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Les formes
poétiques :
caractéristiques et
exemples
Présenté par :
AKOUDAD YOUSRA
BERRABEH OUAFAE
ELBRIBRI NAOUAL
TABTI Majda
BENCHANNOUF Sihame
ETTABTY zineb
DIB Ouafae
ELGUARROUJ Soukaina
AXE 1: Les formes fixes
De l’Antiquité à l’époque classique, la
poésie s’affirme par le respect d’un
certain nombre de règles comme la
métrique ou les rimes.
Ce sont ces règles qui définissent la
forme d’un poème et les types de
textes poétiques.
On distingue alors différentes formes
poétiques : les formes poétiques fixes
et les formes poétiques libres.
I. Définition des formes fixes
● La forme poétique fixe est
connue depuis l’Antiquité grecque.
Dès cette époque, de nombreuses règles
de composition avaient été fixées. Au
cours de l’histoire littéraire, la poésie a
évolué et les formes ont changé.
Toutefois, plusieurs éléments qui sont à
la base d'un poème à forme fixe ont
traversé les époques.
● Un poème à forme fixe est
un poème qui impose des règles
strictes en matière de nombre et
répétition de vers, de schéma de rimes
et de mètres. La structure de ces
formes est toujours identique.
II. signification et importance historique des
formes fixes de la poésie :
● Les formes fixes de la poésie, telles que la
ballade, le sonnet, le rondeau, entre autres,
ont une signification et une importance
historique significatives. Elles se
caractérisent par des contraintes spécifiques
telles que le nombre de vers, le schéma de
rimes et la structure. Leur importance réside
dans le fait qu'elles ont façonné la tradition
poétique à travers les siècles, offrant un
cadre formel pour l'expression artistique et
servant de véhicule pour transmettre des
émotions et des idées.
● Par exemple, la ballade, apparue au
Moyen Âge, a joué un rôle majeur dans la
poésie lyrique. De même, le sonnet, avec sa
structure de quatrains et de tercets, a été
largement utilisé par des poètes renommés
tels que Shakespeare. Ces formes ont
contribué à la richesse et à la diversité de
la poésie au fil du temps.
Les formes fixes ont évolué avec le
temps, et la poésie moderne tend à se
tourner vers des formes plus libres,
mettant l'accent sur le rythme et les
images. Cependant, la connaissance des
formes fixes demeure importante pour
comprendre l'évolution de la poésie et
pour analyser les œuvres poétiques
dans leur contexte historique et
artistique.
III. Diversité des forme fixes :
● Il existe différentes formes fixes en poésie, c’est-à-dire des formes dont la
structure est toujours identique :
La ballade :
Le mot « ballade » est dérivé du
provençal balada, qui désigne une
chanson à danser.
La ballade est une forme fixe
essentiellement pratiquée au Moyen
Âge.
Les caractéristiques de la
ballade :
● Composition en trois strophes suivies d'une
strophe moitié moins longue ;
● Demi-strophe finale appelée « envoi » et adressée
au prince ou au roi ;
● Retour d’un refrain identique à la fin de chaque
strophe ;
● Poème construit sur trois ou quatre rimes
uniquement ;
● Schémas de rimes identiques dans les trois
premières strophes ;
Exemple
Seulette suis, et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur malaisée,
Seulette suis, plus que nulle égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis, à huis ou à fenêtre,
Seulette suis, en un anglet muciée,
Seulette suis, pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien qui tant messiée,
Seulette suis, en ma chambre enserrée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette suis, partout et en tout être,
Seulette suis, que je marche ou je siée,
Seulette suis, plus qu'autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis, souvent toute éplorée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée,
Seulette suis, de tout deuil menacée,
Seulette suis, plus teinte que morée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Christine de Pisan « Seulette suis, et seulette veux être », Cent ballades, 1394-1399
1
Le sonnet :
● Le mot « sonnet » vient de l’italien sonneto, lui-même
issu du provençal sonet, diminutif du mot « son ».
● Cette forme fixe apparait au XVIe siècle et est
empruntée à la poésie italienne.
Les caractéristiques du sonnet :
● composition en quatre strophes : deux quatrains
et deux tercets ;
● Schémas de rimes : ABBA ABBA CCD EED (dans le
sonnet dit « italien ») ou EDE (dans le sonnet dit
« français »).
● Poème composé en général de décasyllabes ou
alexandrins.
Exemple
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, A
Assise auprès du feu, devisant et filant, B
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : B
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. A
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, A
Déjà sous le labeur à demi sommeillant, B
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, B
Bénissant votre nom de louange immortelle. A
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os, C
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; C
Vous serez au foyer une vieille accroupie, D
Regrettant mon amour et votre fier dédain. E
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ; E
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. D
Pierre de Ronsard, « Quand vous serez bien vieille », Sonnets pour
Hélène, 1578
L'ode :
● À l’ origine c’est un chant lyrique
● L’ode est une forme poétique lyrique pratiquée
dans l’Antiquité et reprise par les poètes de la
Pléiade au XVIe siècle. C’est un poème de
longueur variable, généralement élogieux et
célébrant un sujet noble ou divin.
Les caractéristiques de l’ode:
● poème de trois strophes de même longueur
● Registre lyrique
● Célébration d’une personne, un évènement,
un lieu
Exemple
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoir déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à ceste fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Pierre de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », Odes, 1550-1555
Le rondeau :
Un rondeau est un poème médiéval lyrique, composé de
trois strophes de 13 vers et dont le premier vers se répète à
la fin et qui reposent sur deux rimes, rythmé par un
refrain.
