1. LEQUOTIDIENDEL'ÉCONOMIE// MARDI 4NOVEMBRE2014 // LESECHOS.FR
DR
Deux-roues
Les japonais
à l’offensive
en Europe // P. 18
ENTREPRISES
&MARCHÉS
ALLÉGEMENT DE TAXES
EN VUE POUR AIR FRANCE
Les allégements de taxes propo-sés
dans un rapport représentent
plus de 100 millions d’euros d’éco-nomies
pour Air France. // P. 19
TOKYO VEUT FAIRE
LE MÉNAGE DANS LE SOLAIRE
L’exécutifvaremettreàplatsapoli-tique
de soutien au photovoltaï-que.
Les projets japonais sont les
plus rentables du monde. // P. 20
Budget :taxe
surprisesur
lesrésidences
secondaires
l L’exécutif veut relever de 20 % la taxe d’habitation
pour les résidences secondaires en « zones tendues ».
l La mesure doit inciter à libérer des logements
et renflouer les collectivités locales mises à la diète.
Un air de déjà-vu…L’exécutif devrait propo-ser,
rectificative pour 2014, de mettre en place
unesurtaxe d’habitationpourles résidences secon-daires
situées dans les « zones tendues » (soit dans
une trentaine de grandes agglomérations en
France).Unemesure que le gouvernementAyrault
avait déjà proposée fin2012, avant de fairemachine
arrière face à l’opposition des parlementaires. Con-crètement,
équivalente à 20 % de la taxe d’habitation les rési-dences
Partenariat NEW FOR_Mise en page 1 14/12/12 14:03 Page1
SUR
ISSN0153.4831 106e ANNÉE
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DOMINIQUE SEUX
DANS « L’ÉDITO ÉCO »
À 7H20
DU LUNDI AU JEUDI
danslecadreduprojetdeloidefinances
l’exécutif entend permettre aux com-munesquilesouhaitentdesoumettreàunesurtaxe
Publiciss’offreunepépite
américainedunumérique
PUBLICITÉ Le groupe
rachète l’agence Sapient pour
3,7 milliards de dollars
Les investisseurs en étaient restés aux résultats
financiers décevants de Publicis pour le troisième
trimestre. Maurice Lévy, président du directoire, a
repris la main hier en annonçant l’acquisition de la
pépiteaméricaineSapient,l’unedesdernièresagen-ces
numériques indépendantes. Avec ce rachat
prestigieuxmaiscoûteux,accueillidefaçonmitigée
par le marché, Publicis réalisera dès 2015, avec trois
ans d’avance, 50 % de ses revenus dans le numéri-que.
Il poursuit ainsi la mutation de sonmodèle.
// PAGE 25 ET « CRIBLE » PAGE 38
Pourune
Europe
fiscale
renforcée
Point de vue par
Michel Sapin
Vendredi, lesministres des Finances
européens débattront à Bruxelles
du projet de taxe sur les transactions
financières. Il faut cesser de tergiver-ser,
écrit Michel Sapin, et bâtir un
dispositif efficace qui ne fasse pas
fuir l’activité financière. La France
avancera des propositions équili-brées
qui seront l’occasion de mettre
en oeuvre la première coopération
renforcée en matière fiscale en
Europe. // PAGE 13 ET
NOSINFORMATIONSPAGE30
Cartes :lesinnovations
pourcontrerlafraude
Les initiatives se multiplient pour
tenter de sécuriser le paiement mobile.
PAIEMENT Alors que les attaques virales se multiplient sur les
smartphones, la sécurisation des paiements mobiles sera au coeur
duSalonCarteSecureConnexionsquis’ouvreaujourd’hui.Pourcon-trer
les fraudes, les spécialistes rivalisent d’imagination, en misant
notamment sur la biométrie ou la géolocalisation. // PAGE 29
secondaires dans ces zones. Tous les biens
hors résidence principale sont potentiellement
concernés, de la maison de vacances à l’apparte-ment
d’appoint non loué en centre-ville, en passant
parlesbiensdétenuspardesétrangers.Lesrésiden-ces
secondaires détenues pour des raisons profes-sionnellesoupardespersonnesmodestesvivanten
maisonde retraite, par exemple,bénéficieront d’un
dégrèvement. La mesure doit rapporter 150 mil-lions
et sera présentée la semaine prochaine.
// PAGE 2 ET L’ÉDITORIAL
D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 11
Obamasurlepointde
perdrelamajoritéauSénat
Haraz N. Ghanbari/AP/Sipa
DÉCONFITURE Lesélectionsdemi-mandatquisetiennentaujourd’hui
risquent d’infliger un sérieux revers aux démocrates. Les républicains
onteneffettoutesleschancesderenforcerleurmajoritéàlaChambreet
de gagner les six sièges qui leur donneront la majorité au Sénat. Les
Américainsontàcoeurd’exprimerleurfrustrationfaceaupeuderéfor-mesaccompliesetàunredémarrageéconomiquedontlesfruitsnesont
distribués qu’à une petite élite. Cela n’empêche pas Hillary Clinton de
creuser son sillon pour 2016. // PAGES 8-9 ET L’ENQUÊTE PAGE 15
L’ESSENTIEL
RÉFORME DES NOTAIRES :
UN COMPROMIS À L’ÉTUDE
Le rapport du député PS Richard
Ferrand a été remis, hier, au gou-vernement.
Il reprend la plupart
des pistes évoquées par Bercy en
les adoucissant. // P. 4
EUROPE : LA MISE EN GARDE
DE MERKEL À CAMERON
La chancelière allemande a
menacéDavid Cameron de cesser
de le soutenir s’il persiste à vou-loir
remettre en cause la libre cir-culation
des Européens. // P. 10
ET L’ÉDITORIAL DE JACQUES
HUBERT-RODIER P. 11
LA GESTION D’ACTIFS DÉFIÉE
PAR LES GÉANTS DU NET
Les professionnels de l’« asset
management » sont menacés par
la vague numérique. Le chinois
Alibaba a déjà lancé son propre
fonds. // PROSPECTIVE P. 14
OCTOBRE NOIR POUR LE
MARCHÉ AUTO FRANÇAIS
Avec 166.495 voitures vendues le
mois dernier, le marché français
a connu sa pire performance en
octobre depuis 1993. // P. 23
Défense Vers un
contrat de 3 milliards
au Liban // P. 23
Renault Trucks Defense
Shutterstock
2. 02// Mardi 4 novembre 2014 Les Echos
FRANCE
Les politiques peuvent-ils
penser positif ?
Au PS et à l’UMP le diagnostic est posé, le « french
bashing » alimente la dépression collective du pays.
Mais du diagnostic aux remèdes, il y a un fossé.
LE FAIT
DUJOUR
POLITIQUE
Cécile
Cornudet
Il a fait sonentréedans
le vocabulairepolitique en
devenant aussitôt
le responsable de tous les
maux.Le « french bashing »,
cette tendance bien française à
s’autodénigrer, entretient
le pays dans sa dépression
collective, diagnostiquent d’un
seulchoeurla gauche et la
droite. Il faut en sortir.
Po-si-ti-ver !LaFrance vient de
décrocher deux prixNobel,
les magazines qui parlent des
trains à l’heuredopent depuis
peuleurs ventes, le petit
mondedes start-uppousse les
politiques àquitter leurs
lunettes grises…C’est le
moment.ManuelValls ne s’y
est pastrompé. Il a visité hier le
siège deL’Oréal en inventant le
concept de « french
celebrating » :« Il fautparler
positivement de ce qui va dans le
bon sens ».Etaufond, à
l’exception de Marine LePen
qui choisit d’être leporte-voix
« delaFrancequisouffre »,
l’intention est largement
partagée.François Hollande
court àmi-mandataprès cette
« confiance »qu’il voudrait
redonnerauxFrançais,
Nicolas Sarkozy rêve de faire à
nouveau aimer lapolitique en
dépassant le clivage gauche-droite,
Cécile Duflot juge
qu’« onestàlafind’un
modèle »…L’intentionest là,
maiscommentse traduit-elle ?
Prenons le risque de
concourir au « french
bashing » : les politiques
posent le diagnosticmais ne
s’administrent aucun remède.
La gauche au pouvoir
demande aux Français de se
serrer la ceinture ; l’UMP
promet de faire davantage
encore ; la gauche frondeuse
promet l’inverse mais n’est
pas crue.« Lamoindre
annonce se fracasse sur
l’incrédulité de l’opinion qui
sait très bien que les caisses
sont vides », analyse le
sondeur Jérôme Fourquet
(Ifop). Chacun conserve ses
grilles d’analyse. Promettre la
croissance paraît irréaliste,
annoncer une purge est
anxiogène.« Il faudraitparler
une nouvelle langue qui ne soit
pas la langue de la dépense
publique », poursuit le
sondeur. Le couple Hollande-
Valls n’y parvient pas ;Nicolas
Sarkozy revient sans avoir
donné corps à ses intuitions ;
les écologistes renouent avec
le gauchisme au lieu de
repenser « lemodèle ». Seule
SégolèneRoyal s’y essaie,
dessine autre chose avec sa loi
de transition énergétique.
