La Stratégie Régionale d’Innovation adoptée en août 2010 par l’Etat, La Région et le Département, expose les orientations et actions à mettre en œuvre à l’horizon 2030, pour engager La Réunion dans un nouvel acte de développement.
« Réussir la révolution culturelle, industrielle et territoriale de l’innovation et de la R&D » tel est l’enjeu dressé pour l’avenir.
Une démarche participative a été menée pendant quinze mois. Plus de 150 participants, 50 réunions de travail, une conférence-débat…ont permis d’aboutir à ce document de plus de 100 pages.
3. sommaire INTRODUCTION.....................................................................................................................4
La Stratégie Régionale d’Innovation dans son contexte................................................................... 4
Définition de l’innovation et état d’esprit............................................................................................ 6
Méthodologie de travail......................................................................................................................... 7
CHAPITRE 1 – SYNTHESE DES STRATEGIES MACRO-ECONOMIQUES...........................................8
Préambule................................................................................................................................................ 8
1-1 - L’ouverture sur le monde............................................................................................9
.
1-2 - Vers l’excellence réunionnaise....................................................................................10
1-3 - Le territoire réunionnais dans de nouvelles dimensions............................................11
CHAPITRE 2 – ORIENTATIONS STRATEGIQUES. ...............................................................................12
.
2-1 - Etat des lieux...............................................................................................................12
A - Préambule..................................................................................................................................... 12
B - Le système d’innovation : les acteurs et leurs relations.......................................................... 13
B-1 - La « production de connaissances ».......................................................................................... 13
B-2 - La « demande de connaissances »............................................................................................ 16
B-3 - Les intermédiaires facilitateurs d’innovation............................................................................ 16
2-2 - Fondamentaux............................................................................................................20
2-3 - Huit orientations stratégiques....................................................................................21
A - Elever le niveau de qualification en correspondance avec les réalités et potentialités
économiques particulièrement celles des Domaines d’Activité Stratégique..................... 23
B - Construire des outils innovants pour lutter contre l’illettrisme.............................................. 23
C - Optimiser la ressource locale par la mise en réseaux des structures et des outils............. 24
D - Mettre les entreprises en situation d’innover........................................................................... 24
E - Créer les conditions de réalisation des projets (d’amont en aval)........................................ 25
F - Concrétiser l’approche intégrée de l’aménagement du territoire....................................... 25
.
G - Doter La Réunion d’une plus grande visibilité en matière d’innovation.............................. 26
H - Inscrire l’innovation dans la cohérence et la durabilité........................................................... 26
CHAPITRE 3 – FICHES ACTIONS.........................................................................................................27
1 - Faire connaître et renforcer les capacités de recherche publique Réunionnaise.................................... 29
2 - Créer une structure de la recherche : cellule technique de réponse aux appels à projets.................... 31
3 - établir le concept de « docteur conseil »...................................................................................................... 33
4 - Lancer des concours de créativité pour susciter l’esprit d’innovation et d’entreprenariat.................... 35 .
5 - Amener la culture de l’innovation sur les lieux de production................................................................... 37
6 - Organiser et exporter la filière « ingénierie de formation »........................................................................ 39
7 - Renforcer l’émergence et la mise en œuvre d’innovations notamment dans les entreprises.................. 41 .
8 - Prospecter activement toutes les entreprises............................................................................................... 43
9 - Professionnaliser les accompagnateurs d’entreprise à l’innovation.......................................................... 45
10 - Créer une aide financière d’amorçage et animer le réseau (RDT)............................................................. 47
11 - Mener une politique de communication spécifique sur l’innovation........................................................ 49
12 - Introduire l’innovation comme objectif des politiques publiques............................................................. 51
13 - Développer et concrétiser une culture de projet en matière d’aménagement, fédérant
l’ensemble des acteurs de la sphère publique et de la sphère privée..................................................... 53
.
14 - Structurer les aménagements pour favoriser les domaines d’activité stratégique................................. 55
15 - Paramétrer et exporter le savoir-faire aménagement.................................................................................. 57
16 - Structurer une filière « équipement et matériaux urbains »........................................................................ 59
17 - Développer et animer les réseaux de tous types......................................................................................... 61
CHAPITRE 4 – GOUVERNANCE PILOTAGE DURABLE DE L’INNOVATION ET FINANCEMENT.....63
4-1 - Gouvernance - pilotage durable de l’innovation. ......................................................63
.
A - Organisation et fonctionnement............................................................................................... 64
.
B - La connaissance des données de l’innovation........................................................................ 65
.
C - Gestion, évaluation et évolution de la SRI................................................................................ 65
4-2 - Financement. ..............................................................................................................66
.
PERSPECTIVES.....................................................................................................................................69
ANNEXES.............................................................................................................................................71
Annexe 1 - Organisation de la démarche SRI. .....................................................................71
.
1. 1 - Gouvernance mise en place pour l’élaboration de la SRI...................................................... 71
1. 2 - Calendrier et méthodologie de travail pour l’élaboration de la SRI.................................... 72
.
1. 3 - Démarche participative : liste des participants aux réflexions............................................... 72
Annexe 2 - Synthèse intégrale des stratégies macro-économiques....................................77
Annexe 3 - Les composantes globales du système d’innovation :
indicateurs macro-économiques...........................................................................................104
Glossaire. .........................................................................................................................................115
.
3
4. La Stratégie Régionale d’Innovation dans son contexte
Comme tout territoire, La Réunion est confrontée, d’une part à la généralisation et à
INTRODUCTION l’accélération des échanges, et d’autre part aux évolutions démographiques, économiques et
climatiques, aux échelles régionale et planétaire. Dans ce contexte, son développement se
poursuit selon le paradigme actuel «agir local, penser global», un diptyque basé sur un progrès
économique et social durable et une ouverture internationale. Région ultra-périphérique
européenne, La Réunion n’est pas aux confluents des grands axes d’échanges internationaux.
Son ouverture au Monde, indispensable à un développement durable et équitable, nécessite la
connexion du territoire à un axe international de transferts. S’ouvrir au Monde et répondre aux
défis territoriaux auxquels sa population doit faire face1 nécessite aujourd’hui une stratégie de
développement basée sur d’autres voies que celles qui prévalaient jusqu’alors. Depuis 20 ans,
de nombreuses étapes de structuration et de réflexion ont été franchies, de nombreux projets
de développement ont été pensés à l’horizon 2030-20402. Des projets résumés en quelques
mots clefs : développement économique endogène ouvert à la région et au monde, innovation
et transfert de technologies dans les domaines d’activité stratégique, développement durable
et équitable de notre territoire.
La recherche, l’innovation et le transfert de technologies constituent les moteurs de ce
mouvement vers une société de progrès humain universel. Pour que La Réunion soit une
locomotive du co-développement régional, le défi de notre société est de réussir la révolution
culturelle, industrielle et territoriale de l’innovation et de la R&D.
L’innovation est un processus de longue haleine qui suppose notamment le changement, la
créativité, la réactivité, le courage et l’engagement. Les Réunionnais ont toujours su innover
dans le passé et encore aujourd’hui. Toutefois, conscients de nos forces, de nos faiblesses
et portés par nos valeurs, il est nécessaire d’accélérer notre dynamique : faire plus, mieux et
plus vite. Qu’elle procède d’une contrainte ou d’une opportunité, l’innovation est d’abord
anticipation et envie.
Ces principes s’appliquent d’ailleurs également à la Stratégie Régionale d’Innovation elle-
même, qui doit être réactive et évolutive.
Au cœur de cette démarche d’élaboration d’une société économique et industrielle, à
haute valeur ajoutée pour le territoire, doit donc se trouver une stratégie partagée et
consensuelle, une stratégie régionale de l’innovation et du développement moderne de
La Réunion, nouvel acte de son développement structurel. Pour établir ce virage devenu
nécessaire, et dans l’esprit de notre modèle réunionnais dual de compétitivité et de solidarité,
il faudra résolument s’engager et investir prioritairement dans la recherche, l’innovation, et le
transfert de technologies. Les objectifs sont d’accroître la valeur ajoutée territoriale et régionale
et d’aller à la conquête de marchés régionaux et internationaux.
Pour y parvenir, une stratégie à retours de bénéfices pour le territoire, en matière de recherche
d’innovation et de transfert de technologie, est le véritable nouvel enjeu de développement.
En outre, La Réunion doit être ambassadrice et co-élaboratrice d’un développement régional
également moderne. Et pour réussir son intégration régionale avec la plus grande éthique,
c’est sans naïveté économique, sans complexe et avec un esprit de conquête et d’entreprise
que La Réunion sera le maillon fort de l’Europe dans l’océan Indien.
