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HAÏTI MIGRATION
République dominicaine : environ 70 000 déportés et refoulés
Selon des données de la Direction générale de la migration en République dominicaine (DGM), le nombre d’Haïtiens déportés et
refoulés, depuis le début de l’année 2018 à date, s’élève à environ 70 000. La DGM, d’après les responsables, continue de multiplier
les opérations de contrôle migratoire des Haïtiens vivant illégalement sur le territoire dominicain et les opérations à la frontière
contre les tentatives d’entrées illégales.
HAÏTI/POLITIQUE
Le Gouvernement
américain salue les
consultations initiées par
Jovenel Moïse
L’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Michèle J. Sison, en tête-à-tête avec le président de la République, Jovenel Moïse.
MARDI 24 JUILLET 2018 NUMÉRO 713
Venezuela
et Haïti,
champions
de l’esclavage
moderne en
Amérique
Environ 59 000 personnes
sont victimes d’esclavage
moderne en Haïti. C’est le
pays le plus à risque dans
ce domaine en Amérique
selon le dernier rapport de
la fondation Walk Free. Les
pays les mieux classés dans
la région sont le Canada, le
Chili et l’Uruguay.
Déjà 86 accidents pour le
début des vacances d’été
en Haïti
»»» suite page 4
»»» Lire page 2
»»» suite page 3
SOCIÉTÉ
NBAJumpstart : deux jeunes
Haïtiens retenus lors de la
dernière phase
SPORTCULTURE
Lancement officiel de la
quatrième édition de la
Caravane de l’art
ÉCONOMIE
Agritourisme tropical à
Sainte-Suzanne, Nord-Est
d’Haïti
2 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
B
ien que le Core Group
l’a déjà fait, Michèle J.
Sison, se positionne sur
la démarche du Palais
national afin de combler le
vide provoqué par le départ de
Jack Guy Lafontant, qui a été
contraint de démissionner avec
son gouvernement, suite aux
événements du weekend du 6 au
8 juillet dernier.
La représentante des États-Unis
dit prendre acte de la volonté du
chef de l’État, Jovenel Moïse, de
consulter les différents acteurs
de la société en vue d’aboutir à la
désignationd’unPremierministre
de consensus au remplacement
de Jack Guy Lafontant qui a déjà
tiré sa révérence. L’ambassadeur
salue le processus de dialogue.
Un processus qu’elle affirme en
train de suivre avec beaucoup
d’attention.
Selon la représentante des États-
Unis, c’est une noble initiative
de la part du garant de la
bonne marche des institutions,
Jovenel Moïse, de prendre
en considération les prescrits
constitutionnels dans le cadre
de ses séries de consultation en
rencontrant les présidents des
deux chambres.
L’ambassadeur a, par ailleurs,
précisé qu’il est aussi intéressant
d’apprécierlecaractèreinclusifdu
dialogue entamé par le président
de la République qui a pris le
soin de consulter tout le monde.
À son avis, c’est une décision
louable. « C’est une bonne chose
pour Haïti et nous de l’étranger,
nous sommes en train de suivre le
déroulement du processus », a-t-
elle fait savoir.
L’ambassadeur Sison en a aussi
profité de l’occasion pour réitérer
la volonté de son gouvernement
envers Haïti en matière de
coopération bilatérale. Selon
elle, les États-Unis sont en
train de travailler afin de mieux
développer un programme
visant la croissance économique
dans le pays. Car, précise-t-elle,
la croissance économique est
un outil de prédilection devant
générer de l’espoir chez les jeunes
Haïtiens de pouvoir obtenir un
emploi digne et du coup favoriser
le maintien de la stabilité dans le
pays.
En vue de soutenir sa déclaration,
l’ambassadeur Sison, a fait
référence aux incidents des 6 et
7 juillet 2018. Des incidents qui
ont occasionné des scènes tout à
fait regrettables pour l’économie
nationale déjà. Pour elle, ces
événements déplorables majeurs
témoignent de la frustration
d’une jeunesse marginalisée.
Par conséquent, soutient-elle, la
croissance économique devient
une évidence pour le devenir
d’Haïti.
Daniel Sévère
| ACTUALITÉ
Le vent de juillet !
Les consultations se poursuivent entre le président de la République
et différents secteurs de la vie nationale en vue du choix d’un nouveau
chef de gouvernement. Ces rencontres ont lieu dans un contexte
particulièrement tendu, suite aux émeutes des 6, 7, 8 juillet 2018.
Il se trouve que tout nouveau gouvernement devra incarner de
nouvelles espérances, alors que les ressources financières manquent
cruellement. La communauté internationale a déjà posé ses ultimes
et léonines conditions avant tout déblocage de nouveaux fonds.
L’on sait que la fin des subventions à l’essence en faisait partie et que
finalement tout cela s’est terminé dans la violence et les flammes.
Les grandes manœuvres autour du pouvoir se poursuivent pour
savoir qui décrochera le Graal de la primature. En se remémorant les
chaudes journées de ce début de juillet, on mesure toute la vanité de
ces combats d’arrière-garde pour un pouvoir aussi fragile et détonant.
Les enjeux dépassent en effet les exercices habituels en futilité autour
de postes officiels qui font fantasmer nos chefs. Il s’agit au-delà du
destin individuel de femmes et d’hommes qui veulent servir ou se
servir, de la destruction complète ou de la remontée des cendres
d’une nation qui n’a rien perdu de ses rêves de grandeur.
Il y a dans ce pays une incroyable capacité à perdre les opportunités les
plus saisissantes qui donne froid dans le dos. Le danger de retomber à
chaque fois, dans les mêmes travers de course individuelle et forcenée,
vers les sommets du pouvoir nous guette à chaque période de crise.
Tout se passe comme si nous étions frappés d’une impuissance
sordide dans ces moments tragiques ou nous devons élever nos âmes.
Ce que le peuple des barricades attend du nouveau gouvernement, ce
nesontplusdescontesdefées,maisuncadreréalistedetravailavecdes
objectifsmesurables.Unedonnéequirevientbeaucoupdansl’opinion
est la réduction du train de vie de l’État. D’autres revendications
n’attendront pas comme : la lutte non feinte, mais résolue contre la
corruption qui permettra de récupérer des sommes folles perdues
dans les ramifications souterraines du crime organisé ; la fin des grèves
intempestives qui sont la résultante d’une gouvernance au rabais ;
une meilleure gestion des hôpitaux publics ; une réorganisation des
services de l’État dans le respect de la citoyenneté en lieu et place de
cette humiliation quotidienne pour obtenir une carte d’identification
nationale ; la fin de l’indignité sanitaire qui accable nos rues.
Il existe d’autres objectifs qui ne dépendent pas du gouvernement,
mais de l’ensemble de la communauté en crise. La mise en orbite
d’un vrai dialogue national est rendue impérative par les flammes
destructrices de ces derniers jours. Notre malheur vient du fait qu’il
n’y a aucun secteur qui jouisse auprès de l’opinion de la crédibilité
suffisante pour lancer une telle initiative. Toujours est-il que l’heure
n’estplusaujugementdevaleur,ilfaudraselancerdanslaconstruction
de ponts et de digues pour contenir les flots du désespoir. L’armée «
souffrante » des barricades, nous ne parlons pas ici des professionnels
du désordre aux ordres de quelques politiciens, mais du peuple du « 6
juillet » qui n’a pas participé au pillage, attend enfin le grand sursaut
national.
Le calme réparateur qui résiste jusqu’ici, aux chants des sirènes
politiciens ne durera pas une éternité. Le changement de paradigmes
tant souhaité par plus d’un est devenu comme disait un philosophe
un impératif catégorique.
Roody Edmé
EDITO
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HAÏTI/POLITIQUE
Le Gouvernement américain
salue les consultations initiées
par Jovenel Moïse
Dans une déclaration faite sur la voix de l’Amérique,
l’ambassadeuraméricainaccréditéenHaïti,MichèleJ.
Sison,salueladémarcheduprésidentdelaRépublique,
Jovenel Moïse, de multiplier les consultations avec
les différents acteurs de la vie nationale en vue de la
désignationd’unPremierministredeconsensus.Aussi,
réitère-t-elle, l’engagement de son gouvernement
à travailler de concert avec celui d’Haïti, dans le
but de favoriser le développement de la croissance
économique dans le pays.
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 3
H
aïti est le deuxième pays des
Amériques à enregistrer le
plus fort taux d’esclavage
moderne selon le récent
rapport de la fondation Walk Free
rendu public le 19 juillet 2018 au siège
des Nations unies à New York. Portant
sur plus de 160 pays, ledit rapport
analyse les pratiques en question et
l’ampleur des facteurs de risque dans
chacun des territoires concernés. Les
pays les plus affectés dans la région
sont le Venezuela, Haïti, la République
dominicaine, le Cuba et le Honduras.
Le taux de personnes faisant l’objet de
pratiques liées à l’esclavage moderne
en Haïti et au Venezuela est de 5.6
%. Au Venezuela, sur une population
de 31 155 000 habitants, on estime
le nombre à 174 000. Ce pays est
considéré comme le plus affecté parce
que le nombre de personnes touchées
(en chiffres réels) est plus élevé. En
République dominicaine, les victimes
sont évaluées à 42 000 (4 % de la
population), au Cuba à 43 000 (3.8 %)
et à 30 000 (3.4 %) au Honduras.
Environ 59 000 personnes en sont
victimes en Haïti. Dans la région des
Amériques, le nombre de personnes
à souffrir des pratiques associées à
l’esclavage moderne s’élèverait à près
de deux millions, selon les statistiques
fournies dans le rapport. Les victimes
ont principalement subi des abus qui
consistent en des travaux ou mariages
forcés. Alors qu’Haïti suit le Venezuela
dans le classement en termes de
prévalence de l’esclavage moderne dans
les Amériques, le pays est considéré
comme le territoire le plus à risque (70
%), devançant le Venezuela (58 %) et le
Mexique (57 %).
Lespayslesmieuxclassésdanslarégion
sont le Canada, le Chili et l’Uruguay.
Ces états présentent des taux respectifs
de 0.5 %, 0.8 % et 1 % en termes nombre
de personnes victimes. Pour mesurer le
niveau de risque dans chaque pays, les
enquêteurs considèrent des indicateurs
comme les problèmes de gouvernance,
l’accès limité aux besoins de base, les
inégalités, des groupes marginalisés
et les effets de conflit. L’Amérique a un
degré de performance intéressant dans
un ensemble de domaines comme
l’acceptation des minorités et l’impact
des conflits. Pour ces indicateurs les
scores sont meilleurs que d’autres
régions, mais le continent doit faire ses
preuves en améliorant la gouvernance
et en diminuant les inégalités. Sinon
les pays de la région resteront exposés
à un élargissement du fossé entre
les revenus, des crimes violents et
une méfiance dans les institutions
judiciaires.
La fondation Walk Free est engagée
dans la lutte contre l’esclavage moderne
dont sont victimes plus de 40 millions
de personnes dans le monde. Basée au
Pays-Bas, cette organisation se donne
pour mission d’en finir avec l’esclavage
moderne qui comprend des pratiques
comme la traite humaine, le travail et
mariage forcés, l’exploitation sexuelle,
la servitude pour dettes, l’exploitation
des enfants et l’esclavage en lui-même.
Vu l’ampleur du phénomène à travers
le monde et même dans des pays
développés, plusieurs acteurs restent
pessimistes quant à l’atteinte de
l’objectif de développement durable
qui prévoit de « libérer le monde du
travail forcé, de l’esclavage moderne,
de la traite des personnes et du travail
des enfants ».
Kendi Zidor
S
elon la responsable, la
mission MSF avait ouvert ces
centres hospitaliers en 2010
après le séisme du 12 janvier.
Ces centres étaient destinés à être
temporaires, mais ont été prolongés
en raison des besoins médicaux
croissants, et par le fait que la
situation en Haïti est encore difficile.
L’hôpital obstétrique de 176 lits dans
la région de Delmas à Port-au-Prince
fermera ses portes dans les prochains
jours. Les responsables attendent
la sortie de certains patients. Ce
centre reçoit particulièrement des
personnes démunies dans la capitale,
et traite (gratuitement) environ
500 patients par mois. Des milliers
d’enfants sont nés dans ce centre
également.
L’hôpital de traumatologie de 122 lits
àTabarre,quireçoitungrandnombre
de cas de traumatismes crâniens et
de fractures liées à l’utilisation des
motos, devrait fermer définitivement
en juin 2019. En 2016, une grève
a paralysé les hôpitaux publics du
pays, et le centre hospitalier de MSF
à Tabarre était le seul répit pour ceux
qui ne pouvaient pas se permettre
d’obtenir des soins dans des hôpitaux
privés. Cette année-là, le centre de
Tabarre a traité (gratuitement) 15
228 patients dans la salle d’urgence
et réalisé 8 088 chirurgies.
Toutefois, malgré la fermeture de
ces deux hôpitaux, Médecins sans
frontières continuera à gérer quatre
cliniques en Haïti. Par ailleurs, pour
calmer l’inquiétude des gens qui
pensent que MSF est en train de plier
bagage, Michelle Chouinard indique
que la mission continuera d’exister
sur le territoire haïtien à partir de ces
quatre cliniques.
Le Centre de traitement des brûlures
graves, le Centre de traitement des
violences sexuelles ouvert 24/24, la
Clinique d’urgence ouverte 24/24
dans un bidonville de Port-au-
Prince et une installation à Port-a-
Piment (Sud) qui ont été ouverts
après l’ouragan Matthew, resteront
fonctionnels, selon les assurances
données par la responsable.
Evens RÉGIS
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ACTUALITÉ |
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Venezuela et Haïti, champions de l’esclavage
moderne enAmérique
HAÏTI/SANTÉ
MSFannonce la fermeture de deux centres
hospitaliers
La responsable de la mission des Médecins sans frontières (MSF), Michelle Chouinard, a
annoncé la fermeture de deux centres hospitaliers dans les prochains jours. Il s’agit du centre
hospitalier de Delmas et celui de Tabarre.
4 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
C
’est un ancien professeur de
philosophie en France, à
Singapour et au Liban qui
consacre pour l’instant sa
carrière à l’Amérique latine et aux
Caraïbes, selon un communiqué
de l’Ambassade de France en Haïti.
M. Gomez a ainsi servi à La Havane
comme premier secrétaire (1993-
1996), à Bogota comme conseiller
culturel et de coopération (2000-
2004), et à Caracas comme premier
conseiller (2004-2007).
Il a assumé au Quai d’Orsay les
responsabilités de sous-directeur
pour le Mexique, l’Amérique centrale
et les Caraïbes (2007-2010), puis
d’Inspecteur des Affaires étrangères
(2010-2013) et de directeur-adjoint
des Amériques et des Caraïbes (2013-
2015). Il est en poste en République
dominicaine depuis septembre 2015.
En ce début de mois de juillet, M.
Gomez avait fait part de la disposition
de la France de construire des centres
de santé en Haïti, plus précisément
dans les zones frontalières, afin
d’aider à réduire le nombre de femmes
haïtiennes qui vont accoucher en
République dominicaine. Mais, selon
le diplomate, le Gouvernement haïtien
n’avait manifesté aucun intérêt pour ce
projet, alors que l’Union européenne
avait déjà manifesté son intérêt à
soutenir ce projet. Maintenant que
l’ambassadeur sera plus proche
des dirigeants haïtiens, peut-on
maintenant espérer à l’aboutissement
de ce projet ?
Evens RÉGIS
L
es responsables des questions
migratoires en Haïti ont
observé un silence sur la
situation des Haïtiens en
République dominicaine depuis le
moratoire accordé au Gouvernement
haïtien. Un moratoire qui prendra
fin dans environ un mois, soit le 26
aout 2018. Pendant ce silence des
autorités haïtiennes sur cette date qui
arrive bientôt, la DGM ne chôme pas.
L’institution dominicaine continue
non seulement de bloquer l’entrée
d’autres Haïtiens sur le territoire,
mais elle continue aussi à renvoyer
des Haïtiens en situation irrégulière
chez eux.
Entreceuxquisontbloquésetrefoulés
depuis les postes de contrôle officiels
et ceux renvoyés, le chiffre s’élève à
70 000 pour les 6 premiers mois de
l’année (janvier à juin 2018). Pour
seulement le mois de juin, près de
12 000 Haïtiens ont été retournés en
Haïti, 7 000 Haïtiens ont été refoulés
à la frontière en essayant d’entrer
illégalement ou clandestinement sur
le territoire dominicain et près de
5 000 autres vivant illégalement sur
le territoire dominicain, soit depuis
quelques mois ou depuis plus de 10
ans, ont été déportés après avoir été
contrôlés comme illégaux selon les
informations de la DGM.
En mai, près de 11 000 Haïtiens ont
été renvoyés en Haïti (6,000 Haïtiens
ont été refoulés à la frontière et près
de 5 000 autres vivants illégalement
en République dominicaine, ont
été déportés. En ce qui concerne le
mois d’avril, près de 11 500 ont été
retournés en Haïti (5 800 Haïtiens
ont été refoulés à la frontière et près
de 5 600 autres vivant illégalement
en République dominicaine ont été
déportés. Pour les 3 premiers mois
de l’année près de 35 000 Haïtiens
ont été déportés lors des contrôles
migratoires ou refoulés à la frontière
Notons que de juillet 2015 à juin
2018 au niveau des points frontaliers
officiels et non officiels de la frontière,
près 300 000 Haïtiens ont été déportés
ou refoulés en Haïti. Par ailleurs, il
faut rappeler que le Plan national
de régulation des étrangers qui avait
fait prolonger les cartes de résidence
temporaires octroyées aux Haïtiens
inscrits dans ce plan arrive à son
terme le 26 août 2018. Ainsi, les 239
000 Haïtiens inscrits et qui n’ont pas
pu se faire régulariser correctement
seront alors sous la menace de
déportation. Le risque d’un éventuel
rapatriement massif dans les mois à
venir est de plus en plus élevé.
Evens RÉGIS
| ACTUALITÉ
»»»» suite de la première page
HAÏTI MIGRATION
République dominicaine : environ 70 000 déportés et refoulés
Des Haïtiens déportés de la République dominicaine.
José Gomez, nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République
française auprès de la République d’Haïti.
HAÏTI/DIPLOMATIE
José Gomez, le nouvel ambassadeur de France en Haïti
Actuellement en poste en République dominicaine, José Gomez se transportera dans l’autre partie de l’île
en septembre prochain, et remplacera Élisabeth Beton Delègue au poste d’ambassadeur extraordinaire et
plénipotentiaire de la République française auprès de la République d’Haïti.
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 5
L
e Centre ambulancier
national (CAN) a pour
mission de porter assistance
et secours aux blessés, aux
malades, aux femmes enceintes et
aux personnes dont le cas nécessite
une intervention rapide sur
l’ensembleduterritoireàtraversson
réseau ambulancier », a fait savoir
Didié Hérold Louis, rappelant par
ailleurs que la vision du centre
est d’assurer une première étape
au niveau des soins de santé dans
le pays. Il informe en outre que,
contrairement à ce que pensent bon
nombre de personnes, le CAN n’est
pas un service de transport encore
moins un taxi-ambulance. C’est un
transport pré-hospitalier d’urgence,
a-t-il souligné. Il a également
précisé que le CAN fait partie des
soins d’urgence du ministère de la
Santé publique et de la Population
(MSPP).
Compétence, intégrité, équité, respect
et justice sociale sont parmi les valeurs
nourries au sein du CAN selon M.
Hérold Louis. Et ce sont ses mêmes
valeurs que le ministère de la Santé
publique prône dans tout le système
de santé à travers le pays. Car, dit-il,
ces valeurs découlent directement de
la Déclaration universelle des droits de
l’homme.
Créé en 2012 suite à la signature d’un
accord entre Haïti, Brésil et Cuba, 6
ans après, tout n’est pas rose pour le
Centre qui a connu des moments de
grande instabilité. Cinq directeurs se
sont succédé. Les problèmes restent
entiers. En ce sens, une commission
de restructuration a été formée en
juillet 2017. Elle avait pour mandat
de faire une analyse structurelle et
organisationnelle du centre. À la fin
de ce travail, les commissaires se sont
rendu compte que le centre fait face à
des problèmes d’ordre fondamental,
parmi lesquels le manque des matériels
roulants et l’irrégularité des matériels
et en intrants médicaux. Ajouter à cela,
les mauvaises conditions de travail et
les faiblesses administratives.
Bilan
Environ un an après la mise en place
de ce comité, Didié Hérold Louis
se dit satisfait des réalisations de
la commission. Selon les données
communiquées, si le manque des
véhicules posait autrefois un problème
majeur pour le bon fonctionnement du
Centre,aujourd’huileproblèmesemble
être sur le point de résoudre. Pour
l’heure, cinquante et une ambulances
sont fonctionnelles. Quatorze sont en
attente de fonctionnement.
Pour ce qui est des intrants médicaux,
le ministère de la Santé publique a fait
l’acquisition d’un stock de matériel et
d’intrants médicaux grâce aux fonds
du Trésor public pour approvisionner
le bureau central du CAN.
L’approvisionnement des réseaux
départementaux se fera aussitôt que
les mises en place administratives
et logistiques seront complétées. Ce
stock de matériel, selon le responsable,
permettra à ce centre de fonctionner
correctement pendant les six prochains
mois.
À côté des problèmes précités, les
conditions de travail, le centre d’appel,
la question des ouvriers contractuels
faisaient également partie des
dilemmes auxquels fait face le Centre
ambulancier national. Pour l’instant,
la CAN reçoit environ 2000 appels par
mois, 1200 cas d’urgences uniquement
pour la région métropolitaine et 40 %
des employés du bureau central ont
déjà trouvé leurs lettres de nomination
et le 23 mars dernier, le CAN a
inauguré une nouvelle succursale à
Cité militaire.
Jodel Alcidor
ACTUALITÉ |
L
e Directeur départemental de
l’Ouest de la Police nationale
a indiqué ce week-end que la
cacophonie relevée au niveau
des instructions passées par le haut
commandement était à l’origine
de l’inaction des agents de l’ordre
lors des émeutes des 6 et 7 juillet
derniers.
Bergson Soljour, s’exprimait en
marge de la cérémonie d’installation
du nouveau responsable du
Commissariat de Port-au-Prince,
Joel Casséus, qui remplace Olden
Saintilus à ce poste.