Les caractéristiques du rondeau :
● Composition de trois strophes : un quatrain (ou
parfois un quintil), un tercet (ou parfois un
quatrain) et un quintil ;
● Poème construit sur deux rimes uniquement ;
● Procédé du « rentrement » : répétition du premier
vers du poème à la fin des 2 et 3 strophes
Exemple
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête, ne oiseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie ;
Chacun s'habille de nouveau
Le temps a laissé son manteau.
Charles d'Orléans, « Le temps a laissé son manteau »,
Rondeaux, XVe siècle
Le pantoum
● Le pantoum est une forme poétique d'origine
malaisienne, adaptée par les poètes français et
occasionnellement imitée en anglais.
● Cette forme poétique a gagné en popularité parmi
les écrivains français et britanniques au XIXe
siècle, tels que Charles Baudelaire et Victor Hugo,
et a été adoptée par des écrivains américains
contemporains comme Anne Waldman et Donald
Some Trees.
Ses caractéristiques :
● Composition d'une série de quatrains, dont les
deuxième et quatrième vers de chaque quatrain
sont répétés comme premier et troisième vers du
quatrain suivant ;
● Rimes croisées ;
● Le dernier vers d'un pantoum est souvent le
même que le premier.
Exemple :
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Charles Baudelaire, « Harmonie du soir »
Le haïku:
● Un haïku est un poème traditionnel japonais qui
utilise le langage sensoriel pour capturer une
émotion ou une image.
● Cette forme de poésie a été développée par les
poètes japonais. Ils s’inspirent souvent de la
nature, d’un moment de beauté ou d’une expérience
poignante.
Caractéristiques du haïku :
● Composition de trois vers et de dix-sept syllabes,
selon un schéma de 5/7/5
● l'utilisation d'images provocantes et colorées
● la capacité à être lu en une seule respiration,
● Il met souvent l'accent sur des images de la
nature, et privilégie la simplicité, l'intensité et la
directeté de l'expression.
Exemple :
L’un des plus célèbres haïkus
japonais, écrit par le premier des
trois maîtres classiques, Bashō :
Un vieil étang (5 syllabes)
Une grenouille saute dans
(7 syllabes)
le son de l’eau (5
syllabes)
Conclusion de l’axe
Ces formes imposent des contraintes fortes sur la forme, comme le
respect de certaines longueurs de vers, de schémas de rimes et d'un
nombre précis de strophes et de vers par strophe.
À partir du XIXe siècle, les formes fixes sont employées de manière
très libre par les poètes, et un grand nombre de formes poétiques
sont devenues libres, n'ayant pas de structure définie.
AXE 2: La poésie en vers libre
Dans ce chapitre, nous allons découvrir la poésie en vers libre. Nous
commencerons par définir ce qu'est un poème en vers libre, puis
nous explorerons les caractéristiques du poème dans ce style.
Enfin, nous verrons quels sont les outils linguistiques nécessaires
pour écrire un poème en vers libres.
Définition du poème en vers libre
Un poème en vers libre est un type de poésie qui permet au poète une liberté totale dans
la forme et la structure. Contrairement aux poèmes traditionnels qui suivent des
schémas de rimes et de métrique réguliers, le poème en vers libre ne se conforme à
aucune règle spécifique de rythme ou de disposition. Cette absence de contraintes
formelles permet au poète d'explorer une variété de styles et de techniques, et
d'exprimer ses émotions et ses idées de manière plus libre et innovante.
Exemple :
Rimbaud (1854-1891), Illuminations, « Marine »
● Les chars d’argent et de cuivre —
● Les proues d’acier et d’argent —
● Battent l’écume, —
● Soulèvent les souches des ronces.
● Les courants de la lande,
● Et les ornières immenses du reflux
● Filent circulairement vers l’est,
● Vers les piliers de la forêt, —
● Vers les fûts de la jetée,
● Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.
Les figures emblématiques de la poésie en vers libre :
Les figures emblématiques de la poésie en vers libre sont souvent des poètes qui ont
contribué de manière significative au développement et à la popularisation de ce style
de poésie. Voici quelques-unes des figures les plus emblématiques :
● 1. *Guillaume Apollinaire :* Pionnier du vers libre en français, notamment dans son recueil "Alcools"
(1913).
● 2. *Paul Éluard :* Poète surréaliste français ayant exploré le vers libre dans "Capitale de la douleur"
(1926).
● 3. *Arthur Rimbaud :* Bien qu'il ait écrit dans des formes traditionnelles, son poème "Voyelles" est
considéré comme un exemple précoce de vers libre en français.
● 4. *Blaise Cendrars :* Écrivain et poète suisse-français associé au dadaïsme et au vers libre,
notamment dans "Du monde entier" (1919).
Caractéristiques du poème simple en vers libres :
● Aucune règle est définie
● Nécessité de l'originalité et de la musicalité
● Ils restent identifiables en tant que vers par l'emploi de la majuscule en début de ligne, et par le fait d'aller à
la ligne.
● La longueur des vers n’est plus fixe,
● Les rimes peuvent être présentes ou non,
● Il peut être composé de strophes ou non
Un vers libre est un vers qui n'obéit pas à une structure régulière : ni mètre, ni rimes, ni strophes. De son côté, le
vers traditionnel observe un nombre fixe de syllabes par vers et de vers par strophe.
