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éclairagesÉ T U D E S E T A N A L Y S E S AVRIL 2015N°11
LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES :
MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN
DE L’ACCOMPAGNEMENT
Le choix du CSP est principalement motivé par le niveau de l’allocation, perçue comme
préférable à l’allocation d’aide au retour à l’emploi, par la possibilité de bénéficier
de formations professionnalisantes, et par l’intensité de l’accompagnement qui doit
permettre un retour à un emploi durable, voire plus épanouissant.
Les licenciés économiques qui ont refusé le CSP mettent en avant la perte financière
liée au renoncement au préavis. Ils perçoivent l’accompagnement ou les règles de reprise
d’activité comme trop contraignantes. Ils sont confiants dans la perspective d’un retour
à l’emploi rapide.
La sécurisation proposée par le dispositif est jugée satisfaisante par les bénéficiaires.
En particulier la continuité de la rémunération apparaît essentielle. La durée de 12 mois,
la place proactive des bénéficiaires dans l’élaboration de leur projet professionnel et le choix
de leurs formations instaurent une dynamique fortement mobilisatrice.
Les dysfonctionnements et les limites dont font état les bénéficiaires concernent
notamment les délais d’entrée en accompagnement, le décalage entre les calendriers
de formation et celui du CSP, ainsi que la transition vers l’emploi en fin de parcours, jugée
souvent décevante.
L
e Contrat de sécurisation professionnelle
(CSP) s’adresse aux salariés licenciés pour
motif économique dans les entreprises de
moins de 1  000  salariés et les entreprises en
redressement ou liquidation judiciaire, quelle
que soit leur taille [encadré]. Cette étude, menée
auprès de bénéficiaires du CSP et de personnes
ayant choisi de ne pas adhérer au dispositif,
porte tout d’abord sur les motifs d’adhésion au
CSP des licenciés économiques, ainsi que sur
les motifs de refus. Elle décrit ensuite le vécu
de l’accompagnement par les bénéficiaires et le
bilan personnel qu’ils dressent de leur parcours
dans le dispositif.
Les résultats présentés sont issus du rapport
de l’enquête qualitative réalisée par le cabinet
Gatard et Associés pour l’Unédic en février-
mars 2014 [Méthodologie]. Des citations de per-
sonnes interrogées dans le cadre de l’enquête
sont présentées en italique et entre guillemets.
éclairages n° 11
— 2 —
Opter pour le CSP, une décision souvent mûrie
L
es licenciés économiques qui ont choisi le CSP ont le plus
souvent eu les premières informations et leurs premiers
échanges au sujet du CSP sur leur lieu de travail par des
interlocuteurs variés : leur dirigeant, les ressources humaines,
une secrétaire, un comptable, des collègues, le liquidateur
judiciaire, des membres du CE, les syndicats. L’employeur a en
effet l’obligation d’informer, individuellement et par écrit, tous les
salariés visés par un licenciement pour motif économique du
contenu du CSP et de la possibilité d’y adhérer. Le cas échéant,
c’est le liquidateur judiciaire qui délivre ces informations. À
défaut, le demandeur d’emploi peut adhérer directement auprès
de Pôle emploi. Dans tous les cas, le salarié dispose d’un délai
de réflexion de 21 jours calendaires pour accepter le CSP.
Le document de présentation du CSP remis par l’employeur
est jugé bien conçu. Pour ceux qui ont choisi le CSP, il a été
déterminant. Les adhérents au CSP ont également fait en
parallèle, voire en amont, des recherches sur des sites Internet
(Pôle emploi, syndicats…) et sur les forums qui les sensibilisent
sur certaines questions, comme le suivi par des conseillers
extérieurs à Pôle emploi et la possibilité de travailler pendant
le CSP. L’entourage familial ou amical est parfois aussi sollicité.
La recherche d’information auprès de Pôle emploi est assez
systématique mais n’aboutit pas toujours du premier coup,
notamment parce que tous les conseillers ne sont pas à même
d’informer sur ce dispositif. L’information délivrée par Pôle
emploi conforte généralement le choix, plus qu’elle ne nourrit
véritablement la décision qui est le plus souvent déjà très
engagée, positivement ou négativement.
Les points clés du dispositif sont rapidement confirmés, mais
le flou peut persister sur le cumul entre le CSP et une activité
occasionnelle ou la création d’entreprise. L’employeur peut lui-
même influencer, dans un sens ou un autre, le choix du salarié.
Lorsque son avis est bienveillant, l’adhésion au CSP est facilitée
(information très complète, transmission rapide des documents
requis…).
ENCADRÉ
LE CONTRAT DE SÉCURISATION PROFESSIONNELLE (CSP)
Le CSP s’adresse aux salariés licenciés pour motif
économique d’entreprises de moins de 1 000 salariés ou
d’entreprises en redressement ou en liquidation
judiciaire qui ont engagé une procédure de licenciement
économique. Il remplace, depuis le 1er
 septembre 2011,
la Convention de reclassement personnalisée (CRP) et le
Contrat de transition professionnelle (CTP).
Au moment de l’enquête, les mesures proposées dans le
parcours de retour à l’emploi étaient les suivantes :
• Un accompagnement personnalisé et renforcé, formalisé
dans un plan de sécurisation professionnelle. Pendant
12 mois, le bénéficiaire est suivi par un référent spécifique.
Il peut notamment effectuer des actions de formation et
des périodes de travail de 14 jours minimum, pouvant se
cumuler jusqu’à 6 mois au total. En cas de reprise d’em-
ploi, la date de fin de l’accompagnement en CSP et de fin
de versement de l’allocation spécifique n’est pas reportée.
• Une indemnisation égale à 80 % de leur ancien salaire
brut pour les salariés justifiant d’un an d’ancienneté, au
maximum pendant les 12 mois qui suivent leur entrée en
CSP. Ces derniers perçoivent ainsi l’Allocation de sécuri-
sation professionnelle (ASP).
• Une aide à la reprise d’emploi : en cas de reprise d’un
emploi moins rémunéré que l’emploi précédant l’entrée
en CSP, une indemnité différentielle de reclassement
peut être versée pour compenser cette baisse de rému-
nération.
La convention du 26 janvier 2015 relative au CSP, entrée
en vigueur le 1er
 février 2015, a modifié certaines de ces
dispositions : taux de l’ASP à 75 %, périodes de travail
rémunéré de 3 jours minimum, report de la date de fin de
CSP de 3 mois maximum sous certaines conditions, attri-
bution d’une prime pour la reprise d’emploi durable avant
la fin du dixième mois de CSP.
L’
absence de différé et le niveau de l’Allocation de sécu-
risation professionnelle (ASP), qui correspond, pen-
dant un an, à 80 % du salaire brut(1)
, soit l’équivalent
du salaire net perdu, font partie des principales motivations du
choix du CSP. Cette continuité financière permet aux stagiaires
en CSP de vivre cette période de transition « l’esprit plus libre ».
Le fait de ne pas effectuer le préavis joue aussi en faveur du
choix du CSP, car cela donne la possibilité de tourner la page
rapidement.