Le commissaire Soljour a aussi
évoqué des problèmes d’effectifs
pour justifier l’absence de réponse
de la PNH à ces scènes de pillage
et de casse systématiques. Selon lui,
l’institution policière ne disposait
dans les commissariats de l’Ouest
que de 30 % de ses effectifs lors de
ces émeutes populaires.
Dans la même veine, le nouveau
responsable du Commissariat
de Port-au-Prince, Joël Casséus,
a appelé à la collaboration de la
population pour permettre à la
police de remplir sa mission. Il a
promis de faire régner l’ordre et la
sécurité dans la capitale : 38 42 11 11,
38 20 11 11, 38 38 11 11 et 38 37 11
11 sont les lignes disponibles pour
signaler à la Police les faits suspects
qui méritent son intervention.
De son côté, l’ex-responsable du
Commissariat de Port-au-Prince,
Olden Saintilus, invite les instances
concernées à jouer leur partition
pour faciliter la tâche des agents de
l’ordre.
Pour lui, le chômage et des individus
délaissés par la société, contribue
également à alimenter l’insécurité
physique dans la capitale.
Amose Chouloute
Confusion et cacophonie dans les instructions, les policiers
n’ont pas réagi...
HAÏTI/AMBULANCE
Le CAN tente de se relever
Les Lundis de la presse du ministère de la Communication a reçu, le lundi 23 juillet 2018, le docteur Didié Hérold Louis, l’un
des membres du comité de gestion du Centre ambulancier national (CAN). Au cours de cette conférence de presse, tenue au
local du ministère, le responsable a fait le point sur la mission, le bilan des activités, les perspectives et les difficultés rencontrées
par le CAN au cours de ses six années d’existences.
6 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
Haïti : M. Jovenel Moïse, peut-il regagner la confiance du peuple ?
D
u six au huit juillet 2018,
n’ayant virtuellement pas de
voix pour plaider sa cause
au Parlement, et profitant
d’une certaine opportunité, le peuple
haïtien s’était vu forcer de démontrer-
-à sa manière traditionnelle-- son
mécontentement contre le président
Jovenel Moise, en lui délivrant un
assourdissant message de non-
confiance. Malheureusement, cette
éruption, pour le moins, prévisible, a
fait des victimes que le gouvernement
devrait, coûte que coûte, dédommager
: c’est ce qui peut nous arriver parfois
quand notre gouvernement provoque
unemajoritéléséeetnégligedeprendre
ses tensions pour nous épargner des
conséquences fâcheuses. Alors, pour
calmer la colère populaire, le chef de
l’État, d’une voix fiévreuse, a déclaré
l’avoir entendu,--ce qui nous suggérait
qu’il voulait se ressaisir et prendre
le contrôle de la situation. Très bien!
pensait-on. Mais, qu’avait-il entendu?
Les défis du peuple contre la montée
du prix du gaz à la pompe ? Les plaintes
contre la corruption et contre l’opacité
du gouvernement; les demandes au
secours des mères et pères de famille
et les cris percutants de leurs enfants
mourant de faim ? Des hurlements
de nos jeunes gens désespérés dont
la vie s’effrite inlassablement dans un
chômage galopant et chronique? Les
grognements sourds de nos sans-voix
traduisant leur grande déception d’une
administration qui, apparemment,
s’est donné pour mission de les
bafouer et les maintenir dans la crasse
? Que compte faire l’Exécutif dans la
mesure où il a vraiment de bonnes
oreilles et qu’il a clairement saisi les
sons distincts de cette cacophonie et
leur degré dans la tonalité de la misère
haïtienne? Voudrait-il persister à les
entendre jusqu’à ce qu’ils lui crèvent
le tympan ou préférait-il tenter, au
moins, de diminuer leur intensité
? “Mais, pauvre homme que
peut-il faire ?” me dit ma tendre sœur.
“ Son entourage serait-il au diapason
avec lui pour l’aider à choisir un
Premier ministre capable de former
un gouvernement sérieux tissé de gens
capables et crédibles afin de remédier
à cette crise de confiance entre lui et le
peuple ?
Aujourd’hui, le spectre pernicieux,
qui publiait subrepticement dans
l’air l’annonce de la montée du prix
du carburant, a accompli son œuvre
néfaste d’enrager le peuple, et s’est
retirée victorieuse et moqueuse --
l’on ne sait où et pour combien de
temps. Maintenant, le Président devra
répondre sérieusement, comme il l’a
promis, à la question de la corruption
qui ankylose l’administration
publique. Nous crions donc, à bas la
démagogie, à bas le faire-semblant,
à bas la corruption ! Nous réclamons
quelques lumières et quelques
fermes décisions du Président sur les
dossiers de l’ONA et du Petrocaribe,
et d’autres documents dubitatifs qui
moisiraient au fond de quelques tiroirs
abandonnés.
Il y a aussi le problème de non-
transparence dans les transactions
gouvernementales--nationales et
internationales--et les grands dossiers
nationaux, qui nous concernent. La
presse haïtienne plaide* pour l’accès
aux informations relatives au pays,
afin qu’elle puisse les partager avec
le peuple. Car, tenu dans le noir,
ce dernier devient soupçonneux et
nerveux : il imagine qu’on fomente des
complots sur son destin. Mesdames,
messieurs, soyons sérieux ! Ce ne
sont pas par des médias étrangers,
des réseaux sociaux et du teledyòl que
la presse haïtienne devait prendre
connaissance des transactions
gouvernementales et des grands
évènements qui concernent Haïti. À
moins qu’il ne cache quelque chose
au peuple haïtien, le gouvernement
ne devra pas voir la presse haïtienne
comme une ennemie. Au contraire! La
presse haïtienne pourrait lui rendre le
travailplusfacile.Donc,ilestimportant
que le gouvernement haïtien cesse de
mystifier la bonne presse haïtienne
sans laquelle il n’existe pas de vraie
démocratie dans l’ile.
Pareillement, jugeons-nous
inacceptable le désespoir qui se lit
dans les yeux de nos marchandes
ordinairement pleines de dignité et de
résilience, qui pleurent, aujourd’hui,
comme des enfants. Le dégoût perçu
dans l’âme de nos jeunes gradués qui
fuient le pays comme l’on fait à un
lieu maudit ne nous afflige pas moins.
Similairement avons-nous besoin
d’apprendre que le chef de l’État, étant
le père symbolique de la nation, a fait
provision pour les familles qu’il a
expulsées de leurs demeures à Pèlerin
5, sans leur donner une couverture.
À moins que le Président et son staff
ne siègent au Palais que pour jouir des
privilèges du pouvoir et remplir leurs
poches--comme l’ont proclamé sans
aucun scrupule leurs prédécesseurs,
M. Moise serait obligé de s’entourer
de citoyens capables et honnêtes pour
rétablir la confiance du peuple en lui.
Et c’est cela le grand défi !
Il est évident qu’Haïti ne manque
pas de ressources humaines,
professionnelles et intellectuelles
disponibles pour le tirer de l’abîme;
et nos plus grands esprits restent
encore à être essayés: ce ne sera pas
une corvée de trouver des personnes
d’expérience et académiquement bien
formées pour remplir les fonctions
de Premier ministre, de ministres et
de directeurs généraux. Mais, ce qui
fait défaut en Haïti, c’est une pénurie
d’hommes et de femmes de caractères
: là, les vrais chefs n’y sont pas en
grande provision. Alors, comment
découvrir des compatriotes à qui
l’on peut faire confiance? Qui sont
capables de prendre des initiatives?
Qui n’ont pas peur des responsabilités?
Qui peut faire preuve du courage? De
vrais patriotes, pleins de dévotion et
de sincérité envers leur peuple? Pour
rester dans les limites de notre sujet,
nous nous garderons d’élaborer un
peu sur un seul de ces paramètres : le
terme “confiance”.
Pour avoir été trahi, maltraité et
vilipendé pendant plus de trois
décennies, le peuple haïtien,
aujourd’hui, a réellement besoin de
citoyens sur qui il peut compter. Il
veut remettre sa destinée entre les
mains de vrais patriotes ; il veut se
sentir en sécurité ; il veut croire que ses
leaders ne cherchent pas seulement à
s’enrichir et à enrichir leurs proches
pendant que lui, il végète dans la boue.
Mais malheureusement, aujourd’hui,
les standards moraux sont
virtuellement totalement oblitérés.
Très souvent, on est bombardé par
des scandales de toutes espèces
provenant de toutes les sphères de
la société : les affaires, la politique, et
même l’église. Des citoyens refusent
de payer leurs impôts, corrompent
les employés de l’état, des politiciens
mentent, complotent contre le peuple,
et gaspillent le fonds du Trésor public;
des leaders religieux succombent à
la tentation de l’argent et à d’autres
pièges pareils, etc. Comme prétexte,
les corrupteurs et les corrompus
jurent sur la tête de Mammon que
la corruption se trouve partout dans
le monde, --un avis auquel nous ne
souscrivons pas. Car pour nous, la
corruption est un luxe que les pays
riches peuvent se payer, mais un
poison pour les pays pauvres comme
Haïti.
Toujours est-il que, quels que soient
sa largeur et sa hauteur, ses facultés,
son style et son clout, un leader en
qui on n’a pas confiance ne saurait
démocratiquement mener un
groupe, une corporation ou un pays à
l’accomplissement d’aucune mission,
à l’atteinte d’aucun objectif, et au
développement. La confiance ? Cela
s’acquiert : un leader doit travailler à
mériter la confiance de ses sujets, la
confiance de son peuple. Cela provient
del’expériencedugroupeoudupeuple
avec son leader. Par exemple, un leader
qui ne tient pas ses promesses et qui,-
- pour distraire ses sujets de la faim--
leur offre des jouets tels, une caravane
en carton pleine de petits généraux
en plastique dont la destination est au
bout du monde, quand il leur a promis
des “bananes” pour assouvir leur faim,
est indigne de confiance.
Le message du peuple et son
comportement après sa crise de
colère du 6 au 8 juillet, peuvent
être traduits de différentes façons.
Cela dépend de l’interprète: de ses
facultés de perception, de jugement
et de raisonnement. Selon nous,
partageant les misères de ce peuple et
connaissant les différentes causes et
les divers architectes de sa calamité,
nous croyons qu’il a tout simplement
profité d’une situation pour se faire
entendre. Et son message était clair
: rendez nous notre dignité humaine
! Cessez de nous abuser et de nous
prendre pour des imbéciles et des
zombis! Nous sommes patients mais
déterminés ; martyrisés mais résilients
!
Ainsi, nous voulons être convaincus
que le Président a bien appréhendé
les urgences de l’heure. Nous voulons
nous rassurer qu’il a vraiment le
contrôle de la situation et qu’il n’est
pas mal inspiré.
Les lamentations des mères et pères
de famille et les cris aigus de leurs
enfants mourant de faim suggèrent la
nécessité de la création de nouveaux
programmessociauxpourlessoulager.
Les hurlements des jeunes désespérés
dont la vie se gaspille honteusement
par manque d’emploi exigent une
politique de création d’emploi plus
compréhensive supportée par le
secteur privé et le gouvernement.
Le calme soudain qui revient à la
ville après l’ouragan populaire nous
signale une certaine volonté du
peuple d’accorder une autre chance
au Président Jovenel Moïse afin qu’il
mette ses devoirs au propre. Oui ! Il
est probable qu’il ne soit pas trop tard
pour que le Président change la donne,
qu’il prenne ses responsabilités de
Président de la République; qu’il fasse
preuve de courage et de résilience.
Cette confiance perdue peut être
retrouvée si M. Jovenel Moise cesse
de jouer à l’intelligent. “Lorsque nous
serons convaincus que vous feriez
tout ce qui dépend de votre pouvoir
pour notre bien et non pour nous
»»»» suite page 7
| TRIBUNE
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 7
TRIBUNE |
faire du mal, alors vous récolterez
notre confiance et aucune force ne
pourra vous empêcher d’achever votre
quinquennat.”
J’espère que M. Moïse ait sagement
discerné la gravité de la conjoncture, et
que lui et ses proches sujets ne soient
pasdansunesituationtropconfortable
dansleurtourdecommandeendépitde
nouvelles assurances que peuvent leur
prodiguer certains secteurs soi-disant
alliés, indifférents et trop sûrs d’eux-
mêmes : les manifestations houleuses
et les cassures vengeresses du 6 au 8
juillet témoignent indiscutablement
de la fragilité du pouvoir en Haïti.
Dans l’histoire de la démocratie
haïtienne, un leader qui arrive à perdre
la confiance de son peuple jusqu’à
le pousser à se faire du mal, devrait
démissionner. Si le leader s’obstine à
se croire indispensable, il doit avoir le
ciel ou l’enfer à offrir.
Car, il n’y a pas plus sourd et plus cruel
qu’un peuple affamé et enragé: lorsque
cela est arrivé, la Constitution peut
être réduite au niveau d’un torchon
dont on essuie les mains après les avoir
souillées dans la vie des autres, parce
que, là, les “lois” sont foulées aux
pieds et les traditionnelles scare tactics
pour empêcher que cela soit ainsi, s’y
révèlent non effectives.
Pierre-Yves Roy
»»»» suite de la page 6
»»»» suite page 8
Haïti : M. Jovenel Moïse, peut-il regagner la confiance du peuple ?
Le droit de l’homme en Haïti dans tous ses états
A
u-delà des limites que
certains spécialistes du droit
international, des relations
internationales et des droits
de l’homme ont décelées dans le
fonctionnement et l’existence des
organisations internationales et des
organisations régionales telles l’ONU
et l’OEA, ils ont, quand même, relevé
un apport théorique de ces dernières
dans la promotion et la vulgarisation
des idéaux et de la philosophie des
droits de l’homme à travers leurs
différents réseaux de protection des
droits de l’homme.
De nombreuses normes internationales
ont été prises à cet effet, mais le résultat
tant espéré se fait encore attendre
ou est loin d’être obtenu à cause des
obstacles surtout liés aux pratiques
néo-autoritaires de nos dirigeants,
l’insouciance caractérisée des élites et le
mépris de certains dirigeants politiques
à l’égard de la majorité nationale et leur
refus de les appliquer et de répondre
à leurs obligations internationales.
Alors qu’ils ont l’impérieuse obligation
d’investir et de s’investir dans la
construction de l’homme haïtien,
de leur garantir le droit à la vie, à la
santé, à l’alimentation. En somme,
l’État doit s’assurer de la protection
et du respect des droits inaliénables
et imprescriptibles consacrés dans la
Déclaration universelle des droits de
l’homme, le pacte relatif aux droits
civils et politiques et le pacte relatif
aux droits économiques, sociaux et
culturels.
En effet, selon Daniel Lochack, les
droits de l’homme sont un ensemble
de principes visant à développer et
protéger les droits inaliénables à travers
les normes internationales, et ces
normesunefoisratifiéess’imposentaux
États et deviennent la source des droits
et libertés individuelles. Dans notre
cas, la Constitution de 1987 a repris
les règles établies par la déclaration
universelle des droits de l’homme
dans son préambule et dans la partie
consacrée aux libertés fondamentales.
Les droits et libertés reconnus par
les conventions internationales se
trouvent en principe promus au second
rang dans la hiérarchie des normes et
doivent être appliqués dans toutes ses
formes et teneurs.
Le constat de l’inaction de la
communauté internationale face
aux atrocités commises pendant la
Seconde Guerre mondiale est l’une
des raisons du changement qui
s’opère à partir de 1945. Les droits
de l’homme sont désormais placés
au centre de préoccupations des
Nations unies, auxquelles la charge et
la mission de développer, de protéger
et d’encourager ont été confiées. En
effet, les organisations internationales
ont fait de la protection de l’humain
leur principal leitmotiv et l’un de leurs
principaux objectifs, même si jusqu’à
date les résultats en termes concrets
sont peu satisfaisants. Certains disent
qu’ellesontétécrééespourrenforcerles
inégalités socio-économiques existant
à travers le monde, car aucun effort
réel n’a été consenti pour réduire les
inégalités et la pauvreté dans le monde.
Ce qu’il ne faut, surtout, pas perdre
de vue, c’est que le développement de
l’humain et des sociétés dépendent du
niveau d’engagement et d’implication
des citoyens, car l’aide internationale
n’est pas porteuse de progrès et de
stabilité économique. Si tel était le cas,
Haïti serait un pays riche, développé
capable de prendre soin de ses citoyens
et de leur offrir un bien-être.
Un contemporain dans son analyse
sur le système onusien et régional
des droits de l’homme avait posé cette
question qui peut paraître bête ou peu
intelligente, mais très philosophique
vu la façon dont les richesses sont
partagées à travers le monde et les
inégalités sociales y règnent : quel est
l’homme des droits de l’homme? Si l’on
tente de répondre à cette question, on
peut dire que l’homme des droits de
l’homme est tout homme vivant sur la
planète terre sans distinction de race,
de religion, de couleur, de sexe, de
langue, du niveau économique et de sa
position dans la société internationale.
Ce qui revient à dire que les droits de
l’hommesontapplicablesàtouthomme
et tiennent compte de tout homme,
même celui qui est accusé de meurtre,
de viol ou d’enlèvement peut en jouir
et en bénéficier, d’où le plaidoyer des
organisations des droits de l’homme
contre la situation infrahumaine
existant dans nos différents centres
carcéraux et pénitentiaires.
En effet, il est de la responsabilité de
l’État de garantir les droits inaliénables
et imprescriptibles, et cela implique
une prise de conscience certaine des
autorités et la volonté de remplir leurs
obligations internationales en vertu du
principe “pacta sunt servanda”. Donc,
l’État doit en tout premier lieu respecter
ses engagements et les appliquer avant
d’exiger les citoyens à les respecter à
leur tour. On ne donne pas ce qu’on
n’a pas, dit-on, et l’exemple doit venir
d’en haut, m’a-t-on appris. Tout effort
de valorisation de l’homme haïtien
doit tenir compte des dispositions
constitutionnelles visant à garantir les
droits fondamentaux.
De toute évidence, l’évolution des
droits de l’homme dépend des
politiques publiques élaborées et
appliquées par les politiques, car
les actions politiques doivent être
dûment réfléchies et s’inscrire dans la
perspective de la construction d’une
société équilibrée où le simple citoyen
peut manger à sa faim, payer l’écolage
de ses enfants, avoir une assurance
de maladie, etc. En fait, L’État a
premièrement pour obligations de
respecter les droits de l’homme.
Deuxièmement, il a pour obligation
de protéger les droits de l’homme. Et,
troisièmement, l’État a pour obligation
d’instaurer les droits de l’homme. Tout
État ne parvenant pas à remplir ces
obligations est un État défaillant qui
mérite d’être déconstruit et remplacé
par un État responsable. Point n’est
besoin d’être savant pour comprendre
le rôle que l’homme est appelé à jouer
dans sa société. La Constitution et les
normes internationales ratifiées par
Haïti ont instauré une organisation
politique préconisant à tous les points
de vue la valorisation de l’homme.
En effet, la mission de l’État doit
consister, en tout premier lieu, en une
politique de valorisation de l’homme
haïtien en posant les bases nécessaires
à cette entreprise. L’homme valorisé,
valorisera les choses qui l’entourent en
vue de son bien-être.
Les maigres ressources du Trésor
public doivent permettre à l’État de
venir à la rescousse des laissés pour
compte, mais c’est tout le contraire qui
se fait sur le sol dessalinien. En fait, le
trésor public ne sert qu’à prendre bien
soin des hauts fonctionnaires de l’État,
car il les paye une seconde résidence,
des voitures luxueuses, des vêtements
pour toute occasion, une seconde
femme, des sex- friends, etc. Le pire,
Plus de 80% de la population vit dans
la crasse et n’est pas capable de s’offrir
le minimum pour vivre sainement
comme un être humain à part entière.
Les grands fonctionnaires jouissent
pleinement de tous les privilèges de
l’État alors celui dans lequel réside la
souveraineténationalemeurtàcausede
l’insouciance et de la méchanceté d’un
système inégalitaire trop longtemps
institué et conservé. À qui profite-t-il ?
Peut-être à l’État et à ses acolytes. Ce
qui est certain, cette situation profite
à un secteur de la vie nationale qui ne
veut pas voir l’autre vit dans la décence.
La promotion des droits de l’homme
est également et surtout la redéfinition
du rapport à l’autre, c’est-à-dire voire
et accepter l’autre comme son égal tel
qu’il est écrit dans l’article premier de
la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen du 26 août 1789 : « Tout
homme est né libre, égal à un autre en
droit et en dignité .» Donc, il n’y a pas
de différenciation et de hiérarchisation
entre les hommes. Ils méritent tous
d’être traités avec respect et dignité.
L’article 22 de la Constitution consacre
le droit de tout citoyen à l’alimentation,
à l’éducation, à un logement décent
et à la sécurité sociale. Cependant,
jusqu’à présent, la majorité d’Haïtiens
souffre de faim. Ils sont maltraités et
réduits à une misère chronique, voire
pathologique. La grande partie de la
population haïtienne vit dans une
situation de détresse monstrueuse et
8 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
»»»» suite de la page 7
de pauvreté absolue. En fait, Gédéon
Jean nous dit qu’on ne pourra jamais
parvenir à une société démocratique
et respectueuse des droits de l’homme
et des libertés fondamentales, la
bonne gouvernance, l’État de droit,
la reconstruction effective d’Haïti si
l’on accepte la dictature de l’extrême
pauvreté comme étant la norme.
Donc, il est crucial que la situation
d’extrême pauvreté qui prédomine en
Haïti soit déverrouillée. Car, l’avenir
d’une société démocratique ne saurait
se construire dans une société qui
se résigne à accepter qu’il y a deux
catégories d’hommes : les pauvres
plus de 80 % et les autres». De l’avis
de François Perroux cité par Leslie
Manigat dans son ouvrage ayant pour
titre : la crise contemporaine en Haïti,
la pauvreté absolue « est déterminée
par le niveau au-dessous duquel les
besoins primaires ne sont pas satisfaits.
