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120 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015
Foire 1:54
Pioneer Works,
Center for Art and
Innovation, New York
15-17 mai 2015
Après deux éditions à
Londres, cette édition
inaugurale à New York
semble être une évolution
naturelle pour 1:54. Comment
le projet s’est-il concrétisé ? 
Nous pensions à New York depuis
la première édition en 2013 à Lon-
dres. Cette première année avait
enregistré un franc succès avec
6 000 visiteurs et 16 galeries. Deux
galeries avaient déjà émis le sou-
hait d’aller à New York sous l’em-
blème1:54.Puisnousavonsreçuun
grand nombre de candidatures de
galeries pour participer à l’édition
suivante. La deuxième année, j’ai
voulu présenter une édition solide
avant d’aborder le marché améric-
ain.Làencore,lesuccèsfutauren-
dez-vousavecunvéritableengoue-
ment des visiteurs et des galeries.
Les deux capitales du monde sont
New York et Londres, et la Frieze
Art Fair (en marge de laquelle se
tient la 1:54, ndlr) attire 60 000
personnes. Nous sommes sûrs de
capter au moins un pourcentage
de ces amateurs d’art des deux
côtés de l’Atlantique - d’où notre
présence aujourd’hui à New York.
Comment avez-vous
choisi Pioneer Works, un
espace d’art contemporain
du quartier Red Hook à
Brooklyn ?
Nous avons visité plusieurs
espaces, notamment dans le nord
de Manhattan, à Harlem, où de
nombreux centres dédiés à l’art
africain existent déjà. C’est plus
facile d’accès et nous aurions pu
envisager des collaborations avec
les musées, mais l’émotionnel l’a
emporté. J’ai eu un coup de coeur
pour Pioneer Works, ce vaste cen-
tre d’art qui offre des programmes
trèsavant-gardistes.Parmitousles
espaces visités à New York, c’est le
seul à être une destination à part
entière. À Londres, 1:54 se tient à
Sommerset House, un très beau
bâtiment néoclassique. Au-delà
d’une foire, notre intention est de
faire de 1:54 une véritable expéri-
ence.
Pourquoi la foire est-elle
limitée à seize galeries ?
À Londres nous avions 17 espaces
lapremièreannée,27lasecondeet
nous serons à 35 cette automne. À
Londres comme à New York, nous
veillons à offrir une sélection de
qualité et à préserver cette dimen-
sion humaine que les collection-
neurs apprécient tant. Ils peuvent
visiter la foire en une heure et
demie et prendre un café. En réal-
ité,ilsprennentplaisiràrestertrois
ou quatre heures, discuter avec les
artistes et découvrir leurs œuvres.
En quoi le marché américain
se distingue-t-il de l’anglais ? 
PourlesAméricainsc’estnouveau,
comme à Londres la première
Traverser l’Atlantique pour rejoindre New York, c’est la nouvelle
aventure de 1:54. Dès l’ouverture, la foire d’art contemporain africain
a attiré de grands noms de la scène new-yorkaise. Sa directrice
revient sur l’événement et sur la particularité du marché américain.
Propos recueillis par Salima Yacoubi Soussane
entretienavecTouriaElGlaoui
«L’artafricain
estunetrès
bonneaffaire»
mondemarchédel’art
Diptyk n°29. juin-sept. 2015 >> 121
Omar Victor Diop,
Frédérick Douglass,
2015, impression jet
d’encre pigmentaire
sur papier Harman
By Hahnemuhle, 90 x
90 cm
année. Ils aiment beaucoup la
fraîcheur de notre proposition et y
réagissentdemanièreplusdirecte.
Avant de faire une acquisition, les
collectionneurs européens ont
besoin de savoir qui est l’artiste,
comment son travail a évolué, où
il s’est produit, dans quelle col-
lection son oeuvre s’est vendue…
Ici les acheteurs sont aussi plus
jeunes, on retrouve notamment
les hipsters de Brooklyn. Avec des
prix abordables, 1:54 représente
pour eux une excellente opportu-
nité.Ilspeuventsuivreleurartiste,
le voir évoluer au fil du temps et
mieux comprendre ce marché.
