le guitariste haïtien Dadou Pasquet, BIC, Rutshuelle Guillaume, Queen-B, Mandela, Charline et d’autres invités. Pour revenir sur l’objectif principal de Havana guitar night qui est de faire découvrir de nouveaux talents dans la musique, on observe depuis plus d’une année une réelle difficulté à respecter cet objectif. Où se trouve le problème, pourquoi il n’y a plus de spectacles de ce genre ? La mission reste la même, estime Berthony Raphaël qui reconnait que les soirées sont devenues rares à cause des moyens économiques difficiles. « Mettre les jeunes au devant de la scène, honorer des personnalités qui ont fait un travail positif dans le temps ou avec le temps, reste notre priorité », maintient M. Havana. C’est à Havana guitar night que le public a écouté pour la première fois Rutshelle Guillaume chanter « kitem kriye » qui allait devenir un opus très prisé, mais d’autres n’ont pas eu cette chance comme Henock Bordes, Charline, Daphnis, Chedlin, etc. Il y a un ralentissement sérieux dans les activités de Havana guitar night qui s’explique par un manque de fonds. Selon Berthony, Le problème économique que connait le pays, handicape les soirées. Dans un spectacle la plupart des gens ne paient pas et il faut couvrir toutes sortes de dépenses pour préparer une fête. Il y a des espaces, des night-clubs qui veulent nous accueillir mais ces propriétaires ou responsables y voient aussi leur avantage financier. Ils sont les premiers bénéficiaires en tirant profit des ventes de boissons en général. Mais ça se comprend, explique Berthony qui affirme et reconnait que ces propriétaires doivent payer le loyer, les employés, l’électricité, etc. Il croit que le problème est partout, c’est le problème du pays, estime le promoteur. Mais où sont passés les sponsors ? Ils sont là et s’intéressent à des spectacles qui attirent la grande foule, comme une fête avec des Dj’s, ou un concert avec plusieurs groupes musicaux, regrette Berthony Raphaël. Il a soulevé un autre problème, l’État haïtien qui se prend maintenant pour un promoteur de spectacles. Les sponsors sont le plus souvent sous la pression de l’État qui au lieu d’aider et de protéger, organise lui-même, des spectacles. Havana guitar night, qui en deux (2) occasions a écrit au ministère de la Culture pour une subvention de son activité, n’a jamais reçu de réponse a dit Berthony. Cette année il a envoyé une lettre directement au titulaire restée sans réponse à nos jours. « La priorité de l’État n’est pas la culture, nous investissons dans tout, sauf dans la culture et le sport, deux activités qui pourraient donner de l’argent à l’État. » Il en a profité pour remercier la Brana, la Digicel, Next light teen, la Promix de Gary Saint-Joie et la presse en général qui ont contribué à faire de Havana huitar night ce qu’il est aujourd’hui. Berthony Raphaël pense qu’il va continuer avec les activités afin de faire découvrir au public les nouveaux talents et d’honorer les personnalités pour la mémoire, mais pas au même rythme. Soleil à 9 heures du soir !par Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe) Ceci n’est pas un titre accrocheur. Vous savez un peu de ces titres de journalistes qui n’existent que pour créer de la sensation forte, attirer l’attention, aiguiser la curiosité. Non ! Du soleil à 9 heures du soir et du théâtre improvisé tout autour de ce soleil noir n’est pas un titre émanant d’un esprit tortueux, beckettien. Ce n’est pas non plus une gymnastique de langage. Nous sommes de préférence dans une belle vérité, celle de la France, celle de la maison du comédien Maria Casarès. Berthony Raphaël