2. Comité éditorial - Master 2 TEF - Année 2009-2010
Emmanuel ARMAND
Professeur d’anglais
Anne-Sophie BENNETOT
Consultante stratégie web 2.0 et conduite du changement
Assaba BRUCE
assistante chargé de mission renfort RSA- Conseil général d'Ille et Vilaine
Luciana CANUTI
Ingénieur pédagogique- CIRM Rennes 1
Sophie DODEMAN
Chargée de mission TIC - Ville de Rennes
Sylvie GASTINEAU
Déléguée pédagogique - Edition scolaire
Marie GUILLO
Assistante chargé de mission TIC - Conseil général des Côtes-d’Armor – Mission FTLV
Maïwenn LE BELLER
Assistante chargée de mission e-éducation - MIMUM - Conseil Régional de Bretagne
Sara MAMMAD
Animatrice et formatrice aux usages des TIC dans les milieux sociaux.
Fanny SAINT-GEORGES
Assistante chargée de mission e-inclusion - Conseil Régional de Bretagne
Caroline THOUVENOT
Attachée de recherches au département LUSSI - Brest
Directrice de publication : Sophie Dodeman
Attachée de rédaction : Assaba Bruce
Mise en pages : Sylvie Gastineau
Université de Rennes 2 - Haute Bretagne
UFR Sciences Humaines
Campus de Villejean
Place du Recteur Henri Le Moal - CS 24307
35043 Rennes Cedex
3. La ville
numérique
La Caravane
des quartiers
de la ville de Rennes
Evaluation et analyse
4. sommaire
s o m m a i r e
sommaire
Préface
Introduction
Portrait de la Caravane des Quartiers
En bref...
La petite histoire de la caravane
Constat après 4 ans...
Les dispositifs technologiques à Maurepas
Méthodologie
Questionnaires et observations
Traitement des résultats
Une méthode collaborative
focus-recherche
Introduction
La démocratie participative
La démocratie participative et ville 2.0
Médiation/médiatisation
Handicap
Phénomène de socialisation
Recommandations
conclusion/prologue
Bibliographie
Annexes
4
5. p r é f a c e préface
préface
Lorsque la mission "Technologies de l'Information et de la Communi-
cation" de la Ville de Rennes a été saisie par Yves Préault, adjoint au Maire,
pour accompagner l'organisation de la caravane de quartiers de Maurepas,
nous étions avec Sophie Dodeman, (alors stagiaire à la ville et étudiante en
Master 2 USETIC-TEF à Rennes 2), au sortir d'un projet réalisé avec les Trans-
musicales, avec devant nous un certain nombre de projets d'expérimentations
d'usages programmés pour le mois de septembre 2010.
Nous avons proposé de faire de cet événement une sorte de laboratoire hors
les murs en y installant des dispositifs innovants autour d'un certain nombre
de fondamentaux :
- expérimenter des interfaces naturelles, sans clavier ni souris, pour élargir les
publics
- orienter la totalité des contenus et services autour de la notion de proximité
- rassembler et mélanger les contenus de la collectivité et ceux des habitants
- capitaliser sur les ateliers, travaux, projets déjà réalisés en amont et consti-
tuant une matière première numérisable et transformable
- étudier sur place les usages des dispositifs pour en tirer des préconisations
Ceci nous a conduit à mener de front tous les projets avec une date limite très
proche : en moins de six semaines il fallait aboutir non à des concepts, mais à
des outils prototypés et opérationnels sur place.La préparation de ces disposi-
tifs a nécessité une liaison permanente avec les artisans de la caravane : di-
rection et élu de quartier, service "information et innovation numérique" de la
collectivité, animateurs d'ateliers avec les habitants, archives municipales et
musée de Bretagne, techniciens… Plus de 1000 objets multimédias ont été
rassemblés, parfois re-numérisés, rien que pour le Citywall. Le prototype d'ur-
banisme immersif développé pour partager et faire réagir sur le projet urbain a
littéralement été inventé et réalisé à grande vitesse en associant les aména-
geurs, les services techniques, les urbanistes de la ville et des spécialistes du
3D en ligne. Le système de pilotage par manette de console wii a été adapté
de développements alternatifs trouvés sur le web. Le totem tactile intégrait pour
la première fois des billets blogués en temps réel par des journalistes de la col-
5
6. La caravane des quartiers - 2010 - préface
lectivité… Quand au "mucho wall", sa présence était exceptionnelle et
n'a été possible que grâce au volontarisme de ses protagonistes,
contactés par mail et séduits par la dynamique rennaise.
Lors du montage final, nous ne savions pas si les habitants seraient
intéressés par ces dispositifs, quel serait leur degré d'usabilité, et s'ils
fonctionneraient de manière autonome ou nécessiteraient une média-
tion. Un des objectifs était en effet de pouvoir toucher des publics non
familiers des outils numériques.
Tout ce travail aurait été perdu sans le soutien de Pascal Plantard, de
Jacques-François Marchandise, et des Master 2 USETIC-TEF qui ont
décidés de relever le pari de l'analyse et de l'évaluation. Une évaluation
qui permet de déceler impasses et chemins prometteurs en dépassant
le champ de la technique pour réfléchir sur le fond : sur le terrain, dans
le quartier, quelles sont les usages et pratiques des habitants ? Peut-
on vulgariser un projet urbain avec le plus grand nombre, relayer les
questions efficacement et y répondre ? Est-il possible de capitaliser
sur les ressources du territoire pour développer des actions et média-
tions numériques hors des écrans d'ordinateurs ? Va-t-on démocratiser
l'accès aux informations et services avec du mobilier urbain de nouvelle
génération ? Ces mediums peuvent-ils créer du lien en proximité ?
Comment organiser des temps de croisement entre individus, collectifs,
associations et institutions en proximité ?
A l'aune du travail effectué par les protagonistes de la caravane et par
le cursus USETIC-TEF, je suis certain que le lecteur trouvera ici une
analyse exclusive réalisée de manière agile et originale, sur une opé-
ration de la ville de Rennes qui ne l'est pas moins.
Ce travail, libre et neutre parce que réalisé par des universitaires, est
ici reversé au bénéfice de tous.
Merci aux auteurs !
Hugues AUBIN
Chargé de mission TIC à la ville de Rennes
Service Aménagement et Usages du Numérique
à Rennes métropole
6
7. introduction
introduction
introduction La Caravane des quartiers,
des hauts et débats !
La caravane des quartiers, une manifestation populaire où la participa-
tion est plurielle et qui invite habitants, élus et associations à se retrouver
et parfois même à échanger. Voici justement, au détour de discussions
sur le site, quelques réflexions recueillies auprès de participants, et de
visiteurs : «La Caravane des quartiers a déjà eu lieu les autres années
mais ça ne marchait pas», «le dispositif bat de l’aile», «c’est une autre
manière d’échanger», «c’est un lieu ouvert», «ce n’est pas souvent
que les habitants et les élus ont l’occasion d’échanger» ; «c’est un
moment enrichissant même si le lieu n’est pas bien choisi» ; «c’est
une invitation à se rencontrer, il faut arriver à faire naître du vivre en-
semble», «qui d’autres que les habitants peuvent le mieux statuer des
besoins du quartier?» . Beaucoup d’interrogations qui révèlent des ap-
préciations différentes chez les élus et chez les habitants, une volonté de
mieux définir cet évènement et de lui donner une identité et une fonction
utile.
Suite à la commande du Directeur Général de la Communication de la Ville
de Rennes, nous avons été associés à cet évènement. Nous avons fait le
choix d’élaborer un dossier collectif en partant du principe que notre projet
était né d’une initiative et d’une démarche venant de l’ensemble des étu-
diants de Master 2 TEF.
Notre projet s’appuie sur une manifestation citoyenne : la Caravane de
quartiers de Maurepas. Il faut savoir que cet évènement a eu lieu plusieurs
fois, dans différents quartiers de Rennes notamment les quartiers de Longs-
Champs, Cleunay, Charles de Gaulle (Centre), Maurepas (lieu de notre ob-
servation) et actuellement à Saint Martin.
Le site de la Caravane des quartiers de Maurepas a innové cependant : il
a initié une expérimentation, celle d’intégrer des dispositifs technologiques
à la démarche première de cette manifestation, qui est de présenter les pro-
jets d’urbanisme aux habitants.