« La qualité du CSP, c’est d’abord le salaire assuré
pendant un an. J’ai cette sécurité-là. »
C’est aussi principalement pour l’offre de formation qui l’accom-
pagne, que le CSP est choisi. Il est vu comme une « chance
pour s’améliorer », une opportunité pour « rebondir », « évo-
luer », « se qualifier », « avoir un diplôme », changer d’activité
professionnelle, avoir un travail plus épanouissant, se construire
par rapport à un projet d’avenir.
« Dans mon secteur, ça allait être difficile de trouver du
travail ; je voulais refaire une formation, et par rapport
au CSP, cela cadrait bien. L’accès à une formation,
c’est un gros plus. »
LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT
— 3 —
(1) Pour les salariés ayant au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise qui licencie. Ce taux est désormais de 75 %, conformément à la convention du
26 janvier 2015 relative au CSP.
(2) Depuis le 1er
 février 2015, la durée minimale des périodes de travail rémunéré autorisées en cours de CSP est passée à 3 jours.
La sécurité financière, principal facteur d’adhésion
avec l’accompagnement et la formation
« Je l’ai pris comme une année où j’allais pouvoir
réfléchir à mon avenir, avoir de la formation. »
« Quand on enchaîne les boulots basiques, c’est
l’occasion de viser un plan de carrière et de trouver un
métier qui nous plaise, pas seulement du travail. »
Enfin, l’accompagnement rapproché, proposé dans le cadre du
CSP, est vu positivement par ceux qui le choisissent : il promet
de se sentir écouté, aidé, afin d’être plus efficace pour réussir
son retour à l’emploi, et accentue ce sentiment de moindre
rupture qui rassure.
« J’ai vu des contraintes qui étaient bénéfiques pour
moi : un suivi individuel et collectif, pour moi, c’est le
bonheur. »
« Cela peut nous aider à ne pas basculer. »
« On n’est pas lâché dans la nature. »
« On ne se sent pas tout seul. »
« Le CSP, ça a un côté très rassurant. Il y a un suivi et
un encadrement. »
L
es licenciés économiques éligibles qui n’adhèrent pas
au dispositif ont une appréciation différente des condi-
tions financières. Pour eux, l’abandon du préavis est une
perte financière que ne compensera pas le montant d’allocation
supérieur à l’Allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE). Ceux
qui savaient qu’ils n’auraient pas de préavis à effectuer ont la
possibilité de quitter l’entreprise plus rapidement encore, sans
attendre la fin du délai de réflexion — un besoin de couper le
lien au plus vite induit parfois par une colère exacerbée contre
l’employeur.
« Je ne voulais pas leur offrir mes deux mois                
de préavis. »
« De toute façon, si j’avais à refaire le choix, je
ne prendrai pas le CSP, à cause de l’indemnité
supplémentaire et la possibilité de quitter l’entreprise
sur le champ. »
Des refus liés à une perception différente du dispositif
La perspective de retrouver rapidement un emploi, dans la
continuité du précédent, ou de créer une entreprise donne un
sentiment de relative sécurité qui ne les incite pas à s’engager
dans une démarche de formation ou reconversion à moyen
terme. Ainsi, les conditions de reprise ou de cumul d’activité en
cours de CSP sont généralement jugées trop contraignantes.
Seules les périodes de travail de 15 jours ou plus en cours de
CSP sont autorisées(2)
, dans la limite de 6 mois cumulés, et
nécessitent l’accord du conseiller.
« Je voulais travailler tout de suite… et on perdait notre
préavis aussi. »
« Je ne voulais pas refaire de stages, je voulais   
travailler. »
« Quand j’ai refusé le CSP, je me suis dit que je
retrouverai un travail dans mon métier. »
— 4 —
éclairages n° 11
Le démarrage de l’accompagnement dépend du dossier
et du premier entretien
Le CSP instaure une dynamique où le stagiaire est proactif
L
e démarrage du CSP dépend essentiellement de deux
facteurs. Il est tout d’abord conditionné par la bonne
constitution du dossier d’adhésion qui doit être rempli par
l’employeur. Un dossier erroné ou incomplet peut générer des
délais très longs (2 à 3 mois), ce qui se produit en particulier
lorsque l’entreprise est en faillite. Par ailleurs, le démarrage de
l’accompagnement dépend de la capacité de Pôle emploi à
programmer rapidement le premier entretien.
Certaines périodes, telles que les vacances d’été ou les ponts du
printemps, retardent souvent le démarrage, ce qui est pénalisant
car plusieurs mois peuvent être perdus pour l’inscription aux
formations souhaitées.
L
e CSP a la particularité de poser une échéance à un
an. La plupart des bénéficiaires cherchent à démarrer
l’accompagnement au plus tôt, pour mettre à profit ces
12 mois, en accélérant le plus possible les prises de rendez-
vous qui conditionnent le démarrage du CSP et la possibilité de
s’inscrire aux formations souhaitées. Tout délai supplémentaire
est source de frustration.
Construit autour d’un projet professionnel, le dispositif conforte le
stagiaire dans sa position d’acteur de son projet, et le conseiller
dans celle de guide, dans une logique d’empowerment. Dans
cette mesure, on peut penser que le processus du CSP lui-
même est facteur d’apprentissage et de développement des
compétences de la personne accompagnée.
« On sait que cela ne dure qu’un an ; les mois défilent.
Sachant qu’on est limité, qu’on doit trouver nos
formations, ça oblige à se bouger. On n’est pas dans
l’attente. »
Le plus souvent, le rendez-vous avec un conseiller CSP qui
accompagnera le stagiaire pendant son CSP est pris pendant
le premier rendez-vous à Pôle emploi. La plupart du temps,
lorsque les adhérents rencontrent pour la première fois leur
conseiller CSP, ils ont déjà une idée de ce qu’ils veulent faire et
du type de formation qu’ils veulent suivre. Le rôle du conseiller
CSP est alors de les aider à préciser et surtout à concrétiser
leur projet.
Pour les adhérents qui n’ont que des idées assez vagues, le
conseiller joue un rôle plus actif en fournissant des fiches
métiers, des conseils pour prendre contact avec des entreprises
ou activer leur réseau.
« Le temps court, vous n’avez pas de report pour le
CSP. Je n’avais pas de temps à perdre. »
Cette dynamique semble moins à l’œuvre chez les adhérents
peu qualifiés qui ont besoin d’acquérir des savoirs de base
(français, calcul, informatique…), avant de se lancer dans une
formation qualifiante ou une reconversion. De même, les adhé-
rents très qualifiés trouvent l’apport du processus plus marginal
et moins appréciable si les résultats en termes d’emploi ne sont
pas au rendez-vous.
« Mon conseiller m’a dit qu’il faudrait que j’apprenne le
français. Ils m’ont dit qu’ils allaient m’envoyer dans
une association, mais ça risquait de coûter cher. Le
contrat CSP s’est terminé avant. On s’y est pris trop
tard. »
« J’avais demandé si on pouvait travailler pendant le
CSP ; on m’avait dit oui mais il y avait un nombre
d’heures à ne pas dépasser. »
Globalement, les non-adhérents ressentent moins le besoin
d’être sécurisés par le maintien du niveau de salaire ou par
la garantie d’un accompagnement personnalisé régulier. Ils
perçoivent l’accompagnement plutôt comme une contrainte.
Certains souhaitent plutôt « poser les bagages ».
« On m’avait dit aussi qu’un conseiller allait nous suivre.
