«Die Ferien sind vorbei – Ich sortiere aus, werfe weg, gebe fort»
A pied à Bethléem
1. RANDONNÉE EN TERRE SAINTE VOYAGER
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A pied à Bethléem
« Tu n‚es vraiment allé que là où tu t ‚ es rendu
à pied » aurait dit Goethe. Cela s ‚ applique
parfaitement à cette randonnée de dix jours
jusqu ‚ à Bethléem, par d ‚ anciens sentiers de
bergers, qui a été pour moi une expérience
unique. Vraiment unique.
Texte: Susanna Heim Photos:Christian Galliker et Samuel Schumacher
Le monastère grec orthodoxe Mar Saba
(à dr.), près de Bethléem, se fond dans le
paysage. Des petits pains au sésame tout
frais récompensent les randonneurs.
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2. En une journée, nous
vivons toute la palette des
phénomènes atmosphé-
riques: pluie, soleil, vent
et, pour clore en beauté,
un arc-en-ciel au-dessus
de la vallée du Jourdain.
La poussière accrochée
aux chaussures et une
lassitude contre laquelle
on ne doit plus lutter.
Une mante
religieuse
aperçue au bord
du chemin.
RANDONNÉE EN TERRE SAINTE VOYAGER
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3. RANDONNÉE EN TERRE SAINTE VOYAGER
des mois plus tard, sur mon cana
pé, les jambes confortablement
surélevées, j’essaie de me remé
morer l’itinéraire parcouru. Ces mêmes
pieds m’ont emmenée à travers la Cisjor
danie durant dix jours, au cours d’une
randonnée d’environ 130 kilomètres. Le
souvenir du premier soir me revient alors
à l’esprit. Etirant les jambes, j’avais mis
les pieds sur une chaise de plastique
blanc. Ils étaient douloureux là où mes
chaussures avaient exercé une pression.
C’était à Zabadeh, un village au nord du
pays. Je regardais mes compagnons de
randonnée, assis eux aussi sur des chaises
de plastique blanc. Je craignais de devoir
déclarer forfait, et pourtant je faisais par
tie des plus jeunes de la troupe. Ou pire,
j’avais peur que l’âne Kasimir, qui trans
portait nos réserves d’eau, n’ait à succom
ber sous mon poids. Notre premier hôte
était un prêtre orthodoxe, et c’était une
bonne chose. Chez lui, pas d’interdiction
de boire de l’alcool. La bière bien fraîche
a suffi à balayer mes doutes naissants.
Jamais auparavant une bière ne m’avait
paru aussi bonne. Au cours de ce périple,
j’allais encore réaliser à moult reprises
que la randonnée renforce la perception.
J’avais toutefois déjà le pressentiment que
les soirées, avec leur lumière dorée, la
poussière accrochée aux chaussures et
cette lassitude contre laquelle on ne doit
plus lutter, seraient mes moments préfé
rés. Bien que le matin, avec sa clarté et sa
fraîcheur, son apparente intégrité, repré
sentait une concurrence sérieuse.
Mais commençons par le commen
cement. Le voyagiste proposait cette ran
donnée sous le titre «A travers la Terre
Sainte par d’anciens sentiers de bergers».
En principe, en lisant ça, on pense à
Israël. Et on se retrouve tout à coup dans
une région que l’on connaît uniquement
par le téléjournal. Sur l’écran, elle est
représentée par une zone hachurée sur
une carte. Nous sommes en Cisjordanie.
Ou en Palestine, pour appeler ce pays du
nom que lui donnent ses habitants. Au
cœur d’un conflit qui l’a maintenu à l’état
d’otage depuis des générations. L’idée
Un moine orthodoxe se
recueille au milieu de la
foule de pélerins.
Boire du thé et attendre… la lenteur est de mise.
Un repas est servi à notre groupe de randonneurs suisses, qui logera
plusieurs fois chez l’habitant. Une expérience culinaire et humaine.