Nous avons été chargés d’effectuer une évaluation de ces dispositifs mul-
timédias et de repérer les usages auprès des habitants. Nous avons fait le
choix d’aller au-delà de la commande. La difficulté était liée à une mécon-
naissance du contexte de l’ensemble de la promotion et à un manque de
7
8. La caravane des quartiers - 2010 - introduction
précisions de la commande. Nous avons décidé de prendre le temps
de rentrer dans une phase de réflexion commune afin de savoir com-
ment aborder cette évaluation.
Comment répondre à une commande institutionnelle et satisfaire les
impératifs de notre formation universitaire ? Il nous importait de faire
le lien entre les deux. Nous avons donc élaboré une stratégie de pro-
duction en vue d’optimiser notre travail à la fois dans le cadre de notre
formation et dans le cadre de cette commande institutionnelle.
Cela a donné lieu à une véritable expertise qui nous a conduit bien au-
delà de la commande initiale. Pour ce faire nous avons mis en oeuvre
un travail collaboratif.
Nous avons également dû composer avec l’éloignement et la
contrainte temps de chacun, notre promotion étant constituée d’étu-
diants en stage répartis sur des lieux différents et éloignés géographi-
quement.
C’est à partir de ces premiers constats que nous avons commencé à
élaborer une stratégie originale d’organisation méthodologique de
notre travail. Elle est le point phare de notre dossier et sera déclinée
dans la partie «méthodologie».
Nous avons mis en place un plan d’action, une stratégie d’approche
qui nous a mené d’un état des lieux - avec un portrait de la Caravane
des quartiers - à un bilan contrasté sur l’expérimentation à Maurepas.
Nous avons développé notre méthodologie sur le terrain : les résultats
statistiques, la production collaborative.
Nous avons fait le lien avec notre formation universitaire, joué là en-
core la carte de l’originalité, de la créativité, en proposant à nos ensei-
gnants une série de focus-recherches qui nous permettait d’apporter
une réponse de chercheur à des problématiques croisées. Plusieurs
thèmes sont ressortiss : démocratie participative et ville 2.0, médiation/
médiatisation, accessibilité et handicap, phénomène de socialisation.
Ces articles scientifiques ont donné lieu à des préco-
nisations. Notre analyse et une série de recomman-
dations viennent clore notre travail.
8
10. é t a t d e s létate u x
i des lieux Portrait de
la Caravane
des quartiers
En bref...
La caravane des quartiers est une manifestation itinérante qui a lieu sur 3
jours à la fréquence de 2 à 3 fois par an dans chaque quartier de Rennes.
Elle a déjà posé son chapiteau aux Longs-Champs, à Cleunay, dans le centre
ville et à Maurepas. Cette manifestation citoyenne vise à présenter aux ha-
bitants des projets d’urbanisme. C’est un espace qui s’emploie à être facili-
tateur de rencontres et d’échanges entre habitants d'un même quartier et
élus de l'équipe municipale. Cette manifestation est également l'occasion
pour les habitants de découvrir les projets à venir dans leur quartier, de par-
ticiper au débat, de s'exprimer sur les enjeux de proximité.
Les objectifs, le message
La caravane des quartiers doit répondre à quatre objectifs :
1/ Une démarche descendante, donner une double visibilité politique d’une
part au maire et aux adjoints et d’autre part aux projets du quartier et de la
ville / métropole.
2/ Une démarche remontante, permettre de réfléchir avec les habitants
sur les enjeux et projets urbains sur une double dimension territoriale : d’une
part le quartier et d’autre part la ville / agglomération.
3/ Aller à la rencontre des habitants : Cette caravane des quartiers doit
permettre de toucher de nombreux publics, des publics qui ne sont pas tou-
chés habituellement par nos manifestations institutionnelles. Il convient d'évi-
ter l'entre-soi mais d'ouvrir et d'adapter notre démarche.
4/ Travailler sur la forme : donner l’image d’une équipe nouvelle qui construit
les conditions d'un réel débat participatif dans un esprit festif.
10
11. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
Le public visé
En étant présent ponctuellement au cœur de chaque quartier sur
une courte période, l'idée est de pouvoir toucher un public plus large
que les personnes que l'on trouve habituellement dans les conseils de
quartier ou autres instances de participation ; c'est-à-dire des per-
sonnes qui peuvent être intéressées par les principes de citoyenneté
et de démocratie de proximité mais qui ne souhaitent pas spéciale-
ment s'investir à moyen ou long terme sur des projets précis. Cette
manifestation doit donc permettre de toucher des personnes qui n'ap-
partiennent pas à des réseaux particuliers.
Ce projet de Caravane faisait partie du programme 2007 de campagne
de Daniel Delaveau, actuel maire de Rennes.
La petite histoire de la Caravane
La caravane a posé son chapiteau pour la toute 1ère
fois le 12 au 14 Mars 2009 aux Longs Champs.
Le 1er bilan réalisé par les élus pointa le manque d’at-
tractivité populaire. Bruno Chavanat, chef de file de l’op-
position marqua sa déception par rapport à la
conception de la Caravane et à l’investissement des ac-
teurs locaux. La communication montrait ses limites et
l’évènement nécessitait une dimension plus festive pour
attirer le public, par exemple une soirée musicale afin de mobiliser les
gens à se rencontrer. De plus, il se posa la question de réinvestir la
somme importante de 50 000 € par la suite. Il évoqua une éventuelle
consultation des habitants du quartier afin d’améliorer cette première
étape.
Nathalie Appéré, adjointe au maire, insista sur le fait de mobiliser ac-
tivement des structures associatives, des directions de quartier. Elle
proposa de réduire les temps d’échange en installant des espaces
d’expositions.
Caroline Ollivro conseilla d’associer la manifestation à un autre évé-
nementiel connu dans le quartier. Tous les élus de quartier devraient
11
12. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
être présents et pas seulement l’élu de quartier.
L’association des résidents du Foy constata le choix du lieu de cette
1ère caravane : elle était cachée donc difficilement accessible. Elle re-
leva également un manque de préparation en amont et pas de cou-
verture médiatique (Canal B et TV Rennes).
Elle continua sa route vers Cleunay du 11 au
13 juin 2009.
Cette caravane s’organisait à l’image d’un immense
salon où les gens se retrouvent autour des exposi-
tions des projets du quartier. Elle mettait en avant 3
journées de rencontre avec les élus. Elle servait de
temps fort avec le maire mais n’apportait pas d’amé-
liorations flagrantes dans la relation avec les habi-
tants et les structures associatives. Sa spécificité
tournait aussi autour de la jeunesse de Cleunay et la direction de quartier
voulait montrer qu’il était important de mettre en place une structure pour
les jeunes. Cette 2e étape a également connu une faible fréquentation
malgré un gros budget publicitaire. La localisation de la Caravane ne
permettait pas aux habitants d’Arsenal-Redon de se sentir concernés
par cet évènement. Autre reproche évoqué : les élus firent rares…
Elle se posa dans le quartier Centre du 12 au
14 Novembre 2009.
D’après Didier Le bougeant, élu de quartier à la ville
de Rennes, cette étape était un lieu de débat, une
agora publique qui avait pour volonté de sortir des
cadres traditionnels des conseils de quartier.
Cependant, la caravane de quartier ne fut pas à la
hauteur des annonces et des promesses. Le public
n’était pas présent au rendez-vous : 150 personnes (dont un gros tiers
d’institutionnels) pour la soirée de lancement. Le résultat fut modeste
au regard de la publicité déployée. Samedi matin, il y eu si peu de
monde au rendez vous des élus que ces derniers n’eurent d’autre so-
lution que de parler entre eux.
12
13. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
Elle reprit à Maurepas du 17 au 20 Mars 2010.
Cette étape se voulait attractive et innovante en
mettant en place un éventail de dispositifs multi-
médias.
Yves Préault, élu de quartier Nord-Est fut relative-
ment satisfait de cette 4e caravane qui sembla
plus cadrée, plus thématique. Elle rassembla « un
public varié et intergénérationnel ». Il évoqua l’in-
teractivité des dispositifs technologiques qui permirent de faire du lien
entre les habitants. Cependant, le public fut nombreux seulement ven-
dredi soir et samedi matin. L'affluence à la Caravane serait donc pos-
sible, pour peu que les structures du quartier mobilisent les habitants
au préalable. Surtout lorsqu'une étape importante de la concertation
a lieu au même moment.
Elle se trouve actuellement au canal Saint-Martin du 10 au 12
Juin...
Un constat
Nous avons donc cherché à en savoir plus...