Ce sont des investisseurs que l’on
ne trouve pas à Londres. Pour les
galeries, c’est aussi exceptionnel
d’avoir cet accès direct aux collec-
tionneurs.
BBC titrait justement en 2013
« Pourquoi l’art africain est-il
la prochaine bonne affaire ? »
122 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015
Aujourd’hui, est-ce toujours
une bonne affaire ?
Oui, c’est encore abordable, avec
des prix stables. Notre objectif est
de voir les Africains acheter leur
art. Nous ne voulons pas qu’ils se
réveillent un jour et se rendent
comptequ’ilesttroptard.Nousen
parlonsdeDakarauCap.Nousvoy-
ons apparaître quelques blue chips
(terme emprunté au monde de la
finance, désignant les actions qui
sont des valeurs sûres, ndlr). Peter
Clark en est un exemple, avec des
œuvres cotées à 50 000 dollars.
À la Frieze, c’est le prix plancher.
L’art africain est donc toujours
une très bonne affaire (rires). Les
mondemarchédel’art Foire 1:54
collectionneurs le savent et sont
à l’affût du prochain Basquiat. Ils
veulentfairedesacquisitionsàbas
coût et voir leur cote monter. Ils
sont prêts à prendre des risques, à
acheterdeschosesqu’ilsaimentet
qui prendront de la valeur.
Comment fonctionnent
les collaborations avec les
différentes plateformes
marchandes, notamment
Artsy et Frieze ?
Artsy nous aide beaucoup. Nous
partageons nos listes de col-
lectionneurs VIP. Nous avons
aussi des collaborations avec les
musées. Quant à la Frieze, nous
avons bénéficié de leur soutien
dès le début. Nous sommes sur
leur programme VIP. Ils nous
recommandent aussi sur leur site
web dans la liste des choses à faire.
Lors de notre première édition,
nous avions surtout des collec-
tionneurs amateurs d’art africain.
Aujourd’hui,80%denosacheteurs
sontdescollectionneursdeFrieze,
doncprincipalementd’artcontem-
porain, qui nous découvrent dans
leur circuit.
Mettre l’accent sur l’Afrique
est controversé, pourquoi
désigner 1:54 comme une
foire d’art contemporain
africain ?
Si nous ne mettons pas l’accent
sur l’Afrique, nous sommes sous-
représentés. Sur plus de cent
galeries dans les foires interna-
tionales, on ne trouvera pas plus
de deux galeries sud-africaines. Il
n’y a pas de représentation dans
les biennales d’art, hormis cette
année à Venise avec le curateur
« Notre objectif est de voir
les Africains acheter leur art.
Nous ne voulons pas qu’ils se
réveillent un jour et se rendent
compte qu’il est trop tard. »
Fabrice
Monteiro,
Signares #1,
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Diptyk n°29. juin-sept. 2015 >> 123
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toile, 135 x 200 cm
124 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015
mondemarchédel’art Foire 1:54
nigérian Okwui Enwezor. Quel est
le point de vue des artistes et quel
est celui des curateurs, comment
cette catégorisation facilite leur
entrée dans les musées, ce sont
autant de questions qui revien-
nent d’une édition à l’autre et que
nous traitons lors de nos débats.
Nousavonsencorebesoindecette
catégorisation pour promouvoir
les artistes, les placer dans les
musées et les collections. Ce sont
parfoislesartistesafricainsétablis,
qui ont beaucoup travaillé pour
être reconnus en tant qu’« artistes
tout court », qui résistent le plus
aulabelAfrique.Enrevanche,ceux
quiontmoinsdevisibilitésonttrès
heureuxd’êtrelà,notammenttous
lesartistesdelaBiennaledeVenise
qui sont là aujourd’hui. Pour nous,
cette catégorisation est une force.
J’espère qu’avec le temps nous
n’aurons plus besoin de qualifier
1:54commeunefoired’artafricain,
mais comme une foire d’art con-
temporain d’abord, avec une mul-
tiplicitéd’artistesvenusd’Afrique.
Dès le lancement de 1:54,
vous confiiez au Financial
Times vouloir produire à
terme une édition en Afrique.