Selon Leslie Péan, de manière générale,
l’agriculture haïtienne nourrit de
moins en moins la population. La
Coordination nationale de la Sécurité
alimentaire (CNSA) est alarmée par le
fait que 55 % de la population souffre
d’insécurité alimentaire. Elle ne cesse
de tirer la sonnette d’alarme devant
la baisse de la production et la hausse
vertigineuse des prix de vente des
produits alimentaires. Les inégalités
sociales se sont aggravées ; on est passé
de 4 % de la population accaparant 65
% des ressources du pays en 1970 à 3%
contrôlant 80% de ces ressources en
2018. La diminution de la production
agricole est une tendance lourde.
L’agriculture contribue à 25% du PIB
et emploie 60 % de la population.
Les rendements sont faibles, car les
engrais ne sont utilisés que sur 21 %
des terres cultivées tandis que 83 %
de ces terres ne sont pas irriguées. En
fait, la mission de l’État consistant à
permettre à chaque individu de vivre
mieux chaque jour davantage reste et
demeure, aux yeux de l’homme haïtien,
une pure illusion. La population perd
toute confiance dans les autorités
politiques et les institutions de l’État.
Il est clair que les droits des citoyens
sont bafoués, et ce depuis toujours.
Sommes-nous condamnés à évoluer
au sein d’un État qui se donne pour
mission de distribuer des secours à des
gens riches pour les rendre plus riches
au détriment de la masse favorisée? À
quand un État au service de la nation
et respectueux des valeurs de la dignité
humaine? Le besoin se fait sentir pour
éviter l’éclatement social prédit par les
récents événements.
Pour René Julien, un pays qui, après
214 d’indépendance n’arrive pas, au
moins, à assouvir la faim de son peuple
qui n’a pas cessé de se lamenter sur sa
misère, à lui offrir un logement décent,
àprendrelascolarisationdesesenfants,
à lui fournir des soins médicaux,
est un pays en faillite. En dépit des
normes internationales ratifiées et les
recommandations constitutionnelles,
plus de 90% n’ont pas accès à la santé.
Ilfautpointerdudoigtl’irresponsabilité
de l’État haïtien refusant d’instaurer un
système judiciaire équitable dans lequel
les droits des citoyens, particulièrement
les personnes soupçonnées de
perpétration d’un acte répréhensible
et les détenus ne seront plus violés. En
fait, la justice est l’endroit idéal à partir
duquel il faut partir pour apprécier
l’application réelle et effective des
droits de l’homme. C’est le centre
névralgique même du respect des droits
de l’homme. Dans tout État qui se veut
démocratique, rendre justice est régi
par un ensemble de règles procédurales
préétablies par les législateurs et les
normes internationales, donc il ne
revient pas aux autorités judiciaires
de rendre la justice selon leur gré et
d’édicter des règles qui sont à appliquer
dans le champ judiciaire.
La justice doit être indépendante de
bon vouloir des pouvoirs politiques et
des magistrats. Elle doit se mettre au-
dessus des clivages sociaux et politiques
et doit être rendue sans tenir compte
du statut des citoyens et sa position
dans la structure sociale. L’application
des droits de l’homme repose de
toute évidence sur la manière dont le
système judiciaire du pays est organisé.
Or, le système judiciaire haïtien est
caractérisé par une défaillance absolue
et une corruption institutionnalisée.
Autrement dit, il est en crise. Cette
crise, elle nait du sentiment généralisé
de méfiance dans la justice haïtienne de
la part des justiciables et un besoin de
transformation de cette dernière, car le
destin du pays en dépend.
La qualité de justice et la façon dont
la justice est rendue dans une société
sont l’un des critères d’évaluation de
l’application des droits de l’homme et
son évolution. Avec un système décrié
et une magistrature corrompue comme
le nôtre, on peut se faire déjà une idée
de la situation des droits de l’homme.
Nous vivons une crise d’insécurité
judiciaire et juridique tous les jours, car
en Haïti elle est vendue au plus offrant.
« mezi lajanw, mezi wangaw. » C’est
triste de le dire, mais elle est une réalité.
Au 21e siècle, peut-on continuer
de vivre sous le joug de la mauvaise
gouvernance et de la corruption qui tue
notre humanité avec férocité ? L’État
doit respecter les normes qu’ils ont
ratifiées, car elles sont faites pour être
respectées et leurs applications seront
profitables aux citoyens.
Insvestir dans l’humain, leur garantir
un bien-être est de la responsabilité de
l’État afin de rendre possible le miracle
haïtien, car sans cet investissement
le développement du pays n’est pas
possible.Ledéveloppementdessociétés
dépend du niveau d’éducation des
citoyens et de leur prise en charge par
l’État. En somme, les deniers publics
doivent être utilisés dans des projets
durables pouvant offrir à l’homme
haïtien son humanité.
Me Atzer Alcindor, Av.
Le droit de l’homme en Haïti dans tous ses états
Haïti, enttre utopie et réalité
D
ans cette conjoncture,
beaucoup de mes lecteurs tels
mes étudiants, mes proches,
mes amis m’appellent et
m’écrivent pour me faire injonction de
produire une réflexion autour de la crise
haïtienne. J’ai été très réticent pour ne
pas répéter ce que les autres ont déjà
dit. J’ai lu au cours des jours qui ont
suivi le soulèvement des 6, 7 et 8 juillet
2018, des commentaires, des analyses,
des critiques de plusieurs auteurs,
d’anciens responsables de l’État. Il y en
a qui se montrent réformistes et d’autres
radicaux. Certains osent aborder la
crise du point de vue économique.
D’autres préfèrent l’appréhender sous
l’angle politique. Que de façons linéaires
et simplistes d’expliquer le problème
d’Haïti ! Le problème de ce pays est
d’ordre systémique. Il est construit à
partir des interactions des différents
individus. La pauvreté, le sous-
développement d’Haïti, dont on parle
régulièrement découle de nos rapports
sociaux, et s’enracine dans nos actes et
nos attitudes.
Changer un gouvernement, réduire
le nombre de ministères, détruire
le Parlement ne représente qu’une
démarche cosmétique, des attitudes de
feu de paille, si on refuse de toucher la
plaiepourlapanser.Leproblèmed’Haïti
est d’ordre structurel. La politique à elle
seule ne suffit pas pour y apporter une
réponse. Il ne faut pas s’accentuer sur
les causes immédiates seulement, il faut
avoir le courage de l’aborder à partir des
causes profondes. Il faut bien qu’on le
prenne, si le robinet jette de l’eau sale,
avant de s’attaquer à lui, il faut regarder
en amont, c’est-à-dire au niveau de la
source, l’élément responsable.
Depuis 1804, il est instauré en Haïti
une société inégalitaire. Deux mondes
se créent avec leur propre mode de
fonctionnement : le monde rural et le
monde urbain. Le premier se dépeuple
et s’appauvrit au profit du second.
L’exclusion et la marginalisation
des ruraux ne font que renforcer les
disparités en termes de développement
régional en Haïti.
Lechangementdecesystèmegénérateur
d’exclusion peut se faire avec la classe
bourgeoise ou contre elle. S’il existe une
bourgeoisie nationaliste en Haïti, c’est
le moment opportun pour elle de s’unir
autour de cette nécessité d’investir dans
les secteurs vitaux de ce pays. C’est le
moment de réinvestir le surplus de leur
investissement dans la production afin
de créer des emplois et des richesses.
C’est la seule façon de désamorcer cette
bombe à retardement et que le moindre
soulèvement populaire peut faire sauter.
Si la classe économique ne saisit pas
cette occasion pour se démarquer de
cette politique axée sur des sauvetages
individuels, le clientélisme, la
corruption,lamédiocritélevoldesbiens
de la nation, elle risquerait de connaitre
des jours sombres dans un temps court.
Sortir Haïti de ce trou de misère requiert
un gros complot positif comme ce fut le
cas pour la bataille de l’indépendance.
La bataille d’aujourd’hui est celle de la
lutte pour la transformation de cette
société et des changements au niveau
des appareils idéologiques de l’État
(église, école, médias, famille) qui
transforment les individus en des êtres
amorphes, incapables de prendre leur
destin en main, et qui alimentent et
maintiennent le statu quo.
Il nous faut un nouvel ordre social,
politique, économique et culturel qui
débouchera sur un autre Etat pouvant
conquérir la confiance des citoyens. Une
autre classe économique qui investit dans
les secteurs vitaux (agriculture, industrie
de production…) du pays. Une autre
éducation qui apprendra à l’Haïtien à
aimer son pays, à croire que son bonheur
est ici, un autre type de rapport social axé
sur le bien-être collectif, le vouloir-vivre
ensemble, la justice sociale ; une autre
politique qui transforme l’individu en un
véritable serviteur de la nation, défenseur
des principes de souveraineté, porteur
d’idée innovante pour la modernisation
de la patrie commune. Un autre média
qui est au service de la société, chargé
de jouer le rôle de contrôle social, de
chien de garde de la démocratie. Il doit
être au-dessus de la mêlée. Une autre
église exempte des attitudes mercenaires
des dirigeants qui s’enrichissent en «
zombifiant » les fidèles, plutôt de les
conduire vers la construction de leur
bien-être. Une autre université qui ne
forme plus des complexés, des déracinés.
Il nous faut maintenant un noyau dur
d’hommes et de femmes intègres et
visionnaires en vue de créer ce grand
complot positif pour le meilleur d’Haïti.
Saintony FANFAN
| TRIBUNE
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 9
MONDE |
L
e Venezuela, en proie à une
crise politico-économique,
va sombrer davantage
dans la récession cette
année avec une hyperinflation
qui devrait grimper à 1.000.000%
d’ici fin décembre, estime le FMI,
une situation qui affecte de plus
en plus ses pays voisins.
Le Produit intérieur brut (PIB)
vénézuélien devrait se contracter
de 18% en 2018, a indiqué lundi
le Fonds monétaire international
(FMI). C’est pire que ce qui était
estimé en avril (-15%).
“Nous projetons une poussée de
l’inflation de 1.000.000% d’ici
la fin 2018, ce qui signifie que le
Venezuela est dans une situation
similaire à celle de l’Allemagne en
1923 ou à celle du Zimbabwe à la
fin des années 2000”, a commenté
dans un blog Alejandro
Werner, un des responsables de
l’institution de Washington qui,
au printemps, anticipait une
inflation de quelque 13.000%.
En outre, les pays voisins sont
susceptibles d’être de plus en
plus exposés aux répercussions
de l’effondrement de l’économie
vénézuélienne car la pénurie
de nourriture, les difficultés
croissantes pour accéder aux
soins, à l’électricité, à l’eau,
aux transports, combinées aux
problèmes d’insécurité, ont fait
fuir en masse la population qui se
réfugie notamment en Colombie
et au Brésil.
“Le Venezuela reste englué dans
une profonde crise économique
et sociale”, a résumé Alejandro
Werner. Et en 2018, le pays
pétrolier enregistrera une
récession à deux chiffres pour la
troisième année d’affilée, a-t-il
précisé.
La contraction du PIB sera plus
marquée qu’en 2017 (-16,5%)
à mesure que la production de
pétrole, principale ressource du
pays, s’effondre, a-t-il commenté.
Le Venezuela tire 96% de ses
revenus du brut. Or sa production
de pétrole a chuté d’au moins la
moitié en un an et demi faute de
liquidités pour moderniser les
champs pétroliers.
La production de brut a ainsi
poursuivi sa baisse en juin, à 1,5
million de barils par jour (mbj),
soitsonplusbasniveauen30ans,a
récemment révélé l’Organisation
des pays exportateurs de pétrole.
Le FMI pointe par ailleurs du
doigt la mise en circulation
d’un nombre toujours plus
grand de billets, ce qui alimente
l’hyperinflation.
- Tableau hétérogène-
L’exactitude des prévisions reste
toutefois sujette à caution. Début
mai, le FMI avait ordonné à
Caracasdeluifournirdesdonnées
économiques fiables sous peine
d’exclure le pays de l’institution
dans le cadre d’une procédure de
“censure”. Car l’institution, qui
compte 189 membres, n’a pas pu
effectuer de mission économique
dans le pays depuis 2004. Depuis,
il ne reçoit que des données
parcellaires.
Le chef économiste du FMI,
Maurice Obstfeld, avait observé
la semaine dernière qu’il était
difficile pour les économies
avoisinantes d’accueillir les
Vénézuéliens fuyant leur pays.
“La langue n’est pas un problème
biensûrmaiscesmigrantsdoivent
être absorbés” par les pays qui les
accueillent, a-t-il expliqué. Ce
qui représente un défi en terme
de logement ou d’intégration au
marché du travail.
Plus d’un million de personnes
ont migré du Venezuela vers
la Colombie au cours des 16
derniers mois, la majorité pour
fuir la crise politico-économique,
avait estimé le gouvernement
colombien mi-juin.
Au printemps, le gouvernement
brésilien avait estimé que 500 à
1.200 Vénézuéliens franchissaient
chaque jour la frontière
brésilienne.
S’agissant de la région toute
entière, Amérique Latine et
Caraïbes, Alejandro Werner
relève que la reprise économique
se poursuit mais que le tableau est
très hétérogène.
“Si la croissance accélère dans
certains pays (tels que le Chili et
le Pérou), d’autres font face à une
demande plus faible”, commente-
t-il.
Aussi la prévision 2018 pour
la région a-t-elle été révisée en
baisse à 1,6% (-0,4 point) et pour
2019 à 2,6% (-0,2 point).
Lareprisedel’expansionauBrésil,
première puissance économique
d’Amérique du Sud, devrait aussi
être moins solide (1,8% contre
2,3% estimé en avril), en raison
notamment de grèves.
La prévision pour la croissance
du Mexique, deuxième économie,
est, elle, restée inchangée à
2,3% mais le Fonds note les
grandes incertitudes liées à la
renégociation du traité de libre-
échange nord-américain (Aléna)
avec le Canada et les Etats-
Unis. Ce qui devrait peser sur la
croissance de 2019, désormais
estimée à 2,7% (-0,3 point).
Quant à la troisième économie de
l’Amérique Latine, l’Argentine,
les prévisions sont nettement
moins optimistes à 0,4% en 2018
(-1,6 point) et à 1,5% en 2019 (-1,7
point) après 2,9% l’an passé. Le
pays, qui a récemment obtenu une
aide du FMI, a pâti au printemps
d’une nette dévaluation de sa
devise et d’une dégradation de la
confiance des investisseurs.
AFP/Archives /YAMIL LAGE Le président vénézuélien Nicolas Maduro à La Havane à Cuba,
le 17 juillet 2018.
Le Venezuela s’enlise dans la récession, ses voisins en souffrent aussi
10 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
Agritourisme tropical à Sainte-Suzanne, Nord-Est d’Haïti
Un atoutsocio-économiquepour
les communautésrurales
L’agritourisme favorise la
découverte du monde agricole, de
son patrimoine, de ses produits
et ses savoir-faire. Un volet du
tourisme écoresponsable qui
proposeuneexpérienceauthentique
et personnalisée, d’autant plus
particulière en zone tropicale.
Comme dans la paisible commune
de Sainte-Suzanne (département
du Nord-Est d’Haïti) où siège
l’Institut de recherche et d’appui
technique en aménagement du
milieu (IRATAM) (https://www.
facebook.com/iratam2000/) qui
nous a accueillis en avril dernier.
Sainte-Suzanne est située à 23 km
de Cap-Haïtien, la deuxième plus
grande ville d’Haïti.
Approchedeproximité
L’IRATAM (1996) offre un appui
technique et financier aux membres
del’Institutquiregroupeplusde400
agriculteursetéleveursdelazonequi
œuvrent en terres montagneuses.
Un constant défi où il faut à la fois
protéger l’environnement et assurer
la production agricole.
« Notre appui se traduit par de l’aide
à l’organisation, à la production
et à la commercialisation de
nos produits locaux : arbres de
couverture (légumineuses), arbres
fruitiers, caféiers, tubercules,
ignames », détaille notre hôte,
Alain C. Félix, le gérant du site de
l’IRATAM.
Citons la commercialisation du café
— produit de la Coopérative des
planteurs de café de Sainte-Suzanne
(KPKS) — vendu sur le marché
équitable international.
«Nous préconisons une approche
de proximité par nos assemblées
locales et la participation
démocratique de nos membres»,
souligne Alain. Doté d’une
personnalité chaleureuse, notre
hôte dégage une belle quiétude.
Une sérénité qui accompagne ceux
qui savent exactement ce qu’ils font
et pour quoi ils le font.
Tourismerural
Outre son appui à l’aménagement
de la vaste zone agricole de Sainte-
Suzanne, l’IRATAM peut loger
des individus et groupes qui
s’intéressent aux réalités rurales
sous les tropiques. Une expérience
unique !
L’Institut propose des bungalows
pour deux personnes ou petits
groupes. D’autres bâtiments
(type dortoir) peuvent héberger
les grands groupes tels que des
échanges étudiants. Les chambres
sont équipées de moustiquaires. Les
toilettesetdouchessontàl’extérieur,
à proximité des bungalows.
Nul besoin de climatiseur, il fait
frais la nuit, nous sommes en
montagne. L’IRATAM utilise les
technologies alternatives à 100%
et des matériaux locaux pour le
développement de l’hébergement.
Le savoureux menu provient de
l’abondant terroir ambiant.
Un séjour rustique en pleine nature
tropicale, hors du tourisme de
masse, qui promet de vivre une
expérience culturelle immersive
parce qu’il implique la communauté
tout en favorisant le développement
local.
Échanges internationaux
« Nous animons toute une
gamme d’activités culturelles en
collaboration avec nos associations
communautaires : la Coopérative
des planteurs de café (KPKS), le
Réseau des femmes de Sainte-
Suzanne (REFAS) et l’Association
des jeunes agriculteurs de Sainte-
Suzanne (AJAS) », mentionne
Alain.
Cours de créole, ateliers de
cuisine traditionnelle, pièces
de théâtre, rencontres avec les
cultivateurs, découverte de la
biodiversité tropicale, randonnées
écotouristiques, visites historiques.
L’IRATAM nous invite à explorer
la vie rurale haïtienne en toute
authenticité.
Ces dernières années l’Institut a
accueilli de nombreux visiteurs du
Québec incluant des étudiants de
l’Université de Sherbrooke https://
www.usherbrooke.ca/actualites/
nouvelles/etudiants/etudiants-
details/article/31704/, des
stagiaires de Carrefour Solidarité
Internationale http://www.csisher.
com/stages/stages-internationaux-
pour-les-jeunes-professionnels-
haiti/, et des membres du Comité
de Solidarité Trois-Rivières (CS3R).
Grâce entre autres au soutien du
CS3R (http://www.cs3r.org/2342-
»»»» suite page 11
Village de Sainte-Suzanne./Photo/Annick Chalifour.
| ÉCONOMIE
Milieu agricole en montagne./Photo/Annick Chalifour.
Rochers gravés par les Taïnos, rivière de Sainte Suzanne. /Photo/Annick Chalifour.
Culture de l’igname, Sainte-Suzanne. /Photo/Annick Chalifour.
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 11
»»»» suite de la page 10
ÉCONOMIE |
iratam_-_ha%C3%AFti, l’IRATAM
a pu procéder à la construction d’un
centre de traitement primaire du
café (Centre Kafé lavé) au bénéfice
des membres de la Coopérative
des planteurs de café de Sainte-
Suzanne.
Excursiontaïno
L’ancienne civilisation taïno a laissé
de nombreuses traces en Haïti —
dans ses rivières et ses grottes —
dont la rivière de Sainte-Suzanne
parsemée de gros rochers gravés
par les Indiens Taïnos il y a plus de
1000 ans. La rivière est accessible
à partir de la commune par un
sentier serpentant en milieu rural
de montagne.
Une excursion émouvante qui nous
fait plonger depuis la lointaine
histoire de l’île jusqu’à sa réalité
d’aujourd’hui. Les gravures sur les
roches m’ont rappelé celles que
j’ai récemment vues dans la voûte
à Minguet sise dans la commune
de Dondon https://l-express.ca/
speleo-aventure-a-dondon-la-
voute-a-minguet/ au Nord du pays.
Attention : il s’agit d’une longue
marche, parfois escarpée, sous un
soleil ardent, dédiée aux voyageurs
en bonne forme physique et
accompagnés d’un guide.
Préserverle monde agricole
Le développement durable est l’un
des fils conducteurs du monde
rural. L’heure est à l’entrepreneuriat
et au développement dans un
but essentiel : créer et mettre en
œuvre les moyens nécessaires pour
protéger l’environnement agricole
partout dans le monde.
Dans ce contexte, l’agritourisme
tropical apparaît comme un vecteur
possible de la diversification des
activités agricoles en milieu rural
haïtien pouvant contribuer à
soutenir une socio-économie locale
durable.
Depuis 2014 l’IRATAM est
membre du Réseau national
des promoteurs du tourisme
solidaire (RENAPROTS)
https://www.facebook.com/
RenaprotsTourismeSolidaire/ qui
promeut le tourisme responsable.
Le Réseau, fondé en 2003, s’est
donné pour mandat d’appuyer le
développement communautaire
par des projets de tourisme durable
à travers le pays. Il œuvre en
collaboration avec ses membres
dont, entre autres, l’Association
des Dondonnais en Action (ADA/
Dondon) https://www.facebook.
com/ADA.Dondon/, Expérience
Jacmel https://www.facebook.com/
ExperiencePam/, l’Association des
paysans de Vallue (APV) https://
l-express.ca/ecotourisme-de-
montagne-en-harmonie-avec-la-
vie-paysanne/.
Annik Chalifour 2018.07.20
L’Express www.l-express.ca
Annik Chalifour revient d’un
6e voyage de presse en Haïti,
cette fois-ci dans le Nord du
pays. Ses reportages visent
à promouvoir le patrimoine
culturel et environnemental
d’Haïti : un important levier
de son développement socio-
économique durable. La
journaliste était l’invitée de
l’Institut de recherche et d’appui
technique en aménagement
du milieu (IRATAM) à Sainte-
Suzanne.
Agritourisme tropical à Sainte-Suzanne, Nord-Est d’Haïti
Pour mieux apprécier le projet de budget 2018-2019
L
e Réseau des journalistes
économiques pour le
développement durable
(REJEDD), de concert avec
le Group Croissance, a réalisé
à l’intention d’une trentaine
de journalistes venant des
départements du Nord-Est une
journée de formation autour du
renforcement de la transparence
dans le processus budgétaire haïtien.