C'est le compte-rendu de Séance du Conseil Municipal du 30 mars
2009 portant sur la "Question orale du Groupe URC concernant la ca-
ravane des quartiers" qui nous a éclairés sur la situation. On y trouve,
en effet, une critique assez virulente sur l'intérêt et l'utilité de la Cara-
vane.
"Malgré une abondante publicité, notamment une couverture en Une
du "Rennais", malgré un budget extrêmement élevé, la caravane des
quartiers organisée dans le quartier Beaulieu -Jeanne d'Arc - Longs
Champs, s'est soldée par une fréquentation particulièrement maigre."
"Dans un contexte de crise et de difficultés financières pour bien des
familles, […], on doit naturellement s'interroger sur le gâchis que re-
présentent de tels moyens investis dans une opération de communi-
cation au regard du résultat obtenu.
13
14. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
S'agissant des acteurs économiques et institutionnels, on ne peut que
constater que le temps de rencontre qui leur était en principe destiné
n'a, précisément, rencontré aucun succès. Mais là encore, que vou-
lait-on leur dire qui les intéressent vraiment ? A quelles décisions en-
tendait-on les associer ? A l'évidence beaucoup d'entre eux ne l'ont
pas compris. Nous non plus d'ailleurs...
Sans doute quelques enfants sont-ils venus en réponse à l'invitation
faites à leurs écoles. Mais était-ce le but essentiel de l'opération, sa-
chant qu'il existe d'autres moyens plus festifs et plus
simples de faire se rencontrer la Ville et l'école.
Enfin et surtout, peu d'habitants se sont sentis
concernés par cette tournée du Maire dans ses
quartiers, qui ne présentait ni l'attrait de la fête, ni
l'intérêt d'une véritable association des habitants à
des décisions concernant précisément leurs quar-
tiers. En définitive, c'est bien le problème majeur
que révèle l'échec de cette opération.
Les habitants des quartiers comprendraient sans doute que l'on déploie
des moyens importants pour les associer vraiment aux décisions qui
les concernent. Mais ils comprennent moins qu'on plante un chapiteau
pendant trois jours pour simplement organiser une visite d'information
du maire ou des élus.
Suite à cette séance, un autre constat a été exprimé en séance du
Conseil Municipal du 6 juillet 2009 concernant le bilan de la deuxième
Caravane des quartiers.
Le constat que l'on peut faire de la deuxième caravane des quartiers,
organisée au début du mois de juin dans le quartier de Cleunay, est
que l'opération n'a pas trouvé son équilibre et encore moins sa vitesse
de croisière. La fréquentation en a été globalement faible : mis à part
un débat sur l'aménagement du quartier qui a réuni une centaine de
personnes, au total peu de monde. Certains éléments du programme
ont même dû être annulés. On peut certes se réjouir qu'à cette occa-
sion certaines personnes habituellement éloignées de la vie citoyenne
14
15. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
aient pu se joindre à l'événement. Mais leur nombre reste proportion-
nellement faible. La localisation n'a pas permis aux habitants d'Arsenal
Redon de se sentir vraiment concernés. En définitive, ce type de ma-
nifestation, essentiellement informative ne semble pas répondre au
désir des habitants d'être écoutés et de voir leur avis réellement pris
en compte et pas seulement d'être informés de ce qui se décide à la
mairie.
Devant ce constat, imaginez vous de poursuivre dans les mêmes
conditions et au même coût l'opération "caravane des quartiers" ?
A cela, Nathalie Appéré a donné quelques chiffres, qui nous permet-
tent d'avoir une idée de la fréquentation sur la Caravane de Juin 2009.
"Pour autant, je voudrais simplement vous donner quelques chiffres
dans l'attente de ce bilan. Sur une édition que nous avions voulu plus
resserrée, puisqu'il s'agissait d'une soirée et de deux journées, soit un
format plus court, nous avons eu pour la soirée du jeudi 11 juin, 250
personnes entre17 heures et 23 heures, le vendredi 12 juin 400 visites,
le samedi 13 juin 600 visites, soit un total de 1 250 visites auxquelles
il conviendrait d'ajouter la fréquentation du blog qui connaît également
une progression avec 797 visites pour 3 171 pages vues. Bien évi-
demment, ces chiffres ne disent rien de la qualité des échanges, de la
satisfaction des participants, du fait qu'un certain nombre de per-
sonnes qui se sont manifestées autour de cette caravane et qui se
sont exprimées, n'avaient jamais auparavant participé à des instances
de quartier. Ces chiffres ne disent rien non plus de cette atmosphère
festive tout à fait marquante et importante pour le quartier que nous
avons connu lors de la soirée du samedi, et qui a rassemblé entre 250
et 300 personnes."
La dernière séance du Conseil municipal a eu lieu le 8 février 2010.
Elle met en doute l'utilité de l'installation de la Caravane à Maurepas et
on lui reproche d'avoir été détourné pour des raisons politiques.
M. Plouvier - M. le Maire, nous avons été informés de la tenue pro-
chaine d'une "Caravane des quartiers" dans le quartier de Maurepas.
15
16. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
Les trois premières opérations de cette nature, qui se sont déroulées
dans le courant de l'année 2009, n'ont pas permis aux Rennais, et en
particulier aux publics des quartiers visés, de comprendre l'objectif re-
cherché par ces opérations de communication que votre première ad-
jointe qualifiait d"'évènementielle".
Force est ainsi de constater qu'elles n'ont pas été l'occasion d'une
concertation avec les habitants sur la conduite des projets municipaux
dans les quartiers concernés. Par ailleurs, ces opérations ponctuelles
n'ont pas eu de suite utile dans les quartiers visités.
Les limites de ce type de communication ont été reconnues en Conseil
municipal. Un bilan semblait d'autant plus nécessaire, au regard du fai-
ble nombre de participants, un grand nombre de Rennais aujourd'hui
s'inquiète des 50 000 euros de chaque opération. Il n'y a pas eu de
bilan. Cette Caravane prévue à Maurepas était est en effet doublement
préoccupante. Elle intervient après que les voeux municipaux aient été
en partie détournés de leur objet convivial traditionnel, pour en faire
une tribune politique destinée à relayer la campagne menée contre la
politique du Gouvernement. Elle intervient par ailleurs à la veille du
deuxième tour des élections régionales.
Devant le manque de fréquentation du public sur cet évènement, no-
tamment l’année dernière, son existence est fortement remise en
cause, sa reconduction compromise…
Maurepas était une étape clé. Suite à l'échec ou à la réussite de cette
manifestation, le maire statuera quant à la reconduction de la Cara-
vane.
16
17. La caravane des quartiers 2010 - Les dispositifs technologiques
Une expérimentation
à Maurepas :
Trois dispositifs
technologiques
Le Citywall
Nouveau média urbain développé par la Direction Générale
de la Communication dans le cadre d’un partenariat de re-
cherche et développement avec la FING et la société SEL-
TEN, le Citywall est un mobilier interactif tactile, manipulable
par plusieurs personnes sans clavier, ni souris. La version ins-
tallée à Maurepas à l’occasion de la caravane des quartiers
permet notamment d’interroger la cartographie locale du guide Vivre
à Rennes. On a pu également visualiser le résultat des travaux d’ha-
bitants réalisés dans les ateliers préparatoires coordonnés par la di-
rection de quartiers : «Architectes en herbe», «Portraits de quartier»,
«Paroles d’habitants», etc. Une cartographie historique et interactive
du quartier mêlant images d’archives et vignettes sonores racontées
par Joël David, chargé d’Odonymie et signalétique de proximité. La
réalisation de ce média interactif a notamment été rendue possible
grâce à l’implication de Philippe le Rouzic, des services techniques,
mais aussi à celle des enfants de l’école Trégain de Maurepas, qui ont
participé à la décoration du coffrage.
La maquette 3D
Les habitants ont pu, d’autre part, naviguer dans la maquette
3D des projets de ZAC (zone d’aménagement concertée) de leur
quartier. Les déplacements se font à l’aide d’une manette de
console Wii dans l’espace virtuel réalisé par la Ville de Rennes
intégré dans Assemb’live, accessible via Internet à partir du blog
de la Caravane et depuis l’espace Guy Ropartz. Les habitants
pouvaient déposer des questions sur le projet, et découvrir les
17
18. La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux
27 hectares de projet urbain de Maurepas en immersion. Comment ?