Voilà qui explique sa bonne
popularité actuelle.Et les
pincettes qu’elle prend dans le
dossier Sivens. La « positive
attitude » est chose fragile.
ccornudet@lesechos.fr
en bref
Inégalités hommes-femmes : Bercy
lance une enquête de relevés des prix
CONSOMMATION —Le cabinet du ministre de l’Economie a
annoncé avoir lancé hier une enquête pour faire « une évalua-tion
de relevés de prix » sur des produits visés par un collectif,
établissant que pour un même produit ou service, comme des
rasoirs ou le pressing, lesfemmespayent plus cher que leshom-mes.
« On s’est rendu compte que sur des produits de la consom-mation
quotidienne, les femmes étaient systématiquement
taxées », dénonce Gaëlle Couraud, du collectif féministe Geor-gette
Sand. Les résultats de cette enquête pourraient être con-nus
« dans les semaines à venir », selon Bercy.
Prestations familiales : des indus versés
à 2,6millions d’allocataires en2013
ALLOCATIONS —En 2013, sur 13,4 millions de foyers bénéfi-ciaires
de prestations familiales, 5 millions ont été concernés
par un rappel (sommes dues aux allocataires), et 2,6 millions
par un indu (trop-perçus). Le RSA et les allocations logement
sont particulièrement visés (près de 80 % des indus bruts), en
raison d’un grand nombre de bénéficiaires, 2,3 millions et
6,3 millions respectivement. Les allocations familiales versées à
4,8 millions de foyers ne font que 5 % des indus en l’absence de
condition de ressources.
Unenouvelletaxeenvue
surlesrésidencessecondaires
Elsa Conesa
econesa@lesechos.fr
A l’époque, elle avait étébaptisée la
« taxeweek-end ».Deux ans après
avoir renoncé à instaurer une sur-taxe
d’habitation sur les résidences
secondaires, le gouvernement
revient à la charge. Une mesure
créant un surcroît de taxe d’habita-tion
pour les résidences secondai-res
situées dans les « zones ten-dues
» devrait figurer dans le
collectif budgétaire présenté la
semaine prochaine. En clair, tous
les biens hors résidence principale
sontpotentiellement concernés,de
la maison de campagne à l’apparte-ment
complémentaire non loué en
centre ville,enpassantparles biens
détenus par des étrangers.
Pour l’exécutif, l’objectif est dou-ble
:libérerdeslogementslàoùc’est
nécessaire en incitant les proprié-tairesàlouerleursbiens,
maisaussi
dégagerdesressourcespourlescol-lectivités
locales. Cette surtaxe rap-porterait
en effet 150 millions
d’euros aux communes, qui pour-raientchoisirounondelamettreen
application.Lasurtaxedevraits’éle-ver
à 20 % de la taxe d’habitation
payée sur le bien, avec un dégrève-ment
pour les résidences détenues
pour desmotifs professionnels et
pourlespersonnesmodestesvivant
en maison de retraite ou en établis-sement
de soins de longue durée.
Elle concernera les résidences en
« zone tendue », c’est-à-dire dans
une trentaine de grandes agglomé-rations
enFrance (en Ile-de-France,
sur la côte Atlantique et méditerra-néenne,
ainsiquedanscertainesvil-les
des Alpes et du Sud-Ouest...).
Le dispositif ressemble à s’y
méprendre à celui que le gouverne-ment
Ayrault avait proposé en
décembre 2012, et qui instaurait
une surtaxe d’habitation sur les
logements sous-occupés, fixée à
5 % de la valeur locative du loge-ment
– ce qui équivaut à environ
20 %dela taxe d'habitation.Al’épo-que,
la mesure, qui devait financer
le logement social, avait suscitéune
levée de boucliers, y compris au
sein de la majorité. L’exécutif avait
dû faire marche arrière et préféré
durcirlafiscalitésurlesplus-values
de cessions immobilières des rési-dences
secondaires. C’est d’ailleurs
le dispositif proposé par l’actuel
secrétaire d’Etat au budget, Chris-tian
Eckert, alors rapporteur du
budget à l’Assemblée et hostile à ce
qu’il avait alors appelé la « taxe
week-end », qui avait été adopté.
150 millions
pour les communes
La nouvelle version recueillera-t-
elle cette fois davantage de sou-tiens
au Parlement ? L’exécutif a en
tout cas travaillé son dispositif :
contrairement à la précédente
mouture, le produit de la surtaxe
sera fléché vers les collectivités, au
moment où celles-ci se plaignent
des effets délétères sur l’investisse-ment
de la baisse des dotations de
l’Etat dans le budget 2015. La sur-taxe
seraenoutre à leurmain : elles
pourront choisir de ne pas l’appli-quer.
Reste que la mesure risque
d’ajouter de la complexité à un sec-teur
qui subit desmodifications fis-cales
quasiment chaque année. Le
budget 2015 comporte une série de
mesuresduplan logement, censées
doper l’investissement dans
l’immobilier : dispositif Pinel
étendu,abattementsurlesdroitsde
donation, plus-values de cessions
allégéessurlesterrainsàbâtir...Des
mesures dont le coût total avoisi-nera
1,5 milliard d’euros à terme.
( Lire l’éditorial
d’Etienne Lefebvre
Page 11
FISCALITÉ
L’exécutif devrait
proposer une surtaxe
d’habitation sur les
résidences secondaires
en « zone tendue ».
Une mesure similaire
avait déjà été présen-tée
fin 2012.
Apprentissage :coupdepouceauxPME
Derek Perrotte
dperrotte@lesechos.fr
Promesse tenue. L’Assemblée
nationale devait, sauf improbable
surprise,adopterhierdanslasoirée
un amendement gouvernemental
au projet de budget pour 2015 met-tant
en oeuvre une nouvelle aide à
l’apprentissage annoncée le 19 sep-tembre
dernier par François Hol-lande.
L’amendement étend aux
entreprises de moins de 250 sala-r
i é s l a prime a n n u e l l e de
1.000eurosàl’accueild’unapprenti,
quiavaitétéannoncéeenjuilletlors
de la conférence sociale, mais alors
pour les seules entreprises de
moinsde50salariés.L’extensiondu
champs’accompagneenoutre d’un
assouplissement des conditions
pourenbénéficier :elleneseraplus
réservée, comme prévu en juillet,
aux seules entreprises accueillant
un premier apprenti, mais concer-nera
aussi celles embauchant des
apprentis supplémentaires.
Cette aide financière, versée par
les régions, sera accordée rétroacti-vement
pour les contrats d’appren-tissage
éligibles signés depuis le
1erjuillet.DanslesTPE,ellesecumu-lera
avec l’aide, de 1.000 euros aussi
et déjà en place depuis l’été 2013, à
l’embauche d’un apprenti. Le coût
de la mesure est estimé à 60 mil-lions
d’euros.
« Stopper la chute »
Pour les années suivantes, le verse-ment
de la prime sera réservé aux
entreprises dont la branche aura
signé, d’ici à juin 2015, un accord
fixant les contreparties, en matière
notamment d’accueil d’apprentis,
au pacte de responsabilité. L’exécu-tif
espère ainsi accélérer des discus-sions
qui patinent encore dans
beaucoup de branches (lire aussi
page 4).
A son annoncemi-septembre, le
geste avait été bien accueilli par le
patronat. Dans un contexte budgé-taire
très tendu, il reste toutefois
limité et ne fait que compenser en
partielescoupessurd’autresaidesà
l’apprentissage effectuées mi-2013.
Lerisqueestaussique,après15mois
de refontes successives et comple-xesdesaides,
lesemployeurss’yper-dent.
Là aussi comme promis mi-septembre,
le gouvernement
s’attache en outre à lever les freins
non financiers à l’apprentissage, via
des simplifications administratives
et réglementaires.
Tous les acteurs du dossier n’en
concèdent pas moins que, faute
d’une forte croissance, l’objectif pré-sidentiel
d’atteindre 500.000 jeunes
en alternance en 2017, contre
426.000 aujourd’hui, est quasi uto-pique.
Les huit premiers mois de
2014témoignentd’unnouveaurecul
inquiétant des entrées en apprentis-sage
et « stopper la chute serait déjà
bien », confient des syndicalistes.