Dans cet esprit, les premiers objectifs de notre Stratégie Régionale d’Innovation (SRI)
consistent à structurer le territoire pour atteindre ce nouvel acte de développement, et à créer
l’environnement qui dynamise le processus d’innovation à La Réunion.
Souhaitée par les pouvoirs publics, la SRI a associé pendant quinze mois des représentants locaux
du monde économique, social, de la recherche et de la formation. Le document présente d’une
part les objectifs partagés pour le territoire et décline d’autre part les orientations stratégiques
phares.
Enfin, il précise les éléments concrets de mise en œuvre via notamment une gouvernance
appropriée. Cette stratégie vise le court, le moyen et le long terme.
1
Les défis territoriaux : c’est sans doute, l’emploi des jeunes, condition sine qua non du développement durable qui
est le défi majeur de notre territoire (36% de la population a moins de 20 ans). Citons également : la qualification et la
professionnalisation, le maintien de la cohésion sociale, la gestion environnementale (gestion des déchets, gestion de
l’eau, gestion de l’énergie), l’aménagement du territoire pour une économie moderne, pour un développement durable.
2
Ile Verte, PR2D, PRERURE, GERRI
4
5. Origine et contexte de la démarche
L’Etat, la Région et le Département de La Réunion se sont engagés, en partenariat, dans des
orientations stratégiques déclinées dans les Programmes Européens 2007-2013 au sein d’une
stratégie intégrée pluri-fonds. La recherche-innovation est un thème qui y est affirmé.
La Stratégie Régionale d’Innovation permet de décliner ces orientations et prend en
considération, en outre, le contexte suivant :
• Faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique
du monde, capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une améliora-
tion quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale (Conseil
européen de Lisbonne de mars 2000) avec deux objectifs principaux : la croissance et l’emploi
(Conseil européen de mars 2005) ;
• Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futu-
res à satisfaire leurs propres besoins. Le développement durable s’appuie sur quatre piliers,
économique, social, environnemental et international, lesquels doivent se renforcer mutuelle-
ment. (Conseil Européen de Göteborg en décembre 2001).
• Contribuer à limiter nos émissions de CO2 sans compromettre notre développement
(Sommet de Copenhague 2009).
« Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir
qu’à inventer ».
Gaston Berger - Industriel, philosophe et administrateur français. Inventeur notamment du
terme « prospective ».
5
6. Définition de l’innovation et état d’esprit
L’existence de nombreuses définitions de l’innovation a conduit l’ensemble des acteurs
locaux à réfléchir à une définition reflétant le contexte réunionnais. La définition suivante a
été élaborée et choisie :
«L’innovation c’est la valorisation d’une idée, nouvelle dans son usage et/ou dans son
utilité, pour le développement économique, mais aussi social et culturel »
Cette définition élargie met en exergue le fait que l’innovation n’est pas seulement
technologique ; l’application au contexte et à la temporalité, c’est-à-dire l’usage, constitue
une forme d’innovation. Enfin, la valorisation de l’idée n’est pas uniquement liée à un
développement économique, il s’agit de considérer aussi l’innovation non marchande
dans le sens du progrès humain. Enfin, l’innovation est un état d’esprit qui touche tant le
secteur privé que public : elle touche tout un chacun.
Etat d’esprit
L’innovation est un processus historique à La Réunion puisque ses handicaps structurels
et de compétitivité, mais surtout sa situation régionale, ont souvent poussé ses hommes
à inventer, à réinventer et à adapter les produits, les procédés ou les services dont elle
avait besoin (idées provenant parfois d’ailleurs). Notre dynamisme est bien présent mais
souvent méconnu et pas suffisamment reconnu.
Ces handicaps ont motivé un soutien historique et public fort, par la mise à disposition de
ressources humaines et financières. La Réunion bénéficie et utilise à ce titre divers outils et
dispositifs régionaux, nationaux ou européens.
L’ambition de mettre en œuvre une Stratégie Régionale d’Innovation passe par un
management territorial de l’innovation assorti d’un suivi rigoureux des actions et de
leurs effets. C’est dans un esprit de fédération de l’ensemble des partenaires socio-
économiques, techniciens et politiques que la démarche a été menée.
Nos exemples d’innovation
parpaings en scories surveillances épidémiologiques
coupeuses de cannesvariétés génétiques de cannes à sucre
centrales thermiques bagasse-charbon machine à samoussas
progiciels d'aéronautique brevets dans le BTP
menuiseries tropicales procédés d’extractions
énergie thermique des mers
énergie renouvelable huiles essentielles
fermes solaires peinture tropicale informatique
charcuteries de volaille halal outils de sécurité
climatisations solaires (notamment le SWAC)
Agile groupe de dialogue inter-religieux
méthodes d’organisation et de gestion
interprofessions agroalimentaires
outils de maîtrise de l’énergie dans les bâtiments
équipements de pointe (Cyclotron, pôle de protection des plantes)
dessins-animés…
« En une génération seulement, l’île est passée de la dévalorisation de soi à la conscience de
soi, à la reconnaissance de soi ; c’est essentiel de se sentir bien pour progresser. La Réunion
d’aujourd’hui est dans une parfaite continuité historique en inventant les moyens de sa réussite
future. Il faut que La Réunion politique ne reste pas à côté de cet élan, les politiques doivent
redevenir des porteurs de rêves. Nous sommes les ancêtres des Réunionnais du futur. »
Daniel Vaxelaire - journaliste, écrivain et « Grand témoin réunionnais » aux Premières Assises
Régionales pour l’Innovation - octobre 2009
6
7. Méthodologie de travail
La Réunion a choisi une méthode originale d’élaboration de sa Stratégie Régionale d’Innovation
privilégiant la mobilisation et la participation des acteurs locaux aux différents stades de la
démarche. Une démarche participative souhaitée pour :
• Instaurer un dialogue approfondi afin de permettre la remontée d’éléments de diagnostic
et l’émergence directe de propositions partagées,
• S’appuyer sur le travail en réseau des structures et des individus, et le renforcer, car il est
le seul gage de synergie, de cohérence et de durabilité de la démarche.
Le Comité Régional pour l’Innovation qui a été spécialement créé (CRI, cf. Annexe 1.1), est un
organe de réflexion associant des représentants du monde économique et social, du monde
de la recherche et de la formation, des institutions et des personnes qualifiées.
Etapes de la démarche :
• Une synthèse stratégique nécessaire :
Fort des différentes réflexions déjà engagées par les acteurs économiques et politiques locaux
ces dernières années, le CRI a souhaité placer la SRI en totale adéquation et cohérence avec
ces programmes et priorités stratégiques. Les buts à atteindre sont identifiés, les diagnostics
déjà dressés. Il a été choisi de se baser sur une synthèse des stratégies macro-économiques
existantes, qui constitue le socle de la Stratégie Régionale d’Innovation. L’innovation doit être
un moyen et un critère transversal à toute initiative et tout domaine d’activité stratégique. Ainsi,
à titre d’exemple, La Réunion a également retenu le thème de l’aménagement du territoire
comme sujet particulier de réflexion : ce thème étant considéré comme source et moyen
d’innovation.
• La mise en cohérence des actions phares :
En accord avec les critères et les valeurs fondamentales portés par notre projet stratégique,
ont été retenues et mises en cohérence les propositions issues des réflexions des groupes
de travail constitués au cours de la démarche, et qui ont été mobilisés. Les premières Assises
Régionales pour l’Innovation rassemblant l’ensemble des participants, ont également permis
une vision d’ensemble des travaux et un recul notamment avec le regard de profanes, et de
personnalités extérieures à l’île.
Plus de 150 participants, bâtisseurs de la SRI.
Plus de 50 réunions de travail.
1 site intranet technique recensant l’ensemble des contributions et rapports.
1 conférence-débat régionale et son site internet.
Démarche Enjeux pour le territoire, état des lieux
participative Programmes Opérationnels Européens
Synthèse des stratégies macro-économiques
Réflexions Groupes de travail
issues des travaux, issus des enjeux Processus
de révision et
Propositions d’évaluation
d’orientations, Valeurs
Fondamentaux, Cibles…
Propositions de
fiches-actions,
Ouverture
Regards extérieurs Orientations stratégiques de la SRI
et fiches-actions
Programmation : court, moyen, long terme
Calendrier et points de repères
Calendrier et points de repères (détails en annexe 1)
(détails en annexe 1)
Lancement de la démarche 2 décembre 2008
Réflexions par groupes de travail
Groupes thématiques
1. Attractivité du système de formation réunionnais à l’innovation,
2. Percolation de l’innovation dans les TPE/PME,
3. Aménagement, organisation et attractivité du territoire réunionnais. de fév. à sept. 2009
Groupes transversaux
4. Financement des entreprises et innovation,
5. Gouvernance – pilotage durable de l’innovation. de sept. à nov. 2009
Premières Assises Régionales pour l’Innovation 13 octobre 2009
Adoption de la SRI Août. 2010
7
8. SYNTHESE DES STRATEGIES MACRO-ECONOMIQUES
CHAPITRE 1 Point de départ de la Stratégie Régionale d’Innovation, une synthèse des différentes stratégies
macro-économiques existantes pour La Réunion a été réalisée afin de mieux poser le projet de
développement du territoire.