Cette formation s’inscrit non
seulement dans la logique de
créer et de renforcer la sensibilité
économique chez les journalistes,
mais également leur permettre de
mieux comprendre le projet de loi
definances 2018-2019afindemieux
informer la population, selon les
informations communiquées par
Hansy Mars, principal dirigeant du
REJEDD.
Elle est également un moyen
de consolider les savoirs des
journalistes en matière de processus
d’élaboration et l’exécution du
budget, a poursuivi M. Mars,
croyant que la formation des
journalistes est importante dans
le cadre de l’éducation globale des
citoyens, notamment en ce qui a
traitaveclebudgetdelaRépublique.
Pour le PDG du Group Croissance,
l’économiste Kesner Pharel, former
les journalistes en matière du
processus budgétaire haïtien relève
aujourd’hui une nécessité, compte
tenu des dégâts ça peut engendrer
lorsque la population est moins
informée et formée sur le budget
qu’elle est chargée d’alimenter à
travers ses taxes.
Selon M. Pharel, l’éveil des
citoyens sur le budget national
exige des informations fiables
que les journalistes sont appelés
à diffuser quotidiennement, tout
en encourageant les journalistes
à mettre en réseau pour forcer
les décideurs politiques à mieux
repartir le budget de République et
l’utilisent à bon escient.
Les journalistes sont réjouis
d’avoir participé à cette séance de
formation qui leur inculque des
notions fondamentales relatives au
budget du pays.
Le cycle du budget, les phases
du budget, l’aspect politique et
juridique du budget, les catégories
de lois de finances, la structure
du budget, qui prépare le budget,
qui vote le budget, les allocations
budgétaires, les postes budgétaires
sont, entre autres, des thèmes sur
lesquels cette formation était basée.
Hervé Délima
Vue partielle de l’assistance lors de la journée de formation autour du renforcement dans le
processus budgétaire haïtien.
12 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
| INSERTION DEMANDÉE
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 13
SOCIÉTÉ |
De la plaidoirie à l’acte communautaire pour sauver le système
éducatif haïtien
Que l’on soit un acteur du système ou un simple observateur, la « défaillance » du système éducatif haïtien reste
un fait probant. Au lieu de plaindre le système, il faudra proposer des palliatifs valables face aux problèmes
d’urgence du système actuel.
L
ors d’un colloque
international à l’Université
Quisqueya à Port-au-Prince,
l’ambassadrice de France
en Haïti, Élisabeth Beton Delègue,
dans son discours du vendredi 23
mars, avait évoqué la « défaillance
» du système éducatif haïtien. Sur le
site de l’ambassade de France, des
chiffres ont été avancés : « 1 enfant
sur 4 ne fréquente pas l’école, 25 %
de la population est analphabète,
80% des maîtres n’ont pas de
formation spécifique ».
Quoique ces chiffres ne corroborent
pas avec ceux avancés par d’autres
institutions reconnues comme la
Banque Mondiale et l’UNICEF,
l’échec scolaire en Haïti reste une
réalité liée au développement
du pays. Au 1er janvier 2018, la
Banque mondiale estime que 90 %
des enfants sont scolarisés. Enfin,
la part d’enseignants non qualifiés
est estimée à 65 % (et non 80 %) par
l’UNICEF.
Dans son livre « Les Problèmes
du système éducatif en Haïti
», Odette Roy Fombrun lie les
problèmes du système éducatif aux
problèmes socio-économiques. Elle
parle de «révolution konbitique
non violente» qui s’oppose aux
principales réformes du système
éducatif. Le sémantisme du mot
konbitique exprime davantage
la coopération. Ainsi, l’auteure
et historienne propose-t-elle de
changer les structures, abandonner
la centralisation à outrance pour
une déconcentration poussée.
Si l’on assiste à une fuite
considérable de nos cerveaux, Mme
Fombrun consent à ce que l’on crée
le conditionnement mental qui doit
conduire au développement. Selon
le « trésor national » haïtien, il faut
convaincre le peuple haïtien qu’il
est possible d’être l’artisan de son
développement.
La centenaire qui a publié au cours
de sa vie des études sur l’éducation
en Haïti croit fermement qu’il
faut réaliser l’éclatement de l’école
traditionnelle, pour son ouverture
formelle à la communauté qu’elle
dessert.
En 1982 a lieu la Réforme Bernard
− inscrite dans la dichotomie école
urbaine/école rurale − qui a fait des
deux langues officielles d’Haïti les
langues d’enseignement. Le créole
était censé être la principale langue
d’enseignementdanslescinqannées
d’enseignement fondamental. Haïti
étantdansunesituationdiglossique.
Tant que la valorisation et les
pratiques culturelles de l’enfant ne
sont pas prises en compte, nous
serons toujours dans la contre-
production. Pallier les déficits
culturels de l’enfant doit faire
partie d’un programme d’État et
non de gouvernement. Maintenir
un programme de bibliothèque au
sein des écoles et des municipalités
devra être une priorité. Sur ce point,
il nous faut innover, découvrir les
moyens d’avancer au rythme de nos
possibilités et de nos disponibilités.
Identifier des locaux pouvant
accommoder des bibliothèques
scolaires.
En effet, la Réforme Bernard aura
été un échec en ce sens qu’elle
n’aura pas résolu un des problèmes
fondamentaux que confronte le
systèmeéducatif;lalangued’études.
En fait, le statut social privilégié
des bilingues rend l’utilisation du
créole comme langue d’unification
difficile. Dispenser l’éducation en
créole et apprendre une langue
étrangère semble poser problème.
Pour la majorité, le français est
facteur de promotion sociale.
Dans son livre « Portrait du
Colonisé », Albert Memmi, écrivain
et essayiste franco-tunisien, parle
d’amnésie culturelle pour évoquer
le rejet inconscient du patrimoine
culturel. Pour sa part, l’éminent
linguiste haïtien Yves Déjean,
dans son livre « Yon lekòl tèt anba
nan yon peyi tèt anba », a relaté
que l’éducation en Haïti n’est
pas au diapason avec les réalités
socioculturellesdupays.Ilestévident
que l’usage du français ne réussit pas
à tous ceux qui intègrent le système
éducatif haïtien. Modestement, je
proposerai que tous les Haïtiens
sachent lire et écrire le créole et
que le français puisse être enseigné
progressivement. Un travail
entrepris par certains éditeurs qui
proposent des manuels rédigés dans
les deux langues officielles du pays.
Toutefois, il faudra attendre une ou
deux générations pour mesurer le
résultat escompté.
«L’éducationestconsidérée
commeinstrumentdelutte»
D’un autre côté, en dépit de ses
multiples partenariats développés
avec la communauté internationale,
seulement 8 % de l’aide est allouée à
l’éducation depuis 2015.
De son côté, compte tenu de la
situation socio-économique et
l’attente de la désignation d’un
Premier ministre, la population
est de plus en plus sceptique sur la
subvention des manuels scolaires
cette année.
Deux semaines après la rentrée
officielle de l’année scolaire 2017-
2018,lapréparationetladistribution
des livres subventionnés n’étaient
pas toujours disponibles. La
fièvre du Mondial étant passée,
l’État dispose-t-il de fonds pour la
migraine de la rentrée des classes
2018-2019 ?
Garens Jean-Louis
....
14 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
| SOCIÉTÉ
Déjà 86 accidents pour le début des vacances d’été en Haïti
La période estivale s’avance, trainant dernière elle, son lot de tristesse et d’angoisse. Du début des vacances d’été au 22 juillet 2018, pas
moins de 86 accidents ont été enregistrés sur les différentes routes du pays. Les chauffeurs sont ainsi appelés à plus de prudence et les
autorités à prendre les mesures nécessaires afin de réduire le nombre d’Accidents de la voie publique (AVP) dans le pays.
L
es accidents de la circulation
ne cessent de se multiplier
dans le pays. Il ne se passe pas
une semaine sans qu’il n’y ait
au moins une AVP en Haïti, que ce
soit dans la zone métropolitaine ou
sur les principales routes nationales
du pays. La situation ne diffère pas
en période estivale, au contraire elle
s’aggrave durant les vacances d’été.
En effet, selon l’organisation Stop
Accidents, qui a préparé un rapport
sur la période allant du 29 juin
au 22 juillet 2018, un total de 86
accidents se sont produits au cours
de ladite période. Selon le « bilan des
accidents graves en Haïti » présenté
par la susmentionnée organisation,
du 29 juin au premier juillet 2018,
21 accidents se sont produits ayant
fait au total 70 victimes, soit 16
morts sur place et 58 blessés.
La situation s’est améliorée un tout
petit peu en début du mois de juillet.
Du 2 au 8 juillet, pas plus que neuf
accidents n’aient eu lieu. Ce qui a
fait 13 victimes, tous uniquement
des blessés. La deuxième semaine
de juillet, on a enregistré pas moins
de 26 accidents. Ce qui a fait 39
victimes, soit quatre morts sur place
et 35 blessés.
Trente accidents se sont produits
du 16 au 22 juillet ayant fait 57
victimes au total : 5 morts sur place
et 52 blessés. Sur toute la période,
cela fait un total de 86 Accidents
pour 179 victimes, dont 25 morts
(sur place) et 154 blessés.
Selon Jacques Aristote Magloire,
directeur administratif de Stop
Accidents, ces chiffres ne sont pas
exhaustifs puisque certaines zones
comme Jacmel et Port-de-Paix
n’ont pas reporté des accidents,
l’organisation n’y ayant pas encore
d’antennes.«Deuxièmeconstatc’est
le fait que seuls les décès sur le lieu
des accidents sont comptabilisés.
(Les victimes qui sont succombées
soitenroutesoitsurlelit de l’hôpital
ont été comptées comme blessés) »,
précise le directeur administratif
de l’organisation qui offrent ses
services techniques et opérationnels
pour pallier les accidents.
Autre remarque importante,
souligne Jacques Aristote Magloire,
c’est que la plupart de ces accidents
survient le week-end et à moto/
moto et voitures/moto. « Pourtant
plus de la moitié des morts sur
place soient 19 personnes ont
été provoquées par des véhicules
chavirés », informe-t-il.
La semaine du 2 au 8 juillet a produit
0 mort sur la route et 13 victimes.
Le responsable de Stop Accidents
pense que « c’est probablement
parce qu’elle a coïncidé avec ce
week-end où le pays était bloqué,
donc presque pas de circulation ».
Des observations qui nous font
comprendre que le nombre
d’accidents est probablement plus
élevé et, en conséquence, le nombre
des victimes aussi.
Les accidents de la voie publique
sont beaucoup plus fréquents
dans certaines zones. C’est le cas
par exemple de la commune de
l’Arcahaie, de Montrouis, de la zone
de Ti tanyen, de Quartier Morin, de
Marmelade et des Gonaïves entre
autres.
Ritzamarum Zétrenne
rzetrenne@lenational.ht
Crédit photo : HPN.
La planète Mars sera visible à l’œil nu, du 27 au 30 juillet 2018
La planète Mars sera à une distance plus proche de la planète Terre, pour ne pas dire sa plus courte distance
par rapport à la Terre depuis 2003, le vendredi 27 juillet 2018. Ce phénomène sera observable dans le ciel par
plus d’un, puisqu’on aura la chance de visualiser cet astre à l’œil nu.
L
’année 2018 est une année
spéciale pour les planètes
Terre et Mars. Durant cette
dernière, un événement rare,
qui arrive tous les 15 ans, se produit.
Il s’agit du phénomène cosmique
dénommé « l’opposition ». Ce qui
permettra à la Terre de passer entre
le soleil et Mars le 27 juillet 2018,
c’est-à-dire de s’aligner avec ces
astres, et de favoriser avec la planète
Mars une distance de seulement
57,7 millions de km (contre 76,1
millions de km en 2016) à cette
date. C’est la distance la plus faible
depuis 2003 et une telle situation ne
se reproduira pas avant 2035.
En effet, la planète Mars sera
l’astre le plus brillant durant les
nuits entre début juillet et la mi-
septembre (si l’on excepte toutefois
la planète Vénus qui se couche assez
rapidement derrière l’horizon ouest
le soir). Car Mars est également très
bien observable plusieurs semaines
avant et après le 27 juillet. Sans
attendre la date fixée, on peut ainsi
commenceràl’observerdansd’assez
www.sciencesetavenir.fr.
»»»» suite page 15
MARDI 24 JUILLET 2018 N0
713 | 15
»»»» suite de la page 14
SOCIÉTÉ |
L’Association Fanm kore Fanm et l’Opération Underground
Railroad au chevet des habitants de Boukan Ferdinand de
la Commune de Fonds Verrettes
C’est dans la chapelle Sainte-Rose
de Lima de «Boukan Ferdinand»
en cours d’achèvement, une
localité de la commune de Fonds
Verrettes que l’Association Fanm
Kore Fanm (AFKF) en partenariat
avec l’organisation internationale
Operation Underground Railroad
(O.U.R) a organisé le samedi 21
juillet 2018, une journée de clinique
médicale au bénéfice de plusieurs
centaines d’enfants en situation
vulnérable.
Cette initiative prise de concert
avec le député de la circonscription
de Fonds Verrettes Pierre Jude
Destiné et le maire de la commune
Charles Jean Hubert, a permis
aux parents de recevoir des soins
gratuits et des médicaments, grâce
au précieux concours de deux
vedettes américaines: Michael
Pettaway Tomlin dit Mike Tomlin,
entraineur au niveau de la National
Football League (NFL). C’est le
plus jeune entraineur qui a marqué
l‘histoire du peuple américain dans
le superbowlchampionshipen2009
et Timothy Ballard, fondateur de
l’Operation Underground Railroad
(O.U.R), auteur de nombreux
ouvrages. Son organisation dont il
est le CEO, s’engage dans la lutte
contre le trafic des enfants dans
le monde. Les deux, ont fait le
déplacement par hélicoptère pour
venir personnellement supporter
les familles dépourvues de centre
de santé, d’école, d’eau potable et
d’électricité.
Ces deux passionnés d’Haïti,
accompagnés de Chad Louis, NFL
Player Buy Coach, ont été accueillis
par la présidente de l’Association
FanmKoreFANM,SabineMartelly,
le député de la circonscription de
Fonds-Verrettes, le maire de la
commune et le représentant du
bureau de l’O.U.R en Haïti, Guesno
Mardy qui a reçu un ouvrage des
mains de Mike Tomlin titré « Slave
stealers » relatant le drame vécu par
ce dernier lors de l’enlèvement de
son fils en 2009.
MmeSabineMartellyovationnéepar
les habitants de Boukan Ferdinand
plaide en faveur de la construction
de deux kilomètres de route dans
la zone, pour faciliter l’accès aux
soins de santé des habitants de la
localité. En terre battue, la route de
Boukan Ferdinand, impraticable
pour les voitures, donne du fil à
retordre à ces gens quand ils veulent
trouver des soins, en cas d’urgence.
Le député Pierre Jude Destiné
dit déployer tous ses efforts au
ministère des Travaux publics pour
cette route secondaire qui permettra
la circulation des véhicules reliant la
forêt des Pins et Boukan Ferdinand.
Cette population estimée à plus
de 8 000 habitants préoccupe
grandement l’ambassadrice du
centre sportif italien (CSI-Haïti),
Sabine R. Martelly qui entend faire
une véritable plaidoirie auprès
des autorités étatiques du pays à
mettre le projecteur sur cette zone
abandonnée se trouvant dans le
département de l’ouest et à quelques
31 km de Fonds-Verrettes. Mme
Martelly travaille parallèlement
dans 15 blocs à Canaan, dans le
domaine de la santé et accordant
des microcrédits à certaines
marchandes. Son association
encadre certaines femmes qui
étaient dans les rues pour gagner
leur vie en leur offrant aujourd’hui
un métier manuel capable de les
aider à travers un vaste programme
de réinsertion sociale. Une première
cohorte va être graduée bientôt,
nous confie Sabine Martelly,
qui promet de faire davantage
avec le peu de moyens dont elle
dispose et non avec le support du
gouvernement pour donner un
mieux-être à la population de la
capitale et de l’arrière-pays.
Yves Paul Léandre
Une vue de la journée de clinique médicale à Boukan Ferdinand.
Une vue de la journée de clinique médicale à Boukan Ferdinand.
bonnes conditions dès maintenant :
la planète présente déjà un diamètre
supérieur à 15’’ d’arc et ne repassera
sous ce seuil qu’à la fin septembre
2018.
Suivant les experts dans le domaine,
l’opposition de Mars se produit
environ tous les deux ans (780 jours
en moyenne), car la planète Rouge
gravite autour du Soleil dans une
orbite plus grande que celle de la
Terre. Une année martienne est
ainsi presque deux fois plus longue
qu’une année terrestre. Mais toutes
les oppositions ne se valent pas,
l’orbite de Mars étant un peu plus
« ovalisée » que celle de la Terre,
presque circulaire. En 2016, la
distance entre Mars et la Terre était
ainside75millionsdekilomètres,de
93 millions de kilomètres en 2014,
et de 100 millions de kilomètres en
2012. L’opposition de 2003 fut à cet
égard absolument exceptionnelle,
puisque l’éloignement n’était alors
que de 55,8 millions de kilomètres.
Une situation qui ne s’était pas
produite depuis près de 60 000 ans.
Et, ce record ne sera pas battu avant
le 28 août 2287.
Il faut souligner que l’opposition
se produira le 27 juillet et Mars
atteindra son point d’approche le
plus proche de la Terre le 31 juillet.
La planète rouge sera également la
plus brillante depuis 2003, quand
Mars a fait son approche la plus
proche à la Terre dans près de 60
000 ans.
Woovins St Phard
Sources :
https://www.stelvision.com
https://www.sciencesetavenir.fr
www.futura-sciences.com
https://www.space.com
La planète Mars sera visible à l’œil nu, du 27 au 30 juillet 2018
16 | N0
713 MARDI 24 JUILLET 2018
Littérature et politique : l’héritage de Jean Henry Céant
D
ans le prochain musée sur
la vie politique en Haïti,
en dehors des archives,
des journaux et des
médias de l’audiovisuel qui doivent
illustrer la vie des personnages et
des événements les plus significatifs,
certains des hommes et des femmes
politiques de la République nous
offrent l’occasion de découvrir
d’autres facettes de leurs discours,
de leur engagement et de leurs
contributions à la communauté à
travers des ouvrages qui portent
leurs noms.
De la littérature et de la politique,
de la littérature dans la politique,
de la politique dans la littérature,
coup d’œil sur l’héritage littéraire
de l’un des anciens candidats à la
plus haute magistrature de l’État
haïtien. Ce qu’il faudrait autour
des contributions sous forme de
publications de Jean Henry Céant.
Découvrirautrement nos figures
politiquesàtravers leurs écrits
En ces temps de dénonciation
et d’accusation entre les
parlementaires et les pouvoirs
publics sur les privilèges octroyés
par rapport aux services fournis à
la population, l’application de la Loi
du 5 août 1872 faisant obligation au
secrétaire d’État de l’Intérieur de
publier les documents sur la gestion
des intérêts publics trouve bien sa
raison d’être.
Dans le répertoire bibliographique
du notaire Jean Henry Céant, on
peut retenir les principaux titres
suivants : la série d’aide mémoire
présentée en plusieurs volumes
: « Vade-mecum de l’agent de la
fonction publique et de l’administré
» ; « Vade-mecum de l’agent de la
fonction publique et de l’administré
(recueil de lois, décrets et arrêtés)
» ; « Le Vade-mecum du notaire
haïtien et de ses clients », « État
d’urgence Loi du 15 avril 2010
: un cheval de Troie », pour ne
citer que ces titres, en dehors des
autres documents collectifs, des
programmes politiques et des
promesses de campagne qui portent
la signature du philanthrope et
collectionneur d’œuvres d’art.
Vade-mecum de l’agent de
la fonctionpubliqueetde
l’administré
« Vade-mecum de l’agent de la
fonction publique et de l’administré
» demeure l’une des plus grandes
contributions de cet homme du
droit (notaire) devenu homme
politique notoire à travers ses
différents volumes publiés de : (A à
C, 672 pages), de (D à L, 712 pages),
de (M à Q, 536 pages), et de (Q à Z,
701 pages).
Dans les premières pages
introduisant le premier volume, on
peut lire ce qui suit : « Une pratique
malheureusement abandonnée.
Publication des documents sur la
gestion des intérêts de la République
».
Dans l’article 1 de la Loi du 5 août
1872, on peut lire ce qui suit : Le
secrétaire d’État de l’Intérieur est
tenu de publier, chaque année,
l’exposée de la situation générale de
la République, les lois budgétaires,
les comptes généraux avec tous les
documents y annexés, les rapports
trimestriels de la Chambre des
comptes, ainsi que toutes les pièces
qui auront passé par l’examen du
Corps législatif et dont l’une ou
l’autre Chambre aura ordonné la
publication ». Poursuit le second
article : Ces publications se feront
en brochure d’un format uniforme
et seront tirées et distribuées à un
millier d’exemplaires au moins.
Vade-mecum de l’agent de
la fonctionpubliqueetde
l’administré (recueil de lois,
décrets et arrêtés)
Publié en octobre 2008, dans la
partie « Avertissement » du volume
II, de l’ouvrage « Vade-mecum
de l’agent de la fonction publique
et de l’administré (recueil de lois,
décrets et arrêtés) » organisme sous
tutelle), le notaire public Jean Henry
Céant aborde des sujets comme
l’administration centrale de l’État,
donc des organismes, institutions et
services.
De la page 342 à la page 407,
l’auteur nous invite à revisiter les
organismes qui sont sous la tutelle
du ministère de la Culture. On peut
lister les principaux instruments
juridiques suivants : Le Décret du
2 octobre 1984 réorganisant les
Archives nationales ; le Décret du
20 octobre 1984 modifiant le Décret
du 8 avril 1940 portant création
de la Bibliothèque nationale ; le
Décret du 12 octobre 2005 créant et
organisantleBureauhaïtiendudroit
d’auteur (BHDA) ; et le Décret du
10 mai 1989 créant la Commission
nationale du patrimoine.