“ J ‚ allais réaliser que
la randonnée renforce
la perception. ”
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4. Au menu le matin
comme le soir: des
galettes de pain et
du thé préparés sur
un feu de camp.
En route pour
Naplouse à travers
un vaste désert
de pierres.
Chaque pélerin
est un client
potentiel.
Située au pied du mont des
Oliviers à Jérusalem, l'église de
Toutes-les-Nations, est l'une des
plus belles églises visitées durant
ce périple en Terre Sainte.
d’être prisonnière me viendra plusieurs
fois au cours de ce voyage. En voyant,
parfois au loin, parfois de près, les murs
érigés le long de la frontière, des check-
points dans des déserts de pierres ou des
avions de combat sur le ciel d’azur. Ce
qui est d’autant plus agaçant que la paix
et la tranquillité règnent sur ces paysa
ges. Mais pour ressentir cela, il faut venir
d’ailleurs. Les autochtones ne marchent
pas s’ils ne sont pas obligés de le faire.
Notre groupe ne se déplace d’ailleurs
pas toujours à pied. Nous embarquons à
bord d’un minibus pour contourner les
points névralgiques ou les zones sans
intérêt. Nazareth, notre première étape,
permet une acclimatation religieuse.
L’appel matinal du muezzin ne réveille
pas uniquement les fidèles de la mos
quée. Plus tard, des chrétiens de tous pays
se bousculent dans les ruelles de la vieille
ville, jusqu’à ce qu’ils atteignent le cloître
de l’église de l’Annonciation et qu’ils
aperçoivent les nombreuses statues de
Marie, apportées du monde entier, qui y
sont rassemblées. Les représentations de
Marie et de Jésus sont diverses et colo
rées, à l’image de l’humanité. La Marie
thaïe a l’air d’une danseuse du temple.
L’Enfant Jésus de Guadeloupe est un
peu rondouillard et il a la peau foncée.
Nous rencontrons encore plus de gens
sur le mont Thabor, qui attire les croyants
comme un aimant. Car c’est ici, en face
de Nazareth, qu’aurait eu lieu la trans
figuration du Christ. Avec Esther dans
notre groupe, nous avons toujours le bon
contexte historique et biblique. L’étape
suivante offre un contraste saisissant
avec ce lieu de pèlerinage florissant. Une
heure plus tard, nous arrivons en mini
bus au check-point de Jénine, en Cisjor
danie. Son camp de réfugiés s’est étendu
jusqu’à devenir un quartier de la ville.
Durant la deuxième intifada, en 2002,
Jénine a été attaquée par les Israéliens
à plusieurs reprises. Les traces de ces
combats sont encore visibles et sensibles
aujourd’hui. Déchets et débris encom
brent les rues non asphaltées, et nombre
d’immeubles sont en ruines. La jeunesse
n’a pas de travail, mais des rêves. Que
faut-il craindre le plus: d’être déçus ou
de voir ces rêves se réaliser?
Grosses chaussures et talons hauts
Le matin à Jénine s’annonce tel une pro
messe, au moins pour notre groupe. Le
ciel est bleu, l’air est transparent, même
si un soupçon de fumée s’y mêle. Il y a
toujours quelqu’un ici qui brûle quelque
chose. Le mont Guilboa offre le specta
cle d’un paysage aux doux reliefs, bordés
d’oliveraies et de vergers. Pour un ran
donneur suisse un peu entraîné, les 21 kilo
mètres menant à Zabadeh ne représentent
pas un gros défi. Mais pour moi si! (Voir
le début de cet article.) Lorsque je cherche
à récapituler les autres régions et lieux
traversés, mes pensées s’attardent la plu
part du temps à Douma. Nous y sommes
arrivés le sixième jour. Nous venions de
Naplouse, où des hommes étaient ras
semblés et où régnait une certaine agres
sivité. Etait-ce bien réel ou une simple
supposition de ma part? Douma affichait
un visage très différent: des enfants
jouaient dans les rues, on apercevait des
Personne n ‚ achète
quoi que ce soit ici si
ce n ‚ est pas nécessaire.
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