Le moment est-il venu ? Pour
quelle destination ? 
Le moment est venu. Il faudrait
seulement que la foire soit une
initiative rentable pour les gal-
eries. L’organisation représente
pour elles un coût énorme. Si je
décidedelafaireàDakar,lesgaler-
ies savent qu’elles ne pouront pas
vendre.Ilfaudraitunmarchélocal,
présent, qui pourrait acheter. En
revanche,Marrakechestuneplate-
forme extraordinaire au Maroc et
Lagos offre un marché solide au
Nigéria.
Un récent article du New York
Times confirme que dans le
monde oriental, le marché de
l’art appartient aux femmes.
Dans quelle mesure est-ce le
cas dans la zone MENA et en
Afrique ? 
L’art dans ces régions était perçu
comme une activité à la fois diver-
tissante et sans conséquences,
doncidéalepourlesfemmes.Aujo-
urd’hui, le marché de l’art a un vrai
pouvoiretdrainedeconsidérables
sommes d’argent. À titre d’ex-
emple, c’est une femme, Sheikha
Mayassa, qui est la plus influente
danslemondearabe(ndlr:elledis-
posed’uneenvelopped’unmilliard
de dollars pour les acquisitions
destinéesauxmusées.Ellefaitpar-
tiedes100personneslesplusinflu-
entes ou puissantes, respective-
ment dans les classements Time et
Forbes). Maintenant que son pou-
voir est visible, il ne faudrait pas
que les hommes s’approprient ce
secteur ! (rires)
La représentation des artistes
marocains et maghrébins
a-t-elle augmenté ? Quels
artistes suivez-vous au
Maroc ? 
Je fais mon possible pour intégrer
les artistes et les galeries dans
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Jackson, Does
the brown paper
bag test really
exist? Will my
father be proud?,
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Diptyk n°29. juin-sept. 2015 >> 125
« Le moment est venu d’envisager une édition de 1:54 en Afrique. »
Lawrence Lemaoana, I didn’t
join the struggle to be poor,
2015, tissu et broderie, 155 x
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126 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015
mondemarchédel’art Foire 1:54
notre projet. C’est très dur de con-
vaincre les galeries. Nous n’avons
que Voice Gallery à New York, une
galerie de Marrakech habituée
aux circuits internationaux. Par
le passé nous avons travaillé avec
Selma Feriani, présente à Tunis
et Londres, puis avec des artistes
marocains représentés par des
galeriesétrangères:HassanHajjaj,
Mohamed Elbaz, Younès Rah-
moun… Parmi les artistes maro-
cains, je suis une grande fan de
Mounir Fatmi, Younès Rahmoun
et Hicham Benouhoud, pour ne
citer qu’eux.
Quelle est l’africanité du
Maroc ?
À titre personel, mon arrière
grand-mère est éthiopienne. De
façon générale, nous sommes afr-
icains sur les plans géographique,
économique et politique. Nos
entreprises les plus importantes
s’installentenAfriqueetlecommu-
niquent. Il y a aussi un engagement
politique au plus haut niveau pour
un rapprochement avec d’autres
pays d’Afrique. Le Maroc est une
zone de passage et parfois de rési-
dence pour les Africains aspirant à
une vie meilleure de l’autre côté de
la Méditerranée. Sur le plan artis-
tique, les artistes sont très proches
entre eux. Je pense à Hassan Hajjaj
qui est dans une communauté
ouverte, où les échanges avec les
artistesafricainssontfréquents.
Pour Artsy, Leila Alaoui est
dans le top 5 des artistes à
suivre lors de 1:54.  Pourquoi
à votre avis ? 
J’ai toujours beaucoup apprécié le
travail de Leila. Il est pertinent et
traite de manière juste des ques-
tions d’actualité, dont justement
le sujet de la migration des Afric-
ains au Maroc. Elle exprime très
clairementsesopinions,cequiest
assez rare. Ses œuvres sont aussi
très équilibrées esthétiquement.
C’est un des jeunes talents maro-
cains qui mérite certainement
d’être suivi par Artsy.
Quels sont vos prochains
projets ?