La version complète de cette synthèse se trouve en annexe 2. En substance après le préambule,
elle comporte trois parties : une affirmation d’une volonté d’ouverture sur le monde, une
recherche d’excellence pour toute l’économie de La Réunion, et une approche du territoire
et des hommes.
Préambule
Un changement de modèle économique pour la prochaine génération réunionnaise : un
objectif et un diagnostic partagés.
Il y a 25 ans, La Réunion s’inscrivait dans les principes d’ajustement structurel de la politique
régionale européenne, et recherchait leurs applications optimales à sa situation économique,
sociale et territoriale. Ainsi, elle a conduit pendant 20 ans un développement marqué par
l’objectif de rattrapage du niveau européen : réalisation des infrastructures fondamentales,
mise en place du cadre de formation, modernisation de l’agriculture et création d’un secteur
industriel d’import-substitution.
A partir de 2005, cet objectif a évolué vers la construction d’un modèle économique et social
dont la compétitivité et la performance auraient de plus en plus à se fonder sur la valorisation
des atouts spécifiques de La Réunion au sein de son espace géographique, tout en ne
négligeant pas la nécessaire solidarité interne et externe. Cette orientation majeure se retrouve
dans l’ensemble des documents stratégiques existants pour La Réunion et produits tant par les
principales institutions réunionnaises, que par le monde économique (Cf. schéma ci-dessous).
Elle a été reprise dans la Stratégie Intégrée des programmes européens pour la période
2007/2013. Elle incite à approfondir la logique de l’article 299-2 du traité d’Amsterdam, par une
plus entière prise en compte des spécificités réunionnaises dans la détermination et par la mise
en œuvre des leviers de sa compétitivité au niveau des politiques communautaires.
De façon générale, ces « exercices stratégiques » établissent le même diagnostic quant
aux faiblesses structurelles et spécifiques d’un territoire de petite taille, éloigné de l’Union
Européenne, connaissant un relief et un climat difficiles, tout en devant faire face à des enjeux
démographiques importants, principalement un marché étroit et des coûts de production
élevés. Ils soulignent aussi les enjeux essentiels liés à la nécessaire intégration de l’économie
réunionnaise à son environnement géographique proche, à l’économie européenne ainsi qu’à
l’économie mondiale.
Les trois grands axes stratégiques ressortant de ces documents sont déclinés successivement
ci-après.
Le socle de la SRI :
Schéma Plan Réunionnais La Réunion GERRI,
d’Aménagement de Île verte, Réunion 2030
et de Développement du monde de l'État
Développement Durable, économique
Durable du Conseil
du Conseil Régional
Général
Synthèse des stratégies macro-économiques
8
9. 1-1 - L’ouverture sur le monde
La Réunion sera confrontée à des évolutions inéluctables de son environnement extérieur.
En effet, l’étroitesse du marché local, le développement important des échanges mondiaux,
tout comme l’évolution des règles encadrant ces échanges, rendent impératif son insertion
économique tant dans son environnement régional que mondial.
L’économie réunionnaise doit s’ouvrir sur des cibles hiérarchisées. Bien que n’ayant pas terminé
son rattrapage des standards européens, elle doit cependant dépasser le lien d’échange
privilégié entretenu avec l’Hexagone et avec l’Union Européenne pour se tourner vers son
environnement régional et international. En premier lieu, les îles qui lui sont voisines, puis
l’océan Indien et les pays émergents ; l’Australie ou la Nouvelle Zélande sont autant d’autres
cibles envisageables.
L’ouverture optimale de l’économie réunionnaise se fera par l’ouverture des entreprises, des
hommes et des infrastructures.
L’ouverture des entreprises réunionnaises doit permettre de compenser les menaces liées aux
différentiels de coûts de production sur le marché local. Elle peut notamment se réaliser dans une
stratégie de « co-développement » ou de « relais » de l’aide communautaire au développement
ou au commerce. Pour passer d’une « ouverture subie » à une « ouverture voulue », un travail
de communication, d’accompagnement technique, financier, et de formation doit être mené
vis-à-vis des entreprises. Parmi les pistes opérationnelles : communiquer sur les expériences
internationales réussies, généraliser un dispositif de diagnostic des entreprises candidates à
l’ouverture, constituer des groupements d’entreprises visant à atteindre une masse critique
à l’international, ou encore valoriser le potentiel de la diaspora en l’utilisant comme réseau
opérationnel de « réceptifs ».
L’ouverture des hommes doit se réaliser par le développement des formations aux langues
et aux techniques de l’international afin de soutenir la réalisation de parcours internationaux.
Ceux-ci se concevant tant depuis La Réunion que vers La Réunion, via le développement de
formations de haut niveau attractives à l’international.
L’ouverture optimale des infrastructures est le corollaire à un nécessaire changement d’échelle
du développement de l’île. Les stratégies mettant en place des plateformes portuaires,
aéroportuaires et numériques à l’échelle de l’océan Indien s’avèrent être des options pertinentes,
mais qui nécessitent des efforts de planification, notamment financière.
L’innovation est une condition de l’ouverture.
La Réunion doit s’y positionner en centre d’expérimentation. La petite taille du marché
intérieur et l’existence de coûts de production élevés rendent la généralisation de l’innovation
nécessaire à la réalisation d’une ouverture durable de l’économie réunionnaise. En s’appuyant
sur les domaines d’activité stratégique (DAS), les pôles stratégiques à structurer à l’échelle de
l’océan Indien correspondent aux expertises réunionnaises identifiées comme étant les plus
potentiellement concurrentielles.
En résumé, La Réunion souhaite se positionner en pôle d’excellence, d’innovation et de
démonstration en matière de développement durable : il s’agit d’un projet de développement
sociétal qui dépasse la seule dimension économique.
9
10. 1-2 - Vers l’excellence réunionnaise
L’excellence se conçoit au niveau des ressources humaines et de leur avenir à l’échelle
internationale. La Réunion dispose d’un appareil de formation français et européen. Sa capacité
de réponse aux enjeux de développement économique et d’épanouissement de la future
société réunionnaise n’en est pas pour autant certaine.
En matière de recherche et d’enseignement supérieur, la définition de priorités fortes est
essentielle pour assurer le rayonnement de La Réunion. Elle doit viser la création de filières à
très forte valeur ajoutée et être conjointement pensée avec le Conseil régional et les acteurs
économiques.
Dans les formations généralistes et professionnalisantes, la difficulté permanente de jonction
entre la fin des études et l’entrée en activité rend nécessaire de délivrer les diplômes à même de
répondre aux besoins de l’économie pendant une période donnée, sans pour autant négliger
l’organisation d’une mobilité plus équilibrée.
La mise en place d’un système de « formation tout au long de la vie », associant formation
initiale et formation continue est proposée, pour « réarmer » les hommes dans l’optique d’un
débouché professionnel.
La nécessité de traiter à la base le système de l’exclusion apparaît dans l’ensemble des documents
stratégiques : il faut pouvoir tout en visant l’excellence, lutter contre l’exclusion, facteur pesant
sur la performance de l’économie et sur l’épanouissement de la société réunionnaise. Il faut
maîtriser l’illettrisme, qui apparaît à tous les stades de la vie, par la mise en œuvre de dispositifs
intégrant écoles, familles, et acteurs locaux. Il faut pouvoir renouveler l’économie d’insertion, en
coordonnant les différentes actions sur le territoire et en professionnalisant les structures, tout
en adoptant une logique de prestation de services. Le secteur marchand ne pouvant absorber
tous les effectifs peu qualifiés, la recherche d’un modèle d’« économie sociale et solidaire
» doit permettre, tout en recherchant l’employabilité, d’ouvrir des parcours d’intégration en
réponse aux besoins de cohésion sociale, de qualité des modes de vie, de sécurité collective
nécessaires au développement de La Réunion.