Cependant, le vers libre conserve certaines caractéristiques du vers traditionnel :
 la présence d’alinéas d’une longueur inférieure à la phrase ;
 la présence de majuscules en début de ligne, mais pas toujours ;
 une mise en page laissant respirer les blancs ;
 des séquences de vers de dimensions variables séparées par un saut de ligne ;
 des longueurs métriques variables mais repérables ;
 des effets d’enjambement ;
 des échos sonores ;
 etc.
Les outils de langue nécessaires à la
rédaction d’un poème en vers libres :
Le lexique :
Dans les poèmes en vers libres, le lexique utilisé est très diversifié. Les poètes se tournent souvent vers
un lexique riche et évocateur comprenant :
● ✓ Des mots concrets et précis pour dépeindre des images vives.
● ✓ Des termes abstraits pour exprimer des émotions et des idées de manière suggestive.
● ✓ Des métaphores, des comparaisons et des personnifications pour donner une dimension
symbolique et poétique au langage.
● ✓ Des néologismes ou des termes détournés de leur usage conventionnel pour créer des effets
linguistiques particuliers.
● ✓ Des mots courants associés à des mots plus exotiques dans le but de créer des contrastes et des
nuances.
L'utilisation de ce lexique varié vise à enrichir la palette expressive et à susciter une large gamme
d'émotions et d'interprétations chez les lecteurs.
Les outils grammaticaux :
Dans les poèmes en vers libres, les poètes utilisent une variété d'outils grammaticaux
pour créer des effets esthétiques, rythmiques et expressifs. Ces outils comprennent :
● ✓ **La syntaxe :** La structure des phrases est modifiée pour créer des rythmes uniques, des ruptures inattendues ou des
effets de surprise.
● ✓ **La ponctuation :** Les poètes utilisent la ponctuation de manière non conventionnelle pour indiquer des pauses,
rythmer le poème et créer des effets expressifs.
● ✓ **La rupture des règles grammaticales conventionnelles :** Les poètes en vers libres peuvent dévier des normes
grammaticales pour créer des effets spécifiques, tels que des libertés dans l'ordre des mots, l'utilisation de phrases
fragmentées ou l'omission de la ponctuation.
● ✓ **La structure grammaticale :** Des figures comme l'anaphore (répétition d'un mot ou d'une expression au début de
plusieurs vers), la parataxe (alignement de propositions sans coordination) et l'hypotaxe (subordination des propositions)
sont utilisées pour créer des effets de style et de rythme uniques dans les poèmes en vers libres.
Ces outils grammaticaux offrent aux poètes une liberté
créative pour explorer et exprimer une gamme variée
d'émotions, idées et expériences à travers leur écriture
poétique.
AXE 3: La poésie en prose
Définition de la poésie en prose :
Un poème en prose est un écrit rédigé dans un style poétique mais ne respectant pas les
règles classiques de versification et se présente sous la forme de simples paragraphes.
Il n’y a pas de rimes sinon des jeux de sonorités, de rythmes et de figures de style
contrairement à la poésie traditionnelle, qui utilise des vers et des schémas métrique.
Les auteurs de la poésie en prose :
● Parmi les précurseurs de la poésie en prose, on reconnait :
 Charles Baudelaire- connu pour son recueil « Les fleurs du mal », Baudelaire a été un pionnier de la poésie en
prose et a influencé de nombreux écrivains ultérieurs avec son style lyrique et symbolique.
 Arthur Rimbaud- son recueil « Illuminations » est l’un des exemples les plus célèbres de la poésie en prose.
Rimbaud a révolutionné la poésie française avec son écriture visionnaire et expérimentale.
 Stéphane Mallarmé- Mallarmé est réputé pour ses poèmes en prose, notamment « Un coup de dés jamais
n’abolira le hasard », qui a été un jalon dans le développement de la poésie moderne.
 André Breton- En tant que chef de file du mouvement surréaliste, Breton a écrit des poèmes en prose explorant
les rêves, l’inconscient et l’absurde, tels que «Les champs Magnétiques ».
 MAX JACOBS- Un autre poète influent du mouvement surréaliste, Jacob a également expérimenté avec la
poésie en prose, comme dans son recueil « Le cornet à Dés».
L’historique de la poésie en prose:
● Depuis le début du 20e siècle jusqu’à nos jours, le genre est prisé par les poètes en
quête de liberté, en recherche d’espaces de créativité nouveaux.
1. Historique
● • Dès le 18e siècle, on note que la prose peut être poétique, par exemple dans Les rêveries d’un promeneur
solitaire de Rousseau:
« Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation, je passais mon après-midi à parcourir l’île en
herborisant à droite et à gauche, m’asseyant tantôt dans les réduits les plus riants et les plus solitaires pour y
rêver à mon aise, tantôt sur les terrasses et les tertres, pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d’œil
du lac et de ses rivages couronnés d’un côté par des montagnes prochaines et de l’autre élargis en riches et
fertiles plaines, dans lesquelles la vue s’étendait jusqu’aux montagnes bleuâtres plus éloignées qui la
bornaient.»
Extrait de la cinquièmepromenade des Rêveriesd'un promeneursolitaire de J.-J. Rousseau
• Au 19e siècle, ce sont les écrivains romantiques Maurice Guérin dans le Centaure (1840) et Aloysius Bertrand dans Gaspard de la nuit
(1842) qui sont les initiateurs de ce genre.
Ils sont à la recherche d’une forme poétique nouvelle qui permette d’échapper à la tyrannie du vers. C’est Baudelaire, dans son recueil Les
Petits poèmes en prose (1869), sous-titré Le Spleen de Paris, qui le porte à la connaissance d’un plus grand public.