D’autantque,letempsquelesmesu-res
soient mises en oeuvre, « c’est
troptardpourcetteannée,c’estlaren-trée
2015 qu’on prépare en réalité »,
expliquaient des conseillers gouver-nementauxenseptembre
dernier. n
EMPLOI
Un amendement au
budget élargit la prime
apprentissage aux PME
jusqu’à 250 salariés.
Ce geste avait été
promis mi-septembre
par François Hollande.
La surtaxe devrait s’élever à 20 % de la taxe d’habitation payée sur le bien. Elle concernerait
les résidences d’une trentaine de grandes agglomérations en France. Photo Shutterstock
1.000 EUROS
Le montant de la prime annuelle
à l’accueil d’un apprenti dans les
PME de moins de 250 salariés.
AParis, unappartement sur six
est une résidence secondaire
AParis, lasurtaxesurlesrésidencessecondairesvisera
avant tout à libérerdes logementspeuoupasoccupés.
Lacapitalecompteeneffetquelque174.000 résidences
secondaires. Surtout, la partduparcconstituée
derésidences secondairesnecessedecroître, passantde13%
deslogementsilyacinq ans,à16%aujourd’hui.
Danscertainsarrondissements(6e,7e et8e arrondissements),
elle atteint même35à40%.Lamairie plaideducoupdepuis
desannéespourdesmesurescorrectrices.Lasurtaxe fixée
à20%delataxed’habitationincitera-t-ellelespropriétaires
àlouerleursbiensetdégagerainsideslogementsinoccupés
dansla capitale ? Cela n'estpascertain.Lataxe d’habitation
moyennes’élevantà464eurosàParis, le surcoûtavoisinerait
les90euros...Adéfaut, cela constituerauncomplément
deressourcespourlaVille.
3. Les héritiers
ont bien changé.
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4. 04//FRANCE Mardi 4 novembre 2014 Les Echos
Professionsréglementées :
uncompromissedessine
Pactederesponsabilité :sixbranches
n’ontencoreentaméaucunenégociation
Annoncé par le Premier ministre
lors de la Grande Conférence
socialeenjuillet,leComitéd’évalua-tion
des aides publiques se réunira
cet après-midi pour la première
fois. C’est la concrétisation de
l’Observatoire des contreparties,
dont le président de la République
parlait déjà en janvier dernier lors
du lancement du pacte de respon-sabilité.
Son objet principal est de
fairelepointsurlesnégociationsde
branches sur l’emploi, censées être
la contrepartie aux versements
combinésducréditd’impôtcompé-titivité
emploi (les premiers chè-ques
ont été touchés en mai par les
entreprises) et des baisses de char-ges
sur les bas salaires qui seront
effectives à partir de janvier.
«L’efficacitédesaidesnesemesure
pas en nombre d’euros versés, d’un
côté, et en nombre d’emplois créés, de
l’autre,prévient-ondansl’entourage
du Premier ministre. D’une branche
àl’autre,d’uneentrepriseàl’autre,les
engagements peuvent être très diffé-rents.
»Mais aussi différents soient-ils
(formation, apprentissage, créa-tion
d’emplois...) ces engagements
doivent être formalisés dans des
accords de branche. C’est du moins
l’engagement qui a été pris par les
trois organisations patronales
représentatives et trois organisa-tions
syndicales le 5 mars dernier.
Une réunion a déjà eu lieu le 10 sep-tembre,
sous l’égide du ministre du
Travail, pour faire le point sur les
négociations. A cette date, sur les
50principales branches profession-nelles
(soit 60 % des salariés),
17 n’avaient encore entamé aucune
discussion sur le pacte de responsa-bilité.
D’après le décompte du gou-vernement,
partagéparlespartenai-res
sociaux, ce chiffre esttombé à 6.
Deux accords signés
Parmi les branches récalcitrantes
figurent des professions actuelle-mentsurlasellette,
commelaphar-macie
d’officine ou les cabinets
médicaux. On trouve aussi la res-tauration
collective, les établisse-ments
d’enseignement privé, les
gardiens d’immeuble ou encore les
experts-comptables. Au total, ces
6 branches représentent moins de
500.000 salariés, à comparer aux
15 millions de salariés concernés
par le pacte. Par ailleurs, 19 bran-chesn’ontpasencoreentamédedis-cussions
mais ont manifesté la
volonté de le faire, 10 ont tenu une
première séance de travail, mais
sans calendrier formel. Et seules 15
ont engagé des négociations sérieu-ses,
dont 2 ont signé un accord (la
chimie et la métallurgie). Quel que
soit leur niveau d’engagement, tou-tes
ces branches sont éligibles au
Cice si elles le demandent, et toutes
bénéficieront de la première tran-che
des allégements de charges au
1er janvier.
CettepremièreséanceduComité
sera reconduite à intervalles régu-liers,
selon le gouvernement, mais
la périodicité n’est pas encore fixée.
Le Premier ministre, qui présidera
le Comité demain, ne manquera
pas de rappeler aux entreprises
leurs promesses en matière
d’emplois. « Les engagements des
unset de autres vont ensemble, insis-te-
t-on à Matignon.Celui du gouver-nement,
celui du Parlement, qui a
votélepactederesponsabilité,etcelui
des entreprises. »Undiscours censé
rassurer la CFDT, devant laquelle
Manuel Valls s’exprimera égale-ment
jeudi, à l’occasion des cin-quante
ans de la centrale.— M. B.
EMPLOI
Le Comité d’évaluation
des aides publiques
se réunit aujourd’hui
pour la première fois.
Le Premier ministre
va rappeler au patro-nat
ses engagements
en matière d’emplois.
Pierre Gattaz et Manuel Valls. Le Premier ministre ne manquera
pas de rappeler demain aux entreprises leurs promesses
en matière d’emplois. Photo Fred Dufour / AFP
Marie Bellan
mbellan@lesechos.fr
Après le rapport choc de l’Inspec-tion
générale des finances, c’est la
version« soft »deRichardFerrand
qui est sortie hier. Le député PS du
Finistère a remis aux ministres
Emmanuel Macron et Christiane
Taubira une liste de 28 proposi-tions
visant à réformer les profes-sions
juridiques réglementées et
une partie des professionnels de
santé (pharmaciens notamment).
Ce travail a été rapidement mené
puisque le député a été chargé
d’une mission par le Premier
ministre il y a à peine un mois.
Son contenu se veut consensuel,
car, s’il reprend l’ensemble des pro-positions
formulées directement
ouindirectementparBercycesder-nières
semaines, il reste souventun
cran en dessous des pistes les plus
radicales,demanièreàménagerles
professionnels concernés. Par
exemple, sur la libre installation de
certaines professions juridiques.
Sans aller jusqu’à une libéralisation
totale, le rapport préconise « la
création d’un nombre significatif de
postes et d’offices pour les notaires,
lescommissaires-priseursetleshuis-siers
de justice ». Les notaires ont
eux-mêmes formulé une proposi-tion
similaire il y a dix jours en sug-gérant
l’ouverture de 300 offices
supplémentairesdanslesdeuxpro-chaines
années (contre une ving-taine
par an actuellement).
Pour s’assurer que ces créations
sont bien effectives, le rapport
Ferrand entend confier à une ins-tanceindépendantelesoindefixerà
l’avenirlenombred’officesetdepos-tes
à créer (aujourd’hui supervisé
parlaseulechancellerie).Pourassu-reruneégalitédeschancesàtousles
candidats à l’installation, le rapport
propose également de soumettre la
nomination aux offices à un con-cours.
Actuellement, seule l’attribu-tion
d’une charge dans un office
nouvellement créé doit se faire par
voie de concours. Pour les cessions
d’office, les nominations sont réali-sées
par la chancellerie sur présen-tation
du successeur par le notaire
sortant. Ce qui tend à favoriser les
cessions intrafamiliales au détri-ment
de la méritocratie. Ce droit de
présentation serait ainsi supprimé.
« Legalprivilege »pour
les juristes d’entreprise
Le rapport se penche aussi sur la
situation des clercs de notaire, en
proposant de rendre obligatoire la
réception des actes notariés (lectu-res
des actes et recueil de la signa-ture
des parties) par les seuls notai-res.
Cette tâche est parfois effectuée
par le clerc de notaire en lieu et
place du notaire lui-même. Le
rapport estime que les clercs
« devraient pouvoir bénéficier d’une
démarche de valorisation des acquis
de l’expérience […] pour faciliter leur
promotion au statut de salarié ou de
notaire associé ».
Quant aux avocats, les recom-mandationssontlàaussiprudentes.
Pourledéputé,iln’estpasnécessaire
de créer un statut d’avocat en entre-prise,
comme Bercy le souhaiterait.
Il suffirait de faire bénéficier le
juriste d’entreprise du « legal privi-lege
»pourassurerlaconfidentialité
deseséchangesavecsonemployeur,
ce qui le mettrait sur un pied d’éga-lité
avec ses homologues anglo-saxons.