Identifiés comme les secteurs d’entraînement du développement futur, les domaines d’activité
stratégique (DAS) ont en commun un potentiel d’exportation et de rayonnement dans le long
terme et un positionnement de haute valeur ajoutée. Ils découlent notamment de l’adoption
de solutions avantageuses face aux contraintes imposées par l’éloignement, le relief et la petite
taille du territoire. Ils offrent aussi l’avantage d’orienter le développement de La Réunion vers
l’exploitation d’une diversité de niches à forte valeur ajoutée.
Les DAS identifiés présentent également des enjeux forts de mutualisation et d’interactivité.
Pour profiter de leurs effets d’entraînement, leur interaction avec les secteurs traditionnels doit
être favorisée, ainsi que la structuration d’actions en réseau. En interne, les réseaux d’acteurs
doivent pouvoir établir des actions communes basées sur la mutualisation. En externe, différents
réseaux sont à renforcer dans une optique de compétitivité des ressources (réseaux de recherche
formation) ou de constitution d’une capacité de veille et de proposition réglementaire.
Les DAS
• Agro nutrition en milieu tropical
• Pêche
• Santé
• TIC (Technologies de l’Information et de la Communication)
• Energie - Environnement
• Tourisme durable
• Ingénierie - Formation
• Services à la personne
Le modèle économique à venir, tenant compte des orientations de l’Europe, mais aussi de la
nécessaire intégration économique de La Réunion dans sa zone géographique, ne doit pas se
construire en rupture avec l’économie actuelle. Il doit au contraire pouvoir se faire en s’appuyant
tant sur le potentiel d’innovation important de l’import-substitution que sur le dynamisme d’un
tissu constitué à 90 % de TPE, qui doivent profiter des leviers de la formation, de la valorisation
de la recherche, de l’accès à l’internationalisation et du financement. Deux secteurs primordiaux
pour la cohésion territoriale, portent en eux des potentialités liées à l’innovation : l’agriculture et
le BTP. L’importance de ces deux secteurs se traduit non seulement dans leur rôle de « vecteur
de développement » pour les DAS (via le développement durable) mais aussi dans les liens
étroits qu’ils entretiennent avec la donne publique pour leur propre avenir.
10
11. 1-3 - Le territoire réunionnais dans de nouvelles dimensions
Le capital jeunesse, le capital social et le capital culturel du territoire réunionnais sont des
éléments fondamentaux. La jeunesse de la population est un atout certain à condition de
garantir les conditions de sa participation au développement et à la production de richesses.
Dans le même temps, son épanouissement dans la connaissance de l’Histoire et de la Culture
réunionnaises est un facteur essentiel de cohésion.
Le capital territoire est à équilibrer entre les enjeux de préservation et ceux de compétitivité.
Couplé à son infrastructure de recherche, le gisement unique de diversité que présente La
Réunion, largement pris en compte par les politiques publiques (Parc National des Hauts ; Parc
marin ; candidature à l’inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO ; « point chaud » de la
biodiversité), lui confère un potentiel de pôle d’expérimentation. Sa gestion optimale doit être
guidée par la recherche d’équilibre entre sa préservation et les enjeux liés à l’aménagement
(social et économique) et à la valorisation du potentiel d’énergies renouvelables.
Pour passer du gisement énergétique au « territoire-laboratoire », un changement d’échelle
est nécessaire. La réalisation du modèle énergétique sous tendu par le PRERURE (autonomie
énergétique à 89 % en 2030) implique l’adoption d’axes forts pour l’innovation tant en matière
de MDE que d’adaptation des techniques de production d’énergies renouvelables. Réaliser
cette stratégie impose un volontarisme appuyé, voire des expérimentations à différents
niveaux : renouvellement de la gouvernance opérationnelle et institutionnelle, adaptations
de la réglementation, adoptions de nouveaux modes de financement, évolution du modèle
économique énergétique vers une combinaison harmonieuse entre production centralisée et
production décentralisée (énergies renouvelables, valorisations des déchets).
La compétitivité et l’attractivité du territoire sont à trouver dans un aménagement équilibré
du territoire. En tant qu’outil d’aménagement, le SAR révisé a pour ambition de traduire les
principes d’attractivité et de compétitivité inscrits au projet de développement de long terme.
Il impose la définition par les acteurs locaux des modes de mise en œuvre des grandes options
d’aménagement retenues. Dans un contexte d’espace utile « rare », il prévoit de défendre
davantage la valorisation des atouts et complémentarités de chaque microrégion, que leur
rééquilibrage (notion de solidarité territoriale). Cette solidarité territoriale doit en premier lieu
s’exprimer par la fluidification des déplacements, permise notamment par le développement
de l’intermodalité des transports en commun.
Pouvoir inventer la ville réunionnaise du XXIe siècle comme étant une Réunion-métropole dans
l’océan Indien. La définition d’une « ville réunionnaise », garantissant tant l’épanouissement
social et intellectuel de sa population que l’attractivité et la croissance économiques, est au
centre des réflexions menées en matière d’aménagement. Les principes de mixité « sociale et
fonctionnelle » et d’appropriation par les habitants et usagers de la ville en guident le travail.
Le territoire réunionnais doit créer les conditions d’un développement économique en
profondeur et reconstituer des pôles économiques. L’existence d’une offre « émiettée » pour
l’accueil d’activités affecte l’attractivité du territoire et la prospection de projets d’envergure.
La hiérarchisation des zones selon la dépendance des activités accueillies à proximité du port
est essentielle. De plus, la notion de Pôle d’Intérêt Régional (PIR), à constituer dans chaque
microrégion, établit les critères de taille critique minimale, d’activités prioritaires et d’exigence
de qualité nécessaires à un rayonnement à l’échelle régionale, sinon internationale. D’autres
principes caractérisent la métropole réunionnaise de demain : la réalisation de pôles urbains
moteurs, à même d’intégrer une fonction de services qui s’avère majeure dans l’économie
réunionnaise, l’intégration de l’espace touristique à l’échelle du territoire, le maintien d’une
économie et d’une surface agricoles « intégrées » au projet de développement. Répondre à
ces enjeux essentiels d’aménagement induit la mise en œuvre d’une capacité de gouvernance
à l’échelle du territoire de plus en plus organisée en mode projet.
La Réunion doit tendre vers un « grand territoire » à l’échelle du monde. L’ensemble des
documents stratégiques dessinent les contours d’une Réunion dépassant le simple cadre
insulaire, et « amplifiant son territoire ».
Projeter La Réunion à l’échelle du monde est rendu nécessaire en raison de la diminution
progressive des concours financiers publics impactant la dynamique économique aux
échéances 2013 – 2014 (réformes de la PAC et du régime actuel de l’octroi de mer, fin de
l’actuelle programmation des fonds structurels, …). Elle est également nécessaire au regard
de l’évolution des rapports d’échanges entre La Réunion et les pays voisins. Sur ce point, les
accords APE basés sur l’élimination asymétrique des barrières tarifaires entre La Réunion et les
pays ACP, imposent la mise en œuvre d’une forte capacité de soutien aux possibilités d’échanges
entre les entreprises réunionnaises et les unions économiques voisines (« joint venture »). Cet
impératif d’ouverture doit guider la construction de pôles d’excellence compétitifs et attractifs
à l’échelle mondiale et dont la formation est un pilier fondamental.
Réaliser cette ouverture implique également un approfondissement des possibilités offertes
par nos acquis :
• L’utilisation du cadre d’action multilatérale que constitue la COI en matière de politique
énergétique, de sécurité alimentaire et de prévention des risques,
• L’extension des relations économiques internationales à partir des ancrages individuels
qu’ont réussi les entités réunionnaises « tête de pont » dans l’environnement india-océanique,
en Europe et en Amérique,
• Le renforcement des liens économiques et culturels avec les pays d’origine de peuplement
de La Réunion ainsi qu’avec une diaspora réunionnaise importante.
11
12. ORIENTATIONS STRATEGIQUES
CHAPITRE 2 2-1 - Etat des lieux
A - Préambule
Si les grandes priorités stratégiques de l’action publique sont posées dans la synthèse des
stratégies macro-économiques, les « composantes globales » du système d’innovation ont
été toutefois analysées en s’inspirant du guide méthodologique établi par l’Agence pour la
Diffusion de l’Information Technologique (ADIT) pour l’établissement des Stratégies Régionales
d’Innovation. Il convient de souligner la difficulté d’obtention des indicateurs chiffrés qui
demeurent incomplets pour La Réunion et de préciser que le court délai de réalisation n’a
pas permis d’apporter, à ce stade, des éléments qualitatifs ou quantitatifs complets abordant
l’ensemble des champs couverts par la définition large de l’innovation retenue par le Comité
Régional pour l’Innovation ; la mise en place d’indicateurs étant nécessaire. L’annexe 3 présente
l’ensemble des éléments recueillis.