Il sera suivi dans sa démarche de quête de modernité et de naturel par Lautréamont, dans ses Chants de Maldoror (1869) et par Rimbaud
dans Illuminations (1870).
« Partout s’étalait, se répandait, s’ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps,
comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais
temps de l’année.
En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douleur et le travail ; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de
congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances
malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles. »
Extrait du poème « Le Vieux Saltimbanque »
tiré durecueil Petits Poèmes en prose de Baudelaire
Au 20 ème siècle : Elle accueille l’écriture automatique de Breton dans Poisson soluble, la description minutieuse
d’objets du quotidien de Ponge dans ses Proêmes ou dans Le Parti pris des choses, elle montre le lien étroit de la poésie
avec le monde moderne.
« Comme après tout si je consens à l’existence c’est à condition de l’accepter pleinement, en tant qu’elle remet tout en
question ; quels d’ailleurs et si faibles que soient mes moyens comme ils sont évidemment plutôt d’ordre littéraire et
rhétorique ; je ne vois pas pourquoi je ne commencerais pas, arbitrairement, par montrer qu’à propos des choses les
plus simples il est possible de faire des discours infinis entièrement composés de déclarations inédites, enfin qu’à
propos de n’importe quoi non seulement tout n’est pas dit, mais à peu près tout reste à dire. »
Extraitde Introduction au galet dansle recueil Proêmes de FrancisPonge
Les poètes contemporains, pour qui un poème est moins un texte qu’un objet, moins un ensemble voulu et construit
que son résultat, ne se privent pas de ce genre qui autorise toute liberté d’expérimentation, ils brouillent encore
plus les genres, jouant sur les limites entre vers et prose, entre poésie et roman... Les prosenpoèmes de Jude Stefan,
les carnets d’André Blanchard,Petites nuits (2004) en sont des exemples.
« Un tas de tôle, c’est ce qu’était devenue ma 2 CV. Changeant de siècle, et par là même mon fusil d’épaule, je me
résolus à rompre avec mes vieilles lunes – la retaper un jour –, et l’expédiai à la casse. Ce ne serait pas faux, m’étais-
je avisé, d’y suspecter du symbolique : que la rejoignent ces années soixante-dix, quatre-vingt, tas de rouille elles
aussi, durant lesquelles je fus à son volant celui qui prie – pour que rien ne lâche : ni un pneu, avec ce cric qui
s’enfonçait dans le châssis au lieu de le soulever, ni le vroum-vroum, avec cette huile qui se cavalait incognito, ni la
capote, rapiécée au sparadrap. » Extrait de En Guimbarde des Carnets d'André Blanchard
Caractéristiques du poème en prose:
Combinant deux genres spécifiques - prose et poésie - le poème en prose emprunte des
caractéristiques à l’un et à l’autre et les fait coexister.
La prose
Le poème en prose n’est ni versifié ni rimé. Sa pré-
sentation graphique est celle d’un texte en prose de
longueur variable, en un ou plusieurs paragraphes. «
L’huître » ou « Le mimosa » de Ponge sont des textes
brefs. D’autres sont plus longs. On reconnaît cependant
le poème en prose à ce qu’il constitue une unité de sens
ou de thème. Cette unité est soulignée par la présence
d’un titre qui suggère un contenu ou une orientation
d’écriture (récit, description, évocation), interpellation
même, comme dans le texte de R. Char « Tu as bien fait
de partir, Arthur Rimbaud »
La poésie
Elle joue un rôle important même si elle n’est pas
immédiatement visible. On la trouve essentiellement
dans la structure et dans le rythme.
Les effets de structure d’ensemble
Le poème en prose est parfois divisé en paragraphes. Chez A. Bertrand dans « Ondine », ces paragraphes sont
séparés par des blancs et par un signe récurrent, une étoile. La structure, rendue visible par des paragraphes, est
également soulignée par des reprises de termes (répétitions, anaphores) ou par des articulations logiques ou
chronologiques. « Aube » retrace une évolution à la fois spatiale (changements de lieux) et temporelle (change-
ments de temps) perceptible dans chaque paragraphe.
Dans « Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud » de René Char, la première expression figure de manière
anaphorique au début du 3e paragraphe, comme un refrain. Le poème en prose est construit de manière aussi
rigoureuse que le serait un poème rimé et versifié..
Les effets de rythme
Ils sont indissociables des effets de structure puisqu’ils sont liés à la construction des phrases. Lorsqu’elles sont
brèves, elles sont parfois martelées comme des vers : Pourtant on peut l’ouvrir, c’est un travail grossier constituent
des vers de 6 pieds (« L’huître »). « Aube » commence (J’ai embrassé l’aube d’été) et finit (Au réveil il était midi) par
un octosyllabe. Ces phénomènes sont assez rares mais on trouve souvent des phrases longues et construites sur les
rythmes ternaires ou sur des effets de reprise. Dans « Ondine », on observe une construction dans laquelle chaque
élément cité prend appui sur l’élément précédent : Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque cou-
rant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais.... Dans « Le mimosa » de Francis Ponge, la première
phrase conduit de la présentation, Le voici..., au terme le mimosa, qui est le dernier du paragraphe. La ponctuation,
les répétitions et l’organisation syntaxique concourent à la création d’un rythme original qui donne au poème en
prose une musicalité et une harmonie particulières.