Est-ce que je n’allais pas perdre plus de temps
qu’autre chose en me mettant cela en plus ? Et puis,
je n’avais pas du tout envie d’être suivie. »
« Moi l’accompagnement, je n’en ai pas besoin. Si
j’avais 30 ans, oui, mais à l’heure actuelle je ne vois
pas l’intérêt. »
La méconnaissance du dispositif ou le manque d’information
peut également être un motif de non-adhésion. Il arrive que
l’employeur n’informe pas du tout les salariés lors de l’entretien
préalable de licenciement, et ne leur remette pas la brochure.
En outre, au moment du licenciement, les salariés sont parfois
dans une fragilité émotive qui ne facilite pas la prise de décision
quand l’information est trop parcellaire.
— 5 —
LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT
Les adhérents majoritairement satisfaits
de la relation avec leur conseiller
L’accès à la formation, point fort du dispositif,
malgré quelques limites
L
es adhérents au CSP sont majoritairement satisfaits de la
relation personnalisée avec le conseiller, permise par une
taille moindre des portefeuilles et par l’affectation d’un
conseiller dédié. Ils bénéficient ainsi d’un temps de parole et
d’écoute important, d’un soutien psychologique et d’un appui
administratif. L’aide apportée par le conseiller sur l’élaboration
du projet, les méthodes de recherche d’emploi, la valorisation de
sa candidature sont appréciées. Les cas où les bénéficiaires du
CSP se plaignent d’un manque d’empathie, de disponibilité ou de
réactivité sont rares.
« Le CSP, c’est plus au niveau de l’humain. »
« Quelqu’un qui est au chômage sans le CSP, il n’est
pas suivi comme moi. Je ne pense pas que, lui, on
l’appelle. »
« Quand je cherchais du travail avant, j’avais l’impression
d’être laissé à l’abandon. Quand tu as un référent,
tu as un suivi, des comptes à rendre. Du coup, tu
ne peux pas de toi-même aller à un rendez-vous en
disant : “Désolé, je n’ai rien fichu.” Ça te cadre, ça
t’oblige. Il ne faut pas prendre ça comme un truc
négatif. C’est très bien. »
« On vous motive, on ne vous laisse pas dans votre
coin. Tous les 15 jours, on passe au bureau, on se
sent motivé. »
Dans la phase initiale, la position du conseiller est plutôt de faciliter
la réalisation du projet professionnel élaboré par le demandeur
d’emploi (démarches, demande de financement…). L’élabora-
tion, la validation puis la mise en œuvre du projet professionnel
sont cependant souvent vues comme une finalité, si bien que son
diagnostic peut parfois être insuffisamment critique et se révéler
irréaliste.
« Le CSP ne m’a pas donné un travail, mais il m’a
donné le moral, permis de me reconstruire, de rester
dans le monde actif, de reprendre confiance pour
ouvrir des portes. »
Par ailleurs, les changements de conseiller CSP pendant le
parcours sont mal vécus, le conseiller n’étant pas toujours
remplacé rapidement, ou le changement pouvant donner
l’impression de repartir de zéro. Les bénéficiaires du CSP ne
disposent d’aucun mécanisme de recours pour les cas de
dysfonctionnement.
Enfin, le suivi rapproché par un conseiller, vu comme béné-
fique au départ, peut se révéler décevant lorsqu’il n’apporte
pas des éléments tangibles utiles pour sa recherche d’em-
ploi. Leurs rendez-vous réguliers peuvent devenir pesants, le
confrontant à un sentiment d’inutilité, de vide, d’échec, voire
de honte et de culpabilité vis-à-vis du conseiller.
L
a complémentarité entre le stagiaire, le conseiller et les
organismes de formation est jugée particulièrement
satisfaisante en matière d’accès à la formation. Le
stagiaire en CSP, généralement dans un sentiment de passivité
par rapport au marché difficile de l’emploi, devient acteur de
la réussite de son projet professionnel. Le stagiaire valorise
sa connaissance des métiers ou secteurs qui l’intéressent,
en identifiant les compétences et diplômes clés à acquérir, en
développant ses compétences et en acquérant, le cas échéant,
des diplômes.
Il apprécie de revenir à un emploi du temps structuré par le
travail, qui lui donne l’opportunité de renouer des relations
sociales. Sauf exceptions, les formations effectuées sont jugées
positivement.
Quant au conseiller, il valorise sa connaissance des organismes
de formation en donnant quelques conseils avisés à son
stagiaire. Il s’affirme surtout dans sa capacité à constituer le
dossier d’inscription et de financement, et à le défendre pour
obtenir les financements désirés.
« Pour moi, c’est un cadeau d’avoir pu faire cette
formation. Parce que c’est 9 000 euros, et je n’aurai
jamais pu me la payer toute seule. J’ai eu mon
diplôme. J’avais envie de l’encadrer. J’étais fière de
moi. »
Les formations sont d’autant mieux choisies par les
stagiaires et se révèlent d’autant plus utiles à leur parcours,
qu’ils connaissent bien le métier ou le secteur qu’ils visent.
— 6 —
éclairages n° 11
Lorsqu’il s’agit de reconversion, les stagiaires peu diplômés
ne font cependant pas toujours les bons choix et semblent
peu aidés par leurs conseillers. Ils sont fréquemment orientés
vers des formations de chauffeur (poids lourd, chariot) ou de
conducteur de travaux. De façon plus générale, un mauvais
diagnostic initial des besoins du stagiaire en matière de
formation est parfois difficile à rattraper, compte tenu de la
durée du CSP (un an).
D’autres limites sont repérables. Certains problèmes
administratifs rendent difficiles, voire impossibles des
formations  : délai de validation des dossiers, notamment
pendant l’été, et parfois, formations annoncées au catalogue
mais non assurées in fine.
En outre, les calendriers de formation ne sont pas toujours
compatibles avec celui du CSP. Ainsi, certains adhérents au
« Je suis électricien de bâtiment. J’ai choisi le CSP pour
passer le permis poids lourd et avoir mon camion.
Parfois, je trouvais de bonnes opportunités de travail
en intérim, mais je n’osais pas les prendre pour ne pas
casser mon CSP. »
« Le règlement du CSP est difficile à comprendre. Ils
ont plein de sortes de stages avec différents statuts.
C’est trop compliqué. Quand j’avais des propositions,
j’appelais ma conseillère. Je lui demandais si je
pouvais prendre l’offre ou pas. Elle, elle avait bien
compris. Par téléphone, elle me disait “oui”, “non”,
“possible”, “pas possible”. »
(3) Les organismes de formation sont sélectionnés par un appel d’offres et soumis à un cahier des charges qui plafonne à 15 euros le coût horaire moyen
des formations.
Une faible articulation entre formations, stages et emploi
U
n certain nombre de formations longues ne comportent
pas de stages. Dans certains cas où elles en exigent,
l’organisme de formation ne semble pas assez actif
pour en proposer aux stagiaires ou pour les aider à en trouver. Or,
dans les quelques exemples de stages qui ont pu être réalisés
par des bénéficiaires du CSP au cours de leur formation, cela
a apparemment augmenté leur capacité à retrouver un travail
pendant ou à l’issue du CSP.
Du point de vue des ouvriers interrogés, les stages de découverte
ne fonctionnent pas bien, car ils sont généralement assez courts.
