2. La conception platonicienne de l’homme est dualiste :
L’être humain est l’union
d’un corps ( soma )
et d’une âme ( psyché )
C’est l'âme qui définit l'homme.
Cette conception est inspirée par
la philosophie pythagoricienne
4. Qu’est-ce que l’âme? L’âme est le principe de vie et le principe de pensée.
C’est une
réalité intermédiaire
entre le monde sensible et le monde intelligible.
5. Une conception péjorative du corps
« Quant à moi, j’ai entendu un jour un sage – sophos – dire qu’en réalité nous sommes morts et que notre corps est un tombeau.»
PLATON, Phédon
6. Le corps est une nuisance pour celui qui se tourne vers le monde des idées. Le corps est à l’origine des passions immorales. Il rend difficile la contemplation des idées et entraîne l’homme vers la concupiscence.
7. La mort qui nous délivre de notre corps n’est donc pas forcément un malheur. Platon affirme que « philosopher, c’est apprendre à mourir »
8. PLATON, Phédon, 66b-66e « Tant que nous aurons notre corps et que notre âme sera embourbée dans cette corruption, jamais nous ne posséderons l’objet de nos désirs, c’est-à-dire la vérité. Car le corps nous oppose mille obstacles par la nécessité où nous sommes de l’entretenir, et avec cela les maladies qui surviennent troublent nos recherches. D’ailleurs, il nous remplit d’amours, de désirs, de craintes, de mille imaginations et de toutes sortes de sottises, de manière qu’il n’y a rien de plus vrai que ce qu’on dit ordinairement : que le corps ne nous mène jamais à la sagesse.
9. PLATON, Phédon, 66b-66e Car qui est-ce qui fait naître les guerres, les séditions et les combats ? Ce n’est que le corps avec toutes ses passions. En effet, toutes les guerres ne viennent que du désir d’amasser des richesses, et nous sommes forcés d’en amasser à cause du corps, pour servir, comme des esclaves, à ses besoins. Voilà pourquoi nous n’avons pas le loisir de penser à la philosophie; et le plus grand de nos maux encore, c’est que, lors même qu’il nous laisse quelque loisir et que nous nous mettons à méditer, il intervient tout d’un coup au milieu de nos recherches, nous embarrasse, nous trouble et nous empêche de discerner la vérité.
10. PLATON, Phédon, 66b-66e Il est donc démontré que si nous voulons savoir véritablement quelque chose, il faut que nous abandonnions le corps et que l’âme seule examine les objets qu’elle veut connaître. C’est alors seulement que nous jouirons de la sagesse dont nous nous disons amoureux, c’est-à-dire après notre mort, et point du tout pendant cette vie. »
12. LA PRÉEXISTENCE DE L’ÂME
Avant notre naissance,
notre âme a séjourné
dans le monde intelligible
où elle a pu contempler à loisir
les Idées
dans tout l'éclat de leur perfection.
Elle a pu voir les idées
de Justice, de Beauté et de Bien.
La naissance,
l'entrée dans un corps,
fut pour elle une chute.
Lors de son incarnation
elle oublia tout!
13. LA THÉORIE DE LA REMINISCENCE
L’oubli n'est pas toutefois irrémédiable.
Les yeux de l'âme peuvent distinguer
parmi les choses qui l'entourent
une ressemblance
avec les Idées parfaites,
entrevues avant la naissance,
et par suite d'appeler telle chose belle ou juste selon qu'elle lui rappelle la Beauté ou la Justice.
« Connaître c’est se souvenir »
14. La théorie de la réminiscence est la première théorie de la connaissance de Platon, antérieure à l’élaboration de l’analogie de la ligne. Elle étaie la philosophie socratique: elle explique pourquoi la vérité réside au fond de la raison humaine et peut être “accouchée” par le dialogue.
15. PLATON, Ménon 81c-d
« Attendu donc que l'âme est immortelle et que, bien des fois, elle est née, et a vu toutes les choses celles d'ici-bas et celles de l'Hadès et, il n'est pas possible qu'il y ait quoi que ce soit qu'elle n'ait appris ; en sorte qu'il n'est en rien étonnant qu'aussi bien à propos de la vertu qu'à propos du reste, il lui soit possible de se remémorer ce que justement elle savait auparavant. Car attendu que la nature tout entière est d'une même famille, et que l'âme a tout appris, rien n'empêche qu'en se remémorant une seule chose, ce que précisément les hommes appellent « apprendre », celle-ci ne mette à jour tout le reste, pourvu qu'on soit quelqu'un de viril et qu'on ne se lasse pas de chercher ; car en effet, le fait de chercher et d'apprendre, ce n'est en somme qu’une réminiscence. »
16. L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME
L’âme est immortelle, puisqu’elle est immatérielle.
Il faut croire, contre l’hypothèse matérialiste,
que la mort n’est pas une fin.
17. La mort demeure, pour la raison, une question sans réponse. Alors au silence de la mort Platon substitue
un mythe.
Le mythe est un remède
contre l’angoisse de la mort.
Il est clair toutefois
qu’un mythe n’est pas science.