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  • 1. Les formes poétiques : caractéristiques et exemples Présenté par : AKOUDAD YOUSRA BERRABEH OUAFAE ELBRIBRI NAOUAL TABTI Majda BENCHANNOUF Sihame ETTABTY zineb DIB Ouafae ELGUARROUJ Soukaina
  • 2. AXE 1: Les formes fixes
  • 3. De l’Antiquité à l’époque classique, la poésie s’affirme par le respect d’un certain nombre de règles comme la métrique ou les rimes. Ce sont ces règles qui définissent la forme d’un poème et les types de textes poétiques. On distingue alors différentes formes poétiques : les formes poétiques fixes et les formes poétiques libres.
  • 4. I. Définition des formes fixes ● La forme poétique fixe est connue depuis l’Antiquité grecque. Dès cette époque, de nombreuses règles de composition avaient été fixées. Au cours de l’histoire littéraire, la poésie a évolué et les formes ont changé. Toutefois, plusieurs éléments qui sont à la base d'un poème à forme fixe ont traversé les époques. ● Un poème à forme fixe est un poème qui impose des règles strictes en matière de nombre et répétition de vers, de schéma de rimes et de mètres. La structure de ces formes est toujours identique.
  • 5. II. signification et importance historique des formes fixes de la poésie : ● Les formes fixes de la poésie, telles que la ballade, le sonnet, le rondeau, entre autres, ont une signification et une importance historique significatives. Elles se caractérisent par des contraintes spécifiques telles que le nombre de vers, le schéma de rimes et la structure. Leur importance réside dans le fait qu'elles ont façonné la tradition poétique à travers les siècles, offrant un cadre formel pour l'expression artistique et servant de véhicule pour transmettre des émotions et des idées. ● Par exemple, la ballade, apparue au Moyen Âge, a joué un rôle majeur dans la poésie lyrique. De même, le sonnet, avec sa structure de quatrains et de tercets, a été largement utilisé par des poètes renommés tels que Shakespeare. Ces formes ont contribué à la richesse et à la diversité de la poésie au fil du temps.
  • 6. Les formes fixes ont évolué avec le temps, et la poésie moderne tend à se tourner vers des formes plus libres, mettant l'accent sur le rythme et les images. Cependant, la connaissance des formes fixes demeure importante pour comprendre l'évolution de la poésie et pour analyser les œuvres poétiques dans leur contexte historique et artistique.
  • 7. III. Diversité des forme fixes : ● Il existe différentes formes fixes en poésie, c’est-à-dire des formes dont la structure est toujours identique :
  • 8. La ballade : Le mot « ballade » est dérivé du provençal balada, qui désigne une chanson à danser. La ballade est une forme fixe essentiellement pratiquée au Moyen Âge. Les caractéristiques de la ballade : ● Composition en trois strophes suivies d'une strophe moitié moins longue ; ● Demi-strophe finale appelée « envoi » et adressée au prince ou au roi ; ● Retour d’un refrain identique à la fin de chaque strophe ; ● Poème construit sur trois ou quatre rimes uniquement ; ● Schémas de rimes identiques dans les trois premières strophes ;
  • 9. Exemple Seulette suis, et seulette veux être, Seulette m'a mon doux ami laissée, Seulette suis, sans compagnon ni maître Seulette suis, dolente et courroucée, Seulette suis, en langueur malaisée, Seulette suis, plus que nulle égarée, Seulette suis, sans ami demeurée. Seulette suis, à huis ou à fenêtre, Seulette suis, en un anglet muciée, Seulette suis, pour moi de pleurs repaître, Seulette suis, dolente ou apaisée, Seulette suis, rien qui tant messiée, Seulette suis, en ma chambre enserrée, Seulette suis, sans ami demeurée. Seulette suis, partout et en tout être, Seulette suis, que je marche ou je siée, Seulette suis, plus qu'autre rien terrestre, Seulette suis, de chacun délaissée, Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis, souvent toute éplorée, Seulette suis, sans ami demeurée. Princes, or est ma douleur commencée, Seulette suis, de tout deuil menacée, Seulette suis, plus teinte que morée, Seulette suis, sans ami demeurée. Christine de Pisan « Seulette suis, et seulette veux être », Cent ballades, 1394-1399 1
  • 10. Le sonnet : ● Le mot « sonnet » vient de l’italien sonneto, lui-même issu du provençal sonet, diminutif du mot « son ». ● Cette forme fixe apparait au XVIe siècle et est empruntée à la poésie italienne. Les caractéristiques du sonnet : ● composition en quatre strophes : deux quatrains et deux tercets ; ● Schémas de rimes : ABBA ABBA CCD EED (dans le sonnet dit « italien ») ou EDE (dans le sonnet dit « français »). ● Poème composé en général de décasyllabes ou alexandrins.