Delaclassificationdesbiens
culturels
De la page 369 à 377 de cet aide
mémoire, l’auteur met en lumière
des provisions légales dont
disposent les institutions du pays
pour aborder, apprécier et gérer le
patrimoine. Sans réinventer la roue,
il nous rapporte textuellement des
intertitrestels:«Desimmeubles,des
objets mobiliers, de la garde et de la
conservation des immeubles et des
objets mobiliers classés et de tous
les autres patrimoines, des fouilles
et des découvertes archéologies ».
Dépassé par le temps, le Décret
du 30 juin 1983 portant création
de l’Institut national haïtien de la
Culture et des Arts (INAHCA)
nous offre la possibilité de revisiter
également les belles années de la
promotion de la culture haïtienne à
lafindurègnedesDuvalier,àtravers
le leadership de l’INAHCA qui était
placésoustutelledusecrétaired’État
de la présidence, de l’information et
des relations publiques. Rappelons
que cet institut avait pour mission
de définir et orienter la politique
culturelle et artistique de la
nation et planifier l’action et les
interventions gouvernementales
dans les domaines de la culture, des
arts et sciences en harmonie avec le
plan national de développement.
Levade-mecumNotairehaïtien
et de ses clients
D’une pierre plusieurs coups, si
le vade-mecum se tourne vers le
passé de l’institution notariale,
c’est pour y puiser une source
d’inspiration quant aux directives
incontournables pour sa pérennité
dans un monde orienté vers la
mondialisation et la globalisation,
souligne l’auteur qui poursuit en
ces termes : « pour qu’il demeure
le porte-parole de l’universel, en
mettant en relation les hommes de
la planète, sans considération de
race, de couleur, de paroisse ou de
fortune ».
Dansles465pagesdel’ouvrage:«Le
vade-mecum Notaire haïtien et de
ses clients ! », particulièrement à la
sixième page de « Avertissement »,
Jean Henry Céant en a profité pour
rendre hommage à ses pairs, dont
des confrères partis plus tôt : Me
Emile Giordani, Me Gaspard Raoul
Kénol, Me Gérard Coradin, sans
oublier Me Ernst Avin. D’autres
personnalités dans son intimité
familiale ont été honorées telles que
son épouse Chantal Volcy Céant, sa
feu mère Célima Céant, ses quatre
enfants et ses frères et sœurs.
Étatd’urgenceLoidu15avril
2010:UnchevaldeTroie?
Dédicace à mon président René
Préval, sont les premiers mots : «
Pour l’histoire… » que l’homme
politique Jean Henry Céant a utilisé
pour inaugurer les chapitres de
l’ouvrage : « État d’urgence Loi du
15 avril 2010 : un cheval de Troie ?
» l’un de ses plus incisifs ouvrages
prémonitoires qui annonçait l’échec
de la méthode et des stratégies
utilisées pour reconstruire Haïti au
lendemain du tremblement de terre
du 12 janvier 2010.
Dans cet ouvrage de 320 pages,
l’auteur critique et propose des
pistes de solution pour tenter
de redresser la situation dirigée
par l’administration Préval, sous
l’influence de la communauté
internationale et le leadership de
la famille Bill et Hilary Clinton, à
travers la Commission intérimaire
de reconstruction d’Haïti (CIRH),
dontonconnaitbienlesconclusions
à travers le documentaire de Raoul
Peck dans « Assistance mortelle ».
De l’échec delaCommission
intérimairedereconstruction
Jean Henry Céant.
| CULTURE
»»»» suite page 17
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  • 1. HAÏTI MIGRATION République dominicaine : environ 70 000 déportés et refoulés Selon des données de la Direction générale de la migration en République dominicaine (DGM), le nombre d’Haïtiens déportés et refoulés, depuis le début de l’année 2018 à date, s’élève à environ 70 000. La DGM, d’après les responsables, continue de multiplier les opérations de contrôle migratoire des Haïtiens vivant illégalement sur le territoire dominicain et les opérations à la frontière contre les tentatives d’entrées illégales. HAÏTI/POLITIQUE Le Gouvernement américain salue les consultations initiées par Jovenel Moïse L’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Michèle J. Sison, en tête-à-tête avec le président de la République, Jovenel Moïse. MARDI 24 JUILLET 2018 NUMÉRO 713 Venezuela et Haïti, champions de l’esclavage moderne en Amérique Environ 59 000 personnes sont victimes d’esclavage moderne en Haïti. C’est le pays le plus à risque dans ce domaine en Amérique selon le dernier rapport de la fondation Walk Free. Les pays les mieux classés dans la région sont le Canada, le Chili et l’Uruguay. Déjà 86 accidents pour le début des vacances d’été en Haïti »»» suite page 4 »»» Lire page 2 »»» suite page 3 SOCIÉTÉ NBAJumpstart : deux jeunes Haïtiens retenus lors de la dernière phase SPORTCULTURE Lancement officiel de la quatrième édition de la Caravane de l’art ÉCONOMIE Agritourisme tropical à Sainte-Suzanne, Nord-Est d’Haïti
  • 2. 2 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 B ien que le Core Group l’a déjà fait, Michèle J. Sison, se positionne sur la démarche du Palais national afin de combler le vide provoqué par le départ de Jack Guy Lafontant, qui a été contraint de démissionner avec son gouvernement, suite aux événements du weekend du 6 au 8 juillet dernier. La représentante des États-Unis dit prendre acte de la volonté du chef de l’État, Jovenel Moïse, de consulter les différents acteurs de la société en vue d’aboutir à la désignationd’unPremierministre de consensus au remplacement de Jack Guy Lafontant qui a déjà tiré sa révérence. L’ambassadeur salue le processus de dialogue. Un processus qu’elle affirme en train de suivre avec beaucoup d’attention. Selon la représentante des États- Unis, c’est une noble initiative de la part du garant de la bonne marche des institutions, Jovenel Moïse, de prendre en considération les prescrits constitutionnels dans le cadre de ses séries de consultation en rencontrant les présidents des deux chambres. L’ambassadeur a, par ailleurs, précisé qu’il est aussi intéressant d’apprécierlecaractèreinclusifdu dialogue entamé par le président de la République qui a pris le soin de consulter tout le monde. À son avis, c’est une décision louable. « C’est une bonne chose pour Haïti et nous de l’étranger, nous sommes en train de suivre le déroulement du processus », a-t- elle fait savoir. L’ambassadeur Sison en a aussi profité de l’occasion pour réitérer la volonté de son gouvernement envers Haïti en matière de coopération bilatérale. Selon elle, les États-Unis sont en train de travailler afin de mieux développer un programme visant la croissance économique dans le pays. Car, précise-t-elle, la croissance économique est un outil de prédilection devant générer de l’espoir chez les jeunes Haïtiens de pouvoir obtenir un emploi digne et du coup favoriser le maintien de la stabilité dans le pays. En vue de soutenir sa déclaration, l’ambassadeur Sison, a fait référence aux incidents des 6 et 7 juillet 2018. Des incidents qui ont occasionné des scènes tout à fait regrettables pour l’économie nationale déjà. Pour elle, ces événements déplorables majeurs témoignent de la frustration d’une jeunesse marginalisée. Par conséquent, soutient-elle, la croissance économique devient une évidence pour le devenir d’Haïti. Daniel Sévère | ACTUALITÉ Le vent de juillet ! Les consultations se poursuivent entre le président de la République et différents secteurs de la vie nationale en vue du choix d’un nouveau chef de gouvernement. Ces rencontres ont lieu dans un contexte particulièrement tendu, suite aux émeutes des 6, 7, 8 juillet 2018. Il se trouve que tout nouveau gouvernement devra incarner de nouvelles espérances, alors que les ressources financières manquent cruellement. La communauté internationale a déjà posé ses ultimes et léonines conditions avant tout déblocage de nouveaux fonds. L’on sait que la fin des subventions à l’essence en faisait partie et que finalement tout cela s’est terminé dans la violence et les flammes. Les grandes manœuvres autour du pouvoir se poursuivent pour savoir qui décrochera le Graal de la primature. En se remémorant les chaudes journées de ce début de juillet, on mesure toute la vanité de ces combats d’arrière-garde pour un pouvoir aussi fragile et détonant. Les enjeux dépassent en effet les exercices habituels en futilité autour de postes officiels qui font fantasmer nos chefs. Il s’agit au-delà du destin individuel de femmes et d’hommes qui veulent servir ou se servir, de la destruction complète ou de la remontée des cendres d’une nation qui n’a rien perdu de ses rêves de grandeur. Il y a dans ce pays une incroyable capacité à perdre les opportunités les plus saisissantes qui donne froid dans le dos. Le danger de retomber à chaque fois, dans les mêmes travers de course individuelle et forcenée, vers les sommets du pouvoir nous guette à chaque période de crise. Tout se passe comme si nous étions frappés d’une impuissance sordide dans ces moments tragiques ou nous devons élever nos âmes. Ce que le peuple des barricades attend du nouveau gouvernement, ce nesontplusdescontesdefées,maisuncadreréalistedetravailavecdes objectifsmesurables.Unedonnéequirevientbeaucoupdansl’opinion est la réduction du train de vie de l’État. D’autres revendications n’attendront pas comme : la lutte non feinte, mais résolue contre la corruption qui permettra de récupérer des sommes folles perdues dans les ramifications souterraines du crime organisé ; la fin des grèves intempestives qui sont la résultante d’une gouvernance au rabais ; une meilleure gestion des hôpitaux publics ; une réorganisation des services de l’État dans le respect de la citoyenneté en lieu et place de cette humiliation quotidienne pour obtenir une carte d’identification nationale ; la fin de l’indignité sanitaire qui accable nos rues. Il existe d’autres objectifs qui ne dépendent pas du gouvernement, mais de l’ensemble de la communauté en crise. La mise en orbite d’un vrai dialogue national est rendue impérative par les flammes destructrices de ces derniers jours. Notre malheur vient du fait qu’il n’y a aucun secteur qui jouisse auprès de l’opinion de la crédibilité suffisante pour lancer une telle initiative. Toujours est-il que l’heure n’estplusaujugementdevaleur,ilfaudraselancerdanslaconstruction de ponts et de digues pour contenir les flots du désespoir. L’armée « souffrante » des barricades, nous ne parlons pas ici des professionnels du désordre aux ordres de quelques politiciens, mais du peuple du « 6 juillet » qui n’a pas participé au pillage, attend enfin le grand sursaut national. Le calme réparateur qui résiste jusqu’ici, aux chants des sirènes politiciens ne durera pas une éternité. Le changement de paradigmes tant souhaité par plus d’un est devenu comme disait un philosophe un impératif catégorique. Roody Edmé EDITO »»»» suite de la première page HAÏTI/POLITIQUE Le Gouvernement américain salue les consultations initiées par Jovenel Moïse Dans une déclaration faite sur la voix de l’Amérique, l’ambassadeuraméricainaccréditéenHaïti,MichèleJ. Sison,salueladémarcheduprésidentdelaRépublique, Jovenel Moïse, de multiplier les consultations avec les différents acteurs de la vie nationale en vue de la désignationd’unPremierministredeconsensus.Aussi, réitère-t-elle, l’engagement de son gouvernement à travailler de concert avec celui d’Haïti, dans le but de favoriser le développement de la croissance économique dans le pays.
  • 3. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 3 H aïti est le deuxième pays des Amériques à enregistrer le plus fort taux d’esclavage moderne selon le récent rapport de la fondation Walk Free rendu public le 19 juillet 2018 au siège des Nations unies à New York. Portant sur plus de 160 pays, ledit rapport analyse les pratiques en question et l’ampleur des facteurs de risque dans chacun des territoires concernés. Les pays les plus affectés dans la région sont le Venezuela, Haïti, la République dominicaine, le Cuba et le Honduras. Le taux de personnes faisant l’objet de pratiques liées à l’esclavage moderne en Haïti et au Venezuela est de 5.6 %. Au Venezuela, sur une population de 31 155 000 habitants, on estime le nombre à 174 000. Ce pays est considéré comme le plus affecté parce que le nombre de personnes touchées (en chiffres réels) est plus élevé. En République dominicaine, les victimes sont évaluées à 42 000 (4 % de la population), au Cuba à 43 000 (3.8 %) et à 30 000 (3.4 %) au Honduras. Environ 59 000 personnes en sont victimes en Haïti. Dans la région des Amériques, le nombre de personnes à souffrir des pratiques associées à l’esclavage moderne s’élèverait à près de deux millions, selon les statistiques fournies dans le rapport. Les victimes ont principalement subi des abus qui consistent en des travaux ou mariages forcés. Alors qu’Haïti suit le Venezuela dans le classement en termes de prévalence de l’esclavage moderne dans les Amériques, le pays est considéré comme le territoire le plus à risque (70 %), devançant le Venezuela (58 %) et le Mexique (57 %). Lespayslesmieuxclassésdanslarégion sont le Canada, le Chili et l’Uruguay. Ces états présentent des taux respectifs de 0.5 %, 0.8 % et 1 % en termes nombre de personnes victimes. Pour mesurer le niveau de risque dans chaque pays, les enquêteurs considèrent des indicateurs comme les problèmes de gouvernance, l’accès limité aux besoins de base, les inégalités, des groupes marginalisés et les effets de conflit. L’Amérique a un degré de performance intéressant dans un ensemble de domaines comme l’acceptation des minorités et l’impact des conflits. Pour ces indicateurs les scores sont meilleurs que d’autres régions, mais le continent doit faire ses preuves en améliorant la gouvernance et en diminuant les inégalités. Sinon les pays de la région resteront exposés à un élargissement du fossé entre les revenus, des crimes violents et une méfiance dans les institutions judiciaires. La fondation Walk Free est engagée dans la lutte contre l’esclavage moderne dont sont victimes plus de 40 millions de personnes dans le monde. Basée au Pays-Bas, cette organisation se donne pour mission d’en finir avec l’esclavage moderne qui comprend des pratiques comme la traite humaine, le travail et mariage forcés, l’exploitation sexuelle, la servitude pour dettes, l’exploitation des enfants et l’esclavage en lui-même. Vu l’ampleur du phénomène à travers le monde et même dans des pays développés, plusieurs acteurs restent pessimistes quant à l’atteinte de l’objectif de développement durable qui prévoit de « libérer le monde du travail forcé, de l’esclavage moderne, de la traite des personnes et du travail des enfants ». Kendi Zidor S elon la responsable, la mission MSF avait ouvert ces centres hospitaliers en 2010 après le séisme du 12 janvier. Ces centres étaient destinés à être temporaires, mais ont été prolongés en raison des besoins médicaux croissants, et par le fait que la situation en Haïti est encore difficile. L’hôpital obstétrique de 176 lits dans la région de Delmas à Port-au-Prince fermera ses portes dans les prochains jours. Les responsables attendent la sortie de certains patients. Ce centre reçoit particulièrement des personnes démunies dans la capitale, et traite (gratuitement) environ 500 patients par mois. Des milliers d’enfants sont nés dans ce centre également. L’hôpital de traumatologie de 122 lits àTabarre,quireçoitungrandnombre de cas de traumatismes crâniens et de fractures liées à l’utilisation des motos, devrait fermer définitivement en juin 2019. En 2016, une grève a paralysé les hôpitaux publics du pays, et le centre hospitalier de MSF à Tabarre était le seul répit pour ceux qui ne pouvaient pas se permettre d’obtenir des soins dans des hôpitaux privés. Cette année-là, le centre de Tabarre a traité (gratuitement) 15 228 patients dans la salle d’urgence et réalisé 8 088 chirurgies. Toutefois, malgré la fermeture de ces deux hôpitaux, Médecins sans frontières continuera à gérer quatre cliniques en Haïti. Par ailleurs, pour calmer l’inquiétude des gens qui pensent que MSF est en train de plier bagage, Michelle Chouinard indique que la mission continuera d’exister sur le territoire haïtien à partir de ces quatre cliniques. Le Centre de traitement des brûlures graves, le Centre de traitement des violences sexuelles ouvert 24/24, la Clinique d’urgence ouverte 24/24 dans un bidonville de Port-au- Prince et une installation à Port-a- Piment (Sud) qui ont été ouverts après l’ouragan Matthew, resteront fonctionnels, selon les assurances données par la responsable. Evens RÉGIS »»»» suite de la première page ACTUALITÉ | www.lenationalht.com 10, rue Gabart · Pétion-Ville info@lenational.ht (509) 4612-1010 / 3214-5554 *** Propriétaire: Le National S.A Fondateur: Hervé Lerouge, Ing. 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Il s’agit du centre hospitalier de Delmas et celui de Tabarre.
  • 4. 4 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 C ’est un ancien professeur de philosophie en France, à Singapour et au Liban qui consacre pour l’instant sa carrière à l’Amérique latine et aux Caraïbes, selon un communiqué de l’Ambassade de France en Haïti. M. Gomez a ainsi servi à La Havane comme premier secrétaire (1993- 1996), à Bogota comme conseiller culturel et de coopération (2000- 2004), et à Caracas comme premier conseiller (2004-2007). Il a assumé au Quai d’Orsay les responsabilités de sous-directeur pour le Mexique, l’Amérique centrale et les Caraïbes (2007-2010), puis d’Inspecteur des Affaires étrangères (2010-2013) et de directeur-adjoint des Amériques et des Caraïbes (2013- 2015). Il est en poste en République dominicaine depuis septembre 2015. En ce début de mois de juillet, M. Gomez avait fait part de la disposition de la France de construire des centres de santé en Haïti, plus précisément dans les zones frontalières, afin d’aider à réduire le nombre de femmes haïtiennes qui vont accoucher en République dominicaine. Mais, selon le diplomate, le Gouvernement haïtien n’avait manifesté aucun intérêt pour ce projet, alors que l’Union européenne avait déjà manifesté son intérêt à soutenir ce projet. Maintenant que l’ambassadeur sera plus proche des dirigeants haïtiens, peut-on maintenant espérer à l’aboutissement de ce projet ? Evens RÉGIS L es responsables des questions migratoires en Haïti ont observé un silence sur la situation des Haïtiens en République dominicaine depuis le moratoire accordé au Gouvernement haïtien. Un moratoire qui prendra fin dans environ un mois, soit le 26 aout 2018. Pendant ce silence des autorités haïtiennes sur cette date qui arrive bientôt, la DGM ne chôme pas. L’institution dominicaine continue non seulement de bloquer l’entrée d’autres Haïtiens sur le territoire, mais elle continue aussi à renvoyer des Haïtiens en situation irrégulière chez eux. Entreceuxquisontbloquésetrefoulés depuis les postes de contrôle officiels et ceux renvoyés, le chiffre s’élève à 70 000 pour les 6 premiers mois de l’année (janvier à juin 2018). Pour seulement le mois de juin, près de 12 000 Haïtiens ont été retournés en Haïti, 7 000 Haïtiens ont été refoulés à la frontière en essayant d’entrer illégalement ou clandestinement sur le territoire dominicain et près de 5 000 autres vivant illégalement sur le territoire dominicain, soit depuis quelques mois ou depuis plus de 10 ans, ont été déportés après avoir été contrôlés comme illégaux selon les informations de la DGM. En mai, près de 11 000 Haïtiens ont été renvoyés en Haïti (6,000 Haïtiens ont été refoulés à la frontière et près de 5 000 autres vivants illégalement en République dominicaine, ont été déportés. En ce qui concerne le mois d’avril, près de 11 500 ont été retournés en Haïti (5 800 Haïtiens ont été refoulés à la frontière et près de 5 600 autres vivant illégalement en République dominicaine ont été déportés. Pour les 3 premiers mois de l’année près de 35 000 Haïtiens ont été déportés lors des contrôles migratoires ou refoulés à la frontière Notons que de juillet 2015 à juin 2018 au niveau des points frontaliers officiels et non officiels de la frontière, près 300 000 Haïtiens ont été déportés ou refoulés en Haïti. Par ailleurs, il faut rappeler que le Plan national de régulation des étrangers qui avait fait prolonger les cartes de résidence temporaires octroyées aux Haïtiens inscrits dans ce plan arrive à son terme le 26 août 2018. Ainsi, les 239 000 Haïtiens inscrits et qui n’ont pas pu se faire régulariser correctement seront alors sous la menace de déportation. Le risque d’un éventuel rapatriement massif dans les mois à venir est de plus en plus élevé. Evens RÉGIS | ACTUALITÉ »»»» suite de la première page HAÏTI MIGRATION République dominicaine : environ 70 000 déportés et refoulés Des Haïtiens déportés de la République dominicaine. José Gomez, nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République d’Haïti. HAÏTI/DIPLOMATIE José Gomez, le nouvel ambassadeur de France en Haïti Actuellement en poste en République dominicaine, José Gomez se transportera dans l’autre partie de l’île en septembre prochain, et remplacera Élisabeth Beton Delègue au poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République d’Haïti.