Enfin, le rapport préconise
non pas de supprimer la territoria-lité
de la postulation (qui oblige le
justiciable à s’adresser à un avocat
rattaché au ressort d’unTGI en par-ticulier),
mais de l’élargir au niveau
du ressort de la cour d’appel. n
CONCURRENCE
Le rapport du député
Richard Ferrand (PS)
a été remis hier
au gouvernement.
Il s’inscrit dans le
droit-fil des proposi-tions
de Bercy tout en
ménageant les profes-sionnels
concernés.
Faciliter la
vente en ligne
de médicaments
Laventeenlignedemédica-mentsn’estaujourd’hui
autoriséequ’àpartird’une
officinephysique.Lerapport
dudéputéRichardFerrand
veutsupprimercetadosse-mentafinquedenouveaux
acteurscapitalistiquespuis-sentinvestirlesecteur,
com-meauRoyaume-
Uni.Mais
lespharmaciensjugentau
contrairequeceseraitune
aubainepourlesdeuxprin-cipauxgrossistes-
réparti-teurs,
OCPetAlliance,déte-nuspardescapitauxaméri-cains.
Parailleurs,iln’est
plusquestiondanscerap-portd’ouvrirlecapitaldes
pharmacies.Onsecontente-raitdefaciliterlesregroupe-mentsavecrelocalisation
dansuneautrecommune,
prèsd’unemaisondesanté
pluridisciplinaire.
Le rapport préconise la « création d’un nombre significatif
d’offices », rejoignant une proposition similaire des notaires.
Photo Fred Dufour / AFP
Deséconomies
surlespôles
decompétitivité
l’internationalisation des PME
ou le lancement des plates-for-mes
d’achats qui exigent une
animation plus forte des pôles.
Les présidents des régions,
plus forts contributeurs publics
avec l’Etat, sont également
tombés des nues. La région
Rhône-Alpes a, par exemple,
chiffré hier le manque à gagner
pour sa dizaine de pôles à
660.000 euros. Ce signal passe
d’autantplusmalquelesrégions
et l’Etat s’apprêtent à négocier le
transfertd’unepartdelagouver-nance
des pôles aux conseils
régionaux, dans le cadre de la
réforme territoriale. L’Associa-tiondesrégionsdeFranceplaide
notamment pour la reprise des
moyens de l’Etat en région con-sacrésauxpôles,
soit25millions
d’euros. Un expert interprète la
coupe comme une volonté de
Bercy de favoriser les pôles les
plus importants et de laisser les
régionsfinancerlesautres.Pour
Jean-Louis Gagnaire, « si la sor-tie
de l’Etat est programmée, il
faut qu’elle soit moins brutale
pourpermettreauxpôlesdecom-pétitivité
de se repositionner ».
Le ministre de l’Economie,
Emmanuel Macron, a promis
jeudi dernier aux députés un
débat sur le sujet à l’occasion
des discussions sur la réforme
territoriale.— M. Q. et F. S.
BUDGET
Bercy ampute
de 30 % ses aides
au fonctionnement
des pôles en 2015.
Les pôles de compétitivité n’en
reviennent toujours pas. C’est
via un courrier électronique de
Bercy reçu il y a quelques jours
qu’ils ont appris que leurs cré-dits
de fonctionnement allaient
baisserl’anprochain.Concrète-ment,
leurs crédits dits d’« ani-mationetdegouvernance
»dis-tribués
par le ministère de
l’Economievontbaisserdeprès
de 30 %, à 11,5 millions d’euros,
comme l’ont révélé nos confrè-res
de l’AEF. « Cette baisse ne
représente que 10 % des moyens
de fonctionnement des pôles de
compétitivité », temporise-t-on
àBercy,préférant insistersur le
maintien de la dotation de
100 millions d’euros du fonds
unique interministériel, qui
financenotammentlespôlesde
compétitivité.
Sans paraître énormes, les
économies en jeu suffisent à
inquiéter. Bercy prévoit de
ménager les pôles ayant le plus
de projets de recherche et ceux
qui ont réussi à attirer le plus de
financements privés. Les autres
subiront des coupes jusqu’à
50 %. « Le financement public
permet un fort effet de levier
auprèsdesinvestisseursprivés.La
réduction et l’extinction progres-sive
de l’aide à la gouvernance des
pôles de compétitivité risquent
d’affecter leur croissance et leur
dynamisme »,craintledéputéPS
Jean-LouisGagnaire, vice-prési-dent
de la région Rhône-Alpes,
qui a déposé hier un amende-mentpour
rétablir les crédits.
Macron promet un débat
Le président de l’Association
française des pôles de compéti-tivité,
Jean-Luc Beylat, vient
d’interpeller le Premier minis-tre
sur le sujet. Pour lui, cette
coupe contredit l’appel de l’Etat
à amplifier le développement
économique des pôles via
5. Les Echos Mardi 4 novembre 2014 FRANCE//05
CGT :affaibli,
Lepaondoit
sejustifier
Leïla de Comarmond
lcomarmond@lesechos.fr
Rendez-vous à haut risque pour le
secrétaire général de la CGT,
aujourd’hui, au siège de la confédé-ration,
à Montreuil. Il va en effet
retrouverpourdeuxjours les secré-taires
généraux des 33 fédérations
et des 96 unions départementales
dusyndicat,réunisencomitéconfé-déral
national (CCN). Cette réunion,
dontlesdatesontétéfixéesilyaplu-sieurs
semaines, devait être seule-ment
pimentée par l’avenir de la
«NVO»,lebimensueldelaCGT,qui
avait déjà provoqué de vifs débats.
Mais la divulgation, la semaine der-nière,
des 130.000 euros de travaux
réalisés dans l’appartement de
120m2louéparlaCGTpourThierry
Lepaon a changé la donne.
Le scandale n’a pas porté sur le
principe d’unlogement de fonction,
mais sur le montant de sa rénova-tion
et sa localisation dans« le carré
magique »deVincennes.Pourripos-ter,
c’est le trésorier de la CGT, Eric
Lafont, qui a encore une fois été
envoyé au feu. Et a de fait attisé les
flammes,affirmant :«Onn’apasosé
le loger à Clichy ou à Aubervilliers »,
banlieues populaires limitrophes
de Paris, à rebours de toute la cul-ture
de laCGT.Acroire que Thierry
Lepaon n’a pas embauché, il y a
quelques mois, une directrice de la
communication… Annonce a aussi
été faite d’une enquête interne pour
démasquerle« corbeau »,etlathéo-rieducomplotmédiatiqueaétésur-jouée
dans une « note interne » du
bureau confédéral, dont le principe
n’a été votémercredimatin que par
6voix,dontcelledeThierryLepaon,
contre 4, celles d’EricAubin,Sophie
Binet,ValérieLesageetMohammed
Oussedik, qui ont boycotté la réu-nion,
le soir, pour finaliser le texte.
La colère est montée d’en bas,
nombrededirigeants cégétistes fai-sant
état de vives réactions de mili-tants
et d’adhérents. Aussi beau-coup
d’organisations ont pris soin
de réunir leurs instances de direc-tion
avant le CCN et sont porteuses
d’une demande ferme d’explica-tions
précises de la part du secré-taire
général en personne. Reste à
savoir, face àThierryLepaonet son
entourage, qui manient à l’envi la
théorie du complot, qui osera se
lancer le premier.
Secondmandat compromis
Pour tenter de déminer, le leader de
laCGTestalléchercherl’appuidela
commission financière de contrôle,
étonnammentmuettejusque-là.Ila
même été un temps prévu qu’elle
visite l’appartement hier. Ce qui est
sûr, c’est que, s’il veut limiter la
casse, Thierry Lepaon, qui a pris
soin de demeurer totalement muet,
ne pourra pas le rester devant le
CCN. Il n’a pas le choix, le cercle des
mécontents s’est fortement élargi
avec cette affaire. Si la tension est
trop forte, le leader cégétiste a dans
sa manche une carte qui ne résou-dra
pas tout, mais qui pourrait au
moins temporairement calmer le
jeu : utiliser son trésorier, Eric
Lafont, comme fusible. On parle
déjà, pour le remplacer, de Philippe
Lattaud, membre du bureau qui a
pour caractéristique première
d’être non seulement un fidèle de
Thierry Lepaon, mais aussi un pro-che
d’entre les proches du précé-dent
trésorier, Michel Doneddu,
réputé pour son autoritarisme et sa
gestion très particulière de la mai-son,
qui a fait un retour discret il y a
quelques mois. Pour l’heure, rares
sont ceux qui osent imaginer un
départ prématuré du secrétaire
général de laCGTde la direction de
la centrale, très légitimiste. Mais
l’hypothèse d’unsecondmandatest
clairement compromise. n
l Le comité confédéral national de la
CGT se réunit aujourd’hui et demain.
l Son numéro un va devoir s’expliquer
sur son logement de fonction.