  • 11. Exemple Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, A Assise auprès du feu, devisant et filant, B Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : B Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. A Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, A Déjà sous le labeur à demi sommeillant, B Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, B Bénissant votre nom de louange immortelle. A Je serai sous la terre, et, fantôme sans os, C Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; C Vous serez au foyer une vieille accroupie, D Regrettant mon amour et votre fier dédain. E Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ; E Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. D Pierre de Ronsard, « Quand vous serez bien vieille », Sonnets pour Hélène, 1578
  • 12. L'ode : ● À l’ origine c’est un chant lyrique ● L’ode est une forme poétique lyrique pratiquée dans l’Antiquité et reprise par les poètes de la Pléiade au XVIe siècle. C’est un poème de longueur variable, généralement élogieux et célébrant un sujet noble ou divin. Les caractéristiques de l’ode: ● poème de trois strophes de même longueur ● Registre lyrique ● Célébration d’une personne, un évènement, un lieu
  • 13. Exemple Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoir déclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ! ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté. Pierre de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », Odes, 1550-1555
  • 14. Le rondeau : Un rondeau est un poème médiéval lyrique, composé de trois strophes de 13 vers et dont le premier vers se répète à la fin et qui reposent sur deux rimes, rythmé par un refrain. Les caractéristiques du rondeau : ● Composition de trois strophes : un quatrain (ou parfois un quintil), un tercet (ou parfois un quatrain) et un quintil ; ● Poème construit sur deux rimes uniquement ; ● Procédé du « rentrement » : répétition du premier vers du poème à la fin des 2 et 3 strophes
  • 15. Exemple Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. Il n'y a bête, ne oiseau, Qu'en son jargon ne chante ou crie Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie. Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolie, Gouttes d'argent, d'orfèvrerie ; Chacun s'habille de nouveau Le temps a laissé son manteau. Charles d'Orléans, « Le temps a laissé son manteau », Rondeaux, XVe siècle
  • 16. Le pantoum ● Le pantoum est une forme poétique d'origine malaisienne, adaptée par les poètes français et occasionnellement imitée en anglais. ● Cette forme poétique a gagné en popularité parmi les écrivains français et britanniques au XIXe siècle, tels que Charles Baudelaire et Victor Hugo, et a été adoptée par des écrivains américains contemporains comme Anne Waldman et Donald Some Trees. Ses caractéristiques : ● Composition d'une série de quatrains, dont les deuxième et quatrième vers de chaque quatrain sont répétés comme premier et troisième vers du quatrain suivant ; ● Rimes croisées ; ● Le dernier vers d'un pantoum est souvent le même que le premier.
  • 17. Exemple : Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir; Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir; Valse mélancolique et langoureux vertige! Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir; Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige; Valse mélancolique et langoureux vertige! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige, Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige. Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige! Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige… Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir! Charles Baudelaire, « Harmonie du soir »
  • 18. Le haïku: ● Un haïku est un poème traditionnel japonais qui utilise le langage sensoriel pour capturer une émotion ou une image. ● Cette forme de poésie a été développée par les poètes japonais. Ils s’inspirent souvent de la nature, d’un moment de beauté ou d’une expérience poignante. Caractéristiques du haïku : ● Composition de trois vers et de dix-sept syllabes, selon un schéma de 5/7/5 ● l'utilisation d'images provocantes et colorées ● la capacité à être lu en une seule respiration, ● Il met souvent l'accent sur des images de la nature, et privilégie la simplicité, l'intensité et la directeté de l'expression.
  • 19. Exemple : L’un des plus célèbres haïkus japonais, écrit par le premier des trois maîtres classiques, Bashō : Un vieil étang (5 syllabes) Une grenouille saute dans (7 syllabes) le son de l’eau (5 syllabes)
  • 20. Conclusion de l’axe Ces formes imposent des contraintes fortes sur la forme, comme le respect de certaines longueurs de vers, de schémas de rimes et d'un nombre précis de strophes et de vers par strophe. À partir du XIXe siècle, les formes fixes sont employées de manière très libre par les poètes, et un grand nombre de formes poétiques sont devenues libres, n'ayant pas de structure définie.
  • 21. AXE 2: La poésie en vers libre
  • 22. Dans ce chapitre, nous allons découvrir la poésie en vers libre. Nous commencerons par définir ce qu'est un poème en vers libre, puis nous explorerons les caractéristiques du poème dans ce style. Enfin, nous verrons quels sont les outils linguistiques nécessaires pour écrire un poème en vers libres.
  • 23. Définition du poème en vers libre Un poème en vers libre est un type de poésie qui permet au poète une liberté totale dans la forme et la structure. Contrairement aux poèmes traditionnels qui suivent des schémas de rimes et de métrique réguliers, le poème en vers libre ne se conforme à aucune règle spécifique de rythme ou de disposition. Cette absence de contraintes formelles permet au poète d'explorer une variété de styles et de techniques, et d'exprimer ses émotions et ses idées de manière plus libre et innovante.
  • 24. Exemple : Rimbaud (1854-1891), Illuminations, « Marine » ● Les chars d’argent et de cuivre — ● Les proues d’acier et d’argent — ● Battent l’écume, — ● Soulèvent les souches des ronces. ● Les courants de la lande, ● Et les ornières immenses du reflux ● Filent circulairement vers l’est, ● Vers les piliers de la forêt, — ● Vers les fûts de la jetée, ● Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.
  • 25. Les figures emblématiques de la poésie en vers libre : Les figures emblématiques de la poésie en vers libre sont souvent des poètes qui ont contribué de manière significative au développement et à la popularisation de ce style de poésie. Voici quelques-unes des figures les plus emblématiques : ● 1. *Guillaume Apollinaire :* Pionnier du vers libre en français, notamment dans son recueil "Alcools" (1913). ● 2. *Paul Éluard :* Poète surréaliste français ayant exploré le vers libre dans "Capitale de la douleur" (1926). ● 3. *Arthur Rimbaud :* Bien qu'il ait écrit dans des formes traditionnelles, son poème "Voyelles" est considéré comme un exemple précoce de vers libre en français. ● 4. *Blaise Cendrars :* Écrivain et poète suisse-français associé au dadaïsme et au vers libre, notamment dans "Du monde entier" (1919).
  • 26. Caractéristiques du poème simple en vers libres : ● Aucune règle est définie ● Nécessité de l'originalité et de la musicalité ● Ils restent identifiables en tant que vers par l'emploi de la majuscule en début de ligne, et par le fait d'aller à la ligne. ● La longueur des vers n’est plus fixe, ● Les rimes peuvent être présentes ou non, ● Il peut être composé de strophes ou non Un vers libre est un vers qui n'obéit pas à une structure régulière : ni mètre, ni rimes, ni strophes. De son côté, le vers traditionnel observe un nombre fixe de syllabes par vers et de vers par strophe.