Un changement de paradigme à opérer, un benchmark pertinent difficile
La Réunion doit passer d’une logique de rattrapage à une logique de compétitivité. Sa
multiple appartenance (France, Europe, océan Indien) rend difficile l’analyse partagée
d’indicateurs globaux de région à région ou de région à pays, nous conduisant à inventer
notre propre stratégie.
Cependant, même si la comparaison, notamment d’indicateurs chiffrés, est difficilement
exploitable, elle reste utile. C’est dans cet esprit d’ouverture qualitative que deux représentants
de régions européennes ont été conviés à nos Premières Assises Régionales pour l’Innovation
qui se sont tenues le 13 octobre 2009. Le Pays-basque espagnol et la région du Trentin en
Italie ont été choisis pour leur politique engagée, leur structuration et leur forte progression en
matière d’innovation. Les discussions et comparaisons ont notamment porté sur :
• les « fondamentaux immatériels » que sont l’environnement juridique et fiscal ; les liens entre
le niveau national et régional en matière de recherche et d’innovation ont été comparés;
• les « fondamentaux physiques » tels que le niveau des infrastructures publiques et l’importance
de l’appareil éducatif et de recherche ; les budgets alloués à la recherche et développement,
• Les « fondamentaux microéconomiques et relationnels » avec notamment une comparaison
des liens entre les laboratoires de recherche et les entreprises.
Ainsi, l’ensemble du système d’innovation a été balayé et des liens avec ces régions seront
conservés à titre de référence.
Le système régional d’innovation1
en t
n em m
ron Environnement ond
vi i
En
al
Créativité
Coo-pétition
PIB par tête Structures
Revenus Spécialisation
Fina
Productivité Diversification
Culturel
n
cier
Ressources Acteurs
Humaines Interactions Ressources
Qualifications Réseaux Financières
Output Dynamique
J ur
Innovation Innovation
l
ca
id
is
qu
i
F Connaissances
e
N at i o n a l
Le système régional d'innovation
Source : Rapport CAE
1
Source : rapport CAE T. Madiès et J-C Prager, cité
12
13. B - Le système d’innovation : les acteurs et leurs relations
Les éléments de diagnostic suivants émanent d’une part de l’analyse d’éléments provenant
de divers documents existants (produits par les acteurs locaux) et d’autre part de la démarche
participative engagée depuis 2009 par le Comité Régional pour l’Innovation. La réalisation
d’enquêtes spécifiques et les réflexions partagées ont permis d’étayer ces données, notamment
via les groupes de réflexions thématiques portant sur la formation, la percolation de l’innovation
dans les TPE/PME ou encore sur l’aménagement, l’organisation et l’attractivité du territoire
réunionnais (Cf. les détails de la méthodologie employée en annexe 1.2).
Selon la méthode de l’ADIT, sont successivement analysés les « producteurs de connaissances »,
la « demande de connaissances » et enfin les facilitateurs d’innovation (systèmes, réseaux ou
moyens intermédiaires de « transfert et diffusion de connaissances »). Dans un environnement
global sensibilisé à la culture de l’innovation, l’analyse de ces données confrontées aux enjeux
du territoire et à nos valeurs fondamentales, nous permet de proposer aux institutions des
orientations ciblées pour mener à bien la stratégie d’innovation (cf. chapitre 2-3 Huit orientations
stratégiques).
Pour aller au delà de cette structuration, il s’agit bien, pour La Réunion, de renforcer les
liens entres acteurs, considérant chacun comme étant à la fois demandeur et producteur
de connaissances et d’innovation et d’apprécier le territoire dans sa globalité à travers les
résultats du système. Les facilitateurs d’innovation constituent notamment des facteurs clés de
fonctionnement du système d’innovation.
Le cœur du système : acteurs et réseaux2
Institutions
Gouvernance
Programmes d'actions
Réseaux - Transfert
de connaissances :
Pôles de compétitivité,
associations, SPL, clusters
Infrastructures (CRT, CDT, ...),
Incubateurs,...
Entreprises Production
Grandes entreprises de connaissances
TPE/PME Enseignement supérieur
Centres de recherche,
autres
B-1 - La « production de connaissances »
En 2009, le nombre de personnes travaillant dans le domaine de la recherche-développement,
soit comme chercheurs et enseignants-chercheurs, soit comme ingénieurs, techniciens ou
administratifs est estimé à 1400 ; ce qui représenterait proportionnellement à notre région
un effectif employé trois fois plus faible que dans la France entière2. La recherche-innovation
s’appuie essentiellement à La Réunion sur la recherche publique.
Les « producteurs de connaissances » sont les suivants : l’université de La Réunion, le Centre
International de Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), l’Institut de
Recherche pour le Développement (IRD), l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation
de la Mer (délégation réunionnaise de l’IFREMER), le Bureau de Recherches Géologiques et
Minières (antenne de La Réunion du BRGM).
D’autres organismes publics sont associés aux laboratoires de recherche de l’université
comme : le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), l’Institut Physique du Globe
de Paris (IPGP, représenté ici par l’Observatoire du Piton de la Fournaise), l’Institut National de
la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) et Météo France (une cellule de recherche sur
les cyclones qui comprend 13 personnes a été mise en place en 1998).
On peut citer également le Centre de Recherche et de Veille sur les Maladies Emergentes de
l’océan Indien (CRVOI, GIS : Groupement d’Intérêt Scientifique).
2
Source : DRRT
13
14. Niveaux national et régional
Si les lois nationales de décentralisation ont permis de transférer ou de partager de nouvelles
compétences entre l’Etat et les collectivités locales, le système reste relativement centralisé. A
été effectivement mise en exergue à travers les réflexions de la SRI, la rigidité du système de
recherche français notamment en termes de gouvernance et d’évaluation.
« Il n’existe pas de Comité de coordination des activités au niveau régional et on constate
aujourd’hui une concertation insuffisante. Le Conseil régional a proposé de mettre en place
un «Comité Consultatif Réunionnais de la Recherche et de l’Innovation» (CCRRI), regroupant
l’ensemble des acteurs publics et privés de la recherche. Cette instance souple et ouverte
aurait pour objectifs de favoriser la réflexion, les échanges, la mise en réseau, l’émergence de
recherches pluridisciplinaires et une certaine coordination pour établir une vision cohérente et
prospective du «système» réunionnais de R&DTI.». Extrait des POE 2007-2013.
Même si la recherche fondamentale est primordiale et peut constituer à La Réunion le
positionnement phare de notre stratégie, la recherche-développement (davantage applicative)
peut être largement développée si :
• l’environnement et les cadres réglementaires sont davantage incitatifs,
• l’environnement favorable à l’innovation est préalablement préparé et organisé3.
La coordination entres les structures de gouvernance est donc primordiale pour atteindre ces
objectifs.
Université, évolution et ambition
L’université de La Réunion a connu un développement considérable depuis sa création en
1982 (année de la transformation du centre universitaire de La Réunion en université de plein
droit). Les premières thèses, qui ont vu le jour en 1995/1996 avec 6 soutenances, passent très
rapidement à 30 en 1998/1999. Grâce aux soutiens des collectivités, les projets de recherche et
les laboratoires ont connu le même développement récent. Depuis, la formation doctorale s’est
structurée et les grands organismes extérieurs établis dans l’île, ont participé avec l’université
au développement de la recherche (création d’UMR, de plateaux techniques partagés, …).
Avec un peu plus de 12 000 étudiants inscrits à la rentrée 2009 et 1080 personnels dont 430
personnels d’enseignements et de recherche titulaires et 326 personnels administratifs,
l’université de La Réunion occupe une place dominante4 dans le dispositif de la recherche
et de l’innovation à La Réunion. Avec un budget de 35,5 M€ en 2008, elle représente un
potentiel stratégique pour la recherche, la formation et l’insertion professionnelle des jeunes
réunionnais. En outre, l’université de La Réunion détient 7 brevets dont 3 en pleine propriété et
4 en co-propriété. 50 contrats par an sont en moyenne signés, principalement avec les autres
organismes de recherche, pour atteindre 400 000 € de chiffre d’affaires annuel.
L’université a franchi les étapes premières de son développement. Les orientations nationales
sur le fonctionnement des universités nécessitent aujourd’hui un pilotage différent, encore
plus ouvert au monde économique. En dépit de cette jeunesse, de cette taille et de son
éloignement des universités françaises et européennes son ambition est grande, mais réaliste :
être l’université française et européenne d’excellence de l’océan Indien.