Les utilisateurs se trouvaient devant un écran plasma affichant la mo-
délisation en 3D du quartier de Maurepas avec les bâtiments existants
et le projet de bâti. Ils s’y déplaçaient sous forme d’un avatar capable
d’interagir entre eux et dans la maquette 3D, en temps réel. Ce proto-
type est basé sur l’utilisation d’un moteur de jeu vidéo sur Internet dans
lequel sont incorporées des modélisations de la cellule 3D du service
SIG.
3. Totem Tactile
Autre mobilier innovant que les habitants de Maurepas ont eu l’op-
portunité de tester : le totem web tactile conçu par la société Taztag,
qui permettait d’interroger le blog de la caravane de quartier par simple
toucher, et de visualiser des albums multimédias ainsi que des vidéos.
Le blog de la caravane[1] était alimenté en temps réel par l’équipe de
Bernadette Kessler, Responsable Service Information multimédia.
Au total, techniciens, communicants, chefs de projets événementiels,
partenaires publics et privés ont réalisé un bel exercice de collabora-
tion.
Cet éventail de dispositifs technologiques fut l’objet de notre enquête,
à savoir analyser : le comportement des usagers, la satisfaction des
habitants par rapport à ces nouvelles propositions, la reconduite ou
non de ces innovations..
[1] http://blog.carava-
nedesquartiers.maure-
pas.rennes.eu/
18
19. méthodologie
méthodologie
Sur le terrain...
Notre appropriation de la commande et l’organisation de notre enquête
jusqu’à l’élaboration d’une production est la pierre angulaire de notre travail
collaboratif. Elle a nécessité beaucoup d’investissement mais également des
doutes, des tensions, dans le souci de répondre au mieux à la commande et
de réaliser un travail de qualité. La mise en situation de notre méthodologie
de recherche fait l’objet d’un retour réflexif et lucide sur les points forts et les
points faibles que nous avons remarqué.
L’origine du projet : une double commande des élus de
Rennes et d’un dossier universitaire
Pour y répondre nous avons dans un premier temps fait une visite Explora-
toire, puis de façon collaborative élaboré des outils de recherche : grilles d’ob-
servation et questionnaires en s’appuyant sur des apports théoriques de l’UE
sur «prospectives et design des TIC».
Pour répondre à la commande, nous avons décidé d’utiliser deux outils d’en-
quête : un questionnaire et une grille d’observation.
Nous avons repris le questionnaire préalablement préparé par l’une d’entre
nous afin de l’ajuster au mieux pour qu’il soit simple et efficace sur le terrain.
Nous avons bénéficié de l’aide et de la supervisation d’Annabelle Boutet, En-
seignant Chercheur au département LUSSI de Télécom Bretagne etmembre
du Conseil Scientifique du Gis M@rsouin. Notre souci était de ne pas trop mo-
nopopliser la personne qui accepterait de se prêter au jeu des questions-ré-
ponses. Le questionnaire a été organisé en trois parties: Votre parcours dans
la Caravane. Vos Perceptions. Votre profil. Dans la première partie, les ques-
tions étaient regroupées par dispositif technologique, afin de faciliter le travail
des enquêteurs de terrain. En effet, ils pouvaient ainsi aisément interroger les
personnes uniquement sur les dispositifs auxquels elles s’étaient intéressées.
Concernant l’élaboration de la grille d’observation, il nous a fallu d’abord nous
poser certaines questions opérationnelles : Faut-il faire une grille d’observation
par personne ou bien une grille d’observation par dispositif ? Est-ce le même
observateur qui suit la personne tout au long de son parcours dans la cara-
vane, ou bien différents observateurs qui se transmettent la grille au fil du par-
cours ? Nous nous sommes aperçus que le plus cohérent, aussi bien pour
des questions d’organisation pratique que pour faciliter l’analyse, était
19
20. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
d’ attribuer une personne à un seul observateur, qui remplirait une grille
réservée à cette personne. Nous nous sommes donc mis d’accord sur la
procédure suivante : les observateurs se placent de manière à avoir en
vue l’entrée de la caravane, et à chaque arrivée d’un visiteur l’un d’eux
décide de le suivre, avec une grille d’observation.
Nous avons ensuite listé les éléments que nous souhaitions observer :
aLes caractéristiques des visiteurs : les critères d’âge et de genre, aux-
quels nous avons ensuite ajouté celui « personne seule / en groupe ».
aLa temporalité : tenir compte des heures d’arrivée, et de la durée du
temps passé sur chaque dispositif.
aLa médiation ou l’absence de médiation : indiquer si la personne s’est
faite assistée (démonstration, explication,…), sur le contenu ou bien sur
le fonctionnement de tel ou tel dispositif. Distinguer par ailleurs si la mé-
diation est formelle ou informelle, et de quelle manière elle est effectuée
: par un médiateur officiel (médiation formelle), par un proche ou un tiers,
ou bien encore par l’un de nous (médiations informelles).
aLa participation active ou non : observer si la personne a une position
participative ou spectatrice, autrement dit si elle utilise et manipule le dis-
positif ou bien si elle se contente d’observer.
aL’orientation, le parcours : prendre en compte le parcours de la per-
sonne sur la caravane, c’est-à-dire l’ordre dans lequel elle s’intéresse aux
dispositifs. Cela notamment pour répondre à la question suivante : qu’est-
ce qui attire les personnes en premier lieu ?
aLe contournement : observer également les évitements, contourne-
ments des dispositifs par les personnes, de manière à faire ressortir les
appréhensions éventuelles (crainte, désintérêt…).
aLes contenus : indiquer l’ordre de consultation des rubriques du dis-
positif « City Wall », afin de pouvoir mesurer leur succès.
aLes phrases et mots clés : relever les expressions verbales pouvant
éclairer sur l’état d’esprit de la personne concernant son rapport au dis-
positif, et qui peuvent être significatives.
Nous avions donc choisi de construire notre grille d’observation de ma-
nière à ce qu’une grille corresponde à une personne.
20
21. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
Nous avons alors composé la grille générale de quatre « sous-grilles » :
les caractéristiques de la personne, les attitudes, les contenus du City
Wall et les mots clés.
En nous confrontant à la réalité du terrain, nous avons pu nous aper-
cevoir de certaines limites de notre organisation. Par exemple, nous
avions décidé de répartir entre les observateurs les différents arrivants,
et de les suivre tout au long de leur parcours, une grille à la main. Mais
dans les faits, une partie des visiteurs n'a fait nullement attention aux
dispositifs technologiques, pour se rendre directement au café ou dans
le second espace. Par ailleurs, pour les observateurs qui n’avaient pas
conçu la grille il était difficile de se l’approprier. Cependant, dans l’en-
semble l’observation a bien fonctionné.
Nous nous sommes rendus sur le terrain le jeudi après-midi, après nous
être répartis les tâches de manière à former deux groupes : observa-
teurs /enquêteurs. A la fin de cette première demi-journée sur le terrain,
nous nous sommes concertés afin d’apporter quelques révisions à
notre méthodologie d’enquête. La grille d’observations à connu
quelques modifications (restructuration des questions sous formes de
tableaux et de cases à cocher), et il a été convenu de favoriser les ob-
servations plutôt que les entretiens. Cette méthodologie a été expéri-
mentée le lendemain, lors de notre deuxième enquête sur le terrain.
Au final, 30 questionnaires et 15 observations ont ainsi pu être récol-
tés.
Une commande institutionnelle et une commande universitaire. Nous
avons élaborer une stratégie de production afin de réaliser d’une part,
une analyse pour le Directeur Général de la Communication et, d’autre
part, un dossier collectif universitaire. Cependant nous avons souhaité
donner une autre direction à ce travail en lui insufflant un caractère ori-
ginal sortant du cadre universitaire.Nos objectifs se déclinent ainsi :fa-
voriser une dynamique de groupe, permettre des échanges, des
synergies, utiliser des outils de travail collaboratif, construire et partici-
per à l’ingénierie d’un projet, mutualiser les ressources et les initiatives,
rendre une évaluation de qualité.
21
22. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
Résultats
statistiques
La présente synthèse porte sur l’évaluation des dispositifs multimé-
dias de la Caravane des quartiers Maurepas qui a eu lieu du 17 au 20
Mars 2010 et répond ainsi à la commande de la Ville de Rennes.
L’objectif est de faire remonter les attentes et préoccupations de l’en-
semble des habitants du quartier Maurepas par rapport à l’utilité de la
Caravane des quartiers en touchant tous les publics, au-delà des per-
sonnes déjà impliquées dans les démarches existantes (Conseil de
Quartier, Associations…).