19. Le vaillant guerrier Er fut mort dans une bataille. Dix jours après, comme on enlevait les cadavres déjà putréfiés, le sien fut retrouvé intact. Il revint à la vie; quand il eut repris ses sens il raconta ce qu'il avait vu.
20. Aussitôt, dit-il, que son âme était sortie de son corps, elle avait cheminé avec beaucoup d'autres. Les âmes étaient arrivées dans un endroit divin où il y avait deux ouvertures dans la terre et deux ouvertures dans le ciel. Au milieu trois juges étaient assis .
21. Après avoir rendu leur sentence, ils ordonnaient
aux justes de prendre à droite,
la route qui montait à travers le ciel
où ils seraient récompensés,
et aux méchants de prendre à gauche,
la route descendante vers le Tartare,
où ils seraient châtiés.
22. Er l’arménien vit comment quelques âmes montaient des profondeurs de la terre, ayant fini d’expier leurs fautes et d’autres descendaient, pures, du ciel, en parlant de plaisirs délicieux et de visions d’une extraordinaire splendeur. Elles avaient été les unes tourmentées, les autres comblées de bonheur au décuple pour chacune de leurs actions.
23. Les âmes punies ou récompensées passaient sept jours dans une prairie; puis, le huitième, elles devaient se mettre en route pour arriver en un lieu où elles choisissaient leur condition dans la prochaine vie.
24. Puis les âmes se rendaient dans la plaine du Léthé, par une chaleur terrible et campaient au bord du fleuve Amélès. Là, chaque âme était obligée de boire une certaine quantité de son eau. En buvant elles perdaient le souvenir de tout.
25. Quand Er se fut endormi, et que vint le milieu de la nuit, un coup de tonnerre éclata, accompagné d'un tremblement de terre, et les âmes, chacune par une voie différente, soudain lancées dans les espaces supérieurs vers le lieu de leur naissance, jaillirent comme des étoiles.
26. Quant à lui, disait Er, on l'avait empêché de boire de l'eau de la rivière; cependant il ne savait point par où ni comment son âme avait rejoint son corps; ouvrant tout à coup les yeux, à l'aurore, il s'était vu étendu sur le bûcher.
27. POURQUOI PLATON DÉFEND-IL LA THÉORIE DE L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME ET DU JUGEMENT DERNIER? Cette théorie remplit une fonction éthique dans la philosophie platonicienne. Elle permet de défendre que :
1. Il existe une justice universelle
2. L’être humain est libre
et responsable face à sa vie et à son destin, puisqu’il les a choisis.
28. Le christianisme emprunta au platonisme la conception du jugement dernier, ainsi que l’idée du paradis et de l’enfer, mais elle n’embrassa pas l’idée de la réincarnation des âmes.
FAÇADE OCCIDENTALE DE NOTRE DAME – PORTAIL DU JUGEMENT –LINTEAU SUPÉRIEUR
29. LES TROIS PARTIES DE L’ÂME
l’âme rationnelle
logée
dans
la tête
le siège de la raison
l’âme
irascible
logée
dans
le coeur
le siège des passions supérieures, du sens de l’honneur, du courage,
mais aussi de l’orgueil et de la vanité
l’âme concupiscible
logée
dans
le bas- ventre
le siège des appétits et de toutes les passions inférieures,
celle qui nous pousse à aimer manger, boire, avoir des relations sexuelles, bref à satisfaire tous les désirs que nous avons en commun avec les animaux
30. LE MYTHE DE CHAR AILÉ
LE COCHER
L’ÂME RATIONNELLE
LE CHEVAL NOIR
L’ÂME CONCUPISCIBLE
LE CHEVAL BLANC L’ÂME IRASCIBLE
Notre psychisme est tiraillé entre ces trois instances.
Si l’on veut atteindre l’équilibre,
il faut que l’âme rationnelle guide les deux autres et les oriente.
31. TROIS GENRES D’INDIVIDUS
Les rationnelles
Les
irascibles
Les concupiscibles
EN FONCTION DE LA PARTIE DE L’ÂME QUI DOMINE CHEZ ELLES
32. PLATON, République, livre IV “SOCRATE - Il m'est arrivé, repris-je, d'entendre une histoire à laquelle j'ajoute foi: Léontios, fils d'Aglaïon, revenant un jour du Pirée, longeait la partie extérieure du mur septentrional, lorsqu'il aperçut des cadavres étendus près du bourreau ; en même temps qu'un vif désir de les voir, il éprouva de la répugnance et se détourna. Pendant quelques instants il lutta contre lui- même et se couvrit le visage. Mais à la fin, maîtrisé par le désir, il ouvrit de grands yeux, et courant vers les cadavres : ‘Voilà pour vous, mauvais génies’, dit-il, ‘emplissez-vous de ce beau spectacle!’
GLAUCON - J'ai, moi aussi, entendu raconter cela. SOCRATE - Ce récit, fis-je'observer, montre pourtant que la colère lutte parfois contre les désirs, et donc qu'elle en est distincte.”
[L’âme irascible ne doit pas être confondue avec l’âme concupiscible.]