  • 27. Cependant, le vers libre conserve certaines caractéristiques du vers traditionnel :  la présence d’alinéas d’une longueur inférieure à la phrase ;  la présence de majuscules en début de ligne, mais pas toujours ;  une mise en page laissant respirer les blancs ;  des séquences de vers de dimensions variables séparées par un saut de ligne ;  des longueurs métriques variables mais repérables ;  des effets d’enjambement ;  des échos sonores ;  etc.
  • 28. Les outils de langue nécessaires à la rédaction d’un poème en vers libres :
  • 29. Le lexique : Dans les poèmes en vers libres, le lexique utilisé est très diversifié. Les poètes se tournent souvent vers un lexique riche et évocateur comprenant : ● ✓ Des mots concrets et précis pour dépeindre des images vives. ● ✓ Des termes abstraits pour exprimer des émotions et des idées de manière suggestive. ● ✓ Des métaphores, des comparaisons et des personnifications pour donner une dimension symbolique et poétique au langage. ● ✓ Des néologismes ou des termes détournés de leur usage conventionnel pour créer des effets linguistiques particuliers. ● ✓ Des mots courants associés à des mots plus exotiques dans le but de créer des contrastes et des nuances. L'utilisation de ce lexique varié vise à enrichir la palette expressive et à susciter une large gamme d'émotions et d'interprétations chez les lecteurs.
  • 30. Les outils grammaticaux : Dans les poèmes en vers libres, les poètes utilisent une variété d'outils grammaticaux pour créer des effets esthétiques, rythmiques et expressifs. Ces outils comprennent : ● ✓ **La syntaxe :** La structure des phrases est modifiée pour créer des rythmes uniques, des ruptures inattendues ou des effets de surprise. ● ✓ **La ponctuation :** Les poètes utilisent la ponctuation de manière non conventionnelle pour indiquer des pauses, rythmer le poème et créer des effets expressifs. ● ✓ **La rupture des règles grammaticales conventionnelles :** Les poètes en vers libres peuvent dévier des normes grammaticales pour créer des effets spécifiques, tels que des libertés dans l'ordre des mots, l'utilisation de phrases fragmentées ou l'omission de la ponctuation. ● ✓ **La structure grammaticale :** Des figures comme l'anaphore (répétition d'un mot ou d'une expression au début de plusieurs vers), la parataxe (alignement de propositions sans coordination) et l'hypotaxe (subordination des propositions) sont utilisées pour créer des effets de style et de rythme uniques dans les poèmes en vers libres.
  • 31. Ces outils grammaticaux offrent aux poètes une liberté créative pour explorer et exprimer une gamme variée d'émotions, idées et expériences à travers leur écriture poétique.
  • 32. AXE 3: La poésie en prose
  • 33. Définition de la poésie en prose : Un poème en prose est un écrit rédigé dans un style poétique mais ne respectant pas les règles classiques de versification et se présente sous la forme de simples paragraphes. Il n’y a pas de rimes sinon des jeux de sonorités, de rythmes et de figures de style contrairement à la poésie traditionnelle, qui utilise des vers et des schémas métrique.
  • 34. Les auteurs de la poésie en prose : ● Parmi les précurseurs de la poésie en prose, on reconnait :  Charles Baudelaire- connu pour son recueil « Les fleurs du mal », Baudelaire a été un pionnier de la poésie en prose et a influencé de nombreux écrivains ultérieurs avec son style lyrique et symbolique.  Arthur Rimbaud- son recueil « Illuminations » est l’un des exemples les plus célèbres de la poésie en prose. Rimbaud a révolutionné la poésie française avec son écriture visionnaire et expérimentale.  Stéphane Mallarmé- Mallarmé est réputé pour ses poèmes en prose, notamment « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard », qui a été un jalon dans le développement de la poésie moderne.  André Breton- En tant que chef de file du mouvement surréaliste, Breton a écrit des poèmes en prose explorant les rêves, l’inconscient et l’absurde, tels que «Les champs Magnétiques ».  MAX JACOBS- Un autre poète influent du mouvement surréaliste, Jacob a également expérimenté avec la poésie en prose, comme dans son recueil « Le cornet à Dés».
  • 35. L’historique de la poésie en prose: ● Depuis le début du 20e siècle jusqu’à nos jours, le genre est prisé par les poètes en quête de liberté, en recherche d’espaces de créativité nouveaux.