Lacentraleappelleàla
grèveensoloaujourd’hui
danslestransports
Cinq fédérations des
transports de la CGT
appellent ensemble à une
mobilisation, qui s’annonce
très limitée.
Tandisqueleparlementconfédéral
de la CGT se réunit aujourd’hui, sa
branche transports organise une
journée d’action. De nombreux
préavis de grève ont été déposés,
mais les perturbations s’annoncent
très limitées. « 97% des trains vont
rouler », a annoncé dimanche la
SNCF en pronostiquant un trafic
« normal ou quasi normal » sur ses
grandes lignes et en Ile-de-France.
Même pronostic de la RATP.
Ailleurs, et en particulier dans les
transports urbains de voyageurs, il
pourra ponctuellement y avoir des
pics de mobilisation. Mais cela ne
fera pas masse. Dans les transports
routiers, quelques actions coups de
poing devaient être organisées hier
soir. Elles permettront de prendre
le pouls du secteur à la veille, mer-credi,
d’une réunion de toutes les
organisations syndicales. Le gou-vernement
surveille les transports
routierscommele lait sur le feu. Le
secrétaire d’Etat aux Transports,
Alain Vidalies, recevra une déléga-tioncégétisteàl’issuedelamanifes-tation
inter-fédérale prévue à Paris.
Un point n’aura très certaine-ment
pas échappé à ce fin connais-sance
du social. Si elle n’est pas
intersyndicale, l ’ i n i t i a t i ve
d’aujourd’hui est malgré tout plu-riellecar,
làoùlaCFDTparexemple
n’a qu’une seule organisation, la
CGTn’encomptepasmoinsdecinq.
Les fédérations des cheminots, des
transports (aérien, routier…), de
l’équipement-environnement, des
syndicats maritimes et des officiers
de la marine marchande ont lancé
un appel commun. C’est là que se
situe l’événement en réalité. De
mémoire de cégétiste, en effet, il n’y
ajamaiseuunetelledémarcheuni-taire
dans les transports. Le senti-ment
de supériorité des cheminots
auseindelaCGT,quiseconsidèrent
comme l’aristocratie de l’organisa-tion,
mais aussi des affrontements
de ligne avec une fédération des
transports sur un positionnement
moins « lutte des classes » n’y ont
pas été pour rien.
La journée de mobilisation
d’aujourd’hui estdoncaussi etpeut-être
surtout à visée interne. « Au
niveau des fédérations, le dialogue
fonctionne, maintenant il faut que
l’habitude se prenne dans les territoi-res
», commente un responsable
fédéral, qui insiste sur l’intérêt pour
cela de la trentaine de rassemble-ments
en province devant des pré-fectures,
point d’orgue de la mobili-sation.
Et d’ajouter : « On nous tape
dessus si on appelle à la grève, et si on
tente d’autres modes d’action, on
nousditquenotremobilisationestun
échec. » Le souvenir de la grève de
juin des cheminots très peu suivie
n’est en tout cas pas loin.—L. deC.
SYNDICATS
De mémoire de
cégétiste, il n’y a
jamais eu une telle
démarche unitaire
dans les transports.
Thierry Lepaon, qui a pris soin de rester muet jusqu’ici, ne va pas
pouvoir conserver cette attitude devant le CCN. Photo Denis Allard / RÉA
8. 08// Mardi 4 novembre 2014 Les Echos
MONDE
ZONE EURO : LE SECTEUR
MANUFACTURIER STAGNE
LePMImanufacturier de la
zone euro, publié par le cabinet
Markit, s’est établi à 50,6 points,
contre 50,3 en septembre.
«Lacroissancedusecteur
manufacturier reste quasi nulle
en octobre, la faiblesse de la
demande continuant de freiner
l’expansion de la production
et de l’emploi dans la zone
de la monnaie unique »,
indique Markit.
LÉGÈRE ACCÉLÉRATION DE
LA PRODUCTION CHINOISE
La croissance de la production
manufacturière chinoise
aatteint enoctobresonplus
haut en trois mois, selon
l’indice PMI des directeurs
d’achats deHSBC. Il s’est établi
à50,4pointscontre50,2
en septembre.«L’économie
montre toujours des signes
de faiblesse de la demande »,
acommentéQuHongbin,
économiste chezHSBC.
500
MILLIONS DE DOLLARS
Le milliardaire et philanth-rope
américain Bill Gates
se prépare à donner plus de
500 millions de dollars pour
la lutte contre diverses épidé-mies
dans les pays en déve-loppement,
au premier rang
desquelles la malaria, selon
un communiqué publié hier.
en
chiffres
BarackObamamenacédeperdre
lamajoritédémocrateauSénat
l Les républicains n’ont besoin que de six sièges pour contrôler la Chambre haute après les élections d’aujourd’hui.
l Les milieux économiques regardent le scrutin avec flegme et espèrent un résultat clair et rapide.
Karl De Meyer
kmeyer@lesechos.fr
—Bureau de New York
C’est une sorte de fatalité à laquelle
bien peu de présidents américains
ont échappé. Comme GeorgeW.
Bush en 2006, Bill Clinton en 1994,
et Ronald Reagan en 1986, Barack
Obama risque fort de perdre sa
majoritéauSénat, à l’issue des élec-tions
de mi-mandat qui se tiennent
aujourd’hui.LesAméricainsseren-dent
aux urnes pour renouveler les
435siègesdelaChambredesrepré-sentants
(qui restera à majorité
républicaine) et un tiers du Sénat.
Le hic, pour les démocrates : beau-coup
des sièges de sénateur remis
en jeu cette année ont été conquis,
en 2008, sur des circonscriptions
traditionnellement républicaines,
qui ont alors succombé au charme
d’Obama.
Cote de popularité en baisse
Six ans plus tard, l’ambiance n’est
plus la même. Le président, qui doit
composeravecunCongrèstrèshos-tile,
avusacotedepopularitéchuter.
Lasituationéconomiques’estcertes
améliorée, avec une croissance en
haussede3,5%autroisièmetrimes-tre,
en rythme annualisé, après une
vigoureuse progression de 4,6%au
deuxième. Le chômage est tombé
en dessous de la barre des 6 %. Mais
le sentiment général reste celui
d’une reprise qui profite essentielle-ment
aux Américains les plus aisés.
LapolitiqueétrangèredelaMaison-
Blancheestmalperçue.« Iln’yapas
beaucoupdesujetsdontlesgenspuis-sentsediresatisfaits
»,résumeDavid
Yepsen, politologue de la Southern
IllinoisUniversity.JoeBiden,levice-président,
acertesconfiéhieràCNN
sa confiance : « Je ne suis pas
d’accord avec les prévisions qui sont
faites.Moi, je prédis que nous allons
conserver le Sénat. »
Mais le GOP a seulement besoin
de six sièges pour s’assurer la majo-rité
à laChambrehaute, ce qui sem-ble
à sa portée. Les républicains ne
pourront toutefois pas occuper les
soixante sièges qui leur assure-raient
lasuper-majorité et leur don-neraient
les coudées franches. En
termes purement législatifs, la con-quête
du Sénat ne changerait donc
pas radicalement la donne. « Il y
aurait toutefois un impact majeur,
prévient Jeanne Zaino, politologue
de NYU, si jamais un juge de la Cour
suprême venait à démissionner ou à
décéder. Le Sénat aurait alors son
motàdirepourdésignerleoularem-plaçante.
» Il n’en reste pas moins
que les républicains ont bien cons-cience
de risquer une victoire à la
Pyrrhus. S’ils gagnent le Sénat mais
nepeuvent afficherunbilan législa-tifconvaincantdansdeuxans,
leris-que
est grand que les démocrates
puissent les taxer, en 2016, d’immo-bilisme,
rester à la Maison-Blanche
et faire un retour en force au… Con-grès.
«Nous devrons prouver qu’un
Congrès républicain peut gouver-ner
», a déjà prévenuRichard Burr,
sénateur de Caroline du Nord. En
termes concrets, un Sénat à majo-rité
républicaine s’efforcerait sans
doute de faire approuver, après des
années de tergiversations, la cons-truction
de l’oléoduc Keystone.
Barack Obama a tout fait jusqu’ici
pour différer le projet, très critiqué
par l’aile la plus verte de son parti.
Les républicains ne devraient pas
s’attaquerde front à la loid’assuran-ce-
santé Obamacare, mais peut-être
à certaines de ses dispositions,
comme la taxe sur les équipements
médicaux.
