Revue "Le Psy Déchaîné" n°14 - AFFEP - Juin 2015 KÉSAKO Psychiatre, psychiatrie et Psyché ? Le mot « Psychiatrie » vient du grec psyche (âme, esprit) et iatros (médecin). Il semble que c’est en Allemagne et en 1808 que le terme psychiatrie (psychiaterie) a été utilisé pour la première fois dans un écrit de Johann Christian Reil (médecin, anatomiste, physiologiste et …donc psychiatre (!) allemand). Le terme serait toutefois apparu dès 1802, comme celui de « psychiatre », mais n’aurait commencé à remplacer celui de « médecine aliéniste » qu’à partir des années 1860. Il aurait nettement pris le pas sur les autres vocables utilisés (aliénisme, médecine mentale,…) dans le courant du siècle suivant, avec notamment la décision de rebaptiser les « asiles d’aliénés » en « hôpitaux psychiatriques » en 1937. Un petit détour par l’étymologie nous renvoie à la « psyché », mot grec signifiant « souffler » souvent traduit par « âme » ou « souffle de vie », déjà utilisé dans la Septante et le Nouveau Testament (traduction du terme hébreu nephesh) et dans bien des domaines ensuite. Dans la mythologie, Psyché est une allégorie de l’âme, représentée avec des ailes de papillon. Mais c’est également le nom d’un personnage des Métamorphoses, roman d’Apulée, semblant être adaptée librement d’un conte oriental. Psyché y est la fille d’un roi, qui conquit l’amour de Cupidon lui-même, devenant déesse à son tour, amenant l’amour et l’âme à être ainsi réunis pour l’éternité. Chez Aristote, le mot psyché désignait le principe vital aussi bien que le principe pensant. En psychologie, la psyché désigne l’ensemble des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité. ... reseauprosante.fr

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LePsyDéchaînéN°14•Juin2015•www.affep.fr
KÉSAKO
Le mot « Psychiatrie » vient du grec psyche (âme, esprit) et iatros (médecin).
Il semble que c’est en Allemagne et en 1808 que le terme psychiatrie (psychiaterie) a été utilisé pour
la première fois dans un écrit de Johann Christian Reil (médecin, anatomiste, physiologiste et …donc
psychiatre (!) allemand).
Psychiatre, psychiatrie et Psyché ?
L e terme serait toutefois apparu dès 1802, comme
celui de « psychiatre », mais n’aurait commencé à
remplacer celui de « médecine aliéniste » qu’à partir des
années 1860. Il aurait nettement pris le pas sur les autres
vocables utilisés (aliénisme, médecine mentale,…) dans
le courant du siècle suivant, avec notamment la décision
de rebaptiser les « asiles d’aliénés » en « hôpitaux
psychiatriques » en 1937.
Un petit détour par l’étymologie nous renvoie à la
« psyché », mot grec signifiant « souffler » souvent traduit
par « âme » ou « souffle de vie », déjà utilisé dans la
Septante et le Nouveau Testament (traduction du terme
hébreu nephesh) et dans bien des domaines ensuite.
Dans la mythologie, Psyché est une allégorie de l’âme,
représentée avec des ailes de papillon. Mais c’est
également le nom d’un personnage des Métamorphoses,
roman d’Apulée, semblant être adaptée librement d’un
conte oriental. Psyché y est la fille d’un roi, qui conquit
l’amour de Cupidon lui-même, devenant déesse à son
tour, amenant l’amour et l’âme à être ainsi réunis pour
l’éternité.
Chez Aristote, le mot psyché désignait le principe vital
aussi bien que le principe pensant.
En psychologie, la psyché désigne l’ensemble des
manifestations conscientes et inconscientes de la
personnalité.
La différenciation entre psyché et conscient fut une des
pierres angulaires de l’étude de la notion d’inconscient,
par Freud et Jung notamment, comme le montre cette
citation de Frieda Fordham : « Jung a choisi les termes
psyché et psychique pour parler de l’esprit et de l’activité
mentale, car si esprit et mental sont principalement
associés à la conscience, psyché et psychique couvrent
à la fois la conscience et l’inconscient ».
Le mot « Psychiatrie » vient du grec psyche (âme, esprit)
et iatros (médecin).
Ambitieux programme, celui d’être le médecin du
conscient et de l’inconscient, de l’âme, du « souffle de
vie », ou encore d’une déesse amoureuse…
Il faudra peut être plus de 4 ans d’internat…!
Ce petit retour en arrière nous amène à nous poser une
question : S’il l’a été un jour, le psychiatre d’aujourd’hui
est-il toujours le médecin de l’âme ?
En d’autres termes, quel est l’objet d’étude de la
psychiatrie en 2015 ?
Est-ce toujours l’âme, le conscient et l’inconscient ?
Serait-ce le cerveau ? Le psychiatre serait alors un…
encéphalologue ? Ou se rangerait-il dans le rang de ses
collègues neurologues ?
Ou bien seraient-ce les comportements humains ?
Amenant le psychiatre à rejoindre les éthologues, en tant
que spécialiste de l’éthologie humaine ?
Et le psychiatre de demain, qu’étudiera-t-il ?
Il est bien difficile de répondre à ces questions, mais peut
être trouverez-vous dans les pages de ce journal, des
bribes de réponses, provenant de réflexions diverses.
Camille QUENEAU
Responsable Communication de l’AFFEP