Par exemple, ceux qui s’orientent dans le secteur du bâtiment
n’acceptent pas de missions d’intérim d’une semaine à dix
jours, fréquentes dans le secteur, qui pourraient constituer une
première expérience, car ils perdraient alors le bénéfice du CSP.
Plus généralement, ils regrettent que les opportunités de travail
sur des périodes courtes ne soient pas compatibles avec le CSP.
CSP sont parfois contraints d’attendre des formations ne
débutant qu’en début de trimestre ou celles n’ayant lieu que
deux fois par an.
« J’ai gâché mon CSP à m’obséder sur une formation
qui finalement n’a pas eu lieu. Si on me reproposait     
le CSP, je dirai oui. Mais je n’attendrai pas après
l’organisme. Je ferai le poids lourd direct, avec la
formation du FIMO. »
Certains cadres évoquent le plafond de financement qui
pose parfois problème, du fait que le coût des formations
qu’ils souhaitent est généralement plus élevé(3)
. Certains
organismes de formation consentent à réduire leurs prix,
dans la mesure où il leur reste des places  ; mais dans
d’autres cas, les stagiaires déclarent qu’ils ont dû financer
eux-mêmes l’intégralité des frais de formation.
A
u final, le CSP tend à inscrire une partie des bénéficiaires
dans une parenthèse qui peut les éloigner du monde
du travail — un risque pressenti par ceux qui n’ont pas
retenu l’option CSP.
« Il ne faut pas accepter les propositions, il faut attendre
un an, sauf que maintenant, l’année est passée et je
n’ai toujours pas de travail. »
« Le CSP, ça coupe un peu de la réalité du monde du
travail. On essaie de nous faire croire qu’après le CSP,
tout est possible. »
De plus, au terme des 12 mois de CSP, les bénéficiaires jusque-
là en suivi rapproché, doivent se réinscrire à Pôle emploi et
entrent dans le processus d’accompagnement prévu pour
l’ensemble des demandeurs d’emploi. Au sortir du CSP, après
une réinscription simplifiée, le rendez-vous de suivi peut avoir
lieu plusieurs mois plus tard. Cette transition du CSP à l’ARE,
mal ou non préparée, nécessite pour le stagiaire de faire le deuil
de tout ou partie des espoirs placés dans le dispositif. Malgré
un investissement généralement important, il ne bénéficie plus
de l’accompagnement rapproché et personnalisé, et « retombe
dans l’anonymat », dans un certain isolement.
« Mon CSP est fini, que va-t-il se passer pour moi ?
J’ai droit à quoi ? J’ai l’impression de retomber dans
l’anonymat, alors qu’il est censé y avoir une suite. »
« Quand ça s’est terminé, je me suis dit : “Tu vas
recevoir un mail.” Et rien du tout… »
« On est relâché dans la nature, du coup, il ne se passe
plus rien. Alors que pendant un an, je voyais quelqu’un
tous les 15 jours, j’étais en ébullition, je faisais des
choses, je préparais des choses… »
— 7 —
LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT
Un accompagnement vers l’emploi consistant
mais peu efficace
Une fin de CSP dans la déception
B
eaucoup de bénéficiaires du CSP reconnaissent les béné-
fices de l’appui apporté par leur conseiller, d’abord pour
l’évaluation, l’élaboration et la validation de leur projet
professionnel, puis pour l’accompagnement vers l’emploi : sur
les méthodes de recherche d’emploi (mobilisation des réseaux,
techniques de prospection…) et sur les manières de valoriser sa
candidature et son profil. Toutefois, les informations et conseils
plus spécialisés portant sur des secteurs ou des métiers par-
ticuliers sont couramment jugés trop faibles, voire inexistants.
Si les stagiaires en CSP s’attendent plus ou moins consciem-
ment à accroître leurs chances de retrouver un emploi grâce au
suivi rapproché de leur conseiller, celui-ci ne leur fournit géné-
ralement pas de meilleures offres d’emploi ou de références de
sites que celles qu’ils ont déjà pu se procurer par les sources
traditionnelles.
Les entretiens portant sur la recherche d’emploi sont jugés sou-
vent peu fructueux par les intéressés, et leur fréquence semble
dénuée de sens au bout d’un certain temps.
Lorsque peu de formations sont en jeu, ou qu’elles sont finies,
et lorsque le projet initial de retour à un emploi ne se concré-
tise pas, les stagiaires se sentent partagés entre la poursuite du
projet initial et une approche plus opportuniste et pragmatique.
« Mon conseiller m’a beaucoup aidé sur le plan
administratif. Il m’a permis de gagner beaucoup de
temps. Je me suis senti soutenu. On peut vraiment se
reposer sur des gens comme ça. Mais j’aurais aimé
avoir plus d’informations et de conseils au niveau
technique et professionnel. »
« L’accompagnement serait plus efficace s’il y avait
des gens compétents au niveau métiers, internes
à Pôle emploi ou appartenant à des structures
professionnelles. Par secteur d’activité, vraiment,
que les gens soient pointus. Quelqu’un dans la
profession, au cœur du métier, qui serait de bon
conseil pour les formations et pourrait nous éviter de
faire des erreurs. »
— 8 —
ÉCLAIRAGES, ÉTUDES ET ANALYSES – AVRIL 2015
Directeur de la publication : Vincent Destival
Directeur de la rédaction : Pierre Cavard
Dépôt légal : avril 2015
Unédic : 4, rue Traversière – 75012 Paris – Téléphone : 01 44 87 64 00 – Fax : 01 44 87 64 01
unedic.fr – @unedic
Pour en savoir plus
« Le Contrat de sécurisation professionnelle », Dossier de référence, Unédic-Dares-DGEFP, octobre 2014.
« Licenciés économiques et CSP : Analyse comparée - Profil des bénéficiaires et sortie du dispositif », Eclairages n°10, Unédic,
avril 2015.
« Enquêtes monographiques sur la mise en oeuvre du Contrat de sécurisation professionnelle », Documents d’études Dares,
n°187, Amnyos-Ires pour la Dares, novembre 2014.
éclairages n° 11
MÉTHODOLOGIE
Le cabinet Gatard et Associés a conduit,
en février-mars 2014, pour l’Unédic, une
étude qualitative qui avait pour objec-
tifs de mieux connaître les motivations
des licenciés économiques à opter ou
non pour le CSP, et d’analyser le vécu
de l’accompagnement des bénéficiaires dans le cadre du
dispositif, son déroulement et leur bilan personnel.
En février et mars 2014, 35 entretiens semi-directifs ont été
réalisés en face à face auprès de bénéficiaires du CSP, ainsi
que 2 réunions de groupe, réunissant 6 participants cha-
cune et associant des bénéficiaires du CSP et des licenciés
économiques qui étaient éligibles au dispositif, mais qui n’y
ont pas adhéré.
Au total, 47 personnes ont été interrogées : 37 bénéficiaires
en cours ou en fin de CSP, et 10 licenciés économiques
n’ayant pas opté pour le CSP.
Afin de couvrir la plus grande variété de situations possible,
le profil des participants a été diversifié en termes d’âge,
de sexe, de niveau de formation, de catégorie socioprofes-
sionnelle.
Les entretiens se sont tenus à Paris et en région parisienne,
à Tours, Strasbourg, Chambéry, Montpellier, Limoges et
Lyon. La très grande majorité (8 sur 10) des bénéficiaires
interrogés étaient ou ont été suivis par un conseiller d’un
organisme autre que Pôle emploi.