  • 5. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 5 L e Centre ambulancier national (CAN) a pour mission de porter assistance et secours aux blessés, aux malades, aux femmes enceintes et aux personnes dont le cas nécessite une intervention rapide sur l’ensembleduterritoireàtraversson réseau ambulancier », a fait savoir Didié Hérold Louis, rappelant par ailleurs que la vision du centre est d’assurer une première étape au niveau des soins de santé dans le pays. Il informe en outre que, contrairement à ce que pensent bon nombre de personnes, le CAN n’est pas un service de transport encore moins un taxi-ambulance. C’est un transport pré-hospitalier d’urgence, a-t-il souligné. Il a également précisé que le CAN fait partie des soins d’urgence du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). Compétence, intégrité, équité, respect et justice sociale sont parmi les valeurs nourries au sein du CAN selon M. Hérold Louis. Et ce sont ses mêmes valeurs que le ministère de la Santé publique prône dans tout le système de santé à travers le pays. Car, dit-il, ces valeurs découlent directement de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Créé en 2012 suite à la signature d’un accord entre Haïti, Brésil et Cuba, 6 ans après, tout n’est pas rose pour le Centre qui a connu des moments de grande instabilité. Cinq directeurs se sont succédé. Les problèmes restent entiers. En ce sens, une commission de restructuration a été formée en juillet 2017. Elle avait pour mandat de faire une analyse structurelle et organisationnelle du centre. À la fin de ce travail, les commissaires se sont rendu compte que le centre fait face à des problèmes d’ordre fondamental, parmi lesquels le manque des matériels roulants et l’irrégularité des matériels et en intrants médicaux. Ajouter à cela, les mauvaises conditions de travail et les faiblesses administratives. Bilan Environ un an après la mise en place de ce comité, Didié Hérold Louis se dit satisfait des réalisations de la commission. Selon les données communiquées, si le manque des véhicules posait autrefois un problème majeur pour le bon fonctionnement du Centre,aujourd’huileproblèmesemble être sur le point de résoudre. Pour l’heure, cinquante et une ambulances sont fonctionnelles. Quatorze sont en attente de fonctionnement. Pour ce qui est des intrants médicaux, le ministère de la Santé publique a fait l’acquisition d’un stock de matériel et d’intrants médicaux grâce aux fonds du Trésor public pour approvisionner le bureau central du CAN. L’approvisionnement des réseaux départementaux se fera aussitôt que les mises en place administratives et logistiques seront complétées. Ce stock de matériel, selon le responsable, permettra à ce centre de fonctionner correctement pendant les six prochains mois. À côté des problèmes précités, les conditions de travail, le centre d’appel, la question des ouvriers contractuels faisaient également partie des dilemmes auxquels fait face le Centre ambulancier national. Pour l’instant, la CAN reçoit environ 2000 appels par mois, 1200 cas d’urgences uniquement pour la région métropolitaine et 40 % des employés du bureau central ont déjà trouvé leurs lettres de nomination et le 23 mars dernier, le CAN a inauguré une nouvelle succursale à Cité militaire. Jodel Alcidor ACTUALITÉ | L e Directeur départemental de l’Ouest de la Police nationale a indiqué ce week-end que la cacophonie relevée au niveau des instructions passées par le haut commandement était à l’origine de l’inaction des agents de l’ordre lors des émeutes des 6 et 7 juillet derniers. Bergson Soljour, s’exprimait en marge de la cérémonie d’installation du nouveau responsable du Commissariat de Port-au-Prince, Joel Casséus, qui remplace Olden Saintilus à ce poste. Le commissaire Soljour a aussi évoqué des problèmes d’effectifs pour justifier l’absence de réponse de la PNH à ces scènes de pillage et de casse systématiques. Selon lui, l’institution policière ne disposait dans les commissariats de l’Ouest que de 30 % de ses effectifs lors de ces émeutes populaires. Dans la même veine, le nouveau responsable du Commissariat de Port-au-Prince, Joël Casséus, a appelé à la collaboration de la population pour permettre à la police de remplir sa mission. Il a promis de faire régner l’ordre et la sécurité dans la capitale : 38 42 11 11, 38 20 11 11, 38 38 11 11 et 38 37 11 11 sont les lignes disponibles pour signaler à la Police les faits suspects qui méritent son intervention. De son côté, l’ex-responsable du Commissariat de Port-au-Prince, Olden Saintilus, invite les instances concernées à jouer leur partition pour faciliter la tâche des agents de l’ordre. Pour lui, le chômage et des individus délaissés par la société, contribue également à alimenter l’insécurité physique dans la capitale. Amose Chouloute Confusion et cacophonie dans les instructions, les policiers n’ont pas réagi... HAÏTI/AMBULANCE Le CAN tente de se relever Les Lundis de la presse du ministère de la Communication a reçu, le lundi 23 juillet 2018, le docteur Didié Hérold Louis, l’un des membres du comité de gestion du Centre ambulancier national (CAN). Au cours de cette conférence de presse, tenue au local du ministère, le responsable a fait le point sur la mission, le bilan des activités, les perspectives et les difficultés rencontrées par le CAN au cours de ses six années d’existences.
  • 6. 6 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 Haïti : M. Jovenel Moïse, peut-il regagner la confiance du peuple ? D u six au huit juillet 2018, n’ayant virtuellement pas de voix pour plaider sa cause au Parlement, et profitant d’une certaine opportunité, le peuple haïtien s’était vu forcer de démontrer- -à sa manière traditionnelle-- son mécontentement contre le président Jovenel Moise, en lui délivrant un assourdissant message de non- confiance. Malheureusement, cette éruption, pour le moins, prévisible, a fait des victimes que le gouvernement devrait, coûte que coûte, dédommager : c’est ce qui peut nous arriver parfois quand notre gouvernement provoque unemajoritéléséeetnégligedeprendre ses tensions pour nous épargner des conséquences fâcheuses. Alors, pour calmer la colère populaire, le chef de l’État, d’une voix fiévreuse, a déclaré l’avoir entendu,--ce qui nous suggérait qu’il voulait se ressaisir et prendre le contrôle de la situation. Très bien! pensait-on. Mais, qu’avait-il entendu? Les défis du peuple contre la montée du prix du gaz à la pompe ? Les plaintes contre la corruption et contre l’opacité du gouvernement; les demandes au secours des mères et pères de famille et les cris percutants de leurs enfants mourant de faim ? Des hurlements de nos jeunes gens désespérés dont la vie s’effrite inlassablement dans un chômage galopant et chronique? Les grognements sourds de nos sans-voix traduisant leur grande déception d’une administration qui, apparemment, s’est donné pour mission de les bafouer et les maintenir dans la crasse ? Que compte faire l’Exécutif dans la mesure où il a vraiment de bonnes oreilles et qu’il a clairement saisi les sons distincts de cette cacophonie et leur degré dans la tonalité de la misère haïtienne? Voudrait-il persister à les entendre jusqu’à ce qu’ils lui crèvent le tympan ou préférait-il tenter, au moins, de diminuer leur intensité ? “Mais, pauvre homme que peut-il faire ?” me dit ma tendre sœur. “ Son entourage serait-il au diapason avec lui pour l’aider à choisir un Premier ministre capable de former un gouvernement sérieux tissé de gens capables et crédibles afin de remédier à cette crise de confiance entre lui et le peuple ? Aujourd’hui, le spectre pernicieux, qui publiait subrepticement dans l’air l’annonce de la montée du prix du carburant, a accompli son œuvre néfaste d’enrager le peuple, et s’est retirée victorieuse et moqueuse -- l’on ne sait où et pour combien de temps. Maintenant, le Président devra répondre sérieusement, comme il l’a promis, à la question de la corruption qui ankylose l’administration publique. Nous crions donc, à bas la démagogie, à bas le faire-semblant, à bas la corruption ! Nous réclamons quelques lumières et quelques fermes décisions du Président sur les dossiers de l’ONA et du Petrocaribe, et d’autres documents dubitatifs qui moisiraient au fond de quelques tiroirs abandonnés. Il y a aussi le problème de non- transparence dans les transactions gouvernementales--nationales et internationales--et les grands dossiers nationaux, qui nous concernent. La presse haïtienne plaide* pour l’accès aux informations relatives au pays, afin qu’elle puisse les partager avec le peuple. Car, tenu dans le noir, ce dernier devient soupçonneux et nerveux : il imagine qu’on fomente des complots sur son destin. Mesdames, messieurs, soyons sérieux ! Ce ne sont pas par des médias étrangers, des réseaux sociaux et du teledyòl que la presse haïtienne devait prendre connaissance des transactions gouvernementales et des grands évènements qui concernent Haïti. À moins qu’il ne cache quelque chose au peuple haïtien, le gouvernement ne devra pas voir la presse haïtienne comme une ennemie. Au contraire! La presse haïtienne pourrait lui rendre le travailplusfacile.Donc,ilestimportant que le gouvernement haïtien cesse de mystifier la bonne presse haïtienne sans laquelle il n’existe pas de vraie démocratie dans l’ile. Pareillement, jugeons-nous inacceptable le désespoir qui se lit dans les yeux de nos marchandes ordinairement pleines de dignité et de résilience, qui pleurent, aujourd’hui, comme des enfants. Le dégoût perçu dans l’âme de nos jeunes gradués qui fuient le pays comme l’on fait à un lieu maudit ne nous afflige pas moins. Similairement avons-nous besoin d’apprendre que le chef de l’État, étant le père symbolique de la nation, a fait provision pour les familles qu’il a expulsées de leurs demeures à Pèlerin 5, sans leur donner une couverture. À moins que le Président et son staff ne siègent au Palais que pour jouir des privilèges du pouvoir et remplir leurs poches--comme l’ont proclamé sans aucun scrupule leurs prédécesseurs, M. Moise serait obligé de s’entourer de citoyens capables et honnêtes pour rétablir la confiance du peuple en lui. Et c’est cela le grand défi ! Il est évident qu’Haïti ne manque pas de ressources humaines, professionnelles et intellectuelles disponibles pour le tirer de l’abîme; et nos plus grands esprits restent encore à être essayés: ce ne sera pas une corvée de trouver des personnes d’expérience et académiquement bien formées pour remplir les fonctions de Premier ministre, de ministres et de directeurs généraux. Mais, ce qui fait défaut en Haïti, c’est une pénurie d’hommes et de femmes de caractères : là, les vrais chefs n’y sont pas en grande provision. Alors, comment découvrir des compatriotes à qui l’on peut faire confiance? Qui sont capables de prendre des initiatives? Qui n’ont pas peur des responsabilités? Qui peut faire preuve du courage? De vrais patriotes, pleins de dévotion et de sincérité envers leur peuple? Pour rester dans les limites de notre sujet, nous nous garderons d’élaborer un peu sur un seul de ces paramètres : le terme “confiance”. Pour avoir été trahi, maltraité et vilipendé pendant plus de trois décennies, le peuple haïtien, aujourd’hui, a réellement besoin de citoyens sur qui il peut compter. Il veut remettre sa destinée entre les mains de vrais patriotes ; il veut se sentir en sécurité ; il veut croire que ses leaders ne cherchent pas seulement à s’enrichir et à enrichir leurs proches pendant que lui, il végète dans la boue. Mais malheureusement, aujourd’hui, les standards moraux sont virtuellement totalement oblitérés. Très souvent, on est bombardé par des scandales de toutes espèces provenant de toutes les sphères de la société : les affaires, la politique, et même l’église. Des citoyens refusent de payer leurs impôts, corrompent les employés de l’état, des politiciens mentent, complotent contre le peuple, et gaspillent le fonds du Trésor public; des leaders religieux succombent à la tentation de l’argent et à d’autres pièges pareils, etc. Comme prétexte, les corrupteurs et les corrompus jurent sur la tête de Mammon que la corruption se trouve partout dans le monde, --un avis auquel nous ne souscrivons pas. Car pour nous, la corruption est un luxe que les pays riches peuvent se payer, mais un poison pour les pays pauvres comme Haïti. Toujours est-il que, quels que soient sa largeur et sa hauteur, ses facultés, son style et son clout, un leader en qui on n’a pas confiance ne saurait démocratiquement mener un groupe, une corporation ou un pays à l’accomplissement d’aucune mission, à l’atteinte d’aucun objectif, et au développement. La confiance ? Cela s’acquiert : un leader doit travailler à mériter la confiance de ses sujets, la confiance de son peuple. Cela provient del’expériencedugroupeoudupeuple avec son leader. Par exemple, un leader qui ne tient pas ses promesses et qui,- - pour distraire ses sujets de la faim-- leur offre des jouets tels, une caravane en carton pleine de petits généraux en plastique dont la destination est au bout du monde, quand il leur a promis des “bananes” pour assouvir leur faim, est indigne de confiance. Le message du peuple et son comportement après sa crise de colère du 6 au 8 juillet, peuvent être traduits de différentes façons. Cela dépend de l’interprète: de ses facultés de perception, de jugement et de raisonnement. Selon nous, partageant les misères de ce peuple et connaissant les différentes causes et les divers architectes de sa calamité, nous croyons qu’il a tout simplement profité d’une situation pour se faire entendre. Et son message était clair : rendez nous notre dignité humaine ! Cessez de nous abuser et de nous prendre pour des imbéciles et des zombis! Nous sommes patients mais déterminés ; martyrisés mais résilients ! Ainsi, nous voulons être convaincus que le Président a bien appréhendé les urgences de l’heure. Nous voulons nous rassurer qu’il a vraiment le contrôle de la situation et qu’il n’est pas mal inspiré. Les lamentations des mères et pères de famille et les cris aigus de leurs enfants mourant de faim suggèrent la nécessité de la création de nouveaux programmessociauxpourlessoulager. Les hurlements des jeunes désespérés dont la vie se gaspille honteusement par manque d’emploi exigent une politique de création d’emploi plus compréhensive supportée par le secteur privé et le gouvernement. Le calme soudain qui revient à la ville après l’ouragan populaire nous signale une certaine volonté du peuple d’accorder une autre chance au Président Jovenel Moïse afin qu’il mette ses devoirs au propre. Oui ! Il est probable qu’il ne soit pas trop tard pour que le Président change la donne, qu’il prenne ses responsabilités de Président de la République; qu’il fasse preuve de courage et de résilience. Cette confiance perdue peut être retrouvée si M. Jovenel Moise cesse de jouer à l’intelligent. “Lorsque nous serons convaincus que vous feriez tout ce qui dépend de votre pouvoir pour notre bien et non pour nous »»»» suite page 7 | TRIBUNE
  • 7. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 7 TRIBUNE | faire du mal, alors vous récolterez notre confiance et aucune force ne pourra vous empêcher d’achever votre quinquennat.” J’espère que M. Moïse ait sagement discerné la gravité de la conjoncture, et que lui et ses proches sujets ne soient pasdansunesituationtropconfortable dansleurtourdecommandeendépitde nouvelles assurances que peuvent leur prodiguer certains secteurs soi-disant alliés, indifférents et trop sûrs d’eux- mêmes : les manifestations houleuses et les cassures vengeresses du 6 au 8 juillet témoignent indiscutablement de la fragilité du pouvoir en Haïti. Dans l’histoire de la démocratie haïtienne, un leader qui arrive à perdre la confiance de son peuple jusqu’à le pousser à se faire du mal, devrait démissionner. Si le leader s’obstine à se croire indispensable, il doit avoir le ciel ou l’enfer à offrir. Car, il n’y a pas plus sourd et plus cruel qu’un peuple affamé et enragé: lorsque cela est arrivé, la Constitution peut être réduite au niveau d’un torchon dont on essuie les mains après les avoir souillées dans la vie des autres, parce que, là, les “lois” sont foulées aux pieds et les traditionnelles scare tactics pour empêcher que cela soit ainsi, s’y révèlent non effectives. Pierre-Yves Roy »»»» suite de la page 6 »»»» suite page 8 Haïti : M. Jovenel Moïse, peut-il regagner la confiance du peuple ? Le droit de l’homme en Haïti dans tous ses états A u-delà des limites que certains spécialistes du droit international, des relations internationales et des droits de l’homme ont décelées dans le fonctionnement et l’existence des organisations internationales et des organisations régionales telles l’ONU et l’OEA, ils ont, quand même, relevé un apport théorique de ces dernières dans la promotion et la vulgarisation des idéaux et de la philosophie des droits de l’homme à travers leurs différents réseaux de protection des droits de l’homme. De nombreuses normes internationales ont été prises à cet effet, mais le résultat tant espéré se fait encore attendre ou est loin d’être obtenu à cause des obstacles surtout liés aux pratiques néo-autoritaires de nos dirigeants, l’insouciance caractérisée des élites et le mépris de certains dirigeants politiques à l’égard de la majorité nationale et leur refus de les appliquer et de répondre à leurs obligations internationales. Alors qu’ils ont l’impérieuse obligation d’investir et de s’investir dans la construction de l’homme haïtien, de leur garantir le droit à la vie, à la santé, à l’alimentation. En somme, l’État doit s’assurer de la protection et du respect des droits inaliénables et imprescriptibles consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte relatif aux droits civils et politiques et le pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. En effet, selon Daniel Lochack, les droits de l’homme sont un ensemble de principes visant à développer et protéger les droits inaliénables à travers les normes internationales, et ces normesunefoisratifiéess’imposentaux États et deviennent la source des droits et libertés individuelles. Dans notre cas, la Constitution de 1987 a repris les règles établies par la déclaration universelle des droits de l’homme dans son préambule et dans la partie consacrée aux libertés fondamentales. Les droits et libertés reconnus par les conventions internationales se trouvent en principe promus au second rang dans la hiérarchie des normes et doivent être appliqués dans toutes ses formes et teneurs. Le constat de l’inaction de la communauté internationale face aux atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale est l’une des raisons du changement qui s’opère à partir de 1945. Les droits de l’homme sont désormais placés au centre de préoccupations des Nations unies, auxquelles la charge et la mission de développer, de protéger et d’encourager ont été confiées. En effet, les organisations internationales ont fait de la protection de l’humain leur principal leitmotiv et l’un de leurs principaux objectifs, même si jusqu’à date les résultats en termes concrets sont peu satisfaisants. Certains disent qu’ellesontétécrééespourrenforcerles inégalités socio-économiques existant à travers le monde, car aucun effort réel n’a été consenti pour réduire les inégalités et la pauvreté dans le monde. Ce qu’il ne faut, surtout, pas perdre de vue, c’est que le développement de l’humain et des sociétés dépendent du niveau d’engagement et d’implication des citoyens, car l’aide internationale n’est pas porteuse de progrès et de stabilité économique. Si tel était le cas, Haïti serait un pays riche, développé capable de prendre soin de ses citoyens et de leur offrir un bien-être. Un contemporain dans son analyse sur le système onusien et régional des droits de l’homme avait posé cette question qui peut paraître bête ou peu intelligente, mais très philosophique vu la façon dont les richesses sont partagées à travers le monde et les inégalités sociales y règnent : quel est l’homme des droits de l’homme? Si l’on tente de répondre à cette question, on peut dire que l’homme des droits de l’homme est tout homme vivant sur la planète terre sans distinction de race, de religion, de couleur, de sexe, de langue, du niveau économique et de sa position dans la société internationale. Ce qui revient à dire que les droits de l’hommesontapplicablesàtouthomme et tiennent compte de tout homme, même celui qui est accusé de meurtre, de viol ou d’enlèvement peut en jouir et en bénéficier, d’où le plaidoyer des organisations des droits de l’homme contre la situation infrahumaine existant dans nos différents centres carcéraux et pénitentiaires. En effet, il est de la responsabilité de l’État de garantir les droits inaliénables et imprescriptibles, et cela implique une prise de conscience certaine des autorités et la volonté de remplir leurs obligations internationales en vertu du principe “pacta sunt servanda”. Donc, l’État doit en tout premier lieu respecter ses engagements et les appliquer avant d’exiger les citoyens à les respecter à leur tour. On ne donne pas ce qu’on n’a pas, dit-on, et l’exemple doit venir d’en haut, m’a-t-on appris. Tout effort de valorisation de l’homme haïtien doit tenir compte des dispositions constitutionnelles visant à garantir les droits fondamentaux. De toute évidence, l’évolution des droits de l’homme dépend des politiques publiques élaborées et appliquées par les politiques, car les actions politiques doivent être dûment réfléchies et s’inscrire dans la perspective de la construction d’une société équilibrée où le simple citoyen peut manger à sa faim, payer l’écolage de ses enfants, avoir une assurance de maladie, etc. En fait, L’État a premièrement pour obligations de respecter les droits de l’homme. Deuxièmement, il a pour obligation de protéger les droits de l’homme. Et, troisièmement, l’État a pour obligation d’instaurer les droits de l’homme. Tout État ne parvenant pas à remplir ces obligations est un État défaillant qui mérite d’être déconstruit et remplacé par un État responsable. Point n’est besoin d’être savant pour comprendre le rôle que l’homme est appelé à jouer dans sa société. La Constitution et les normes internationales ratifiées par Haïti ont instauré une organisation politique préconisant à tous les points de vue la valorisation de l’homme. En effet, la mission de l’État doit consister, en tout premier lieu, en une politique de valorisation de l’homme haïtien en posant les bases nécessaires à cette entreprise. L’homme valorisé, valorisera les choses qui l’entourent en vue de son bien-être. Les maigres ressources du Trésor public doivent permettre à l’État de venir à la rescousse des laissés pour compte, mais c’est tout le contraire qui se fait sur le sol dessalinien. En fait, le trésor public ne sert qu’à prendre bien soin des hauts fonctionnaires de l’État, car il les paye une seconde résidence, des voitures luxueuses, des vêtements pour toute occasion, une seconde femme, des sex- friends, etc. Le pire, Plus de 80% de la population vit dans la crasse et n’est pas capable de s’offrir le minimum pour vivre sainement comme un être humain à part entière. Les grands fonctionnaires jouissent pleinement de tous les privilèges de l’État alors celui dans lequel réside la souveraineténationalemeurtàcausede l’insouciance et de la méchanceté d’un système inégalitaire trop longtemps institué et conservé. À qui profite-t-il ? Peut-être à l’État et à ses acolytes. Ce qui est certain, cette situation profite à un secteur de la vie nationale qui ne veut pas voir l’autre vit dans la décence. La promotion des droits de l’homme est également et surtout la redéfinition du rapport à l’autre, c’est-à-dire voire et accepter l’autre comme son égal tel qu’il est écrit dans l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : « Tout homme est né libre, égal à un autre en droit et en dignité .» Donc, il n’y a pas de différenciation et de hiérarchisation entre les hommes. Ils méritent tous d’être traités avec respect et dignité. L’article 22 de la Constitution consacre le droit de tout citoyen à l’alimentation, à l’éducation, à un logement décent et à la sécurité sociale. Cependant, jusqu’à présent, la majorité d’Haïtiens souffre de faim. Ils sont maltraités et réduits à une misère chronique, voire pathologique. La grande partie de la population haïtienne vit dans une situation de détresse monstrueuse et
