« Le consommateur est à la solde d'une industrie alimentaire surpuissante et peu scrupuleuse » : je m'oppose à cette vision spécieuse et catastrophiste.
La réalité des actes de consommation démontre une culture alimentaire très riche et variée ainsi qu'une exigence croissante et impliquée quant à notre alimentation. Devenu investisseur en agro-alimentaire en 2007, j'ai découvert une industrie d'une rigueur remarquable où consommateurs, distributeurs, producteurs et industriels ne cessent de se remettre en question. Ce marché est donc bien vivant et réagit fortement aux nouvelles propositions. Remémorons-nous un rayon de produits frais d'un supermarché ou d'un boucher des années 80 et comparez-le à la richesse de l'offre actuelle. Ajoutons à cela une implication des services publics qui œuvrent pour maintenir ce qui est très vraisemblablement, l'offre alimentaire la plus sécurisante à l'échelle mondiale. Sans être dans la posture du ravi de la crèche, je vois ici toutes les composantes d'un terreau favorable au dynamisme de la filière alimentaire où le consommateur occupe le premier rôle.
Quelle n'a pas été ma surprise quand, créant un fonds d'investissement dédié à l'alimentaire, nos clients ultimes n'étaient autres que ces fameux consommateurs. En effet, ce sont leurs dépôts bancaires, leurs investissements en assurance vie, leurs primes d'assurance, leurs caisses de retraite ou leur épargne au travers des programmes d'investissements étatiques qui investissent dans nos fonds d'investissements. À notre tour, nous investissons dans les entreprises de l'alimentaire afin de les accompagner dans leur croissance et leur renforcement au sein d'un marché européen dynamique et exigeant. Ça n'est donc nullement une vue de l'esprit que d'envisager les fonds d'investissement comme clients des consommateurs. Notre implication en développement durable découle de ce constat. Les fondamentaux de cet écosystème sont donc très favorables pour décloisonner consommateur, filière, distributeurs, investisseurs et force publique afin de converger vers une filière alimentaire robuste, agile et transparente.
Dans un marché où l'offre d'un distributeur peut indifféremment provenir d'Europe de l'ouest ou d'Europe centrale, le consommateur façonne par son arbitrage l'évolution des rayons. La demande, me semble-t-il, devient fortement identitaire et traduit la richesse de nos aspirations ou particularismes. Retenons l'exemple d'un jeune couple qui, accueillant un enfant, s'ouvre aux produits Bio, ou celui des produits sans Gluten ou de ceux à faible indice glycémique. Mais, au-delà d'une offre commerciale à la diversité accrue, l'alimentation est heureusement bien plus que s'alimenter ou consommer. Anticiper un repas, en choisir les ingrédients, le préparer, le partager, sont autant de sources de plaisir que j'espère nous parviendrons à transmettre et à constamment réanimer avec optimisme, gourmand
Industries alimentaires : Mais qui est client de qui?
1. Industries alimentaires : Mais qui
est client de qui?
Pour cette nouvelle session de contributions, l’INSEAD
Alumni Association France et l’Opinion ont décidé de
mettre l’agroalimentaire à l’honneur. Au lendemain du
Salon de l’agriculture, il nous a semblé intéressant de
mettre en avant ce secteur en perpétuel changement. Quel
est son avenir, ses enjeux… ? Evolution ou révolution ?
article-surtitre
Publié le lundi 09 mars à 11h39
« Le consommateur est à la solde d'une industrie alimentaire
surpuissante et peu scrupuleuse » : je m'oppose à cette vision spécieuse
et catastrophiste.
La réalité des actes de consommation démontre une culture alimentaire
très riche et variée ainsi qu'une exigence croissante et impliquée quant à
notre alimentation. Devenu investisseur en agro-alimentaire en 2007,
j'ai découvert une industrie d'une rigueur remarquable où
consommateurs, distributeurs, producteurs et industriels ne cessent de
se remettre en question. Ce marché est donc bien vivant et réagit
fortement aux nouvelles propositions. Remémorons-nous un rayon de
produits frais d'un supermarché ou d'un boucher des années 80 et
comparez-le à la richesse de l'offre actuelle. Ajoutons à cela une
implication des services publics qui œuvrent pour maintenir ce qui est
très vraisemblablement, l'offre alimentaire la plus sécurisante à l'échelle
mondiale. Sans être dans la posture du ravi de la crèche, je vois ici toutes
les composantes d'un terreau favorable au dynamisme de la filière
alimentaire où le consommateur occupe le premier rôle.
Quelle n'a pas été ma surprise quand, créant un fonds d'investissement
2. dédié à l'alimentaire, nos clients ultimes n'étaient autres que ces fameux
consommateurs. En effet, ce sont leurs dépôts bancaires, leurs
investissements en assurance vie, leurs primes d'assurance, leurs caisses
de retraite ou leur épargne au travers des programmes d'investissements
étatiques qui investissent dans nos fonds d'investissements. À notre
tour, nous investissons dans les entreprises de l'alimentaire afin de les
accompagner dans leur croissance et leur renforcement au sein d'un
marché européen dynamique et exigeant. Ça n'est donc nullement une
vue de l'esprit que d'envisager les fonds d'investissement comme clients
des consommateurs. Notre implication en développement durable
découle de ce constat. Les fondamentaux de cet écosystème sont donc
très favorables pour décloisonner consommateur, filière, distributeurs,
investisseurs et force publique afin de converger vers une filière
alimentaire robuste, agile et transparente.
Dans un marché où l'offre d'un distributeur peut indifféremment
provenir d'Europe de l'ouest ou d'Europe centrale, le consommateur
façonne par son arbitrage l'évolution des rayons. La demande, me
semble-t-il, devient fortement identitaire et traduit la richesse de nos
aspirations ou particularismes. Retenons l'exemple d'un jeune couple
qui, accueillant un enfant, s'ouvre aux produits Bio, ou celui des produits
sans Gluten ou de ceux à faible indice glycémique. Mais, au-delà d'une
offre commerciale à la diversité accrue, l'alimentation est heureusement
bien plus que s'alimenter ou consommer. Anticiper un repas, en choisir
les ingrédients, le préparer, le partager, sont autant de sources de plaisir
que j'espère nous parviendrons à transmettre et à constamment
réanimer avec optimisme, gourmandise et bonheur.
Antoine SAGE (AMP INSEAD)
Founding partner FnB PE (Food and Beverage Private
Equity), fnbpe.com,
@Antoine_SAGE
@INSEAD_AAF