Centres de recherche
• Le Cirad est implanté depuis 48 ans à La Réunion et représente le deuxième acteur principal
du paysage de R&D. Il est l’organisme de recherche national qui dispose de l’implantation
la plus importante avec près de 250 personnes et un budget annuel moyen d’environ 14 M€.
En tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), il construit sa
programmation en partenariat avec le tissu local et les problématiques des entreprises ou
interprofessions. Il est, avec l’université de La Réunion, également détenteur de plusieurs
brevets initiés par des équipes réunionnaises mais dont les dépôts sont pour la plupart réalisés
en France hexagonale.
D’autres acteurs de la recherche sont amenés à se rapprocher de l’université et du monde
économique parmi lesquels :
• l’IRD : l’effectif 2009 est de 38 personnes dont une vingtaine de permanents, le budget étant
d’un peu plus de 1 M€,
• l’IFREMER : délégation implantée à La Réunion depuis 1968, elle comprend 13 personnes
dont 7 permanents pour un budget 2008 d’environ 700 000 €,
• le BGRM : présent depuis les années 1950, il compte aujourd’hui 9 personnes pour un budget
2008 de près de 1,4 M€,
3
cf 2.3 les huit orientations stratégiques
4
L’université regroupe 4 unités de formation et recherche, 3 instituts, 1 école d’ingénieurs, 18 laboratoires de
recherche reconnus par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dont 5 unités mixtes de
recherche. Elle est désormais structurée en pôles d’excellence et propose 3 fédérations de recherche : biodiversité-
santé, Observatoire des Milieux Naturels et du Changement Global ; Observatoire des sociétés de l’Océan Indien.
14
15. Dans le secteur de la santé, la montée en puissance récente de la recherche hospitalo-
universitaire est à souligner : les structures suivantes sont concernées :
• le Groupement d’Intérêt Public Cyclotron Réunion Océan Indien : il a été créé en 2004 puis
inauguré fin 2007 - début 2008. Cette plateforme technologique qui a une capacité d’accueil
de 120 chercheurs et de 4 start-up, a un budget de fonctionnement de 2,2 M€. Elle fédère
l’université de La Réunion et le Centre Hospitalier Régional de La Réunion,
• le GIS CRVOI créé en 2007 et hébergé au CYROI, fédère huit agences et établissements
publics de recherche œuvrant dans les domaines des sciences de la vie et les partenaires
institutionnels de l’île,
• le Centre Hospitalier Régional de La Réunion. Notons qu’en collaboration avec l’université
et grâce au soutien de l’ARS Réunion/Mayotte, il a créé en 2008 la Délégation à la Recherche
Clinique et à l’Innovation (DRCI).
• l’Inserm : le Centre d’Investigation Clinique-Epidémiologie Clinique de La Réunion (CIC-
EC) est une structure de recherche créée en 2004 en partenariat avec le CHR de La Réunion et
l’Union Régionale des Médecins Libéraux de La Réunion (URMLR).
Recherche privée
La recherche privée organisée est rare du fait de la nature du tissu économique composé de TPE.
L’actuel Groupement d’Intérêt Economique « eRcane » est la seule structure organisée.
Son conseil d’administration est composé des deux sociétés sucrières réunionnaises et des
représentants des planteurs. La station d’essai a vu le jour en 1929. Puis en 1973, elle a pris le
nom de Centre d’Essai de Recherche et de Formation (CERF). Ce dernier a progressivement
étendu ses compétences au domaine industriel. En 2009, soucieux de visibilité et reconnaissance
internationale, il prend le nom d’eRcane et se positionne comme un centre de recherche tourné
vers l’avenir, en quête de productivité sucrière et de nouvelles valorisations de la canne à sucre
tant dans les utilisations alimentaires que non alimentaires (chimie verte).
La recherche et développement dans le domaine culturel et artistique :
L’École Supérieure des Beaux Arts de La Réunion (ESBAR)
L’ESBAR s’est constituée progressivement entre 1987 (ouverture de la formation professionnelle)
et 2003 : dernière année d’obtention de l’habilitation pour les enseignements menant aux
diplômes d’un cursus complet. L’école compte environ 150 étudiants répartis sur les 5 années
de formation, et une équipe de quarante professeurs, chercheurs et techniciens encadrant
l’enseignement et les travaux de création et de recherche. Le budget annuel s’établit autour
de 2,5 millions d’euros.
En sa qualité d’école de la pensée et de la création, elle est engagée dans la recherche bien qu’au
sein des écoles d’art, cette activité demeure encore expérimentale sur le plan académique.
Une plateforme destinée à la Recherche et Création permet l’accueil de jeunes artistes et
scientifiques chercheurs en post-diplôme ou en formation doctorale voir post-doctorale. Plus
qu’une base logistique technique et organisationnelle, elle se veut être un lieu de convergence
de talents internationaux, un point de rencontre d’expertises multiples et variées afin de
s’affirmer comme un véritable espace d’incubation de projets artistiques et scientifiques nourris
d’interculturalité. Ce vaste chantier qui mobilise déjà universitaires, chercheurs, et artistes
créateurs est réalisé en étroite collaboration avec des partenaires du monde économique,
scientifique et institutionnel locaux, nationaux et internationaux.
La plateforme de recherche aborde les thèmes suivants :
• « Paysage, environnement, design et création plastique » : réussir le défi de la création et
de l’innovation permanente en étant au fait des évolutions technologiques et de veiller à
ce que les jeunes créateurs soient également des outils de création,
• « Paysage culturel, économique et design », en partenariat : mise en place d’un atelier
de recherche et de création en design et prototypage,
• « Paysage de la création et de l’édition numérique », avec des partenariats locaux et
extérieurs, c’est notamment dans ce cadre qu’a été développé, le plus grand Cyberdôme
de Motion Capture / 3D temps réel français. Ce premier prototype de 15 mètres de
diamètre est utilisé pour les travaux de recherche notamment autour de ce que pourraient
être des productions audiovisuelles à fonctions collaboratrices.
5
Pôles de recherche du Cirad : « qualité des productions agricoles et alimentaires tropicales », « risque
environnemental, agriculture et gestion intégrée des ressources », « protection des plantes ».
15
16. Champs de recherche et lien avec les Domaines d’Activité Stratégique (DAS)
Agro-nutrition en Observation Energie Ingénierie de la
milieu tropical, des milieux et Environnement, formation,
Pêche, valorisation - Tourisme durable, Service à la
Santé Gestion intégrée (urbanisme, personne,
de territoires à bâtiment) TIC
fortes contraintes
- Université - Université - Université - Université de La
Structures de de La Réunion de La Réunion de La Réunion Réunion (UFR
recherche (UFR sciences et (une fédération (UFR sciences sciences et
Techniques, ESIROI- de recherche et Techniques, Techniques,
IDAI, IUT), spécialisée) UFR Sciences de fédération de
- CIRAD, - Observatoire des l’Homme et de recherche OSOI,
- IRD, Sciences de l’Univers l’environnement, ESIROI-STIM)
- Inserm CIC-EC, –Observatoire ESIROI- CODE, IUT, - autres organismes
- CRVOI de physique de IAE) de recherche
- Clinique Oméga l’Atmosphère de la (CIRAD, …).
de l’Obésité, Réunion, - ESBAR
- IFREMER, - CIRAD,
- ARVAM, - IRD,
- ARDA - Parc National,
- eRcane - Conservatoire
Botanique National
des Mascareignes
(CBNM),
- ARVAM,
- IPGP -
Observatoire
du Piton de la
Fournaise,
- Météo-France,
…
- Qualitropic, - Pôle régional mer, - Cluster Témergie - ARTIC
Facilitateurs - CRITT, - SEASOI - GIP Gerri - IRTS
- Technopole de la surveillance - Technopole de la - Organismes de
Réunion, environnementale Réunion, formation (CCIR,
- Incubateur, assistée par satellite Incubateur, CNAM…)
- CYROI, dans l’océan - CRITT, - ILOI
- ARDA, Indien (plateforme - ARER, - Cyberdôme
- APLAMEDOM, technologique), - ADEME, - ...
- ARMEFLHOR, - Conservatoire - Pôle Innovation de
… Botanique National la CMA, (cirbat)
des Mascareignes - IRT,
(CBNM), ...
- …
B-2 - La « demande de connaissances »
Les entreprises réunionnaises sont très dynamiques, mais forment un tissu économique fragile qui
repose sur de petites, voire très petites entreprises (85 % des entreprises ont moins de 10 salariés, 66
% des entreprises sont des travailleurs indépendants sans salarié). Leur renouvellement est rapide
(faible taux de survie) et l’ancienneté des entreprises est faible. Ces facteurs ne favorisent donc pas
l’innovation en entreprise à La Réunion.
