2. I. Définition de l’interculturalité
Au sens politique
Dans la didactique des langues-cultures
A la jonction entre anthropologie et linguistique
II. Dans la pratique de l’enseignement du FLE…
Application des politiques linguistiques
Les stéréotypes comme support
La formation à l’interculturel
3. Au sens politique :
En temps que courant politique, l’interculturalisme se
propose de dépasser le multiculturalisme.
Apparition de la notion en 1970, dans le cadre du Conseil
de l’Europe, à destination des enfants de migrants.
La définition de l’interculturel proposée par le Conseil de
l’Europe en 1986 s’appuie sur le découpage du concept à
partir du préfixe « inter » suggérant l’échange, la
réciprocité ou encore la solidarité et du mot « culture »,
entendu comme la « reconnaissance des valeurs, des
modes de vie et des représentations symboliques » des
individus dans leurs relations et leur vision du monde
(Maddalena de Carlo : 41).
4. Dans la didactique des langues cultures
G. Zarate : “démarche interculturelle” : “une réflexion tant
sur la culture étrangère que sur la culture maternelle” en mettant
l’accent sur la “disponibilité à l’apprentissage de systèmes de
valeurs différents”.
M. Abdallah-Pretceille : “approche interculturelle” entendue
comme “un mode d’investigation du fait culturel” qui cherche “à
développer une compréhension des cultures”. Pour l’auteure,
“toute culture est, par essence, dynamique et plurielle et doit être
appréhendée en tant que telle”.
S. Benadava : “compétence interculturelle“ : c’est “posséder
un savoir minimum, factuel ou textuel, relatif à une société
donnée ; participer à un consensus sémiologique, maîtriser les
règles socioculturelles présidant à l’utilisation des différents
systèmes signifiants; connaître les évaluations, idéologies et
stéréotypes propre à la société visée”.
5. Progressivement, M. Abdallah-Pretceille revient sur la
définition pour y intégrer la dimension de l’altérité :
« apprendre à penser l’Autre, apprendre à penser le Moi à
partir d’une découverte d’autrui ».
Louis Porcher insiste sur le fait qu’il n’existe pas un
interculturel mais plusieurs et démontre que l’on peut le
concevoir au sein d’une même culture : interculturel sexuelle,
interculturel de la représentation du temps…
Pierre Blanchet considère la notion comme une
méthodologie didactique et se réfère à son sens
anthropologique.
6. A la jonction de l’anthropologie et de la linguistique
Du point de vue de la sociolinguistique
Nathalie Augé, souligne que « les compétences nécessaires à
l’usage d’une langue étrangère ne relèvent pas uniquement du
domaine du linguistique mais aussi du culturel »
Du point de vue de la sociologie et de l’anthropologie
Pierre Bourdieu définit la culture en ayant recours à la notion d'«
habitus », entendu comme « un ensemble de dispositions
acquises par toute une série de conditionnement propres à des
modes de vie particuliers ». Profondément intériorisé par les
individus, l'habitus est ce qui leur permettrait de s'orienter dans
leur propre espace social et d'adopter des pratiques en accord
avec leur appartenance sociale.
Du point de vue linguistique
Jean-pierre Cuq, attire l’attention sur le danger de
l’interculturalisme qui aurait plutôt tendance à renforcer les
comportements racistes et xénophobes qu’à les amoindrir.
7. Application des politiques linguistiques dans
l’enseignement (CECR) :
Le CECR propose aux professeurs de travailler sur différents aspects des
traits distinctifs d’une société et de sa culture en privilégiant une « prise de
conscience interculturelle » : « Cette prise de conscience passe par
l’acquisition d’un savoir socioculturel de la langue cible, savoir qui
englobe : la vie quotidienne (heure des repas), les conditions de vie
(niveaux de vie, couverture sociale), les relations interpersonnelles (entre
les classes sociales, au travail), les valeurs, les croyances et les
comportement s(en rapport par exemple avec la fortune ou la religion), le
langage du corps, le savoir-vivre (ponctualités, cadeaux), les
comportements rituels (face à la naissance, au mariage, à la mort).
Ce cadre de référence, formaté selon la production de grilles
d’interprétation et d’évaluation des “compétences interculturelles” (en
termes de “savoirs”, “savoir-être”, “savoir-faire”,...) ne permet cependant
pas une application pratique en termes d’enseignement.
8. Le stéréotype comme support
J-C. Beacco souligne le caractère dangereux de l’appel aux
représentations sur des sociétés autres, dans le sens où
certaines se présentent sous la forme « de stéréotypes, de
perceptions figées et appauvrissantes, voire fantasmatiques
de réalités autres ».
Pour Jean-Marcel Morlat, toute la difficulté réside dans le
risque de verser dans trop de subjectivité en renvoyant aux
représentations des sociétés ou « cultures » différentes. Bien
souvent, on aboutie à une version stéréotypée et réductrice.
Martine Dubreuq remarque que l’apprentissage direct des
« différences culturelles » peut rapidement verser dans du
folklore. Repérer ou discuter des stéréotypes est une activité
limitée qui se révèle redondante pour les étudiants. D’autant
plus que la tâche est complexe face aux multiples dimensions
que recouvrent les réalités culturelles.
9. La formation à l’interculturel
A partir d’un court extrait de l’article Former les
apprenants de FLE à l’interculturel écrit par Haydée
Maga et publié dans la revue Franc parler, Max
Cofler identifie trois objectifs formulés et les
explicite.
“la formation à l’interculturel permet de
mieux communiquer dans une langue étrangère”
“la formation à l’interculturel répond à un
enjeu éthique”
“la formation à l’interculturel correspond à
un projet humaniste à l’échelle du monde”
10. En définitive, si les « compétences interculturelles »
proposées par les recommandations du CECR sont
difficilement critiquables du point de vue de
l’ouverture “éthique” et “humaniste” qu’elles
proposent, l’opération d’évaluation et d’articulation
des activités pratiques en classe de langue semble
difficilement concevable. Finalement, l’interculturel
“ est l’objet d’interprétations multiples, où chacun
cherche à se l’approprier” (Cuq: 138).
Présenté par : Normand Lola et Maisonnier Chandra