Echantillon interrogé
- 30 questionnaires individuels
- 15 observations
Enquête réalisée les 18 et 19 mars.
Echantillon non représentatif de la population du quartier, en termes
de sexe, âge, catégories socio-professionnelle.
Outils d’enquête
Questionnaire réalisé en collaboration avec Annabelle Boutet, Ensei-
gnant Chercheur au département LUSSI de Télécom Bretagne et
membre du Conseil Scientifique du Gis M@rsouin.
Enquête supervisée par Pascal Plantard, enseignant-Chercheur au
Cread, université Rennes 2 et Jacques-François Marchandise de la
FING.
Les observations et les questionnaires ont été effectués principalement
sur les journées du jeudi et du vendredi. Les résultats ont été reportés
dans le logiciel de traitement statistique Sphinx. Cet outil a permis de
créer des tableaux récapitulatifs et des graphiques qui ont été insérés
dans la synthèse pour le Directeur Général de la Communication.
22
23. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
Le public
Le public présent à la caravane des quartiers se compose princi-
palement de retraités, de cadres et d’étudiants parmi lesquels nous
avons compté les publics scolarisés (classes de primaires).
Les 2 raisons qui ont motivé la venue des personnes présentes à la
Caravane sont :
aprendre connaissance des projets d’aménagement ;
apour raisons professionnelles.
La plupart des habitants étaient déjà au courant du projet d’aménage-
ment du quartier par le biais du Rennais.
Dans l’ordre, les dispositifs qui ont d’abord retenu l’attention des par-
ticipants sont :
aLa maquette 3D (64,5% à l’avoir utilisé)
aLe Citywall (58,1% à l’avoir utilisé)
aLa borne tactile (38,7% à l’avoir utilisé)
Evaluation des dispositifs
technologiques
Le citywall
Le citywall a été utilisé de façon relativement autonome, (seul et en
groupe).
La fonction multitouch a donc été identifiée et utili-
sée par des groupes d’usagers. Cependant, l’utili-
sation du Citywall était courte, de l’ordre de 5 à 10
min sans avoir d’ idées précises de ce qu’on pou-
vait rechercher. On peut donc parler de test explo-
ratoire.
Dans l’ensemble, les personnes interrogées ayant
testé le citywall sont majoritairement satisfaites de
la qualité de l’image et du son (après installation
des haut-parleurs extérieurs au coffrage) ainsi que
du contenu. Plus précisément, les contenus qui ont connus le plus de
succès sont : les photos du quartier.
23
24. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
Difficultés d’utilisation :
ase repérer dans le menu,
adéplacer et consulter des images.
Le citywall semble-t-il utile aux habitants s’il était
implanté dans la ville de façon permanente ? 48,4%
d’entre eux sont convaincus contre 41,9% qui ne
se prononcent pas.
Plusieurs propositions d’emplacement pour le City-
wall ont été évoquées :
a 19,2% pensent qu’elle pourrait être utile dans
une maison de quartier,
a 12,9% préfèrerait qu’elle soit implantée dans
une bibliothèque municipale,
a 9,7% pense que la mairie serait un lieu
adapté pour accueillir le Citywall.
La maquette 3D
La maquette 3D a été le dispositif le plus uti-
lisé pendant ces 3 journées.
L’usage de ce dispositif a nécessité une mé-
diation active.
La durée d’utilisation est relativement longue
par utilisateur (environ 15-30min) et elle peut
être répartie sur plusieurs jours car plusieurs
personnes sont revenues plusieurs fois sur le stand.
Ce dispositif a beaucoup plu et a suscité l’intérêt de toutes les généra-
tions.
Cet outil a permis aux usagers de se faire une idée
assez précise de l’évolution du quartier.
Les apports cités
a meilleure compréhension
a qualité du service
a présentation en 3D
a meilleure perception du réel, de l’existant.
Ce dispositif serait bien accueilli s’il était implanté dans
la ville puisque 35,5% de testeurs l’ont trouvé utile.
24
25. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
Emplacements possibles d’implantation
a mairie
a maison de quartier
a Champs libres
Cependant 25,8% des usagers ont rencontré des difficultés
de maniabilité avec la wiimote et plusieurs fois, la gêne res-
sentie par rapport à la profusion d’éléments à regarder est
ressortie dans le discours des habitants.
La borne tactile
L’utilisation de ce dispositif a été relativement courte (en majorité de 5
à 15 min) et entièrement autonome.
Nous avons constaté une satisfaction générale du dispositif pour 38,
7% des utilisateurs contre 58,1% qui ne se prononcent pas ayant es-
timé qu’ils ne l’avaient pas testé suffisamment long-
temps pour émettre un avis.
Les vidéos ont suscité un intérêt majeur
pour les usagers, le dispositif se prêtant bien à ce
type de contenu multimédia.
Ce dispositif emporte l’adhésion des utilisateurs
quant à son installation éventuelle dans la ville.
La majorité l’imagine dans une maison de quartier
quant aux autres, ils ont proposé dans la rue, dans
les pôles sociaux ou autres structures associatives.
Bilan général
Cette Caravane a été relativement utile
puisqu’elle a changé positivement le regard
de 38,2% des habitants par rapport au projet
d’aménagement du quartier. Elle n’a rien
changé pour 38,7% des usagers.
Aucun participant n’a déclaré porter un re-
gard négatif.
Cette caravane a changé le regard des habitants sur les technologies
de façon positive pour 51,6% d’entre eux.
25
26. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
Quels bénéfices ?
IInformation, convivialité, lien social, découverte de projets et des ac-
tions d’écoles, communication, meilleure compréhension des projets
de la municipalité.
Cette caravane est-elle utile ?
a 71% répondent oui contre 12,9% ; 16,1% ne se prononcent
pas.
A-t-elle facilité la communication entre les habitants et les
élus ?
a 51, 6% sont d’accord contre 32,3% ; 16,1% ne se prononcent
pas.
Vous a-t-elle convaincue que les nouvelles technologies peu-
vent servir l’urbanisme ?
a 71% le reconnaissent contre 16,1% . 12,9 % ne se prononcent
pas.
Synthèse des observations
a Les dispositifs multimédias apparaissent davantage comme
des supports complémentaires aux affiches de présentation du plan
de Z.A.C.
a Ils favorisent les échanges entre habitants du quartier.
Les dispositifs permettent une prise en main relativement aisée par les
utilisateurs, surtout la Borne tactile et le City Wall.
a Un intérêt particulier pour ce genre d’évènements par les per-
sonnes âgées et les écoles. Mais les générations se sont peu mê-
lées, peu d’échanges entre elles.
a Forte mobilisation des associations et acteurs du quartier.
a Peu d’échanges directs avec les élus, en revanche, beaucoup
de messages asynchrones envoyés aux élus avec des questions
précises sur le quartier.
26
27. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
La production :
une initiative
collaborative
Un travail collaboratif à 3 niveaux
Les 3 composantes ci -dessous font partie de la dynamique de colla
boration étudiée par Lundgren-Cayrol et Henri. Elles sont nécessaires
pour mener à bien un travail collaboratif. Nous estimons que nous de-
vons retravailler sur ces notions pour arriver à un niveau de collabo-
ration optimale.
a L'engagement : au cours de ce travail collaboratif, on a pu mettre
en avant que cet engagement était de différents ordres. Pour cer-
tains, il est constant ; pour d'autres, plus fluctuant ou incertain. Il est
aussi parfois plus laborieux à des moments de la production, étant
donné l'effort permanent requis sur la durée de la production. D'au-
tres phénomènes ont régi la vie de notre équipe, comme les effets
d'engagement/désengagement, les effets de sous-
investissement/sur-investissement, les effets de solidarisation/dés-
olidarisation.
Dans ce cadre précisément, ne devrions-nous pas interroger les no-
tions d'autonomie, d'éthique et de valeurs propres à chacun des mem-
bres du groupe ? N'est-il pas aussi essentiel de rester dans une
dynamique d'entraide, respectueuse de l'autre et de ses potentielles
difficultés aussi pour maintenir, toujours également, son contrat d'en-
gagement de départ ?
a La coordination : elle est indispensable dans une perspective d'ef-
ficacité et de cohérence de la production. Plus le groupe de travail est
important (notre groupe 12 membres pour 3 coordinateurs), plus ce
travail de coordination requiert un sens pédagogique exacerbé.