Les principaux besoins des entreprises dans le domaine : commercial, marketing, technique,
juridique, humain ou financier ont été recensés.
Nous retiendrons les éléments suivants :
• Les comportements des entreprises vis-à-vis d’un développement par l’innovation sont très
hétérogènes. Ils sont liés à leur stade de développement : degré de structuration, de maturité
(notamment sur leur marché) et d’ouverture. L’innovation au sens large est présente sous différentes
formes mais sans être nommée comme telle. Aussi, la conscientisation à l’innovation est primordiale
ainsi que la valorisation de cette démarche risquée.
• Dans un système de recherche et d’innovation qui parait complexe et peu lisible en termes
d’acteurs et d’outils, l’accompagnement et le suivi de la gestion du projet innovant, sont soulignés
comme étant importants, car des conseils professionnels sont nécessaires.
B-3 - Les intermédiaires facilitateurs d’innovation
Le transfert et la diffusion de connaissances
Les structures de production, de transfert et de diffusion de connaissances sont :
• Le Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie (CRITT6 ) adossé à la Chambre de
Commerce et d’Industrie, est à la fois producteur, transfert et diffuseur de connaissances via : son
pôle agroalimentaire, sa halle de technologie et prototypage, son laboratoire d’étalonnage, ses
informations dans le domaine de la qualité (normes) ou de la protection intellectuelle (label CRT7 ),
6
CRITT Réunion se compose d’un pôle agroalimentaire, d’un pôle Qualité Sécurité Environnement et Métrologie, d’une
Agence Régionale d’Information Scientifique et Technique et d’un pôle Design Industriel et de prototypage rapide.
7
Les labels Centre de Ressource Technologique (CRT) et Cellule de Diffusion Technologique sont délivrés par le ministère
de l’enseignement supérieur et de la recherche. La Réunion ne compte pas de Plates-formes Technologiques (PFT).
16
17. • l’Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture (ARDA, également à l’origine
d’essaimage d’entreprises et détentrice du label CRT8),
• l’Agence pour la Recherche et la Valorisation Marine (ARVAM : organisme privé associatif à
l’origine d’essaimage d’entreprises),
• Le Pôle d’Innovation pour l’Artisanat et les petites entreprises «Construction Durable en milieu
tropical » qui a été labellisé en juillet 20098 est un producteur de connaissances et également
une structure de transfert et de diffusion. Ce Centre d’Innovation et de Recherche de Bâti
Tropical (CIRBAT), spécialisé dans l’adaptation aux contraintes tropicales des matériaux de
construction et dans leur mise en œuvre ainsi que dans les normes intégrées de développement
durable est un centre de ressources matériel et humain (plateforme technique, formation, veille,
documentation etc.),
• L’eRcane,
• le Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre (CTICS),
• la Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles
(FDGDON).
Les transferts de connaissances, facilitateurs d’innovation et organismes assurant une fonction
de conseil ou d’intermédiaire :
• L’association Qualitropic pôle de compétitivité Agronutrition en milieu tropical9
• L’association Technopole de La Réunion (site Nord et Sud)
• L’Incubateur Régional de la Réunion, (label CDT)
• le « cluster » Témergie,
• le Pôle Innovation de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (cirbat).
Enfin, les diffuseurs de connaissances sont les suivants :
• L’association Sciences Réunion (Centre de la culture scientifique, technologique et industrielle),
• L’Observatoire Réunionnais de l’Air (ORA),
• « Kelonia » (centre à vocation régionale sur les tortues marines),
• Le Conservatoire Botanique National de Mascarin (CNBM pour la sauvegarde des espèces
végétales endémiques et indigènes des îles Mascareignes),
• Le Muséum d’Histoire Naturelle (recherches sur la biodiversité de la faune à La Réunion)
• La Maison du Volcan (vitrine scientifique sur la volcanologie).
• L’Institut de L’image de l’Océan Indien (ILOI)
Cinq constats ressortent de l’analyse du système de transfert et d’accompagnement :
1. Un décalage existe entre les attentes des entreprises innovantes et les réponses du secteur
public dans 4 items : les caractéristiques du langage (effort didactique et de lisibilité nécessaire),
dans le temps (durée de l’accompagnement, continuité et cohérence du soutien), dans l’espace
(difficultés d’accès à l’information, multiplicité des acteurs), et dans les moyens (exigences
administratives en inadéquation avec le tissu des TPE/PME).
2. L’organisation de l’accueil des porteurs de projets innovants n’est pas suffisamment
structurée et la réponse publique est encore floue pour l’extérieur (connaissance des structures
d’accompagnement entre elles à améliorer, évolution nécessaire des rôles, pas de suivi
territorial, formation des accompagnants à l’innovation à organiser…).
3. Le nombre optimal de projets n’est pas encore atteint au regard des besoins et de
l’investissement minimum nécessaire pour y répondre. La masse critique des projets n’est pas
encore atteinte au vu du potentiel d’évolution et d’innovation de certaines entreprises.
4. La culture de l’innovation auprès des jeunes et auprès des salariés n’est pas encore ancrée
notamment en vue d’entrepreneuriat.
5. La culture de résultats au service de l’intérêt général et le travail en réseau ne sont pas suffi-
samment développés au sein des structures de diffusion, de transfert et d’accompagnement.
Le système d’accompagnement des porteurs de projets actuellement en place doit, si l’on veut accélérer
notre compétitivité, se rendre d’une part lisible, visible, accessible. D’autre part, l’amélioration de son
efficience avec des moyens appropriés, axés sur le transfert et la valorisation notamment économique des
projets est également nécessaire.
Il faut souligner la jeunesse de la constitution du système d’innovation à La Réunion et la dynamique récente
des acteurs et des outils. Par exemple, le pôle de compétitivité Qualitropic créé en 2005, a augmenté de
deux tiers le nombre de ses adhérents entre 2006 et 2008 et l’équipe est passée de 1 à 5 personnes en 4
ans. De même, la programmation ou la réalisation de plate-formes techniques dédiées à la recherche se
sont multipliées ces dernières années (Antenne SEAS OI, Observatoire du Maïdo, CYROI…) ; elles sont
toutes ouvertes sur l’extérieur.
8
Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi
9
Le pôle de compétitivité accompagne des projets dans le domaine des valorisations alimentaires et non alimentaires
des ressources agricoles et marines de l’océan Indien.
17
18. Forces en présence en Recherche-Développement-Innovation10
• Structures de valorisation / transfert
Pôle de
compétitivité
QUALITROPIC
Cluster Témergie
AD, SR21...
CRITT Réunion
ARDA (CRT)
• Structures techniques Technopole
de soutien labellisées incubateur
(CDT) Université de La Réunion,
CIRAD, IRD, IFREMER,
BRGM
OVPH - IPGP
Météo France - OSU,
INSERM - CYROI - CRVOI -
MNHN
Entreprises - Associations
• Potentiel de R&D
public et privé
Les activités publiques et privées de conseils aux entreprises
Le secteur privé (consultants) est peu présent sur l’accompagnement des entreprises à
l’innovation en raison de l’insuffisance d’une masse critique de projets.
Par ailleurs, la compétence ou spécialité « innovation » est peu présente dans le portefeuille des
cabinets de consultants privés à La Réunion. En particulier, aucun n’est spécialisé en propriété
intellectuelle ou en conseil juridique.
Pour pallier ce manque, on peut noter que les structures d’accompagnement de développement
et d’innovation ont su passer, ces dernières années des conventions avec des cabinets
métropolitains d’expérience. Ces derniers, grâce à la mutualisation de clientèles et l’activation
des réseaux locaux, viennent régulièrement sur l’île conseiller les porteurs de projets et les
entreprises.
Les organismes financiers
On retrouve à La Réunion la plupart des dispositifs d’ingénierie financière dont les modalités de
fonctionnement sont encore insuffisamment connues des accompagnateurs et innovateurs.
Le panel est le suivant :
• pour l’amorçage : prêt d’honneurs, Business Angels, FIP, crédits relais…,
• pour la phase de développement : crédits relais, obligations convertibles en actions, capital
risque (FCPR, FIP), banques commerciales …,
• pour la phase de maturité : dispositifs fiscaux nationaux ou locaux, banques commerciales.
Pour la plupart, ils ne disposent pas de « compartiment » spécifique dédié à l’innovation.