Trouver un format commer-
cial qui fonctionne en Afrique.
Ensuite, c’est faire de New York
une destination permanente !
Paul Sika, Dandelia
# 1, 2012, impression
photographique
montée sur caisson
lumineux, 60 x 90 cm

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  • 1. 120 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015 Foire 1:54 Pioneer Works, Center for Art and Innovation, New York 15-17 mai 2015 Après deux éditions à Londres, cette édition inaugurale à New York semble être une évolution naturelle pour 1:54. Comment le projet s’est-il concrétisé ?  Nous pensions à New York depuis la première édition en 2013 à Lon- dres. Cette première année avait enregistré un franc succès avec 6 000 visiteurs et 16 galeries. Deux galeries avaient déjà émis le sou- hait d’aller à New York sous l’em- blème1:54.Puisnousavonsreçuun grand nombre de candidatures de galeries pour participer à l’édition suivante. La deuxième année, j’ai voulu présenter une édition solide avant d’aborder le marché améric- ain.Làencore,lesuccèsfutauren- dez-vousavecunvéritableengoue- ment des visiteurs et des galeries. Les deux capitales du monde sont New York et Londres, et la Frieze Art Fair (en marge de laquelle se tient la 1:54, ndlr) attire 60 000 personnes. Nous sommes sûrs de capter au moins un pourcentage de ces amateurs d’art des deux côtés de l’Atlantique - d’où notre présence aujourd’hui à New York. Comment avez-vous choisi Pioneer Works, un espace d’art contemporain du quartier Red Hook à Brooklyn ? Nous avons visité plusieurs espaces, notamment dans le nord de Manhattan, à Harlem, où de nombreux centres dédiés à l’art africain existent déjà. C’est plus facile d’accès et nous aurions pu envisager des collaborations avec les musées, mais l’émotionnel l’a emporté. J’ai eu un coup de coeur pour Pioneer Works, ce vaste cen- tre d’art qui offre des programmes trèsavant-gardistes.Parmitousles espaces visités à New York, c’est le seul à être une destination à part entière. À Londres, 1:54 se tient à Sommerset House, un très beau bâtiment néoclassique. Au-delà d’une foire, notre intention est de faire de 1:54 une véritable expéri- ence. Pourquoi la foire est-elle limitée à seize galeries ? À Londres nous avions 17 espaces lapremièreannée,27lasecondeet nous serons à 35 cette automne. À Londres comme à New York, nous veillons à offrir une sélection de qualité et à préserver cette dimen- sion humaine que les collection- neurs apprécient tant. Ils peuvent visiter la foire en une heure et demie et prendre un café. En réal- ité,ilsprennentplaisiràrestertrois ou quatre heures, discuter avec les artistes et découvrir leurs œuvres. En quoi le marché américain se distingue-t-il de l’anglais ?  PourlesAméricainsc’estnouveau, comme à Londres la première Traverser l’Atlantique pour rejoindre New York, c’est la nouvelle aventure de 1:54. Dès l’ouverture, la foire d’art contemporain africain a attiré de grands noms de la scène new-yorkaise. Sa directrice revient sur l’événement et sur la particularité du marché américain. Propos recueillis par Salima Yacoubi Soussane entretienavecTouriaElGlaoui «L’artafricain estunetrès bonneaffaire» mondemarchédel’art
  • 2. Diptyk n°29. juin-sept. 2015 >> 121 Omar Victor Diop, Frédérick Douglass, 2015, impression jet d’encre pigmentaire sur papier Harman By Hahnemuhle, 90 x 90 cm année. Ils aiment beaucoup la fraîcheur de notre proposition et y réagissentdemanièreplusdirecte. Avant de faire une acquisition, les collectionneurs européens ont besoin de savoir qui est l’artiste, comment son travail a évolué, où il s’est produit, dans quelle col- lection son oeuvre s’est vendue… Ici les acheteurs sont aussi plus jeunes, on retrouve notamment les hipsters de Brooklyn. Avec des prix abordables, 1:54 représente pour eux une excellente opportu- nité.Ilspeuventsuivreleurartiste, le voir évoluer au fil du temps et mieux comprendre ce marché. Ce sont des investisseurs que l’on ne trouve pas à Londres. Pour les galeries, c’est aussi exceptionnel d’avoir cet accès direct aux collec- tionneurs. BBC titrait justement en 2013 « Pourquoi l’art africain est-il la prochaine bonne affaire ? »