Écoute, patience, respect, tact et régulièrement un nécessaire exer-
cice d'explicitation auprès des contributeurs, doivent être les tâches
prioritaires des coordinateurs. Une explicitation renouvelée des étapes
du projet, une synthèse régulière des éléments apportés par les contri-
27
28. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
buteurs. Ce travail de coordination requiert une certaine expertise qui
n'est pas forcément reconnu alors que, quand bien même, il est es-
sentiel au bon fonctionnement du projet, à la progression de la produc-
tion. En effet que fait-on sans pilote dans l'avion ? Mais il faut bien
admettre que cette activité manque de visibilité. C'est un don de soi, il
faut donc la pratiquer avec humilité, sens du service au groupe. Cette
notion interroge la notion de légitimité et de reconnaissance.
Qu'est ce qui rend, un membre du groupe, plus légitime qu'un autre à
assurer cette fonction ? Comment légitimant 'élire, désigner) le membre
pré-disposé à coordonner, éveille-t-on une prise de conscience de cha-
cun des membres du groupe ? Comment maintenir ce lien entre les
membres ? Sans le dire n'abordons nous pas ici la notion de manage-
ment de projet ?
a La communication : un travail collaboratif ne peut souffrir d'impro-
visations. Les échanges doivent être nuancés, distanciés. Le coordi-
nateur doit toujours modérer ces propos et réguler les situations
conflictuelles par exemple. Dans quelle mesure la communication
entre les membres d'un groupe peut être plus performante ?
C'est la question du management de projet qui revient, comment
s'adresser aux équipiers ? Comment garder sa troupe motivée ? Gar-
der le sens de l'humour et de la dérision, cela a été notre mode de
fonctionnement. Retenir aussi que cette communication, révèle bien
souvent les personnalités des contributeurs. Elle agit comme une loupe
sur les comportements de chacun. Les différentes étapes de notre pro-
duction, nous ont permis, notamment dans le rapport à l'écrit, de révé-
ler certaines caractéristiques de la personnalité des contributeurs, de
souligner quelques attitudes.
Le travail collaboratif et ses complexités :
Nous avons dû gérer les complexités d'une production au travers d'une
réflexion collective (pas simple !) avec des moyens de l'ordre du brico-
lage, notamment pour le traitement des données et l'espace de travail
collaboratif, pour ainsi dire inexistant, en tout cas pas du tout adapté à
un travail de cette ampleur :
a La complexité pédagogique : entre commande institutionnelle et
production universitaire. Comment répondre à ces deux attentes ?
Notre réponse a été double, une présentation du projet de la Cara-
vane des quartiers avec ensuite une articulation sur des focus-re-
28
29. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
cherche abordant des thématiques récurrentes.
a La complexité spatio/temporelle : devant l'urgence de la com-
mande et des membres du groupe dispersés, il a fallu trouver des
solutions pour pallier à ces difficultés. C'est le recours à un outil :
Google docs notamment, qui nous a permis de dépasser cet obsta-
cle. Ainsi chacun des membres de l'équipe avait la possibilité de
contribuer à faire avancer le dossier commun.
Lors de cette production, nous avons pu constater de l'importance des
phases synchrones, menées pour une réflexion collective et asyn-
chrones, menées pour une réflexion plus individuelle.
Un outil Google docs exploité, mais il faut reconnaître qu'il était insuf-
fisant pour engager pleinement des phases de réflexion collective en
mode synchrone (écriture collective)
a La complexité psycho-cognitivo-affective : celle-ci relève de la no-
tion de réflexivité. A chaque mise en situation collaborative, un pro-
cessus métacognitif se met en place. Il ne faut pas négliger non plus
la part des affects dans ce processus d'élaboration. Notre travail col-
laboratif a dû concilier avec toutes ces composantes individuelles.
c'est ce que nous avons fait courageusement ! Nos armes, n'est-ce
pas des outils et des méthodes adéquates mis à notre disposition ?
Une liberté pédagogique structurante
ou déstructurée ?
a Une liberté pédagogique qui permet un travail de créativité et de
développement de l’autonomie
a Le choix des outils : utilisation d'une plate-forme de travail colla-
boratif : Google docs ; utilisation d'un outil de sondage pour dispat-
cher les tâches : doodle ; nombreux échanges par mails, téléphone
a Le choix de définir un travail cohérent pour tous : la rédaction
d’articles scientifiques sur des sujets d’intérêts TEF (technologies de
l’éducation et de la formation)
a Une liberté qui permet travail réflexif sur le déroulement de la pro-
duction
Lors de ce travail nous avons été des acteurs et des apprenants ré-
flexifs. Nous avons pu vivre des notions de respect, de solidarité,
d’écoute, de bienveillance, d’humilité, d’engagement, d’ouverture d'es-
prit, d'éthique, parfois de façon inégale. Nous nous interrogeons sur
29
30. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
le bien-fondé d’une grande liberté pédagogique certes, mais ne serait-
elle pas plus efficiente avec un accompagnement, un encadrement ?
Dans quelle mesure un accompagnement adapté peut permettre de
mieux gérer la confrontation au groupe, de mieux appréhender le tra-
vail collaboratif à distance notamment ? Et peut-être, avec l'appui d'une
véritable structure encadrante qui conduit la réflexivité du sujet et ses
prises de conscience régulières au cours de l'avancée du projet,
pourra-t-on dire...Vive le travail collaboratif !
Au final un bilan contrasté...
...et des représensations très différentes que l’on peut repérer dans
les différents témoignages d’étudiants qui ont participé à ce travail
collaboratif :
« Lors du (bref) travail en amont ayant eu lieu la veille et le jour de la
Caravane des quartiers, j'ai senti une cohésion de groupe, et pour moi
il y a eu un vrai travail collaboratif sur les outils de recherche. Une fois
sur le terrain, peu de coordination au sein du groupe, et malgré l'inves-
tissement de la majorité, on sent que certains commencent déjà à
"s'éloigner". Ensuite, concernant l'analyse... Travailler de manière col-
laborative pour un groupe d'une douzaine de personnes éloignées géo-
graphiquement, c'était mission impossible! Heureusement, des
"leaders" se sont vite détachés du groupe et ont pris les choses en
main pour "porter" le groupe, qui en avait besoin. L'outil Google docs
a été mis en place, mais il ne fait pas tout, et ne peut pas suffire à mo-
tiver les troupes. Mais un travail coopératif a été réalisé par une partie
de l'équipe. Les grilles qui ont été proposées étaient une très bonne
idée et nous ont permis de mettre en commun nos données. Mon sen-
timent est de ne pas avoir maîtrisé grand chose durant tout le dérou-
lement du projet, de n'avoir pas été "acteur". J'aurais souhaité
m'investir davantage, mais les délais, la charge de travail, l'éloigne-
ment, le nombre de personnes sur le projet, tout cela a fait que je n'ai
pas pu participer réellement au travail collaboratif. Si c'était à refaire,
bien sûr il nous faudrait plus de temps pour mettre en place une stra-
tégie à mener en amont, sur place et en aval. Il aurait fallu nous concer-
ter après l'enquête de terrain, afin de demander à chacun la manière
dont il voyait la méthodologie collaborative, et la manière dont il sou-
haitait s'investir. Le temps nous a manqué. »
30
31. La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie
«Dans le cadre d’une commande de la ville de rennes, les M2 TEF ont-
travaillé sur la caravane des quartiers. Cette commande étant assez
floue et importante, nous avons dû nous organiser pour travailler en-
semble sur ce projet afin de recueillir des données sur cet événement
et de les regrouper dans un rapport relatant ce qui se joue lors de cette
manifestation ainsi que la réaction des habitants. Pour ce faire, nous
avons travaillé ensemble. La première partie du travail s’est passé en
présentiel. En effet, nous avons profité de la semaine de regroupement
pour réellement nous pencher sur le sujet (correction du questionnaire,
création de la grille d’observation, explication des rôles de chacun lors
de la manifestation…).Suite à cela et à l’initiative d’un des membres du
groupe, nous avons travaillé via une plateforme collaborative, google
doc. Cela a permis de palier aux contraintes géographique de chacun
et par là même de continuer à échanger et regrouper nos observations
et écrits. Cette méthode de travail permettait à tous de participer. Ce-
pendant, il faut être réaliste, comme dans toute collaboration, il y en a
toujours qui donne plus de temps, de motivation et d’initiative. Un travail
de groupe à distance n’est pas une chose facile à réguler et à diriger,
surtout à 11. Il est donc logique de constater que même si chacun des
membres participe sans problème, il y a toujours un noyau dur qui gère
la troupe et la relance ou tout simplement s’investi plus. Pourtant, mal-
gré les diverses contraintes, on peut remarquer que le travail est fait,
donc on peut penser que les choses ne se sont pas trop mal organi-
sées...»