Si, dans sa mise en œuvre, l’accompagnement des béné-
ficiaires du CSP se fait à 50 % par Pôle emploi et à 50 %
par des opérateurs privés de placement (OPP), ce critère
n’avait pas été retenu a priori pour constituer l’échantillon
de répondants.
Les résultats de l’étude doivent donc être lus à la lumière de
ce constat, car ils peuvent ne pas être totalement générali-
sables à l’ensemble des adhérents.

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Le Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) vu par les licenciés économiques

  • 1. éclairagesÉ T U D E S E T A N A L Y S E S AVRIL 2015N°11 LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT Le choix du CSP est principalement motivé par le niveau de l’allocation, perçue comme préférable à l’allocation d’aide au retour à l’emploi, par la possibilité de bénéficier de formations professionnalisantes, et par l’intensité de l’accompagnement qui doit permettre un retour à un emploi durable, voire plus épanouissant. Les licenciés économiques qui ont refusé le CSP mettent en avant la perte financière liée au renoncement au préavis. Ils perçoivent l’accompagnement ou les règles de reprise d’activité comme trop contraignantes. Ils sont confiants dans la perspective d’un retour à l’emploi rapide. La sécurisation proposée par le dispositif est jugée satisfaisante par les bénéficiaires. En particulier la continuité de la rémunération apparaît essentielle. La durée de 12 mois, la place proactive des bénéficiaires dans l’élaboration de leur projet professionnel et le choix de leurs formations instaurent une dynamique fortement mobilisatrice. Les dysfonctionnements et les limites dont font état les bénéficiaires concernent notamment les délais d’entrée en accompagnement, le décalage entre les calendriers de formation et celui du CSP, ainsi que la transition vers l’emploi en fin de parcours, jugée souvent décevante. L e Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) s’adresse aux salariés licenciés pour motif économique dans les entreprises de moins de 1  000  salariés et les entreprises en redressement ou liquidation judiciaire, quelle que soit leur taille [encadré]. Cette étude, menée auprès de bénéficiaires du CSP et de personnes ayant choisi de ne pas adhérer au dispositif, porte tout d’abord sur les motifs d’adhésion au CSP des licenciés économiques, ainsi que sur les motifs de refus. Elle décrit ensuite le vécu de l’accompagnement par les bénéficiaires et le bilan personnel qu’ils dressent de leur parcours dans le dispositif. Les résultats présentés sont issus du rapport de l’enquête qualitative réalisée par le cabinet Gatard et Associés pour l’Unédic en février- mars 2014 [Méthodologie]. Des citations de per- sonnes interrogées dans le cadre de l’enquête sont présentées en italique et entre guillemets.
  • 2. éclairages n° 11 — 2 — Opter pour le CSP, une décision souvent mûrie L es licenciés économiques qui ont choisi le CSP ont le plus souvent eu les premières informations et leurs premiers échanges au sujet du CSP sur leur lieu de travail par des interlocuteurs variés : leur dirigeant, les ressources humaines, une secrétaire, un comptable, des collègues, le liquidateur judiciaire, des membres du CE, les syndicats. L’employeur a en effet l’obligation d’informer, individuellement et par écrit, tous les salariés visés par un licenciement pour motif économique du contenu du CSP et de la possibilité d’y adhérer. Le cas échéant, c’est le liquidateur judiciaire qui délivre ces informations. À défaut, le demandeur d’emploi peut adhérer directement auprès de Pôle emploi. Dans tous les cas, le salarié dispose d’un délai de réflexion de 21 jours calendaires pour accepter le CSP. Le document de présentation du CSP remis par l’employeur est jugé bien conçu. Pour ceux qui ont choisi le CSP, il a été déterminant. Les adhérents au CSP ont également fait en parallèle, voire en amont, des recherches sur des sites Internet (Pôle emploi, syndicats…) et sur les forums qui les sensibilisent sur certaines questions, comme le suivi par des conseillers extérieurs à Pôle emploi et la possibilité de travailler pendant le CSP. L’entourage familial ou amical est parfois aussi sollicité. La recherche d’information auprès de Pôle emploi est assez systématique mais n’aboutit pas toujours du premier coup, notamment parce que tous les conseillers ne sont pas à même d’informer sur ce dispositif. L’information délivrée par Pôle emploi conforte généralement le choix, plus qu’elle ne nourrit véritablement la décision qui est le plus souvent déjà très engagée, positivement ou négativement. Les points clés du dispositif sont rapidement confirmés, mais le flou peut persister sur le cumul entre le CSP et une activité occasionnelle ou la création d’entreprise. L’employeur peut lui- même influencer, dans un sens ou un autre, le choix du salarié. Lorsque son avis est bienveillant, l’adhésion au CSP est facilitée (information très complète, transmission rapide des documents requis…). ENCADRÉ LE CONTRAT DE SÉCURISATION PROFESSIONNELLE (CSP) Le CSP s’adresse aux salariés licenciés pour motif économique d’entreprises de moins de 1 000 salariés ou d’entreprises en redressement ou en liquidation judiciaire qui ont engagé une procédure de licenciement économique. Il remplace, depuis le 1er  septembre 2011, la Convention de reclassement personnalisée (CRP) et le Contrat de transition professionnelle (CTP). Au moment de l’enquête, les mesures proposées dans le parcours de retour à l’emploi étaient les suivantes : • Un accompagnement personnalisé et renforcé, formalisé dans un plan de sécurisation professionnelle. Pendant 12 mois, le bénéficiaire est suivi par un référent spécifique. Il peut notamment effectuer des actions de formation et des périodes de travail de 14 jours minimum, pouvant se cumuler jusqu’à 6 mois au total. En cas de reprise d’em- ploi, la date de fin de l’accompagnement en CSP et de fin de versement de l’allocation spécifique n’est pas reportée. • Une indemnisation égale à 80 % de leur ancien salaire brut pour les salariés justifiant d’un an d’ancienneté, au maximum pendant les 12 mois qui suivent leur entrée en CSP. Ces derniers perçoivent ainsi l’Allocation de sécuri- sation professionnelle (ASP). • Une aide à la reprise d’emploi : en cas de reprise d’un emploi moins rémunéré que l’emploi précédant l’entrée en CSP, une indemnité différentielle de reclassement peut être versée pour compenser cette baisse de rému- nération. La convention du 26 janvier 2015 relative au CSP, entrée en vigueur le 1er  février 2015, a modifié certaines de ces dispositions : taux de l’ASP à 75 %, périodes de travail rémunéré de 3 jours minimum, report de la date de fin de CSP de 3 mois maximum sous certaines conditions, attri- bution d’une prime pour la reprise d’emploi durable avant la fin du dixième mois de CSP.