  • 3. 122 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015 Aujourd’hui, est-ce toujours une bonne affaire ? Oui, c’est encore abordable, avec des prix stables. Notre objectif est de voir les Africains acheter leur art. Nous ne voulons pas qu’ils se réveillent un jour et se rendent comptequ’ilesttroptard.Nousen parlonsdeDakarauCap.Nousvoy- ons apparaître quelques blue chips (terme emprunté au monde de la finance, désignant les actions qui sont des valeurs sûres, ndlr). Peter Clark en est un exemple, avec des œuvres cotées à 50 000 dollars. À la Frieze, c’est le prix plancher. L’art africain est donc toujours une très bonne affaire (rires). Les mondemarchédel’art Foire 1:54 collectionneurs le savent et sont à l’affût du prochain Basquiat. Ils veulentfairedesacquisitionsàbas coût et voir leur cote monter. Ils sont prêts à prendre des risques, à acheterdeschosesqu’ilsaimentet qui prendront de la valeur. Comment fonctionnent les collaborations avec les différentes plateformes marchandes, notamment Artsy et Frieze ? Artsy nous aide beaucoup. Nous partageons nos listes de col- lectionneurs VIP. Nous avons aussi des collaborations avec les musées. Quant à la Frieze, nous avons bénéficié de leur soutien dès le début. Nous sommes sur leur programme VIP. Ils nous recommandent aussi sur leur site web dans la liste des choses à faire. Lors de notre première édition, nous avions surtout des collec- tionneurs amateurs d’art africain. Aujourd’hui,80%denosacheteurs sontdescollectionneursdeFrieze, doncprincipalementd’artcontem- porain, qui nous découvrent dans leur circuit. Mettre l’accent sur l’Afrique est controversé, pourquoi désigner 1:54 comme une foire d’art contemporain africain ? Si nous ne mettons pas l’accent sur l’Afrique, nous sommes sous- représentés. Sur plus de cent galeries dans les foires interna- tionales, on ne trouvera pas plus de deux galeries sud-africaines. Il n’y a pas de représentation dans les biennales d’art, hormis cette année à Venise avec le curateur « Notre objectif est de voir les Africains acheter leur art. Nous ne voulons pas qu’ils se réveillent un jour et se rendent compte qu’il est trop tard. » Fabrice Monteiro, Signares #1, Gorée, 2011, impression numérique, 76,2 x 101,6 cm
  • 4. Diptyk n°29. juin-sept. 2015 >> 123 Chéri Samba, L’employeur et l’employé, 2013, acrylique sur toile, 135 x 200 cm
  • 5. 124 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015 mondemarchédel’art Foire 1:54 nigérian Okwui Enwezor. Quel est le point de vue des artistes et quel est celui des curateurs, comment cette catégorisation facilite leur entrée dans les musées, ce sont autant de questions qui revien- nent d’une édition à l’autre et que nous traitons lors de nos débats. Nousavonsencorebesoindecette catégorisation pour promouvoir les artistes, les placer dans les musées et les collections. Ce sont parfoislesartistesafricainsétablis, qui ont beaucoup travaillé pour être reconnus en tant qu’« artistes tout court », qui résistent le plus aulabelAfrique.Enrevanche,ceux quiontmoinsdevisibilitésonttrès heureuxd’êtrelà,notammenttous lesartistesdelaBiennaledeVenise qui sont là aujourd’hui. Pour nous, cette catégorisation est une force. J’espère qu’avec le temps nous n’aurons plus besoin de qualifier 1:54commeunefoired’artafricain, mais comme une foire d’art con- temporain d’abord, avec une mul- tiplicitéd’artistesvenusd’Afrique. Dès le lancement de 1:54, vous confiiez au Financial Times vouloir produire à terme une édition en Afrique. Le moment est-il venu ? Pour quelle destination ?  