  • 36. 1. Historique ● • Dès le 18e siècle, on note que la prose peut être poétique, par exemple dans Les rêveries d’un promeneur solitaire de Rousseau: « Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation, je passais mon après-midi à parcourir l’île en herborisant à droite et à gauche, m’asseyant tantôt dans les réduits les plus riants et les plus solitaires pour y rêver à mon aise, tantôt sur les terrasses et les tertres, pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d’œil du lac et de ses rivages couronnés d’un côté par des montagnes prochaines et de l’autre élargis en riches et fertiles plaines, dans lesquelles la vue s’étendait jusqu’aux montagnes bleuâtres plus éloignées qui la bornaient.» Extrait de la cinquièmepromenade des Rêveriesd'un promeneursolitaire de J.-J. Rousseau
  • 37. • Au 19e siècle, ce sont les écrivains romantiques Maurice Guérin dans le Centaure (1840) et Aloysius Bertrand dans Gaspard de la nuit (1842) qui sont les initiateurs de ce genre. Ils sont à la recherche d’une forme poétique nouvelle qui permette d’échapper à la tyrannie du vers. C’est Baudelaire, dans son recueil Les Petits poèmes en prose (1869), sous-titré Le Spleen de Paris, qui le porte à la connaissance d’un plus grand public. Il sera suivi dans sa démarche de quête de modernité et de naturel par Lautréamont, dans ses Chants de Maldoror (1869) et par Rimbaud dans Illuminations (1870). « Partout s’étalait, se répandait, s’ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année. En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douleur et le travail ; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles. » Extrait du poème « Le Vieux Saltimbanque » tiré durecueil Petits Poèmes en prose de Baudelaire
  • 38. Au 20 ème siècle : Elle accueille l’écriture automatique de Breton dans Poisson soluble, la description minutieuse d’objets du quotidien de Ponge dans ses Proêmes ou dans Le Parti pris des choses, elle montre le lien étroit de la poésie avec le monde moderne. « Comme après tout si je consens à l’existence c’est à condition de l’accepter pleinement, en tant qu’elle remet tout en question ; quels d’ailleurs et si faibles que soient mes moyens comme ils sont évidemment plutôt d’ordre littéraire et rhétorique ; je ne vois pas pourquoi je ne commencerais pas, arbitrairement, par montrer qu’à propos des choses les plus simples il est possible de faire des discours infinis entièrement composés de déclarations inédites, enfin qu’à propos de n’importe quoi non seulement tout n’est pas dit, mais à peu près tout reste à dire. » Extraitde Introduction au galet dansle recueil Proêmes de FrancisPonge
  • 39. Les poètes contemporains, pour qui un poème est moins un texte qu’un objet, moins un ensemble voulu et construit que son résultat, ne se privent pas de ce genre qui autorise toute liberté d’expérimentation, ils brouillent encore plus les genres, jouant sur les limites entre vers et prose, entre poésie et roman... Les prosenpoèmes de Jude Stefan, les carnets d’André Blanchard,Petites nuits (2004) en sont des exemples. « Un tas de tôle, c’est ce qu’était devenue ma 2 CV. Changeant de siècle, et par là même mon fusil d’épaule, je me résolus à rompre avec mes vieilles lunes – la retaper un jour –, et l’expédiai à la casse. Ce ne serait pas faux, m’étais- je avisé, d’y suspecter du symbolique : que la rejoignent ces années soixante-dix, quatre-vingt, tas de rouille elles aussi, durant lesquelles je fus à son volant celui qui prie – pour que rien ne lâche : ni un pneu, avec ce cric qui s’enfonçait dans le châssis au lieu de le soulever, ni le vroum-vroum, avec cette huile qui se cavalait incognito, ni la capote, rapiécée au sparadrap. » Extrait de En Guimbarde des Carnets d'André Blanchard
  • 40. Caractéristiques du poème en prose: Combinant deux genres spécifiques - prose et poésie - le poème en prose emprunte des caractéristiques à l’un et à l’autre et les fait coexister.
  • 41. La prose Le poème en prose n’est ni versifié ni rimé. Sa pré- sentation graphique est celle d’un texte en prose de longueur variable, en un ou plusieurs paragraphes. « L’huître » ou « Le mimosa » de Ponge sont des textes brefs. D’autres sont plus longs. On reconnaît cependant le poème en prose à ce qu’il constitue une unité de sens ou de thème. Cette unité est soulignée par la présence d’un titre qui suggère un contenu ou une orientation d’écriture (récit, description, évocation), interpellation même, comme dans le texte de R. Char « Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud » La poésie Elle joue un rôle important même si elle n’est pas immédiatement visible. On la trouve essentiellement dans la structure et dans le rythme.
  • 42. Les effets de structure d’ensemble Le poème en prose est parfois divisé en paragraphes. Chez A. Bertrand dans « Ondine », ces paragraphes sont séparés par des blancs et par un signe récurrent, une étoile. La structure, rendue visible par des paragraphes, est également soulignée par des reprises de termes (répétitions, anaphores) ou par des articulations logiques ou chronologiques. « Aube » retrace une évolution à la fois spatiale (changements de lieux) et temporelle (change- ments de temps) perceptible dans chaque paragraphe. Dans « Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud » de René Char, la première expression figure de manière anaphorique au début du 3e paragraphe, comme un refrain. Le poème en prose est construit de manière aussi rigoureuse que le serait un poème rimé et versifié..
  • 43. Les effets de rythme Ils sont indissociables des effets de structure puisqu’ils sont liés à la construction des phrases. Lorsqu’elles sont brèves, elles sont parfois martelées comme des vers : Pourtant on peut l’ouvrir, c’est un travail grossier constituent des vers de 6 pieds (« L’huître »). « Aube » commence (J’ai embrassé l’aube d’été) et finit (Au réveil il était midi) par un octosyllabe. Ces phénomènes sont assez rares mais on trouve souvent des phrases longues et construites sur les rythmes ternaires ou sur des effets de reprise. Dans « Ondine », on observe une construction dans laquelle chaque élément cité prend appui sur l’élément précédent : Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque cou- rant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais.... Dans « Le mimosa » de Francis Ponge, la première phrase conduit de la présentation, Le voici..., au terme le mimosa, qui est le dernier du paragraphe. La ponctuation, les répétitions et l’organisation syntaxique concourent à la création d’un rythme original qui donne au poème en prose une musicalité et une harmonie particulières.
  • 44. MERCI DE VOTRE ATTENTION !