  • 3. L’ absence de différé et le niveau de l’Allocation de sécu- risation professionnelle (ASP), qui correspond, pen- dant un an, à 80 % du salaire brut(1) , soit l’équivalent du salaire net perdu, font partie des principales motivations du choix du CSP. Cette continuité financière permet aux stagiaires en CSP de vivre cette période de transition « l’esprit plus libre ». Le fait de ne pas effectuer le préavis joue aussi en faveur du choix du CSP, car cela donne la possibilité de tourner la page rapidement. « La qualité du CSP, c’est d’abord le salaire assuré pendant un an. J’ai cette sécurité-là. » C’est aussi principalement pour l’offre de formation qui l’accom- pagne, que le CSP est choisi. Il est vu comme une « chance pour s’améliorer », une opportunité pour « rebondir », « évo- luer », « se qualifier », « avoir un diplôme », changer d’activité professionnelle, avoir un travail plus épanouissant, se construire par rapport à un projet d’avenir. « Dans mon secteur, ça allait être difficile de trouver du travail ; je voulais refaire une formation, et par rapport au CSP, cela cadrait bien. L’accès à une formation, c’est un gros plus. » LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT — 3 — (1) Pour les salariés ayant au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise qui licencie. Ce taux est désormais de 75 %, conformément à la convention du 26 janvier 2015 relative au CSP. (2) Depuis le 1er  février 2015, la durée minimale des périodes de travail rémunéré autorisées en cours de CSP est passée à 3 jours. La sécurité financière, principal facteur d’adhésion avec l’accompagnement et la formation « Je l’ai pris comme une année où j’allais pouvoir réfléchir à mon avenir, avoir de la formation. » « Quand on enchaîne les boulots basiques, c’est l’occasion de viser un plan de carrière et de trouver un métier qui nous plaise, pas seulement du travail. » Enfin, l’accompagnement rapproché, proposé dans le cadre du CSP, est vu positivement par ceux qui le choisissent : il promet de se sentir écouté, aidé, afin d’être plus efficace pour réussir son retour à l’emploi, et accentue ce sentiment de moindre rupture qui rassure. « J’ai vu des contraintes qui étaient bénéfiques pour moi : un suivi individuel et collectif, pour moi, c’est le bonheur. » « Cela peut nous aider à ne pas basculer. » « On n’est pas lâché dans la nature. » « On ne se sent pas tout seul. » « Le CSP, ça a un côté très rassurant. Il y a un suivi et un encadrement. » L es licenciés économiques éligibles qui n’adhèrent pas au dispositif ont une appréciation différente des condi- tions financières. Pour eux, l’abandon du préavis est une perte financière que ne compensera pas le montant d’allocation supérieur à l’Allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE). Ceux qui savaient qu’ils n’auraient pas de préavis à effectuer ont la possibilité de quitter l’entreprise plus rapidement encore, sans attendre la fin du délai de réflexion — un besoin de couper le lien au plus vite induit parfois par une colère exacerbée contre l’employeur. « Je ne voulais pas leur offrir mes deux mois de préavis. » « De toute façon, si j’avais à refaire le choix, je ne prendrai pas le CSP, à cause de l’indemnité supplémentaire et la possibilité de quitter l’entreprise sur le champ. » Des refus liés à une perception différente du dispositif La perspective de retrouver rapidement un emploi, dans la continuité du précédent, ou de créer une entreprise donne un sentiment de relative sécurité qui ne les incite pas à s’engager dans une démarche de formation ou reconversion à moyen terme. Ainsi, les conditions de reprise ou de cumul d’activité en cours de CSP sont généralement jugées trop contraignantes. Seules les périodes de travail de 15 jours ou plus en cours de CSP sont autorisées(2) , dans la limite de 6 mois cumulés, et nécessitent l’accord du conseiller. « Je voulais travailler tout de suite… et on perdait notre préavis aussi. » « Je ne voulais pas refaire de stages, je voulais travailler. » « Quand j’ai refusé le CSP, je me suis dit que je retrouverai un travail dans mon métier. »
  • 4. — 4 — éclairages n° 11 Le démarrage de l’accompagnement dépend du dossier et du premier entretien Le CSP instaure une dynamique où le stagiaire est proactif L e démarrage du CSP dépend essentiellement de deux facteurs. Il est tout d’abord conditionné par la bonne constitution du dossier d’adhésion qui doit être rempli par l’employeur. Un dossier erroné ou incomplet peut générer des délais très longs (2 à 3 mois), ce qui se produit en particulier lorsque l’entreprise est en faillite. Par ailleurs, le démarrage de l’accompagnement dépend de la capacité de Pôle emploi à programmer rapidement le premier entretien. Certaines périodes, telles que les vacances d’été ou les ponts du printemps, retardent souvent le démarrage, ce qui est pénalisant car plusieurs mois peuvent être perdus pour l’inscription aux formations souhaitées. L e CSP a la particularité de poser une échéance à un an. La plupart des bénéficiaires cherchent à démarrer l’accompagnement au plus tôt, pour mettre à profit ces 12 mois, en accélérant le plus possible les prises de rendez- vous qui conditionnent le démarrage du CSP et la possibilité de s’inscrire aux formations souhaitées. Tout délai supplémentaire est source de frustration. Construit autour d’un projet professionnel, le dispositif conforte le stagiaire dans sa position d’acteur de son projet, et le conseiller dans celle de guide, dans une logique d’empowerment. Dans cette mesure, on peut penser que le processus du CSP lui- même est facteur d’apprentissage et de développement des compétences de la personne accompagnée. « On sait que cela ne dure qu’un an ; les mois défilent. Sachant qu’on est limité, qu’on doit trouver nos formations, ça oblige à se bouger. On n’est pas dans l’attente. » Le plus souvent, le rendez-vous avec un conseiller CSP qui accompagnera le stagiaire pendant son CSP est pris pendant le premier rendez-vous à Pôle emploi. La plupart du temps, lorsque les adhérents rencontrent pour la première fois leur conseiller CSP, ils ont déjà une idée de ce qu’ils veulent faire et du type de formation qu’ils veulent suivre. Le rôle du conseiller CSP est alors de les aider à préciser et surtout à concrétiser leur projet. Pour les adhérents qui n’ont que des idées assez vagues, le conseiller joue un rôle plus actif en fournissant des fiches métiers, des conseils pour prendre contact avec des entreprises ou activer leur réseau. « Le temps court, vous n’avez pas de report pour le CSP. Je n’avais pas de temps à perdre. » Cette dynamique semble moins à l’œuvre chez les adhérents peu qualifiés qui ont besoin d’acquérir des savoirs de base (français, calcul, informatique…), avant de se lancer dans une formation qualifiante ou une reconversion. De même, les adhé- rents très qualifiés trouvent l’apport du processus plus marginal et moins appréciable si les résultats en termes d’emploi ne sont pas au rendez-vous. « Mon conseiller m’a dit qu’il faudrait que j’apprenne le français. Ils m’ont dit qu’ils allaient m’envoyer dans une association, mais ça risquait de coûter cher. Le contrat CSP s’est terminé avant. On s’y est pris trop tard. » « J’avais demandé si on pouvait travailler pendant le CSP ; on m’avait dit oui mais il y avait un nombre d’heures à ne pas dépasser. » Globalement, les non-adhérents ressentent moins le besoin d’être sécurisés par le maintien du niveau de salaire ou par la garantie d’un accompagnement personnalisé régulier. Ils perçoivent l’accompagnement plutôt comme une contrainte. Certains souhaitent plutôt « poser les bagages ». « On m’avait dit aussi qu’un conseiller allait nous suivre. Est-ce que je n’allais pas perdre plus de temps qu’autre chose en me mettant cela en plus ? Et puis, je n’avais pas du tout envie d’être suivie. » « Moi l’accompagnement, je n’en ai pas besoin. Si j’avais 30 ans, oui, mais à l’heure actuelle je ne vois pas l’intérêt. » La méconnaissance du dispositif ou le manque d’information peut également être un motif de non-adhésion. Il arrive que l’employeur n’informe pas du tout les salariés lors de l’entretien préalable de licenciement, et ne leur remette pas la brochure. En outre, au moment du licenciement, les salariés sont parfois dans une fragilité émotive qui ne facilite pas la prise de décision quand l’information est trop parcellaire.