« La collaboration a eu lieu lors du regroupement à l'université, avant
de se rendre à la Caravane de quartiers, sur l'élaboration du question-
naire et de la grille d'observation. Finalement, je trouve qu'il y en a eu
peu au sein de l’ensemble du groupe. L'outil google docs fut finalement
peu investi par la majorité des personnes mais il y eut sans doute beau-
coup de collaboration dans le comité rédactionnel. J’ai finalement un
peu découvert ce que l'on allait présenter dans ce dossier lors de la
journée Protice. Une suggestion : pourquoi pas l'utilisation d'un wiki
pour un prochain travail collaboratif? »
« Le travail collaboratif de la caravane des quartiers me paraît essentiel
car c’est la mise en commun de nos énergies. Grâce à Sophie nous
avons eu le cadre de travail, avec les objectifs, les buts et une com-
mande qui était bien définie. Cela nous a permis de nous répartir les
31
32. rôles selon nos disponibilités et nos compétences. Les jours passés
ensemble dans la caravane ont été très motivants pour comprendre
l’esprit de ce projet. Le travail ensemble a été très intéressant, difficile
car nous étions nombreux. Il est plus difficile de travailler ensemble en
grand groupe qu’à 3 ou 4. Je regrette un peu de ne pas avoir beaucoup
participé aux échanges sur la plateforme, occupée par le dépouillage,
des questionnaires. Mais prendre connaissance des documents sur
Google docs m’a permis de me sentir incluse dans le travail, même si
j’ai peu pris part aux discussions à propos du dossier. Avec du recul, je
me dis que j’aurais du transmettre mes impressions tant sur l’observa-
tion, que l’administration des questionnaires, et sur les gestes, les atti-
tudes des personnes que j’ai interviewées. Mais, j'ai aussi beaucoup
aussi utilisé les messages téléphoniques et les échanges mails. Il m’a
semblé précieux qu’un petit groupe prenne la coordination du travail
pour donner des pistes à tous et faire réfléchir sur des compléments à
réaliser. J’ai beaucoup appris avec ce travail collaboratif. Les ré-
flexions, les informations échangées et partagées, m’ont permis de
m’ouvrir sur d’autres compétences et de nouveaux savoirs être et faire.
Chacun a investi des temps différents, à des heures différentes, mais
cela a été un véritable travail de groupe dans lequel nous avons essayé
de faire passer l’image de notre filière.»
« Dans le cadre de l’expérience de la caravane du quartier, nous avons
été amenés à travailler collectivement sur différents travaux autour de
cet événement. Effectivement nous avons réalisé différentes produc-
tions : préparation de l’observation de terrain, travail d’enquête, retrans-
cription des résultats, analyse, présentation de l’expérience lors de la
journée protice, réalisation d’articles etc. Pour effectuer ces différents
travaux nous avons mis en place une stratégie d’échange et de colla-
boration. Effectivement, étant tous sur des terrains de stages différents,
ayant tous des contraintes différentes il était difficile de nous réunir.
Ainsi, très rapidement un membre du groupe a créé un compte Google
Doc et a diffusé les identifiants afin de mutualiser nos productions. Cet
espace nous a permis d’organiser notre travail de façon pertinente et
s’adapter aux contraintes de chacun. Grâce à l’accès aux informations
sur un même espace où chacun pouvait contribuer, nous avions l’in-
formation en temps réel et pouvions travailler ensemble, le tout à dis-
tance. Grâce à cette stratégie de travail collaboratif nous avons pu tous
nous impliquer dans ce travail, en respectant la disponibilité de chacun.
32
33. C’est également un outil que nous pourrons réutiliser dans un futur plus
ou moins proche dans le cadre d’un travail d’équipe. Notre stratégie de
collaboration nous a donc permis d’optimiser notre travail, d’éviter la
perte d’information causée lors des allers retours de mails par exemple,
de fonctionner en groupe organisé en se centrant sur des documents
communs. Il n’y a pas eu de directives données en amont chacun a su
s’investir et s’approprier les informations et productions spontanément.
Nous étions donc dans un principe d’entente cordiale, de respect du
rythme de chacun et de confiance dans le groupe. Finalement, ce fut
une expérience riche et formatrice ! »
Néanmoins, notre travail de collaboration aurait pu être davantage op-
timisé par l’utilisation d’outils de partage comme Diigo qui permet le
partage de référence avec des possibilités de commentaires, de souli-
gnage etc. Nous aurions également pu optimiser les moments de re-
groupement à la fac pour organiser notre travail et se répartir plus
uniformément les tâches. Effectivement, même si globalement le travail
de groupe fut efficace et enrichissant, on se rend compte qu’au-delà de
quatre personnes cela devient difficile de réaliser un travail collaboratif
de ce type, mais nous avons su être réactifs et relever ce défi !
33
34.
35. focus -rech erche
focus-recherche
introduction
A l’origine de notre travail une commande certes, et après... Comment ar-
ticuler cette réponse institutionnelle avec notre formation universitaire ? Telle
a été notre seconde préoccupation.
Nous avons choisi un format qui a aussi cette caractéristique, d’être légi-
time auprès de la communauté scientifique : le focus-recherche ou article
scientifique. Créatif et pertinent, le focus-recherche a toutes les qualités pour
répondre à notre deuxième priorité.
Il nous a permis de développer différentes thématiques parmi lesquelles
la démocratie participative et ville 2.0. Du projet d'urbanisme, aux appels
à la participation de citoyens responsables et concernés, jusqu’aux élus qui
viennent presque à domicile, quel message porteur de sens, les élus veu-
lent-ils faire passer au travers de ces rencontres citoyennes ? Cette première
contribution a été partagée à 8 mains. Le sujet très dense méritait que l’on
si arrête plus longuement. Nous avons fait le choix de le scinder en deux
parties : une première partie de conceptualisation de la notion de démocratie
participative, ce qu’elle représente aujourd’hui dans notre société en pleine
mutation numérique ; une seconde partie sur l’expérimentation de démocra-
tie participative illustrée par la Caravane des quartiers.
Accessibilité et handicap. Dans cet article le quartier est interrogé comme
espace intégrateur de la personne handicapée. La politique locale n’a t-elle
pas intérêt au regard de tous ses habitants et fortement incitée par la législa-
tion, à rendre ce type de manifestation accessible à tous y compris les per-
sonnes vieillissantes et en situation de handicap ? Le quartier est lieu de vie,
ces rencontres citoyennes comme la Caravane des quartiers lieu d’informa-
tions mais aussi lieu de socialisation pour les personnes fragilisées, comment
le développement de l’accessibilité à ces rendez-vous urbains peut leur per-
mettre de devenir pleinement acteur des modifications de leur lieu de vie ?
Médiation/médiatisation. Ici les auteurs de l’article se posent les questions
suivantes : quelle est la place de la médiation dans la transmission numérique
d’un message ? quelles médiations pour quels objectifs ? Quel processus de
médiatisation est mis en œuvre dans les dispositifs expérimentés à la Cara-
vane des quartiers ? C’est le point de départ de leur réflexion. Entre médiateur
humain et technologique, entre processus de conception et de scénarisation,
35
36. La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche
quelle est la pertinence des dispositifs multimédias présentés lors de
la manifestation ?
Enfin les phénomènes de socialisation. Les auteurs s’interrogent sur
cette manifestation : réunit-elle réellement les caractéristiques néces-
saires à la mise en place d’un réel processus de socialisation, pouvant
ainsi répondre aux objectifs fixés par la Ville de Rennes ? Après avoir
relevé des constats, s’être penché sur les limites auxquelles un tel évè-
nement se trouve confronté, il est question dans cette article de savoir
en quoi la caravane était ou non un lieu propre à la socialisation.
Une fois répartis et engagés dans nos différentes problématiques nous
nous sommes, en dernier lieu, exercés à produire un ensemble de re-
commandations se rapportant à chacun des sujets traités.
36
37. La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche
Démocratie
Comment la
démocratie pourrait
ne pas être
participative
participative ?