Le moment est venu. Il faudrait seulement que la foire soit une initiative rentable pour les gal- eries. L’organisation représente pour elles un coût énorme. Si je décidedelafaireàDakar,lesgaler- ies savent qu’elles ne pouront pas vendre.Ilfaudraitunmarchélocal, présent, qui pourrait acheter. En revanche,Marrakechestuneplate- forme extraordinaire au Maroc et Lagos offre un marché solide au Nigéria. Un récent article du New York Times confirme que dans le monde oriental, le marché de l’art appartient aux femmes. Dans quelle mesure est-ce le cas dans la zone MENA et en Afrique ?  L’art dans ces régions était perçu comme une activité à la fois diver- tissante et sans conséquences, doncidéalepourlesfemmes.Aujo- urd’hui, le marché de l’art a un vrai pouvoiretdrainedeconsidérables sommes d’argent. À titre d’ex- emple, c’est une femme, Sheikha Mayassa, qui est la plus influente danslemondearabe(ndlr:elledis- posed’uneenvelopped’unmilliard de dollars pour les acquisitions destinéesauxmusées.Ellefaitpar- tiedes100personneslesplusinflu- entes ou puissantes, respective- ment dans les classements Time et Forbes). Maintenant que son pou- voir est visible, il ne faudrait pas que les hommes s’approprient ce secteur ! (rires) La représentation des artistes marocains et maghrébins a-t-elle augmenté ? Quels artistes suivez-vous au Maroc ?  Je fais mon possible pour intégrer les artistes et les galeries dans Ayana V. Jackson, Does the brown paper bag test really exist? Will my father be proud?, 2013, impression numérique, 137 x 108,5 cm
  • 6. Diptyk n°29. juin-sept. 2015 >> 125 « Le moment est venu d’envisager une édition de 1:54 en Afrique. » Lawrence Lemaoana, I didn’t join the struggle to be poor, 2015, tissu et broderie, 155 x 110 cm
  • 7. 126 << Diptyk n°29. juin-sept. 2015 mondemarchédel’art Foire 1:54 notre projet. C’est très dur de con- vaincre les galeries. Nous n’avons que Voice Gallery à New York, une galerie de Marrakech habituée aux circuits internationaux. Par le passé nous avons travaillé avec Selma Feriani, présente à Tunis et Londres, puis avec des artistes marocains représentés par des galeriesétrangères:HassanHajjaj, Mohamed Elbaz, Younès Rah- moun… Parmi les artistes maro- cains, je suis une grande fan de Mounir Fatmi, Younès Rahmoun et Hicham Benouhoud, pour ne citer qu’eux. Quelle est l’africanité du Maroc ? À titre personel, mon arrière grand-mère est éthiopienne. De façon générale, nous sommes afr- icains sur les plans géographique, économique et politique. Nos entreprises les plus importantes s’installentenAfriqueetlecommu- niquent. Il y a aussi un engagement politique au plus haut niveau pour un rapprochement avec d’autres pays d’Afrique. Le Maroc est une zone de passage et parfois de rési- dence pour les Africains aspirant à une vie meilleure de l’autre côté de la Méditerranée. Sur le plan artis- tique, les artistes sont très proches entre eux. Je pense à Hassan Hajjaj qui est dans une communauté ouverte, où les échanges avec les artistesafricainssontfréquents. Pour Artsy, Leila Alaoui est dans le top 5 des artistes à suivre lors de 1:54.  Pourquoi à votre avis ?  J’ai toujours beaucoup apprécié le travail de Leila. Il est pertinent et traite de manière juste des ques- tions d’actualité, dont justement le sujet de la migration des Afric- ains au Maroc. Elle exprime très clairementsesopinions,cequiest assez rare. Ses œuvres sont aussi très équilibrées esthétiquement. C’est un des jeunes talents maro- cains qui mérite certainement d’être suivi par Artsy. Quels sont vos prochains projets ? Trouver un format commer- cial qui fonctionne en Afrique. Ensuite, c’est faire de New York une destination permanente ! Paul Sika, Dandelia # 1, 2012, impression photographique montée sur caisson lumineux, 60 x 90 cm