  • 5. — 5 — LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT Les adhérents majoritairement satisfaits de la relation avec leur conseiller L’accès à la formation, point fort du dispositif, malgré quelques limites L es adhérents au CSP sont majoritairement satisfaits de la relation personnalisée avec le conseiller, permise par une taille moindre des portefeuilles et par l’affectation d’un conseiller dédié. Ils bénéficient ainsi d’un temps de parole et d’écoute important, d’un soutien psychologique et d’un appui administratif. L’aide apportée par le conseiller sur l’élaboration du projet, les méthodes de recherche d’emploi, la valorisation de sa candidature sont appréciées. Les cas où les bénéficiaires du CSP se plaignent d’un manque d’empathie, de disponibilité ou de réactivité sont rares. « Le CSP, c’est plus au niveau de l’humain. » « Quelqu’un qui est au chômage sans le CSP, il n’est pas suivi comme moi. Je ne pense pas que, lui, on l’appelle. » « Quand je cherchais du travail avant, j’avais l’impression d’être laissé à l’abandon. Quand tu as un référent, tu as un suivi, des comptes à rendre. Du coup, tu ne peux pas de toi-même aller à un rendez-vous en disant : “Désolé, je n’ai rien fichu.” Ça te cadre, ça t’oblige. Il ne faut pas prendre ça comme un truc négatif. C’est très bien. » « On vous motive, on ne vous laisse pas dans votre coin. Tous les 15 jours, on passe au bureau, on se sent motivé. » Dans la phase initiale, la position du conseiller est plutôt de faciliter la réalisation du projet professionnel élaboré par le demandeur d’emploi (démarches, demande de financement…). L’élabora- tion, la validation puis la mise en œuvre du projet professionnel sont cependant souvent vues comme une finalité, si bien que son diagnostic peut parfois être insuffisamment critique et se révéler irréaliste. « Le CSP ne m’a pas donné un travail, mais il m’a donné le moral, permis de me reconstruire, de rester dans le monde actif, de reprendre confiance pour ouvrir des portes. » Par ailleurs, les changements de conseiller CSP pendant le parcours sont mal vécus, le conseiller n’étant pas toujours remplacé rapidement, ou le changement pouvant donner l’impression de repartir de zéro. Les bénéficiaires du CSP ne disposent d’aucun mécanisme de recours pour les cas de dysfonctionnement. Enfin, le suivi rapproché par un conseiller, vu comme béné- fique au départ, peut se révéler décevant lorsqu’il n’apporte pas des éléments tangibles utiles pour sa recherche d’em- ploi. Leurs rendez-vous réguliers peuvent devenir pesants, le confrontant à un sentiment d’inutilité, de vide, d’échec, voire de honte et de culpabilité vis-à-vis du conseiller. L a complémentarité entre le stagiaire, le conseiller et les organismes de formation est jugée particulièrement satisfaisante en matière d’accès à la formation. Le stagiaire en CSP, généralement dans un sentiment de passivité par rapport au marché difficile de l’emploi, devient acteur de la réussite de son projet professionnel. Le stagiaire valorise sa connaissance des métiers ou secteurs qui l’intéressent, en identifiant les compétences et diplômes clés à acquérir, en développant ses compétences et en acquérant, le cas échéant, des diplômes. Il apprécie de revenir à un emploi du temps structuré par le travail, qui lui donne l’opportunité de renouer des relations sociales. Sauf exceptions, les formations effectuées sont jugées positivement. Quant au conseiller, il valorise sa connaissance des organismes de formation en donnant quelques conseils avisés à son stagiaire. Il s’affirme surtout dans sa capacité à constituer le dossier d’inscription et de financement, et à le défendre pour obtenir les financements désirés. « Pour moi, c’est un cadeau d’avoir pu faire cette formation. Parce que c’est 9 000 euros, et je n’aurai jamais pu me la payer toute seule. J’ai eu mon diplôme. J’avais envie de l’encadrer. J’étais fière de moi. » Les formations sont d’autant mieux choisies par les stagiaires et se révèlent d’autant plus utiles à leur parcours, qu’ils connaissent bien le métier ou le secteur qu’ils visent.
  • 6. — 6 — éclairages n° 11 Lorsqu’il s’agit de reconversion, les stagiaires peu diplômés ne font cependant pas toujours les bons choix et semblent peu aidés par leurs conseillers. Ils sont fréquemment orientés vers des formations de chauffeur (poids lourd, chariot) ou de conducteur de travaux. De façon plus générale, un mauvais diagnostic initial des besoins du stagiaire en matière de formation est parfois difficile à rattraper, compte tenu de la durée du CSP (un an). D’autres limites sont repérables. Certains problèmes administratifs rendent difficiles, voire impossibles des formations  : délai de validation des dossiers, notamment pendant l’été, et parfois, formations annoncées au catalogue mais non assurées in fine. En outre, les calendriers de formation ne sont pas toujours compatibles avec celui du CSP. Ainsi, certains adhérents au « Je suis électricien de bâtiment. J’ai choisi le CSP pour passer le permis poids lourd et avoir mon camion. Parfois, je trouvais de bonnes opportunités de travail en intérim, mais je n’osais pas les prendre pour ne pas casser mon CSP. » « Le règlement du CSP est difficile à comprendre. Ils ont plein de sortes de stages avec différents statuts. C’est trop compliqué. Quand j’avais des propositions, j’appelais ma conseillère. Je lui demandais si je pouvais prendre l’offre ou pas. Elle, elle avait bien compris. Par téléphone, elle me disait “oui”, “non”, “possible”, “pas possible”. » (3) Les organismes de formation sont sélectionnés par un appel d’offres et soumis à un cahier des charges qui plafonne à 15 euros le coût horaire moyen des formations. Une faible articulation entre formations, stages et emploi U n certain nombre de formations longues ne comportent pas de stages. Dans certains cas où elles en exigent, l’organisme de formation ne semble pas assez actif pour en proposer aux stagiaires ou pour les aider à en trouver. Or, dans les quelques exemples de stages qui ont pu être réalisés par des bénéficiaires du CSP au cours de leur formation, cela a apparemment augmenté leur capacité à retrouver un travail pendant ou à l’issue du CSP. Du point de vue des ouvriers interrogés, les stages de découverte ne fonctionnent pas bien, car ils sont généralement assez courts. Par exemple, ceux qui s’orientent dans le secteur du bâtiment n’acceptent pas de missions d’intérim d’une semaine à dix jours, fréquentes dans le secteur, qui pourraient constituer une première expérience, car ils perdraient alors le bénéfice du CSP. Plus généralement, ils regrettent que les opportunités de travail sur des périodes courtes ne soient pas compatibles avec le CSP. CSP sont parfois contraints d’attendre des formations ne débutant qu’en début de trimestre ou celles n’ayant lieu que deux fois par an. « J’ai gâché mon CSP à m’obséder sur une formation qui finalement n’a pas eu lieu. Si on me reproposait le CSP, je dirai oui. Mais je n’attendrai pas après l’organisme. Je ferai le poids lourd direct, avec la formation du FIMO. » Certains cadres évoquent le plafond de financement qui pose parfois problème, du fait que le coût des formations qu’ils souhaitent est généralement plus élevé(3) . Certains organismes de formation consentent à réduire leurs prix, dans la mesure où il leur reste des places  ; mais dans d’autres cas, les stagiaires déclarent qu’ils ont dû financer eux-mêmes l’intégralité des frais de formation.