Définitions
et ville 2.0
Etymologiquement : « La de-
mokratia vient du grec demos,
peuple et kratein commander,
pour désigner le gouvernement
par le peuple considéré en tant
que citoyen, i.e. jouissant du
droit de cité. ». Mais encore : «
Régime politique dans lequel la
souveraineté appartient au peu-
ple, ou plus exactement aux
Démocratie participative, de proximité, délibérative… Ces formula- membres de la société qui sont
définis comme citoyens. ».1
tions sont nombreuses et peuvent revêtir des sens parfois assez éloi-
Plus près de notre réalité : «
gnés même si ils ont en commun de faire participer les « citoyens » au Régime politique dans lequel la
souveraineté appartient au peu-
débat public. Les évolutions sémantiques peuvent avoir des implica- ple qui l'exerce directement (dé-
tions fortes qui nécessitent une observation attentive et constante. mocratie directe) ou par
l'intermédiaire de représentants
élus pour agir à sa place, en son
nom et sous son contrôle (dé-
Démocratie participative :
mocratie représentative) ».2
Et enfin ce qui pourrait le plus
mythe ou réalité ? se rapprocher de la démocra-
tie dite « participative » : « Sys-
tème politique fondé sur le
respect de tous qui généralise le
Assaba Bruce dialogue et encourage la partici-
Sylvie Gastineau pation du peuple à tous les ni-
veaux de tous les organes de la
société civile. Forme de gouver-
nement où la participation du
L'ascension fulgurante de Barack Obama pendant la campagne prési- peuple est requise et qui repose,
dentielle américaine de 2008 est une démonstration en force d'une entre autres, sur I'indépendance
des pouvoirs exécutif, législatif et
forme de démocratie participative émergente. Il semble bien que l'élec- judiciaire et sur des élections li-
bres. De nombreux droits civils,
tion de Barack Obama à la tête des Etats-Unis doit beaucoup aux tels le droit d'association, d'as-
usages du Web et d'Internet : la clicocratie (Eudes, 2009). Tous les cy- semblée ou de la presse sont in-
dispensables à la réalisation des
bercitoyens ont été sollicités dans cette campagne et se sont ainsi senti droits politiques qui sont à la
base de la démocratie. »3
investis dans la vie de la Cité. La communauté e-citoyenne s'est no-
Concernant le mot participatif,
tamment inscrite pleinement dans cette agora numérique, qui s'est ré- qui est « Relatif à la participation
vélé le parfait relai de l'agora publique. Elle a été l'occasion de débats » 4 la définition est la suivante
dans Le petit Robert : « La dé-
publics médiatisés sur le web. On se souvient aussi de l'impact consi- mocratie est la participation à
droit égal, à titre égal, à la déli-
dérable d'Internet et de ses internautes, sur le traité établissant une bération des lois et au gouver-
Constitution pour l'Europe. nement de la nation ».
www.maphilosophie.fr/lexique.php
1
La participation s'impose de plus en plus comme le terrain obligé de la po- 2
www.camillederoccaserra.com/glos-
sary/Glossaire_gi809.html
litique et de l'action publique. De nouveaux mouvements sociaux via les 3
www.aidh.org/Biblio/Vocabulaire/Droit
s.htm
réseaux sociaux s'appuient également sur ces formes horizontales de 4
http://fr.wiktionary.org/wiki/participatif
37
38. La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche
coordination. Nous assistons à une profonde mutation qui dépasse le sim-
ple effet discours, le simple effet mode : une grande conversion du nu-
mérique est à l'oeuvre (Doueihi, 2008 ). Qu'en est -il de cet idéal
démocratique logé entre démocratie participative, de proximité, délibéra-
tive ?
Dans un premier temps, mieux définir les contours, sémantique, his-
torique de cette notion avec ses nombreuses formulations, éclaire déjà
notre propos. D'autre part, mettre ce concept à la lumière de quelques
théories sur le sujet, permet de mieux appréhender cette probléma-
tique. En effet cette notion (démocratie participative) est tellement pro-
téiformes et le terme tellement galvaudé qu'il a fallu trouver un angle
de recherche. C'est le lieu de la proximité et notamment celui de la
proximité des élus aux habitants qui a retenu notre attention. Il nous
a semblé en effet opportun de faire le lien avec le site de notre obser-
vation : la Caravane des quartiers. Qu'est ce que les élus mettent en
place pour impliquer les habitants au projet urbain de quartier ? De
plus à l'heure du numérique, cette notion de démocratie participative
recouvrant de nombreux enjeux. Quels sont justement les défis aux-
quels celle-ci doit faire face, en cette période de profonde mutation ?
Nous l'évoquerons, comme dernier point de notre focus-recherche.
Tout au long de notre réflexion nous nous sommes régulièrement nour-
ries d'auteurs ayant écrit et produit sur le sujet.
Définition de la démocratie participative
Ces formulations sont nombreuses et peuvent revêtir des sens assez
éloignés même s'ils ont en commun de faire participer les « citoyens»
au débat public. Les évolutions sémantiques peuvent avoir des impli-
cations fortes qui nécessitent une observation attentive et constante.
Si on s’attache aux définitions ci-dessous, il semblerait que ces deux
mots ensemble forment une redondance ou un pléonasme, et le terme
« participative » ici n’est pas un adjectif mais un processus qui est ap-
paru dans les années 1970.
Les premières théories de la démocratie participative
des années 1970…
Carol Pateman , C.B. MacPherson ou Benjamin Barber sont les pre-
miers théoriciens de la « démocratie participative ». Tous trois anglo-
saxons, leur réflexion est fondée sur la critique de la démocratie «
38
39. La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche
représentative », comme les philosophes Hannah Arendt et John
Dewey, ils pensent la « participation » comme capacité de la société
civile à être active et participer à la recherche de solutions adaptées à
ses problèmes, proches de la démocratie athénienne.
… Au début du XXIème siècle.
Au début des années 2000 cette notion est controversée et en 2002 les
députés français rejetèrent le terme de « démocratie participative » au
profit de « démocratie de proximité » concernant la loi qui imposait la créa-
tion de conseils de quartiers dans les villes de plus de 80 000 habitants.
Aujourd’hui, la démocratie participative est dans l’ère du temps et les
dispositifs qui s’y réfèrent se multiplient, mais restent pourtant margi-
naux et ses expérimentations très localisées. Et si toutefois on en fait
usage au-delà du local, elle reste uniquement consultative sans que
l’on puisse évaluer ses effets sur les décisions politiques.
La métaphore de John Parkinson : « lorsque les citoyens sont associés
à la prise de décision, le processus peut porter sur le "housing" (urba-
nisme), c'est-à-dire sur des questions structurelles. Il peut aussi
concerner le "building" (architecture), à savoir des problèmes impor-
tants mais de second plan. Il peut enfin se focaliser sur le "painting"
(décoration), c'est-à-dire sur des enjeux en aval et relativement margi-
naux », est intéressante car elle illustre bien les dispositifs qui se ré-
clament de la démocratie participative et leurs niveaux d’influence sur 1
Carole Pateman est une théo-
ricienne britannique en politique
les décisions politiques. et impliqué dans le féminisme.
Elle est l’auteure de Participa-
Pour l’instant les citoyens restent davantage consultés sur la « déco tion and Democratic Theory.
Cambridge Univ. Press, 1970.
», que sur des questions plus essentielles concernant l’intérêt général. 2
Crawford Brough Macpherson
était un influent théoricien cana-
Si la démocratie participative reste l’affaire de quelques élus ou mou- dien en sciences politiques, en-
seignant à l’université de
vements politiques en marges (Attac, cercles alternatifs…), elle a ten- Toronto.
3
Hannah Arendt (1906 - 1975),
dance à sortir des milieux expérimentaux pour aller du bas vers le haut est une philosophe allemande
naturalisée américaine, connue
et ainsi transformer la façon de gouverner et de faire de la politique en pour ses travaux sur l’activité
politique, le totalitarisme et la
s’institutionnalisant progressivement. modernité.
4
Enseignant-Chercheur britan-
Même si on est davantage sur des notions de « cyber-démocratie par- nique spécialiste de la démocra-
tie participative, cité dans : Yves
ticipative », la campagne de Ségolène Royal lors des dernières élec- Sintomer, Carsten Herzberg,
Anja Röcke, Les Budgets partic-
tions présidentielles avec son site « désir d’avenir » est un exemple ipatifs en Europe. Des services
publics au service du public, La
français de promotion de la démocratie participative comme fondement Découverte, 2008, p.300.
5
Insérer un petit encadré avec
d’un projet politique, mais on peut également citer l’exemple américain des définitions succinctes de
chacune des notions du premier
de la campagne de Barack Obama. paragraphe
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