Les milieux économiques regar-dent
le scrutin avec flegme, mais
redoutent l’incertitude. « Si nous
avons une situation vraiment incer-tainedanslaquelleleSénatestdiviséet
oùlescandidatsmenacentderecomp-terlesbulletinsdevote,
ceneseravrai-ment
pas bon », avertit Robbert van
Batenburg, responsable de la straté-giedemarketingchezNewedgeUSA
LLC àNew York. Or, en Louisiane et
en Géorgie, un second tour sera
peut-être nécessaire, ce quimenace
de retarder de plusieurs semaines
l’annonce de la majorité au Sénat. n
LES ÉLECTIONSDEMI-MANDATAUXÉTATS-UNIS
36 postes de
gouverneur
en jeu
Les Américains vont aussi
élire, dans 36 Etats, leur
gouverneur. Les républi-cains
défendent 22 postes.
Certains gouverneurs du
GOPélus en 2010 avec le
soutien du Tea Party sont
cette année à la peine, puis-que
le mouvement populis-te
est sérieusement essouf-flé.
C’est le cas de Scott
Walker dans leWisconsin.
Une réélection de ce der-nier
conforterait sa place
dans le vivier des candi-dats
possibles aux primai-res
républicaines de 2016.
Les républicains espèrent
de bons résultats enNou-velle-
Angleterre, terre tra-ditionnellement
« libéra-le
». Les démocrates comp-tent
bien défendre les
14 postes de gouverneur
détenus par les leurs
et remis en jeu. Ils espè-rent
aussi pouvoir repren-dre
des Etatscomme
la Floride ou le Michigan.
«LesAméricainscomptentsanctionnerlesélusenplace »
Propos recueillis par
Lucie Robequain
lrobequain@lesechos.fr
—Bureau de New York
Dans quel état d’esprit
les Américains se rendent-ils
aux urnes aujourd’hui ?
Les Américains expriment une
haineprofondeàl’égardduCongrès.
Ils ne sont que 12 % à approuver
son action. Le sentiment prévalent
est que rien ne se décide plus à
Washington aujourd’hui. On
observe une certaine forme de
désespoir. Cette haine n’est pas nou-velle,
mais elle était assez désincar-née
jusqu’alors : « J’appréciemonélu
local, mais je n’aime pas le Congrès »,
semblaientdirelesélecteurs.Cen’est
pasle cas cette fois-ci : lespersonnes
que nous sondons comptent sanc-tionnersévèrementlesélusenplace.
Les parlementaires
vont donc être plus nombreux
à céder leur siège ?
Exactement. Les parlementaires
ont toujours été une immense
majorité (96 % ou 97 %) à conser-ver
leur siège au cours des derniè-res
élections. Le taux de renouvel-lement
devrait être plus bas cette
fois-ci, de l’ordre de 85 % à 90 %.
Vouspensezpeut-êtrequelabaisse
est modeste. Il s’agit en fait d’une
petite révolution. On risque
d’observer des changements iné-dits
dans certains Etats. Le Kansas,
qui a toujours voté massivement
républicain, pourrait ainsi bascu-ler
dans le camp démocrate. On
observe un scénario identique
dans le Kentucky : le républicain
Mitch McConnell, qui incarne à lui
seul la paralysie des républicains
au Congrès, pourrait bien devoir
céder son siège à la démocrate Ali-son
Grimes. C’est l’une des compé-titions
les plus serrées du pays, et
l’une de celles qui ont occasionné
les plus grosses campagnes publi-citaires.
Les démocrates, à
l’inverse, pourraient perdre l’Iowa
et le Colorado. Ce sont deux Etats
qui ne leurposent pas problème en
temps normal. Ils ont également
toutes les chances de perdre la
Louisiane et l’Arkansas.
Le rejet de Barack Obama
n’influence-t-il pas
cette élection davantage
que la haine du Congrès ?
Lapopularitéduprésidentestsupé-rieure
à celle du Congrès, ce qui ne
l’empêche pas d’être extrêmement
faible,elleaussi :ellenedépassepas
42 % aujourd’hui. Aucun président
américain, ou presque, n’a jamais
subi une telle défiance. Cela expli-que
pourquoi les candidats démo-crates
ont tant de difficultés sur le
terrainaujourd’hui.C’estassezfrus-trant
pour Barack Obama car
l’économie va beaucoup mieux que
lorsqu’il a pris le pouvoir, en 2009.
Maisc’estunerèglequenousobser-vons
souvent : l’opinion publique
évolue avec quelques mois de
retard sur la réalité.
Le Tea Party joue-t-il un rôle
dans ces élections ?
Les membres du Tea Party ont
connuleur heure de gloirependant
les élections de 2010. Leur image a
beaucouppâlil’andernierlorsqu’ils
ontsoutenuleblocagedubudgetau
Congrès, paralysant le pays pen-dant
deux semaines consécutives.
2014 n’est pas une bonne année
pour les démocrates,mais elle est
encore pire pour les membres du
Tea Party. Cela étant dit, ils conser-ventunegrandeinfluencedanscer-tains
Etats du Sud. n
DR
INTERVIEW
JEFREY POLLOCK
Sondeur et fondateur du
cabinet Global Strategy Group
«Onrisqued’observer
des changements
inédits dans certains
Etats,commele Kansas
et leKentucky. »
« Il n’y a pas
beaucoup de sujets
dont les gens
puissent se dire
satisfaits. »
DAVID YEPSEN
Politologue de la Southern
Illinois University
9. Les Echos Mardi 4 novembre 2014 MONDE//09
Impossible d’allumer sa télévision
sans tomber sur une publicité qui
n’attaque lemauvaisbiland’unpar-lementaire
ou le laxisme d’un juge.
Les candidats dépensent des fortu-nespour
discréditer leurs adversai-res
et espérer remporter ainsi le
maximum de sièges de parlemen-taires,
gouverneurs et procureurs
remis en jeu aujourd’hui. Les deux
partisyont consacré l’équivalentde
4milliards de dollars, soit le plus
gros montant jamais versé pour ce
type d’élections aux Etats-Unis. Les
trois quarts des publicités sont
financées par les républicains.
« Des records sont franchis aux qua-tre
coins du pays », commente Bert
Brandenburg, qui traque lesdépen-sesélectoralesauseindel’ONGJus-tice
at Stake. Les montants ont
explosé au cours de la dernière
décennie : la campagne de 2004
avait coûté deux foismoins.
L’argent coule davantage
Cette inflation n’aurait jamais été
possible sans la décision de la Cour
suprême de déplafonner, à deux
reprises, les contributions financiè-res
aux campagnes électorales.
Depuis 2010, les entreprises peu-vent
ainsi financer – sans limite
aucune – des comités d’action poli-tique
(Super Pacs) qui soutiennent
un candidat de leur choix.Au prin-temps
dernier, la Cour a également
déplafonné les donations des parti-culiers.
Ces deux arrêts, rendus au
nom de la liberté d’expression, ont
ouvertlavoieàundéferlementsans
précédent d’argent, versé de façon
souvent anonyme et obscure.
L’argentabeaucoulerdavantage,
il provient paradoxalement
d’un cercle plus réduit de dona-teurs.
Ils étaient plus de 800.000 en
2010, et seraient moins de 700.000
aujourd’hui, indique le Centrepour
des politiques responsables – une
autre ONG qui suit le financement
des campagnes. « Le débat électoral
estdominéparunnombre de plus en
plus réduit de personnes. C’est
l’inverse de ce que l’on attend d’une
démocratie »,regretteBobBiersack,
qui travaille pour cette ONG.
Les démocrates, qui ont souvent
dénoncé le système, en profitent
quasiment autant que les républi-cains.
Lesdeuxplus gros donateurs
du pays leur sont ainsi acquis : il
s’agit de l’écologiste Tom Steyer et
de l’ancien maire de New York
MichaelBloomberg. Surles20plus
gros donateurs,unequinzainepen-chent
toutefois pour les républi-cains.—
L. R.
Lesélectionsparlementaires
lespluschèresdel’histoire
Les donateurs sont moins
nombreux, mais ils donnent
davantage. Les grandes
fortunes dominent de plus
en plus le débat politique.
Le 20 octobre, le président
Barack Obama a voté à Chicago
pour les élections demi-mandat.
Photo Brendan Smialowski/AFP
Aregarder lepassé,
l’impopularité d’Obama
n’est toutefois
pas surprenante.
Lesdémocratesdoivent
mobiliserl’électoratnoir
pourgarderleSénat
Les démocrates
multiplient les actions
de terrain pour motiver
des Afro-Américains déçus.
Nombre record de
candidats noirs au Congrès.
C’est unmémo qui a sérieusement
fait réfléchir à la Maison-Blanche.