  • 8. 8 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 »»»» suite de la page 7 de pauvreté absolue. En fait, Gédéon Jean nous dit qu’on ne pourra jamais parvenir à une société démocratique et respectueuse des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la bonne gouvernance, l’État de droit, la reconstruction effective d’Haïti si l’on accepte la dictature de l’extrême pauvreté comme étant la norme. Donc, il est crucial que la situation d’extrême pauvreté qui prédomine en Haïti soit déverrouillée. Car, l’avenir d’une société démocratique ne saurait se construire dans une société qui se résigne à accepter qu’il y a deux catégories d’hommes : les pauvres plus de 80 % et les autres». De l’avis de François Perroux cité par Leslie Manigat dans son ouvrage ayant pour titre : la crise contemporaine en Haïti, la pauvreté absolue « est déterminée par le niveau au-dessous duquel les besoins primaires ne sont pas satisfaits. Selon Leslie Péan, de manière générale, l’agriculture haïtienne nourrit de moins en moins la population. La Coordination nationale de la Sécurité alimentaire (CNSA) est alarmée par le fait que 55 % de la population souffre d’insécurité alimentaire. Elle ne cesse de tirer la sonnette d’alarme devant la baisse de la production et la hausse vertigineuse des prix de vente des produits alimentaires. Les inégalités sociales se sont aggravées ; on est passé de 4 % de la population accaparant 65 % des ressources du pays en 1970 à 3% contrôlant 80% de ces ressources en 2018. La diminution de la production agricole est une tendance lourde. L’agriculture contribue à 25% du PIB et emploie 60 % de la population. Les rendements sont faibles, car les engrais ne sont utilisés que sur 21 % des terres cultivées tandis que 83 % de ces terres ne sont pas irriguées. En fait, la mission de l’État consistant à permettre à chaque individu de vivre mieux chaque jour davantage reste et demeure, aux yeux de l’homme haïtien, une pure illusion. La population perd toute confiance dans les autorités politiques et les institutions de l’État. Il est clair que les droits des citoyens sont bafoués, et ce depuis toujours. Sommes-nous condamnés à évoluer au sein d’un État qui se donne pour mission de distribuer des secours à des gens riches pour les rendre plus riches au détriment de la masse favorisée? À quand un État au service de la nation et respectueux des valeurs de la dignité humaine? Le besoin se fait sentir pour éviter l’éclatement social prédit par les récents événements. Pour René Julien, un pays qui, après 214 d’indépendance n’arrive pas, au moins, à assouvir la faim de son peuple qui n’a pas cessé de se lamenter sur sa misère, à lui offrir un logement décent, àprendrelascolarisationdesesenfants, à lui fournir des soins médicaux, est un pays en faillite. En dépit des normes internationales ratifiées et les recommandations constitutionnelles, plus de 90% n’ont pas accès à la santé. Ilfautpointerdudoigtl’irresponsabilité de l’État haïtien refusant d’instaurer un système judiciaire équitable dans lequel les droits des citoyens, particulièrement les personnes soupçonnées de perpétration d’un acte répréhensible et les détenus ne seront plus violés. En fait, la justice est l’endroit idéal à partir duquel il faut partir pour apprécier l’application réelle et effective des droits de l’homme. C’est le centre névralgique même du respect des droits de l’homme. Dans tout État qui se veut démocratique, rendre justice est régi par un ensemble de règles procédurales préétablies par les législateurs et les normes internationales, donc il ne revient pas aux autorités judiciaires de rendre la justice selon leur gré et d’édicter des règles qui sont à appliquer dans le champ judiciaire. La justice doit être indépendante de bon vouloir des pouvoirs politiques et des magistrats. Elle doit se mettre au- dessus des clivages sociaux et politiques et doit être rendue sans tenir compte du statut des citoyens et sa position dans la structure sociale. L’application des droits de l’homme repose de toute évidence sur la manière dont le système judiciaire du pays est organisé. Or, le système judiciaire haïtien est caractérisé par une défaillance absolue et une corruption institutionnalisée. Autrement dit, il est en crise. Cette crise, elle nait du sentiment généralisé de méfiance dans la justice haïtienne de la part des justiciables et un besoin de transformation de cette dernière, car le destin du pays en dépend. La qualité de justice et la façon dont la justice est rendue dans une société sont l’un des critères d’évaluation de l’application des droits de l’homme et son évolution. Avec un système décrié et une magistrature corrompue comme le nôtre, on peut se faire déjà une idée de la situation des droits de l’homme. Nous vivons une crise d’insécurité judiciaire et juridique tous les jours, car en Haïti elle est vendue au plus offrant. « mezi lajanw, mezi wangaw. » C’est triste de le dire, mais elle est une réalité. Au 21e siècle, peut-on continuer de vivre sous le joug de la mauvaise gouvernance et de la corruption qui tue notre humanité avec férocité ? L’État doit respecter les normes qu’ils ont ratifiées, car elles sont faites pour être respectées et leurs applications seront profitables aux citoyens. Insvestir dans l’humain, leur garantir un bien-être est de la responsabilité de l’État afin de rendre possible le miracle haïtien, car sans cet investissement le développement du pays n’est pas possible.Ledéveloppementdessociétés dépend du niveau d’éducation des citoyens et de leur prise en charge par l’État. En somme, les deniers publics doivent être utilisés dans des projets durables pouvant offrir à l’homme haïtien son humanité. Me Atzer Alcindor, Av. Le droit de l’homme en Haïti dans tous ses états Haïti, enttre utopie et réalité D ans cette conjoncture, beaucoup de mes lecteurs tels mes étudiants, mes proches, mes amis m’appellent et m’écrivent pour me faire injonction de produire une réflexion autour de la crise haïtienne. J’ai été très réticent pour ne pas répéter ce que les autres ont déjà dit. J’ai lu au cours des jours qui ont suivi le soulèvement des 6, 7 et 8 juillet 2018, des commentaires, des analyses, des critiques de plusieurs auteurs, d’anciens responsables de l’État. Il y en a qui se montrent réformistes et d’autres radicaux. Certains osent aborder la crise du point de vue économique. D’autres préfèrent l’appréhender sous l’angle politique. Que de façons linéaires et simplistes d’expliquer le problème d’Haïti ! Le problème de ce pays est d’ordre systémique. Il est construit à partir des interactions des différents individus. La pauvreté, le sous- développement d’Haïti, dont on parle régulièrement découle de nos rapports sociaux, et s’enracine dans nos actes et nos attitudes. Changer un gouvernement, réduire le nombre de ministères, détruire le Parlement ne représente qu’une démarche cosmétique, des attitudes de feu de paille, si on refuse de toucher la plaiepourlapanser.Leproblèmed’Haïti est d’ordre structurel. La politique à elle seule ne suffit pas pour y apporter une réponse. Il ne faut pas s’accentuer sur les causes immédiates seulement, il faut avoir le courage de l’aborder à partir des causes profondes. Il faut bien qu’on le prenne, si le robinet jette de l’eau sale, avant de s’attaquer à lui, il faut regarder en amont, c’est-à-dire au niveau de la source, l’élément responsable. Depuis 1804, il est instauré en Haïti une société inégalitaire. Deux mondes se créent avec leur propre mode de fonctionnement : le monde rural et le monde urbain. Le premier se dépeuple et s’appauvrit au profit du second. L’exclusion et la marginalisation des ruraux ne font que renforcer les disparités en termes de développement régional en Haïti. Lechangementdecesystèmegénérateur d’exclusion peut se faire avec la classe bourgeoise ou contre elle. S’il existe une bourgeoisie nationaliste en Haïti, c’est le moment opportun pour elle de s’unir autour de cette nécessité d’investir dans les secteurs vitaux de ce pays. C’est le moment de réinvestir le surplus de leur investissement dans la production afin de créer des emplois et des richesses. C’est la seule façon de désamorcer cette bombe à retardement et que le moindre soulèvement populaire peut faire sauter. Si la classe économique ne saisit pas cette occasion pour se démarquer de cette politique axée sur des sauvetages individuels, le clientélisme, la corruption,lamédiocritélevoldesbiens de la nation, elle risquerait de connaitre des jours sombres dans un temps court. Sortir Haïti de ce trou de misère requiert un gros complot positif comme ce fut le cas pour la bataille de l’indépendance. La bataille d’aujourd’hui est celle de la lutte pour la transformation de cette société et des changements au niveau des appareils idéologiques de l’État (église, école, médias, famille) qui transforment les individus en des êtres amorphes, incapables de prendre leur destin en main, et qui alimentent et maintiennent le statu quo. Il nous faut un nouvel ordre social, politique, économique et culturel qui débouchera sur un autre Etat pouvant conquérir la confiance des citoyens. Une autre classe économique qui investit dans les secteurs vitaux (agriculture, industrie de production…) du pays. Une autre éducation qui apprendra à l’Haïtien à aimer son pays, à croire que son bonheur est ici, un autre type de rapport social axé sur le bien-être collectif, le vouloir-vivre ensemble, la justice sociale ; une autre politique qui transforme l’individu en un véritable serviteur de la nation, défenseur des principes de souveraineté, porteur d’idée innovante pour la modernisation de la patrie commune. Un autre média qui est au service de la société, chargé de jouer le rôle de contrôle social, de chien de garde de la démocratie. Il doit être au-dessus de la mêlée. Une autre église exempte des attitudes mercenaires des dirigeants qui s’enrichissent en « zombifiant » les fidèles, plutôt de les conduire vers la construction de leur bien-être. Une autre université qui ne forme plus des complexés, des déracinés. Il nous faut maintenant un noyau dur d’hommes et de femmes intègres et visionnaires en vue de créer ce grand complot positif pour le meilleur d’Haïti. Saintony FANFAN | TRIBUNE
  • 9. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 9 MONDE | L e Venezuela, en proie à une crise politico-économique, va sombrer davantage dans la récession cette année avec une hyperinflation qui devrait grimper à 1.000.000% d’ici fin décembre, estime le FMI, une situation qui affecte de plus en plus ses pays voisins. Le Produit intérieur brut (PIB) vénézuélien devrait se contracter de 18% en 2018, a indiqué lundi le Fonds monétaire international (FMI). C’est pire que ce qui était estimé en avril (-15%). “Nous projetons une poussée de l’inflation de 1.000.000% d’ici la fin 2018, ce qui signifie que le Venezuela est dans une situation similaire à celle de l’Allemagne en 1923 ou à celle du Zimbabwe à la fin des années 2000”, a commenté dans un blog Alejandro Werner, un des responsables de l’institution de Washington qui, au printemps, anticipait une inflation de quelque 13.000%. En outre, les pays voisins sont susceptibles d’être de plus en plus exposés aux répercussions de l’effondrement de l’économie vénézuélienne car la pénurie de nourriture, les difficultés croissantes pour accéder aux soins, à l’électricité, à l’eau, aux transports, combinées aux problèmes d’insécurité, ont fait fuir en masse la population qui se réfugie notamment en Colombie et au Brésil. “Le Venezuela reste englué dans une profonde crise économique et sociale”, a résumé Alejandro Werner. Et en 2018, le pays pétrolier enregistrera une récession à deux chiffres pour la troisième année d’affilée, a-t-il précisé. La contraction du PIB sera plus marquée qu’en 2017 (-16,5%) à mesure que la production de pétrole, principale ressource du pays, s’effondre, a-t-il commenté. Le Venezuela tire 96% de ses revenus du brut. Or sa production de pétrole a chuté d’au moins la moitié en un an et demi faute de liquidités pour moderniser les champs pétroliers. La production de brut a ainsi poursuivi sa baisse en juin, à 1,5 million de barils par jour (mbj), soitsonplusbasniveauen30ans,a récemment révélé l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. Le FMI pointe par ailleurs du doigt la mise en circulation d’un nombre toujours plus grand de billets, ce qui alimente l’hyperinflation. - Tableau hétérogène- L’exactitude des prévisions reste toutefois sujette à caution. Début mai, le FMI avait ordonné à Caracasdeluifournirdesdonnées économiques fiables sous peine d’exclure le pays de l’institution dans le cadre d’une procédure de “censure”. Car l’institution, qui compte 189 membres, n’a pas pu effectuer de mission économique dans le pays depuis 2004. Depuis, il ne reçoit que des données parcellaires. Le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, avait observé la semaine dernière qu’il était difficile pour les économies avoisinantes d’accueillir les Vénézuéliens fuyant leur pays. “La langue n’est pas un problème biensûrmaiscesmigrantsdoivent être absorbés” par les pays qui les accueillent, a-t-il expliqué. Ce qui représente un défi en terme de logement ou d’intégration au marché du travail. Plus d’un million de personnes ont migré du Venezuela vers la Colombie au cours des 16 derniers mois, la majorité pour fuir la crise politico-économique, avait estimé le gouvernement colombien mi-juin. Au printemps, le gouvernement brésilien avait estimé que 500 à 1.200 Vénézuéliens franchissaient chaque jour la frontière brésilienne. S’agissant de la région toute entière, Amérique Latine et Caraïbes, Alejandro Werner relève que la reprise économique se poursuit mais que le tableau est très hétérogène. “Si la croissance accélère dans certains pays (tels que le Chili et le Pérou), d’autres font face à une demande plus faible”, commente- t-il. Aussi la prévision 2018 pour la région a-t-elle été révisée en baisse à 1,6% (-0,4 point) et pour 2019 à 2,6% (-0,2 point). Lareprisedel’expansionauBrésil, première puissance économique d’Amérique du Sud, devrait aussi être moins solide (1,8% contre 2,3% estimé en avril), en raison notamment de grèves. La prévision pour la croissance du Mexique, deuxième économie, est, elle, restée inchangée à 2,3% mais le Fonds note les grandes incertitudes liées à la renégociation du traité de libre- échange nord-américain (Aléna) avec le Canada et les Etats- Unis. Ce qui devrait peser sur la croissance de 2019, désormais estimée à 2,7% (-0,3 point). Quant à la troisième économie de l’Amérique Latine, l’Argentine, les prévisions sont nettement moins optimistes à 0,4% en 2018 (-1,6 point) et à 1,5% en 2019 (-1,7 point) après 2,9% l’an passé. Le pays, qui a récemment obtenu une aide du FMI, a pâti au printemps d’une nette dévaluation de sa devise et d’une dégradation de la confiance des investisseurs. AFP/Archives /YAMIL LAGE Le président vénézuélien Nicolas Maduro à La Havane à Cuba, le 17 juillet 2018. Le Venezuela s’enlise dans la récession, ses voisins en souffrent aussi
  • 10. 10 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 Agritourisme tropical à Sainte-Suzanne, Nord-Est d’Haïti Un atoutsocio-économiquepour les communautésrurales L’agritourisme favorise la découverte du monde agricole, de son patrimoine, de ses produits et ses savoir-faire. Un volet du tourisme écoresponsable qui proposeuneexpérienceauthentique et personnalisée, d’autant plus particulière en zone tropicale. Comme dans la paisible commune de Sainte-Suzanne (département du Nord-Est d’Haïti) où siège l’Institut de recherche et d’appui technique en aménagement du milieu (IRATAM) (https://www. facebook.com/iratam2000/) qui nous a accueillis en avril dernier. Sainte-Suzanne est située à 23 km de Cap-Haïtien, la deuxième plus grande ville d’Haïti. Approchedeproximité L’IRATAM (1996) offre un appui technique et financier aux membres del’Institutquiregroupeplusde400 agriculteursetéleveursdelazonequi œuvrent en terres montagneuses. Un constant défi où il faut à la fois protéger l’environnement et assurer la production agricole. « Notre appui se traduit par de l’aide à l’organisation, à la production et à la commercialisation de nos produits locaux : arbres de couverture (légumineuses), arbres fruitiers, caféiers, tubercules, ignames », détaille notre hôte, Alain C. Félix, le gérant du site de l’IRATAM. Citons la commercialisation du café — produit de la Coopérative des planteurs de café de Sainte-Suzanne (KPKS) — vendu sur le marché équitable international. «Nous préconisons une approche de proximité par nos assemblées locales et la participation démocratique de nos membres», souligne Alain. Doté d’une personnalité chaleureuse, notre hôte dégage une belle quiétude. Une sérénité qui accompagne ceux qui savent exactement ce qu’ils font et pour quoi ils le font. Tourismerural Outre son appui à l’aménagement de la vaste zone agricole de Sainte- Suzanne, l’IRATAM peut loger des individus et groupes qui s’intéressent aux réalités rurales sous les tropiques. Une expérience unique ! L’Institut propose des bungalows pour deux personnes ou petits groupes. D’autres bâtiments (type dortoir) peuvent héberger les grands groupes tels que des échanges étudiants. Les chambres sont équipées de moustiquaires. Les toilettesetdouchessontàl’extérieur, à proximité des bungalows. Nul besoin de climatiseur, il fait frais la nuit, nous sommes en montagne. L’IRATAM utilise les technologies alternatives à 100% et des matériaux locaux pour le développement de l’hébergement. Le savoureux menu provient de l’abondant terroir ambiant. Un séjour rustique en pleine nature tropicale, hors du tourisme de masse, qui promet de vivre une expérience culturelle immersive parce qu’il implique la communauté tout en favorisant le développement local. Échanges internationaux « Nous animons toute une gamme d’activités culturelles en collaboration avec nos associations communautaires : la Coopérative des planteurs de café (KPKS), le Réseau des femmes de Sainte- Suzanne (REFAS) et l’Association des jeunes agriculteurs de Sainte- Suzanne (AJAS) », mentionne Alain. Cours de créole, ateliers de cuisine traditionnelle, pièces de théâtre, rencontres avec les cultivateurs, découverte de la biodiversité tropicale, randonnées écotouristiques, visites historiques. L’IRATAM nous invite à explorer la vie rurale haïtienne en toute authenticité. Ces dernières années l’Institut a accueilli de nombreux visiteurs du Québec incluant des étudiants de l’Université de Sherbrooke https:// www.usherbrooke.ca/actualites/ nouvelles/etudiants/etudiants- details/article/31704/, des stagiaires de Carrefour Solidarité Internationale http://www.csisher. com/stages/stages-internationaux- pour-les-jeunes-professionnels- haiti/, et des membres du Comité de Solidarité Trois-Rivières (CS3R). Grâce entre autres au soutien du CS3R (http://www.cs3r.org/2342- »»»» suite page 11 Village de Sainte-Suzanne./Photo/Annick Chalifour. | ÉCONOMIE Milieu agricole en montagne./Photo/Annick Chalifour. Rochers gravés par les Taïnos, rivière de Sainte Suzanne. /Photo/Annick Chalifour. Culture de l’igname, Sainte-Suzanne. /Photo/Annick Chalifour.
  • 11. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 11 »»»» suite de la page 10 ÉCONOMIE | iratam_-_ha%C3%AFti, l’IRATAM a pu procéder à la construction d’un centre de traitement primaire du café (Centre Kafé lavé) au bénéfice des membres de la Coopérative des planteurs de café de Sainte- Suzanne. Excursiontaïno L’ancienne civilisation taïno a laissé de nombreuses traces en Haïti — dans ses rivières et ses grottes — dont la rivière de Sainte-Suzanne parsemée de gros rochers gravés par les Indiens Taïnos il y a plus de 1000 ans. La rivière est accessible à partir de la commune par un sentier serpentant en milieu rural de montagne. Une excursion émouvante qui nous fait plonger depuis la lointaine histoire de l’île jusqu’à sa réalité d’aujourd’hui. Les gravures sur les roches m’ont rappelé celles que j’ai récemment vues dans la voûte à Minguet sise dans la commune de Dondon https://l-express.ca/ speleo-aventure-a-dondon-la- voute-a-minguet/ au Nord du pays. Attention : il s’agit d’une longue marche, parfois escarpée, sous un soleil ardent, dédiée aux voyageurs en bonne forme physique et accompagnés d’un guide. Préserverle monde agricole Le développement durable est l’un des fils conducteurs du monde rural. L’heure est à l’entrepreneuriat et au développement dans un but essentiel : créer et mettre en œuvre les moyens nécessaires pour protéger l’environnement agricole partout dans le monde. Dans ce contexte, l’agritourisme tropical apparaît comme un vecteur possible de la diversification des activités agricoles en milieu rural haïtien pouvant contribuer à soutenir une socio-économie locale durable. Depuis 2014 l’IRATAM est membre du Réseau national des promoteurs du tourisme solidaire (RENAPROTS) https://www.facebook.com/ RenaprotsTourismeSolidaire/ qui promeut le tourisme responsable. Le Réseau, fondé en 2003, s’est donné pour mandat d’appuyer le développement communautaire par des projets de tourisme durable à travers le pays. Il œuvre en collaboration avec ses membres dont, entre autres, l’Association des Dondonnais en Action (ADA/ Dondon) https://www.facebook. com/ADA.Dondon/, Expérience Jacmel https://www.facebook.com/ ExperiencePam/, l’Association des paysans de Vallue (APV) https:// l-express.ca/ecotourisme-de- montagne-en-harmonie-avec-la- vie-paysanne/. Annik Chalifour 2018.07.20 L’Express www.l-express.ca Annik Chalifour revient d’un 6e voyage de presse en Haïti, cette fois-ci dans le Nord du pays. Ses reportages visent à promouvoir le patrimoine culturel et environnemental d’Haïti : un important levier de son développement socio- économique durable. La journaliste était l’invitée de l’Institut de recherche et d’appui technique en aménagement du milieu (IRATAM) à Sainte- Suzanne. Agritourisme tropical à Sainte-Suzanne, Nord-Est d’Haïti Pour mieux apprécier le projet de budget 2018-2019 L e Réseau des journalistes économiques pour le développement durable (REJEDD), de concert avec le Group Croissance, a réalisé à l’intention d’une trentaine de journalistes venant des départements du Nord-Est une journée de formation autour du renforcement de la transparence dans le processus budgétaire haïtien. Cette formation s’inscrit non seulement dans la logique de créer et de renforcer la sensibilité économique chez les journalistes, mais également leur permettre de mieux comprendre le projet de loi definances 2018-2019afindemieux informer la population, selon les informations communiquées par Hansy Mars, principal dirigeant du REJEDD. Elle est également un moyen de consolider les savoirs des journalistes en matière de processus d’élaboration et l’exécution du budget, a poursuivi M. Mars, croyant que la formation des journalistes est importante dans le cadre de l’éducation globale des citoyens, notamment en ce qui a traitaveclebudgetdelaRépublique. Pour le PDG du Group Croissance, l’économiste Kesner Pharel, former les journalistes en matière du processus budgétaire haïtien relève aujourd’hui une nécessité, compte tenu des dégâts ça peut engendrer lorsque la population est moins informée et formée sur le budget qu’elle est chargée d’alimenter à travers ses taxes. Selon M. Pharel, l’éveil des citoyens sur le budget national exige des informations fiables que les journalistes sont appelés à diffuser quotidiennement, tout en encourageant les journalistes à mettre en réseau pour forcer les décideurs politiques à mieux repartir le budget de République et l’utilisent à bon escient. Les journalistes sont réjouis d’avoir participé à cette séance de formation qui leur inculque des notions fondamentales relatives au budget du pays. Le cycle du budget, les phases du budget, l’aspect politique et juridique du budget, les catégories de lois de finances, la structure du budget, qui prépare le budget, qui vote le budget, les allocations budgétaires, les postes budgétaires sont, entre autres, des thèmes sur lesquels cette formation était basée. Hervé Délima Vue partielle de l’assistance lors de la journée de formation autour du renforcement dans le processus budgétaire haïtien.