  • 7. A u final, le CSP tend à inscrire une partie des bénéficiaires dans une parenthèse qui peut les éloigner du monde du travail — un risque pressenti par ceux qui n’ont pas retenu l’option CSP. « Il ne faut pas accepter les propositions, il faut attendre un an, sauf que maintenant, l’année est passée et je n’ai toujours pas de travail. » « Le CSP, ça coupe un peu de la réalité du monde du travail. On essaie de nous faire croire qu’après le CSP, tout est possible. » De plus, au terme des 12 mois de CSP, les bénéficiaires jusque- là en suivi rapproché, doivent se réinscrire à Pôle emploi et entrent dans le processus d’accompagnement prévu pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. Au sortir du CSP, après une réinscription simplifiée, le rendez-vous de suivi peut avoir lieu plusieurs mois plus tard. Cette transition du CSP à l’ARE, mal ou non préparée, nécessite pour le stagiaire de faire le deuil de tout ou partie des espoirs placés dans le dispositif. Malgré un investissement généralement important, il ne bénéficie plus de l’accompagnement rapproché et personnalisé, et « retombe dans l’anonymat », dans un certain isolement. « Mon CSP est fini, que va-t-il se passer pour moi ? J’ai droit à quoi ? J’ai l’impression de retomber dans l’anonymat, alors qu’il est censé y avoir une suite. » « Quand ça s’est terminé, je me suis dit : “Tu vas recevoir un mail.” Et rien du tout… » « On est relâché dans la nature, du coup, il ne se passe plus rien. Alors que pendant un an, je voyais quelqu’un tous les 15 jours, j’étais en ébullition, je faisais des choses, je préparais des choses… » — 7 — LE CSP VU PAR LES LICENCIÉS ÉCONOMIQUES : MOTIFS D’ADHÉSION ET BILAN DE L’ACCOMPAGNEMENT Un accompagnement vers l’emploi consistant mais peu efficace Une fin de CSP dans la déception B eaucoup de bénéficiaires du CSP reconnaissent les béné- fices de l’appui apporté par leur conseiller, d’abord pour l’évaluation, l’élaboration et la validation de leur projet professionnel, puis pour l’accompagnement vers l’emploi : sur les méthodes de recherche d’emploi (mobilisation des réseaux, techniques de prospection…) et sur les manières de valoriser sa candidature et son profil. Toutefois, les informations et conseils plus spécialisés portant sur des secteurs ou des métiers par- ticuliers sont couramment jugés trop faibles, voire inexistants. Si les stagiaires en CSP s’attendent plus ou moins consciem- ment à accroître leurs chances de retrouver un emploi grâce au suivi rapproché de leur conseiller, celui-ci ne leur fournit géné- ralement pas de meilleures offres d’emploi ou de références de sites que celles qu’ils ont déjà pu se procurer par les sources traditionnelles. Les entretiens portant sur la recherche d’emploi sont jugés sou- vent peu fructueux par les intéressés, et leur fréquence semble dénuée de sens au bout d’un certain temps. Lorsque peu de formations sont en jeu, ou qu’elles sont finies, et lorsque le projet initial de retour à un emploi ne se concré- tise pas, les stagiaires se sentent partagés entre la poursuite du projet initial et une approche plus opportuniste et pragmatique. « Mon conseiller m’a beaucoup aidé sur le plan administratif. Il m’a permis de gagner beaucoup de temps. Je me suis senti soutenu. On peut vraiment se reposer sur des gens comme ça. Mais j’aurais aimé avoir plus d’informations et de conseils au niveau technique et professionnel. » « L’accompagnement serait plus efficace s’il y avait des gens compétents au niveau métiers, internes à Pôle emploi ou appartenant à des structures professionnelles. Par secteur d’activité, vraiment, que les gens soient pointus. Quelqu’un dans la profession, au cœur du métier, qui serait de bon conseil pour les formations et pourrait nous éviter de faire des erreurs. »
  • 8. — 8 — ÉCLAIRAGES, ÉTUDES ET ANALYSES – AVRIL 2015 Directeur de la publication : Vincent Destival Directeur de la rédaction : Pierre Cavard Dépôt légal : avril 2015 Unédic : 4, rue Traversière – 75012 Paris – Téléphone : 01 44 87 64 00 – Fax : 01 44 87 64 01 unedic.fr – @unedic Pour en savoir plus « Le Contrat de sécurisation professionnelle », Dossier de référence, Unédic-Dares-DGEFP, octobre 2014. « Licenciés économiques et CSP : Analyse comparée - Profil des bénéficiaires et sortie du dispositif », Eclairages n°10, Unédic, avril 2015. « Enquêtes monographiques sur la mise en oeuvre du Contrat de sécurisation professionnelle », Documents d’études Dares, n°187, Amnyos-Ires pour la Dares, novembre 2014. éclairages n° 11 MÉTHODOLOGIE Le cabinet Gatard et Associés a conduit, en février-mars 2014, pour l’Unédic, une étude qualitative qui avait pour objec- tifs de mieux connaître les motivations des licenciés économiques à opter ou non pour le CSP, et d’analyser le vécu de l’accompagnement des bénéficiaires dans le cadre du dispositif, son déroulement et leur bilan personnel. En février et mars 2014, 35 entretiens semi-directifs ont été réalisés en face à face auprès de bénéficiaires du CSP, ainsi que 2 réunions de groupe, réunissant 6 participants cha- cune et associant des bénéficiaires du CSP et des licenciés économiques qui étaient éligibles au dispositif, mais qui n’y ont pas adhéré. Au total, 47 personnes ont été interrogées : 37 bénéficiaires en cours ou en fin de CSP, et 10 licenciés économiques n’ayant pas opté pour le CSP. Afin de couvrir la plus grande variété de situations possible, le profil des participants a été diversifié en termes d’âge, de sexe, de niveau de formation, de catégorie socioprofes- sionnelle. Les entretiens se sont tenus à Paris et en région parisienne, à Tours, Strasbourg, Chambéry, Montpellier, Limoges et Lyon. La très grande majorité (8 sur 10) des bénéficiaires interrogés étaient ou ont été suivis par un conseiller d’un organisme autre que Pôle emploi. Si, dans sa mise en œuvre, l’accompagnement des béné- ficiaires du CSP se fait à 50 % par Pôle emploi et à 50 % par des opérateurs privés de placement (OPP), ce critère n’avait pas été retenu a priori pour constituer l’échantillon de répondants. Les résultats de l’étude doivent donc être lus à la lumière de ce constat, car ils peuvent ne pas être totalement générali- sables à l’ensemble des adhérents.