Un mémo rédigé par un expert des
sondages, début octobre, qui a fuité
dans la presse américaine. La con-clusion
: sans mobilisation forte de
l’électorat noir au cours de ces élec-tions
de mi-mandat, les démocrates
perdront le contrôle du Sénat. Au
moment où le document a été
rédigé, ses auteurs estimaient que
« lamoitié des électeurs noirs ne
saventpasexactementquandcesélec-tions
auront lieu ». Or les Afro-Amé-ricainsontassuré,
en2008et2012,la
victoire de BarackObamaet garanti
quelques précieux sièges à laCham-bre
et au Sénat.
La mobilisation est moins forte
cette année, c’est traditionnel pour
des « midterms ». Ce qui ajoute à la
démotivation, c’est le relatif échec
de Barack Obama (voir ci-contre),
qui n’a pas pu répondre aux
immenses espoirs que sa campa-gne
de 2008 avait soulevés.
Essayant de renouer avec les
méthodes qui ont fait leur succès
pour les présidentielles de 2008
et 2012, lesdémocrates se déploient
sur le terrain. En Caroline duNord,
par exemple, ils ont recruté des
relais importants dans les commu-nautés
noires, des coiffeurs, des
gérants de petits magasins, pour
engager les Afro-Américains à
s’enregistrer et à aller voter. Bill
Clinton, très populaire parmi les
populationsnoires,s’estrendudans
desEtatscritiques.BarackObamaa
donné des interviews radio à des
émissions très écoutées des Noirs.
« J’ai besoin que tout lemonde aille
voterle4novembre »,a-t-ilexpliqué.
Mais il s’est fait lui-même très dis-cret,
de nombreux candidats sou-haitantenfaitéviterdesemontrerà
ses côtés, tant sa popularité s’est
dégradée au cours des derniers
mois.L’anciennestardelapolitique
américaine est presque devenueun
boulet. La démocrate Mary Lan-drieu,
en Louisiane, a par exemple
diffusé des spots télévisés dans les-quels
elle explique que le président
« a tort au sujet de la production de
gaz et de pétrole ». Ses électeurs
n’apprécient guère le discours du
président en faveur des énergies
non fossiles.
Un record
Cequipourraitmotiverlesélecteurs
noirs,c’estlenombrerecorddecan-didats
de couleur.Aumoins 83 can-didats
noirs tentent de remporter
un siège à la Chambre. Mia Love,
dans l’Utah, tente de devenir la pre-mière
représentante républicaine
noire. Quatrefemmesnoiresdémo-crates
se présentent pour la pre-mièrefoisàlaChambreetsiaucune
sortante noire n’échoue à se faire
réélire, cette assemblée compterait
vingt femmes noires, du jamais-vu.
Il y a environ 25 autres personnes
noires qui convoitent d’autres man-dats,
de sénateur ou de gouverneur,
c’est également un record.— K. M.
4MILLIARDS DE DOLLARS
Le budget consacré à la
campagne des « midterms »,
deux fois plus qu’il y a dix ans.
Prospéritéetpaix:
lesdeuxéchecsd’Obama
ANALYSE
Lucie Robequain
Le s é l e c t e u r s o n t une
fâcheuse tendance à brûler
leurs idoles. Adoré en 2008,
réélu en 2012, Barack Obama est
considéré aujourd’hui comme le
grand responsable de la défaite
électorale qui s’annonce pour les
démocrates au Congrès. Ceux-ci en
semblent aussi convaincus que les
républicains. Ils ont fait campagne
sans lui, voire parfois contre lui.Un
choix totalement inexplicable pour
la Maison-Blanche. « Le président
ne comprend pas que les candidats
démocrateslefuient.Ilapourtantun
message très fort à défendre sur
l’amélioration de l’économie », con-fiait
récemment un conseiller de la
Maison-Blanche.
Les sondages semblent plutôt
prouver le contraire. Ils sont
d’ailleurs cruels pour le président.
Lesdeuxsujetsquil’ontfaitélire–la
paix et la prospérité – sont ceux qui
lepénalisentleplusaujourd’hui.En
2008, les Américains le jugeaient
beaucoup plus apte que son adver-saire
John McCain à traiter les
grands dossiers économiques
(écart de 18 points). Les républi-cains
affichent un avantage de
10 points aujourd’hui. Un comble,
quand on se souvient qu’ils ont
paralysé le pays pendant deux
semaines l’an dernier, en refusant
de voter le budget ! Mais les Améri-cains
en veulent surtout au prési-dent,
pour toutes les promesses
qu’il n’a pas tenues : il avait juré
d’enrichir les classes moyennes, de
lutter contre le changement clima-tiqueetdematerles
« voyous »dela
finance. Il n’a finalement pu impo-ser
aucune des mesures promises
lors de sa réélection. Malgré une
croissance solide, les salaires res-tent
inférieurs à ceux d’avant-crise
(–8%pour la médiane). La Maison-
Blanche avait fait miroiter une aug-mentation
de 25 % du salaire mini-mum.
Cause perdue.
Il y a six ans, Barack Obama était
également le mieux perçu pour
commander la diplomatie améri-caine.
Il affichait un avantage de
9pointsparrapportàJohnMcCain.
Il traîne désormais 19 points der-rière
les républicains. Le président,
quiareçuleprixNobeldelapaixen
2009, a déçu son propre camp en
défendant les écoutes de la NSA et
en maintenant ouverte la prison de
Guantanamo. Il avait promis d’en
finir avec dix ans de guerre (Irak et
Afghanistan) et se retrouve empê-tré
aujourd’hui dans un conflit
larvé contre les djihadistes, qui
devrait durer plusieurs années
selon les experts. Les républicains
n’hésitent pas à évoquer les san-glantes
décapitations de l’été pour
dénoncer le manque de leadership
de Barack Obama et le climat
d’insécurité dans lequel il a plongé
lepays.Sonrefus d’attaquer laSyrie
l’an dernier a été interprétécomme
une lâcheté – y compris par la
France qui était prête à frapper.
A regarder le passé, l’impopu-larité
d’Obama n’est toutefois pas
surprenante : les élections de mi-mandat
n’ont jamais été favorables
auprésidentenplace,quelqu’ilsoit.
Elles le sont d’autant moins quand
celui-ci exerce un second mandat :
l’opposition ravit en moyenne
29 sièges à la majorité. C’est ce que
les Américains appellent la malé-diction
des six ans. Bill Clinton fait
figure d’exception : en pleine affaire
Lewinsky, il est paradoxalement le
seul à avoir vu son camp conquérir
des sièges au Congrès. Mais cela
n’a pas suffi à lui faire regagner la
Chambre des représentants. n
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10. 10//MONDE Mardi 4 novembre 2014 Les Echos
L’avertissementdeMerkelàCameron
l La chancelière allemande déclare que la liberté de circulation des personnes en Europe n’est « pas négociable ».
l Selon la presse allemande, elle est prête à accepter une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Réformes: Berlin plaide ànouveaupourunepression accrue sur les Etatsmembres
Italie : les baisses d’impôt aurontuneffet très limité
suivante à 12,4% (et 12,1% en 2016).
Seul signalpositif significatif : après
trois années consécutives de baisse,
la consommation des ménages
devrait augmenter de 0,3%en 2014
(et + 0,5 %en 2015), du fait du ralen-tissement
de la propension à l’épar-gne
des ménages.
Les nouvelles prévisions de l’Istat
interviennent au lendemain du « cri
d’alarme » lancé par l’industriel
Carlo De Benedetti (groupe
Espresso) sur la menace persistante
de déflation en Europe et en Italie.
Tout enregrettant queMatteoRenzi
n’aitpasprissurluidenepasrespec-ter
la règle «préhistorique » des 3%
de déficit, l’ex-patron d’Olivetti
estimequelesbaissesd’impôtsadop-tées
dans le budget 2015 ne suffiront
pas à faire sortir l’Italie de la « spirale
récession-déflation », a estimé Carlo
De Benedetti dans une lettre publiée
par le quotidien « Il Foglio » du
27 octobre. Les prévisions de l’Istat
semblentconfirmersonpronostic. n
gnesurlaprévisiond’unecroissance
de 1%du PIB pour 2016.