Les constats et besoins recensés portent sur :
• le financement de la culture de l’innovation,
• l’accompagnement et la priorité de rendre plus lisible la chaîne du financement de l’innovation
pour un porteur de projet. Les professionnels devant s’inscrire dans un pilotage en réseau,
• le reporting, l’évaluation, l’homogénéisation des critères des dossiers d’évaluation et
l’instauration d’une politique globale,
• le financement des phases de démarrage/faisabilité et de la phase de pré-lancement
commercial.
Alors qu’en France métropolitaine et dans l’ensemble des régions, OSEO constitue l’agence
principale d’accompagnement et de financement de l’innovation, il faut souligner que le retrait
politique d’OSEO innovation en 2008 dans tout l’Outre-mer et le transfert d’une partie des
compétences vers l’Agence Française de Développement, ne contribuent pas au principe
de continuité territoriale et d’égalité de traitement. Cela constitue une incohérence dans la
volonté de développement de nos territoires par l’atteinte de compétitivités.
Enfin, il faut noter qu’à La Réunion les banques ne sont nullement des banques d’affaires.
La prise de risque dans des projets innovants est rare.
10
source DRRT
18
19. La culture de l’innovation
Les coopérations entre entreprises sont en progression dans les domaines d’activité stratégique
structurés, toutefois on ne peut pas parler d’habitudes installées. L’essentiel du tissu économique
étant des TPE, il convient d’approfondir les rapprochements tout en définissant les savoir-faire
et les objectifs communs.
L’innovation a toujours été présente à La Réunion.
« La Réunion est une île, par définition un endroit cloisonné, petit, perdu au milieu de l’océan
Indien, fracturé, fractionné. Une série de difficultés qui ont engendré de manière automatique
des innovations réunionnaises qui ne datent pas d’hier. Il y avait de l’innovation avant qu’il n’y
ait des hommes : innovation ethnologique, innovation des « frottements transversaux » (sans
s’en apercevoir, La Réunion est en avance au niveau de son métissage, c’est un atout pour
son futur) et enfin, innovation technique qui date des débuts de la colonisation. La Réunion
s’adapte très rapidement aux mutations de la société. »
Daniel Vaxelaire « Grand témoin réunionnais »
Au-delà de la culture de l’innovation, une culture d’entrepreneuriat est également à développer
auprès des jeunes et ce dès le plus jeune âge. L’enjeu serait de passer d’une logique de création
d’entreprises individuelles à des entreprises plus structurées et dont le taux de survie serait
meilleur qu’à l’heure actuelle.
Pour conclure l’état des lieux sur l’environnement global de l’innovation à La Réunion, il
faut prendre conscience non seulement du caractère récent de la genèse du système mais
également du développement rapide de l’ensemble des acteurs et indicateurs11.
Labellisation du
pôle d'innovation
pour l'artisanat et
Genèse des moyens et réflexions
les petites
entreprises (CIRBAT)
pour l’émergence d’un système d’innovation Validation de la
à La Réunion feuille de route
stratégique de
Qualitropic
Lancement du
GIP GERRI
Réflexion prépara-
toire à la SRI par la
Installation du réunion des grands
Cyberdôme projets réunionnais
(motion capture) (PR2D, Réunion Ile
Verte, SDADD…) en
Label CRT au une synthèse des
CRITT Réunion et stratégies macro-
à l’ARDA économiques
Création du Pôle de Création du Création de
protection des cluster Temergie l’Association Réunion
plantes (3P, CIRAD) (énergies Angels affiliée au
renouvelables) réseau France Angels
Création de Création du Pôle
l’Incubateur de compétitivité Inauguration du CYROI
Régional Réunion Qualitropic
Création de la abrité par la (Agro-nutrition Développement du CIR, des
Création de la Technopole Technopole en milieu tropical) bourses CIFRE, des post-doc…
Création de société capital de La Réunion
l’université de Création de Inauguration risque SCR Réunion (label CDT) Thèses et HDR soutenues à l’université en nombre toujours croissant
La Réunion PROTEL de la MRST développement agréé RETIS Structuration de la Recherche en pôles d’excellence
1982 83 84 ... 1990 91 1992 ... 96 1997 1998 1999 2000 - 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 - 2009
« Le dispositif de R&DT de La Réunion s’est fortement développé sur la période 1993-2003 avec
une accélération depuis 2000. (…) Nous constatons donc une évolution favorable des forces de
recherche dans l’île avec un doublement du potentiel en 10 ans (…).
Malgré ces évolutions positives, nombreux sont ceux qui considèrent que le dispositif existant
reste sous-dimensionné. Il existe encore des besoins non satisfaits pour mieux exploiter les
potentialités en matière de recherche qu’offre La Réunion en tant que telle mais également en
tant que base pour la coopération scientifique dans la zone océan Indien » - Extrait des POE
2007-2013.
11
Si l’on en croit notamment les indicateurs suivants : nombre de crédit d’impôt recherche, nombre d’entreprises
avec un statut de JEI, nombre de conventions Cifre…
19
20. 2-2 - Fondamentaux
La synthèse des stratégies macro-économiques s’appuie sur trois dimensions que sont
l’Ouverture, l’Excellence et le Territoire. L’appartenance multiple et la solidarité en constituent
les valeurs fondamentales. Ces dernières sont retranscrites dans les orientations phares et les
fiches-actions de la SRI et à travers les notions de :
Co-développement
Le développement gagnant-gagnant est entendu à différents niveaux :
• au niveau local, où le développement par l’innovation doit prendre en compte l’ensemble
de la population et ses caractéristiques variées. Il s’agit de prendre en compte les différents
niveaux d’accès à la technologie, l’innovation sociale et pas seulement technologique par
exemple,
• au niveau régional, pour davantage interagir avec notre environnement proche qu’est la zone
océan Indien où les liens culturels et économiques sont existants mais insuffisants notamment
sur le thème de l’innovation,
• au niveau national et européen, pour davantage faire prendre conscience que La Réunion
apporte une valeur ajoutée, particulièrement en matière de recherche-innovation.
réseau
Il s’agit dans cette notion d’inscrire dans la durabilité notre capacité à innover. Elle passe par
la création, la consolidation ou la pénétration de réseaux et surtout par l’instauration et la
généralisation d’un mode de travail en réseau sous un « mode-projet », ceci sur les différentes
dimensions exprimées ci-dessus. Cette valeur est conditionnée à un mode de gouvernance
allant dans ce sens. L’animation de réseaux doit permettre de créer de la valeur ajoutée dans
un objectif déterminé et dans le respect de chacun (l’adhésion de l’ensemble des acteurs sur le
savoir, pouvoir, vouloir et continuer à coopérer est essentielle).
accessibilité, visibilité et lisibilité
L’accessibilité pour tous et en toutes conditions (espace-temps),
La visibilité pour l’attractivité interne et externe,
La lisibilité pour une meilleure compréhension.
Ces notions permettent d’interpeller les politiques publiques, les moyens et les outils du
territoire. Le domaine de l’innovation se doit d’être exemplaire.
Ces notions permettent d’accroître la compétence collective du territoire et visent à créer
un environnement qui soutienne la réactivité, l’adaptabilité et l’opportunité des acteurs
institutionnels et socio-économiques. Elles visent à inscrire La Réunion dans une démarche de
compétitivité.
Dans la mise en œuvre des orientations phares et des fiches-actions de la SRI, et plus
généralement dans le pilotage d’un projet innovant (produit, procédé, service, méthode,
organisation), ces notions doivent transparaître depuis la phase de « conception » jusqu’à la
phase de « développement » du projet. Il est en effet considéré que la phase « commercialisation/
gestion » est par essence de nature à fonctionner de manière autonome.
En vue d’une application réussie, doivent systématiquement être abordées ou vérifiées les
étapes suivantes :
• L’obligation ou l’envie de faire,
• La motivation à faire,
• Le savoir faire,
• Le pouvoir faire (y inclus l’organisation, le financement),
• La valorisation (l’évaluation).
Cette approche créative doit être complétée par une approche inhérente à l’ouverture de
La Réunion sur le monde par une transposition et un lien avec l’extérieur, ce qui permet de
renforcer la SRI par un cercle vertueux :
Obligation ou
Savoir-faire envie de faire
externe inexistant Le constat d’un savoir-faire
à l’extérieur de La Réunion
Motivation doit permettre d’identifier
à faire
comment est né ce savoir-faire
depuis l’envie ou l’obligation
Savoir-faire
externe identifié de faire, afin de le transposer
ou de l’adapter à La Réunion.
Savoir-faire
local valorisé Le constat d’un savoir-faire
inexistant à l’extérieur de La
Réunion laisse le champ libre
à la création d’un savoir-faire
propre à l’île.
Pouvoir faire
20