  • 12. 12 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 | INSERTION DEMANDÉE
  • 13. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 13 SOCIÉTÉ | De la plaidoirie à l’acte communautaire pour sauver le système éducatif haïtien Que l’on soit un acteur du système ou un simple observateur, la « défaillance » du système éducatif haïtien reste un fait probant. Au lieu de plaindre le système, il faudra proposer des palliatifs valables face aux problèmes d’urgence du système actuel. L ors d’un colloque international à l’Université Quisqueya à Port-au-Prince, l’ambassadrice de France en Haïti, Élisabeth Beton Delègue, dans son discours du vendredi 23 mars, avait évoqué la « défaillance » du système éducatif haïtien. Sur le site de l’ambassade de France, des chiffres ont été avancés : « 1 enfant sur 4 ne fréquente pas l’école, 25 % de la population est analphabète, 80% des maîtres n’ont pas de formation spécifique ». Quoique ces chiffres ne corroborent pas avec ceux avancés par d’autres institutions reconnues comme la Banque Mondiale et l’UNICEF, l’échec scolaire en Haïti reste une réalité liée au développement du pays. Au 1er janvier 2018, la Banque mondiale estime que 90 % des enfants sont scolarisés. Enfin, la part d’enseignants non qualifiés est estimée à 65 % (et non 80 %) par l’UNICEF. Dans son livre « Les Problèmes du système éducatif en Haïti », Odette Roy Fombrun lie les problèmes du système éducatif aux problèmes socio-économiques. Elle parle de «révolution konbitique non violente» qui s’oppose aux principales réformes du système éducatif. Le sémantisme du mot konbitique exprime davantage la coopération. Ainsi, l’auteure et historienne propose-t-elle de changer les structures, abandonner la centralisation à outrance pour une déconcentration poussée. Si l’on assiste à une fuite considérable de nos cerveaux, Mme Fombrun consent à ce que l’on crée le conditionnement mental qui doit conduire au développement. Selon le « trésor national » haïtien, il faut convaincre le peuple haïtien qu’il est possible d’être l’artisan de son développement. La centenaire qui a publié au cours de sa vie des études sur l’éducation en Haïti croit fermement qu’il faut réaliser l’éclatement de l’école traditionnelle, pour son ouverture formelle à la communauté qu’elle dessert. En 1982 a lieu la Réforme Bernard − inscrite dans la dichotomie école urbaine/école rurale − qui a fait des deux langues officielles d’Haïti les langues d’enseignement. Le créole était censé être la principale langue d’enseignementdanslescinqannées d’enseignement fondamental. Haïti étantdansunesituationdiglossique. Tant que la valorisation et les pratiques culturelles de l’enfant ne sont pas prises en compte, nous serons toujours dans la contre- production. Pallier les déficits culturels de l’enfant doit faire partie d’un programme d’État et non de gouvernement. Maintenir un programme de bibliothèque au sein des écoles et des municipalités devra être une priorité. Sur ce point, il nous faut innover, découvrir les moyens d’avancer au rythme de nos possibilités et de nos disponibilités. Identifier des locaux pouvant accommoder des bibliothèques scolaires. En effet, la Réforme Bernard aura été un échec en ce sens qu’elle n’aura pas résolu un des problèmes fondamentaux que confronte le systèmeéducatif;lalangued’études. En fait, le statut social privilégié des bilingues rend l’utilisation du créole comme langue d’unification difficile. Dispenser l’éducation en créole et apprendre une langue étrangère semble poser problème. Pour la majorité, le français est facteur de promotion sociale. Dans son livre « Portrait du Colonisé », Albert Memmi, écrivain et essayiste franco-tunisien, parle d’amnésie culturelle pour évoquer le rejet inconscient du patrimoine culturel. Pour sa part, l’éminent linguiste haïtien Yves Déjean, dans son livre « Yon lekòl tèt anba nan yon peyi tèt anba », a relaté que l’éducation en Haïti n’est pas au diapason avec les réalités socioculturellesdupays.Ilestévident que l’usage du français ne réussit pas à tous ceux qui intègrent le système éducatif haïtien. Modestement, je proposerai que tous les Haïtiens sachent lire et écrire le créole et que le français puisse être enseigné progressivement. Un travail entrepris par certains éditeurs qui proposent des manuels rédigés dans les deux langues officielles du pays. Toutefois, il faudra attendre une ou deux générations pour mesurer le résultat escompté. «L’éducationestconsidérée commeinstrumentdelutte» D’un autre côté, en dépit de ses multiples partenariats développés avec la communauté internationale, seulement 8 % de l’aide est allouée à l’éducation depuis 2015. De son côté, compte tenu de la situation socio-économique et l’attente de la désignation d’un Premier ministre, la population est de plus en plus sceptique sur la subvention des manuels scolaires cette année. Deux semaines après la rentrée officielle de l’année scolaire 2017- 2018,lapréparationetladistribution des livres subventionnés n’étaient pas toujours disponibles. La fièvre du Mondial étant passée, l’État dispose-t-il de fonds pour la migraine de la rentrée des classes 2018-2019 ? Garens Jean-Louis ....
  • 14. 14 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 | SOCIÉTÉ Déjà 86 accidents pour le début des vacances d’été en Haïti La période estivale s’avance, trainant dernière elle, son lot de tristesse et d’angoisse. Du début des vacances d’été au 22 juillet 2018, pas moins de 86 accidents ont été enregistrés sur les différentes routes du pays. Les chauffeurs sont ainsi appelés à plus de prudence et les autorités à prendre les mesures nécessaires afin de réduire le nombre d’Accidents de la voie publique (AVP) dans le pays. L es accidents de la circulation ne cessent de se multiplier dans le pays. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait au moins une AVP en Haïti, que ce soit dans la zone métropolitaine ou sur les principales routes nationales du pays. La situation ne diffère pas en période estivale, au contraire elle s’aggrave durant les vacances d’été. En effet, selon l’organisation Stop Accidents, qui a préparé un rapport sur la période allant du 29 juin au 22 juillet 2018, un total de 86 accidents se sont produits au cours de ladite période. Selon le « bilan des accidents graves en Haïti » présenté par la susmentionnée organisation, du 29 juin au premier juillet 2018, 21 accidents se sont produits ayant fait au total 70 victimes, soit 16 morts sur place et 58 blessés. La situation s’est améliorée un tout petit peu en début du mois de juillet. Du 2 au 8 juillet, pas plus que neuf accidents n’aient eu lieu. Ce qui a fait 13 victimes, tous uniquement des blessés. La deuxième semaine de juillet, on a enregistré pas moins de 26 accidents. Ce qui a fait 39 victimes, soit quatre morts sur place et 35 blessés. Trente accidents se sont produits du 16 au 22 juillet ayant fait 57 victimes au total : 5 morts sur place et 52 blessés. Sur toute la période, cela fait un total de 86 Accidents pour 179 victimes, dont 25 morts (sur place) et 154 blessés. Selon Jacques Aristote Magloire, directeur administratif de Stop Accidents, ces chiffres ne sont pas exhaustifs puisque certaines zones comme Jacmel et Port-de-Paix n’ont pas reporté des accidents, l’organisation n’y ayant pas encore d’antennes.«Deuxièmeconstatc’est le fait que seuls les décès sur le lieu des accidents sont comptabilisés. (Les victimes qui sont succombées soitenroutesoitsurlelit de l’hôpital ont été comptées comme blessés) », précise le directeur administratif de l’organisation qui offrent ses services techniques et opérationnels pour pallier les accidents. Autre remarque importante, souligne Jacques Aristote Magloire, c’est que la plupart de ces accidents survient le week-end et à moto/ moto et voitures/moto. « Pourtant plus de la moitié des morts sur place soient 19 personnes ont été provoquées par des véhicules chavirés », informe-t-il. La semaine du 2 au 8 juillet a produit 0 mort sur la route et 13 victimes. Le responsable de Stop Accidents pense que « c’est probablement parce qu’elle a coïncidé avec ce week-end où le pays était bloqué, donc presque pas de circulation ». Des observations qui nous font comprendre que le nombre d’accidents est probablement plus élevé et, en conséquence, le nombre des victimes aussi. Les accidents de la voie publique sont beaucoup plus fréquents dans certaines zones. C’est le cas par exemple de la commune de l’Arcahaie, de Montrouis, de la zone de Ti tanyen, de Quartier Morin, de Marmelade et des Gonaïves entre autres. Ritzamarum Zétrenne rzetrenne@lenational.ht Crédit photo : HPN. La planète Mars sera visible à l’œil nu, du 27 au 30 juillet 2018 La planète Mars sera à une distance plus proche de la planète Terre, pour ne pas dire sa plus courte distance par rapport à la Terre depuis 2003, le vendredi 27 juillet 2018. Ce phénomène sera observable dans le ciel par plus d’un, puisqu’on aura la chance de visualiser cet astre à l’œil nu. L ’année 2018 est une année spéciale pour les planètes Terre et Mars. Durant cette dernière, un événement rare, qui arrive tous les 15 ans, se produit. Il s’agit du phénomène cosmique dénommé « l’opposition ». Ce qui permettra à la Terre de passer entre le soleil et Mars le 27 juillet 2018, c’est-à-dire de s’aligner avec ces astres, et de favoriser avec la planète Mars une distance de seulement 57,7 millions de km (contre 76,1 millions de km en 2016) à cette date. C’est la distance la plus faible depuis 2003 et une telle situation ne se reproduira pas avant 2035. En effet, la planète Mars sera l’astre le plus brillant durant les nuits entre début juillet et la mi- septembre (si l’on excepte toutefois la planète Vénus qui se couche assez rapidement derrière l’horizon ouest le soir). Car Mars est également très bien observable plusieurs semaines avant et après le 27 juillet. Sans attendre la date fixée, on peut ainsi commenceràl’observerdansd’assez www.sciencesetavenir.fr. »»»» suite page 15
  • 15. MARDI 24 JUILLET 2018 N0 713 | 15 »»»» suite de la page 14 SOCIÉTÉ | L’Association Fanm kore Fanm et l’Opération Underground Railroad au chevet des habitants de Boukan Ferdinand de la Commune de Fonds Verrettes C’est dans la chapelle Sainte-Rose de Lima de «Boukan Ferdinand» en cours d’achèvement, une localité de la commune de Fonds Verrettes que l’Association Fanm Kore Fanm (AFKF) en partenariat avec l’organisation internationale Operation Underground Railroad (O.U.R) a organisé le samedi 21 juillet 2018, une journée de clinique médicale au bénéfice de plusieurs centaines d’enfants en situation vulnérable. Cette initiative prise de concert avec le député de la circonscription de Fonds Verrettes Pierre Jude Destiné et le maire de la commune Charles Jean Hubert, a permis aux parents de recevoir des soins gratuits et des médicaments, grâce au précieux concours de deux vedettes américaines: Michael Pettaway Tomlin dit Mike Tomlin, entraineur au niveau de la National Football League (NFL). C’est le plus jeune entraineur qui a marqué l‘histoire du peuple américain dans le superbowlchampionshipen2009 et Timothy Ballard, fondateur de l’Operation Underground Railroad (O.U.R), auteur de nombreux ouvrages. Son organisation dont il est le CEO, s’engage dans la lutte contre le trafic des enfants dans le monde. Les deux, ont fait le déplacement par hélicoptère pour venir personnellement supporter les familles dépourvues de centre de santé, d’école, d’eau potable et d’électricité. Ces deux passionnés d’Haïti, accompagnés de Chad Louis, NFL Player Buy Coach, ont été accueillis par la présidente de l’Association FanmKoreFANM,SabineMartelly, le député de la circonscription de Fonds-Verrettes, le maire de la commune et le représentant du bureau de l’O.U.R en Haïti, Guesno Mardy qui a reçu un ouvrage des mains de Mike Tomlin titré « Slave stealers » relatant le drame vécu par ce dernier lors de l’enlèvement de son fils en 2009. MmeSabineMartellyovationnéepar les habitants de Boukan Ferdinand plaide en faveur de la construction de deux kilomètres de route dans la zone, pour faciliter l’accès aux soins de santé des habitants de la localité. En terre battue, la route de Boukan Ferdinand, impraticable pour les voitures, donne du fil à retordre à ces gens quand ils veulent trouver des soins, en cas d’urgence. Le député Pierre Jude Destiné dit déployer tous ses efforts au ministère des Travaux publics pour cette route secondaire qui permettra la circulation des véhicules reliant la forêt des Pins et Boukan Ferdinand. Cette population estimée à plus de 8 000 habitants préoccupe grandement l’ambassadrice du centre sportif italien (CSI-Haïti), Sabine R. Martelly qui entend faire une véritable plaidoirie auprès des autorités étatiques du pays à mettre le projecteur sur cette zone abandonnée se trouvant dans le département de l’ouest et à quelques 31 km de Fonds-Verrettes. Mme Martelly travaille parallèlement dans 15 blocs à Canaan, dans le domaine de la santé et accordant des microcrédits à certaines marchandes. Son association encadre certaines femmes qui étaient dans les rues pour gagner leur vie en leur offrant aujourd’hui un métier manuel capable de les aider à travers un vaste programme de réinsertion sociale. Une première cohorte va être graduée bientôt, nous confie Sabine Martelly, qui promet de faire davantage avec le peu de moyens dont elle dispose et non avec le support du gouvernement pour donner un mieux-être à la population de la capitale et de l’arrière-pays. Yves Paul Léandre Une vue de la journée de clinique médicale à Boukan Ferdinand. Une vue de la journée de clinique médicale à Boukan Ferdinand. bonnes conditions dès maintenant : la planète présente déjà un diamètre supérieur à 15’’ d’arc et ne repassera sous ce seuil qu’à la fin septembre 2018. Suivant les experts dans le domaine, l’opposition de Mars se produit environ tous les deux ans (780 jours en moyenne), car la planète Rouge gravite autour du Soleil dans une orbite plus grande que celle de la Terre. Une année martienne est ainsi presque deux fois plus longue qu’une année terrestre. Mais toutes les oppositions ne se valent pas, l’orbite de Mars étant un peu plus « ovalisée » que celle de la Terre, presque circulaire. En 2016, la distance entre Mars et la Terre était ainside75millionsdekilomètres,de 93 millions de kilomètres en 2014, et de 100 millions de kilomètres en 2012. L’opposition de 2003 fut à cet égard absolument exceptionnelle, puisque l’éloignement n’était alors que de 55,8 millions de kilomètres. Une situation qui ne s’était pas produite depuis près de 60 000 ans. Et, ce record ne sera pas battu avant le 28 août 2287. Il faut souligner que l’opposition se produira le 27 juillet et Mars atteindra son point d’approche le plus proche de la Terre le 31 juillet. La planète rouge sera également la plus brillante depuis 2003, quand Mars a fait son approche la plus proche à la Terre dans près de 60 000 ans. Woovins St Phard Sources : https://www.stelvision.com https://www.sciencesetavenir.fr www.futura-sciences.com https://www.space.com La planète Mars sera visible à l’œil nu, du 27 au 30 juillet 2018
  • 16. 16 | N0 713 MARDI 24 JUILLET 2018 Littérature et politique : l’héritage de Jean Henry Céant D ans le prochain musée sur la vie politique en Haïti, en dehors des archives, des journaux et des médias de l’audiovisuel qui doivent illustrer la vie des personnages et des événements les plus significatifs, certains des hommes et des femmes politiques de la République nous offrent l’occasion de découvrir d’autres facettes de leurs discours, de leur engagement et de leurs contributions à la communauté à travers des ouvrages qui portent leurs noms. De la littérature et de la politique, de la littérature dans la politique, de la politique dans la littérature, coup d’œil sur l’héritage littéraire de l’un des anciens candidats à la plus haute magistrature de l’État haïtien. Ce qu’il faudrait autour des contributions sous forme de publications de Jean Henry Céant. Découvrirautrement nos figures politiquesàtravers leurs écrits En ces temps de dénonciation et d’accusation entre les parlementaires et les pouvoirs publics sur les privilèges octroyés par rapport aux services fournis à la population, l’application de la Loi du 5 août 1872 faisant obligation au secrétaire d’État de l’Intérieur de publier les documents sur la gestion des intérêts publics trouve bien sa raison d’être. Dans le répertoire bibliographique du notaire Jean Henry Céant, on peut retenir les principaux titres suivants : la série d’aide mémoire présentée en plusieurs volumes : « Vade-mecum de l’agent de la fonction publique et de l’administré » ; « Vade-mecum de l’agent de la fonction publique et de l’administré (recueil de lois, décrets et arrêtés) » ; « Le Vade-mecum du notaire haïtien et de ses clients », « État d’urgence Loi du 15 avril 2010 : un cheval de Troie », pour ne citer que ces titres, en dehors des autres documents collectifs, des programmes politiques et des promesses de campagne qui portent la signature du philanthrope et collectionneur d’œuvres d’art. Vade-mecum de l’agent de la fonctionpubliqueetde l’administré « Vade-mecum de l’agent de la fonction publique et de l’administré » demeure l’une des plus grandes contributions de cet homme du droit (notaire) devenu homme politique notoire à travers ses différents volumes publiés de : (A à C, 672 pages), de (D à L, 712 pages), de (M à Q, 536 pages), et de (Q à Z, 701 pages). Dans les premières pages introduisant le premier volume, on peut lire ce qui suit : « Une pratique malheureusement abandonnée. Publication des documents sur la gestion des intérêts de la République ». Dans l’article 1 de la Loi du 5 août 1872, on peut lire ce qui suit : Le secrétaire d’État de l’Intérieur est tenu de publier, chaque année, l’exposée de la situation générale de la République, les lois budgétaires, les comptes généraux avec tous les documents y annexés, les rapports trimestriels de la Chambre des comptes, ainsi que toutes les pièces qui auront passé par l’examen du Corps législatif et dont l’une ou l’autre Chambre aura ordonné la publication ». Poursuit le second article : Ces publications se feront en brochure d’un format uniforme et seront tirées et distribuées à un millier d’exemplaires au moins. Vade-mecum de l’agent de la fonctionpubliqueetde l’administré (recueil de lois, décrets et arrêtés) Publié en octobre 2008, dans la partie « Avertissement » du volume II, de l’ouvrage « Vade-mecum de l’agent de la fonction publique et de l’administré (recueil de lois, décrets et arrêtés) » organisme sous tutelle), le notaire public Jean Henry Céant aborde des sujets comme l’administration centrale de l’État, donc des organismes, institutions et services. De la page 342 à la page 407, l’auteur nous invite à revisiter les organismes qui sont sous la tutelle du ministère de la Culture. On peut lister les principaux instruments juridiques suivants : Le Décret du 2 octobre 1984 réorganisant les Archives nationales ; le Décret du 20 octobre 1984 modifiant le Décret du 8 avril 1940 portant création de la Bibliothèque nationale ; le Décret du 12 octobre 2005 créant et organisantleBureauhaïtiendudroit d’auteur (BHDA) ; et le Décret du 10 mai 1989 créant la Commission nationale du patrimoine. Delaclassificationdesbiens culturels De la page 369 à 377 de cet aide mémoire, l’auteur met en lumière des provisions légales dont disposent les institutions du pays pour aborder, apprécier et gérer le patrimoine. Sans réinventer la roue, il nous rapporte textuellement des intertitrestels:«Desimmeubles,des objets mobiliers, de la garde et de la conservation des immeubles et des objets mobiliers classés et de tous les autres patrimoines, des fouilles et des découvertes archéologies ». Dépassé par le temps, le Décret du 30 juin 1983 portant création de l’Institut national haïtien de la Culture et des Arts (INAHCA) nous offre la possibilité de revisiter également les belles années de la promotion de la culture haïtienne à lafindurègnedesDuvalier,àtravers le leadership de l’INAHCA qui était placésoustutelledusecrétaired’État de la présidence, de l’information et des relations publiques. Rappelons que cet institut avait pour mission de définir et orienter la politique culturelle et artistique de la nation et planifier l’action et les interventions gouvernementales dans les domaines de la culture, des arts et sciences en harmonie avec le plan national de développement. Levade-mecumNotairehaïtien et de ses clients D’une pierre plusieurs coups, si le vade-mecum se tourne vers le passé de l’institution notariale, c’est pour y puiser une source d’inspiration quant aux directives incontournables pour sa pérennité dans un monde orienté vers la mondialisation et la globalisation, souligne l’auteur qui poursuit en ces termes : « pour qu’il demeure le porte-parole de l’universel, en mettant en relation les hommes de la planète, sans considération de race, de couleur, de paroisse ou de fortune ». Dansles465pagesdel’ouvrage:«Le vade-mecum Notaire haïtien et de ses clients ! », particulièrement à la sixième page de « Avertissement », Jean Henry Céant en a profité pour rendre hommage à ses pairs, dont des confrères partis plus tôt : Me Emile Giordani, Me Gaspard Raoul Kénol, Me Gérard Coradin, sans oublier Me Ernst Avin. D’autres personnalités dans son intimité familiale ont été honorées telles que son épouse Chantal Volcy Céant, sa feu mère Célima Céant, ses quatre enfants et ses frères et sœurs. Étatd’urgenceLoidu15avril 2010:UnchevaldeTroie? Dédicace à mon président René Préval, sont les premiers mots : « Pour l’histoire… » que l’homme politique Jean Henry Céant a utilisé pour inaugurer les chapitres de l’ouvrage : « État d’urgence Loi du 15 avril 2010 : un cheval de Troie ? » l’un de ses plus incisifs ouvrages prémonitoires qui annonçait l’échec de la méthode et des stratégies utilisées pour reconstruire Haïti au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Dans cet ouvrage de 320 pages, l’auteur critique et propose des pistes de solution pour tenter de redresser la situation dirigée par l’administration Préval, sous l’influence de la communauté internationale et le leadership de la famille Bill et Hilary Clinton, à travers la Commission intérimaire de reconstruction d’Haïti (CIRH), dontonconnaitbienlesconclusions à travers le documentaire de Raoul Peck dans « Assistance mortelle ». De l’échec delaCommission intérimairedereconstruction Jean Henry Céant. | CULTURE »»»» suite page 17