Le taux de chômage devrait
rester élevé
« Une quatrième année de récession
doit être évitée par tous les moyens,
carilseraitextrêmementproblémati-que
de ne pas sortir le pays d’un tel
environnementéconomique »,aécrit
leministredel’Economie,PierCarlo
Padoan,danssaréponsedu27octo-bre
au commissaire européen aux
Affaires économiques et monétai-res,
Jyrki Katainen, en vue de justi-fier
les mesures mixtes annoncées
danslebudget2015.Insuffisant,tou-tefois,
selon l’Istat, qui prévoit un
« impact net positif marginal » des
mesures budgétaires sur 2014, mais
un « effet cumulatif net nul » sur les
deux ans successifs. Selon les nou-vellesprévisionsde
l’institut, le taux
de chômage devrait rester élevé, à
12,5 %, en 2014, avant de commen-cer
à reculer « légèrement » l’année
du gouvernement Renzi, avec la
publicationdesesprévisionsécono-miques
sur deux ans. Selon l’Insee
italien,malgréunlégersignalpositif
sur le front de la consommation des
ménages, les mesures de relance et
les baisses d’impôts de 18 milliards
d’eurosannoncéesparMatteoRenzi
auront un « effet cumulatif net nul »
sur2015-2016,dufaitdelahaussede
laTVAprévue par la « clause de sau-vegarde
». En revanche, l’Istat s’ali-
Pierre de Gasquet
pdegasquet@lesechos.fr
—Correspondant à Rome
Après trois années de récession, il
n’yaurapasdereprisesignificativeà
court terme pour la troisième éco-nomie
de la zone euro.Tout en révi-santàlabaissesaprévisiondecrois-sance
à – 0,3 % pour 2014 (contre
+0,6%enmai), l’Istatadouchéhier
lesespoirsderelancedelademande
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EUROPE
Thibaut Madelin
tmadelin@lesechos.fr
—Correspondant à Berlin
Cette fois-ci, ça suffit. Angela Mer-kel
a signalé à David Cameron que
sa patience avait des limites, hier,
laissant son porte-parole déclarer
que la liberté de circulation dans
l’Union européenne (UE) n’était
« pas négociable ». Confronté, à
quelques mois des élections, à la
concurrence croissante du parti
europhobe Ukip, le Premier minis-tre
britannique veut limiter dans
son pays l’immigration en prove-nance
d’autres pays de l’Union.
Si David Cameron insiste, « c’est
un point de non-retour », indique-t-
on à Berlin, selon l’hebdomadaire
«DerSpiegel ».Autrementdit,dans
ce cas, la chancelière serait prête à
laisser la Grande-Bretagne quitter
l’Unioneuropéenne.Unrisqueréel.
Avantdetenirunréférendumsurle
maintien du Royaume-Uni au sein
del’Europe,lePremierministrebri-tannique
veut obtenir des conces-sions
de ses partenaires européens.
« Angela Merkel n’a pas ménagé ses
efforts jusqu’ici pour garder laGran-de-
Bretagne au sein de l’Union mais
son message est clair, estime Julian
Rappold, expert de l’Union euro-péenneàl’Institutallemanddepoli-tique
étrangère (DGAP) : Vous êtes
sur une ligne dangereuse, essayez de
changer de cours dans les temps.
Sinon ne comptez pas sur l’Allema-gne
pour vous soutenir. »
Le tourisme social :
un sujet en débat
De fait, la chancelière allemande a
tout fait pour que Londres ait une
place importante au sein de la nou-velle
Commission européenne en
échangedesonsoutienauprésident
Jean-Claude Juncker. Elle a égale-ment
signalé sa volonté de trouver
un arrangement au sujet des 2 mil-liards
d’euros que Londres est tenu
de rembourser au budget européen
à lasuitedenouveauxcalculs.
Mais pour Angela Merkel et son
gouvernement,lalibertédecircula-tion
est fondamentale. « La liberté
de circulation des personnes et des
marchandises est un principe fonda-teurdel’Unioneuropéenneetnepeut
pasêtrelimitée,déclaraitleministre
des FinancesWolfgang Schäuble
aux « Echos » en octobre. Ce ne
serait d’ailleurs pas conforme aux
traités européens… Il serait impensa-ble
d’ériger de nouveau des barrières
en Europe. » Cela ne veut pas dire
qu’il n’y a pas de sujet. En Allema-gne
aussi, le « tourisme social » fait
l’objet d’un débat politique. La CSU,
l’alliéebavaroisedelaCDUd’Angela
Merkel, a ainsi fait campagne sur le
slogan « Celui qui triche fout le
camp ». » Berlin attend ce mois-ci
avec intérêtunjugement de laCour
de justice européenne sur le sujet.
( Lire l’éditorial de
Jacques Hubert-Rodier
Page 11
Surtout, n’allez pas faire le lien avec
laFrance !Lesministèresallemands
des Finances et de l’Economie ont
insistépourdissipertouteconfusion
possible à la suite de la publication
hier d’une lettre adressée le 20 octo-bre
au commissaire européen sor-tant
chargé des Affaires économi-ques
et monétaires, Jyrki Katainen.
Dans celle-ci,Wolfgang Schäuble et
Sigmar Gabriel se plaignent du
manque de pression sur les Etats
membreset souhaitent une mise en
oeuvre plus efficace des recomman-dations
de la Commission.
Certes, le cas français illustre
« untoutpetitpeu »lesfaillesdusys-tème,
admet-on à Berlin : certaines
recommandations, notamment
sur lemarchédutravail, restent let-tre
morte et ne font pas l’objet d’un
débatnationalquiseraitnécessaire.
Mais la lettre publiée dans le maga-zine
« Der Spiegel » n’a aucun lien
avec la discussion en cours sur le
budgetdelaFrance,insiste-t-onàla
fois au ministère des Finances et à
celui de l’Economie.
En l’espèce, le courrier répond à
l’invitation, en juin, du Conseil des
ministres des Finances d’ouvrir un
débat sur le nouvel exercice du
semestre européen, censé intro-duire
plus de coordination en
matière de politique économique.
Le constat allemand est cinglant :
« L’évaluation initiale de la mise en
oeuvre des recommandationsspécifi-ques
par pays est inquiétante. Les
Etats membres mènent à peine un
débat politique sur les recommanda-tions.
Il n’y a pas assez d’appropria-tion
parmi les Etats membres et cer-tainesréformesurgentesnesonttout
simplement pas conduites. »
Discuter des défis prioritaires
Face à cela, lesministres proposent
que les recommandations se con-centrent
sur des défis prioritaires et
soient discutées dans les capitales,
avec les ministres en charge. Ils
observent que seuls les pays sous
programme, comme la Grèce ou
l’Irlande,ontdémontréleurvolonté
de se réformer. Il faut donc une
pression extérieure forte.
Si cette position de Wolfgang
Schäublede ne diffère pas de celle
défendue par Angela Merkel, elle
peut surprendre venant du vice-chancelier,
Sigmar Gabriel. Le pré-sident
du Parti social-démocrate
(SPD) est parfois perçu comme un
allié du gouvernement socialiste
français dans le débat européen.
Ses récentes positions, en faveur de
l’équilibre budgétaire allemand et
contre un vaste programme
d’investissement public signalent
cependant une ligne plus nuancée.
« Lapolitiqueeuropéennedugouver-nementfédéral
en faveur de la conso-lidation
budgétaire n’a pas changé
avec l’arrivée du SPD, même si
celui-cimetplusl’accentsurlesinves-tissements
», juge un expert alle-mand.—
T. M.
Wolfgang Schäuble et
Sigmar Gabriel ont envoyé
une lettre à Bruxelles
pour améliorer
le « semestre européen ».
ITALIE
L’Istat révise à la baisse
sa prévision de crois-sance
à – 0,3%pour 2014
et + 0,5%pour 2015.
L'institut estime que
les mesures de relance
auront peu d’impact.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, veut limiter dans son pays l’immigration
en provenance d’autres pays de l’Union. La chancelière allemande, Angela Merkel, a prévenu
que sa patience avait des limites. Photo Yves Herman/AFP
« Il serait
impensable d’ériger
de nouveau
des barrières
en Europe. »
WOLFGANG SCHÄUBLE
Ministre des Finances allemand
en bref
François Hollande
devant le Parlement
canadien
CANADA —LeprésidentFran-çois
Hollande a salué hier
devant le Parlement canadien
audeuxièmejourdesonvoyage
officiel, la manière dont « la
France et le Canada agissent
ensemblepourprendreleursres-ponsabilités
»faceauxdjihadis-tesenIrak.
Ildevaitaussiparler
environnement, après avoir
appelé le chef du gouverne-ment
canadien, Stephen Har-per,
à oeuvrer pour la réussite
de la conférence internationale
sur le climat de fin 2015 à Paris,
tout en signalant la disponibi-lité
des entreprises françaises
pour l’exploitation des hydro-carbures
dans le nord-ouest
canadien.
FMI: le chefdela
troïkaenGrècede
retouràWashington
CRISE DE L’EURO —
L’ancien chef de mission du
FMI en Grèce, le Danois Poul
Thomsen,aéténomméhieràla
tête du département Europe de
l’institution où il supervisera le
plan d’aide à l’Ukraine, a
annoncé le Fonds. Thomsen a
jouéun« rôleclefdansquelques-uns
des programmes les plus
compliqués » de l’institution en
Europe, a déclarédansuncom-muniqué
la directrice générale
du FMI, Christine Lagarde.